Notes:

Est-ce que je n'avais pas promis que je publierais cette histoire en janvier ?
Mais c'est pour la bonne cause, je vous rassure ! Cette histoire est déjà terminée, seule la mise en page des derniers chapitres reste à faire. Je publierais donc de manière hebdomadaire, le lundi, histoire de bien commencer la semaine, pour vous comme pour moi. :) Attendez-vous à dix chapitres. Ils ne seront pas égaux, certains feront 5000 mots, d'autres 2000 et d'autres encore 9000. Ce sera la surprise chaque semaine ^^.
J'ai écrit cette histoire en mois mais vous verrez que je ne la publierais pas par mois complet (sinon je publierais 46000 mots pour le mois de décembre et ça fait beaucoup quand même !)

Par mesure d'anonymat, j'ai pris la décision de changer mon pseudo. J'espère que ceux d'entre vous qui me lisaient et me soutenaient ne seront pas trop perdus. Merci pour votre compréhension en tout cas.
Bien sur, vos avis sont toujours précieux ^^.


AOUT

Ses yeux étaient fixés sur le rayon de lumière qui pénétrait timidement dans le bureau sombre. L'homme assis en face de lui avait les traits tirés et passait sa main gauche sur son crâne chauve nerveusement. Il tenait dans son autre main, un parchemin qu'il parcourait des yeux en grimaçant.

Autour d'eux s'élevaient d'immenses bibliothèques dont les parchemins et les livres menaçaient de s'écrouler à chaque instant mais qui, sous l'effet d'un sortilège, arrivaient à maintenir sur leurs maigres étagères, des centaines et d'autres centaines d'écrits. Les murs sombres, dont la peinture vieillie n'avait pas été rafraichie depuis des décennies, à n'en pas douter, absorbaient la lumière si bien qu'il semblait à Harry qu'il était coincé à l'intérieur d'une cave surréaliste. Enfin, il s'élevait de toute la pièce, une senteur d'ancien parchemin et de sauge brulée.

-Tu es sûr de toi Harry ? demanda le chef des aurors en posant la parchemin sur la table.

Harry hocha la tête et bougea dans son fauteuil. Il renifla légèrement et posa ses mains agitées sur ses genoux. Il portait sa robe d'Auror officielle et avait tenté de coiffer ses cheveux, en vain comme toujours.

-Je…, reprit le chef des Aurors, je ne m'attendais pas à ça. Honnêtement Harry, je pensais que tu serais le nouveau moi le jour où je partirais à la retraite. Je ne comprends pas.

-Je ne suis pas très doué pour la paperasse.

Le vieil homme leva les yeux au ciel.

-Ce n'est pas que ça Harry !

Harry haussa les épaules.

-Tu es un leader né, reprit le vieil homme, les gens te suivent parce que tu les inspires, tu pourrais faire de grandes choses à un poste à responsabilité...tu...tu pourrais changer les choses !

-Les choses ne changent pas.

-Bien sûr que si Harry ! Regarde tout ce que tu as fait depuis 10 ans. Tu es devenu auror puis chef d'escouade. Tu as mis en place de nouveaux protocoles, tu as combattu et vaincu une dizaine de groupes d'extrémistes…

-Je suis fatigué.

Harry planta son regard dans celui de son chef et répéta sa phrase lentement, appuyant bien sur chaque syllabe :

-Je suis fatigué.

Le vieil homme hocha la tête et fit un signe de la main afin de signaler qu'il s'avouait vaincu.

-Très bien. Mais sache que rien n'est définitif. Si tu changes d'avis, la porte te sera toujours ouverte. Il ne me reste que peu de temps avant la retraite, j'espère te voir changer d'avis entre temps.

Harry hocha la tête avec un léger sourire, prit appui sur les accoudoirs de son fauteuil et se leva.

-Je ne pense pas que je changerais d'avis...mais merci.

Harry sortit du bureau du chef des aurors et s'adossa quelques secondes contre la porte.

Un large sourire s'étira sur son visage.


Hermione Granger, sa baguette pointée sur un plumeau, faisait les poussières de sa bibliothèque.

-Et il t'a dit qu'il était d'accord ? demanda-t-elle.

Harry était assis dans le confortable fauteuil de ses amis et feuilletait la Gazette du Sorcier. Il se pencha en avant, tendit la main vers la table basse, attrapa un biscuit sec et croqua dedans. Son dos était douloureux, souvenir d'une décennie à tenter de combattre le crime, à ne dormir que quelques heures par nuit et à ne pas manger équilibré.

-Pourquoi veux-tu qu'il ne soit pas d'accord ? D'accord ou pas, ça n'aurait rien changé, répondit-il en s'adossant dans son fauteuil en grimaçant.

-Oui, c'est juste mais...Il n'a pas essayé de t'en dissuader ?

Hermione fit un geste de la main et le vase sur l'étagère s'éleva. Elle passa le plumeau dessous, et fit tomber un peu de poussière sur son visage. Elle éternua et perdit sa concentration. Le plumeau tomba à terre. Le vase vacilla et roula le long du rebord de la bibliothèque.

Harry leva sa baguette et lança un informulé. Le vase recula et revint à sa place originelle.

Hermione regarda le vase puis son ami et sourit.

-Merci.

Elle se pencha pour attraper le plumeau et le regarda quelques secondes.

-Je devrais peut-être faire à l'ancienne, dit-elle avant de poser sa baguette sur la table basse.

-Ça ne t'empêchera pas d'être maladroite, dit Ron en arrivant dans le salon avec un enfant de trois ans dans les bras.

-Tonton Harry ! s'écria l'enfant en cherchant à sauter hors des bras de son père.

Ron posa son fils à terre et l'enfant couru vers son oncle en dodelinant.

-Salut Hugo ! Ouff...tu es lourd !

Ron s'étira et se laissa tomber dans le fauteuil.

-Alors ? Tu es enfin libre ?

Hugo s'approcha de la bibliothèque.

-On peut dire ça, répondit Harry.

-Maman ?

Hermione se tourna vers son fils.

-Mm ?

L'enfant tenait un cadre photo dans ses mains.

-C'est Tonton sur la photo ?

Hermione s'accroupit en face de son fils et attrapa le cadre. Sur la photo, Ron, Harry et elle venaient juste de terminer leur mission sur la reconstruction de Poudlard après la Guerre. Elle tendit le bras et plaça le cadre photo à côté d'Harry. Plus de dix ans plus tard, son ami n'avait pas grandi mais avait un peu prit en muscle. Il avait délaissé ses vielles lunettes rondes pour de nouvelles à montant rectangulaire. Son visage était plus carré et une barbe d'une semaine recouvrait tout le temps le bas de son visage. Des cheveux blancs avaient commencé à se dessiner sur ses tempes et lui donnaient un air faussement plus mature et sage. Sa barbe aussi commençait à grisonner et on pouvait déceler un début de ride au coin de ses yeux, surtout lorsqu'il souriait. Mais depuis quelques temps, il ne souriait plus beaucoup.

Elle déplaça le cadre devant son mari et sourit. A part une décennie de plus, et quelques kilos, lui n'avait pas changé. Rien n'entachait sa bonne humeur et sa joie de vivre, ni même ses élans d'impulsivité et de jalousie.

Elle regarda son image dans le cadre et se demanda si elle avait changé.

-Ça va chérie ? Demanda Ron.

-Oui, répondit Hermione en rendant le cadre à son fils. Je viens juste de réaliser à quel point nous avons changé. Je vais voir ce que Rose fait.

Elle se releva et se dirigea vers l'escalier pour rejoindre sa fille dans sa chambre.

Ron attrapa une poignée de biscuit et se laissa retomber dans le canapé.

-Alors ? Tu ouvres quand ?

Harry leva la tête vers lui.

-Dans deux semaines.

-Excité ?

Harry sourit.

-Tu n'as pas idée !


Le centre ville sorcier de Londres s'était beaucoup agrandi et il comptait maintenant une dizaine de rues. Les architectes du ministère de la magie n'avaient jamais été aussi occupés que ces dernières années, eux, ainsi que d'autres quartiers du Ministère. Chaque agrandissement signifiait de nouveaux permis et de nouveaux sortilèges de protections anti-moldu. Des facilités de transport vers d'autres pays avaient étaient mises en place et il était maintenant possible de prendre des portoloins internationaux plusieurs fois par jour, depuis le centre même de la ville.

Harry avait décidé d'ouvrir sa boutique dans l'une des nouvelles rues. Moins d'une dizaine d'emplacements étaient disponibles et, bien qu'il n'ait pas eu à négocier longtemps pour en obtenir un, il savait que les places étaient chères payées. Cela avait été pour lui, encore une bonne raison de s'installer dans cette rue, loin de l'affluence du Chemin de Traverse. Son modeste commerce, était loin des standards des échoppes sorcières.

Harry arriva devant l'emplacement de sa boutique avec une dizaine de minutes d'avance. Il ne l'avait encore jamais vu que sur plan. Une bouffée de fierté, d'enthousiasme et d'appréhension mêlés l'envahit.

Il était 7h du matin et la rue était déserte. Un épais brouillard, typiquement anglais, arpentait les pavés du centre ville, créant une atmosphère mystique. Il était si épais que Harry ne voyait pas à trois mètres devant lui.

Aucune des autres boutiques de la rue ne semblaient avoir trouvé de propriétaire

L'architecte arriva quelques minutes en avance et lui donna une forte poignée de main, il avait l'air encore plus enthousiaste que Harry, s'étonna ce dernier.

-Bien, Monsieur Potter, quelle joie de pouvoir enfin vous faire visiter les lieux.

Donald Struts, était un homme d'un âge très avancé, très grand à la chevelure entièrement blanche. Une longue moustache toute aussi blanche que ses cheveux et parfaitement dessinée, s'étirait sous son nez.

Passionné d'architecture, il avait décidé de reprendre du service et de mettre fin à sa retraite à l'annonce du ministère disant que le centre ville sorcier de Londres allait être agrandi.

Struts sortit sa baguette de sa manche et déverrouilla la porte d'entrée. D'un autre geste élégant du poignet, il alluma toutes les lampes et bougies en entrant dans l'échoppe.

Une table en bois massif se tenait au milieu de la première pièce et tout semblait tourner autour d'elle. Une multitude d'étagères, faites dans le même bois, semblaient sortir des murs. Tout à droite, au fond de la pièce, un comptoir avait été installé. Tout à gauche, une grande cheminée réchaufferait le magasin une fois l'hiver venu.

-Bien, dit Struts en ôtant son chapeau et en le posant sur la table. Voici donc la pièce principale. Comme vous l'aviez souhaité, la table en est la pièce maîtresse. Je me suis permis de vous la faire livrer et d'installer un système sous celle-ci que vous trouverez ingénieux et pratique j'en suis certain. Disons que c'est un cadeau de ma part pour votre nouvelle aventure.

Harry haussa les sourcils.

L'homme, fier de sa trouvaille, remonta une de ses manches et passa la main sous la table. Il fit un geste de la tête à Harry pour l'inviter à regarder dessous avec lui. Harry s'accroupit et vit un interrupteur sur lequel l'architecte appuya. Un déclic mécanique se fit entendre et un système de tiroir sortit du dessous de la table jusqu'à toucher le sol.

-Entièrement fait à la main ! Se vanta l'homme.

Harry ouvrit les tiroirs un par un et apprécia d'un hochement de tête.

-C'est...inattendu mais très certainement une belle surprise Monsieur Struts !

-Ma seule surprise je dois vous l'avouer, je n'ai pas osé apporter d'autres modifications à vos plans. Derrière cette porte vous trouverez le bureau qui mène aussi à l'espace de vie comme vous l'aviez demandé.

Harry ouvrit la porte et passa dans le bureau. Tout était comme il l'avait demandé, simple et fonctionnel. Il passa dans la partie appartement de la boutique. Il savait déjà qu'il passerait certaines de ses nuits à travailler et il avait besoin d'avoir un espace de vie avec un minimum de confort. L'appartement était composé d'une petite pièce à vivre doté d'un lit et d'un fauteuil, d'un petit coin cuisine avec une table haute et deux tabourets ainsi qu'une petite salle de douche.

Harry fit un tour rapide, s'assit sur le lit et se releva aussi vite avant de se diriger vers l'architecte et de lui tendre la main.
-Tout est parfait Monsieur Struts. Absolument parfait ! Dit-il en souriant.

-J'en suis ravi.

Les deux hommes sortirent de la boutique et une fois dehors, l'architecte tendit à l'ancien auror, deux jeux de clefs.

-Et voilà, Monsieur Potter, vous êtes désormais l'heureux propriétaire de votre propre boutique. Je vous souhaite une superbe réussite et si vous avez la moindre idée de travaux, vous savez où me joindre.

-Je n'hésiterais pas. Merci. Il est grand temps de vous laisser rentrer chez vous et de vous reposer. Merci encore d'avoir accepté un rendez-vous d'aussi bonne heure.

-Oh ce n'est rien ! A vrai dire, je ne suis pas prêt de rentrer chez moi. Je dois donner son local à votre voisin d'à côté, dans une petite dizaine de minute. Cela va être plus long qu'avec vous j'en ai peur.

-Bon courage alors….mais dites-moi, qui ouvre à côté?

-Un apothicaire. Ce n'est pas quelqu'un de bruyant si cela peut vous rassurer.

Harry hocha la tête, il était plus inquiet d'avoir un restaurant pour les odeurs qu'un voisin bruyant car après tout, il y avait de grands risques que se soit lui le plus bruyant.

Struts le salua d'un geste de chapeau et se retourna.

Harry enfonça ses mains dans ses poches pour les protéger du froid et transplana jusqu'à chez lui. : Le Vide.

Il trouva Kreattur affairé à faire le ménage du placard de l'entrée.

-Bonjour Kreattur, le salua Harry.

-Maitre, siffla l'elfe de maison.

Harry se laissa tomber dans un fauteuil et posa ses pieds sur le repose pied en face de lui.

Le vieil elfe de maison arriva avec un café et un regard désapprobateur sur les chaussures boueuses de l'ancien auror sur un repose-pied lavé la veille.

Harry haussa les épaules en attrapant son café.

-Je jetterai un sortilège de nettoyage Kreattur.

-Le Maitre sait aussi bien que Kreattur que les choses sont parfois mieux faites sans magie. Kreattur a passé beaucoup de temps pour enlever les traces de ce repose-pied. Kreattur aurait du accepter le pull du maitre, il y a 10 ans, il n'aurait pas été confronté à tant d'affront.

-Tu n'exagérerais pas un peu des fois ?

-Mmmffff...

-Je peux te donner un pull dans l'instant si c'est ce que tu souhaites.

L'elfe baissa la tête.

-Encore un affront, siffla-t-il en retournant à son placard.

Harry secoua la tête et bu son café. Malgré le généreux dosage en caféine de l'elfe de maison, ses paupières commencèrent rapidement à papillonner et à se fermer.

Harry fut réveillé quelques dizaines de minutes plus tard par ses amis arrivant par la cheminée.

-SUPER ! s'écria Ron. On se lève aux aurores pour aider MONSIEUR, et MONSIEUR dort peinard dans son fauteuil !

Neville passa devant Ron en l'ignorant et alla saluer Harry qui murmura un : « désolé ».

-Il n'y a que moi qui soit outré ? Interpella Ron.

Neville haussa les épaules et George poussa son frère d'un coup d'épaule.

-La pauvre chose s'est levé bien plus tôt que toi pour aller récupérer ses clefs, dit George en passant derrière Harry.

-La pauvre chose te remercie de ta sollicitude George, répondit Harry en se levant.

Ron croisa les bras en signe évident de contestation.

-Je vous offre un café avant d'y aller ?

Les trois hommes hochèrent la tête.

Harry et ses amis n'avaient plus grand-chose à mettre en place à la boutique d'Harry vu le travail des ouvriers. Ron déballait les malles d'outils et d'objets en tout genre tandis que Neville avait proposé de venir installer des plantes en boutique et en vitrines. George et Harry, eux, installait la vitrine. Chacun d'eux avait sa baguette pointée sur un bord de la grande pancarte qu'Harry voulait afficher au dessus de la vitrine. Un clic distinctif leur indiqua que la pancarte était en place.

George fit mine d'avoir effectué un effort sur-humain en s'essuyant faussement le front.

-Pfiou, après tant d'exercice, je vais m'en retourner à ma propre boutique. Je repasserai ce soir, histoire de boire un verre pour inaugurer tout ça.

-Merci George, dit Harry en rentrant, je te vois tout à l'heure.

Après qu'il soit rentré à l'intérieur et qu'il ai commencé à déballer ses outils, Harry vit la tête de George passer par la porte. Ses joues étaient rouges et il se retenait de rire si fort, que sa tête semblait prête à exploser.

-Qu'est-ce qu'il se passe ? Demanda Harry.

George éclata de rire et faillit tomber en avant, il se rattrapa de justesse au banc qu'Harry avait placé devant la vitrine.

-Je...je donnerais tout pour voir ta tête mais je dois vraiment aller au travail !

Les trois hommes à l'intérieur se regardèrent mutuellement afin de trouver une explication à l'attitude de George.

-Mon frère a toujours été cinglé, expliqua Ron en pointant sa tête, ça ne tourne pas rond la dedans.

-Si moi je suis cinglé, j'en connais un qui va bientôt le devenir, lança George avant de transplaner.

Harry regarda Ron et Neville. Ils haussèrent tous les trois les épaules et retournèrent à leur tâches respectives sans se douter qu'à quelques mètres à peine, la cause de l'hilarité de George s'affairait aussi.

Deux heures plus tard, Harry avait installé tous ses outils et les exemples d'objet qu'il avait créés ou réparés. Neville avait apporté un peu de vie et de couleur avec des plantes faciles d'entretien dont il s'était promis qu'il viendrait vérifier l'état au moins une fois par semaine les premiers mois et Ron avait testé toutes les surfaces où il était possible de s'asseoir. N'ayant pas été satisfait des meubles de la boutique, il était allé chercher le fauteuil dans le petit appartement. Il regardait maintenant Harry passer un tissus imbibé d'une substance très odorante sur la table en bois, en buvant un thé.

Son ami avait découvert sa passion pour la réparation lors de la rénovation de Poudlard, l'été après la bataille finale. Alors qu'il pensait se lancer dans une interminable tâche, il avait découvert qu'il était très doué pour redonner un nouveau souffle aux objets brisés. Hermione, qui avait toujours réparé ses lunettes depuis leur rencontre, en avait été la première étonnée. Il avait continué de réparer des choses sur son temps libre et, quand il fut à court de chose brisée, il s'était mis à en fabriquer.

-Ron ?

-Oui ?

Harry posa le chiffon sur la table.

-C'est terminé, dit-il en souriant.

Ron se leva et regarda autour de lui. Toutes les étagères avaient été aménagées avec des objets du quotidien plus ou moins anciens, plus au moins utiles.

Neville avait placé cinq grandes plantes dans la pièce, dont plusieurs avaient la capacité d'absorber la poussière, deux autres avaient installées pour encadrer la porte d'entrée. Une autre, à la fleur violette était posé sur un petit escabeau près de la vitrine. La grande table centrale était vide à l'exception de quelques outils d'ébénisterie qui traînaient déjà dessus.

-Enfin presque, se reprit Harry, il ne me reste plus qu'à écrire la pancarte et à me personnaliser un peu tout ça. Vous pouvez rentrer, si vous voulez. Merci beaucoup d'être venu !

-De toute façon on repasse ce soir pour inaugurer ça avec une bonne bouteille, les enfants seront chez ma mère et Hermione viendra.

-Génial ! Encore merci, vraiment. Tu viens ce soir Neville ?

-Bien sur ! A tout à l'heure.

Ron et Neville prirent l'un après l'autre la poudre de cheminette pour rentrer chez eux.

Harry soupira de bien être et s'assit quelques instants dans le fauteuil.

-C'était une bonne idée de t'amener là toi mais ne dis pas à Ron que j'ai dit ça !

Quelques minutes après, Harry sortit devant sa boutique et regarda la vitrine. Il avait placé sur le large banc en présentation derrière la vitre, plusieurs objets dont une vieille horloge sur laquelle il avait travaillé une vingtaine d'heures.

Il frissonna et souffla dans ses mains pour les réchauffer. Pour un mois d'été, l'air était très frais ce matin là et il ne l'avait pas anticipé.

Harry sortit sa baguette de sa poche et la pointa sur la grande pancarte en bois qu'il avait installé quelques heures auparavant avec George. Il murmura un sort à peine audible et un petit éclair argenté s'élança de sa baguette sur la planche en bois. Il se concentra afin de ne pas déraper et traça des lettres à distance. Il lui fallut quelques minutes mais enfin c'était véritablement terminé : sur la pancarte on pouvait lire : « Evans Réparation & Création. Techniques magiques et moldues .»

Harry croisa les bras et hocha la tête satisfait quand soudain ses instincts d'auror l'alertèrent que quelqu'un s'approchait dans son dos. Un frisson glacé, remonta le long de sa colonne vertébrale, mélange d'appréhension et d'excitation mêlé.

-Je ne savais pas que je te manquais tant que ça

Harry frissonna à nouveau. Il n'avait pas entendu cette voix depuis des années et des flash-backs rapides lui revinrent en mémoire. La boutique de vêtements de madame Guipure, le terrain de quidditch, les toilettes de mimi Geignarde, le manoir...

-Il a fallut que tu ramènes tes bibelots ici, reprit la voix traînante.

La forêt interdite, le terrain de quidditch, les cours de potion, la salle sur demande… le feudeymon...

Harry ferma les yeux le plus fort possible, espérant de tout son cœur qu'il s'agissait d'un rêve et qu'il allait se réveiller dans son lit.

Les retenues, les couloirs gigantesques, la salle d'astronomie, les cours de Trelawney...

Il ouvrit son œil droit et regarda la boutique à côté de la sienne. Soudain les mots de l'architecte lui revinrent en mémoire : apothicaire.

Sur la devanture de la boutique voisine de la sienne était gravé : « Apothicaire Potionniste ».

Et tous ces rêves dans lesquels il était apparu tant d'années après Poudlard.

-J'aurai dû me douter, Malfoy, que je ne pourrais jamais être en paix. Mais celle-là, je l'avoue, je ne l'avais pas vu venir !

Harry se retourna vers son ancien rival.

Malfoy n'avait que peu changé. Toujours tiré à quatre épingles, il portait une robe noire et argent de laquelle dépassaient ses mains, posées sur le pommeau en argent d'une cane. Il portait une paire de gant en cuir noir dont les coutures avaient été recouvertes de fil d'argent. Ses cheveux étaient coiffés sur le côté et étaient moins tirés en arrière qu'une décennie auparavant, ce qui lui allait bien mieux, pensa Harry. Son visage, glabre, s'était un peu élargi et une fine ride s'étirait entre ses deux yeux. Yeux gris qui le transpercèrent violemment comme ils l'avaient toujours fait. Harry se demanda si ils étaient capable de lire au fond de lui.

Ils se regardèrent avec un mélange de surprise et une vieille habitude de haine pendant plusieurs dizaines de secondes.

-J'imagine que c'est à cause de ta présence que les prix ont augmentés du jour au lendemain, siffla Malfoy.

-Moi qui ne comprenait pas pourquoi les prix étaient aussi bas avant que je n'arrive.

Draco leva les yeux au ciel. Il les reposa bien vite sur son voisin. Potter n'avait pas changé, c'était toujours le même ado coincé dans un corps d'enfant. Seule l'apparition de cheveux blancs dans ses cheveux jais et sa barbe lui donnaient un air adulte. Il portait des vêtements moldus, un gros pull gris, un jean et une paire de basket.

-Je vois que tu es toujours à la pointe de l'élégance Potter. Tu cherches à lancer une nouvelle mode ?

-Je ne vois pas pourquoi j'aurai mis de beaux vêtements pour faire du rangement et du bricolage. J'imagine, vu que tu es sur ton trente-et-un, que tu as encore payé quelqu'un pour effectuer ces tâches à ta place.

-C'est à ça que sert l'argent Potter voyons!

Dans sa bouche, le nom de Harry sonnait comme une insulte. Il le faisait traîner, insistant bien sur la prononciation des deux syllabes : Po-tter.

-Toujours aussi arrogant !

-Toujours aussi irritant ! Que se soit à mes oreilles ou à mes yeux !

Harry se retourna vers sa boutique et regarda celle de Malfoy. La rue comprenait huit emplacements de boutique et il avait fallu que Malfoy prenne l'emplacement à côté du sien.

-Comment est-ce possible ? Cela n'a alerté personne ? De nous mettre à côté ? Demanda Harry.

Malfoy s'avança d'un pas et grimaça de dégoût en regardant la boutique d'Harry.

-Encore une fois, tu crois que le monde tourne autour de toi Potter! Comme tu peux le remarquer, et je suis sûr que cela doit être très dur pour toi de le réaliser, ce n'est pas le cas.

-Je ne crois pas que ...c'est ...tout le monde sait que… tu m'énerves Malfoy.

-Ta répartie a du laisser-aller. Mais ...il va nous falloir agir en adulte que nous sommes. Potter ?

-Quoi ?

-Quand et où comptes-tu déménager ?

Harry se retourna la bouche grande ouverte. Le sourire mesquin de l'ex Serpentard lui répondit.

-Je te demande pardon ?

-Et bien, il va de soi que nous n'allons pas pouvoir entretenir de bonnes relations de voisinage.

-Et pourquoi est-ce que cela serait à moi de déménager ?

-Et bien, c'est tout simple, j'ai signé avant toi !

-Oh mais dans ce cas, j'ai reçu mes clefs avant toi, alors je devrais rester !

-Ta boutique est d'une inutilité sans fin ! Contrairement à la mienne qui est d'une importance vitale !

-Il y a des dizaines d'apothicaires, tu ne manquerais à personne Malfoy. Il n'y a pas deux boutiques comme la mienne !

-Peut-être parce que ce n'est pas utile. Tu n'y as donc pas songé ?

Harry serra les poings et prit une grande respiration. Si ses années d'aurors lui avait appris une chose, c'était de garder son calme, même si en cet instant, cela relevait du miracle d'y arriver.

-Aucun de nous deux n'a à déménager. Il nous suffit juste d'éviter de nous croiser.

Malfoy fit tourner sa canne dans sa main.

-Bien sur ! J'ai décidé de m'installer à mon compte pour passer mon temps à éviter de croiser Saint Potter !

-Tu vois une autre solution Malfoy ? Moi non. J'ai mis mon argent et mon énergie dans ce projet, je ne te laisserais pas tout gâcher ! Si je t'irrite tant que ça, je ne te retiens pas. Pars. Mais n'attends pas de moi que je parte.

Harry tourna les talons et rentra dans sa boutique.


Draco, vexé de n'avoir pas été le plus mature des deux, retourna à sa propre boutique. Ce projet était sensé lui apporter un nouveau départ, de la sécurité et plus de temps libre. La présence de Potter à côté de lui ne laissait rien avancer de bon. Pourtant, en quelques minutes à peine, une énergie nostalgique l'avait envahie et avait laissé sur son visage un demi sourire qu'il n'avait pas porté depuis des années.

Une fois la porte passé, une petite tête blonde passa de derrière une bibliothèque.

-Il est gentil le nouveau voisin Papa ?

-Non. C'est un scroutt à pétard.


-Tu ne rigoles pas ?...Tu es sérieux ? Demanda Hermione.

Harry hocha la tête avant de prendre une grande gorgée de pierre fraiche. La chaleur était revenue durant la journée et il appréciait sa pinte autant pour sa fraicheur que pour la sensation grisante qu'elle lui apportait.

-Non je ne rigole pas pas et oui je suis sérieux ! Malfoy a acheté la boutique à côté de la mienne.

-Ca peut pas être un putain de hasard ! s'exclama Ron. Cette sale fouine a tout manigancé !

-Oh, je ne pense pas, dit Hermione tout bas.

Mais pas assez bas pour qu'Harry ne l'entende pas.

-Ah bon ?

Hermione soupira. Harry n'arrivait pas à savoir si elle était lasse de ces vieilles rancoeurs ou si elle était gênée.

-J'avais entendu dire qu'il quittait Sainte-Mangouste pour ouvrir sa boutique depuis un moment, en fait, depuis plus longtemps que toi. Je ne savais pas, je ne pensais pas que ça serait là.

-Alors si c'était il y a plus longtemps que moi, pourquoi est-ce qu'il ne l'a pas ouverte plus tôt ?

-Il devait attendre le même emplacement que toi j'imagine. Et puis...un ancien mangemort qui cherche à ouvrir une boutique de médecine et de potion…ça a du lui prendre du temps d'avoir toutes les autorisations.

-Il était chirurgien ! C'est pas comme si il était banquier ! Ça ne me choque pas qu'il veuille ouvrir une boutique de potion !

-Les anciens mangemorts ont toujours autant de problèmes à se réinsérer tu sais.

-Non, mais toi tu sembles bien au courant, pointa Harry.

Hermione se redressa et s'offusqua.

-Qu'est-ce que tu veux dire Harry ?

-Peut-être que tu aurais pu me prévenir que Malfoy voulait ouvrir quelque chose.

-Harry je ne pensais pas que ça se passerait comme ça. J'en avais entendu parler sans y faire attention.

Ron attrapa un biscuit sur la table.

-Tu aurais pu en parler à Harry Mione, tu sais bien qu'il est bizarre quand il s'agit de Malfoy !

Harry avala une autre gorgée et failli s'étrangler avec.

-Je ne suis pas bizarre !

-Tes réactions par rapport à Malfoy sont toujours disproportionnées Harry ! Quand il s'agit de lui, tu… tu... fais toujours des choses stupides !

-Etaient ! Elles étaient disproportionnées. Quand nous étions adolescents et que nous étions dans deux clans opposés. Et pour ma défense j'ai toujours eu raison de le soupçonner ! On a changé depuis ! J'ai changé ! Je me moque de ce que fait Malfoy aujourd'hui tant qu'il ne le fait pas à côté de moi !

Neville qui n'avait pas dit un mot depuis le début du récit de Harry s'éclaircit la gorge.

-Je travaille pour Draco, annonça-t-il.

Les trois autres se retournèrent vers lui.

-Draco ? Demanda Ron en faisant la grimace.

-On ouvre pas un magasin d'apothicaire du jour ou lendemain, il faut des stocks de produits. Draco m'achète des ingrédients depuis des années, au début c'était son loisir. Il ne m'avait jamais dit qu'il s'installait dans cette rue mais je savais qu'il partait de St Mangouste.

-Pourquoi est-ce que tu ne nous en a jamais parlé ? Demanda Harry. Tu en parles comme si c'était grave. Je sais...Je sais que je suis en colère maintenant...mais ...ça ne va rien changé à mon affaire qu'il soit là.

Neville soupira.

-Je ne sais pas. Je ne comptais jamais en parler parce que je ne voulais pas créer de tension. Comme je ne parle jamais de vous avec lui.

Harry passa une main sur son front.

-Je suis désolé que tu ai ressenti le besoin de nous cacher que tu travailles pour lui.

-Ne t'excuse pas Harry, c'était moi qui ne voulait pas vous en parler. Bref...maintenant que nous en sommes là, il faudrait peut-être boire pour fêter ta réussite plutôt que de boire pour oublier ?

Harry hocha la tête, Ron et Hermione levèrent leur verre et ils trinquèrent à la réussite de la boutique de Harry.

Le lendemain, Harry arriva à 9h à sa boutique et tourna la pancarte "Open". L'emplacement en face de sa boutique était en travaux. Si Hermione avait raison et c'était toujours le cas, c'était un salon de thé qui allait ouvrir. Ron avait déjà décidé qu'ils y passeraient leurs futures pauses.

Harry caressa de la main un arrivage de bois. Il était dur et rugueux sous ses doigts. Il sentait encore le pin comme en pleine forêt. Il ferma les yeux quelques secondes et se vit entouré d'arbre et écoutant le silence apaisant de la forêt.

La boutique venant juste d'ouvrir, Harry savait qu'il n'aurait probablement pas de client dès le premier jour. Il décida donc de se lancer dans la fabrication d'un nouveau meuble. Peut-être une petite table pour les jouet d'Hugo ou un bureau pour Teddy.

A 11h, il reçu la Gazette du Sorcier. L'ouverture de sa boutique faisait la Une, malgré l'utilisation du nom de jeune fille de sa mère. Il aurait peut-être des clients finalement.

À 18h30, il tourna le pancarte « Closed » et alla s'affaler dans son fauteuil.

La Gazette lui avait bel et bien amené des clients. Son agenda était déjà booké sur deux semaines. Les commandes étaient principalement simples et il avait été à même de réparer une dizaine d'objet qu'on lui avait amené aujourd'hui. Il suspectait même certaines personnes d'avoir volontairement cassé quelque chose pour le lui apporter.

Il regarda les planches de bois qui l'attendait de l'autre côté de la pièce. Il ferait un bureau à Teddy une autre fois, quand toute cette agitation se serait calmée.

L'agitation de la journée d'ouverture et des préparatifs de l'ouverture ne lui avait pas donné une minute pour s'ennuyer. Il n'avait pas eu le temps de penser à regretter cette aventure. Cela faisait des mois, voire des années, qu'il n'avait pas eu autant d'énergie.

Quelques mois après la bataille finale et après avoir commencé ses études d'auror, Ginny et lui avait rompus. Ils s'étaient retrouvés et re-séparés trois fois dans les deux années qui suivirent, pour finalement réaliser qu'ils avaient beau tout essayer, ils n'étaient pas heureux ensemble. Depuis, Ginny vivait aux États-Unis avec un autre joueur professionnel de Quidditch. Depuis Harry n'avait eu que très peu de relations et toutes de courtes durées. Jusqu'à ce qu'un soir, en rentrant d'une soirée pub avec Ron, il se perde dans le Londres moldu et entre dans un bar gay pour demander son chemin. Le lendemain matin, l'homme qu'il avait ramené chez lui, lui demandait son chemin pour rentrer chez lui.

Depuis, il y était retourné de nombreuses fois et n'en était jamais ressorti seul. Il n'avait entretenu de relation avec aucun de ces hommes, préférant retenter la notion de couple avec des femmes. Infructueusement à chaque fois. Hermione lui avait, à de nombreuses reprises, suggéré de tenter une histoire sérieuse avec un homme mais il n'avait jamais rencontré aucun homme qui lui en avait donné envie. Il n'avait que très peu de fois revu le même homme plus d'une fois et jamais un sorcier.
Avec le recul, il avait réalisé qu'il n'avait jamais été amoureux. Il avait été très attaché à Ginny mais ce qu'il avait ressentit pour elle n'était pas très loin de ce qu'il ressentait pour Hermione.

Il se demandait comme c'était passé la première journée d'ouverture de Malfoy. Avait-il eu des clients ? Etait-il lui aussi assis dans un fauteuil, fatigué d'avoir autant sourit à des gens qui venaient juste le voir lui ? Avait-il envoyé balader les « pauvres » et les nés-moldus ? Savait-il être commerçant ?

Harry secoua la tête, fatigué de se poser des questions sur Malfoy, se leva et se dirigea vers la cheminée pour rentrer chez lui.