J'étais rentré en taxi puis m'étais rendu chez Jirou. Mais ça vous le savez déjà. Je me sentais coupable d'avoir apporté une mauvaise ambiance chez mon bro, mais vraiment je ne supportais plus Bakugou. Ça présence était déjà une pression pour moi et il en rajoutait en ne faisant pas attention à ce malaise qui m'éprouvait. Lui ça ne lui faisait peut-être rien de se montrer nu devant moi, mais personnellement ça m'irritait, sans parler qu'il m'avait matté dans le plus grand des calmes. Insupportable. Insupportable… La sensation de sa langue sur ma peau me tiraillait. Elle me revenait sans arrêt pour me rappeler à quel point j'aimais ça et à quel point je l'avais aimé lui. Je me frappai le front dans les mains. Non ! Je ne l'avais jamais aimé ! Pas un gars comme lui ! Pas un gars tout court en fait... C'était tellement chiant, je voulais me concentrer sur ma relation avec Kyoka et il s'incrustait dans mes sentiments dès que je le voyais un peu. À chaque fois je finissais par passer au dessus et à enterrer ce désarroi, je devais juste attendre que ça se tasse. C'était difficile mais j'y étais toujours arrivé. Le problème c'était que j'avais encore de nombreuses sorties de prévues et je l'y verrais forcément. Le seule chose à faire pour m'en sortir c'était de ne pas y aller. Mais impossible non plus... Je ne pouvais pas lâcher Kirishima et Midoriya. La boucle infernale je vous jure !

On alla se promener avec ma copine et ça me calma un peu. Le coup de foudre que j'avais eu pour elle n'était pas passionnel, je l'aimais, ce n'était pas non plus transcendent. Le plaisir d'être avec l'autre, de se sentir bien, d'avoir un quotidien à d'eux et de passer du bon temps ensemble. C'était pareil pour elle. Cependant j'avais pris du temps pour construire cette relation de deux ans je ne voulais pas la perdre pour la broutille qu'étaient ces sentiments douteux. Surtout en sachant que j'arrivais à les éteindre quand le con était loin de moi. La solution c'était de ne plus y penser. Une gaufre au nutella dans la main je rigolais de tout et de rien avec Jirou, surtout de ma maladresse quand il fallait manger proprement. Puis nous rentrâmes, je pris une douche et nous jouâmes un morceau qu'elle avait inventé. Pourquoi était-elle encore à la fac ? Elle avait un tel don qu'elle pouvait bien tout arrêter et se lancer dans une carrière d'artiste. Enfin c'était vrai qu'être bilingue en anglais lui serait essentiel mais elle s'en approchait déjà à grand pas. Son avenir était tracé, le mien en revanche pas du tout. Qu'est-ce que j'allais faire d'une licence d'histoire sérieusement ? Je m'y trouvais par la force des choses et n'aimais pas plus que ça la matière. Je verrais bien où la vie allait me mener... Triste ? Fataliste? Je savais pas trop, mais j'avais pas d'envies particulières et je ne pouvais pas en créer. Ce que je savais en revanche c'était que je ne voulais pas finir prof dans un vieux lycée pourri avec des élèves aussi turbulents que je l'avais été. Certainement pas.

Quelques jours passèrent et tout allait mieux. Kyoka voulut absolument que je lui explique pourquoi j'avais été au plus mal. Elle s'inquiétait. Je pris alors mon courage à deux mains et lui dis que un de mes potes était gay et que ça s'était pas très bien passé par sa faute. Une demie-vérité. Je n'allais pas non plus lui révéler que j'avais des incertitudes sur ma sexualité et qu'avec ce pote ça avait déjà dérapé. Ouais non hein… Je me devais de lui parler mais tout lui dire c'était au dessus de mes moyens. Hors de question que je le formule à voix haute. À n'importe qui d'ailleurs. C'était complètement en déviance avec l'image que j'avais de moi. Trop dur de changer le jugement qu'on porte sur soi même. J'étais quelqu'un de têtu et d'assez fermé d'esprit on allait pas ce le cacher. Heureusement pour moi elle ne se doutait pas un seul instant de mes incertitudes. Elle crut que le problème concernait deux autres amis et que j'avais été déçu que ça ne se soit pas bien passé. C'était une fille très intelligente mais je ne lui avais jamais rien montré qui aurait pu la faire douter sur mon hétérosexualité. C'était pas dans mon intérêt de le faire et je savais le cacher. Attendez cacher quoi? Une bisexualité ? Je me giflai intérieurement. N'importe quoi, je n'avais jamais regardé un autre gars que Bakugou. Et si j'avais fait cela c'était juste à cause de son harcèlement ! J'étais définitivement hétérosexuel.

J'avais prévu un cinéma avec eux demain soir. C'était pas l'activité qui m'angoissait le plus. On allait juste profiter de cette vieille rediffusion d'un de nos films préférés. Face à l'écran il ne devrait pas y avoir de problème. Et puis dans trois jours c'était plage. Celle là d'activité me plaisait beaucoup moins par contre. Vous savez très bien pourquoi ! Enfin, j'étais pas tout à fait sûr de savoir... Mais je ne rêvais pas du tout de revoir le corps musclé de Katsuki ! J'en avais des frissons d'énervement d'avance. Et après ? Je regardais le calendrier sur mon Iphone. On allait se rendre chez Bakugou ! Sa mère voulait qu'on s'occupe de leur immense maison et comme elle savait qu'elle ne pourrait pas compter sur son fils elle nous avait proposé ce petit travail le temps de ses vacances. J'avais accepté pour l'argent moi, certainement pas pour autre chose. Un petit peu pour passé du temps avec Shoto, Eijirou Izuku et… ? Personne d'autre ! Je vous assure que ça ne me ferait pas plaisir d'être avec l'autre idiot. C'était effrayant et j'avais toujours peur de faire une rechute. Je posai mon portable pour engloutir une assiette de gratin tant en réfléchissant au passé. Comment on avait pu en arriver là ? On était pourtant si soudé il y a quelques années de ça. À l'époque je n'aurais pas du tout pu imaginer tout ce qui allait m'arriver au lycée.