Note de l'auteur : Voici la traduction de « My Savior », une histoire que j'ai écrite directement en anglais. Elle m'a été inspirée par la vision d'une part, de la jeune Regina qui était si manifestement douce et adorable avant que sa mère ne tue son bien-aimé Daniel et ne la rende misérable ; d'autre part, de l'épisode où Emma adolescente sympathise avec une jolie petite brune nommée Lily, qui n'évoque pas qu'un peu une version jeune de Regina… Ceci est ma toute première fanfic de OUAT, écrite avant « Duo » et « la Directrice », alors je demande votre indulgence pour cette bluette adolescente, mais j'espère que vous prendrez quand même plaisir à la lire :-)

Fiddle


― Excusez-moi ! Vous permettez ?!

La voix de Regina dégoulinait de mépris pour la créature inférieure dont le râteau osait se mettre en travers de sa route.

― Je suis navrée, votre altesse. Voulez-vous que je m'allonge par terre afin que vos augustes pieds n'aient pas à fouler le sol ? Ce gravier est si indigne de vous ! répondit la jeune jardinière, dont les yeux verts assombris par la colère lançaient des éclairs sous sa casquette décolorée.

― Emma, viens ici tout de suite ! beugla Sydney, le jardinier de l'école. A contrecœur, la jeune fille se détourna, non sans lancer des regards noirs par-dessus son épaule à Regina qui poursuivait sa route et disait d'un ton dédaigneux à sa suite exclusivement composée de garçons :

― Franchement, comment choisit-on ces cas sociaux ? Ne peut-on au moins leur inculquer un minimum de bonnes manières avant de les laisser travailler ici ?

A l'autre bout de la pelouse impeccablement entretenue où ils ratissaient les feuilles mortes, Sydney était déjà en train de faire la morale à Emma :

― Je t'ai dit de les ignorer et de ne pas te faire remarquer, jeune fille. Contente-toi de faire ton boulot, bon sang ! Tu tiens vraiment à aller en centre de détention ?

― Bien sûr que non, dit Emma, les yeux pleins de colère. Quelle petite garce arrogante.

― L'arrogance fait partie de leur éducation, à ces gamins-là. C'était à Regina Mills que tu parlais. Tu vois cet auditorium là-bas ?

Sydney désigna d'un signe de tête le beau bâtiment de marbre blanc qui se trouvait cinquante mètres plus loin.

― C'est l'auditorium Cora Mills. Payé par la mère de Regina. Faut-il que je te dise à quel point la famille Mills est influente dans cette école ?

― Non, grommela Emma en contemplant ses pieds. En gros ils sont ici chez eux.

― Exactement. Alors tâche de contrôler tes humeurs, compris ? Tu n'as aucune chance de l'emporter.

Emma n'en voulait pas à Sydney de son ton bourru, elle savait que c'était pour son bien. Peu de gens se souciaient réellement de son sort. Qui à part Neal s'intéressait à l'existence de l'orpheline maigrichonne de dix-sept ans qu'elle était ? Neal était orphelin lui aussi, un peu plus âgé qu'elle, et avait en fait plutôt une mauvaise influence sur elle – si elle continuait à prendre part à ses géniales combines, la prochaine fois qu'elle se ferait pincer ce ne serait plus aux travaux d'intérêt général qu'elle aurait droit. Mais il était si difficile de lui dire non alors qu'il représentait virtuellement sa seule famille. Il était toujours là pour elle.

Et bon sang, ces gosses du privé étaient si exaspérants, si condescendants et si parfaits – tellement sûrs qu'ils allaient devenir les maîtres du monde – la vie était injuste. Malgré elle, Emma devait reconnaître que Regina Mills semblait vraiment parfaite. Son uniforme lui allait parfaitement. Elle était sexy en diable avec sa courte jupe plissée, portait son chemisier de coton comme s'il avait été en soie, et Emma pouvait comprendre les garçons qui l'escortaient avec les égards dus à une reine. Elle n'était pas très grande, mais paraissait grandie par sa manière de se tenir, comme si elle portait une couronne. Elle était vraiment majestueuse, la future reine de sa promo.

Emma chassa le souvenir du regard pénétrant de Regina et de ses yeux d'un brun profond. Ce n'était pas comme si elle risquait un jour d'avoir l'occasion de lui parler sur un pied d'égalité. Il valait mieux finir de ratisser les feuilles si elle voulait voir Neal avant l'heure de rentrer au foyer.

Elle était en train de finir de rassembler les feuilles mortes, dont elle admirait les nombreuses nuances de vert, de jaune, d'orange, de rouge et de brun, aimablement fournies par une rangée d'érables plantés le long de l'allée, lorsque son regard surprit un scintillement inattendu quelque part à l'intérieur du tas. Elle fouilla dans les feuilles avec précaution au cas où il se serait agi de verre brisé, et contempla sa trouvaille, ébahie. C'était un élégant bracelet d'or et de rubis. Vu le coût de ce lycée privé, elle se doutait qu'il ne s'agissait pas d'un bijou de pacotille. Le bracelet était gravé d'un monogramme représentant un R surmonté d'une petite couronne.

Evidemment, il fallait qu'il appartienne à Regina. Elle le mit dans sa poche.

Cette nuit-là, dans sa couchette du foyer pour adolescents, elle passa le bracelet à son poignet et l'admira à la lumière du lampadaire qui filtrait par la fenêtre de sa chambre. Le fermoir était un peu lâche, comme s'il avait beaucoup servi, et s'ouvrait facilement. La fine chaîne en or était légère en dépit des petits rubis sertis au centre de chaque maillon en forme de cœur, et Regina ne devait pas l'avoir sentie glisser de son poignet. Emma n'avait jamais rien possédé d'aussi beau. Elle le contempla en pensant à ce qu'elle pourrait s'offrir si elle le mettait en gage. Elle ne l'avait pas montré à Neal, car elle était sûre qu'il aurait insisté pour le prendre et le vendre à ses « amis ».

Le bracelet était ravissant, bien qu'un peu démodé. Elle avait l'impression qu'il n'avait pas été fait pour Regina mais qu'il était bien plus ancien, un bijou de famille peut-être. L'argent qu'elle pouvait tirer du bracelet aurait été bien utile à Emma, mais elle était tentée de le garder, même si le porter ou le seul fait de le laisser voir était une source d'ennuis garantie pour quelqu'un comme elle qui vivait dans un foyer. Mais voler ce genre de chose n'était pas son genre, et Emma ne pensa jamais sérieusement à garder le bracelet. Elle le rendrait à la petite reine.

Elle eut un sourire en coin rien qu'à cette idée. Elle avait hâte de voir la tête de Regina quand celle-ci réaliserait que c'était elle qu'elle devait remercier pour l'avoir retrouvé.