Disclaimer : La Quête d'Ewilan ne m'appartient pas.

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Sayanel contemplait les derniers rayons du soleil qui se prenaient dans les mèches blondes d'une jeune fille, leur donnant des reflets roux. Millette s'activait à éplucher des légumes pour la dernière fois. La caravane atteindrait Al-Vor le lendemain en fin de matinée.

Le marchombre appréciait beaucoup la jeune fille qui recherchait activement sa compagnie et lui posait mille questions. Sa fraîcheur lui procurait le plus grand bien. Elle allait lui manquer quand leurs routes se sépareraient.

Son attention avait tout de suite été attirée par cette jeune fille atypique. Elle portait des habits de la ville, mais Sayanel était certain qu'elle n'y avait pas passé le plus clair de son temps. Sa fine musculature trahissait un travail manuel régulier et son port, une assurance rare à cet âge. Ce n'était pas de l'orgueil ni de la prétention, il exsudait de son corps une confiance en ses capacités.

Millette avait des réactions parfois imprévisibles. Quand il croyait la cerner, elle effectuait une action défiant la logique. Elle lui rappelait qu'il lui restait encore beaucoup à apprendre.

Sa lumière brillait avec force, attirant immanquablement les regards. Il n'y avait qu'à voir comment le jeune Herad s'était accroché à elle comme si en s'approchant plus près la lumière de la jeune fille, elle allait soudainement éclairer son chemin. Ou la manière dont Marisa cherchait conseil auprès d'elle. Lior posait sur elle un regard éloquent que la jeune fille n'avait pas su interpréter ou qu'elle avait décidé d'ignorer.

D'un certain point de vue, Sayanel aussi recherchait la présence de la jeune fille. La différence avec les autres, c'était que lui ne le montrait pas. Et qu'il avait l'avantage que la jeune fille vienne à lui de son plein gré. Tous les soirs après qu'elle eût terminé ses tâches pour la journée, la jeune fille venait le trouver, deux tasses fumantes à la main, contenant du kla ou une autre décoction d'herbes. Elle lui tendait l'une des deux chopes et s'asseyait à ses côtés. Ils restaient silencieux un moment, appréciant simplement la compagnie de l'autre. Puis Millette lui posait une question ou bien c'était lui qui commençait à raconter. Sa présence à ses côtés était encore une singularité. Mais le marchombre ne s'en plaignait pas. Elle avait insufflé de la vie là où il croyait que la sienne s'était arrêtée. Elle lui avait rappelé que la vie continuait son cours et que chaque jour voyait naître de nouvelles étoiles.

Nillem avait trahi. Il n'avait pas su le guider. Jilano était mort. Assassiné. Il n'avait rien pu faire, pas même trouvé le coupable. Il était resté dans sa peine, son monde parti à la dérive, s'écroulant définitivement. Ou pas. Récemment, Sayanel s'était aperçu que le temps courrait toujours. Peut-être devrait-il partir à la recherche d'Ellana. Voir ce qu'elle était devenue ? La défection de Nillem l'avait affecté elle aussi, tout comme la mort subite de son maître. Pourtant Sayanel renonça à cette idée. Il n'était pas prêt. Il ne ferait que l'entraver. Ellana devait continuer d'avancer.

Une tasse d'où s'échappait de la vapeur se présenta sous son nez, le sortant de sa rêverie. Il la prit avec reconnaissance.

– Merci.

Millette s'installa à côté de lui et ensemble ils regardèrent les étoiles, conscients que c'était leur dernière nuit ensemble et ne voulant pas la gâcher par des mots inutiles.

– Trois ans, proposa brusquement Sayanel.

Mais qu'est-ce qui lui était passé par la tête ?!

– Pardon ? fit Millette ne comprenant pas ses propos.

Sayanel s'était juré de ne plus jamais prendre d'élève après Nillem. Il pouvait encore reculer. Pourtant, il se surprit à poursuivre :

– La voie des marchombres est pavée d'absolu mais périlleuse et solitaire. Elle ne t'apportera ni richesse ni consécration, elle t'offrira en revanche un trésor que les hommes ont oublié : ta liberté.

Il vit la soudaine compréhension dans les améthystes de la jeune fille. La réalisation de ce qu'il était en train de lui offrir.

– L'apprentissage dure trois ans, enchaîna-t-il. Trois années que tu m'offres de ton plein gré. Trois années qui te forgeront, parfois dans la douleur, souvent dans le doute, toujours dans la difficulté. Trois années durant lesquelles tu me devras une obéissance absolue, sans autre échappatoire que la mort.

Sayanel lut sa réponse dans ses yeux avant même d'avoir terminé. Il n'y trouva qu'un immense regret.

– Je suis désolée, déclara la jeune fille. J'aurais aimé te suivre mais je ne peux pas.

Millette se leva alors, récupéra les deux tasses vides et déposa un baiser sur la joue du marchombre avant de partir.

Sayanel eut l'impression qu'une partie de son âme s'était déchirée de nouveau, emportée par la jeune fille, tandis que son corps restait derrière dans le monde tangible des vivants. Sans un bruit, le marchombre disparut à travers la nuit.

Fin


Et voilà, cette histoire est terminée !

Tout d'abord merci à tous ceux qui m'ont laissé un commentaire.

Pour la suite de l'histoire, je n'ai pas l'intention de réécrire les livres, je n'y vois pas grand intérêt. J'avais pensé à un petit duo Edwin/Ewilan mais je ne vois pas comment inclure les autres dans ce cas là. Peut-être qu'un jour j'écrirai cette suite. Pour l'instant je pense plutôt écrire une série de spin-off sur certains évènements tels que je les ai imaginés dans cet univers. Ils seront dans le désordre, suivant l'inspiration, et, avec certitude, publiés de manière aléatoire.

Merci d'avoir suivi cette histoire.