Disclaimer : Tout à Oda, rien n'est à moi.

Bonsoir à toutes et à tous ! Cette histoire est écrite à l'occasion des 24h du FoF, un marathon qui dure 24h (vous ne l'auriez jamais deviné, je parie !). Je n'ai aucune idée des prompts qui vont tomber, donc j'écrirai cette histoire au fil de la journée en espérant réussir à la terminer d'ici ce soir. En attendant, je vous souhaite une excellente lecture !

Le prompt est en gras dans le texte.


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Au douzième coup de minuit

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Chapitre 1


« La pauvre enfant (…) ne savait pas qu'il était dangereux de s'arrêter à écouter un loup » Le Petit Chaperon Rouge, Charles Perrault


« Cora, c'est évident que c'est une arnaque.

— Mais ce sera amusant, » contra aussitôt le grand blond, avec un de ces larges sourires auxquels Law se révélait incapable de résister bien longtemps. Il ne savait pas pourquoi, ça le rendait tout chose au-dedans de lui, ça réveillait des sentiments qu'il croyait morts à tout jamais dans la destruction d'une cité blanche.

« Je crois qu'on va le regretter, » marmonna le petit garçon, alors que celui des deux qui était supposé être l'adulte le prenait par la main et l'emmenait vers la tente de foire, où s'étalaient des signes cabalistiques d'un doré un peu passé sur un fond violet sombre. Au dessus de l'entrée dissimulée par une tenture plutôt miteuse, une grande pancarte annonçait Madame Carla, voyante et médium.

« Allons, tu n'es pas curieux de ce qui t'attend dans le futur ? »

La mort, pensa l'enfant en tirant sur ses manches pour que les tâches palies de ses bras ne se voient pas. Lorsqu'ils sortaient comme ça, afin d'éviter de se faire trop remarquer, Law portait du fond de teint qui dissimulait sur son visage les progrès de la maladie. Lorsqu'ils ne cherchaient pas un hôpital qui accepterait de le soigner, Cora avait à cœur de lui faire vivre des expériences amusantes. Pour rattraper le temps perdu, disait-il, et peut-être qu'il le pensait sincèrement mais pour l'enfant, c'était plutôt comme s'il cherchait à s'étourdir pour ne pas penser au moment de plus en plus proche où le plomb blanc achèverait de grignoter la vie du dernier rescapé de Flevance.

Enfin, Law préférait ça à la boisson. Cora aurait vraiment dû perdre cette dégoûtante habitude de boire.

L'homme et l'enfant entrèrent dans la tente. Immédiatement, l'odeur de l'encens leur piqua les yeux, et fit tousser le blond d'une quinte de toux qui fit honneur, malgré sa consommation de cigarettes, à la force de ses poumons.

« Bienvenue chez Madame Carla, » dit finalement une voix quand Cora eut enfin repris respiration, et Law, plutôt inquiet jusque là pour le blond, remarqua enfin la voyante, qui, enfouie dans un tas de tissus aussi vétustes que ceux de la tente, et d'un goût à peu près aussi subtil les regardait depuis un vieux fauteuil avec la mine d'un crapaud. Elle était vieille et laide, mais avec des yeux vifs à l'éclat de la seule lampe du lieu. Sans doute que des années passées à arnaquer les badauds lui avaient donné une certaine agilité d'esprit.

« Je suis Madame Carla, déclara-t-elle d'une voix grave et compassée, comme si elle venait de leur faire une révélation cruciale.

— On avait cru deviné. Vous savez, entre la pancarte dehors et vous qui êtes toute seule ici…

— Law ! fit Cora. Ne sois pas impoli ! »

En lui-même, l'enfant envisagea de rectifier : il n'était pas impoli, il était sarcastique. Il était peu sûr tout de même que Cora apprécie la nuance.

« Ça ne me dérange pas, fit la voyante. Et puis, c'est normal qu'il ait de l'énergie à revendre. Avant de s'éteindre, la flamme a toujours un regain d'éclat. »

Cora se sentit pâlir alors que Law se demandait si le fond de teint avait disparu. Soit cette femme avait un sacré coup d'œil, soit elle avait tapé juste par hasard.

Son esprit farouchement sceptique inclinait vers la seconde option.

« Comment savez-vous ça ? » demanda Cora, qui avait mordu à l'hameçon avec une facilité presque humiliante pour quelqu'un d'aussi intelligent.

« Prenez place, » proposa Madame Carla, en désignant les deux chaises en face d'elle.

Cora s'y assit promptement, casant sa silhouette invraisemblablement longue dans l'espace exigu avec toute l'habitude que pouvait avoir un homme de près de trois mètres à s'adapter à un environnement conçu pour des humains nettement plus petit. Et il ne mit le feu nulle part, malgré les bâtons d'encens qui se consumaient un peu partout, n'en renversant pas un seul. Law admira la prouesse, et avec une lenteur douloureuse, occasionnée par des crampes dans ses membres malades, il s'assit au côté du blond.

Sur la table, recouverte d'une nappe de velours rouge, il y avait au centre une boule de cristal, sur la gauche un paquet de cartes et quelque bric-à-brac de grigris mystiques. Law reconnut entre autre un petit crâne en ivoire, un fer à cheval et une patte de lapin.

Madame Carla passa la main sur sa boule de cristal. L'artefact avait presque des airs de magie, avec les quelques volutes de fumée qui dansaient à l'intérieur. Law se demanda comment le phénomène fonctionnait. En tout cas, la babiole pouvait faire son petit effet sur les esprits crédules.

« Vous cherchez les clefs de l'avenir, déclara Madame Carla s'adressant à Cora, après avoir plongé ses yeux dans la sphère.

— Waouh, ça c'est de la révélation, fit Law, incapable de se retenir. On va chez une voyante pour qu'elle prédise le futur ! » C'était idiot, enfin, toute cette histoire !

— Law ! gémit le blond, mortifié et peut-être un peu penaud.

— C'est pour vous qu'il les cherche, savez-vous, mon enfant ? fit la voyante en s'adressant à l'enfant. Il n'a plus d'espoir en ce qui le concerne, mais il en garde pour vous.

— C'est n'importe quoi. Cora a toute sa vie devant lui, lâcha calmement Law.

— Mais il veut que vous viviez.

— C'est bien dommage, mais dans la vie, on ne peut pas avoir tout ce qu'on veut ! » dit Law avec une amertume qui le surprit. Et agacé outre-mesure par les déblatérations vides de cette voyante de pacotille, il se leva et sortit de la tente.

Cora allait se lever pour le suivre, fouillant dans sa poche pour donner quelques berrys à la femme.

« Ce sera votre choix, vous savez. Qu'il vive ou qu'il meurt, ce sera votre choix. »

Accroché malgré lui par les mots de cette femme, Cora resta un instant dans une position un peu ridicule, ni assis ni tout à fait debout, à écouter ce qu'elle avait à dire :

« Vous me retrouverez ici quand vous aurez besoin de moi. Car vous en aurez besoin.

— Vous pouvez m'aider à le sauver ?

— Je peux vous aider à faire un autre choix. »

Ça n'avait pas de sens, et Cora déposa sa monnaie sur la table avant de sortir.

Dehors, Law le regardait avec des gros yeux.

« Et je parie que tu l'as payée.

— Law…

— Ah non, pas de Law. Tu ne vas quand même pas prétendre que c'était amusant !

— C'était curieux, tout au moins.

— C'était de l'argent gaspillé.

— Et si je t'offre une barbe à papa pour gaspiller de l'argent plus intelligemment ? »

L'enfant sembla peser le pour et le contre, une barbe à papa était une barbe à papa après tout, et finit par hocher la tête. « Mais c'est bien pour te faire plaisir ! »

Ils passèrent encore une bonne heure dans la foire, à monter sur des manèges et à jouer à des jeux d'adresses. Une bonne journée, dans l'ensemble. Une journée heureuse.

Cora aurait voulu qu'elle soit toutes comme ça.

Pourtant, et même s'il le cachait, les paroles de la voyante le hantaient. Et si c'était vraiment un choix à faire qui pouvait tout changer ? Est-ce qu'il ne cherchait pas avec assez d'acharnement ?

Il s'était concentré sur les hôpitaux de North Blue, persuadé que ça devait être là, dans la région de Flevance qu'on trouverait le plus probablement un remède, mais après tout, le monde était grand. Il se souvenait par exemple clairement de Drum, sur Grand Line, une nation connue dans le monde entier pour ses prouesses médicales.

Deux jours après cette visite chez la voyante, après une nuit plongée dans des réflexions plutôt amères sur son compte et sur le temps qu'il avait stupidement laissé passer, Cora décida que lui et Law se dirigeraient vers Drum. Il fallait entrer à GrandLine, et pour ça se diriger vers East Blue.

Trouver des billets pour se rendre sur GrandLine fut relativement facile. Moyennant la presque totalité de ses économies, Cora avait réussi à convaincre le capitaine du vaisseau marchand, qui devait faire escale à Alabasta, de passer d'abord par Drum. Il avait fallu supplié Sengoku mais ce dernier lui avait envoyé un Eternal Pose de l'île.

Cora négligea de prendre les appels de son frère. De toutes manières, avec la distance les communications étaient devenues presque impossibles, à peine perceptible.

Le cœur battant d'espoir, convaincu d'avoir pris la bonne décision, Cora et Law embarquèrent sur le voilier où ils occupaient à deux une minuscule cabine pourvue d'un unique hublot.

La fièvre augmenta d'une manière alarmante chez Law le jour où ils franchirent RedLine mais Cora attribua cette hausse à l'excitation du voyage.

Mais l'état du petit garçon empira, et bientôt, il entra dans les affres de l'agonie. Il s'éteignit lentement, en pleurant silencieusement de douleur et en souriant autant qu'il le pouvait à Cora qui tentait de lui rendre son sourire. Il mourut la veille de leur arrivée à Drum.

Sur l'île hivernale, dans un cimetière aussi blanc que l'avait été sa peau, aussi froid que l'avaient été ses pauvres mains dans les derniers jours, Cora fit enterrer l'enfant dans une tombe minuscule et sans fleurs.

« Je voulais prendre des fleurs mais je n'en ai pas trouvé. Je t'aurais noyé de fleurs, mais il n'y en a pas sur cette terre maudite. »

Il pleurait sans chercher à retenir ses larmes, se fichant bien de se donner en spectacle.

« Je suis désolé, Law, tellement désolé. Je me suis trompé sur toute la ligne. »

Je peux vous aider à faire un autre choix.

C'était curieux comme à nouveau, Cora se rappelait des paroles de la voyante. Sa mission était foutue, de toutes manières. Alors qu'est-ce que ça coûtait de retourner voir cette voyante ? Ne serait-ce que pour la maudire, pour lui cracher son venin à la figure, pour tenter de trouver un autre responsable à l'immense gâchis que constituait la mort de cet enfant. Et puis de toutes manières, elle était à North Blue, et c'était à North Blue qu'il devait retourner pour tenter de freiner son frère. Sa mission originale, après tout. Oh, il était peu probable que Doffy l'accueille avec un grand sourire. Peut-être même le tuerait-il.

Ça ne semblait pas une si mauvaise idée.

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Ça n'a pas du tout pris la tournure que je voulais x) Voyons voir ce qu'il en sera de la suite !