Titre : Nécessité n'a point de loi
Auteure : CacheCoeur
Rating : K+
Disclaimer : Je ne possède pas l'univers de Harry Potter. J'interprète et laisse mon imagination vagabonder concernant les différentes informations de J.K Rowling sur la Nextgen (en ne prenant pas en compte The Cursed Child).
Notes : Ce petit recueil fait exactement 5300 mots et sera divisé en 5 parties, publiés le vendredi. Cette nouvelle répond au concours de stark29. Je remercie Gaxia, la bêta-lectrice de ce texte qui m'a conseillé, aidé et qui est d'une gentillesse sans nom. J'espère que cette histoire vous plaira ! Une review sera toujours appréciée :)
13 Octobre 2021
Il faisait beau dehors. Si beau, qu'il n'y avait que quatre âmes dans la salle. La vieille dame leva les yeux paresseusement. A travers les verres de ses lunettes abimées par les années, elle observa calmement la bibliothèque. Son seul vrai foyer, qui lui apportait calme et sérénité depuis si longtemps…
- Madame Pince, je ne sais pas où ranger ces manuels de cartomancie ? Dans la section divination ou…
Irma lâcha un petit soupir fatigué et se pencha vers le jeune adulte qui allait bientôt la remplacer. Hayden Dwight se pétrifia, attendant une remarque acerbe. Rien ne vint. Certes, la bouche de Madame Pince était grand ouverte, mais ce n'était pas un cri qui se faisait entendre. C'était un rire. Pas le sien. Juste celui d'une jeune Serdaigle[1] de cinquième année. Et la bouche grande ouverte de Madame Pince se referma pour laisser ses lèvres s'étirer en un semblant de sourire. Elle posa définitivement la Gazette du sorcier qu'elle était en train de lire, et contempla la vie de sa bibliothèque, animée par les rires de ces enfants qu'elle aurait autrefois sévèrement punis.
Scorpius Malefoy et Rose Weasley n'avaient pas grand-chose en commun, si ce n'était le goût de la lecture et leurs générosités débordantes. Il était extraverti, blagueur, charmeur, elle était discrète, un brin timide et farceuse. Pourtant, rien n'était plus étrange que l'amitié et les liens que l'on tissait au fil des années. Irma avait été témoin de leur rapprochement, et petit à petit, comme lorsqu'on s'endormait, elle s'était attachée à ces jeunes et à leurs rires à peine étouffés entre les livres. Elle tendit l'oreille, curieuse :
- Comment va ta mère ?
- Exténuée. Elle se bat contre l'adoption de cette loi jour et nuit. Papa se fait beaucoup de soucis pour elle. Il dit qu'il ne l'a jamais vu comme ça, répondit la petite voix soucieuse de la rousse.
La main de Scorpius se retrouva sur la sienne, comme par enchantement et une sensation de vague quiétude se diffusa dans le corps de jeune fille. Rose lui offrit un petit sourire contrit.
- Il y a beaucoup de sorciers qui sont contre ce projet de loi. Ta mère n'est pas la seule !
- Je le sais bien Scorpius… Mais « beaucoup », ce ne sera pas assez ! De quel droit décident-ils de nos avenirs ? Tu te rends compte ?
- Les gens ne se laisseront pas faire...
- Tu sais ce qu'on dit... "Dura lex, sed lex !" : la loi est dure, mais c'est la loi, soupira Rose.
- Et "Lex mala, lax nulla" ? Les lois mauvaises sont nulles ? S'insurgea Scorpius.
Madame Pince arrêta de les écouter pour se reconcentrer sur le journal. Le gros titre de ce dernier la faisait frissonner.
« La famille selon le projet de Loi Grahamfiled : une conception renouvelée d'un modèle dépassé »
« Le projet de loi portant réforme sur la protection et la survie des sorciers, dit « Loi Famille Grahamfield », sera votée ce mercredi. Fruit d'un débat politique acharné, le projet de loi porté par Warren Grahamfield offre une alternative à la chute démographique des naissances de sorciers que le ministère observe depuis les années 1970.
« Nous avons tout tenté avant d'en arriver à cette conclusion ! Nous n'en serions pas là si l'ancien Ministre de la Magie, Monsieur Shacklebolt, avait été un tant soit peu moins laxiste » déclare le ministre Grahamfield. Ainsi pour palier à la baisse des sorciers présents en Grande-Bretagne, les articles 2 et 3 du projet énonce l'obligation pour les sorciers de se marier dans l'année suivant leur sortie de Poudlard, sous peine de se voir attribuer un conjoint ou une conjointe. L'article 4 ajoute que le couple marié devra donner à la communauté au moins deux enfants et héritiers de sang ». « Cette loi permettra aux sorciers et aux sorcières d'assurer un avenir durable pour tous ». L'article 5 déclare ainsi la prohibition du divorce légale.
Hermione Granger, membre du mangenmagot, fervente opposante à l'adoption de la loi, appelle les mages britanniques à réaliser la portée et la gravité de l'adoption d'un tel projet, qu'elle juge « attentatoire à la liberté de chacun de décider de ce qu'il veut : c'est un retour en arrière, une aberration sans nom ! »… ».
Irma Pince froissa le journal, plaignant silencieusement tous ces jeunes gens. Elle se leva pour aider son futur remplaçant, paniqué devant elle, et jeta un dernier coup d'œil aux deux adolescents, leurs quatre mains toujours jointes, et les joues légèrement rougies… Et dire que probablement ils découvraient tout juste ce qu'était l'amour, pour n'avoir peut-être, jamais la possibilité d'en apprendre tous les magnifiques tourments…
- Ça te dirait d'aller à Pré-au-lard avec moi samedi prochain ? proposa le Serdaigle.
Rose bafouilla quelques mots. Mais au sourire rayonnant de Scorpius, Irma devina que ce n'était pas qu'un simple "oui" qui était sorti des lèvres de Rose.