Bonjour,

Titre : Once Upon A Time...

Auteur : Typone Lady

Disclaimer : L'univers de One Piece ainsi que ses personnages ne m'appartiennent pas : ils sont à Eiichiro Oda. Je les emprunte le temps d'une histoire.

Rated: M

Genre : Romance, Hurt/Comfort, Song-fic

Résumé : « Raconte-moi une histoire…une merveilleuse histoire comme on en voit si souvent dans les contes de fées. Laisse-moi imaginer encore un peu que nous aussi, nous avons le droit d'être heureux. » Peu importe à quel point ils le désirent, il y a des choses sur lesquelles ils n'ont aucun contrôle. Impuissant, ils observent les ruines de cette vie sans voir cette lueur d'espoir tapis dans l'obscurité.

Bêta correctrice : pommedapi

Note : Merci à ma bêta pommedapi pour ses précieux conseils et aussi pour avoir corrigé ce chapitre ;).

Bonne lecture ;)


Once Upon a Time n'est pas une fiction à l'eau de rose.

C'est juste une histoire.

Leur histoire.

Parce que la vie n'est pas un conte de fées...

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Chapitre 1

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« Méfiez-vous de l'homme qui trouve tout bon, de l'homme qui trouve tout mal et encore plus de l'homme indifférent à tout. »

Johann K. Lavater

Zoro


Vendredi 15 Septembre 2017

- Relève-toi.

Sa voix est froide et sans compassion mais je m'en fiche parce que ce n'est pas ce que je lui demande. Je ne suis pas là pour ça.

Son regard me transperce et après avoir repris une grande inspiration, je me relève pour de nouveau lui faire face. Mes deux shinais serrés dans mes mains, je me mets de nouveau en garde pour pouvoir l'affronter.

J'ai mal.

Il est le seul à réussir à me faire ressentir ça. La douleur. Il m'a frappé tellement de fois que mon corps courbaturé doit être couvert de bleus. Mon poignet gauche me fait particulièrement souffrir. Je suis sûr qu'après le coup qu'il ma donné, il doit être foulé ou quelque chose comme ça. Ce n'est pas normal qu'il me fasse mal à ce ce n'est pas grave. Je peux gérer. Je ne suis pas faible. Je peux supporter la douleur, quelle qu'elle soit. C'est juste une question de mental.

J'ai enfin l'opportunité de réaliser mon rêve alors je ne vais pas me dérober. J'ai fait une promesse à Koshiro il y a presque un mois quand j'ai quitté Baterilla : je deviendrai le kendoka le plus fort du monde et pour y parvenir, je dois le battre.

Il faut à tout prix que je batte Dracule Mihawk.

-Je t'attends, Roronoa, lance-t-il en avançant vers moi, sa garde baissée.

Après une légère hésitation, je fonce sur lui. Je lève ma main gauche par réflexe et grimace au moment de lui porter le coup. Il le remarque et profite de cet instant de faiblesse ou, à cause de la douleur, j'ai dû ralentir mes mouvements. En une seconde à peine, il est près de moi. Trop près. Mes yeux plongent dans son regard si hypnotisant et je suis incapable de parer son attaque : je me retrouve violement projeté au sol.

J'ai à peine le temps de comprendre ce qu'il se passe qu'il charge de nouveau. Je réussis à éviter son coup de shinai et je fronce les sourcils quand je l'entends frapper le sol dans un bruit sec. Si je me l'étais pris, pour sûr, j'aurais eu autre chose de cassé. Je roule sur moi-même et me relève encore, de nouveau prêt à contrer ses assauts.

Il est puissant, rapide et sans pitié.

Tellement fort. Et j'ai l'opportunité de l'affronter. Je souris tellement j'en suis heureux.

Avec Mihawk, les règles n'existent pas. C'est différent des tournois ou même de la façon dont m'entrainaitKoshiro. Par exemple, ça ne le gêne pas du tout de me frapper dans le dos alors que je lui ai dit que je n'aimais pas ça. Ce n'est pas comme ça qu'on m'a appris à me battre. Tout ce qu'il m'a répondu, c'est que si je n'aimais pas qu'on me frappe dans le dos, je n'avais qu'à me débrouiller pour ne jamais tourner le dos à mon adversaire.

C'est ce que je fais maintenant. En deux semaines, j'ai appris à connaitre un peu plus Œil de Faucon, l'homme que je veux surpasser.

J'écoute ses conseils même si ça me fait clairement chier sur le coup. Mais je progresse alors…

Je sais que j'ai de la chance de pouvoir m'entrainer avec lui. C'était loin d'être gagné. On a brièvement parlé lors du tournoi national des Glee Club et Mihawk a réussi à me faire comprendre qu'il reconnaissait en moi les qualités d'un bon kendoka. Ça aurait dû me faire plaisir mais j'avais la défaite encore trop amère pour me réjouir de ces compliments. J'ai tout de même réussi à souffler quelques remerciements, ou du moins quelque chose qui y ressemblait. J'avais beau ne pas forcément être dans un bon jour, je suis resté conscient qu'un compliment – même déguisé – venant de Mihawk se prenait avec gratitude.

Ce n'est que plus tard, après que le dojo ait été vendu et qu'Ace ait insisté auprès de moi pour que je prenne contact avec lui que je me suis lancé. Mon meilleur ami a vraiment été top sur ce coup-là. Il m'a forcé la main mais je lui en suis reconnaissant car je pense que si je ne l'avais pas écouté, je l'aurais regretté toute ma vie. J'avais éveillé un intérêt chez Mihawk et ça, ce n'était pas rien. Koshiro allait partir et il fallait que je décide de ce que j'allais faire… Je voulais juste devenir plus fort, enfin voir la concrétisation de tout ces années d'entrainement. Je désirais toucher mon rêve du bout des doigts au moins une fois. Alors j'ai sonné un jour à sa porte.

Mihawk est un solitaire et ce n'est un secret pour personne. J'ai tout de même tenté ma chance sans trop y croire et quand il m'a ouvert, j'ai senti qu'il ne s'y attendait pas. J'ai formulé ma requête sans préambule et il m'a longuement dévisagé en silence. Du Mihawk comme il sait si bien le faire. Ce type est tellement dur à déchiffrer que je me demande si j'arriverais un jour à le comprendre.

Il a d'abord voulu refuser, je l'ai vu sur son visage. Et puis, il m'a testé. Il m'a emmené dans un dojo et j'ai donné tout ce que je pouvais. Tellement que je me suis arraché l'ongle du pouce par une suite d'évènement dont je suis incapable de me rappeler. J'ai d'ailleurs saigné longuement sur les tapis...

Et puis, il accepté. Je ne sais toujours pas pourquoi car c'était loin d'être mon meilleur combat. J'avais peut-être l'air si désespérément déterminé… Mais peu importe. Moi, je suis gagnant dans l'histoire et je sais ce que je lui dois.

-On s'arrête là pour aujourd'hui.

Il est à peine essoufflé et mon instinct se révolte.

-Je peux encor-

-Non. Je vais avoir des problèmes si tu es trop amoché, me coupe-t-il en sortant du tatami. Et puis, il est presque l'heure de rendre la salle.

J'avise l'horloge murale et soupire avant de le rejoindre. Je passe dans les vestiaires et range mes affaires dans mon grand sac de sport noir avant de prendre une serviette et de me diriger vers les douches. Mihawky est déjà, nu, l'eau coulant sur son corps.

-Regarde ailleurs ou je t'en colle une.

Sa voix grave me ramène à moi et sans rien ajouter, je prends place à mon tour sous le jet d'eau chaude. Sa réaction m'étonne. Je ne pensais pas qu'il était du genre pudique. Quoi qu'il en soit, ni lui ni moi ne trainons. A peine un quart d'heure plus tard, on quitte les lieux.

Le dojo qu'on utilise pour s'entrainer est assez petit. Il appartient à un vieux maitre qui s'en sert habituellementpour donner des cours de self défense à des jeunes femmes victimes d'agression ou qui veulent simplement apprendre quelques réflexes. Je ne sais pas comment Mihawk l'a convaincu de nous laisser utiliser son dojo. Je pense que sa réputation a dû aider et dans tous les cas, l'endroit nous est bien utile pour nos entrainements.

Dehors, Ace est là pour m'accueillir, comme chaque fois après mes entrainements.

-Oh, putain, la vache ! Ça va, Zoro ?!

Il saute du banc sur lequel il était assis et court vers moi. Je grimace de douleur aussitôt qu'il pose ses mains sur les bleusqui ornent mon visage.

-Il t'a pas raté, commente mon meilleur ami en jetant un regard noir à Mihawk qui s'en va déjà.

-Ouais. Il m'a encore dérouillé, dis-je en souriant.

-Et ça te fait rire, abruti!

Il me donne un petit coup mais je vois à son sourire qu'il n'est pas si en colère que ça. Il sait à quel point le kendo est important pour moi.

-J'te ramène ? dis-je en sortant les clés de ma moto dans l'une des poches de ma veste.

-Je te ramène, tu veux dire ! T'es pas là depuis assez longtemps pour te rappeler le chemin de ta baraque.

Il se moque de moi avant d'aller prendre place sur ma vieille bécane. Je lève les yeux au ciel et le rejoins. Au final, c'est quand même moi qui conduis mais il insiste pour me guider. C'est n'importe quoi, je suis sûr que j'aurais pu rentrer sans lui. Il veut juste se rendre indispensable.

C'est cool de pouvoir être de nouveau avec mon meilleur pote. A Baterilla, c'était plus pareil sans lui. Je me sentais seul et perdu. Là, ça va un peu mieux. On retrouve certains de nos délires et puis on se voit plus, tout simplement. Je ne parle pas beaucoup et je ne suis pas du genre à exprimer mes sentiments. Ace est comme moi de ce côté alors je ne sais pas si notre amitié n'aurait pas finie par souffrir de la distance réelle et de celle qui, petit à petit, s'est imposée malgré nous.

-Tu conduis toujours aussi vite, toi.

Il râle en descendant.

-Comment ça? C'était limité à 70km/h, non ?

-Non. 50 et en plus, t'étais à plus de 65km/h. Des fois, je me demande comment tu as fait pour avoir ton code et ton permis moto...

Je hausse les épaules.

-Allez, tu m'offres à boire et à manger, je crève la dalle!

Toujours assis sur ma bécane, je me raidis. Je lève les yeux vers la tour qui nous fait face et observe le quatrième étage de l'immeuble qui en fait douze. Les lumières sont éteintes, ça devrait aller. Je lui ai dit de ne pas se pointer chez moi mais je sais très bien qu'il n'en a rien à faire.

-Si tu veux.

xXx

-Ace ?

-Quoi ? grogne-t-il en ouvrant à peine les yeux.

-Tu dors là ce soir ou pas? Si c'est non, dépêche-toi d'te barrer, j'commence à avoir sommeil, moi.

-Je dors là. Y a plus de bus à cette heure et si Roger me voit rentrer comme ça, il va voir que j'ai bu, soupire-t-il. J'ai pas envie de me faire tuer...

Je rigole en voyant sa tête. Effectivement, il en tient une bonne. Allongé sur mon canapé, il a pris un de mes coussins comme doudou et n'a pas l'air prêt à le lâcher. Je l'observe, assis par terre, alors que la télé allumée passe un vieux bêtisier.

Mon appartement est loin d'être sympa mais il n'est pas non plus pourri, c'est déjà ça. Toutes les pièces sont petites, sauf la chambre et le séjour.

Y a pas d'entrée, on débouche directement dans le salon de taille moyenne quand on arrive. Il n'y a clairement pas beaucoup de mobilier, j'en avais pas les moyens : une table basse, un canapé et une télé posée sur un meuble qui me sert également à ranger mes maigres affaires. Ma chambre au bout du couloir ne contient que mon lit pour l'instant. Rien d'autre.

La cuisine semi-ouverte n'offre quant à elle que le strict minimum, et c'est déjà trop. Je ne cuisine pas, je ne sais pas faire de toute façon. Cette pièce me sert pratiquement à rien. Elle n'est pas trop moche pourtant. Les meubles sont pas nouveaux mais ça passe, c'est du vieux bois repeint en blanc. J'ai même un lave-vaisselle alors…

Les toilettes sont dans la salle de bain. C'est une pièce pratiquement toute blanche, ridiculement petite.

En vérité si on y regarde bien, cet appartement n'est pas très différent de ce que j'avais à Baterilla. Il est juste exceptionnellement froid et inconfortable. J'ai du mal à m'y sentir chez moi, même après plusieurs semaines. Il faut dire que je n'y mets pas forcément du mien. Pratiquement rien n'est à moi à part la literie et mes habits ainsi que mes affaires de cours et de kendo.

Le studio que me louait Koshiro me manque. Mon ancien maitre me manque lui aussi.

J'ai toujours été seul et j'ai du mal à créer des liens avec ceux qui m'entourent.

Je n'ai jamais connu mes parents et j'ai passé une partie de mon enfance avec un de mes parents éloignés dont j'ignore encore à quel point il était un cousin lointain de ma mère. Je suis resté avec lui jusqu'à ce qu'il décide que subvenir à mes besoins lui demandait trop de sacrifices. Il voulait faire plaisir à ses propres enfants et emmener sa femme diner certains soirs, non pas être obligé de se serrer la ceinture pour un gosse qu'il avait vu seulement en photo jusqu'à présent…

J'ai donc passé beaucoup de temps en foyer, sans doute un peu trop. Mes seuls moments de joie étaient quand je retrouvais Ace et quand je croisais Koshiro, cet homme étrangement gentil qui avait l'air si fort quand il pratiquait des katas le matin. J'ai ensuite été accueilli par une famille d'accueil mais ça n'a pas vraiment marché. Je ne pense pas que j'ai été blessé lorsqu'ils m'ont raccompagné auprès des services sociaux, je m'y attendais après tout. Tant que je pouvais continuer à être avec Ace et à voir Koshiro faire ses trucs si impressionnants qu'il m'était même impossible de le concevoir avant, ça m'allait.

Et puis un jour, lui aussi m'a remarqué. Il est venu me parler.

Il m'a demandé si je voulais essayer.

J'ai hoché la tête et j'en suis là aujourd'hui. A avoir la possibilité de surpasser le meilleur kendoka au monde.

Alors ne pas avoir Koshiro près de moi lorsque je suis si près d'enfin réaliser mon rêve… C'est dur.

Mais je m'accroche, parce que c'est mon rêve justement.

Le reste, comme ce petit appartement, ce n'est que du détail. Je n'ai pas d'autre choix que de m'y faire de toute façon.

-Passe-moi un tee-shirt propre pour dormir, marmonne soudain mon ami.

-Pourquoi faire ?

-Pour dormir, j'te dis.

Je bois une gorgée de ma canette et constate qu'elle est déjà pratiquement vide.

-Dors à poil.

-C'est crade, j'vais pas faire ça. Et toi non plus! m'avertit-il.

Je rigole et pose ma tête sur le canapé. Après un moment, je sens sa main venir caresser mes cheveux.

-Ace ?

-Quoi ?

-J'ai vu Jewerly, dis-je en soupirant.

-Où ? demande-t-il, soudain très intéressé.

-A la sortie des cours d'Impel Down.

-Elle était avec Kid, c'est ça ?

Je ne dis rien et ferme les yeux. Les caresses d'Ace ont ralenti. Il est plus de 23h et le générique de fin du bêtiser passe à la télé.

-Ouais.

Dimanche 17 Septembre 2017

Je passe dans les rayons du supermarché à deux rues de chez moi. Ca me fait chier de faire les courses mais j'ai pas tellement le choix. J'ai emménagé il y a environ 3 semaines et y a pratiquement riendans le peu de placards que je possède. Juste le nécessaire.

Ace et Law m'ont pas mal aidé pour mon déménagement. Law vit déjà seul et il m'a donné quelques astuces pour que je puisse m'en sortir. Il m'a même refilé des trucs dont il se servait plus trop histoire de m'éviter d'autres dépenses. Ace quant à lui s'est occupé de me trouver mon appart' : il me fallait un truc pas trop cher et le plus près possible de mon nouveau lycée. Comme mon budget était assez serré, se décider n'a pas été trop difficile. Ace s'est donné beaucoup de mal pourtant et il a même demandé conseil à son père. Malheureusement, il n'a pas pu faire de miracle. A la fin, il m'a juste montré les appartements qu'il avait retenus et j'ai fait mon choix avant de commencer les démarches.

Ça n'a pas été simple mais au final, ça l'a fait quand même.

Le plus galère pour moi, c'est évidemment l'argent. J'ai une bourse de l'Etat en tant que mineur placé sous leur protection qui me permet de me nourrir et de payer l'essence de ma moto mais pas mon loyer. En plus, je ne la touche que tous les trois mois, autant dire que la gestion est galère. Je bosse donc comme plongeur deux à trois soirs par semaine dans un restaurant pour tenter de compenser. C'est chiant mais ça paye bien. Et puis… J'ai de l'aide aussi. En quelque sorte.

Il est impossible pour Ace de me regarder galérer et il tient à ce que je continue de rencontrer l'assistante sociale qui m'accompagne depuis que je suis petit pour s'assurer que tout va bien pour moi. Elle a l'air à chaque fois satisfaite de nos entretiens alors que moi je n'y pige pas grand-chose mais si elle dit que tout va bien...

Je soupire et attrape les bandages devant moi avant de me diriger vers la caisse. Le magasin va bientôt fermer et je ne tiens pas spécialement à me retrouver à faire la queue parce que je serais resté jusqu'à la fin. Je paye mes achats et sort rapidement sur le parking retrouver mon moyen de locomotion.

Un petit quart d'heure plus tard, je suis en bas de chez moi. Le dimanche, c'est calme.Généralement, il n'y a personne à part quelques vieux et des mères de famille assis sur les bancs à discuter de je ne sais quoi. La semaine,il y a plus d'agitation mais je m'en fous un peu : le bruit ne me dérange pas.

J'attache ma moto avec un antivol et m'engouffre dans la tour.

Hier avec Ace, on n'a pas fait grand-chose. J'avais pas non plus d'entrainement avec Mihawk alors ça ne m'a pas dérangé. De toute façon, mon corps était courbaturé et Ace l'a bien vu : il m'a presque forcé à rester tranquille. Au final, on a simplement bossé un peu nos cours. On est en terminal, c'est l'année du bac et autant dire que j'ai pas intérêt à me rater. C'est vrai que Koshiro n'est plus là pour me forcer à être sérieux avec mes cours mais je le fais quand même. Je sais qu'il y tient et je ne veux pas le décevoir.

Je serai une autre personne quand je le reverrai…

La main sur la poignée de la porte, j'hésite soudain à l'ouvrir. Quelque chose ne va pas. Elle n'est pas fermée à clé.

-Bordel !

J'ouvre la porte et je le vois. Debout devant moi avec son sourire si arrogant. Je ferme brutalement derrière moi et balance mon sachet de courses sur le canapé. Je ne sais pas si je dois être content ou non. A vrai dire, je ne sais jamais comment je dois me sentir devant cet homme.

Adossé au mur du salon, il me fixe. Ses lunettes noires cachent son regard déstabilisant. Il porte un costume noir par-dessus une veste blanche. Pas de cravate, jamais. Juste un foulard bleu. Ça m'énerve de le penser mais il est vraiment beau. Même sa coupe de cheveux pourrie et ses sourcils de merde le rendent sexy.

J'aimerais tellement pouvoir le détester…

-Salut, mon chaton.

Je grimace au surnom qu'il me donne et m'avance vers lui, agacé. Il sourit et enlève ses lunettes de soleil.

-Je veux pas que tu viennes ici, je lui dit en me plantant devant lui.

-Tu me donnes des ordres ?

Son sourire s'agrandit et la seconde d'après, il me saisit par les cheveux pour me rapprocher de lui. Ses lèvres sont à seulement quelques centimètres des miennes et je sens son souffle s'écraser sur mon visage. Je ne bouge pas mais mes muscles se tendent. J'hésite. Comme toujours.

-Je te rappelle que c'est chez moi ici, me rappelle-t-il assez cruellement.

-Tu paies juste, je le corrige.

-C'est déjà pas mal, plaisante-t-il.

Je grogne avant de le repousser. J'ai besoin de remettre de la distance entre nous. Je m'éloigne vers la cuisine en prenant de grandes inspirations. Il faut à tout prix que je garde mon calme.

Revoir Niji… Je ne l'ai pas choisi.

Ou plutôt ,je n'ai pas choisi que ça prenne ce tour entre nous. Quand Koshiro m'a dit qu'il avait finalement vendu, j'ai vu rouge. J'ai appelé ce pourri de Vinsmoke pour exiger qu'il annule la vente, qu'il rende son dojo à mon maitre mais il m'a juste rit au nez. J'étais prêt à céder à son chantage ce jour-là, à faire ce qu'il attendait de moi. Mais il a refusé.

« T'as raté ta chance, mon vieux! »

Les jours qui ont suivi ont été cauchemardesques. J'ai failli tout détruire tellement j'étais sur les nerfs. J'étais là, à m'énerver tout seul, et pendant quelques instants, j'ai même pensé à aller lui coller mon poing dans la figure.

Je ne savais vraiment pas quoi faire et j'avais toute cette colère en moi. J'ai essayé de la canaliser en méditant, en m'entrainant jusqu'à l'épuisement mais elle est restée. J'avais de mauvaises pensées en tête, j'en ai même voulu à Ace. Pas longtemps, mais je lui en ai voulu. S'il ne m'avait pas fait faire cette promesse stupide, peut-être que les choses auraient été différentes… Peut-être. J'ai vite réalisé cependant que mettre la faute sur mon meilleur ami n'était pas une bonne idée.

L'été est passé et j'ai décidé à la dernière minute de venir à Dawn. Pour Mihawk. Je ne sais pas comment Niji l'a appris mais il a vite débarqué. Il m'a proposé un autre marché et cette fois, je n'ai pas voulu laisser passer l'opportunité. Ce type est vraiment de la pire espèce. Il profite sans honte de ma situation pour finalement avoir ce qu'il veut. Il sait que devenir plus fort est tout ce que je désire, que réussir à battre Mihawk et devenir le kendoka le meilleur au monde est mon rêve… Il le sait, comme je sais que je ne réussirais jamais si je ne suis pas investi corps et âme dans mon objectif.

Je me suis toujours plus ou moins débrouillé seul mais à Baterilla, c'était davantage gérable. Koshiro était un soutien sans faille pour moi. Le studio que je lui louais, je le payais une misère et il s'en foutait. Il voulait juste me voir m'améliorer et son sourire était si grand quand j'arrivais après des heures d'entrainement à maitriser une technique difficile...

Ici, c'est différent. Mon loyer est le même que celui des autres et je peux juste compter sur moi-même. C'est usant. Je dois fournir toujours plus d'efforts et je ne veux pas me fatiguer dans des gesticulations inutiles. J'ai besoin de chaque minute que je peux trouver pour m'entrainer.

Et voilà où on en est maintenant.

-Tu veux quoi ? je lui demande en me servant à boire.

-Tu ne devines pas ?

-La flemme.

-Tu n'es pas drôle, soupire-t-il.

Mon verre fini, je me tourne vers lui et je vois qu'il est toujours à la même place.

-J'ai besoin d'évacuer un peu la tension...

Je ne dis rien et il s'approche de moi. Il laisse sa main trainer sur les meubles blancs de la cuisine tout en avançant. Il me fixe. A cet instant, il ressemble à un lion qui s'apprête à sauter sur sa proie. Il sourit et s'arrête juste devant moi. Il me pousse contre l'évier avant de coller son corps au mien.

-Suce-moi.

Je secoue la tête et rigole. C'est qu'il s'y croit en plus.

-J'avais jamais embrassé personne avant toi et toi, tu veux que je te taille une pipe? Bah dis donc, t'as confiance.

Mes mots semblent aussi l'amuser car son sourire s'agrandit.

-Il faut vraiment tout t'apprendre.

-Hum !

Je me mords la lèvre supérieure et recule encore plus contre le plan de travail. Il vient de mettre sa main dans mon pantalon sans prévenir. Sa paume est posée juste au niveau de mon sexe. Seul le tissu de mon sous-vêtement l'empêche d'accéder à ce qu'il désire.

-Ne te retiens pas pour moi… J'ai tellement envie d'entendre ta voix...

Je ferme les yeux et sa bouche se pose quelques secondes dans mon cou avant de remonter jusqu'à mes lèvres. Il ne m'embrasse pas. Il lèche ma bouche avant d'attraper ma lèvre inférieure entre ses dents. J'essaie de calmer ma respiration et l'excitation qui monte doucement en moi. Mais c'est trop tard. Dans sa main, mon sexe s'éveille déjà et ça me fait jurer. Lui, il trouve ça drôle. Moi… Je me dégoûte juste un peu plus.

J'ai honte des réactions de mon corps. Du plaisir que j'éprouve grâce aux mains de cet homme qui s'amuse avec moi. Avec mes rêves. Je devrais pouvoir lui résister, rester de marbre, mais même pour ça, je ne suis pas assez fort. J'ai fait preuve de faiblesse la première fois avec lui : je l'ai laissé me séduire puis j'ai hésité à accepter son chantage odieux par rapport au dojo de Koshiro.

D'un côté, il me permet de gagner du temps mais de l'autre, il me détourne de mes objectifs et m'entraine dans l'abime. Dans ses bras, je ne me reconnais plus. Le dégoût et le plaisir se mélangent si bien que je ne suis plus sûr de ce que je ressens réellement.

Je n'arrive pas à le repousser et je ne sais même pas pourquoi… !

Il baisse brutalement mon pantalon ainsi que mon boxer et ça me fait aussitôt ouvrir les yeux. Je suis toujours bêtement surpris par ses gestes. Il se colle de nouveau à moi tout en débouclant sa propre ceinture et quelques secondes plus tard, je sens contre moi l'expression de son désir.

-Merde ! Arrête de me regarder quand tu fais ça !

Je tourne la tête et mords mon poing. J'ai chaud. J'ai l'impression qu'un truc compresse mon bas-ventre et que je vais exploser d'une seconde à l'autre.

-Bien sûr que je te regarde, t'es tellement beau dans ces moments-là, sussure-t-il d'une voix amusée. T'as honte, hein, Zoro ?

Je ne lui réponds pas et essaie de le repousser mais je n'y arrive pas. Tout ce que je peux faire, c'est gémir parce que c'est bon. Ses coups de bassin me font tellement de bien. Son anatomie qui frotte contre la mienne... Cette sensation me fait perdre la tête.

Oui, j'ai tellement honte d'aimer ça…

Je devrais détester ce type. C'est un connard après tout. Pourtant…

-Ouvre les yeux, mon chaton...

-Va te faire foutre, je souffle difficilement.

J'aimerais retenir mes gémissements : lui ne fait pas un bruit. S'il ne bandait pas autant, je me demanderais même s'il prend vraiment son pied. Un hoquet m'échappe quand sa main se referme sur nos deux sexes. Elle se met alors à bouger lentement. Trop lentement et ça me fait enrager.

Mes pieds bougent et je me rends compte que j'ai du mal à tenir parfaitement debout. Mes jambes sont comme du coton et je me retiens au plan de travail derrière moi pour ne pas sombrer complètement.

-Dépêche, bordel, on va pas y passer cinq ans ! je grogne en le plaquant plus fortement vers moi.

J'ai besoin de jouir, maintenant. Je ne veux pas m'humilier davantage. Niji se contente quant à lui de sourire, fier de son effet. Ses gestes deviennent brusques et rapides. Il ne me faut pas deux minutes pour atteindre l'orgasme.

Je souffle enfin, la tête en arrière pendant de longues secondes dans le but de reprendre ma respiration. Et puis je sens la main de Niji caresser ma joue gauche. Je le fixe alors, les sourcils froncés. Son regard est indéchiffrable. Il se penche vers moi et effleure de son corps mon intimité encore sensible. Il m'embrasse.

Je n'aime pas les baisers de ce type alors je ferme les yeux.

Ses lèvres sur les miennes bougent doucement alors que sa main posée sur ma joue ne bouge pas. Il m'enlace ensuite en mordant gentiment mes lèvres et quand j'ouvre à demi les yeux, je vois que lui aussi me fixe.

Non, décidément, je n'aime pas ses baisers.

C'est à cause d'eux que je n'arrive pas à le détester…


« Ne condamne pas le jugement d'autrui parce qu'il diffère du tien. Vous pouvez tous les deux avoir tort. »

Dandemis

Shanks


Lundi 18 Septembre 2017

Je reste stoïque, complètement immobile, et fixe le plus calmement du monde Roger pendant qu'il saccage son bureau. Un livre vole et atterrit violemment sur le mur à dix centimètres de ma tête.

Cela fait presque une demi-heure qu'il est comme ça et je me demande quand Rayleigh va enfin agir. Parce que nous savons tous les deux que c'est à lui de le faire.

Heureusement que nous sommes dans le bureau de la société de Roger car il est au dernier étage. Loin de tout. Chez lui, Hancock, Ace et Luffy auraient forcément entendu quelque chose.

Les minutes continuent de s'écouler et finalement, la colère du patron semble s'estomper. Ses gestes sont plus lents et enfin, il se contente simplement de faire les cent pas dans la pièce.

-Peux-tu répéter ce que tu viens de dire, Rayleigh ?

Sa phrase sonne plus comme un ordre que comme une véritable demande mais son second ne s'en formalise pas.

-Ace connait Teach. Satch vient de me le confirmer, explique à nouveau mon supérieur.

A la crispation de la mâchoire de Roger, on devine sans mal que cette information est loin de lui faire plaisir. Je me demande s'il va recommencer à tout détruire.

-Comment c'est possible ?!

Roger fait encore quelques pas avant de venir s'appuyer contre le bois poli de son imposant bureau, le regard noir.

-Teach le connait-il ? Sait-il que c'est mon fils ?!

-Non, dis-je, intervenant pour la première fois dans cet entretien. Si Ace a déjà aperçu Teach, ce n'est pas le cas de ce dernier. Il ne sait même pas à quoi ressemble Ace.

-A vrai dire, Ace ne connait pas réellement Teach non plus.

Rayleigh s'avance et va finalement s'asseoir sur l'un des fauteuils disponible dans la pièce. Quant à moi, je reste à ma place.

-Il y a quelques années, ton fils est sorti avec une jeune femme, Makino.

-Makino ? Ce n'est pas elle qui était avec Teach ?

Le hochement de tête de mon supérieur vient confirmer l'interrogation de Roger. Cette réponse le fait soupirer et je crois deviner ce qui l'embête. Malgré moi, je souris. Il est vraiment facile de lire en lui quand il s'agit de son fils.

-Quand tu dis que c'est arrivé il y a quelques années… Tu parles de combien d'années exactement ?

-Entre 3 et 4 ans, répond Rayleigh.

-A cet âge-là, beaucoup de garçons préfèrent les jeunes filles plus âgées. Pour l'expérience et la maturité, je complète gaiement.

-Et ça te fait rire, soupire Roger.

Mais il sourit et je ne réponds rien de plus et écoute la suite de la conversation. Il y a quelques jours, les agissements de Teach - l'homme qu'on surveille - ont changé. Jusqu'à présent, il se faisait plutôt discret et nous avions du mal à le localiser et encore plus à déterminer ses objectifs.

Et puis, c'est arrivé…

Des détenus se sont évadés de la prison la plus sécurisée du monde. Une prison réputée infranchissable et imprenable. Pourtant, plusieurs dizaines de détenus ont réussi à en sortir. Dans le lot, il y a de dangereux criminels comme Shiruy, un homme coupable de crime contre l'humanité. Personne ne sait comment c'est arrivé mais ça a fait un tel désordre que la place de Magellan, l'illustre chef de cette prison, s'est même retrouvée menacée. Nous n'avons à ce jour pas plus de nouvelle que ça : toutes les forces du gouvernement s'attèlent à retrouver les détenus évadés sans grand succès.

Cette histoire, même si elle nous intriguait, on n'était pas obligé de s'en mêler. Après tout, c'était l'affaire de Sengoku et du gouvernement. Mais Marco, mon contact avec Barbe Blanche, m'a signalé que c'était l'œuvre de Teach. Ils ont en effet pu accéder au rapport de police concernant l'évasion et ils sont catégoriques : ils reconnaissent la manière de faire de leur ancien compagnon.

Voilà un truc qui est loin d'arranger nos affaires… Si Teach réunit des hommes, c'est qu'il va sans doute bientôt passer à l'action. Je ne pense pas qu'il aurait pris autant de risques pour simplement faire évader de vulgaires détenus. Il devait avoir besoin de certaines personnes enfermées là-bas pour pouvoir réaliser son plan.

Mais malgré tous ses mouvements et actions dangereuses, nous n'arrivons pas encore à lui mettre la main dessus. Ni nous, ni les hommes de Barbe Blanche. Autant dire que ça inquiète beaucoup Roger qui pense à mettre sa famille sous surveillance et à leur imposer des gardes du corps. C'est sans doute un peu poussé mais je peux comprendre son inquiétude. Teach est ce qu'il est, imprévisible et dangereux. Nous ignorons tout de ses intentions et il est impossible qu'il ne sache pas que nous le gardons à l'œil. Pour être plus tranquille, il pourrait décider de se charger de tenir Roger bien éloigné de ses affaires et quel meilleur moyen pour cela que de s'en prendre à sa famille ? De toute façon, tout est si flou autour de cet homme que s'en prendre au boss pourrait quoi qu'il arrive faire partie de ses plans…

Il y a eu beaucoup de rumeurs sur sa supposée présence à East Blue récemment et certains disent même l'avoir aperçu à Baterilla. L'inquiétude de Roger n'a pas cessé de le tenir éveillé ces derniers temps. Rouge est quelqu'un d'important pour lui après tout. Mais son fils est une source d'inquiétude encore plus grande et apprendre qu'il a déjà croisé la route de ce fou furieux n'est vraiment pas une bonne nouvelle.

Cela dit, je ne pense pas qu'il faille trop s'inquiéter non plus. Teach n'attaque que quand il est en position de force et peu importe ce qu'il fait ni les hommes dont il s'entoure : Roger reste hors de portée.

Et Ace aussi. Sans parler de Luffy. Je ne m'en fais pas pour Hancock, je pense qu'il faut être réellement désespéré pour s'attaquer à cette femme…

-Tu ne devrais pas t'inquiéter pour Ace, je m'occupe de lui, dis-je après un long moment.

-Très bien. De toute façon, il passe le plus clair de son temps chez toi, me lance-t-il, un sourire évident dans la voix. J'aurais dû accueillir Sabo pour être sûr de le voir quasiment tout le temps.

-Ah, l'amour, soupire Rayleigh, l'air de se rappeler de bons vieux souvenirs.

Je souris à leurs mots et m'abstiens de dire à Roger que ce n'est pas seulement à cause de Sabo qu'Ace vient si souvent au loft… Les rapports entre son fils et sa tendre épouse sont en effet loin de s'arranger mais je suppose que c'est l'adage de certaines familles recomposées. Ce serait trop beau si tout le monde se contentait simplement de s'aimer.

Ace trouve donc parfois refuge chez moi. Il sait qu'il y trouvera la tranquillité qu'il recherche. Roger est souvent absent et il est alors obligé de passer le plus clair de son temps avec Hancock et Luffy. Et même s'il adore le Chapeau de paille, je crois qu'il déteste tout autant sa belle-mère. Il préfère simplement se détendre chez moi avec son chéri que de s'engueuler ou de subir l'agacement de Hancock. Même si celle-ci reste correcte, cette femme est juste douée pour te faire comprendre à quel point tu n'es rien juste en respirant.

Ouais, ce n'est pas tous les jours faciles…

xXx

Quand j'ouvre la porte de chez moi en fin d'après-midi, je ne veux qu'une seule chose : dormir. Avec ce qu'il se passe en ce moment, j'ai à peine le temps de rentrer et donc de me reposer. J'ai carrément dû oublier les sorties le week-end et les rencontres passionnées autour d'un bon verre. Je suis en train de tourner moine et ça me désespère et je sens que si le manque de sommeil n'a pas raison de moi, ce sera le manque de sexe qui va me faire tourner de l'œil. Je me demande comment fait Cavendish. Je ne lui ai jamais connu de petite amie depuis qu'on habite ensemble et je sais déjà que ce n'est pas du tout le genre de personne à avoir des coups d'un soir.

-Bonsoir, Shanks ! lance joyeusement Sabo qui se propose de m'aider à me débarrasser de mes affaires.

Ma situation est vraiment l'exact opposé de la sienne : sa bonne humeur toujours présente, son sourire éclatant et ses yeux qui pétillent, sans parler de l'éclat de sa peau et de son visage si lisse… Y en a qui n'ont pas subi les mêmes restrictions que les autres. Comme l'a mentionné Roger plus tôt dans la journée, Ace passe beaucoup de temps ici et on voit bien que ce n'est pas du temps perdu. Les ados, toujours plein d'énergie à revendre...

-Qu'est-ce qu'il y a ?

-Hein ?

-Tu me regarde bizarrement, précise le lycéen.

-Non, je me faisais juste la remarque que tu avais l'air bien, dis-je alors.

-Ah, merci.

Il sourit poliment.

-Je te monte ton sac dans ton bureau?

J'acquiesce et il s'éloigne pour accomplir sa corvée. Ce garçon est si gentil, c'est un vrai bonheur de l'avoir ici avec nous.

Je me dirige vers le salon dans le but d'aller végéter sur le canapé – tant pis si Cavendish râle – tout en regardant à moitié la télé. Mais ce dernier s'y trouve déjà et je ne suis même pas étonné de voir que même s'il m'a entendu arriver, il n'a pas bougé d'un poil, occupé à lire l'interview qu'il a donnée dans un magazine assez célèbre. Je me pose brutalement à côté de lui et l'entends râler. Je commence alors à m'allonger et pose ma tête sur sa cuisse gauche. J'ai découvert il y a fort longtemps que mon colocataire blond faisait un merveilleux oreiller. Bien entendu, mon ami essaye de se dégager mais je le retiens : pas envie de perdre mon coussin.

-Ne me touche pas. Je suis sûr que tu ne t'es même pas encore lavé les mains! râle-t-il.

-Mais bien sûr que si.

Mais bien sûr que non. Pourquoi est-ce que je ferais une chose pareille ?

Quelques secondes plus tard, Sabo descend et s'assoit par terre, ce qui me vaut un regard noir de Cavendish. Mais je suis vraiment trop fatigué et du coup, j'ai la flemme de bouger. Je me cale alors un peu plus confortablement et ferme les yeux. Le bruit de la télé me maintient dans un état entre l'éveil et l'endormissement. Je suis plongé dans un cocon confortable tout en étant tout de même conscient de ce qu'il se passe autour de moi. Je bouge à plusieurs reprises, faisant rouspéter mon ami et rire Sabo mais je n'en tiens pas compte.

Plus tard, quand je me réveille enfin – à cause de la faim – Sabo et Cavendish sont toujours là et je me demande s'ils ont bougé. Ils parlent de quelque chose que je peine à comprendre, sortant tout juste d'un état de fatigue et de repos mélangés. La télé est toujours allumée mais sur le journal cette n'y prête attention et surtout pas moi.

-Tu vois, il y a ce garçon de seconde au club de basket. Eh bien, je crois qu'il me déteste, se confie le lycéen au mannequin.

-Déteste ? Ce n'est pas un peu fort comme mot ?

Je vois Sabo secouer vivement la tête.

-A peine. J'avais cette impression bizarre quand je le côtoyais alors j'ai voulu lui parler. J'ai cru qu'il n'était pas à l'aise avec moi à cause de mon homosexualité, c'est pour ça que je voulais mettre les choses au clair.

-Et donc ?

-Ce n'est pas ça du tout. Il m'a certifié qu'il s'en fichait. Il m'a ensuite dit qu'il ne m'aimait pas sans autre raison. Que les gens comme moi l'insupportaient et que rien que voir ma tête lui donnait envie de me frapper…

Je ne devrais pas mais je ris. Et très fort en plus. Cavendish remarque alors que je suis bel et bien réveillé et m'expédie à l'autre bout du canapé. Sabo me regarde étrangement avant de reporter son attention sur mon colocataire.

-Ignore-le, c'est un idiot fini.

-Ah, euh... oui, répond-il, tout de même un peu gêné. Il dit que les gens trop parfaits comme moi sont des hypocrites. Il dit que ça l'énerve de voir les gens réussir tout ce qu'ils font, avoir beaucoup d'amis et être apprécié d'autant de monde sans rien faire de particulier et sans forcément le mériter.

-Dur, je dis, compatissant.

Je sais que Sabo n'est pas comme ça et qu'il en a beaucoup bavé.

-C'est simplement de la jalousie, le rassure Cavendish.

-Je ne pense pas, soupire Sabo. Il est très apprécié des autres membres du club et il est quelqu'un d'assez poli et agréable en temps normal. Même avec moi qu'il déteste sans se cacher, il se conduit poliment et ne fait pas entrer ces différents sur le terrain lors des entrainements…

-Tu ne devrais pas te prendre la tête avec ça. S'il veut te détester pour rien, laisse le faire. On ne peut pas plaire à tout le monde après tout.

Sabo soupire et baisse les yeux tristement. Je vois bien que ça l'embête mais il ne peut pas y faire grand-chose en même temps. Un peu perturbé par mes mots, il se retourne vers la télé et essaie de s'intéresser aux nouvelles réformes prises par le premier ministre et énoncées de façon mécanique par le présentateur du soir. A le voir, ça a l'air de le faire autant chier que nous.

-Bon, je vais préparer à manger, il est déjà tard.

-Veux-tu de l'aide ? propose gentiment Sabo mais Cavendish refuse.

-Toi par contre, tu viens !

Je soupire mais me lève quand même. C'est vrai qu'en ce moment, je n'aide pas beaucoup dans les tâches et puisque je suis un peu plus reposé, je peux quand même me forcer et lui donner un coup de main. Et puis, ça me permettra de surveiller qu'il ne nous fasse pas manger que des feuilles ce soir…

Arrivé à la cuisine, il commence par se laver les mains et je fais de même pour ne pas l'agacer. Il sort divers aliments. On dirait qu'il a déjà réfléchi à ce qu'il allait faire et tant mieux parce que je n'ai pas envie de me prendre la tête pour ça : j'ajouterai simplement de la viande là-dedans.

Depuis le salon, Sabo nous rappelle qu'il est là si on a besoin d'aide. La réponse reste pourtant toujours la même et lentement, on se met au travail. Cavendish me donne des tâches simples que j'exécute sans problème.

-Bon, c'est bien le moment d'ajouter un peu de gras et de viande dans le plat, non ? je fais après plusieurs minutes silencieuses.

Le regard que me lance Cavendish, entre indignation et désespoir, me donne juste envie de rire.

-Ce n'est pas bon de manger trop de viande. Je vais faire des œufs pochés.

-Des œufs pochés ? C'est quoi ce truc ? je demande, les sourcils froncés.

-Ce sont des œufs cuits d'une certaine façon. Ils sont cuits entiers mais sans coquille, directement dans une casserole d'eau frémissante et généralement additionnée à du vinaigre.

Je fixe Sabo qui a tourné le regard vers nous, perplexe. Il rougit et détourne finalement les yeux pour se préoccuper de la pub sur les préservatifs qui passe à ce moment. Je rigole alors et ouvre le frigo pour en sortir des knacki. Je les ferai à part pour moi. Hors de question que Cavendish me force encore à me priver de viande.

Pauvre Luffy, il ne survivrait pas trois jours ici…

-Pourquoi éprouves-tu donc tant le besoin de manger autant de viande ? soupire-t-il.

-C'est bon, c'est tout. Pas besoin d'aller chercher plus loin.

Je prends une poêle propre et la mets sur le feu avant de mettre mes saucisses. Je les laisse légèrement griller à feu doux et observe mon colocataire terminer de préparer son repas pendant que son eau pour préparer les œufs chauffe.

-Et puis, toi aussi tu devrais en manger. Tu as encore perdu du poids. Je croyais que tu avais arrêté ton régime ?

-Encore avec ça…

Je vois bien au ton de sa voix qu'il est plus que lassé d'avoir cette conversation avec moi mais qu'est-ce que j'y peux? C'est mon devoir en tant qu'ami de m'inquiéter de sa santé.

-J'ai arrêté mon régime, me répond-il tout de même. Je fais simplement mon possible pour rester à ce poids là - celui que m'a demandé le réalisateur – jusqu'à la fin du film. Arrête de m'embêter avec ça.

Je n'ajoute rien de plus et éteins le feu sous ma poêle. Je regarde le champ de ruine qu'est devenue la cuisine et décide de me servir un bon verre de rouge avant de m'atteler au rangement. Ou alors je peux refiler ça à Sabo... Il semblait si enclin à aider tout à l'heure !

Pour ce qui est de Cavendish malheureusement, je ne vais pas pouvoir insister davantage. Il a l'air de savoir ce qu'il fait et je n'ai pas envie de réveiller son mauvais côté en le poussant trop. Je vais simplement vérifier qu'il reprend bien du poids à la fin de son film comme convenu.

Mardi 19 Septembre 2017

-Alors, il parait que tu voulais me voir ?

Planté en plein milieu de la chambre d'hôtel de Mihawk, j'attends qu'il me réponde tout en feignant de m'intéresser à la déco classique. Je n'aurais pas dû venir. Maintenant, je le sais mais il est déjà trop tard. Il n'a pas dit un mot encore que j'ai déjà très chaud, sans parler de mon cœur qui tambourine dans ma poitrine et de cette excitation qui monte doucement en moi. Il faut vraiment que j'apprenne à contrôler mon désir et que je dompte ma frustration. Je sens que je vais déconner et c'est vraiment pas le moment. Cette chambre est différente de celle de la dernière fois mais cette satanée cheminée et cette bouteille posée sur la table basse ne m'aident pas à me contrôler et à me dire que non, cette soirée ne finira pas par une séance de sexe endiablé. Mais j'y pense inlassablement, si bien que je n'arrive même pas à savoir si la peinture des murs est grise ou noire clair. Mais quelle différence au fond ?

-J'ai à te parler. Je t'offre un verre ?

Je reporte mon attention sur Mihawk, nonchalamment assis sur un des deux fauteuils présents dans la pièce, juste à côté de la grande fenêtre. Les rideaux sont tirés mais la lumière de cette fin de soirée filtre tout de même, donnant un effet éclatant à sa peau blanche. Il a l'air serein, calme. On ne croirait pas du tout que c'est la première fois qu'on se voit depuis presque trois mois. Depuis les Nationales des Glee Club en fait.

Je ne sais pas vraiment ce qui s'est passé ce jour-là. Il est tout simplement parti sans m'en dire plus. Quand j'ai remarqué son absence – un peu avant la fin juin – j'ai tout de suite pensé que ça recommençait. Qu'il partait. Je l'ai appelé encore et encore, complètement paniqué, pensant qu'une fois de plus, j'avais fait une bêtise, et certainement une grosse. Mais non. Il avait fini par répondre à mes appels. Je n'ai pourtant pas vraiment eu droit à des explications et il ne m'en doit pas après tout. Mais il m'a rassuré. Il m'a dit qu'il reviendrait.

Je ne voudrais pas t'obliger à venir me chercher.

Cette phrase qu'il a prononcée de sa voix grave quelque peu transformée à cause du téléphone m'avait fait rougir comme une midinette.

Et le voilà devant moi, simplement en train de siroter son verre, les yeux plongés dans les miens et la chemise à moitié ouverte. Cet homme va me tuer. Bien entendu, il ne compte pas parler un seul instant de ces quelques mois qui ont passé, pas le concernant du moins.

Libre et sans entrave, c'est comme ça qu'il est après tout. Il ne serait pas si beau et si désirable sans cette furie indomptable qui se cache derrière ses pupilles. Alors, dans un soupir tremblant, je m'assois et accepte avec joie la bouteille qu'il me tend. On dirait que pour sa part, il va se contenter du simple verre qu'il a entre les doigts. Il préfère visiblement rester sobre et complètement maitre de lui pour cette conversation.

-J'ai entendu dire que tu t'entrainais avec Zoro, dis-je après avoir bu de longues gorgées de cette si délicieuse boisson.

-Tu es mal informé.

J'hausse un sourcil, assez étonné.

-J'entraine Zoro, nuance-t-il.

-C'est la même chose.

Il me foudroie du regard et je souris. Nous buvons tous les deux et alors que je l'observe, lui regarde le paysage à travers les quelques espaces fournis par les rideaux.

-Tu es rentré depuis quand ?

-Deux semaines. Ou trois, je ne sais plus.

Je souris encore pour cacher combien ça m'énerve. Ou alors ça me peine. Moi non plus, je ne sais plus trop.

-Pourquoi m'appeler maintenant ? je lui demande alors en faisant tourner la bouteille entre mes doigts.

Je me fiche bien d'avoir l'air d'un alcoolique.

-Parce que j'ai besoin de toi,répond-il simplement.

-Hé bien, je suis là. En quoi puis-je t'aider ?

Mihawk me fixe sans rien répondre et je me demande s'il voit déjà l'agacement sur mon visage. Ses yeux particuliers me fixent si intensément que je me vois dans l'obligation de détourner le regard. S'il n'a pas déjà compris ce qui sepasse dans ma tête, ça ne saurait tarder. Il est si bon pour décrypter les gens... Malgré moi, mes yeux se posent sur le lit fait au carré qui doit sûrement porter l'odeur de cet homme brun qui me fait tourner la tête.

-J'aimerais que tu m'aides à vendre les parts que j'ai dans l'entreprise familiale.

-Quoi ? Je croyais que t'avais été déshérité après ce qu'il s'était passé ?dis-je, confus.

-C'est vrai mais je me suis rendu compte il y a assez peu de temps qu'il m'en restait encore. De toute façon, je suis obligé de leur céder ou de leur vendre mes parts, ils ne peuvent tout simplement pas les reprendre comme ça. Je suppose que ma famille n'a rien dit à ce sujet de peur que je les vende à des personnes mal intentionnées pour me venger.

-Mouais.

Je soupire et décide de finir en une seule fois toute la bouteille : ce n'est pas très difficile car il ne reste plus grand-chose déjà. Finalement, peut-être que Mihawk a bu bien plus que ce que je pensais.

On reste ensuite simplement là, silencieux, et d'un geste un peu maladroit, je confirme à Mihawk que oui, je vais l'aider. Ce bref intermède ne nous aide pas vraiment à relancer la conversation et pourtant, il y a tellement de choses que j'aimerais dire à ce beau brun… Mais je ne sais pas, c'est comme si je ne m'en sentais pas le droit.

Alors je m'assois et je le regarde. Je n'ai plus rien à boire mais ce n'est pas grave, j'ai l'impression que l'odeur et le regard si hypnotisant de Mihawk suffisent à m'enivrer.

Ce stupide spectacle dure encore dix minutes avant que je ne me décide finalement à parler.

-Est-ce que tu m'as demandé de venir pour ça ?

J'attends sa réponse autant que je la redoute. Il n'y a pas d'espoir dans ma voix, du moins je le crois.

-Tu souhaites que tout ceci ne soit qu'une excuse pour te voir débarquer?

Il se lève et avance lentement vers moi, le visage impénétrable. Quant à moi, je fais de mon mieux pour ne pas avoir l'air trop pitoyable. Je souris ensuite en me faisant la réflexion que Mihawk peut lire en moi comme dans un livre ouvert. Il est donc inutile de sauver une fierté que je n'ai pas.

Je perds pourtant instantanément mon sourire quand je le sens s'asseoir sur mes cuisses, son corps si près du mien, ses fesses à quelques centimètres à peine de mon entrejambe et sa bouche… Juste là, si près que j'ai juste à la cueillir pour pouvoir la goûter. Et puis ses yeux qui sont là, à me fixer comme ils savent si bien le faire. Je ne comprends plus rien. Je réagis à peine quand il me prend la bouteille pour la laisser mollement tomber par terre. Elle ne fait pas debruit quand elle touche le sol, elle se couche juste sur le tapis marron de la chambre.

-Tu as raison, souffle-t-il contre mes lèvres.

-Quoi ? je demande, perdu.

-J'avais envie de te voir, voilà pourquoi je t'ai appelé, me dit-il simplement.

Je n'attends pas qu'il dise quoi que ce soit d'autre, je l'embrasse. C'est féroce, presque bestial. Je le goûte avec avidité tout en passant mes bras autour de son corps. Mes mains s'attardent sur ses fesses alors que Mihawk tire mes cheveux pour dévoiler ma gorge. Je gémis quand je sens ses dents sur ma pomme d'Adam et parce que le plaisir est trop fort, je commence à bouger les hanches.

-Pourquoi on a besoin de boire pour faire ça ? je lui demande dans un souffle.

La main de Mihawk entre mes cuisses m'empêche de penser correctement. Pressé par toute sa passion, son désir, j'arrache presque la chemise de mon rival, ami et désormais amant.

-C'est toi qui a besoin de boire. Même sobre, je réussis à te trouver assez désirable pour avoir envie de te baiser.

J'aimerais lui dire que moi non plus, ce n'est pas seulement quand je bois que je le trouve beau et sexy ni que mon cœur bat si fort. Mais malheureusement, il ne m'en laisse pas le temps. Ses lèvres retrouvent les miennes et j'oublie tout.

Je ne sais pas comment on atterrit sur le lit à moitié nus mais ça me plait. Mihawk est sous moi et il est si désirable que mon érection commence à être douloureuse. J'embrasse ses tétons et m'amuse même à les mordiller. Il n'a pas de seins comme les femmes mais je dois dire que je me contente parfaitement de son torse musclé et de son goût si particulier. Je descends petit à petit le long de son corps, embrassant son ventre qui se creuse légèrement sous le désir. J'aime cette sensation. J'ai l'impression d'avoir l'ascendant sur lui, qu'il me fait confiance et que c'est pour ça qu'il me laisse l'aimer. Il est là, allongé sur les draps blancs du lit, les cheveux défaits et le regard fiévreux.

Son regard croise le mien et ça me trouble. Mihawk n'a jamais été si expressif qu'à cet instant et au lieu d'en profiter pour voir ce qu'il cache sous ses iris si particulières, je détourne le regard. J'ai malheureusement bien trop peur de ce que je pourrais y lire.

Comme c'est désolant…

Je continue mes caresses jusqu'à me retrouver les genoux par terre, reposant sur le tapis moelleux de la chambre. Le visage devant l'expression du désir de Mihawk.

Et alors, je doute.

Qu'est-ce que je suis supposé faire à présent ? Je me suis un peu trop emballé et voilà que je me retrouve dans une situation que je suis sûr de ne pas du tout maitriser. Lentement, comme si je voulais l'apprivoiser, j'attrape son sexe dressé et l'observe. C'est assez bizarre comme sensation. La plupart du temps, je n'y fais pas attention quand je me donne du plaisir ou même quand Mihawk me fait l'honneur de sa présence mais maintenant, je veux prendre le temps. Apprécier l'intégralité de son corps.

Le souffle de Mihaw se coupe pendant quelques secondes avant de redevenir régulier et lent. J'avale ma salive et lentement, j'approche ma tête pour y poser ma langue.

-Arrête.

-D-de quoi ?dis-je, surpris.

Mihawk me repousse soudainement, me faisant tomber sur les fesses, et je grimace à cause de la douleur. Je le regarde, perdu. La tête baissée, il soupire et sa main posée sur son front ne me laisse malheureusement pas voir son visage. Je ne comprends rien du tout et j'ai peur vu son attitude d'avoir fait une nouvelle erreur. Mais alors que je veux dire quelque chose, il me tire par le bras et j'atterris plus ou moins brutalement sur le lit. Je ne pense pas qu'il l'ait fait exprès mais Mihawk a saisi le mauvais bras et c'est sans surprise qu'une petite douleur se réveille dans mon épaule jusqu'à mon coude.

-Passons simplement aux choses sérieuses. Tourne-toi, me dit-il, la voix sans émotion tandis qu'il prend le nécessaire dans la table de chevet.

Je me demande alors si Mihawk se balade toujours avec ça sur lui… C'est quand même bizarre, non ? Et puis, j'oublie ces interrogations pour me souvenir de ce qu'il vient de dire.

-Quoi ? Attends, c'est encore moi qui vais douiller ?! je m'insurge alors qu'il m'a déjà allongé sur le ventre.

Il n'aura pas perdu de temps, dis donc !

-Je croyais que tu avais adoré ça, la dernière fois. De quoi tu te plains encore ?

-Je te signale que je bosse demain, je proteste plutôt mollement.

Je grimace quand je sens le lubrifiant sur mes fesses et quelques instants plus tard, je sens un de ses doigts caresser mon entrée. Ca ne me plait pas.

-Arrête ! dis-je brutalement.

J'essaie de me retourner mais les bras de Mihawk me retiennent fermement et la douleur au bras que je ressens m'empêche de trop me débattre. Il s'allonge presque sur moi et je sens son excitation nichée pile entre mes fesses.

Mihawk ne dit rien et je sens simplement son souffle s'écraser sur ma nuque. J'ai la tête à moitié écrasée sur le matelas et respirer devient difficile. L'attitude du brun m'étonne mais le plus urgent est de ne pas m'asphyxier et c'est dans un pur instinct de survie que je tourne la tête histoire de récupérer un peu d'air.

L'ambiance est soudainement très lourde. Je ne comprends pas comment elle a basculé ni pourquoi.

Qu'est-ce qui arrive à Mihawk ?

-Miha-

-Pourquoi tu veux coucher avec moi, Shanks ?

Sa question me surprend et j'en reste sans voix, toujours bloqué sous lui. Pourtant, je ne réfléchis pas plus que ça quand je lui réponds.

-Parce que j'en ai envie et que je te désire.

Ma réponse n'a pas l'air de lui plaire car je le sens se relever et le contact de sa peau contre la mienne me manque déjà.

-Pars.

Je me redresse et tourne la tête pour le voir se rhabiller. Dans un état second, je me lève et attrape mes affaires à mon tour. Mon bras me fait mal et je me mords les lèvres de douleur pour ne surtout pas laisser échapper un seul bruit. J'entends du mouvement derrière moi mais à cet instant, je me fiche bien de ce qu'il peut faire. Une fois complètement rhabillé, je me dirige vers la porte. Je m'arrête pourtant avant de l'ouvrir.

-C'était quoi ça ?! dis-je, soudain furieux.

Je fixe Mihawk, les lèvres serrées. Il est assis sur le bord du lit, la chemise ouverte et le regard perdu sur la ville.

-Hé, réponds ! je crie, exaspéré par son comportement.

-Tu es énervé ? ose-t-il me demander.

-A ton avis ?

Je soupire et fais quelques mouvements pour tester l'intensité de la douleur à mon bras. J'arrête presque aussitôt et affronte le regard de Mihawk.

-Tu as peut-être oublié, Shanks mais je suis amoureux de toi.

Celle-là… Je ne m'y attendais pas. Je reste bêtement à le fixer la bouche ouverte sans savoir quoi dire. J'ai presque envie de rire de nervosité mais je suis encore assez lucide pour comprendre que c'est loin d'être une bonne idée. Le silence s'étire et je prends toute la mesure de cette déclaration. De ses mots et de ce qu'il s'est passé il y a quelques minutes dans ce lit.

Et alors, j'en veux à Mihawk.

Il a été absent pendant un long moment et n'a même pas pensé une seule fois à m'envoyer un message ni à m'appeler. Il ne m'a pas non plus prévenu de son départ et a jugé bon de faire comme il l'entendait, peu importe que je m'inquiète pour lui ou que je me ronge les sangs en pensant que peut-être, j'avais tout fait foirer entre nous.

Mihawk est souvent égoïste et n'accepte pas les contestations. Il fait pratiquement ce qu'il veut de moi et il dit m'aimer ?

Je lâche un soupir désabusé. Est-ce qu'il sait même ce que ça veut dire ?

-Pas la peine de paniquer ou de te torturer l'esprit, je ne vais pas te demander tes sentiments. Tu es tellement lâche que tu éviterais de me répondre directement de toute façon.

Je serre les poings, vexé, mais ne dis rien. Au fond, il a raison. J'ai toujours refusé de mettre des mots sur ce que je ressens pour lui et je ne vais pas commencer aujourd'hui, surtout quand j'ai si peur que le mot « aimer » sorte de ma bouche.

-Pour toi, je ne suis qu'un partenaire de plus et je l'accepte, continue-t-il.

Je crois que Mihawk ne m'a jamais fait aussi mal qu'à cet instant. Cependant, je n'ai pas le temps de dire quoi que ce soit qu'il enchaine.

-J'aimerais donc que tu te conduises comme tel. On ne fait pas l'amour toi et moi alors ce que tu as fais tout à l'heure, plus jamais.

Sa voix est dure et j'ai l'impression pendant quelques secondes que ma propre colère n'est pas légitime.

-Tu es un sex friend, reprend-il. Tu n'es pas supposé rechigner quand on arrive au moment le plus intéressant.

Des tas de choses me viennent en tête. Des choses que je pourrais lui dire pour le blesser mais je n'en fais rien. Il ne comprend pas et je ne veux pas lui dire. Cette situation me fait pitié et je décide de partir avant que ça ne dégénère encore plus. Je savais que je n'aurais pas dû venir.

-Pour la vente de tes parts, passe au bureau. Je te transmettrai mes honneurs et toi, tes exigences. Enfin, si tu ne disparais pas une nouvelle fois.

-Ne sois pas méchant tout simplement parce que tu es frustré. Je suis sûr que tu trouveras très vite quelqu'un pour me remplacer et qui comblera très bien tes désirs.

-Va te faire foutre. Enfin, si t'y arrives.

Énervé, je claque la porte en me disant que j'ai vraiment été trop con.

Encore une fois.

Mercredi 20 Septembre 2017

-Tourne-toi.

J'écoute la vieille Kureha et me mets dos à elle. Les yeux fixés sur le sol de ma chambre, j'attends patiemment qu'elle termine son inspection. Ses doigts s'aventurent dans le haut de mon dos, touchant directement ma peau et je grimace légèrement à cause de la froideur de ceux-ci. Elle continue de la palper, allant sur la petite cicatrice présente sans jamais rien dire ni rien laisser paraitre. Elle saisit ensuite mon épaule gauche et je grimace aussitôt mais cette fois-ci, c'est bien de douleur. Elle fait de légères manipulations avant de la relâcher puis elle soupire et je me dis qu'effectivement, quelque chose ne doit pas aller.

-Alors ? Rien de grave, j'espère ?dis-je en souriant malgré tout.

Je me tourne un peu sur ma chaise, juste assez pour observer le docteur Kureha. La mine sévère, elle range ses affaires. Son visage crispé ne m'inquiète pas plus que ça : cette femme n'a jamais été très souriante, ce qui n'est pas plus mal des fois !

-Tu trouves ça drôle, gamin ?

Son ton un peu bourru ne m'impressionne pas mais pour ne pas la vexer et sachant qu'on parle de quelque chose de sérieux, j'enlève ce petit sourire de mon visage.

-Bien sûr que non.

J'attrape ma chemise posée sur le dos du siège et commence à l'enfiler, plutôt difficilement je dois le reconnaitre.

-Mais c'est normal, non ? On m'a toujours dit que je ne récupèrerai jamais toutes les capacités de ce bras et que ça arriverait qu'il me fasse souffrir quelques fois.

-Ouais, c'est vrai, mais c'est pas supposé être à ce point. J'suis sûre que t'as encore fait n'importe quoi.

-Mais non. Je vous le promets.

Mon air innocent n'a pas l'air de la convaincre car elle râle, ce qui me fait beaucoup rire d'ailleurs.

-Du coup, pour la douleur…

-Je vais te prescrire des médicaments,bougonne-t-elle en sortant son carnet d'ordonnance. Il te reste de la pommade ?

Elle relève les yeux sur moi et attend patiemment ma réponse.

-Je suis à un peu moins de la moitié, dis-je.

Elle écrit alors sur son papier et je devine qu'en plus des médicaments,je vais également avoir le droit à cette bonne vieille crème qui pue… Mais bon, quand y a pas le choix !

-Tiens, je t'ai également mis les exercices que tu vas devoir faire chaque jour avant d'aller te coucher.

-Oh, vraiment ? Ça fait longtemps que je n'ai pas eu de devoirs, c'est assez bizarre!

La vieille femme ne parait pas goûter à ma blague et se contente de lever les yeux au ciel.

-Bon et sinon, tu me règles comment ? Chèque ou espèces ?

J'éclate de rire. Décidément, cette femme est trop drôle! Le sourire aux lèvres, je lui indique des billets que j'avais déjà préalablement préparés avant son arrivée et elle s'en saisit, l'air satisfait. Son travail terminé, elle ne s'attarde pas plus que ça mais prend tout de même la peine de me rappeler de bien faire mes exercices. Les médicaments seuls ne pourront pas m'aiderd'après elle.

-Ca aurait pu être pire, je souffle une fois seul.

Fatigué, je retourne m'affaler sur mon lit encore défait et soupire. Il ne doit pas être plus de 10h et j'ai eu de la chance que le docteur Kureha ait pu se libérer pour venir me voir. J'attrape difficilement mon portable sous un de mes oreillers et envoie un message à Rayleigh : il m'a demandé de le tenir au courant après ma visite. Malheureusement, vu comment c'est parti, je ne vais pas pouvoir retourner au boulot avant demain matin. Je vais même devoir compter sur Cavendish pour qu'il aille me chercher mes médicaments. Ça n'arrange pas mes affaires ça… Mihawk y est allé comme un bourrin hier. D'ailleurs, en y réfléchissant, je ne sais toujours pas ce qui lui a prit.

Je suppose que c'est tout simplement fini.

Ouais, quoi que ce fût, c'est juste fini maintenant. Je ne vais pas m'attarder dessus. Je connais Mihawk depuis tellement longtemps. Je ne suis même pas surpris que ce truc n'ait pas marché. Sans doute que j'y suis pour beaucoup mais je pense que Mihawk aussi à sa part de responsabilité dans ce désastre. Mais la vérité, c'est que ça n'a pas fonctionné parce que sans doute, aucun de nous deux ne le voulait assez.

Mon portable vibre et je suppose que mon supérieur me répond mais ce n'est pas le cas. C'est un message de Yélénah qui m'informe qu'elle a quitté la ville pour aller habiter chez des amis du côté de North Blue le temps que le divorce soit prononcé. Je souris, à la fois content et soulagé. Mettre de la distance entre son ex-mari et sa petite famille est loin d'être une mauvaise idée.

Au moins une bonne nouvelle pour aujourd'hui.

Je me sens si mal que je pressens que je ne vais pas réussir à faire grand-chose alors je décide carrément de me livrer à une petite sieste crapuleuse. Le temps passera ainsi plus vite. Et qui sait, peut-être que dormir me permettra d'oublier pendant quelques minutes dans un rideau de voile noir cet homme qui fut mon amant mais aussi mon ami et mon rival. Je ne me fais aucune illusion sur le fait que quelque chose se soit cassé hier et que Mihawk et moi ne pourrons jamais reprendre notre relation d'avant, celle où l'on était de simples amis.

C'était une erreur de céder la première fois.

La deuxième fois aurait dû me servir de leçon.

Et la troisième était ma punition.


Hey! J'espère que vous allez bien ?!

Je poste ce premier chapitre avec appréhension, mais pommed'api ma rassurée et j'ai simplement hâte d'avoir vos avis sur ce début. J'ai dû repousser deux ou trois fois la date de cette publication, j'ai écris à un rythme plutôt lent au début et après j'ai été tellement occupé à préparer mon voyage au Japon en aout, que le temps m'a très vite manqué ! Comme j'ai hâte d'y être, je ne sais pas si vous avez déjà eu la chance d'y aller? ^^

Concernant l'histoire, pour la première fois on a un pov de Zoro, c'était assez étrange d'écrire sur ce personnage si mystérieux, j'avais peur de mal faire. Quant à Shanks, il reste fidèle à lui-même et moi ça ne va pas fort pour lui!

Ce tome là sera plus sombre que le précédent et il y aura un peu plus d'action. Mais l'amour sera toujours aussi présent, rassurez-vous!

J'espère pouvoir poster dans deux semaines - mercredi 18 juillet - le chapitre 2 où on retrouve nos amoureux.

A bientôt !