Disclaimer : le monde de Harry Potter est à J.K.R. ; Alistair est à moi.
Rating : T
Personnages : Severus Snape, OC.
Correctrice : Fantomette34.
RàR : Christine, merci pour ta review. Severus est certes blessé mais il se soignera bien vite.
Voilà, c'est la fin de cette petite histoire que je dédicace à ma chère Fantômette. Joyeux Anniversaire !
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Nous avions laissé Severus et ses nouveaux amis en fâcheuse posture. Rassurez-vous, la cavalerie arrive. Enfin, quand je dis cavalerie...
Bonne lecture !
L'aventurier de la Porte des Lamentations
Troisième partie
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Lancé trop vite pour manoeuvrer, le zaroug des passeurs allait heurter le boutre des Européens par le travers et les équipages, terrorisés et résignés à la fois, attendaient le choc qui les feraient tous passer par-dessus bord, pour servir de déjeuner aux requins. Ils étaient si certains de leur sort que nul ne s'avisa des brusques changements qui advinrent.
Le vent tomba, d'un coup !
Le courant Sud-Nord qui portait le boutre semblait soudain vouloir modifier la trajectoire dudit bateau. Trop tard ! La collision était inévitable.
Alors se produisit un fait qui allait entrer dans la légende de la Mer Rouge.
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Quelque chose sous la mer avait contourné le zaroug et une énorme, une gigantesque vague avait pris l'embarcation par en-dessous et l'avait projetée dans les airs.
Kessel, de Monfreid, ses matelots, tous regardèrent avec de grands yeux s'accomplir le prodige : le zaroug décolla, passa au-dessus d'eux en une courbe parfaite et s'écrasa sur le pont du Patrouilleur que les militaires avaient à peine eu le temps de déserter.
"Qu'est-ce que... qu'est-ce qu'il s'est passé, fit Kessel au Capitaine, une éruption de gaz sous-marine ?
- Je doute qu'il existe un poisson assez gros pour péter comme cela.
- Mais... je pensais à un gisement de gaz naturel que les fonds marins auraient libéré brusquement, moi, pas à une Baleine qui aurait des problèmes d'intestins !
- Taisez-vous ! Vous allez finir par la vexer.
- Monsieur Snape ?
- Regardez..."
Dans le sillage du bateau se rapprochait une masse, toujours immergée, qui devait bien faire trente mètres de long. Aucun doute possible, c'était un animal. D'ailleurs, les matelots l'avaient identifiée, ils la désignaient du doigt en criant :
"Sultan el bahar !... Sultan el Bahar* nous a sauvés !... Regardez, Capitaine, l'esprit du Grand Cachalot veille toujours sur vous !"
Et ils rirent de leur chance de naviguer avec un protégé des forces occultes, tandis que Kessel questionna des yeux son ami.
"Tu connais cette histoire, Joseph, fit ce dernier d'un ton usé, tu l'as lue dans mon journal de bord. Nous avions été attaqués et la dynamite nous avait permis de nous en sortir. Bien sûr, mes matelots de l'époque avaient raconté cela à leur façon, à grands renforts de merveilleux, et le bouche-à-oreille n'a fait qu'amplifier le phénomène. Depuis je suis, soi-disant, sous l'aile des Dieux.
- En tout cas vous l'êtes, maintenant, murmura le Sorcier.
- Pardon ?!
- Voyez, au sommet de l'animal, près de l'évent, une silhouette... c'est sûrement le Dieu Poséidon. Il est le seul qui puisse faire obéir un cétacé aussi gros que ce cachalot."
En effet, regagnant la surface, le duo marin se laissait distinguer de plus en plus, faisant béer les bouches de Kessel et de Monfreid. Severus profita de ce mutisme pour s'écarter et soigner d'un Sort son épaule. La blessure disparut aussitôt.
"Euh... je n'imaginais pas le Dieu Poséidon comme cela !" fit à côté de lui un Joseph incertain.
Hein ?! Mais que raconte-t-il ?
Le Potionniste pivota vers les nouveaux arrivants et pâlit d'un coup.
Soit, l'homme désormais à l'air libre était de grande taille, trop grande pour ne pas être d'ascendance divine, mais la ressemblance avec le Maître des Océans s'arrêtait là.
Kessel avait raison, Poséidon n'aurait jamais porté des baskets siglées Twickenham For Ever, ni un maillot de Rugby du Quinze de la Rose.
Et surtout, il n'aurait pas eu sur les épaules une tête de Calamité Cornue qui souriait de toutes ses dents.
"Alistair !
- Vous connaissez ce particulier ?"
Il allait répondre quand il vit le Minotaure s'éloigner sur la bosse, en direction de l'évent, et y glisser face à eux jusqu'à la taille. Il blêmit encore plus à le voir agiter les bras vers l'extérieur.
"Par Merlin... tout le monde à plat ventre ! s'écria le Sorcier en joignant lui-même l'action à la parole
- Que...
- Cet idiot va se faire projeter par le souffle du cachalot jusqu'ici !"
Sept silhouettes le rejoignirent sur le pont. Juste à temps. Un fort claquement atteignit leurs oreilles, un corps les survola comme un boulet de canon, et...
BOUM !
... ficha ses cornes dans le mât du boutre qui ne put supporte le choc. Il y eu un craaac ! sinistre, et l'ensemble de la mâture s'écroula sur le pont.
"Oh non, pas encore !" gémit Severus, les mains sur la tête.
Ben si !
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"Toi et tes entrées fracassantes ! gronda le Maître des Potions.
- Désolé, Sev, j'avais pourtant bien demandé..."
Ils s'interrompirent. Un bruit saccadé leur parvenait de l'arrière du bateau, un bruit qui ressemblait à
"Je rêve, ou ce cachalot se marre comme une baleine ? Qui est-il ?
- Alors, dans l'ordre : oui, elle rit. Maudit'Bique !
- Tu crois que c'est le moment de l'insulter ?
- J' l'insulte pas, Sev. Maudit'Bique, c'est son nom. C'est une cousine du cétacé du roman d'Hermann Melville. Le seul problème avec elle...
- Laisse-moi deviner, elle a un sens de l'humour particulier ?
- ... ouaip ! C'est pour ça que Grand-Père Poséidon ne veut pas la laisser sortir trop souvent, elle fait que des bêtises.
- Vous devez vous entendre à merveille. Mais pourquoi l'as-tu utilisée pour venir ici ?
- Je voulais te rejoindre au plus vite. Et les Go Fast n'existent pas encore à cette époque, alors..."
Severus sourit malgré lui. Alistair était beaucoup de choses : un bon Enquêteur pour Madame Kostik, un réservoir à conneries pour Nemo, un aimant à catastrophes pour sa mère Leonia, un papa formidable pour Harry et Elspeth... chacun avait son avis. Mais pour Severus, il était tout simplement son compagnon d'âme, celui sans qui il était perdu. Et réciproquement.
La colère du Potionniste fondit et il se détourna de la poupe, laissant Maudit'Bique à son hilarité. Il était temps de réparer le boutre et de voguer hors de portée de la Patrouille militaire, bien trop proche à son goût.
"Mince... les matelots... ils me regardent avec des yeux comme des soucoupes ! Ils ont jamais vu un Minotaure de leur vie ou quoi ?
- Il y a des chances, murmura Severus.
- Il est vrai que les bipèdes à cornes sont plutôt rares, ici, confirma de Monfreid,
sauf parmi les cocus de la colonie."
Si même lui s'y mettait...
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La mâture réparée, le boutre put avancer à faible allure, ou plutôt sinuer sous les ondulations que lui imprimait Maudit'Bique - l'expression bateau-ivre semblait faite pour lui - puisque le vent n'était pas revenu et que le moteur refusait de marcher. A l'intérieur du carré, Kessel, de Monfreid, Alistair et Severus faisaient le point sur la situation.
"Résumons, fit ce dernier à son compagnon, tu as récupéré le livre ensorcelé chez nous et Flitwick a "déchiffré" le Sortilège.
- Ouaip !
- Pas de retour possible pour nous, sauf dans un cas : qu'Henry de Monfreid dédicace ledit livre. Mais pas dans n'importe quelles conditions ! Il doit estimer que l'on mérite cette dédicace.
C'est là que je ne comprends pas.
- C'est la volonté de Tante Vilma. Elle veut être sûre que nous n'avons pas une vie ennuyeuse, et qui mieux que lui peut en juger ?
- Pas une vie ennuy... par le chapeau vert de Fudge, nos vies sont tout sauf ennuyeuses ! Quelle idée a-t-elle eu ?!
- Vilma détestait le conformisme. Et je te rappelle qu'au départ le livre m'était seul destiné, au jour de ma majorité. Pour elle, c'était la limite pour faire de moi quelqu'un de libre et différent des autres.
Evidemment, elle ne pouvait pas prévoir que je naîtrais Minotaure, ce qui m'a rendu différent dès le départ. Tu sais, Sev, je me suis souvent demandé ce que j'aurais fait si j'étais né normal, Sorcier ou non. Je crois que je me serais fondu dans le moule.
- Pas toi ! Ce n'est pas ta nature.
- Il est tentant de le faire, parfois, si cela signifie trouver une place dans la société.
Heureusement, mon minois bovin ne m'a pas laissé le choix, et j'ai fait alors une merveilleuse découverte, d'autres personnes aussi déjantées que moi existaient et m'acceptaient tel que j'étais.
- Excusez-moi, Messieurs ! les interrompit de Monfreid.
Votre histoire est très passionnante, mais j'aimerais voir le livre que je dois 'dédicacer' pour permettre votre départ."
Alistair le sortit de sa poche, des Sortilèges l'ayant protégé de l'eau de mer.
" C'est une blague ?! s'écria le Capitaine, au vu de la couverture.
- Je le savais !... Cela s'est fait, je le savais, clama Kessel en lui chipant l'ouvrage, et l'édition est datée de l'année prochaine !
Messieurs, merci d'apporter de l'eau à mon moulin ! Cela fait des semaines que j'essaie de persuader Henry de publier le récit de ses aventures. Il ne pourra plus se dérober, maintenant."**
Le Capitaine était comme statufié, et peut-être serait-il resté longtemps comme cela si un de ses matelots n'était entré en courant.
"Abd el Haï ! Le bateau des Patrouilleurs, il approche... ils ont des gros fusils fixés sur le pont, et..."
Boum !
Tous se précipitèrent au dehors.
" C'est bien ce que je pensais, s'alarma de Monfreid, ils sont équipés d'un canon léger qui vise notre mât.
- Cette mâture a un mauvais karma.
- Tais-toi, Alistair ! Maudit'Bique peut-elle nous aider ?
- Ils sont trop proches, Sev, elle provoquerait un naufrage.
- Alors c'est à nous d'agir. Allons-y !
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Décrire ce qui suivit fut bref : s'étant projetés sur le Patrouilleur, Severus fit tomber les militaires à grands renforts de Stupéfix, tandis qu'Alistair, sous sa forme de Taureau, broyait le fût du canon sous ses formidables molaires. Le commandant, voyant cela , jugea opportun de s'évanouir, les hommes restants se rendirent et déposèrent les armes, dont le Minotaure tressa les canons en scoubidous.
"Ils nous laisseront tranquille, on peut rentrer."
Ils furent accueillis en héros sur le boutre par l'équipage et un Kessel enthousiaste.
De Monfreid ne dit rien. Il tendit seulement le livre au Potionniste.
"Voilà, vous allez pouvoir rentrer chez vous."
Il avait écrit la dédicace !
Le Sortilège permettant leur retour s'enclencha, Maudit'Bique disparut, le vent revint gonfler les voiles et poussa le boutre vers de nouveaux horizons.
Alistair et Sev avaient déjà regagné l'Écosse.
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Le lendemain.
Severus venait de se mettre à des corrections matinales quand il aperçut le livre sur son bureau.
Ils n'y avaient plus touché depuis leur retour.
Il l'ouvrit. Quelques lignes ornaient le revers de la couverture.
"N'ayez jamais peur de la vie, n'ayez jamais peur de l'aventure, faites confiance au hasard, à la chance, à la Destinée. Partez, allez conquérir d'autres espaces, d'autres espérances. Le reste vous sera donné de surcroît.
Henry de Monfreid."
...
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Le plus précieux des Secrets de la Mer Rouge.
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* Sultan el bahar signifie Roi de la Mer.
** Authentique. C'est bien Joseph Kessel qui a encouragé Henry de Monfreid à publier Les Secrets de la Mer Rouge.