24 décembre 1997

Godric's Hollow

Elle aurait dû avoir froid.

La neige recouvrait le sol et avait fondu pour tremper son manteau, son pull et son jean quand elle était tombée par la fenêtre, les bras d'Harry enroulaient autour d'elle. L'adrénaline encore injectée dans ses veines, le souvenir du grand serpent, Nagini, enfonçant ses dents dans la jambe et le cou d'Harry. Mais il s'était battu. Il s'est battu, a donné des coups de pied et réussi à sortir de l'emprise du serpent, saisissant Hermione pour tenter de les libérer tous les deux de l'Horcrux vivant.

Hermione avait pointé sa baguette sur la bête, avait criait "Confringo !" et avait regardé son sort se répandre dans la pièce. Le miroir de la garde-robe explosa et envoya des morceaux de verre volaient sur eux. Elle pouvait encore sentir les coupures piquantes sur ses joues et le trou dans ses cheveux où un bout avait atterrit. La chaleur réverbérante du sort brûlait leur peau pendant qu'ils essayaient de s'échapper ; alors que Harry essayait de Transplaner, s'accrochant à Hermione tout en hurlant et en touchant son front de l'autre main.

Voyant que son meilleur ami était en détresse, Hermione saisit sa baguette fermement, s'agrippa à Harry et essaya de Transplaner elle aussi.

"Que penses-tu qu'il va se passer, Mione ?" Ron lui demanda au début de la recherche ; un des jours qui ont marqué une époque où ils s'étaient cachés au Square Grimmaurd, étant attendus par Kreature, qui portait fièrement le médaillon de son maître mort, Harry enfermé dans la chambre de Sirius comme il le faisait si souvent, espérant que les murs de la chambre les empêcheraient de voir à quel point il avait peur.

Ce fut le cas.

"Je ne sais pas, Ron " chuchota Hermione, fronçant les sourcils et en regardant le reste du ragoût dans son bol. Le stress de la mission qui approchait garder son estomac si serré qu'il la rendait trop malade pour manger.

Si seulement elle avait su.

"Tout ce que je sais, c'est que nous sommes ici jusqu'à la fin. Qu'elle soit bonne ou mauvaise." répondit-elle en levant les yeux vers son ami qui semblait aussi inquiet qu'elle. "Nous devons veiller à ce que Harry s'en sorte vivant. Même si..." elle hésita et soupira.

"Même si ça nous tue." Ron avait fini sa phrase. Il lui tendit la main dans un geste amical et elle l'a pressa fortement. "Harry est vivant." dit-il fermement.

Hermione hocha la tête. "C'est ce qui compte."acquiesça-t-elle, reniflant et essuyant les larmes de ses yeux. "Ce n'est pas comme si je vous maintenais tous les deux en vie depuis six ans maintenant. Qu'est-ce qu'une année de plus ?" dit-elle en riant et en menaçant de se transformer en fontaine.

La guerre lui avait prit ses larmes, ses sanglots, sa douceur et la rendait dure. Chaque larme versée était comme un feu d'une cheminée, la fortifiant et la calmant lentement. Fuir les Mangemorts, les Détraqueurs et les Rafleurs l'avaient rendue vigilante, à la limite de la paranoïa, et elle cessa de dormir la nuit vers la deuxième semaine de septembre. C'était à peu près la période où il n'y avait plus de nourriture aussi.

Alors qu'ils s'étaient nourris de champignons sauvages et de réserves de graisse jusqu'à l'apparition de leurs côtes, les Horcrux qu'ils portaient à tour de rôle se nourrissaient de leurs angoisses, de leurs peurs et alimentaient leur amertume et leur colère. Tout ce qu'elle savait, c'est que Ron était parti depuis des semaines. Elle avait cessé de compter les jours, mais avec les loups-garous impliqués dans l'armée de Voldemort, il était devenu important de suivre la pleine lune. Deux d'entre eux étaient venus et partis depuis que Ron les avait quittés ; depuis que l'Horcrux s'est emparé de son cœur et a brûlé sa loyauté et sa bravoure pour la remplir d'amertume.

" Tu restes ou pas ?"

" Je..." angoissée, elle essaya de lui répondre d'une manière qui le pousserait à changer d'avis, à le calmer et à le faire rester. "Oui, oui, je reste, Ron. On a dit qu'on irait avec Harry. On a dit qu'on aiderait Harry a rester en vie, c'est ce qui compte" elle essaya de le lui dire avec ses yeux, mais il arrêta de la regarder.

Elle pouvait le voir dans les yeux de Ron. Il les avait déjà quittés. Il avait enlevé le médaillon, mais le mal était déjà fait. Il la dévisageait.

"J'ai compris" dit-il avec amertume. "Tu I' as choisi."

Bien sûr qu'elle l'a fait. Elle choisissait toujours Harry Potter. Il était son meilleur ami, son frère, leur seule chance de gagner cette guerre. Elle n'avait jamais dit ces mots, mais mille fois dans son esprit, elle s'était fait l'écho de la promesse qu'elle donnerait sa vie pour lui si jamais elle devait en arrivait là. Harry est vivant. Harry est vivant. Elle l'avait dit et redit dans son esprit, une incantation qui arrivait à metenir sa détermination.

"Ron, non- s'il te plaît- reviens, reviens !"

Des semaines ou des mois plus tard - deux pleines lunes au moins - elle s'était accrochée à Harry, le maintenant en vie comme il le faisait pour elle. Trop peu de nourriture, trop peu de sommeil et trop de combats à faire. Godric's Hollow semblait être un risque nécessaire...du moins, ça l'était à l'époque.

Harry est en vie.

Harry est en vie.

Le dos d'Hermione atteignit le sol enneigé et son souffle fut chassé de ses poumons. Elle pleura et se débattit pour respirer à nouveau, pleinement consciente que Harry tremblait et criait au-dessus d'elle, s'agrippant à son front d'une main et son cou de l'autre. Quand elle parvint enfin à inspirer profondément, rappelant à ses poumons qu'elle était encore en vie, elle leva les yeux et vit la fenêtre brisée de la maison de Bathilda Tourdesac au-dessus d'eux.

"Non", chuchota-t-elle et saisit la main d'Harry, essayant de Transplaner à nouveau. Comme cela ne marchait pas, elle hurla de frustration. Des barrières anti-transplanage. Les Mangemorts arrivaient.

Voldemort arrivait.

Ils coururent. Ils coururent jusqu'au seuil de Godric's Hollow où ils pouvaient peut-être s'échapper, mais les Mangemorts encerclaient le petit village. Terrifiés, ils s'étaient instinctivement dirigés vers le seul endroit qui semblait être un refuge sûr et étrange : les restes de la petite maison Potter. L'herbe était haute, atteignant leurs tailles et les mauvaises herbes avaient poussé à l'intérieur de la maison. Le côté droit de l'étage supérieur été complètement défoncé, laissant entrer l'air froid de la nuit et la neige. Tout sentait la moisissure et se décomposait après quinze ans de négligence.

Harry s'effondra en bas de l'escalier, son visage gris pâle et ses beaux yeux verts étaient ternes. Hermione posa des sorts de protection les plus puissant possibles et tomba à genoux, enroulant ses bras autour de son meilleur ami sur le sol enneigé de la maison de ses parents.

Elle aurait dû avoir froid.

Mais le sang d'Harry était chaud, coulant de son cou et sur ses mains alors qu'elle essayait de l'empêcher de saigner jusqu'à la mort. Le venin de Nagini mit un terme à tous ses efforts. Hors de tout contrôle, Hermione sanglota contre le cou d'Harry, le suppliant de ne pas mourir parce qu'elle n'était pas prête. Elle n'était pas prête à le laisser partir, n'était pas prête à être seule, n'était pas prête à admettre qu'elle l'avait échoué.

"Je t'aime, Hermione..." dit-il de façon rauque, sa voix faiblissant considérablement. "Tu es ma...ma meilleure-"

"Je t'aime- Oh Harry, ne pars pas !" elle pleura sans retenue, embrassant son front, juste au-dessus de sa cicatrice, espérant qu'elle aurait pu l'en débarrasser. "Je suis vraiment désolée. Je suis vraiment désolée. J'étais censé te sauver."

Il secoua la tête. "C'était mon boulot de te sauver."

Une forte détonation résonnait autour des murs comme un coup de canon et Hermione hurlait de peur.

"Bats-toi" dit Harry, ses lèvres devenant bleues. " N'abandonne ja..."

"Harry ?" chuchota Hermione, sa voix si douce qu'elle pouvait à peine l'entendre elle-même. Elle étouffa le besoin de crier son chagrin au monde entier. Les parois magiques se brisaient tout autour d'elle, elle pouvait les sentir se désintégrer. Saisissant sa baguette d'une main, elle espérait qu'ils auraient peut-être désactiver les sorts d'Anti-Transplanage afin de pouvoir venir à eux.

Harry était... Harry était... Harry était parti... et elle y penserait plus tard, à la façon dont la lumière avait quitté ses yeux. Elle pleurerait et se briserait, mais pas maintenant ; il était parti, mais elle ne les laisserait pas prendre son corps pour défiler avec comme si c'était un trophée. Elle le traîna dans un coin et essaya tant bien que mal de le cacher derrière un mur voisin.

Hermione ferma les yeux au fur et à mesure que les cris devenaient plus clairs.

Destination.

"Je suis désolée, Harry."

Détermination.

" N'abandonne jamais."

Délibération.

"Harry est en vie" chuchota-t-elle désespérément.

Elle sentit l'attraction douloureuse du Transplanage alors que ses poumons s'effondraient et que son corps se serrait sur lui-même, plus serré que jamais il ne l'avait fait dans le passé. Ça faisait mal et elle paniqua. Elle paniqua encore plus que lorsqu'elle a accidentellement blessé Ron quelques mois plus tôt.

Quelque chose n'allait pas.

Lorsqu'elle tomba de l'autre côté, sans même savoir où elle se trouvait, Hermione prit une profonde respiration et toussa. Sa vision était floue et son ouïe brouillée. Mais elle était chaude. Sa baguette était dans sa main et rien d'autre. Pas de Harry. Elle s'appuya contre un mur voisin alors qu'elle essayait de se tenir debout, clignant des yeux à plusieurs reprises pour recouvrer la vue.

Où suis-je ? se dit-elle en regardant autour d'elle. À l'intérieur d'une maison, c'était certain. Il faisait chaud et elle pouvait sentir l'odeur de nourriture en train de cuire. Tarte ; clous de girofle, cannelle et sucre. Elle pouvait voir à travers une grande fenêtre et fut surprise de voir des citrouilles sculptées au lieu de lumières de Noël. "Quoi ?" marmonna-t-elle doucement.

Il y eut une forte détonation et la porte d'entrée s'ouvrit. Hermione retint un cri en se cachant derrière un mur, couvrant ses oreilles. Les gens criaient dans l'autre pièce.

"Lily, prends Harry... pars ! ... lui ! . . .Cours ! ... ...tiens le à distance !"

Des pas dans les escaliers. Elle pouvait sentir les vibrations juste derrière elle contre le mur.

Hermione regarda autour d'elle et ses yeux s'élargirent à la vue d'une tête aux cheveux noirs et désordonnés. Son sang se refroidit à la vue du sorcier "Harry ?" debout dans l'autre pièce, le dos tourné vers elle. Elle rampa vers lui quand elle vu pourquoi il était debout.

Voldemort.

Des robes sombres et une peau pâle, des yeux rouges comme Harry lui avait dit. Mais au lieu d'un visage en forme de serpent que son meilleur ami lui avait décrit, cet homme dans son champ de vision était de tous les angles possibles normal- y compris le nez- avec des cheveux foncés et épais. Il aurait pu être beau s'il n'avait pas la mort dans les yeux ; s'il n'en souriait pas.

Le Seigneur des Ténèbres leva sa baguette et c'est alors qu'Hermione réalisa que les mains de Harry étaient vides.

"Avada-"

Non !

Elle cria le premier sort qui lui venu à l'esprit. "Confringo !"

Les sorts jaillirent en l'air et explosèrent, jetant tous les occupants de la pièce en arrière. Sa tête heurta quelque chose de dur quand elle fut projetée. Elle se tendit, gémissant de douleur quand elle sentit de l'acier mouillé sous elle qui ressemblait à un pied de table, couvert de ce qu'elle supposait être son sang.

"Mon seigneur !" cria quelqu'un de l'autre pièce.

"...gage de moi !" cria Voldemort.

"...Fais-tu ici?.. Pete ?" marmonna une autre voix.

". . la queue, traiter avec ces deux... disparaît jusqu'à ce que je te convoque ou je..."

"Oui, mon seigneur, bien sûr, mon..."

"Non, non, Pete, fils de-"

"Je suis désolé, James. Stupéfix !"

James ? Hermione cligna des yeux et se força à s'asseoir, consciente qu'une silhouette floue s'approchait d'elle. Elle essaya d'attraper sa baguette avant qu'un pied ne piétine sa main afin de l'empêcher de l'atteindre.

"Qui êtes-vous?" demanda la personne au-dessus d'elle, d'un ton confus.

Quelque part au-dessus d'eux, Hermione pouvait entendre des cris résonnaient.

"Pas Harry ! S'il vous plaît, pas Harry ! S'il vous plaît, je ferai n'importe quoi !"

"Écarte-toi. Pousse-toi, fillette !"

Les yeux d'Hermione s'élargissent, les pièces s'emboîtaient. Sa vision se clarifia et elle regarda son propre agresseur avec un profond mépris. Visage rond, yeux larmoyants et beaucoup moins ressemblant à un rat que la dernière fois qu'elle l'avait vu. "Queudver" elle grogna en serrant les dents et en le frappant de sa main libre, les ongles raclant le côté droit de son visage, faisant couler le sang.

L'homme bondit dans les airs, s'agrippant à son visage et tâtonnant nerveusement sa baguette de la main, les yeux écarquillés. "Comment pouvez-vous...qui êtes-vous ? Peu importe." dit-il en mâchant sa lèvre inférieure et en pointant sa baguette vers elle, les mains tremblantes. "Stupéfix !" dit-il mais rien ne se passa.

Choqué par la fille pas du tout assommée devant lui, il se retourna et s'enfuit au lieu d'essayer une nouvelle fois, il passa par la porte d'entrée et disparu.

Hermione s'agrippa à sa baguette et se dirigea vers l'escalier, ignorant le martèlement de sa tête et la façon dont la pièce tournait. Elle était à deux marches de l'escalier avant que le fort "Avada Kedavra" résonne dans la maison qui fut immédiatement remplie d'un déluge de lumière verte.

"Non !" cria Hermione au moment où le toit commençait à s'effondrer. Un morceau de débris l'a frappa à la tête avant que son corps entier ne soit enterré sous les autres décombres.

Avant de perdre complètement conscience, elle pouvait faiblement entendre le cri d'un bébé.