Potter. Elle l'avait aimé dès l'instant où elle l'avait vu à Kings Cross à l'âge de dix ans. Depuis six ans, elle l'aimait, l'adorait même. Elle s'était dévouée à lui, l'avait attendu, avait essayé de l'oublier, n'avait pas réussi et après cinq ans de tourments, il avait finalement cédé.
Ça n'avait pas duré longtemps. La guerre a tout compliqué, elle a brouillé les lignes, elle a détruit les gens, elle a ridiculisé les garçons de Gryffondor qui avait des complexes héroïques partaient à la recherche d'objets obscurs dont personne ne savait rien.
Elle avait passé tant de temps à attendre des nouvelles de lui, parti depuis si longtemps avec rien de plus que des chuchotements et des rumeurs, jamais rien de concret. Et puis il était là, dans le château, debout devant elle, dans la salle sur demande et elle était si heureuse de le voir qu'elle oublia qu'ils étaient en pleine guerre. Elle oublia qu'ils n'étaient plus ensemble, que Harry l'avait quittée sans même un véritable adieu. Ça n'avait pas d'importance qu'il ait agi comme un vrai con car il était vivant.
Mais il ne restait pas beaucoup de temps pour être heureux.. Avant qu'elle ne s'en rende compte, ils se battaient à nouveau, se livrant à la bataille la plus intense jamais vue jusque-là et les gens autour d'elle tombaient comme des mouches. Colin Creevey, Remus et Tonks, Lavande Brown, et même un de ses propres frères, Fred, sont tous partis en un claquement de doigt. Perdus à la brutalité gratuite de leur adversaire.
Elle était fatiguée de la mort. Fatigué de se battre. Fatigué de la guerre. La guerre avait déchiré le cœur de Ginny Weasley et lorsque le corps d'Harry atteignit le sol de la Grande Salle, tout ce qu'elle voulait, c'était mourir à son tour. Il ne restait plus rien qui valait la peine de vivre.
Harry était même pas froid avant le début des exécutions. La première à partir fut la mère de Ginny, suivie de près par son père, puis par tous les membres masculins de l'Armée de Dumbledore et de l'Ordre. Neville, Dean et Seamus, des garçons avec qui elle était amie depuis des années, se sont tous joints à la pile de corps qui avaient commencé à se former sur Harry. Quand Bill et Charlie ont été amenés, Ginny commença à crier.
Quelqu'un l'a retenue lorsqu'elle essaya de se précipiter vers eux, afin d'empêcher que cela n'arrive, afi d'empêcher qu'elle ne se jete devant eux et de mendier pour leur vie. Elle n'a même pas réalisé qu'elle pleurait jusqu'à ce qu'elle soit tombée dans les bras de son ravisseur et éclata en sanglots hystériques alors que ses deux frères aînés tombaient tous les deux par terre, les yeux ouverts et vitreux, fixant le plafond sans vie. George et Percy sont partis ensuite et quand les yeux de Percy se sont liés aux siens, elle sentit quelque chose au plus profond d'elle-même se briser.
"Je t'aime Ginerva", dit-il, ses mots l'atteignant à peine à travers la distance qui les séparaient avant que le jet de lumière verte de la baguette de Voldemort ne le frappe à la poitrine. Il tomba au sol au ralenti, atterrissant dans un bruit sourd dont elle savait qu'il ferait écho à ses cauchemars pour le restant de ses jours.
Elle ne l'aurait jamais avoué si quelqu'un lui avait demandé, n'aurait jamais dit à qui que ce soit que Percy était son frère préféré. Le seul frère qui avait remarqué qu'elle était en train de s'effondrer pendant sa première année. Celui qui la faisait manger quand elle n'avait pas d'appétit, qui lui demandait tous les jours si elle allait bien, si elle avait besoin de quelque chose. Celui qui a toujours eu le temps de lui parler lorsqu'elle était bouleversée ou blessée ou qu'elle avait juste besoin de parler. Percy, qui l'avait comprise et l'aimait plus que quiconque, était parti.
Ron était le suivant, puis Ginny était seule. Le seul Weasley qui restait au monde. Elle espérait que ça ne durerait pas longtemps. Après Ron, elle cessa de penser, beaucoup de gens sont morts, Ginny en connaissait quelques-uns, mais la plupart elle ne les connaissait pas, elle ne pouvait se résoudre à s'occuper d'une façon ou d'une autre. Elle ne pensait qu'aux corps de ses parents, de ses frères et du seul homme qu'elle avait jamais aimé et elle n'arrivait tout simplement pas à se soucier des autres qui s'entassaient sur sa famille.
Les exécutions cessèrent. Ginny écoutait Voldemort qui louait ses disciples, les félicitant pour leur détermination à gagner le monde des sorciers pour lui. Elle l'écoutait quand il commençait à distribuer des prisonnières comme des trophées. Hermione fut donnée à Theodore Nott, Luna à Draco Malfoy, Hannah Abbot à Thorfinn Rowle, Cho Chang à Yaxley, nom après nom fut appelé et ils reçurent tous une prisonnière et on leur dit qu'ils pouvaient faire avec elles tout ce qu'ils voulaient et Ginny pria pour que celui qui l'avait eue la tue le plus vite possible.
S'il y a bien quelque chose dont Ginny Weasley était sûre, c'est qu'elle aimait Harry.
"Rabastan" appela Voldemort. "Tu as été loyal, tu t'es bien battu, je pense qu'il est juste pour toi que tu sois récompensé."
"Merci mon Seigneur." répondit Rabastan, l'homme qui retenait Ginny captive, qui l'avait retenue lorsqu'elle avait tenté de sauver ses frères.
"Tu peux avoir la fille Weasley" lui dit Voldemort. Elle aurait pu être bouleversée si elle s'en souciait. Mais sa famille était morte. Elle avait tout perdu. L'amour de sa vie était mort. Et Ginny ne pouvait se résoudre à ressentir autre chose que du chagrin.
"Merci, mon Seigneur." répéta Rabastan. Ginny se demandait s'il connaissait d'autres mots que Merci mon Seigneur, ou Oui mon Seigneur, ou - probablement - je suis désolé mon Seigneur.
Plus tard, lorsque Rabastan l'a ramena chez lui, elle regarda enfin l'homme qui devait être son gardien. Rabastan Lestrange n'était pas un homme mauvais, en fait, s'il n'était pas un être humain lamentable et qu'il n'avait pas contribué à la chute d'Harry Potter, Ginny aurait pu le trouver attirant.
Il était jeune, pas plus âgé que la trentaine, avec des cheveux foncés et des yeux d'onyx.
Ils se regardèrent longuement à l'entrée avant que Ginny n'ait le courage de parler. "Tue-moi" supplia-t-elle, les yeux pétillants de larmes. Il la regarda impassiblement et laissa le silence entre eux grandir jusqu'à ce que ça devienne presque insupportable.
"Non." chuchota-t-il et Ginny découvrit qu'elle pouvait ressentir autre chose que le chagrin. Elle pouvait ressentir la haine.
...oo0OOO0oooo...
Après qu'il est refusé de la tuer, elle se déchaîna. Elle jeta des choses, cassa des objets, renversa des meubles, mit accidentellement le feu à ses biens, et quand elle avait détruit presque tout ce qui appartenait à Rabastan, elle s'assit sur le sol et pleura.
Personne ne pouvait dire que Rabastan Lestrange était un homme bon. C'était une mauvaise personne, vous pouviez probablement aller jusqu'à l'appeler le mal. Il tuait sans réfléchir, violée sans conscience, torturée sans culpabilité. Son âme était aussi sombre que la marque sur son bras gauche et il n'en avait jamais eu honte de sa vie.
Mais en regardant Ginny Weasley pleurer au milieu du sol de sa cuisine, Rabastan savait que quelque chose à l'intérieur de lui avait changé. Jamais dans sa vie il n'avait ressenti un besoin aussi pressant de protéger quelqu'un, de se blottir autour de quelqu'un et de faire en sorte que rien ne puisse jamais lui nuire. Elle lui a fait ressentir des choses qu'il avait depuis longtemps décidé qu'il n'était tout simplement pas capable de ressentir. Ce fut un tourbillon de remords et de honte qu'il n'avait jamais expérimenté auparavant et il détestait ça.
"Suivez-moi, Mlle Weasley" ordonna-t-il, faisant de son mieux pour garder une voix calme. "Je vais te montrer ta chambre." Il se retourna et sortit de la cuisine, sans se donner la peine de voir si elle le suivait. Il traversa la maison et ouvra la porte de la chambre à coucher, la seule chambre de la maison qui était actuellement meublée et il recula pour la laisser entrer en premier.
"Qu'est-ce qui va se passer maintenant ?" demanda-t-elle, sa voix enrouée par tous les cris et les pleurs qu'elle avait poussés. Il la fixa un long moment, essayant de décider comment répondre au mieux à sa question alors qu'il n'était pas tout à fait sûr de la réponse.
"Tu vas dans la salle de bains et tu prends une douche, je te laisserai quelque chose à mettre sur le lit" décida-t-il. "Puis tu vas te coucher et dormir, tu as passé une mauvaise journée, tu es épuisé, et tu ne me seras d'aucune utilité si tu es sur le point de t'effondrer." Elle souleva un sourcil vers lui.
"Tu ne vas pas me violer dans mon sommeil, n'est-ce pas ?" demanda-t-elle.
S'il était complètement honnête avec lui-même, il ne pouvait pas dire que cette pensée ne lui avait pas traversé l'esprit. Ginny était une très jolie fille, ça ne le dérangerait pas de l'avoir, mais il y avait quelque chose chez elle qui lui donnait envie d'attendre qu'elle le veuille. Il voulait que ce soit son choix, une autre notion étrangère que la jeune fille avait apportée dans sa vie. Dans le passé, ça n'avait jamais eu beaucoup d'importance pour lui si une sorcière voulait ou non, s'il la voulait il la prenait, mais cette sorcière...Elle était différente.
"Non." Il secoua la tête. "C'est la seule chambre meublée de la maison, donc j'ai peur que tu dois partager le lit avec moi, mais je ne vais pas te violer." Elle lui accorda un regard qui lui indiqua qu'elle ne croyait pas un mot de ce qu'il lui disait, mais elle entra dans la salle de bains et claqua la porte sans dire un mot de plus.
Il se dirigea vers son placard et choisit une paire de boxers propres, un de ses vieux chandails de Quidditch et les laissa sur le lit pour elle avant de sortir de la chambre et de faire le tour de la maison pour réparer les objets cassés, relever les meubles, se demandant ce qu'il allait faire de la sorcière que le Seigneur des Ténèbres lui avait offerte.
