Hé oui, enfin, depuis le temps, voici l'épilogue de cette fanfiction!
Il était écrit depuis longtemps, mais comme j'ai perdu la traduction anglaise que je voulais poster en même temps, j'ai repoussé le moment où je m'y attellerais enfin de nouveau.
Voilà, après un an, c'est enfin terminé.
Bonne lecture!
Epilogue
Quelqu'un frappa à la porte, tirant le colonel Harden de sa réflexion. Depuis qu'il avait laissé partir celui qui lui fournissait des informations précieuses sur le fonctionnement de l'armée et de l'Etat de Leidenschaftlich, le Général Banks lui avait fait comprendre que ses chances d'une promotion rapide s'étaient quelque peu amenuisées, et d'autant plus que les informations « précieuses » de son contact s'étaient révélées périmées ou peu pertinentes. Cela faisait deux ans qu'il avait l'impression d'être passé au placard, ne s'occupant plus que de la gestion quotidienne de cette caserne, sans avoir l'occasion d'enquêter sur autre chose que la provenance de la viande infâme servie au mess (il s'était avéré que la viande était excellente, mais pas le cuisinier). Le colonel était rancunier, et il se répétait sans cesse que s'il croisait de nouveau Gilbert Bougainvillier, celui-ci le regretterait.
- Entrez ! s'exclama-t-il.
Un jeune officier poussa la porte. Il était entré au service du colonel un an auparavant et s'était révélé être un bon conseiller. Il savait aussi comment gérer certaines de ses colères les plus noires.
- Je vous apporte le journal d'aujourd'hui, mon colonel.
- Ah ! Sous-lieutenant Bergson, merci. Vous êtes à l'heure, comme toujours.
Le colonel appréciait beaucoup ce jeune homme, qui était poli sans être flatteur, serviable sans être servile. Il ne semblait pas trop ambitieux non plus, ce qui était parfait pour l'ego de Harden. Le sous-lieutenant Bergson lui tendit le journal et alla s'asseoir à son bureau, où il commença à classer le courrier qu'il avait apporté en même temps que les nouvelles.
Le colonel ouvrit le journal soigneusement plié et lut la première page, qui mentionnait en une les nouvelles réformes du gouvernement.
- Nos alliés nous en demandent trop, soupira-t-il. Comment est-ce que notre économie arrivera à suivre le rythme effréné qu'ils nous imposent ?
Son regard se posa alors sur le titre d'un article, complet à la page 8. Il fronça les sourcils, et ouvrit le journal à ladite page. Il parcourut rapidement l'article, et sa colère naissante prit de plus en plus d'ampleur. La dernière ligne le mit hors de lui. Il se leva brusquement, faisant sursauter Bergson.
III
- Alors il s'est mis à rugir en balançant le journal par terre. Il était dans une colère pire que celles que j'avais déjà eues à gérer. Cette fois-ci, je n'ai rien pu faire, à part quitter la pièce et attendre qu'il ait terminé de transformer le journal en confettis.
Erik éclata de rire, à la plus grande surprise de son ami.
- Ah, ce colonel ! Il n'a jamais apprécié les mariages ! Bergson, j'imagine qu'il a dû radoter un certain nombre de fois sur Gilbert Bougainviller !
- Radoter n'est pas vraiment le mot, répondit Bergson. Il est plutôt du genre à s'énerver chaque semaine, soi-disant à cause de lui. Je t'avouerai que c'est un moment plutôt divertissant.
Les deux hommes rirent de bon cœur.
- Et donc toi tu as une idée de la raison de sa colère ?
- Oui, répondit Erik.
Il sortit son exemplaire du journal du jour et l'ouvrit à la page 8. Bergson lut l'article et comprit. Il partit dans un grand éclat de rire, bientôt rejoint par Erik.
III
Erik s'installa dans son compartiment, où un couple âgé était déjà présent. Il les salua et posa sa valise dans le filet au-dessus de sa tête. Puis il s'assit sur sa banquette et ferma les yeux. Il avait dû voyager toute la nuit pour atteindre la gare où le train intercontinental passait le plus près de Salbert, et n'avait qu'une envie, dormir jusqu'à Leiden. Le sommeil le prit rapidement. Lorsqu'il s'éveilla, il entendit le couple discuter. Un nom le frappa : « Gilbert ». Erik ouvrit complètement les yeux et se tourna vers ceux qui partageaient son compartiment.
- Excusez-moi, je viens d'entendre votre conversation. Vous avez parlé de Gilbert ?
- Euh… Oui, répondit l'homme. Gilbert Bougainvillier, vous le connaissez ?
- Bien sûr ! rit Erik. J'ai travaillé avec lui pendant presque un an.
- Alors vous devez être Erik, intervint la femme. Gilbert nous a parlé de vous quand il a habité chez nous.
- Oh ! Erik se sentit flatté. Et vous êtes ?
- M. et Mme. Witaj, de Gardarik.
- Enchanté. Je pense que nous allons au même endroit et pour la même raison alors.
Le reste du trajet se passa agréablement, et Erik ne le vit pas passer.
III
Gilbert, aidé par Hodgins, ajustait les derniers détails de son uniforme. Il tira les manches, redressa son col, accrocha un dernier bouton de sa veste. Hodgins recule d'un pas pour l'admirer.
- Tu es presque parfait. Il manque simplement deux choses.
- Lesquelles ? interrogea Gilbert.
- Hodgins prit dans une petite boîte en bois précieux une décoration et une barrette d'officier. Il accrocha la première à la poitrine de Gilbert, et la seconde à sa manche.
- Je n'y crois pas, tu n'avais même pas mis ton nouveau grade sur ton uniforme ? Lieutenant-colonel Gilbert Bougainvillier, décoré de la croix de fer pour tes actions sur le champ de bataille. Tu dois le montrer.
- Crois-moi, je n'ai pas l'impression de le mériter.
- Tu te répètes mon vieux. Ça fait pratiquement deux ans que tu es revenu, et que l'armée t'a de nouveau intégré dans ses rangs. C'est grâce à toi que nous avons remporté la bataille d'Intense. C'est mérité.
Gilbert soupira. Cette médaille sur son torse lui pesait parfois. Il savait que ce n'était pas uniquement grâce à ses actions à la bataille d'Intense, mais aussi grâce au rôle qu'avait joué son bataillon durant la guerre. Il savait que certains de ses actes ne lui auraient pas valu cette décoration. Il secoua la tête, faisant retomber une mèche rebelle sur son front.
- Arrête de bouger. Tu dois être parfait aujourd'hui, le réprimanda Hodgins.
Une pointe d'anxiété pinça le cœur de Gilbert.
- J'ignore si elle est vraiment prête.
- Je peux demander à ton frère, mais je pense qu'elle sera prête à temps, répondit son ami avec un sourire en coin.
- Arrête de plaisanter ! protesta Gilbert. Tu sais de quoi je veux parler.
- Elle a accepté. Gilbert, ça fait deux ans maintenant. Deux ans pendant lesquels vous avez tous les deux énormément appris, énormément évolué. Crois-moi, elle est sûre d'elle.
On frappa alors à la porte, et sans attendre la réponse, Dietfried entra dans la pièce. Il portait son uniforme d'apparat de la Marine, et ses cheveux d'ordinaire peu ordonnés étaient rassemblés dans une tresse bien serrée, sans mèche folle.
- Gil, tu es prêt ? Il va être l'heure, et Mère t'attend.
Gilbert avisa le vase posé sur un guéridon.
- Un dernier détail et c'est bon, déclara-t-il.
Il prit une petite fleur dans le vase et l'accrocha à la boutonnière de sa poche de poitrine. Cattleya arriva alors.
- Tout est prêt ? demanda-t-elle.
- Il l'est, répondit Hodgins. Et elle ?
- Violet a un peu le trac, mais je pense qu'elle est plus impatiente et heureuse que stressée. Ne t'inquiète pas, Gilbert, elle ne partira pas au dernier moment.
Cattleya sourit, rassurante, et alla à côté de Hodgins. Elle lui prit le bras avec tendresse.
- Si nous y allions ? Je sais bien que nous avons des places réservées, mais je préfère être à l'heure. Je ne manquerais l'entrée pour rien au monde.
Hodgins partagea son accord et sourit à la jeune femme. Ils sortirent tous les deux bras dessus bras dessous. Gilbert s'approcha de son frère aîné.
- Merci d'être là. Je sais à quel point ça a dû être difficile de devoir prendre ma suite et de changer pour t'occuper de Mère.
- Je suis heureux que tu sois revenu. Je peux reprendre une vie plus détendue, maintenant que tu as repris ton rôle de chef de famille. En plus, Mère va beaucoup mieux maintenant. Elle a retrouvé la santé et la raison. Allez ! Dietfried donna une accolade à son frère. Mère t'attend avec impatience.
Gilbert sourit.
- Et toi, vas chercher Violet. Il commença à partir, puis s'arrêta. Au fait, merci d'avoir accepté de t'occuper d'elle. Je sais à quel point tu l'as détestée pendant mon absence.
- C'est sans importance, rétorqua son frère. J'ai appris à la connaître après ton retour. Et j'avais eu l'occasion de m'expliquer avec elle avant. Ne tarde pas, tu dois être parti quand nous sortirons de la maison.
- A vos ordres mon capitaine !
Et Gilbert sortit de la pièce en riant. Il retrouva sa mère qui l'attendait dans le hall d'entrée.
- Te voilà mon fils ! s'exclama-t-elle en le voyant.
- Me voici mère, répondit-il.
Mme Bougainvillier invita son fils à se pencher et lui embrassa le front.
- Je suis fière de toi, murmura-t-elle.
Elle sourit et tendit son bras à Gilbert, qui le prit et guida sa mère jusqu'à la voiture portant leurs armes. Une autre voiture attendait derrière la leur, aux armes de la famille Evergarden, qui l'avait envoyée pour transporter Violet. Avant de monter en voiture, Gilbert leva la tête, cherchant les fenêtres des appartements provisoires de Violet. Il espérait l'apercevoir un peu avant de partir, mais ses rideaux étaient fermés, gardant précieusement leur secret. Gilbert sourit. Il réalisait enfin pleinement ce qui allait se passer dans une heure. Son cœur se gonflait de joie à cette idée, il lui semblait être plus impatient qu'un enfant qui attend Noël. Parce que Noël arrivait tous les ans, alors que se marier n'arrivait normalement qu'une fois dans la vie d'un homme ou d'une femme. La voiture arriva devant l'hôtel de ville de Leiden en un temps record, et Gilbert et sa mère furent déposés directement devant la salle des mariages dont les portes étaient grandes ouvertes. Ils s'avancèrent vers l'entrée. Gilbert offrit son bras à sa mère, qui utilisait une canne pour se soutenir. Elle avait repris des forces en deux ans, mais marcher lui était toujours difficile. Hodgins l'attendait. Il avait pour tâche de prévenir l'orchestre lorsque la voiture de la mariée arriverait. Il n'eut pas besoin d'attendre longtemps, puisque la voiture déboula dans la cour deux minutes à peine après la descente de Gilbert. Hodgins disparut donc dans la salle, et quelques secondes plus tard, la musique commença. Gilbert et sa mère remontèrent alors l'allée centrale. Le jeune officier était concentré sur la table et les deux chaises où attendait le maire, mais il entraperçut dans les invités quelques visages familiers : ses supérieurs, des collègues de travail de Violet, M et Mme Witaj, et à côté d'eux Erik. Son sourire s'élargit. La pensée d'être si bien entouré le rendait encore plus heureux. Il arriva au niveau des chaises couvertes de velours rouge et se tourna vers sa mère. Celle-ci lui adressa un sourire ému, serra sa main avec affection et alla s'asseoir à sa place réservée. Alors Gilbert tourna son regard vers l'entrée et attendit. Il savait que les gens de l'assemblée pouvaient voir son œil gauche briller d'émotion. Enfin, deux silhouettes apparurent dans l'ouverture. Violet, au bras de Dietfried, remonta l'allée centrale. Gilbert eut alors l'impression d'être revenu au jour de leur premier rendez-vous. Ses mains lui semblèrent moites, le souffle lui manqua, le trac le prit à la gorge et il craignit de faire tous les faux pas possibles, comme ce jour où il avait attendu Violet à la sortie de l'agence postale CH après son service à la caserne pour aller avec elle faire un tour dans la ville avant de dîner au restaurant.
Mais Violet lui sourit, et il redevint maître de lui, comme ce jour-là. Il lui sourit à son tour, ému par la vision qu'elle lui offrait. Violet portait une longue robe blanche. Le haut épousait les courbes de son corps et soulignait la finesse de sa taille, que couvrait une ceinture blanche dans laquelle des dizaines de cristaux verts avaient été intégrés pour former des arabesques. Les manches descendaient, fluides, jusqu'à ses coudes et laissaient ensuite ses bras nus. Des bras qui avaient l'apparence de vrais, mais qui étaient en fait des prothèses réalistes, que Violet avait accepté de porter pour l'occasion à la place de ses prothèses militaires sans charme. Son décolleté en V était modeste et venait mettre en valeur le collier de perles entourant son cou gracieux. Sous la ceinture, la jupe suivait la ligne de ses hanches avant de s'élargir et de tomber presque jusqu'au sol, laissant un petit espace où on pouvait apercevoir les sandales nacrées qui entouraient ses pieds. Les cheveux de Violet étaient relevés sur son crâne, puis retombaient en cascade sur sa nuque.
Plus Violet s'approchait, mieux Gilbert pouvait distinguer l'émotion sur son visage. Ses yeux maquillés discrètement brillaient de larmes contenues, alors que ses lèvres rouges s'étiraient en un sourire de bonheur.
Et Gilbert sut qu'après tout ce qu'il avait traversé, tout ce que Violet avait vécu, ils pourraient enfin vivre heureux ensemble.
The end!