Bonjour à toutes et à tous ! Bienvenue sur cette nouvelle fanfiction, un three-shot entièrement consacré à la guérison de Gabriel !

Cette histoire commence à la fin de l'épisode 13x17, The Thing. Je n'ai pas pris compte de l'épisode 13x18 (que je n'ai pas encore vu, d'ailleurs).

Comme d'habitude, Supernatural ne m'appartient pas. Je ne fais qu'écrire, de façon non-lucrative, une histoire purement imaginaire.

Par ailleurs, cette histoire va sous-entendre, voire mettre en scène, des relations amoureuses entre hommes. Si cela vous déplaît, je ne vous retiens pas.

Le titre est tiré d'un chant religieux dont je ne connais pas le compositeur. Je l'ai déjà entendu, mais si vous pouviez retrouver la référence, je vous en serais reconnaissante !

Sur ce, bonne lecture, et n'oubliez pas les reviews ! OWI les reviews.


GUÉRIS MON CŒUR, CALME MA DOULEUR


I.

Sauve-moi


Voilà, on y était. Dean et Ketch avaient disparu à l'intérieur du monde terrifiant qui se cachait derrière la faille entre les mondes. Sam porta une main à son front, épuisé et malade d'angoisse. Est-ce que Dean allait revenir ? Et leur mère ? Et Jack ?

Poussant un soupir, il s'efforça de revenir au présent. Il avait des choses à faire. Il se retourna, uniquement pour trouver une vue tout aussi douloureuse. Aucun miracle de ce côté-là non plus. Gabriel était toujours recroquevillé sur sa chaise, ensanglanté, abîmé, le regard fuyant, tremblant de terreur.

La gorge de Sam se serra douloureusement. Toutes ces années, il avait souhaité que leurs amis reviennent d'entre les morts, que tous ceux qui s'étaient sacrifiés pour sauver le monde ou sauver la peau des frères Winchester reviennent. Bobby, Ellen, Jo, Charlie, Kevin, même Crowley, et Gabriel, bien sûr, Gabriel.

Mais pas comme ça. Pas comme ça.

Le retour de Gabriel était un miracle, oui. Et pourtant, Sam avait du mal à le considérer comme tel.

Toutes les nuits où Gabriel était réapparu, bien vivant, dans ses rêves, jamais il n'avait été dans un tel état. Ce n'était même pas… Sam n'aurait jamais pu ne serait-ce qu'imaginer que c'était possible. Possible de torturer quelqu'un à ce point, ou possible de briser Gabriel à ce point, il n'était pas très sûr, mais ce dont il était certain, c'était que non, ça ne devrait pas exister.

Il s'approcha doucement de Gabriel, veillant à modérer ses gestes, à marcher calmement mais de façon audible, faisant attention à ne pas arriver trop vite ou de ne pas faire de gestes brusques. Gabriel était si effrayé, il ne fallait surtout pas commettre de faux pas. Il fallait qu'il voie venir Sam de loin, qu'il ne soit pas pris par surprise. Il fallait aussi qu'il s'habitue à la présence de Sam, et que Sam se fasse clairement identifier comme n'étant pas une menace.

C'était lui qui allait s'occuper de Gabriel, après tout. Dean était parti, et de toute façon, jamais il n'aurait la patience ou la délicatesse nécessaire pour s'occuper de l'archange. Si c'était Castiel, ce serait différent, naturellement – Sam ne pourrait même pas s'approcher de l'ange à moins de deux mètres – mais Gabriel ? C'était Sam qui s'en occuperait. C'était convenu, en quelque sorte. Dean le détestait cordialement, de toute façon. Il n'y avait toujours eu que Sam pour vouloir négocier, parler, traiter avec l'Embrouilleur.

Sam s'agenouilla en face de Gabriel. Ce dernier refusait obstinément de croiser son regard – à moins qu'il n'en soit pas capable, tout simplement. Mais il l'avait fait, quelques minutes plus tôt. Lorsque Sam avait décousu, un par un, ces fils immondes qui lui cousaient la bouche (Gabriel qui se taisait, ce n'était pas normal, pas normal), Gabriel l'avait regardé, bien en face. A cet instant, son regard avait changé. Il y avait eu tellement d'attente, tellement d'espoir qui brillait dans ce regard…

Pendant quelques instants, Gabriel lui avait fait entièrement confiance, et avait vu en Sam quelque chose… quelque chose que Sam espérait douloureusement pouvoir faire pour lui et craignait de ne pas être à la hauteur à la fois.

─ Gabriel, dit-il doucement.

Gabriel ne sursauta pas. C'était un bon signe. Sam ne savait pas ce qu'il avait fait pour mériter cette confiance de la part de Gabriel, mais c'était bon à prendre. Ça lui réchauffait un peu le cœur – mais ça n'aurait pas dû, définitivement pas dû. Il était ému que Gabriel lui fasse confiance, mais… pas comme ça, pas dans ces circonstances.

─ Gabriel, répéta-t-il. Il va falloir que je prenne soin de toi. Est-ce que tu es d'accord ?

Pas de réponse. Gabriel se balançait légèrement sur lui-même. Le regard dans le vague. Le regard un peu fou, même. Sam n'y voyait pas la moindre curiosité concernant son environnement, ou Sam, ou sa situation actuelle, et c'était bien ce qui l'inquiétait plus.

Et si l'esprit de Gabriel était brisé au-delà de tout espoir ?

Sam déglutit péniblement, puis attendit quelques instants. Sa voix ne devait pas faiblir, elle devait être chaude, rassurante.

Peut-être devrait-il commencer par les présentations ?

─ Je… Est-ce que tu te souviens de moi ? Je suis Sam, Sam Winchester. Je… Nous sommes amis. Je suis un chasseur. On s'est rencontrés plusieurs fois. Au Mystery Spot, avec TV Land aussi…

Toujours aucun signe.

─ Je suis ton ami, répéta Sam d'une voix qu'il espérait bienveillante. Je vais prendre soin de toi. Tu n'as pas à t'inquiéter, tu es en sécurité ici. Personne ne te fera de mal. On est amis, après tout.

Sam ne savait pas quoi penser. D'un côté, Gabriel l'avait laissé s'approcher, comme s'il reconnaissait une présence amicale. De l'autre, il n'était pas bien sûr que Gabriel sache qui il était – ou même si le nom « Winchester » lui disait quoi que ce soit – ou même, d'ailleurs, s'il entendait Sam parler.

D'un autre côté, il devait prendre soin de Gabriel.

─ Je vais prendre soin de toi, répéta-t-il. Maintenant, je vais t'emmener avec moi, et je vais soigner toutes tes… blessures. Je vais te toucher, d'accord ?

Pas de réponse. Sam croisa mentalement les doigts, espérant que ce qu'il s'apprêtait à faire ne traumatiserait pas son ami.

Il approcha doucement les mains de Gabriel puis les posa sur ses bras. Gabriel sursauta violemment, se reculant le plus possible, agitant la tête dans tous les sens, le regard fou, apparemment fou de terreur.

Sam se recula, tentant d'ignorer la douleur lancinante qui le prenait en voyant Gabriel réagir ainsi – être effrayé de lui.

─ Je ne vais pas te faire de mal, promit-il. Je ne vais pas te faire de mal. Je vais prendre soin de toi. Je suis ton ami…

Sam y passa un long moment, mais finalement, Gabriel finit par le laisser lui poser la main sur l'avant-bras. Il ne paraissait pas particulièrement rassuré, mais au moins, il n'était pas effrayé au point de vouloir fuir loin de Sam, ce qui était un point positif. Ou alors, il était assez terrorisé pour décider qu'il valait mieux se laisser faire. Cette éventualité brisait le cœur de Sam, et il espérait vraiment que ce n'était pas le cas. D'un autre côté, il ne pouvait pas vraiment vérifier.

Gabriel était tellement faible que Sam décida de le soutenir sur tout le chemin jusqu'à la salle de bains. Il arrivait à marcher – Ketch l'avait vraisemblablement traîné à bout de bras derrière lui, mais lui servir d'appui pour l'aider ? Ah, ah – mais il semblait souffrir le martyre. Et puis, il semblait moins solide sur ses jambes que lorsque Ketch l'avait précipité dans le bunker. Peut-être que finalement, il faisait plus confiance à Sam qu'il ne le croyait.

Il leur fallut une éternité pour gravir toutes les marches du bunker puis pour traverser toutes les pièces et les couloirs. Après réflexion, Sam décida de le loger dans la chambre voisine de la sienne. Il y fit un rapide détour pour prendre un kit de premier secours – et un deuxième, au cas où – puis conduisit Gabriel dans la salle de bains qui lui était désormais attribuée.

Il l'assit sur un tabouret, bien embêté par la suite des évènements. En théorie, il devait débarrasser Gabriel de ces vêtements – pas une grosse perte, Gabriel méritait mieux que ces haillons crasseux – pour lui faire prendre un bon bain, mais Sam avait l'impression de franchir des limites taboues. Vraisemblablement, Asmodeus avait torturé Gabriel. Il lui avait volé sa Grâce, ce que Sam pensait être une forme de viol angélique. Le chasseur ne savait pas très bien quel rapport Gabriel avait avec son corps à l'heure actuelle – ou, pour ce qu'il en savait, ce que cet enfoiré d'Asmodeus avait pu lui faire subir encore… Il ne voulait pas violer l'intimité de Gabriel. En plus de cela, l'idée de déshabiller entièrement Gabriel était gênante.

Mais Gabriel avait vraiment, vraiment besoin de soins. Pourvu qu'il lui pardonne, songea Sam en faisant couler de l'eau chaude dans la baignoire.

─ Je vais devoir t'enlever tes vêtements pour te faire prendre un bain, expliqua-t-il, embarrassé. Je ne peux pas nettoyer et soigner tes blessures sans ça… ça pourrait s'infecter. Si tu n'es pas d'accord, euh… fais-le-moi savoir. N'hésite pas à me coller une gifle. Ou à, je ne sais pas, me lancer un regard de la mort qui tue.

Après tout, Sam n'était pas sûr que Gabriel était physiquement capable de parler. Et même s'il l'était, pas sûr qu'il serait en état mental de le faire.

Pourtant, lorsqu'il s'approcha de Gabriel et saisit l'ourlet de la robe, chasuble ou Chuck savait quoi qu'il portait, son regard croisa celui de Gabriel. Pendant une douloureuse seconde, Sam eut l'impression qu'il y avait quelqu'un au fond de ce regard, quelqu'un qui comprenait ce qui se passait – et qui le laissait faire. La seconde d'après, cette personne avait disparu.

Mais il y avait quelqu'un, il y avait quelqu'un. Gabriel était là, quelque part.

Sam allait tout faire pour le guérir – pour le ramener.

Il fallut un moment pour ôter les haillons d Gabriel, à la fois parce que Gabriel était aussi raide que la justice et ne faisait pas franchement d'effort pour l'aider – merci, Gabe, vraiment – et parce que le sang avait collé le tissu contre les blessures ouvertes et à vif. Un spectacle répugnant qui nécessitait que Sam découpe le tissu avec une paire de ciseaux avant de détacher lentement les bouts de toile effilochée, ce qui arrachait des petits sons gutturaux de la gorge de Gabriel, ainsi que des clignements d'yeux qui trahissaient sa douleur.

Finalement, il parvint à enlever toute la tenue et – oh, Seigneur. Le corps entier de Gabriel était couvert de blessures. Pas de simples coupures. Des blessures profondes, provoquées par toutes sortes de coups, d'instruments et peut-être de sortilèges, et perpétuellement réouvertes. Des ecchymoses larges comme le poing. Peut-être quelques côtes cassées. Une gigantesque plaie violette sur l'abdomen, avec une plaie béante au milieu. Des cicatrices partout – ou plutôt, des croûtes de sang séché, à moitié réouvertes, et… Oh, Seigneur.

Sam avait envie de vomir. Gabriel ne méritait pas ça. Bon sang, il n'aurait même pas souhaité ça à Lucifer – alors Gabriel ? Gabriel qui n'était peut-être pas exempt de reproches, mais qui avait contribué à sauver le monde, qui avait à cœur la justice même s'il l'appliquait à sa façon, qui aimait férocement ses frères et son père, qui avait la blague facile et le sourire malicieux ? Sam avait eu affaire à quatre Archanges, et Gabriel était le meilleur d'entre eux, et de loin. Il ne méritait pas ça.

Un doute horrible traversa l'esprit de Sam – depuis combien de temps Gabriel était-il prisonnier ? Avait-il ressuscité récemment, peut-être avec un coup de pouce de Jack ou de Dieu ou d'Asmodeus… ou était-il prisonnier depuis huit ans ?

Et ils n'avaient jamais su ? Ne s'étaient jamais douté ? N'avaient jamais rien fait pour l'aider ?

Sam se souvenait d'une ou deux fois où The Heat of the Moment était passé à la radio – et si ça avait été un appel à l'aide de Gabriel ?

Et lorsqu'ils avaient été projetés dans Scooby-Doo ? … mais non, c'était trop récent et la Grâce de Gabriel était trop faible. Et ils avaient trouvé le coupable de toute façon.

Mais, et si… ?

Sam ferma les yeux un instant pour reprendre contenance. Le passé était le passé, ce qui comptait à présent, c'était d'aider Gabriel, de lui rendre un avenir.

Il aida Gabriel à se relever puis à grimper dans la baignoire, puis à s'asseoir. L'Archange se laissa faire, étonnamment docile. Sam entreprit de le nettoyer aussi bien qu'il pouvait – encore une chance que Dean ne soit pas là, il ne leur laisserait jamais oublier, ni à l'un ni à l'autre. Gabriel était étrangement passif. Il ne semblait ni embarrassé, ni fâché, ni rien du tout, pour dire la vérité. Il semblait simplement absent, comme déconnecté. Sam se demanda où son esprit pouvait bien errer. Etait-il horrible, d'espérer que Gabriel se soit simplement renfermé quelque part dans son esprit, là où rien ne pouvait l'atteindre ?

Sam dut s'absenter pour aller chercher une bouteille de shampooing. Lorsqu'il revint, il craignait à moitié que Gabriel ne se soit enfui, ou ait tenté de se noyer, mais il était toujours là, inerte, amorphe. Sam avait l'impression de forcer Gabriel d'une façon ou d'une autre. C'était une sensation extrêmement désagréable.

─ Je, euh, je suis allé te chercher du shampooing, expliqua-t-il maladroitement. (Il aurait pu se gifler tant il se sentait ridicule. Gabriel ne l'entendait sans doute même pas, ce qui était d'autant plus ridicule.) C'est, euh, c'est du bon shampooing. Je veux dire, Dean me dit toujours que ça me fait des cheveux de princesse Disney. Alors, euh, ça devrait être pas trop mal ?

Des cheveux de princesse Disney. Oh, bon sang, il était stupide ou quoi ? Il était tellement désespéré qu'il dirait vraiment n'importe quoi pour attirer l'attention de Gabriel, pour le ramener au monde, pour le faire rire, peut-être. Avant que tout ça ne lui arrive, Gabriel se serait moqué de lui sans fin pour avoir dit ça. A cet instant, Sam aurait pourtant tout donné pour que Gabriel se paye sa tête.

Contre toute attente, pourtant, Gabriel se tourna vers lui à ces mots. Leurs regards se croisèrent un instant, et Sam eut la sensation que d'une façon ou d'une autre, Gabriel l'avait entendu, qu'il avait compris que Sam prenait soin de lui, et que… Gabriel détourna la tête à nouveau. L'instant s'était envolé. Sam retint un soupir. Il s'agenouilla derrière la baignoire et entreprit de nettoyer les cheveux de Gabriel, aussi délicatement que possible, dans l'espoir de lui faire un peu de bien.

Ce n'était peut-être qu'une impression sans fondement, mais… c'était comme si Gabriel était un peu plus conscient de ce qui se passait. Comme s'il savait qui était Sam, et ce que Sam faisait, qu'il le laissait faire. Le chasseur vit Gabriel fermer les yeux doucement, comme si la sensation de Sam lui massant le cuir chevelu était agréable. Mais ça faisait des mois, voire des années, qu'il était enfermé et torturé. Pendant tout ce temps, il n'y avait eu personne pour prendre soin de lui, pour lui tendre une main amicale ou pour le faire se sentir bien. Pas même Ketch, certainement, si Sam en jugeait par la façon dont Gabriel était terrifié par lui.

Alors, il s'appliqua le plus possible. Il voulait que Gabriel se sente en sécurité, réconforté, apprécié.


Il fallait ensuite s'occuper des blessures de Gabriel. En toute honnêteté, Sam redoutait ce moment, même s'il savait que c'était absolument nécessaire.

Il escorta prudemment l'archange à son nouveau lit. Sam savait qu'il lui faisait mal, en frottant ses blessures avec une serviette, en le forçant à marcher, en lui agrippant les bras, et il se dégoûtait de lui infliger une telle souffrance. Pour évacuer sa culpabilité autant que pour distraire Gabriel de la douleur – même si l'archange ne se plaignait pas, jamais – il lui parlait en même temps.

─ Donc, voilà ta nouvelle chambre. J'espère que la déco te plaît ?

Oh, question stupide.

─ Elle est juste à côté de la mienne. Dean en a une dans le couloir aussi, et Cas' aussi… enfin, même s'il ne l'utilise pratiquement jamais… Deux autres personnes vivent ici, il y a Jack, c'est, euh… (Oh, bon sang, comment expliquer qui était Jack ?) C'est un gamin un peu spécial qu'on a recueilli avec nous. C'est un bon gosse. Il y a aussi notre mère… elle a ressuscité… longue histoire, je t'expliquerai.

Sam entreprit de prendre soin de ses blessures, tout en lui parlant de tout et de rien. Il décida de ne pas s'attarder sur les évènements des huit dernières années, de peur de plonger Gabriel dans la confusion, ou de l'effarer, au choix. Il se contenta de lui expliquer où ils étaient et ce qu'était au juste le Bunker des Hommes de Lettres.

Il y avait un nombre incalculable de blessures, toutes plus affreuses les unes que les autres. Sam devait alterner les traitements pour les brûlures, les pansements de toutes sortes, désinfecter, recoudre. Les poignets de Gabriel étaient violets, gonflés et à vif à cause des menottes et des chaînes, de même que ses chevilles. L'un des poignets et l'une des chevilles étaient cassés, par ailleurs. Son dos était recouvert de brûlures, de plaies diverses et variées, dont plusieurs qui étaient gravement infectées. Quelques côtes étaient également cassées, comme il l'avait suspecté. Il y avait également les nombreuses ecchymoses, qui allaient du violet au noir, et des lésions de types variés.

Ce qui inquiétait le plus Sam, néanmoins, c'étaient les espèces de runes, ou de symboles, qu'on avait gravé au couteau, vraisemblablement, à même la peau de Gabriel. Elles étaient hideuses à voir et devaient incroyablement le faire souffrir. Sam suspectait qu'elles devaient brider son pouvoir, l'empêchant d'accéder à sa Grâce, de se guérir, ou même d'appeler au secours.

Sam n'était pas sûr de ce qu'il pouvait faire les concernant. Il se contenta des soins de base. De toute façon, elles ne voulaient pas se refermer ou se laisser recoudre. Il ne pourrait qu'empirer la situation. Il faudrait qu'il appelle Castiel à la rescousse. Rowena, éventuellement, pourrait savoir quelque chose sur la question. Si Crowley n'était pas mort, il aurait pu les aider également. Mais bien sûr, c'était à cause de ça qu'Asmodeus l'avait remplacé. Et si leur prophète n'était pas réduit à l'état de légume… mais bien sûr, ça aussi, c'était la faute d'Asmodeus !

Sam n'avait aucune idée du temps qu'il lui fallut pour s'occuper des blessures de Gabriel. Il y en avait tellement, beaucoup trop. Il se contentait de les repérer, de les désinfecter, de leur apporter le traitement nécessaire. Il s'efforçait de toucher Gabriel le plus délicatement qu'il était humainement possible, et d'ignorer les petits sifflements de douleur de Gabriel. Mais l'archange ne le repoussait pas, et ne cherchait pas à s'écarter non plus. Par défaut, Sam en conclut que Gabriel l'autorisait, implicitement, à continuer. Gabriel ne semblait pas trop effrayé, à part lorsque Sam devait le recoudre. C'était normal, bien sûr. Des aiguilles, des fils pour coudre la peau… Sam résolut de ne jamais recoudre une des plaies de Dean – ou une des siennes – devant lui.

Finalement, il ne resta plus que les blessures au visage. Gabriel le laissa approcher ses mains de sa tête, ce qui surprit Sam. Le plus surprenant, c'était que Gabriel semblait désormais à peu près conscient de ce qui se passait. Ses yeux suivaient les gestes de Sam attentivement, sans crainte, mais avec quelque chose d'étrange dans le regard, que Sam était incapable de définir.

Lorsque Sam eut enfin fini sa tâche, il dut trouver des vêtements pour habiller Gabriel, car clairement, il ne pourrait pas continuer clairement avec un caleçon et un peignoir de bain.

─ Je, euh, je vais te chercher de quoi t'habiller, d'accord ?

Sam crut voir le regard de Gabriel s'assombrir, mais il devait halluciner, clairement. Pourquoi Gabriel prendrait-il mal le fait d'être recouvert d'habits chauds et propres ? Le nudisme n'était pas une thérapie, du moins, pas que Sam sache.

Il hésita longuement sur les vêtements qu'il devait donner à Gabriel. Dean serait probablement furieux que Gabriel porte les siens, même s'ils seraient plus à sa taille que ceux de Sam, sans doute possible. D'un autre côté, c'était Sam qui s'était occupé de Gabriel. Il fallait poursuivre ce lien. Sam se décida finalement pour un de ses vieux joggings, le plus confortable qu'il pouvait trouver, et un de ses sweat-shirts, chaud et épais.

Enfiler les vêtements à Gabriel ne fut pas une sinécure, même s'il sembla à Sam qu'il y mettait un peu plus de bonne volonté. Il fallut tout de même rouler les manches du sweat et retrousser les jambes du pantalon. Ça donnait un aspect plutôt comique à la situation, mais lorsque Gabriel enfouit profondément ses mains dans les manches et s'enlaça de ses propres bras, semblant se blottir à l'intérieur des vêtements propres et chauds qu'on venait de lui offrir, et qu'il poussa un tout petit, minuscule soupir de contentement, Sam n'eut plus le cœur d'en rire. C'était à la fois adorable et terriblement triste.

─ Je pense que tu devrais dormir un peu, finit-il par dire.

Gabriel sursauta à ses paroles et le regarda avec une terreur dans les yeux que Sam ne comprit pas. Etait-il effrayé à l'idée de dormir ? Peut-être bien, après tout. Qui pouvait savoir quels cauchemars pouvaient le hanter dans son sommeil ? Ou quelles tortures Asmodeus lui avait infligées en rêves ?

Note mentale : penser à tuer Asmodeus. Douloureusement, si possible.

─ Ne t'inquiète pas, promit Sam en s'asseyant à côté de Gabriel et en lui souriant. Tu es en sécurité ici, il ne reviendra pas te chercher.

Gabriel le fixait toujours, avec une telle détresse dans les yeux que Sam dut se retenir pour ne pas verser une larme, ou aller défoncer cette ordure d'Asmodeus, au choix.

─ Je resterai ici toute la nuit, promit-il. Juste ici, ajouta-t-il en désignant la chaise du bureau.

Gabriel sembla réfléchir à la question, puis hocha la tête. Sam l'aida à s'allonger, puis le recouvrit de couvertures.

La nuit allait être longue.


A SUIVRE...

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