Bonjour,

C'est la toute première fanfic que j'écris. J'espère tenir un rythme régulier.

Ce sera Reylo, mais surtout beaucoup d'aventure et d'action en mode MAD MAX. Du diesel, du chrome, Rey la pilleuse d'épave, Leia la guerrière rebelle.

J'espère que ça vous plaira!

(Je traduirai cette fic en anglais au fur et à mesure, dans un autre fichier.)


FORCE & FURY

Préambule.

Rey avait attendu l'obscurité pour se mettre en route.

N'importe qui d'autre aurait jugé que c'était une folie. On savait que les rôdeurs s'attaquaient aux voyageurs égarés, aux clans imprudents qui s'écartaient des voies de circulation balisées. Les bandes hostiles, aux véhicules hérissés de lames rouillées, empestant le sang, l'essence et le mauvais alcool, étaient sans pitié sous couvert de la nuit. Elles fondaient sur les véhicules trop lents des caravanes, ceux dont les moteurs luttaient contre la piste, ceux qui s'enlisaient dans le sable, et avant que leurs victimes n'aient le temps d'appeler à l'aide, les rôdeurs nocturnes égorgaient les vivants, et pillaient les ressources. Nourriture, carburant, femmes, enfants, main d'oeuvre. Ce qui était consommable serait consommé ; ce qui était exploitable serait exploité ; ce qui était vendable serait vendu, esclaves ou matériel. Les véhicules trop lents ou trop faibles pour faire de bonnes machines de guerre, seraient désossés avant même que le soleil ne se lève. Lorsque blanchirait l'aube, il ne resterait du véhicule et de ses passagers qu'une armature métallique désossée ainsi que des traces de sang, et de lutte, sur le sable. A midi, le vent aurait effacé ces dernières et la nuit suivante, la structure abandonnée ferait déjà partie du paysage.

Les femmes seules ne s'éloignaient pas des villages fortifiés.

Mais Rey ne craignait pas la nuit.

Elle trouvait dans le velours de l'obscurité une caresse apaisante. La nuit, toutes les peaux étaient noires. La nuit, l'ocre, le rouge, le brun et le fauve qui lui écorchaient la rétine de leur éclat devenaient indigos, bleus, violets et pourpres.

Les feux des villages et des camps au loin étaient autant de points de repère sur la plaine, comme des étoiles décrochées de la voûte céleste et scintillant au sable du désert. Mais Rey n'avait pas besoin de ces lueurs pour s'orienter. Elle voyait parfaitement, même l'obscurité la plus complète.

Ça avait toujours été ainsi. Les autres gens, les gens normaux, craignaient la nuit parce qu'ils étaient aveugles et devenaient des proies faciles; mais pas elle, au contraire. Il y avait moins d'activité, pas un bruit, le monde lui appartenait, et dans cette immensité, elle aurait repéré un rôdeur à des centaines de mètres.

Elle frissonna et resserra sa capeline mitée sur ses épaules. Dès le coucher du soleil, les températures descendaient vite. Elle refit machinalement l'inventaire de sa moto. Elle avait une bonbonne d'eau, 3 litres, plus sa gourde à sa ceinture. Le passage à Tuanul avait été rafraîchissant. Il était interdit aux villages soumis à la citadelle Starkiller de se procurer leur propre eau. Qui creusait un puits risquait la peine de mort ; c'était une méthode imparable pour garder la main sur les peuplades de la région. On disait que la citadelle renfermait un lac, avec un barrage. Des millions de mètres cubes d'eau fraîche… distribuée au compte-goutte à des émissaires venant s'acquitter de leurs impôts en échange. Mais Rey avait découvert que le village de Tuanul cachait un puits, dissimulé dans une cahute en tôle. Elle avait senti l'eau en passant par hasard à proximité du village, quelques mois plus tôt. C'était une sensation qu'elle peinait à expliquer. Un frisson. Une sêcheresse dans la bouche, un chatouillement dans le crâne, qu'elle ne ressentait que quand elle était en présence d'être vivants. C'était un pouvoir étrange.

De l'apocalypse nucléaire, beaucoup avaient hérité des malformations, des tumeurs, des faiblesses, des allergies et des maladies incurables. Elle, elle était née avec un pouvoir. Elle avait les sens d'un oiseau de proie et ressentait les êtres vivants jusqu'à plusieurs dizaines de mètres de distance. Là où il y avait une source, même souterraine, il y avait de la vie. Des algues, des bactéries, des amphibiens, de petits mammifères, des végétaux chétifs… La sensation ressentie en approchant de Tuanul n'était pas liée à la présence des hommes, femmes et enfants s'affairant dans le bidonville ; c'était de l'eau.

Elle avait gardé le secret de Lor San Tekka : il était toujours bon d'avoir des alliés.

Niima était à deux heures de route environ. Elle y serait avant minuit. Elle avait rempli sa bonbonne à Tuanul, un détour d'une heure, mais sans lequel elle aurait manqué d'eau. Sa citerne de carburant était pleine à moitié, ça devrait suffire pour revenir jusqu'au village. Elle traînait derrière sa moto une petite remorque, chargée du matériel qu'elle avait pillé dans l'épave du bateau. Du matériel radar, des outils de mesure de distance et d'orientation, des baffles qu'il serait facile de réparer… Unkar Plutt serait content. Elle était partie en éclaireur à la recherche de carcasses à démanteler, et cet immense bateau échoué en plein désert s'était avéré une véritable caverne aux merveilles.

- Je doute qu'on trouve du carburant.

Elle sursauta au son de sa propre voix. Elle avait pensé à voix haute.

Du carburant, certainement pas, tout avait dû être siphonné ou écoulé par un trou dans la coque depuis longtemps. Mais de la bonne tôle, des poulies, des câbles, il y avait de quoi charger un camion. Elle dirait à Unkar de préparer une expédition.

En attendant, il était temps de rentrer.

Elle but une gorgée d'eau de sa gourde et remonta sur sa bécane quand une douleur aiguë lui vrilla les tempes.

Il y avait quelqu'un. Tout près.

Elle se fit violence pour ne pas faire de geste brusque. On approchait derrière elle, en comptant la surprendre. Mais c'était mal la connaître. Elle défit aussi silencieusement que possible la boucle qui retenait son arme sur sa hanche gauche, et tendit la main droite vers la perche métallique qui était harnachée sur le côté de la moto. Elle fronça les sourcils : le martèlement feutré sur le sol n'était pas celui d'un pas humain. C'était un animal.

Elle se retourna brusquement, faisant un moulinet de sa perche.

Le chien fit un bond en arrière en glapissant. Il culbuta sur le postérieur et sembla chercher son équilibre dans le sable qui glissait sous ses pattes.

Rey ne put retenir un éclat de rire.

C'était un assez beau chien roux, aux oreilles pointues et à la queue recourbée sur le dos. Le poil de son flanc gauche était court et roussi comme s'il avait brûlé. On apercevait la peau nue de l'animal entre des touffes de poils épars. Dans la patte droite, il avait un éclat métallique qui le faisait boiter.

Rey descendit de son véhicule et s'accroupit pour faire face à l'animal. Elle fit claquer sa langue.

- Hé. viens… viens approche!

Elle parlait doucement, et tira de sa besace un morceau de viande sechée qu'elle tendit au chien. Il gémit, sans toutefois approcher.

Rey fit quelques pas dans sa direction.

- N'aie pas peur, je ne vais pas te faire de mal.

Le chien tendit le cou, les narines frémissant à l'odeur de la viande, puis d'un coup de mâchoire il happa la friandise et l'avala goulûment.

Rey sourit.

- Laisse moi approcher, je vais soigner ça.

A gestes très lents, elle franchit l'espace qui les séparait et caressa doucement l'animal. Il était roux sur le dos et blanc sur le ventre. Il avait une oreille déchirée. Comme tous les habitants de ce fichu désert, il a sûrement vu des batailles, songea Rey.

Elle offrit un second lambeau de viande au chien, et profita de ce qu'il était occupé à le mâcher bruyamment pour retirer l'écharde métallique de sa patte d'un geste vif. Le chien poussa un glapissement aigu et bondit en arrière, mais il revint presque aussitôt.

Rey lui caressa affectueusement la tête.

- De rien. Allez file. Je dois y aller. Ravie de t'avoir rencontré.

Elle se releva et retourna vers sa moto, quelques pas en arrière. Le chien la suivit. Rey lui fit un geste sec du poignet :

- Cchhh! File! Allez!

Elle monta sur le véhicule, fixa la perche à sa place, fit vrombir le moteur. Le chien émit un son de gorge qui ressemblait à une supplique. Quand la moto de Rey se mit en branle, il trotina derrière.

Rey stoppa et mit un pied à terre pour se retourner.

- File de là. Si tu viens à Niima, Unkar va te faire cuire pour le petit déjeuner.

Le chien, assis sur son postérieur, pencha légèrement la tête et poussa un nouveau gémissement.

Rey haussa les épaules.

- Tant pis pour toi. De toute façon, tu ne pourras pas suivre mon rythme.

Elle donna un coup d'accélérateur et une gerbe de sable gicla derrière sa moto. Le chien se mit aussitôt à courir derrière elle. Rey accéléra, gardant par dessus son épaule un oeil sur l'animal. Elle le distançait facilement, d'autant plus qu'il boitait encore. Il faudrait nettoyer et panser sa patte.

- Et puis merde.

Elle freina brusquement.

- Allez monte.

Un geste du menton invita le chien à grimper sur sa remorque. Il bondit dans le véhicule comme s'il avait toujours eu l'habitude de le faire, et cela conforta Rey dans l'idée que ce chien était habitué aux humains, et aux motos. Il ne craignait ni elle, ni son moteur.

Elle soupira, ajusta ses lunettes sur son visage, remonta son chech anti-poussière au-dessus de son nez, et démarra en trombe.

Cet animal n'allait que lui créer des ennuis, pas besoin de 6ème sens pour le sentir.