Auteur : Victoria_p

Rating : M

Disclaimer : les personnages et l'univers dans lequel ils évoluent appartiennent à J.K. Rowling. Cette histoire appartient à Victoria_p, moi je n'ai fait que traduire.

NDT : visiblement ffnet a mal chargé mon premier chapitre (j'ai fait l'erreur de ne pas vérifier correctement, honte à moi) et a tronqué des mots et des parties de phrases, j'en suis désolée, d'autant plus que je n'ai pu corriger qu'aujourd'hui, n'ayant pas accès à internet, ni à mon pc la semaine dernière.

Merci Kuro-hagi et GredW de m'avoir prévenue (ça me fait très plaisir de voir que vous êtes toujours dans les parages, vraiment! :)


Promised Eternity
(A Ring of Endless Light Remix)

XxX

Seconde partie

XxX

Lorsque Sirius arriva, la maison était vide et les sorts qui en protégeaient l'accès avaient été changés. Il dégagea un espace près de la rampe en fer forgé, chassant la neige à mains nues, avant de s'asseoir sur le perron en grelottant de froid. Son manteau avait disparu et sa baguette avec lui. Pour autant qu'il se souvienne, il portrait les vêtements qu'il avait sur lui le jour où il était tombé à travers le voile.

Il attendit là un long moment, recroquevillé sur les marches, tentant de se rappeler que tout ce qu'il avait laissé derrière lui n'avait rien d'un simple rêve, que tout avait été réel et que, s'il avait un peu de chance, un jour, il pourrait retrouver la même vie. Mais il fallait avant tout qu'il aide Harry, peu importe comment, il devait le faire, c'était le moins qu'il puisse faire.

C'est alors que des voix parvinrent à ses oreilles, transportées par l'air glacial de cette soirée d'hiver. Fermement accrochée au bras de Bill Weasley, une Tonks enceinte jusqu'aux dents émergea du brouillard et le fixa un long moment avant de murmurer, "Sirius ?"

"Ouais," souffla-t-il, incapable d'en dire plus parce qu'une énorme boule s'était logée au fond de la gorge. Il releva la tête pour embrasser sa cousine et croisa le regard de Remus par-dessus de l'épaule de la jeune femme.

Le loup-garou se précipita sur lui, dérapant sur la neige glissante, il paraissait plus vieux, plus mince, plus morose que le Remus qu'il venait de laisser derrière lui mais il était toujours son Remus. Ou pas. Et cette pensée le tétanisa encore plus que la neige qui continuait de tomber tout autour d'eux.

Derrière Remus, se tenait un garçon avec de grands yeux verts écarquillés sous de fines lunettes rondes, Harry était figé sur place. Sirius l'observa, longtemps, il ressemblait tellement au garçon qu'il avait regardé grandir et pourtant, il avait l'air plus sage et plus triste.

Et puis il reporta son attention sur Remus, agenouillé à ses pieds, en train de rire et de pleurer, les mains agrippées à ses genoux. Sirius les saisit toutes les deux et les serra aussi fort qu'il le put, sondant les yeux brillant du loup-garou… des yeux remplis de joie, bien sûr, de chagrin et d'amour aussi, mais pas tout à fait le même amour qu'il avait l'habitude de voir.

Tout le monde se rassembla autour de lui, riant et parlant en même temps, Ron et Hermione, une poignée de Weasley, même Dumbledore. Harry attrapa l'une de ses mains et l'enferma entre les siennes.

"Sirius, oh mon dieu, Sirius," chuchota Harry près de son oreille, sa voix était pleine d'amour et de détresse et Black eut envie de pleurer."Merci seigneur, tu es revenu. Tu m'as tellement manqué." Harry n'en dit pas plus mais Sirius entendit très clairement l'implicite, J'avais tellement besoin de toi. "Ne pars plus, s'il-te-plaît ?"

"Juré," promit-il d'une voix enrouée, avant d'entraîner le garçon et le loup-garou dans une douloureuse étreinte censée calmer leurs craintes. Aucun des deux ne le lâcha du reste de la soirée et il comprenait parfaitement pourquoi –ils l'avaient cru mort et maintenant qu'il était de retour, ils voulaient être sûrs qu'il était réellement là. C'était quelque chose qu'il avait lui-même souvent fait avec James et Lily dans son autre vie.

xxx

Plus tard dans la nuit, après avoir passé des heures à discuter dans la cuisine, la plupart était parti se coucher, épuisé par des retrouvailles aussi inattendues qu'inespérées. Aux alentours de quatre heures du matin, alors que la maison dormait à poings fermés, Sirius, lui, n'arrivait pas à trouver le sommeil. Appuyé contre la tête de lit, à côté de Harry, il le regardait dormir, comme quand il était petit et qu'il avait peur de le laisser seul trop longtemps, juste au cas ou le garçon arrêterait subitement de respirer ou au cas où le monde cesserait d'être pendant qu'il avait les yeux tournés.

Assis au pied du lit, Remus les observait, il était à la fois si proche et si loin de lui. Et Black était déchiré entre les deux personnes les plus importantes de sa vie. Il voulait rester avec Harry, faire en sorte qu'il se sente aimé et en sécurité, comme il aurait dû l'être depuis toujours. Mais Sirius mourait aussi d'envie de se jeter dans les bras de Remus, de l'allonger sur les couvertures et de l'embrasser jusqu'à ce qu'ils soient tous les deux nus et exténués et tellement satisfaits.

Seulement dans ce monde, Harry n'avait personne d'autre que lui et par conséquent, il devait passer en premier.

Sirius avait alors accepté le petit mensonge qu'on lui avait servi au coucher, il avait accepté de croire qu'il n'y avait pas de draps propres, pas de chambre prête pour lui et avait accepté de dormir avec Harry. De toute façon, lui non plus ne voulait pas vraiment le laisser tout seul.

"Il a encore grandi," chuchota Sirius, la culpabilité et la peine émoussant chacun de ses mots. "Et je n'étais pas là, comme toujours."

"Il t'aime," lui assura Remus, entrelaçant leurs doigts pour le soutenir.

Cette familière intimité provoqua une série de balbutiements au fond de sa poitrine et il se cramponna à la main du loup-garou. "Dis-moi ce qui s'est passé."

Alors Remus lui raconta tout. Il n'écouta que d'une oreille, plus intéressé par la forme des lèvres de l'ancien préfet, par le timbre de sa voix, par la façon dont ses yeux et ses cheveux reflétaient la lumière des bougies, que par les effroyables détails de la guerre qu'ils menaient. Il pleura lorsque Remus lui parla des morts –tout le monde avait tant perdu et cela à cause de la folie d'un seul homme mais il restait encore beaucoup à perdre et c'était à un simple adolescent que l'ont demandait de faire pencher la balance.

Harry avait eu besoin de lui –ils avaient tous eu besoin de lui- et encore une fois, il avait failli à son devoir.

Quand Remus eut terminé, Sirius l'attira et le serra solidement contre lui, plongeant son visage au creux de son cou, un petit coin qu'il avait toujours trouvé étonnement rassurant. Remus murmura quelques mots de réconfort et l'animagus laissa ses lèvres effleurer la clavicule du loup-garou, goûtant la constellation de tâches de rousseur qui flamboyait là et le sel de sa peau qu'il connaissait si bien. Mais lorsqu'il sentit Remus se tendre au contact de ses lèvres, il dut presser violemment ses paupières pour lutter contre les larmes qui commençaient à lui piquer les yeux.

Remus avait toujours la même odeur et pourtant elle était différente, il utilisait toujours le même savon moldu, mais il n'y avait rien de Sirius dans son odeur. Durant les années qu'ils avaient passées à vivre ensemble, à dormir ensemble, à porter les vêtements de l'autre, leurs odeurs s'étaient mélangées et avaient fusionnées au point que Sirius arrivait à peine à les différencier, ils étaient SiriusetRemus, MoonyetPadfoot, mais maintenant, dans cette vie, ils ne l'étaient plus et Sirius regrettait amèrement cette perte. A présent, tout ce qu'il pouvait faire, c'était vivre dans le secret espoir qu'un jour, dans cette vie, ils le redeviendraient.

"Joyeux Noël, Remus," chuchota –t-il.

La voix de Remus était rauque lorsqu'il répondit, "Joyeux Noël, Sirius."

xxx

C'était étrange de se retrouver encore une fois coincé à Grimmauld Place, mais il n'avait nulle part d'autre où aller, et tant que Remus et Harry habitaient ici, il n'avait aucune intention d'aller vivre ailleurs. Kreacher était parti, tout comme le portrait de sa mère, et Molly et Remus en avaient profité pour transformer le vieux mausolée qu'était le manoir des Black, en une demeure presque chaleureuse.

Parfois il s'emmêlait les pinceaux et oubliait que cette vie n'était celle qu'il avait longtemps vécue. Il évoquait des choses que Harry n'avait jamais connues, il lui rappelait des anniversaires, des noëls ou des réunions de familles auxquels le garçon n'avait jamais participé. Le jeune Potter semblait lui pardonner ces défaillances et Sirius essayait autant que possible de faire attention avant de parler. La plupart du temps, après avoir fait allusion à l'un de ses autres souvenirs, il se transformait en Padfoot, sachant très bien que personne ne pouvait résister à l'énorme chien noir et surtout, que personne ne s'attendait à ce qu'un animal réponde à des questions.

La première fois que Sirius posa les yeux sur la cicatrice de Harry depuis son retour, son souffle se bloqua dans sa gorge et il ne put retenir ses tremblements quand il la frôla du bout des doigts. Mais lorsque l'erreur qu'il avait commise et tout ce qu'elle leur avait coûté lui revint en mémoire, il fut contraint d'éloigner brusquement sa main du front de son filleul.

Mais parmi la quantité de lapsus qui lui échappaient, ceux concernant Remus étaient les plus fréquents et, Sirius était bien obligé de l'admettre, les plus délibérés. Il n'arrivait pas à se contenir en sa présence et de toute façon, il n'en avait pas envie. Souvent, tard dans la soirée, l'animagus posait sa tête sur l'épaule ou sur la poitrine de son ami pendant que ce dernier lisait ; il laissait ses doigts effleurer la courbe de ses fesses ou la peau de sa nuque quand il passait près de lui, et chaque fois qu'il devait prendre appui pour attraper quelque chose que le corps de Remus cachait, sa main se nichait avec nonchalance sur la hanche du loup-garou, rétrécissant toujours plus l'espace qui les séparait. Comme à son habitude, Lupin réussissait à conserver son sang froid, mais, parfois, Sirius pensait le sentir haleter et il considérait ces moments comme des victoires. C'est alors qu'un sentiment de culpabilité l'envahissait et qu'il s'écartait, parce qu'il n'avait pas le droit de toucher Remus comme ça, ce n'était pas correct, pas juste, pour aucun d'eux. Mais il n'arrivait à trouver ni les mots ni ce satané courage gryffondorien pour avouer à Remus ce qu'il ressentait, ce qu'ils étaient devenus l'un pour l'autre dans son autre vie. S'il l'avait fait, il aurait dû expliquer tout le reste et il n'était pas encore prêt pour ça.

Il mit ses craintes de côté quelques jours, se contenant d'être là pour Harry et Remus, réapprenant les détails de cette vie et tentant de la rendre plus supportable –plus agréable- pour chacun d'entre eux.

Mais le temps filait vite. Harry allait bientôt retourner à l'école et il méritait une explication, encore plus que Remus. Pourtant, il savait qu'il parlerait d'abord à Remus, parce qu'il comprendrait, saurait comment donner du sens à tout ça, et même s'il ne pouvait pas, au moins, il le croirait et c'était ce dont Sirius avait besoin pour rester lucide, presque plus que n'importe quoi d'autre.

Il trouva Remus dans le salon, confortablement installé dans un large fauteuil en cuir vert, tout près du feu ; les flammes se reflétaient dans ses lunettes et donnait à ses cheveux une éclatante couleur cuivrée. L'homme était en train de lire, ses longs doigts caressant distraitement la reliure de son livre, et une pointe de jalousie transperça le cœur de Sirius.

"Il faut que je te parle," lâcha-t-il sans préambule, déterminé à empêcher sa voix de trembler aussi nerveusement que ses mains.

"D'accord," répondit calmement Remus qui referma son livre après en avoir marqué la page, puis il ôta ses lunettes d'un geste lent et mesuré, comme s'il avait affaire à un petit animal terrifié.

Sirius s'enfonça dans le fauteuil qui faisait face à celui de Remus et pressa ses paumes contre ses yeux en exhalant longuement. Par où commencer ? se demanda-t-il. Et comment ?

C'est alors que Remus se pencha en avant, lui saisit doucement les mains et les posa sur ses genoux avant de les recouvrir des siennes, le regard inquiet.

"Tu veux quelque chose ?"

Toi, songea Sirius. C'est toi que je veux, plus que n'importe quoi. Il secoua la tête. Il ne pouvait définitivement pas commencer de la sorte. Il ouvrit la bouche, mais rien ne sortit.

"Du thé ? Une couverture ? Est-ce que tu as froid ?" continua-t-il comme Sirius ne répondait pas.

Après une longue pause, Sirius soupira et accepta l'offre de Remus, "Du thé. Ça me laissera un peu de temps pour réfléchir."

Remus se leva alors et rejoignit la cuisine pour faire chauffer la bouilloire, tandis que Sirius pestait contre son manque de préparation, pourquoi n'avait-il pas pensé à ce qu'il allait lui dire avant. Il avait toujours été doué avec les mots, doué pour inventer des excuses en une fraction de seconde, pour embobiner les professeurs et les dissuader de le coller en retenue, doué pour attirer des problèmes à James ou pour faire sortir Remus de ses gonds. Et maintenant, alors qu'il avait atrocement besoin de son talent d'orateur, ce dernier l'avait abandonné, et tout ce qu'il arrivait à faire, c'était retourner les deux mêmes phrases dans sa tête, Je suis désolé, et, S'il te plait, cois-moi, encore et encore.

Le temps que Remus réapparaisse avec le plateau à thé, Sirius s'était presque convaincu qu'il pouvait le faire. Après tout, il l'avait déjà fait auparavant. Il avait pris possession de sa vie derrière le voile avec un vif empressement et n'avait pas daigné regarder en arrière, pensant que tout avait changé en même temps que lui. Il ne s'était pas rendu compte que Remus et Harry et le monde des sorciers en entier étaient toujours là, quelque part, et qu'ils continuaient de payer pour ses erreurs.

Remus lui tendit une tasse et Sirius avala une gorgée, avant de plisser le nez avec une grimace et de verser machinalement une cuillère de sucre dans son thé. Lorsqu'il releva les yeux, il trouva le loup-garou en train de froncer les sourcils. Encore une autre maladresse, tellement petite et en même temps tellement parlante.

Il haussa une épaule, gêné. "Je sais. D'habitude, je ne rajoute jamais de sucre, désolé."

"Pas de douceur pendant douze ans, je suppose que n'importe qui serait en manque," murmura Remus avec un léger sourire énigmatique.

Sirius lâcha un rire bref. "Oh. Non. Non, ce n'…" Il s'interrompit, laissant ses explications en suspens et glissa une main devant ses yeux, parce qu'il avait besoin de réfléchir et qu'il n'y arrivait pas, pas tant qu'il voyait l'inquiétude dans les yeux de Remus, pas tant qu'il mourait d'envie de le toucher, de l'embrasser, de lui faire l'amour. Il soupira de façon saccadée et reposa doucement la tasse, espérant que Remus ne remarquerait pas les tremblements de ses mains.

Mais bien sûr, Remus le remarqua. Le salaud. Il avait toujours été odieusement observateur. Doucement, il posa sa main sur le bras de Sirius.

"Est-ce que tu vas bien, Sirius ? Dis-moi la vérité ?"

Sirius prit une autre bouffée d'air et laissa retomber ses mains. "Non," finit-il pas lâcher. "Non. Je… deux ans ?" Cela semblait si long et en même temps si court comparé à ce qu'il avait vécu là-bas.

"Oui," murmura Remus en se retournant vers la table basse. Et Sirius eut tout à coup une folle envie de rire à la façon dont l'ancien préfet se saisit d'un dessous-de-verre avant d'y déposer sa tasse, par pur réflexe."Deux années très difficiles."

"Je…" Il s'interrompit. Remus n'avait pas besoin d'une autre excuse, il avait besoin de la vérité, il méritait la vérité. "Tu crois que je suis dingue ?"

"Bien sûr que non," s'empressa de répondre Remus, mais il n'était pas très convaincant. "Pas vraiment dingue. Tu es… tu es parti pendant deux ans. C'est naturel de se sentir un peu déconnecté, tout le monde a changé et grandit et..."

"Je ne suis pas aussi atteint que ça," rétorqua-t-il, irrité par la retenue de son ami.

"Vraiment ?" Sirius lui lança un regard sévère et Remus haussa les épaules, pas le moins du monde intimidé. "Qu'est-ce qu'il s'est passé, Sirius ? Là-bas ?"

Il n'y avait pas façon simple de répondre à cette question. Remus tendit la main vers lui et entrelaça leurs doigts, espérant sans doute le rassurer, et le cœur de Sirius manqua un battement, le contact était à la fois tellement familier et tellement différent.

"Le voile," commença-t-il avec hésitation, ne sachant pas vraiment comment expliquer. "Ce n'est pas… il faut d'abord que tu comprennes qu'il n'a rien de bon ou de mauvais."

Remus acquiesça d'un signe de tête. "Okay."

"Il existe pour équilibrer l'univers. Dumbledore pensait qu'il faisait office de passage vers l'enfer, mais ce n'est pas ça, il…" Il s'interrompit et Remus patienta sans dire un mot. Il essaya de se rappeler les très sommaires explications des deux hommes qui l'avaient ramené et reprit maladroitement. "Dans notre monde, Voldemort a créé le chaos et le voile existe pour l'en empêcher."

"J'ai peur de ne pas te suivre."

"J'ai..." tenta Sirius, avant de fermer les yeux et de serrer la main de Remus. "Le voile s'est servit de moi comme d'un pion. Il a choisi la pire décision de ma vie et m'a montré ce qui se serait passé si je ne l'avais pas prise. Il m'a envoyé dans là-bas avec l'idée que je ferai n'importe quoi pour créer un monde… différent du notre."

"La pire décision de ta vie ?" répéta Remus.

Sirius resta silencieux un moment, les paupières closes, il attendait que Remus comprenne ce dont il parlait. Il ne lui fallut pas bien longtemps.

"Si tu étais resté le gardien du secret," chuchota Remus.

"Ils ne seraient pas morts," termina brusquement Sirius en trouvant finalement le courage de regarder Remus dans les yeux. "James a tué Voldemort, avec Lily et Dumbledore. Et toi…" Il leva le bras et posa sa main sur la joue de Remus, laissant son pouce tracer doucement la courbe de sa pommette, et Remus donna l'impression de suffoquer avant de se figer, la valse des flammes dans la cheminée lui donnait un air étrangement méfiant, rappelant une nouvelle fois à Sirius qu'un mur les séparait. A nouveau, il se maudit d'avoir oublié que dans cette vie, ils n'étaient rien de plus que de bons amis. Il écarta vivement la main du visage du loup-garou et déglutit difficilement, gêné par la boule qu'il avait au fond de la gorge. Sa voix rauque était emplie d'un mélange de fierté et de peur quand il avoua,"Tu es… tu as fait semblant d'être le gardien du secret et les mangemorts ont passé des heures à te torturer pour te faire parler. Après ça, tu es resté plusieurs jours à St. Mungo… Tu as raté un tas de fêtes géniales pendant que tu te faisais dorloter par les infirmières." Tenta-t-il de plaisanter pour refouler les picotements qui lui montaient aux yeux. "Idiot."

Remus lâcha un petit rire. "Tu sais bien que je rate toujours les trucs intéressants," se désola-t-il en secouant la tête. "Mais je comprends maintenant." murmura-t-il tristement. "C'est pour ça que tu regardes Harry de façon étrange."

"Il n'avait pas de cicatrice. C'était un monde complètement différent, Moony, une vie entièrement différente."

Remus inspira brusquement. "Oh, Seigneur, Sirius, je suis tellement désolé."

"Moi aussi." Il remua dans son fauteuil et se pencha en avant, assez pour sentir le souffle du loup-garou sur son visage."J'aimerais..."

"Ça ne sert à rien de ressasser tout ça," chuchota Remus. Il leva une main, comme s'il voulait caresser les cheveux de Sirius, mais la laissa tomber avant de les avoir toucher. Alors Sirius eut envie de geindre et de supplier Remus de poser ses longs doigts tachés d'encre sur sa peau, comme avant. "La vie ne serait pas ce qu'elle est si on prenait toujours les bonnes décisions. Tout ne peut pas être parfait."

"Mais ça l'était," protesta Sirius, assaillit par les souvenirs, avant de baisser les yeux sur leurs doigts entrelacés. "Merlin, Moony, tu m'as dit... Toi et moi… On..." Sa voix se brisa.

"Quoi ? Toi et moi, quoi ?" réclama, presque frénétiquement, Remus.

Sirius redressa la tête, essayant de faire passer tout l'amour qu'il portait à cet homme dans un seul regard. A ce moment précis, il souhaita plus que tout être Legilimens, avoir le pouvoir de montrer à Remus ce qu'ils avaient vécu ensemble, le bonheur qu'ils avaient partagé durant toutes ces années. Il s'avança un peu plus et glissa une main sur l'épaule de l'ancien préfet, appréciant la chaleur de son corps à travers le tissu de sa chemise. Il inclina la tête, ferma lentement les yeux et savoura la douce caresse que provoquait la respiration de Remus sur ses lèvres.

Soudain, il se recula, arrachant presque sa main de celle du loup-garou, avant de secouer la tête. Il ne pouvait pas faire ça, il ne pouvait pas le forcer de la sorte. Il ne savait pas si Remus l'aimait encore, de très longues années s'étaient écoulées depuis la première guerre, Merlin, il ne savait même pas si l'homme qui se tenait devant lui aujourd'hui l'avait un jour aimé.

"Sirius ? Je ne suis toujours pas sûr de comprendre."

Sirius laissa échapper un rire bref et tranchant parce que, comme toujours, Remus savait qu'il lui cachait quelque chose. "'Il y a plus de choses dans le ciel et sur la terre que n'en rêve ta philosophie.'"

"Exact," approuva Remus avec un sourire tremblant et un regard hésitant. Son Moony avait toujours été méfiant, mais jamais avec lui, et le voir sur ses gardes à cause de lui, lui fit mal.

Sirius se ressaisit et décida de se lever. "Je crois que je vais aller me coucher." Il était tenté de se retourner pour demander à Remus de le rejoindre, mais il ne dit rien. Quand il osa finalement regarder derrière lui, il trouva le loup-garou figé dans son fauteuil, les yeux perdus dans le vide la lumière des flammes dansait sur son visage, le faisant ressembler à une statue sculptée dans le bronze.

xxx

Cette nuit-là, allongé sous les couvertures, tandis qu'il cherchait désespérément à s'endormir, il songea qu'il pourrait peut-être essayer d'éviter Remus pendant quelques jours. En théorie, c'était faisable, étant donné la taille de Grimmauld Place et la détermination de Harry à ne pas le lâcher d'une semelle durant la journée. Mais Remus vivait ici depuis plus de deux ans et la demeure commençait à s'habituer à lui, à accepter la complexité de sa personnalité. Sirius avait trouvé de curieuses traces de sa présence un peu partout dans la maison ; un pain de savon Ivory traînant dans la salle de bains, des livres empilés sur des tables et des chaises au lieu d'être soigneusement rangés dans la bibliothèque, de la musique moldue diffusant à travers le salon ou la cuisine, souvent accompagnée de la voix cassée de Remus.

Aujourd'hui, cette maison appartenait plus à Remus qu'à lui, même si elle ne lui avait jamais vraiment appartenu, et il se rendit compte que pour la première fois de sa vie, il désirait posséder cette maison, parce qu'elle appartenait à Remus et que Remus lui appartenait.

Il n'avait plus qu'à passer au plan B. Sirius n'avait jamais été doué pour élaborer des plans de secours, alors son plan B n'en était pas réellement un, mais c'était tout de même mieux que de rester allongé dans le noir, tout seul, incapable de dormir parce qu'il ne pouvait pas dire la vérité à Remus.

Si quelque chose ne pouvait être évité, alors il fallait l'affronter et de préférence, le plus tôt possible. Sirius n'avait jamais aimé attendre que les choses arrivent d'elles-mêmes, il était du genre à agir d'abord et à réfléchir après, un défaut qui lui avait causé bien des problèmes aussi loin qu'il s'en souvienne. Il n'y avait que deux issues possibles à ce qu'il s'apprêtait à faire : si Moony le rejetait, sa vie s'arrêterait, il en aurait le cœur brisé et même s'il n'en mourrait pas à proprement parlé –il l'avait compris à Azkaban– il savait que le désir finirait par lui faire lentement perdre la raison ; mais si Moony l'acceptait, alors, il n'aurait plus jamais à se coucher seul, assaillit par une montagne de doutes.

Il descendit de son lit et enfila quelques vêtements.

Il longea le couloir jusqu'à la chambre qu'ils avaient partagé après son retour, quand ni Remus ni Harry n'étaient décidé à le quitter des yeux à part pour utiliser la salle de bains.

Remus avait remonté les draps jusque sous son menton et s'était endormi sur le côté, recroquevillé comme un enfant, sa main dépassant du bord du lit et pendant dans le vide. Il avait l'air plus jeune dans son sommeil, il semblait moins abîmé ainsi bercé par les quelques rayons de lumières qui avaient réussissaient à traverser les rideaux pourtant tirés de son lit à baldaquin. Remus n'avait jamais aimé dormir au clair de lune.

Sirius s'installa prudemment sur le lit, juste à côté de lui, essayant de ne pas le déranger. Il s'allongea sur un coin de matelas, le coude enfoncé dans un des oreillers, le poignet cassé pour soutenir sa tête, et l'observa un moment, émerveillé par le son de sa respiration, par la façon dont sa main agrippait et relâchait les couvertures, par le frémissement de ses cils et la courbe de ses lèvres qui adoucissaient les traits quelques peu saillants de son visage.

Après une brève hésitation, il tendit la bras et écarta doucement quelques mèches des paupières closes de Remus, lequel se réveilla aussitôt.

"Sirius ?" marmonna-t-il d'une voix endormie. "Quelle heure il est ?"

La question était simple et directe, mais pour Sirius, le sous-entendu était évident, Qu'est-ce que tu fais là ?

"Il est tard. Ou tôt, ça dépend de quel point de vue tu te places," répondit Sirius d'une voix enrouée. "Il faut que je te parle de quelque chose."

Remus se redressa et Sirius le vit plisser les yeux dans le noir. "Oui ?" Il tripota la manche de la chemise blanche dans laquelle il s'était endormi, rattacha quelques boutons qui s'étaient défait et passa une main dans ses cheveux désordonnés par un sommeil agité.

Sirius se releva aussi, puis s'adossa à la tête de lit, les pupilles rivés sur ses doigts. "Je n'ai pas été complètement honnête tout à l'heure."

Remus lui offrit sciemment un petit sourire mutin, rappelant à Sirius quels gamins espiègles ils avaient été. "Ah oui ?"

"Je..." Il se frotta le front avant de se pincer l'arrête du nez. "Je voulais..."

Remus soupira et posa une main sur son épaule. "Sirius, ça va aller."

"Non, ça ne va pas aller," gronda désespérément Sirius en plongeant son regard dans celui de son ami. "Tu ne comprends pas. Tu ne peux pas comprendre."

"Non," se désola Remus, laissant l'animagus le maudire d'être aussi sage, "mais tu pourrais au moins me laisser essayer."

Ils se fixèrent l'un l'autre dans l'obscurité pendant un long moment.

Finalement, Sirius se lança, "Je prends mon thé avec autant de sucre que toi parce qu'on vivait ensemble."

"Oh," s'exclama Remus, l'air surpris. "Okay."

Sirius grogna de frustration, parce que visiblement, Remus ne comprenait pas ce qu'il essayait de lui dire. Peut-être qu'il n'était pas encore tout à fait réveillé, d'habitude il saisissait beaucoup plus vite que ça. "Non, je veux dire, on vivait ensemble."

Remus se figea, exactement comme il l'avait fait un peu plus tôt dans la soirée. "Je ne... je ne suis pas sûr de comprendre," articula-t-il d'une voix étranglée.

"Tu m'as avoué que tu m'aimais le jour des deux ans de Harry," admit doucement Sirius, avant de fermer les yeux et de se laisser emporter par ses souvenirs. "On était pratiquement mariés l'année d'après."

"Ah. Ça explique beaucoup de choses en fait." Le loup-garou semblait… amusé, mais il y avait autre chose sur son visage, quelque chose que Sirius n'arrivait pas à cerner. Et bien que l'amusement n'était pas vraiment la réaction qu'il avait espéré, il supposa que c'était toujours mieux que de se faire chasser du lit à coups de pied, alors il poursuivit.

"Je sais que si tu m'aimais vraiment, c'était il y a longtemps, et je ne m'attends pas à ce que tu ressentes encore quelque chose. Peut-être même que tu n'as jamais rien éprouvé pour moi dans cette vie… Mais, je me disais que tu avais le droit de savoir."

"D'accord."

"Et si j'ai dit ou fait quelque chose qui t'as déplu depuis que je suis revenu, j'en suis désolé." Sirius se força à sourire, même si le cœur n'y était pas. "Tu es difficile à oublier. J'aimerai..."

"Tu aimerais ?" demanda doucement Remus.

Il y avait une certaine attente dans cette question et Sirius ne put réprimer l'espoir qui gagna son coeur. "Je sais que ça fait longtemps," continua-t-il avec un rire incertain. "Mais... seigneur, j'aimerai tellement que tu ressentes ce que je ressentais là-bas." Il déglutit avec difficulté. "Ce que je ressens maintenant."

"Aimer quelqu'un pendant vingt ans, c'est une éternité," murmura Remus.

Cette fois, le rire de Sirius oscilla entre l'espoir et l'amertume. "Je ne m'attends pas à ce que tu ais été aussi patient."

Remus secoua la tête. "J'ai dit que c'était une éternité. Je n'ai pas dit que j'avais cessé de t'aimer."

L'animagus fixa longuement Remus et malgré l'obscurité, il savait très bien que le désir qu'il pouvait lire dans les yeux de Remus reflétait parfaitement bien le sien. Alors Black bascula en avant et se jeta désespérément sur les lèvres du loup-garou, comme s'il avait le pouvoir de noyer Remus sous un déluge de souvenirs de leur vie à deux, rien qu'avec la chaleur de sa bouche et le glissement de sa langue contre la sienne.

Le baiser était aussi intime que les milliers d'autres qu'ils avaient déjà échangés au cours des années, et pourtant, il était différent, presque comme leur premier baiser, parce que ce Remus ne l'avait jamais embrassé auparavant. Il usa de toute son expérience pour faire geindre le loup-garou, frôlant son palais du bout de la langue, plongeant les mains dans ses cheveux, caressant son visage du bout des doigts pour en réapprendre les contours. Remus tremblait et gémissait contre sa bouche et Sirius fit glisser ses mains le long de sa chemise, empoignant le tissu blanc pour l'attirer encore plus près de lui, jusqu'à ce qu'ils soient pressés l'un contre l'autre et qu'il puisse sentir son coeur battre avec le sien.

Remus lui retournait ses baisers sans aucune pudeur, laissant ses mains s'égarer dans la nuque et les cheveux de l'animagus, compensant ce qu'il ignorait des goûts de Sirius par une ardeur passionnée.

Et lorsque Black finit par rompre le baiser, ce ne fut que pour enfouir son nez dans le cou du loup-garou, inspirant profondément l'odeur chaude et suave qui s'en dégageait. Il ôta les premiers boutons de la chemise qui lui faisait obstacle et posa ses lèvres sur le morceau de peau qu'il venait de découvrir, de nouveau autorisé à goûter la constellation de tâches de rousseur éparpillée sur la clavicule de Moony.

"C'était plutôt inattendu," murmura Remus contre son oreille, avant de laisser échapper un léger rire.

"Mais pas déplacé, j'espère."

"Non, pas déplacé," le rassura Remus, "mais..."

Sirius se figea. "Il y a toujours un 'mais' avec toi, Moony. Pas cette fois, s'il-te-plaît ?"

Remus secoua doucement la tête. "Je ne suis pas le même homme que celui que tu as connu dans cette autre vie."

"Et je ne suis plus le même homme que celui que tu as aimé pendant vingt ans. Mais je suis toujours moi et tu es toujours toi, Remus. Je pense que ça suffit. Ça suffit largement." Il sourit amoureusement avant de continuer. "Ça rééquilibre le monde. C'est ce que tu m'as dut la première fois qu'on a fait ça."

"Est-ce que c'était bon ?" s'enquit Remus d'une voix si rauque qu'un long frisson traversa brusquement le corps de Sirius.

"Encore mieux. A chaque fois," chuchota-t-il, à bout de souffle et engourdi par le désir. "Laisse-moi te le montrer."

Remus effleura la joue de Sirius du bout des doigts et l'animagus prit son geste pour une permission. Il repoussa Remus contre les draps, l'immobilisant d'abord avec les mains, avant de s'étendre de tout son long sur le corps de l'homme qu'il pensait avoir perdu. Grisé par le contact, il embrassa le loup-garou comme si sa bouche contenait tous les secrets de l'univers.

"S'il-te-plaît," supplia Sirius, en écrasant ses hanches contre celles qu'il dominait, et quand il sentit Remus trembler sous lui, il perdit son sang-froid. "Remus."

"Demande-moi tout ce que tu veux, Sirius," réussit-il à articuler. "Je te le donnerai."

Black glissa ses mains sous la chemise du loup-garou, caressant la peau douce de son flanc, se réjouissant des soubresauts que ses égards déclenchaient.

"Tu es tellement beau," chuchota-t-il, d'une voix grave. Il entreprit de déboutonner la chemise de Remus, aussi lentement qu'il lui était possible, jusqu'à ce que le loup-garou se cambre brusquement et laisse échapper un gémissement qui résonna à travers son sexe. Sirius abandonna alors sa besogne et ôta le vêtement sans ménagement.

"Oh, seigneur." Remus enfouit son nez dans le cou de l'animagus et ce dernier en profita pour lécher les tâches de rousseurs qui parsemaient son épaule, une main perdue dans un enchevêtrement de mèches épaisses. Sirius était subjugué par les réactions de Remus, par la délicieuse sensation que lui procurait le corps de l'homme qu'il aimait, par l'intensité qui enflammait son regard alors qu'il attirait Sirius à lui et plantait sa bouche sur la sienne.

Black s'empressa alors de fouiner le long de sa mâchoire, la respiration hachée. "Ça va ?" s'inquiéta-t-il contre la joue de Remus, adorant la rudesse de sa barbe naissante sur la pulpe de ses lèvres.

"Ça fait longtemps," avoua Remus.

"Ne me demande pas d'être désolé, s'il-te-plaît," implora Sirius, tandis qu'une irrépressible vague de jalousie l'engloutissait. "Je crois que je ne pourrai pas supporter l'idée que quelqu'un d'autre te touche."

"Je ne veux personne d'autre que toi de toute façon," répliqua Remus en soulevant les hanches.

"Parfait," approuva fièrement Sirius avant de laisser ses doigts courir sur le torse et le ventre du loup-garou, admirant les muscles tressaillir sous la peau pâle. Il y avait là des cicatrices qu'il ne reconnaissait pas et il réalisa alors qu'elles provenaient sûrement des douze années qu'il avait passées à Azkaban. Le cœur serré, il se pencha et embrassa doucement chacune d'elles, dessinant du bout de la langue, des excuses et des promesses sur la chair marquée, souriant comme Remus se tortillait à son contact.

"S'il-te-plaît," haleta Remus.

"Chhuut," tenta de le calmer Sirius tandis qu'il faisait glisser ses paumes sur les cuisses de Lupin, profitant de ces caresses pour tirer sur le caleçon qui lui barrait la route. Remus s'agita alors pour se débarrasser de l'encombrant sous-vêtement et arqua le dos, heurtant brutalement le corps de l'animagus et lâchant une plainte sourde lorsque l'autre homme enroula ses doigts autour de son érection.

"Dis-moi ce que tu veux," réclama tout bas Sirius, ponctuant chacun de ses mots en déposant un baiser brûlant le long de la gorge du loup-garou. "N'importe quoi, tu l'auras."

"Toi," gémit ce dernier. "Oh, seigneur, Sirius. C'est toi que je veux."

Black le dévorait des yeux, dégustant chaque coup de rein, chaque gémissement, jusqu'à la délivrance, jusqu'à ce qu'il se laisse complètement aller dans les bras et sur la main de Sirius.

Sirius l'attira près de lui, pressant ses lèvres contre sa tempe et ses cheveux, submergé par un flot d'amour et de gratitude, satisfait d'avoir au moins le pouvoir d'apporter un peu de bonheur à son amant même après toutes ces années.

"Oh, Seigneur," geint de nouveau Remus, après avoir recouvré ses esprits. Il tendit une main tremblante jusqu'au visage de l'animagus et l'entraîna dans un profond et enivrant baiser. "Je suis désolé," marmonna Remus entre deux étreintes. "J'aurai dû te le dire, j'aurai dû faire quelque chose, j'aurai dû t'embrasser."

"Moi aussi," regretta Sirius, avant de haleter dans la bouche de Remus alors que les mains du loup-garou s'affairaient sur sa ceinture et finissaient par baisser son pantalon.

"Vingt ans c'est très long, j'ai eu le temps de réfléchir," chuchota Remus au creux de son oreille. "Je sais ce que je veux."

"Dis-moi," le pria Sirius, hoquetant lorsqu'un pouce frôla le bout de son sexe avant de s'insinuer entre ses lèvres.

Le ton de Remus était empreint de passion et d'une certaine perversion qui plut aussitôt à l'animagus. "J'ai envie de toi. J'ai envie de te faire jouir et je veux que tu gémisses mon nom quand tu le feras."

"Seigneur, oui," gronda Sirius. "S'il-te-plaît."

Au début, Lupin était hésitant, il le touchait tellement lentement, tellement précieusement qu'il crut mourir de frustration. Ils roulèrent sur le matelas et Remus le maintint fermement, embrassant sa clavicule, mordillant la chair tapie au creux de son cou et laissant ses doigts traîner sur la peau nue de l'animagus comme s'il voulait mémoriser chaque centimètre de son anatomie.

"Tu m'appartiens," murmura Remus, d'une voix basse et abîmée.

"Oui, je suis à toi," se soumit Sirius en offrant sa gorge sans pudeur. Voilà pourquoi on l'avait renvoyé, c'était pour ça, autant que pour le reste, et si Remus avait besoin de dominer, de prendre son temps, alors il obéirait volontiers à chacun de ses ordres. Il chercha frénétiquement un oreiller à caler sous ses fesses et se livra aux crocs du loup-garou.

Remus caressa les cuisses fermes et moites qui lui avaient toujours fait envie et Sirius arqua à son tour le dos, poussant un profond grondement désespéré, suppliant avec son corps et sa voix. Son érection était fièrement dressée, réclamant l'attention de Remus, et le désir bouillait dans ses veines, faisant frissonner sa chair.

"Remus, s'il-te-plaît," chuchota Sirius en ondulant les hanches.

Et alors l'animagus faillit s'étrangler lorsque Lupin murmura un sort et tendit le bras vers la table de nuit pour attraper le tube doré qui s'envola jusqu'à sa main. Le liquide luisait dans la pâleur de la chambre et Sirius eut beaucoup de mal à déglutir en imaginant ce qui allait se passer son regard était rivé sur Remus, appréciant l'endurance du loup-garou tandis qu'il lubrifiait lentement toute la longueur de son sexe d'une main experte.

"Putain, Remus," grogna-t-il.

"Ca va ?" demanda Remus entre deux baisers, avant d'écarter un peu plus les jambes de Sirius.

Mais lorsque le loup-garou insinua ses doigts dans son corps, Black perdit toute faculté de parler, abandonnant seulement une faible plainte alors que ses paupières se refermèrent brusquement. La respiration de Remus était hachée et Sirius voulait voir chaque geste, chaque expression sur son visage, alors il se força à ouvrir les yeux, luttant contre l'enivrant plaisir que lui infligeait Remus.

"Maintenant," haleta Sirius d'une voix rauque. "Maintenant, Remus. S'il-te-plaît."

Lupin ne se fit pas prier plus longtemps, il retira ses doigts et s'installa entre les cuisses de l'animagus. Et puis lentement, Remus glissa en lui, le pénétrant avec une telle… oooh… douceur, et Sirius se délecta de l'instant, de la sensation d'être à nouveau entier, de retrouver ce qu'il craignait par dessus tout de ne plus jamais posséder.

Remus frissonna et s'enfonça plus durement, forçant Sirius à creuser l'échine pour mieux l'accueillir. "Oui," gémit-il, "s'il-te-plaît," et, "putain, Remus," étaient les seuls mots qu'il arrivait à articuler tandis qu'ils bougeaient l'un avec l'autre, noyés sous la chaleur, la moiteur et l'amour. Remus se pencha et l'embrassa avidement, avalant ses paroles et l'air qu'il respirait, les remplaçant par d'autres mots -tu m'appartiens, je suis à toi, pour toujours- et un air plus intime, un air qui avait un goût de MoonyetPadfoot saupoudré de magie.

"Sirius…"chuchota Remus en se retirant doucement.

Sirius se réinstalla un peu mieux et lorsque Remus donna un coup de reins plus rude, plongeant encore plus loin, la vision de Sirius s'enflamma de plaisir. Il réclama, implora, supplia d'en avoir plus et Remus hoqueta avant de continuer sa danse. Sirius laissa sa tête retomber contre les oreillers, incapable de garder les yeux ouverts plus longtemps, de supporter le feu et la pression qui l'étouffaient, trop près du point de rupture qu'il était.

"Trop… bon, oooh… putain, Rem… Remus…" bafouilla-t-il d'une voix enrouée, alors qu'il se cambrait, recherchant toujours plus de contact, les doigts plantés dans la chair du loup-garou.

Remus accéléra le rythme, resserrant sa prise sur l'épaule de Sirius, l'obligeant à ouvrir les yeux pour accrocher le regard brûlant qu'il lui jetait.

"Allez, Sirius," gronda le loup-garou. "Viens pour moi."

"Remus," pantela-t-il, agrippant l'ancien préfet tandis qu'un brasier consumait son bas-ventre, dévorant ce qui lui restait de lucidité jusqu'à ce qu'il finisse par exploser, l'extase coulant à flots à travers ses veines, puis entre leurs corps.

Remus le suivit un instant plus tard, avec un grognement étouffé, avant de s'effondrer sans grâce sur lui. Doucement, Sirius lui caressa les cheveux, inspirant profondément l'odeur familière qui se dégageait de la peau de son amant. Et puis soudain, sans crier gare, il sentit des picotements lui monter aux coins des yeux, alors il ravala discrètement ses larmes avec un petit reniflement, rêvant de pouvoir rester dans ses bras éternellement.

Il sentait le sommeil l'emporter peu à peu, parfaitement ravi de ne plus avoir à bouger, du moins pas avant d'être sûr d'être prêt pour un autre round, lorsqu'il entendit Remus murmurer un sort de nettoyage et rouler sur le côté. Les yeux du loup-garou ne quittèrent pas son visage tandis qu'il passait ses doigts entre les mèches de l'animagus, laissant sa main voyager le long de sa mâchoire et redescendre dans son cou.

"Remus," chuchota Sirius, en appuyant sa joue contre la paume de Remus. "Mon Moony."

"Oui." Une affirmation, une confession, la réponse à ses prières secrètes.

"Tu n'as pas l'intention de me jeter dehors, pas vrai ?" demanda-t-il en usant du regard de chiot qui l'avait toujours aidé à se sortir des ennuis.

Remus lâcha un bref rire. "Non, Sirius. Je t'en prie, reste avec moi."

Sirius l'entraîna vers lui et le serra contre sa poitrine. Il écouta sa respiration, ralentissant la sienne pour qu'elles se fondent l'une dans l'autre, puis il entrelaça leurs doigts et courba l'échine pour protéger le loup-garou du froid qui les entourait.

"Tu ne l'as pas dit, tu sais," marmonna Remus longtemps après que Sirius le cru endormi.

L'animagus se redressa pour le regarder droit dans les yeux. "Quoi, que je t'aime? Je t'aime. De tout mon coeur. Et toi, est-ce…"

"Je t'aime," répondit Remus avant même qu'il ait pu terminer sa question. Puis il attira le visage de son amant jusqu'à lui, "Je peux même te le jurer," avant de sceller intimement leurs lèvres.

Sirius lui retourna son baiser, ainsi que la promesse. Un serment qu'il avait bien l'intention de tenir.

-end