Par où commencer?

Il s'appelait Sherlock, il était le détective le plus connu de Londres, du monde, tout le monde disait qu'il était dur, que c'était un psychopathe, qu'il n'avait d'yeux que pour le travail, qu'il n'avait pas de tact, qu'il était sans cœur, sans code moral... En ce qui me concerne, il était mon parrain, il l'a été pendant longtemps jusqu'à en devenir un père, un papa, mon papa. Si j'écris cette lettre, ce n'est pas pour faire comme mon père, le Docteur John Watson, mais pour rétablir une vérité bien trop souvent oubliée. Je vois les titres des tabloïds: "Le grand Sherlock Holmes est mort!" / "Mort du célèbre détective de Baker Street" / "Mort d'un psychopathe!". Ainsi voici comment est résumée la vie de mon père. Pourtant je n'ai pas le souvenir qu'il ait été un jour détective, encore moins psychopathe. Jamais je ne connaîtrais d'homme plus aimant, plus attentionné, plus tendre, plus doux que mon père.

Je me souviens des longues soirées au coin du feu à Baker Street, où nous jouions au scrabble, aux échecs alors que la pluie tombait au dehors, martelant les pavés gorgés d'eau de la rue. Je me souviens de ces nuits d'insomnies passées à ses côtés, à l'écouter jouer du violon dans l'espoir de me faire dormir avant l'école le lendemain. Je me souviens de son sourire si beau et puissant quand je le rendais fier. Je me souviens de l'odeur du tabac au petit matin et qu'il prenait son café dans le salon, à la recherche d'un nouveau travail. Je me souviens des messes basses entre mes pères quand je ramenais une mauvaise note, ou quand je me suis faîtes punir à l'école. Je me souviens de ses élans de tendresse sans aucune raison, en me prenant dans ses bras pour un câlin. Je me souviens de ses mots doux au moment du couché, narrant une de leurs aventures.

Il s'appelait Papa, il est parti, je l'ai perdu, je l'aimais et il me manque.

Rosie Watson - Holmes