MÉLUSINE
Résumé :
La guerre est finie et ça devrait être le retour à la normale pour les étudiants de Poudlard. Pourtant, Harry est persuadé que Malfoy mijote quelque chose, ses absences sont inexplicables et personne ne sait ce qu'il trafique hors de son dortoir. Contre l'avis de Ron et d'Hermione, Harry décide d'en apprendre un peu plus...
Harry X draco : raiting T
beta lectrice : Sama66, Un grand merci à elle pour la correction et le coup main !
Chapitre 1
- Nott.
- Présent.
- Parkinson.
- Présente.
- Weasley... Weasley ?
Hermione donna un coup de coude à Ron pour qu'il se réveille.
- Je déteste les poireaux, glapit Ron en faisant rire ses camarades de classe.
Le Professeur Fauconnet lui lança un regard sévère par dessus ses petites lunettes.
- Ce n'est pas une raison valable pour être inattentif en cours.
Ron baissa la tête, penaud.
- Désolé M'dame.
- Bien, reprenons. Parvati ?
- Présente
- Potter.
- Présent.
- Malfoy.
La sorcière balaya la salle du regard.
- Draco Malfoy ? Insista-t-elle.
Il y eut un vent de murmures dans la classe. Harry, la tête posée sur son coude, jeta un coup d'oeil à Pansy Parkinson qui haussait les épaules au premier rang. Ces derniers temps, Malfoy se montrait de moins en moins souvent en cours. Personne n'avait l'air de savoir ce qu'il trafiquait, pas même ses amis de Serpentard. Pourtant, Harry avait surpris une conversation sur le quai de la Gare entre Malfoy père et fils. Bon, en fait il s'était carrément caché derrière un chariot pour écouter ce qu'ils se disaient. Vieux réflexe. Il était presque sûr d'avoir entendu Draco promettre qu'il ferait tout pour passer ses ASPICS dans les meilleures conditions et obtenir un Optimal dans toutes les matières. Clairement, ce n'était pas de cette manière qu'il allait y arriver.
Le Professeur de Métamorphose tapota sa baguette sur le bureau pour réclamer le silence. Comme ce n'était pas suffisamment efficace, elle se retroussa les manches et transforma le placard en autruche en collant une peur bleue à Lavande Brown qui s'était retournée pour discuter. Le volatile fit le tour de la salle en piaillant, toutes plumes dehors, et repris sa forme initiale contre le mur adjacent.
- McGonagall est une super Prof, mais je dois dire que j'adore le style de Fauconnet. commenta Ron en éclatant de rire.
Lavande qui l'avait entendu le dévisagea d'un air offusquée avant de lui balancer un livre de métamorphose au visage.
- Cette fille est complètement folle, se plaignit Ron pour la douzième fois depuis le début du repas.
Hermione lui tendit le plat de pommes de terre fumantes.
- Tu pourrais essayer d'avoir un peu plus de tact, parfois.
Ron pointa son nez qui avait doublé de volume. Son visage était recouvert de traces de suie qu'Hermione n'avait pas réussi à retirer à l'aide d'un sortilège.
- Elle m'a attaqué avec un livre truffé de parchemins explosifs !
- Elle ne pouvait pas savoir qu'ils seraient à l'intérieur, c'était un manuel qui traînait dans le salle depuis deux semaines.
Ron, qui n'appréciait visiblement pas le plaidoyer en faveur de Lavande, prit une pose dramatique.
- Comment tu peux dire une chose pareille ? J'aurais pu mourir, Hermione ! Dis lui, Harry !
Harry n'ajouta rien. Principalement parce que son attention était focalisée sur la table des Serpentards.
- Tu veux peut-être une paire de multiplettes ? Le taquina Ron en agitant la main dans son champ de vision.
Harry grogna et détacha ses yeux du groupe Vert et Argent. De toute façon, celui qu'il cherchait avait décidé de sauter le repas.
- La guerre n'est finie que depuis six mois, Harry, tu ne peux pas déjà retourner à tes vieilles obsessions, ajouta Hermione dans un soupir.
- Ce n'est pas une obsession !
- Quelles obsessions ? demanda Ginny en s'asseyant à côté d'eux.
Ron articula silencieusement « Draco Malfoy». Ginny le regarda avec un air compatissant.
- Ne soyez pas si critiques. Une fois sur deux Harry avait raison concernant Malfoy... À sa place, moi aussi je ferai une fixation.
- Mais je ne fais pas une fixation sur Malfoy ! explosa Harry. Je me demande juste pourquoi il ne vient plus en cours et qu'il saute les repas. D'habitude, il adore la gratin de citrouille.
Ron grimaça.
- T'as raison, ce n'est pas du tout flippant que tu saches ce genre de choses !
Puis il toussa en produisant un son qui ressemblait vachement à « obsession ». Hermione se pencha sur la table, l'air exaspéré.
- Ç'a peut-être un rapport avec le fait qu'il se fait insulter à chaque fois qu'il met un pied hors de son dortoir. C'est pourtant évident ! Arrête de penser à tout ça, Harry.
Elle n'avait pas tord, mais ça ne collait pas vraiment à la personnalité de Malfoy.
- Les trois quarts de Poudlard détestent Malfoy depuis qu'il est en première année, ça ne l'a jamais empêché de se pavaner dans les couloirs de l'école, lui fit remarquer Harry.
- Il est peut-être dans sa phase rebelle ! Suggéra Ginny.
Harry et Ron se retournèrent vers elle avec une expression dubitative. Elle coinça une mèche rousse derrière son oreille et leur exposa sa théorie.
- Après tout ce qu'il s'est passé, c'est normal qu'il remette en doute l'autorité de ses parents. Il ne voit plus sont père comme un modèle mais comme un ennemi qui est la source de ses souffrances depuis toutes ces années.
Comme Harry et Ron semblaient peu convaincus, elle reprit avec plus de conviction.
- Ce que je veux dire, c'est que la vie à Poudlard doit lui paraître bien dérisoire et futile. Peut-être que tout ce dont il a envie, c'est de changer d'air et de passer ses journées dans la Tour d'Astronomie à fumer des tocards !
Harry cligna des yeux.
- Des pétards ?
Ron se frappa le front.
- Tu devrais arrêter de lire tous les bouquins moldus que Hermione te prête ! Tu imagines Malfoy se retourner contre ses parents ? C'est impossible. Et encore moins fumer des tocards moldus !
- Des pétards, confirma Harry.
Hermione croisa les bras d'un air pensif.
- Si on y réfléchit, c'est assez plausible en fait. Je pense que la vie de Malfoy a été complètement chamboulée par la fin de la guerre.
- Alors quoi ? S'exclama Ron avec agacement, tu crois qu'il va faire comme ces mecs bizarres de Poufsouffle et jouer de la guitare au coin de la cheminée en coinçant des pâquerettes ensorcelées dans ses cheveux longs ? Ou mieux encore, qu'il s'est trouvé une petite-amie vampire ?
Un lueur brilla dans les yeux des deux jeunes filles.
- Pourquoi est-ce qu'on a pas pensé à ça plus tôt ? Chuchota Ginny.
- Pas mal le coup de la petite amie vampire, renchérit Hermione.
- Oh pitié ! Viens Harry, je ne peux plus les supporter quand elle se mettent à griffonner des insanités sur leurs parchemins !
Harry se laissa trainer par son meilleur ami vers le Hall, il n'avait pas vraiment envie de continuer cette conversation sur sa soi-disante obsession. Il n'était pas obsédé par Malfoy, bon sang ! Il avait juste pris l'habitude de faire attention aux détails et de relever tout ce qui était inhabituel. Et, jusqu'à maintenant, ça lui avait foutrement rendu service ! Ce n'était pas la faute de Harry si, d'une manière ou d'une autre, Malfoy se retrouvait toujours impliqué.
Alors Harry veillait.
C'était pour prévenir avant de guérir, pour pouvoir réagir avant que la situation ne devienne vraiment horrible. Et si Harry avait essayé de lui parler en cinquième année ? Et s'il lui avait tendu la main au lieu de lui balancer un « Sectum Sempra » dans la gueule ? Voldemort aurait probablement trouvé un autre moyen de détruire Poudlard, mais Malfoy n'aurait pas autant souffert.
C'était troublant de le voir à nouveau disparaître comme en sixième année, pourtant la guerre était finie. L'Ordre avait gagné.Même s'il y aurait toujours des rancuniers pour se rappeler que sa famille avait jouer un rôle majeur, le monde des sorciers finirait par oublier.
Ron arrêta de monologuer sur les goûts littéraires de sa soeur et pénétra dans l'infirmerie. La mastication difficile et douloureuse du ragout avait fini par le convaincre d'aller se faire rafistoler par Madame Pomfresh. La pièce sentait le désinfectant et la potion Poussos. Ron s'avança avec assurance et poussa le rideau où la silhouette de l'infirmière se détachait en contre jour.
Il tomba sur le regard inquisiteur de Madame Pomfresh qui était en train d'examiner un élève.
- On ne t'a jamais appris à frapper avant d'entrer, Weasley ? Lui lança Malfoy d'un air irrité
- C'est un rideau, Malfoy.
Malfoy détailla Ron de la tête au pied. Il ricana à la vue du bas de son visage calciné et couvert de suie.
- T'as essayé de raviver les braises en plongeant ta tête dans la cheminée ? Tu sais que tu peux utiliser ta baguette pour ça ?
Il se tut en remarquant la présence de Harry légèrement en retrait. Son sourire narquois retomba immédiatement et il détourna les yeux sans ajouter de commentaire. Harry ne put s'empêcher de remarquer les cernes et la pâleur plus qu'inhabituelle de son visage. Il semblait épuisé.
Malfoy avait l'air tellement concentré sur le sol qu'Harry finit par regarder dans la même direction pour voir si des inscriptions magiques n'avaient pas subitement apparu sur les dalles. Pomfresh termina son mélange et ajouta trois gouttes d'un produit couleur caramel qui sentait le poisson avarié. Elle se retourna à l'adresse des deux élèves qui venaient de la déranger.
- Vous êtes encore là ? On ne vous pas appris les bonnes manières ? Patientez sur le côté le temps que je termine avec Monsieur Malfoy.
Elle tira le rideau d'un mouvement sec pour regagner de l'intimité. Harry s'appuya contre une colonne, il venait d'élucider un bout du mystère. Malfoy avait visiblement passé le cours de Métamorphose à l'Infirmerie. Mais, comment interpréter son manque de sommeil et son regard fuyant ? Il ne pouvait pas entendre ce qui se passait de l'autre côté du rideau à cause des sortilèges anti-indiscrétion mais il avait eu le temps de lire le nom du flacon. « Viribus ». Il le garda en tête.
Plus tard, quand Hermione proposa d'aller à la bibliothèque, tout le monde fit mine de ne pas avoir entendu à l'exception de Harry qui se leva de son fauteuil avec un peu trop d'enthousiasme pour que ça ne cache pas quelque chose.
- Tu as des recherches à faire, Harry ? Lui demanda sa meilleure amie d'un air soupçonneux.
- Si tu n'es pas contente que je t'accompagne je peux aussi sortir faire un tour de balai ! Lui répondit-il avec humeur.
C'était fatiguant à la fin. Il ne pouvait même plus mener ses investigations en paix ! Récemment, à chaque fois qu'il faisait remarquer quelque chose de louche, ses amis levaient les yeux au ciel au lieu de le prendre au sérieux. Il avait même droit à des « C'est déjà le retour de Voldemort ? » ou « Il faut que tu passes à autre chose, mon vieux ». Bientôt, il allait devoir se cacher pour aller à la bibliothèque, sous peine de passer pour un sociopathe en manque de meurtres et de complots !
En attendant les escaliers magiques, Hermione lui fit face et posa les mains sur ses épaules.
- Dis-moi que ça n'a pas de rapport avec Malfoy.
Elle semblait plus soucieuse qu'exaspérée.
- Bien-sûr que non !
Bien-sûr que oui. C'était un mensonge et Hermione ne semblait pas dupe. De toute façon, Ron avait dû lui raconter l'épisode de l'Infirmerie. Harry prit une inspiration en passant ses doigts dans les cheveux en un geste nerveux.
- Bon... ça se pourrait bien que ça ait un rapport avec Malfoy. Attends que je finisse avant de t'énerver, je veux juste me renseigner sur une potion. « Viribus », ça te dit quelque chose ?
Elle secoua la tête négativement.
- C'est ce que Madame Pomfresh lui a administré. Je te jure qu'il semblait vraiment malade, Hermione !
- Il a peut-être subi un maléfice, beaucoup de gens lui en veulent.
- Oh, allez Hermione ! Tu ne vas pas résister à une nouvelle potion dont tu n'as jamais entendu parler !
Elle poussa un long soupir.
- Si ça peut te faire changer d'avis.
Harry avait dû piquer sa curiosité parce que, trois heures plus tard, ils étaient ensevelis sous un monticule d'ouvrages poussiéreux. La veille bibliothécaire leur lançait des regards assassins en faisant des allers-retours entre la pendule et les étagères en désordre, l'air de dire « Vous avez intérêt à tout ranger, sinon... ». Hermione, le menton appuyé sur une colonne de grimoires, rouspéta pour la énième fois.
- C'est pas croyable, cette potion ne figure dans aucun des douze volumes sur la Médicomagie Appliquée ! À ce rythme-là, je serai bientôt capable de fabriquer un cataplasme pour Lutins et le nom de «Viribus » n'a jamais encore été évoqué !
Harry leva le nez de son livre.
- Je ne trouve rien non plus dans les fortifiants magiques.
- Bizarre. Tu es sûr que tu as correctement lu le sommaire ?
- Hermione... ça fait trois fois que tu me poses cette question et ça devient agaçant.
Elle poussa un soupire.
- Désolée, tu as raison. Je crois que j'abandonne pour aujourd'hui.
- Merci quand même pour ton aide, je continue un peu et je te rejoins dans la Salle Commune.
Hermione lui adressa un petit sourire d'excuse et rangea les volumes qu'elle avait déjà épluché. Dès qu'elle disparut entres les étagères, Harry plongea la main dans son sac et s'empara de la Carte du Maraudeur. S'il ne trouvait pas de réponses dans les livres, il irait directement sur le terrain.
Il fixa pendant un long moment les étiquettes qui défilaient devant ses yeux. La Carte s'était remodelée à l'image de l'école reconstruite mais ses pouvoirs avaient une limite. Certaines zones du Château restaient vierges et l'emplacement des passages secrets avait disparu.
L'étiquette de Malfoy flottait dans son dortoir, tout semblait normal. Vu l'heure, ce n'était pas étonnant. Malfoy n'avait jamais vraiment aimé braver le règlement de l'école, il y avait peu de chances de le retrouver en train de manigancer dans une salle de cours vide au beau milieu de la nuit. Peut-être qu'il dormait mal. Harry aussi faisait des cauchemars. De terribles cauchemars.
Parfois, il se réveillait en nage, le corps tremblant au souvenir des flammes du Feudeymon qui le dévoraient comme une brindille. Peut-être que Harry se méprenait sur son sentiment de culpabilité. Les parents de Malfoy avaient peut-être tout simplement demandé à leur fils de ne pas se mettre le Sauveur du Monde Sorcier à dos et que c'était sa manière à lui de faire des efforts.
Ron et Hermione avaient sûrement raison. Le problème n'avait rien à voir avec les insomnies de Malfoy, Harry était en train de faire une dépression nerveuse. Comme ces militaires qu'on renvoyait chez eux après avoir vécu les pires horreurs et qui ne pouvaient pas s'empêcher de voir le danger partout.
Il retira ses lunettes et frotta ses yeux avec insistance. Il perdait son temps.
Harry regagna son dortoir, déçu et fatigué. Ron ronflait déjà, la couverture remontée jusqu'au menton. La potion anti-douleur de Pomfresh l'aidait à dormir, Harry était presque tenté de prendre une gorgée du flacon si ça pouvait lui permettre de passer une nuit calme, sans rêves. Avant de plonger dans ses couvertures, il déplia la carte. S'il ne trouvait rien d'anormal ce soir, il se jura de la jeter dans la cheminée et de laisser les cendres faire disparaître sa paranoïa. L'étiquette de Malfoy se trouvait probablement...
Il plissa les yeux. Que diable faisait cet imbécile dans le couloir abandonné du deuxième étage ?
Sa main plongea dans le coffre pour s'emparer de la Cape d'Invisibilité. Sans réfléchir, il traversa la moitié de l'école pour se rendre à destination. Un bras de l'escalier magique le déposa devant un tapis calciné. C'est là que la Salle sur Demande était apparu pour la dernière fois, ravagée par les flammes magiques. Mcgonagall avait trouvé le moyen de se débarrasser du maléfice, mais l'incendie s'était propagé dans les salles aux alentours et le couloir ressemblait à un vieux four carbonisé.
Personne ne venait ici. Ça rappelait trop de mauvais souvenirs. Des traces noires de suie enduisaient les murs, les restes de tableaux boursoufflés gisaient ici et là. Harry emprunta le chemin qui le menait à l'emplacement de Malfoy, le ventre noué. Les derniers vestiges de la Grande Guerre se dévoilaient sous ses pas, comme des fragments de souvenir douloureux qui le percutaient. Il avait presque l'impression de respirer à nouveau la fumée opaque, de se brûler la gorge, les narines emplies d'odeur de charbon. D'entendre les cris de détresse des étudiants et les rires cruels de leurs assassins.
Cet endroit cristallisait des souvenirs que tout le monde aurait voulu oublié. Un passé trop vivace. Surtout pour Malfoy. C'était ici que les flammes avaient léché ses vêtements et caressé ses jambes. C'était ici que sa famille avait assassiné des centaines d'innocents et détruit sa vie à Poudlard. C'était ici que Voldemort avait exigé qu'il accomplisse des choses effrayantes et menacé de tuer ses parents.
Qui voudrait revivre ça ?
Harry s'arrêta devant une porte à moitié détruite, plus loin, l'étiquette de Malfoy était immobile. Il plia la Carte précautionneusement et enjamba les lattes de bois brulées.
Et puis, tout devint noir autour de lui. Il avait l'impression qu'une poigne ferme le tirait par les chevilles. Son corps fut entrainé dans un siphon et disparut dans l'abysse du plancher. Le silence l'enveloppa comme une couverture épaisse et chaude.
Tout était calme.
Tellement calme.
- Oh Merlin ! Il est là... Par ici, je l'ai trouvé ! dit une voix.
- Harry ? Tu m'entends ? Il est en état de choc, conclut une autre.
Harry n'arrivait pas à remonter à la surface mais il s'agrippa de toutes ses forces à la lueur qui scintillait au-dessus de lui. Ces voix lui étaient familières et réveillaient en lui l'envie de nager vers la sortie.
- Professeur ! Vous devez faire quelque chose, On a dû lui jeter un sort.
- Ecartez-vous, laissez-le respirer.
La sensation du sol humide se fit plus réelle, dur et froid . Il ne flottait plus. Son corps reposait dans l'herbe fraiche, aussi lourd et inerte qu'un rocher. Son index remua légèrement. C'est tout ce qu'il pouvait faire, l'obscurité régnait toujours.
- Concentrez-vous, Potter, vous avez subi un très puissant sortilège d'Oubliette. Vous devez penser à la dernière chose que vous avez faites. Attrapez les bribes de souvenirs tels qu'ils viennent et ne les laissez pas s'échapper !
La dernière chose ? Tout était tellement sombre ici... mais ce n'était pas effrayant. C'était calme. Il n'avait pas besoin de se préoccuper des voix. Rester là et continuer à dormir semblait être une bonne idée.
- C'est toi qui est responsable de ça, Malfoy ! Aux dernières nouvelles, il cherchait à savoir ce que tu mijotais.
- Je n'y suis pour rien, Contra une autre voix avec mauvaise humeur.
- Ça reste à prouver !
Malfoy. Draco Malfoy. Ce nom raisonna autour de lui.
Une main tendue au milieu des escaliers du Hall. Tout le monde regarde, dans l'expectative. Ron se tient à sa droite, les poings serrés. Harry fixe le garçon en face de lui, il n'aime pas son expression méprisante et sa manière de s'exprimer. Son nez est pointu et ses pommettes sont haute, à peu prés autant que son égo. Il y a sa bouche aussi, d'où s'échappe une voix nasillarde, elle forme un sourire méchant. Dudley en aurait immédiatement fait son ami. Mais Harry ne veut pas lui serrer la main. Il ne le fera pas. Son pieds avance sur la marche, il se place à la hauteur du blondinet irascible. Le garçon pense que Harry va presser ses doigts contre sa paume. Les mots de refus sortent comme une gifle.
L'obscurité s'atténua et le visage flou d'Hermione apparut. Il se rappelait. Le Carte du Maraudeur, l'étiquette de Malfoy, le couloir brulé, l'aile abandonnée. Hermione lui glissa ses lunettes sur le bout du nez.
- Je crois qu'il revient à lui.
Harry se redressa. Une dizaine d'élèves avec des lanternes le regardaient d'un air perplexe. Le Lac noir, lisse et brillant reflétait l'image de la pleine lune. Au loin, le château de Poudlard se dressait dans la nuit comme un fantôme aux taches lumineuses. Le professeur Mc Gonagall l'aida à se mettre debout.
- Est-ce que vous vous souvenez comment vous êtes arrivé là, mon garçon ?
Harry secoua la tête.
- Non... Pas vraiment...Tout ce que je me rappelle c'est d'être allé au deuxième étage, il s'est passé quelque chose avant que je ne puisse pénétrer dans une des salles de cours abandonnées. C'était quelques minutes après avoir quitté la bibliothèque.
Ron et Hermione échangèrent un regard.
- J'ai bien peur que ce ne soit un peu maigre Si j'en crois les dires de Miss Granger, cela remonte à plus d'une semaine.
Une semaine. Une putain de semaine. Même en se concentrant de toute ses forces Harry n'arrivait pas à savoir ce qui avait bien pu se passer. Il avait l'impression qu'on lui avait arraché un petit morceau de lui-même en ne laissant qu'un espace vide. Vide. Sombre. Et calme.
Ses yeux rencontrèrent ceux de Malfoy en retrait et il éprouva une colère inexplicable. Lui, il savait. C'était comme une intuition. Un fragment de son subconscient qui hurlait dans sa tête. Malfoy savait.