Coucou,

Voici ma nouvelle histoire. Si vous avez lu le résumé, vous saurez qu'elle sera différente des autres. Ici, Castiel ne sera pas nécessairement quelqu'un de bien ... elle ne finira pas mal bien sûr mais pas forcément dans la joie et l'allégresse ! Elle aura une suite également.

Elle sera corrigée comme toujours par Elyrine. Merci à elle. Merci à vous également de venir découvrir cette nouvelle histoire.

Comme d'habitude : 40 ou 41 chapitres, point de vue qui alterne entre les chapitres ... et plein de persos de Spernatural en plus de nos deux héros. Puisqu'elle contiendra de la violence ... je vous préviendrais à chaque début de chapitre !

Le titre fait référence à un de mes films préférés : Les Infiltrés de Scorcese !

Bonne lecture et à lundi pour la suite

Sydney8201

Musique du chapitre :

Highway to hell de ACDC

Chapitre 1 : Infiltration

« Il faut savoir risquer la peur comme on risque la mort, le vrai courage est dans ce risque. »

Georges Bernanos

Dean rêvait de devenir pompier quand il était petit. A quatre ans, il avait vu sa maison brûler et l'incendie tuer sa mère. Il avait transporté son frère de six mois dans ses bras jusqu'à l'extérieur pendant que leur père tentait l'impossible pour sauver sa femme. Il avait dû être évacué par les pompiers avant que la fumée ne le tue. Il n'avait pas pu sauver Mary. Il avait failli mourir en essayant. Dean se souvenait encore du courage dont les pompiers avaient fait preuve, de leur immense gentillesse et de leur compréhension quand il avait refusé de leur laisser lui prendre son frère des bras. Il avait cédé uniquement lorsque son père le lui avait demandé. Il avait alors pu se blottir dans les bras de John jusqu'à leur arrivée à l'hôpital.

Il avait développé une admiration pour ces hommes prêts à prendre des risques pour des inconnus. Ces hommes et femmes dédiés à ce qu'il faisait sans jamais penser à eux. Il avait laissé cette idée germer dans son esprit durant les quatre mois qui avaient suivi, les quatre mois durant lesquels il refusait de parler à qui que ce soit.

Le psychologue que son père l'avait emmené voir avait assuré que c'était sa façon de gérer son deuil. Les mois étaient passés et la vie avait repris son cours. John avait eu le spires difficultés du monde à reprendre le dessus. Il s'était mis à boire et passe de plus en plus de temps loin de ses fils. Dean avait alors pris en charge l'éducation de Sam sans prêter attention à sa propre enfance. Il continuait de rêver de devenir pompier un jour.

Ils avaient ensuite été recueillis Bobby qui avait pris les choses en mains et confronté John à ses problèmes. Il lui avait offert un travail dans son garage et un toit sous lequel vivre. John avait doucement repris le dessus jusqu'à redevenir le père qu'il avait été avant la mort de sa femme.

Dean et Sam avaient alors pu grandi aussi normalement que possible entourés par leur père et celui qu'ils avaient pris l'habitude d'appeler « oncle Bobby ».

Dean avait continué de s'accrocher à son rêve de devenir pompier. L'école leur avait demandé une année d'effectuer trois semaines de stages dans une entreprise ou dans une profession dont ils rêvaient. Dean avait aussitôt demandé à la caserne de pompiers la plus proche. Il était extrêmement fier de lui quand ils avaient accepté. Mis dès le premier jour, il avait accompagné une brigade sur un incendie. Il était resté à l'écart bien sûr. Mais en voyant les flammes détruire le bâtiment, il avait réalisé quelque chose. Il avait été totalement paralysé par ce qu'il voyait. Il était terrifié. Il pouvait encore entendre les cris de sa mère et les pleurs de son père. Il pouvait sentir la fumée entrer dans ses poumons et brûler son œsophage. Il ne pourrait jamais être pompier. Pas avec une telle phobie à combattre.

Son rêve s'était alors écroulé et pendant de longs mois, il avait sombré dans une dépression qui avait poussé son père à le conduire à nouveau chez un psychologue.

C'était avec elle qu'il avait réalisé qu'il existait d'autres moyens de venir en aide aux autres. C'était elle qui l'avait aidé à trouver sa nouvelle voie. Puisqu'il ne pouvait pas devenir pompier, Dean serait policier. Avec ce nouvel objectif en tête, le jeune garçon se lança à corps perdu dans les études puis intégra l'école du FBI dont il sortit avec les honneurs. Il mit sa vie entre parenthèses pour réussi sa formation et être le meilleur de sa promotion. Il n'avait pas de vie amoureuse. Pas d'amis. Juste son travail. Il avait choisi de s'y consacrer entièrement. Et cela fit rapidement de lui l'agent le plus en vue et le plus prometteur. Il était jeune, sans famille. La personne idéale pour courir des risques importants. Et Dean les acceptait tous sans sourciller.

Sam n'aimait pas le savoir en danger. John était fier mais inquiet. Bobby aussi. Dean savait que ses proches rêvaient d'une autre vie pour lui. Une où il pourrait avoir un métier sans risques, une femme et une famille. Mais Dean ne voulait rien de tout ça. Il avait compris rapidement qu'il était gay. Il avait eu quelques aventures durant ses études mais rien de sérieux. Il estimait que fonder une famille n'était pas pour lui. Sam s'en chargerait pour eux deux. Il était déjà pratiquement marié avec sa petite amie Jess. Il donnerait des petits enfants à John et Dean pourrait continuer à se concentrer uniquement sur son travail sans se sentir coupable.

Son homosexualité avait été parfaitement acceptée par Sam, John et Bobby. Il en avait également parlé avec son partenaire, Benny. Il ne voulait surtout pas que l'information puisse fuiter ensuite et poser un problème entre eux. Benny lui avait alors assuré qu'il s'en fichait. Il le ne le criait pas sur tous les toits mais il l'assumait et ne s'en cachait pas.

Deux ans après son entrée au FBI, Dean fut convoqué dans le bureau de son patron. On avait une mission à lui confier. Une qui risquait de s'avérer compliquée. Qui imposerait qu'il travaille sous couverture pendant sans doute de longs mois. Dean avait accepté avant même savoir ce qu'on allait lui demander. Quand il en avait su plus, il avait compris pourquoi c'était à lui qu'on s'était adressé.

La cible était une organisation criminelle qui sévissait depuis des années dans le marché de la drogue et du trafic d'armes. Le FBI ne savait pas grand-chose d'eux. Juste qu'ils semaient des corps sur leur passage et se fichaient de tuer des innocents. Personne n'avait pu leur fournir le nom du chef de l'organisation. On ne savait pas d'où ils opéraient. Rien n'avait fuité et le FBI était à court d'options.

Il avait fini par trouver une brèche. Mais elle imposait qu'on s'y glisse le plus discrètement du monde. L'un des membres de l'organisation, un homme de mains et un tueur à gages visiblement, avait été arrêté quelques semaines plus tôt. Castiel Novak était un homme dangereux, sans aucune conscience ni morale. On n'avait jamais pu lui coller aucun meurtre sur le dos, les preuves manquant toujours. Mais on savait qu'il était coupable de nombreux crimes. Sa présence en prison était une chance pour le FBI d'intégrer enfin l'organisation par son biais.

Mais cela impliquait que Dean devienne le plus proche possible de lui. Qu'il gagne sa confiance et fasse ensuite partie de son cercle pour en apprendre le maximum. Dean avait tout d'abord cru qu'il allait devoir jouer les criminels en prison pour essayer de se faire recruter par Castiel. On l'avait vite informé qu'il se trompait. Castiel ne faisait confiance à personne et ne recrutait jamais qui que ce soit. Ce n'était pas son rôle au sein de l'organisation. Mais il avait une faiblesse. Une qu'ils pouvaient exploiter facilement. Il aimait les jeunes hommes et les collectionnait depuis plusieurs années. L'objectif de Dean était donc simple. Il devait séduire Castiel, se rapprocher de lui et obtenir ce qu'on pouvait appeler des confidences sur l'oreiller. Dean n'était pas dupe. Il savait ce que cela supposait. Il allait devoir coucher avec cet homme. Il n'aimait pas forcément l'idée mais il était prêt à tout pour mener cette mission à bien. De surcroît, s'il en croyait ses supérieurs, il était tout à fait le style de Castiel. Plus jeune que lui, masculin sans être trop musclé, un visage un peu féminin.

Dean utilisa les semaines suivant son assignation ou apprendre par cœur tous les détails de sa couverture. Il allait devoir passer les prochains mois en prison et il devait être le plus crédible possible. La moindre erreur risquait de lui coûter sa vie. Il étudia donc le dossier qu'on lui avait fourni et le mémorisa. Il serait Dean Smith. Un délinquant enfermé pour avoir cambriolé une station essence avec une fausse arme. Il avait été condamné à deux ans ferme. Il était censé paraître le plus inoffensif et le moins menaçant possible. On lui avait construit un passé qui pouvait expliquer son délit. Des parents morts quand il était jeune. Une famille d'accueil dans laquelle il avait été battu. Plusieurs fugues. La rue. La mendicité. La drogue. Et enfin le cambriolage.

Une fois sa couverture parfaitement maîtrisée, Dean s'attela à en apprendre le maximum sur Castiel. Il avait trente-cinq ans, soit dix de plus que lui. Il n'avait aucune famille. Il avait des origines russes. Plusieurs alias connus. Il était en prison pour encore six mois. Dean aurait donc suffisamment de temps pour s'immiscer dans sa vie.

La date de son incarcération approchait à grand pas. Pour ne pas risquer de voir sa couverture dévoilée, seul le directeur de l'établissement avait été mis au courant. Dean n'aurait aucun renfort ni aucune aide une fois enfermé. Il allait devoir se débrouiller seul.

La veille du début de sa mission, Dean passait une dernière fois en revue les détails avec Benny. Ils étaient installés dans leur bureau, une photo de Castiel affichée sur le tableau devant eux. Des fils la reliaient à plusieurs autres photos de complices présumés. Dean les étudiait chacun à leur tour avec attention.

- OK donc si je résume : nous avons Castiel au sommet de la chaîne et ensuite Gabriel et Raphael. Tous deux sont ses subordonnées et n'ont pas réellement de pouvoir sur lui.

Gabriel est son conseiller. Il a confiance en lui et ils ne sont jamais très loin l'un de l'autre. Raphael, en revanche, est un peu une sorte d'électron libre. On ne sait pas grand-chose de lui, expliqua Benny en faisant tourner sa tasse de café entre ses mains.

- Et Castiel est en prison pour… fraude fiscale ?

Cela lui paraissait complètement dingue. Il s'agissait d'un homme capable de couvrir ses traces après un meurtre. Il ne comprenait pas comment il avait pu se faire coincer pour quelque chose d'aussi stupide. Cela ne collait pas.

- Visiblement, oui. Le fait qu'il ait envoyé le contrôleur à l'hôpital quand il lui a parlé d'une éventuelle condamnation n'a pas aidé non plus.

- Mais ça ne te semble pas bizarre ? Cet homme est… de toute évidence, il est extrêmement prudent. Il n'est pas du genre à faire quelque chose d'aussi stupide.

- Sans doute pas. Et c'est pour ça qu'on pense que son emprisonnement était volontaire. Il n'est pas en prison par hasard. Il a cherché à y aller. On ne sait juste pas pourquoi.

- C'est là que j'entre en piste. OK, je note.

Dean savait que les choses ne seraient pas simples pour lui. C'était la première fois qu'il allait travailler sous couverture. Et sans aucun renfort. Mais il se sentait prêt. C'était aussi pour ça qu'il avait rejoint le FBI. Il voulait se sentir utile et faire avancer les choses. C'était sa chance. Il ne comptait pas la laisser passer.

Bien sûr, quand il avait annoncé sa décision à Benny, son coéquipier n'avait pas semblé ravi. Ils étaient devenus amis avec le temps et Benny était extrêmement inquiet pour lui.

- Dean, ce que tu t'apprêtes à faire c'est… je sais que tu veux bien faire mais c'est extrêmement risqué. Tu es sûr de vouloir te lancer dans cette histoire ? Il y a des hommes plus expérimentés que toi qui pourraient prendre ta place.

- Sauf que c'est moi qui colle le plus à son type d'homme. Et puisqu'il est question de finir dans son lit, je considère ça comme un atout majeur.

- Ça ne te pose donc pas de problème ? Tu vas devoir coucher avec ce monstre. C'est…

- Dingue ? Oui, sans doute un peu. Mais c'est notre seule solution. Sans doute que si j'avais été moins séduisant, je n'aurais pas eu ce problème.

Il espérait que sa plaisanterie détendrait un peu l'atmosphère pesante qui régnait dans le bureau. Il pouvait comprendre que Benny soit inquiet. Sam avait été fou de rage en apprenant que son frère allait devoir intégrer une prison pour faire parler un détenu. Il ne lui en avait pas dit plus. Il savait que son frère ne le laisserait jamais faire s'il apprenait que Dean devait également coucher avec sa cible.

- Et puis si on regarde les choses du bon côté, il est séduisant. Ça pourrait être pire. Il pourrait avoir quatre-vingts ans et d'affreuses cicatrices sur son corps flasque et ridé.

- Il est peut-être séduisant mais c'est aussi un monstre. Il ne se montrera pas délicat avec toi. Il risque même de te forcer à faire des choses avec lesquelles tu ne seras pas à l'aise. Je suis juste inquiet pour toi.

- Merci, Benny, mais je suis un grand garçon et je sais ce qui m'attend. Je suis prêt.

Dean disait cela en grande partie pour rassurer Benny. Il devait reconnaître qu'il n'était pas totalement rassuré. En lisant le dossier de Castiel, il avait pris certaines choses qui l'avaient lui aussi inquiété. Certaines des anciennes conquêtes de Castiel avaient révélé ses goûts plutôt spéciaux en matière de sexe. Aucune n'avait porté plainte mais il était évident qu'il aimait se montrer brutal quand il couchait avec quelqu'un. Il n'était ni tendre ni délicat, plutôt dominateur. Dean allait devoir l'accepter.

- Écoute, je serais aussi prudent que possible. Si je sens que ça ne fonctionne pas, je n'insisterai pas. Je demanderai à quitter la prison si les choses tournent mal.

- Tu me le promets ?

- Je te le promets, oui… comme je l'ai promis à mon frère et mon père.

Benny hocha alors la tête, visiblement rassuré. Dean se concentra à nouveau sur le visage de Castiel. Il ne mentait pas en disant qu'il était séduisant. Dans d'autres circonstances et si Castiel n'avait pas été un horrible criminel, il n'aurait pas été contre l'idée de coucher avec lui. Il ne devait toutefois pas perdre de vue le fait qu'il s'agissait uniquement d'une mission. Et que sa vie serait en danger du moment où il poserait un pied en prison.

- On ne sait pas grand-chose de lui, se lamenta-t-il alors. Mais si toutes les rumeurs sont vraies, il s'agit d'un gros poisson. Il pourrait même être suffisamment haut dans la hiérarchie de l'organisation pour nous permettre de faire un énorme coup de filet.

- Il te suffira d'obtenir quelques noms. Ne tente pas de le faire parler. Contente-toi de l'écouter. Et espérons qu'il se montre un peu plus bavard après le sexe.

- Un bon orgasme délie toujours la langue. Et puis s'il me garde près de lui, je finirai bien par surprendre quelques conversations importantes.

- Il est connu pour être extrêmement possessif. Si toutefois ton charme opère, il te gardera constamment avec lui. Il fera en sorte que personne d'autre ne te touche.

Dean comptait là-dessus pour s'immiscer rapidement au sein du cercle que Castiel formait avec ses amis. Une fois qu'il aurait réussi à le séduire, il ne doutait pas de réussir sa mission. Le problème serait d'attirer son attention. Il n'était pas tout à fait sûr de savoir comment s'y prendre.

- Bon, on sait que je suis son genre. Mais comment est-ce que je dois m'y prendre pour qu'il me remarque ? Est-ce que je dois l'aborder ? Est-ce que je dois attendre que ça vienne de lui ?

- Si on en croit ce que ses ex nous ont dit, c'est toujours lui qui fait le premier pas. Quelque chose me dit qu'il ne mettra pas très longtemps à t'aborder. Tu es séduisant, tu sembleras inoffensif et tu seras une proie pour tous les pourris qui sont enfermés là-bas. Il ne voudra surtout pas que quelqu'un mette la main sur toi en premier.

- Donc je me contente d'aller et venir pas trop loin de lui jusqu'à ce qu'il vienne me parler.

- En gros, oui. Sois beau et tais-toi. Fais profil bas les premiers temps. Quelque chose me dit qu'il viendra te voir le premier jour.

Dean l'espérait sincèrement. Pus vite il gagnerait sa place dans le lit de Castiel et plus vite il pourrait quitter la prison. Il ne voulait pas y passer plus de temps que nécessaire. Il aurait aimé être aussi confiant que Benny sur le fait qu'il attirerait l'attention de Castiel immédiatement. Il se savait séduisant mais il ne pensait pas être irrésistible. Il priait pour qu'il le soit au moins aux yeux de Castiel.

- OK donc j'attends qu'il vienne à moi et ensuite quoi ? Je lui dis « oui » tout de suite ? Je résiste ? Je le fais patienter ?

Benny prit quelques secondes pour y réfléchir en buvant le reste de son café. Dean avait l'estomac noué. Il était incapable d'avaler quoi que ce soit depuis quelques jours. C'était dire à quel point il était stressé. Généralement, il n'y avait rien qui était capable de lui couper l'appétit.

- Je pense qu'il trouvera ça suspect si tu tombes aussitôt dans ses bras. Tu es censé être un petit délinquant terrifié et méfiant. Il semblerait étrange que tu cèdes aussitôt à ses avances. Fais-toi désirer un peu.

- Ça, je sais faire. Je suis même le roi en la matière. Demande à mes ex.

- Je te crois sur parole.

Dean sourit avant de soupirer longuement. D'un côté, il avait hâte que la mission commence pour enfin être dans le vif du sujet, mais il avait également peur de pénétrer dans la prison et de voir tous ces criminels le regarder comme un morceau de viande fraîche. Il savait qu'il serait aussitôt une cible pour eux. Il allait devoir raser les murs et rester sur ses gardes. Au moins jusqu'à ce que Castiel choisisse de le prendre sous son aile.

- A vrai dire, ce qui me stresse le plus dans cette histoire, c'est que je maîtrise pas du tout les réactions de Gabriel et Raphael. Personne ne peut me jurer qu'ils me feront confiance. Ou qu'ils fermeront les yeux sur ma présence juste parce que je couche avec Castiel.

- Tu veux dire que ça te stresse plus que l'idée de coucher avec un meurtrier multirécidiviste ?

- Benny, tu sais que tu n'aides pas en tenant de tels propos ?

- Je sais mais je ne perds pas espoir de te faire changer d'avis. J'ai encore quelques heures devant moi pour te ramener à la raison.

- Sauf que tu sais que je ne changerai pas d'avis. Alors économise ton énergie et aide-moi plutôt à me préparer au mieux.

Dean ne se laisserait pas convaincre de renoncer. Il savait que réussir une telle mission lui permettrait de gagner en crédibilité auprès de ceux qui doutaient encore de lui et de ses compétences. Il avait beau avoir déjà fait ses preuves, on continuait à le voir comme le petit nouveau. Sans doute en raison de son âge. Il en avait assez. Il était un bon agent et il voulait que tout le monde finisse par l'admettre.

- On part de l'hypothèse que Castiel est leur chef et qu'ils feront ce qu'il leur demande mais on n'en est pas sûr. Peut-être qu'on se trompe et qu'ils lui ordonneront de se débarrasser de moi avant que j'aie pu apprendre quoi que ce soit.

- Dean, les gars ont bossé là-dessus des semaines entières. On ne sait peut-être pas grand-chose sur l'organisation mais on sait que Castiel y tient une place importante. Quelques jours seulement après son incarcération, Gabriel et Raphael ont fait en sorte de se faire arrêter à leur tour. S'ils avaient été plus haut placés que lui, ils auraient envoyé quelqu'un d'autre. Il est évident qu'ils sont là en renfort. Ce qui signifie qu'ils sont en dessous de lui hiérarchiquement parlant.

- Sans doute, concéda Dean en fronçant les sourcils. Espérons que mon charme légendaire opérera aussi sur eux. Qui sait… ils finiront peut-être par bien m'aimer.

- Ce n'est pas le but, Dean. Tu n'es pas là-bas pour te faire des amis.

- Merci pour l'info, Benny. Je sais que je ne pars pas en camp de vacances.

- Je voulais juste être sûr que tu prenais réellement les choses au sérieux.

Pendant une seconde, Dean fut vexé par les propos de son coéquipier. Il savait que Benny avait confiance en lui et ses compétences. Il faisait partie de ceux qui se fichaient de son âge ou de sa relative inexpérience. Il n'aurait pas demandé à travailler avec lu si cela n'avait pas été le cas. Mais quand il entendait ce genre de choses, il ne pouvait s'empêcher de se demander si son coéquipier le prenait vraiment au sérieux ou s'il était comme tous les autres.

- Je suis conscient des risques et je suis conscient de l'importance de cette mission. Merci de ne pas douter de moi comme tous les autres le font en permanence ! jeta t-il alors en dévisageant Benny.

Dean sut aussitôt qu'il avait blessé son ami. Ce n'était pas nécessairement ce qu'il avait cherché. Mais il continuait d'être susceptible sur ce point. Il ressentait le besoin constant de prouver qu'il avait sa place au sein du FBI. Que malgré son âge, il pouvait être crédible. Ses supérieurs ne lui avaient fait aucune faveur. Il avait travaillé pour en arriver là où il était. Il voulait qu'on arrête de le voir comme le petit nouveau. Il avait réellement cru y être parvenu avec Benny. L'idée que cela ne soit pas le cas lui faisait énormément de peine.

- Dean, je n'ai pas dit ça et le fait que tu puisses le penser me blesse, confia Benny. Je n'ai jamais douté de toi et je sais que tu es doué. Je n'aurais pas demandé à continuer à être ton coéquipier si ce n'était pas le cas. Je ne l'ai pas fait pour te faire plaisir. Je l'ai fait parce que tu es l'un des meilleurs.

- Si c'est le cas alors tu devrais savoir que je ne fonce pas dans cette histoire tête baissée. J'ai pesé le pour et le contre. Je sais les sacrifices que cette mission demande et je suis prêt à en assumer les conséquences.

- Je sais mais je suis inquiet. J'ai peur que tu ressortes de cette histoire changé et… je ne veux pas perdre mon coéquipier et mon ami. Je préfère encore laisser Castiel continuer à tuer du monde que de risquer de te perdre.

- Tu sais, Benny… si tu continues à tenir ce genre de propos, je vais finir par croire que tu es amoureux de toi.

- Très drôle, Dean. Tu oublies juste un petit détail. Je suis marié et père de famille.

- Et je ne suis pas jaloux.

Dean adressa alors un peu clin d'œil à Benny pour lui arracher un sourire. Quand il l'obtint, il reporta son attention sur le tableau devant eux. Il était soulagé de voir que la crise était avortée. Il ne voulait pas se disputer avec Benny. Surtout pas la veille du début de sa mission. Benny serait le seul à venir le voir en prison. Il serait son lien avec l'extérieur. Il aurait besoin de lui une fois enfermé.

- Est-ce que je peux te demander quelque chose ? demanda-t-il ensuite sans regarder Benny.

- Bien sûr… tout ce que tu veux, répondit aussitôt son ami.

Dean se mordilla la lèvre inférieure une seconde. Il était presque sûr que son coéquipier accepterait de lui rendre le service qu'il s'apprêtait à lui demander. Il était toutefois un peu nerveux. Il n'était même pas sûr de savoir pourquoi.

Quand il avait intégré le FBI, Dean n'aimait pas l'idée de devoir travailler avec un coéquipier. Il était presque sûr que lui assigner un agent plus expérimenté était une manière déguisée de le surveiller. De le baby-sitter. Il voyait cela comme un manque de confiance de ses supérieurs. Il avait été invivable avec Benny au début. Il refusait de lui confier les informations qu'il détenait et avait tenté de le faire fuir pour qu'on le laisse enfin travailler seul. Benny s'était accroché. Et Dean avait fini par réaliser qu'il était un bon agent, un type bien et le meilleur partenaire possible. Ils avaient commencé à devenir amis ensuite. Aujourd'hui, le jeune homme ne s'imaginait pas travailler sans Benny. Il s'était confié à lui à de nombreuses reprises. Avait mangé chez lui et rencontrer sa femme Andréa et leurs deux garçons. Benny, quant à lui, avait rencontré Sam à plusieurs reprises. Ils étaient proches. Il était le seul ami que Dean avait et qui n'était pas de sa famille.

- Dean, t'es toujours avec moi ? lança Benny, le tirant de ses songes.

Le jeune homme hocha la tête puis se racla la gorge.

- J'aimerais que tu gardes un œil sur mon frère pendant que je serai là-bas… je sais qu'il s'inquiète pour moi et je ne voudrais pas… si les choses ne se passent pas bien et que Novak découvre mon identité, je ne veux surtout pas que Sam puisse devenir une cible.

- Je garderai un œil sur lui, je te le promets.

- Et sur mon père aussi… je sais que tu ne le connais pas mais il… il a eu pas de mal de soucis avec l'alcool par le passé et il… je ne voudrais pas qu'il replonge par ma faute.

- C'est compris, Dean. Je te le promets.

Dean avait confiance en son père. Il savait qu'il avait fait énormément d'efforts pour vaincre son addiction et faire son deuil de sa femme. Il avait remonté la pente et repris le dessus. Il menait aujourd'hui une vie stable et saine. Il était de nouveau proche de ses fils. Mais il restait un alcoolique. Peu importait qu'il ne boive plus, la maladie était toujours là. Si toutefois, il arrivait quelque chose à Dean, il replongerait sans doute. Et le jeune homme se détesterait d'être responsable de sa rechute. Il avait confiance en Bobby et Sam pour garder un œil sur lui. Mais puisqu'ils seraient sans doute absorbés par leur propre inquiétude, ils risquaient de ne pas être suffisamment vigilants. Dean avait besoin de Benny sur ce coup. Et il était soulagé de voir que son ami était tout à fait prêt à lui rendre ce service.

- Je crois qu'on a fait le tour de tout ce que tu as besoin de savoir. Tu veux répéter une dernière fois les informations sur ta couverture ? demanda Benny en posant sa tasse de café vide sur son bureau.

Dean était certain de connaître tous les détails par cœur. Mais il ne voulait surtout pas laisser de place aux doutes. Il n'aurait pas le droit à l'erreur une fois enfermé. Il allait devoir se montrer convaincant. Et pour cela, il devait savoir qui était le personnage qu'il jouait. Il devait pouvoir se l'approprier.

- Dean Smith, vingt-cinq ans, arrêté pour braquage à main armée. J'ai pris deux ans mais j'espère pouvoir être libéré pour bonne conduite d'ici un an et demi. J'ai perdu mes deux parents dans un accident de voiture quand j'avais quatre ans. J'ai ensuite été confié aux services sociaux puis à une famille d'accueil, les Masters. Ils avaient une fille, Meg. Le père me battait et la mère le laissait faire sans protester. J'ai tenté de fuguer à plusieurs reprises sans jamais réussir à réellement leur échapper. On m'a reconduit chez eux à chaque fois et ils m'ont fait payer chèrement mes tentatives. A seize ans, je me suis fait émanciper et j'ai pu quitter cet enfer.

Il s'interrompit alors pour reprendre sa respiration. Benny l'écoutait attentivement, son regard fixé sur lui.

- Je me suis retrouvé sans travail, sans diplôme et sans toit. J'ai vécu dans la rue quelques temps. Pour avoir un peu d'argent, j'ai volé quelques portefeuilles. Puis j'ai fait la manche. J'ai commencé à prendre de la drogue pour oublier le reste. Parce que je devais de l'argent à des gens pas franchement recommandables, j'ai commencé à me prostituer. Pas longtemps. Juste quelques mois. J'ai ensuite été arrêté pour racolage. J'ai fini dans un centre de détention pour mineurs. Quand j'en suis ressorti, j'ai repris ma vie en main. J'ai suivi une cure de désintoxication. Mais j'ai fini par replonger il y a quelques mois. Et j'ai commis ce braquage pour rembourser mes dettes. J'avais une arme non chargée avec moi. Je ne voulais faire de mal à personne mais ils ont quand même retenu cela comme circonstance aggravante.

Il en avait terminé avec l'histoire de « sa vie ». Il avait encore un peu de mal à s'imaginer dans un tel rôle. Il espérait que Castiel le trouverait crédible.

- Tu n'es pas un criminel, pas quelqu'un de méchant… juste un jeune homme perdu qui n'avait pas d'autre choix. Tu es fort et intelligent. Mais tu es terrifié parce que tu sais que tu serais une cible dans cette prison. Tu sais que beaucoup voudront s'en prendre à toi. Tu dois paraître à la fois inoffensif et suffisamment malin pour leur échapper un temps.

- Malin mais effrayé, j'ai compris.

- L'unité où Castiel est enfermé n'est pas une unité de haute sécurité. Les détenus ne sont pas des meurtriers mais ce sont des hommes violents. Certains sont des récidivistes.

Dean hocha la tête. Il savait déjà tout cela. Il savait toutefois que Benny ne lui disait pas parce qu'il en doutait. Il voulait juste se rassurer lui-même. Il était évident qu'il était très inquiet à l'idée que quelque chose puisse mal tourner. Ce qui restait une possibilité. Dean préférait toutefois l'ignorer pour le moment.

- Hé, les gars ! lança Jo en entrant dans leur bureau.

Dean tourna la tête vers elle et lui adressa un large sourire. Il n'était pas sûr de pouvoir la considérer comme une amie – du moins pas comme Benny – mais il l'appréciait. Ils avaient été à l'académie ensemble. Ils avaient étudié côte à côte. Dean avait réussi à obtenir de meilleurs résultats qu'elle mais elle était brillante. Elle avait prouvé à tous les machos qui doutaient d'elle au début qu'elle ls surpassait facilement et sur tous les plans. Ils avaient intégré le FBI en même temps.

Si Dean avait été hétérosexuel, il aurait probablement tenté sa chance avec elle. Il savait qu'elle était intéressée. Elle le lui avait fait comprendre avant qu'il ne lui révèle qu'il préférait les hommes. Cela ne lui avait posé aucun problème. Elle n'avait pas changé de comportement avec lui depuis.

- Qu'est-ce que tu fais là Harvelle ? demanda Benny en la dévisageant.

Jo haussa les épaules avant de s'asseoir sur le bureau de Dean.

- J'étais juste venu souhaiter bonne chance à Dean. Je sais que demain est le grand jour.

- Merci Jo, répliqua Dean en lui tapotant la cuisse.

Cette dernière lui sourit alors avant de prendre un air sérieux qui le déstabilisa. Jo était rarement sérieuse sauf quand elle était en plein milieu d'une affaire. C'était aussi pour ça que peu d'agents la prenait au sérieux. Ils se rendaient vite compte de leur erreur.

- Écoute, je sais que cette mission est importante et je sais que tu vas réussir. Mais ma mère a exigé que je vienne te voir pour te dire de prendre soin de toi et de ne surtout pas te faire tuer.

- Tu diras à Ellen que je lui promets.

Ellen Harvelle était une femme extraordinaire. Elle tenait un bar non loin de leur bureau. Il était essentiellement fréquenté par les agents après la fin de leur service. Elle ne se laissait faire par personne. Et elle savait se faire respecter même quand sa clientèle était majoritairement masculine. Dean avait été surpris de constater à quelle vitesse elle avait développé de l'affection pour lui. Elle se comportait un peu comme une mère avec lui. Il appréciait l'intention même si cela ne le mettait pas toujours très à l'aise.

- Parfois, j'ai l'impression qu'elle te préfère à moi, se plaignit Jo.

- Parce que je suis adorable et que tu ne l'es pas, répliqua Dean en souriant.

- Ça, j'en doute. Adorable n'est pas le mot que j'aurais choisi pour te définir.

- Ah oui ? Lequel aurais tu choisi ?

- Agaçant ? Immature ? Stupide ? Tu choisis.

- Ce n'est pas très gentil, agent Harvelle.

Jo lui donna alors un coup de poing dans l'épaule en guise de représailles. Dean ne put s'empêcher de rire devant son comportement enfantin.

- Ash m'a également chargé de te dire que tout était OK. Il a créé ta fausse identité et mis en ligne toutes les informations nécessaires pour rendre ta couverture crédible. Il t'a même créé un faux compte Facebook. Il a installé des logiciels espions pour l'alerter si quelqu'un lance une recherche sur toi. Ils ne pourront jamais craquer ta couverture.

- Ash est un génie, intervint Benny, visiblement impressionné.

Dean acquiesça. Il devait reconnaître le talent du jeune homme. Ash n'était pas vraiment un agent comme les autres. Il ne travaillait jamais sur le terrain. Il passait ses journées derrière son ordinateur. Il ne portait jamais de costume. Il n'aimait pas se plier aux règles. Mais le FBI ne pouvait pas se débarrasser de lui pour autant. Il était celui qui créait les couvertures des agents infiltrés et qui faisait en sorte que personne ne puisse découvrir leur véritable identité. Il était le meilleur dans son domaine. Il aurait pu travailler ailleurs – son diplôme du MIT lui garantissait une place dans n'importe quelle société de renom – et se faire un maximum d'argent. Mais il disait vouloir aider son prochain. Dean était soulagé de voir que c'était lui qui avait pris son dossier en main. Il lui faisait entièrement confiance sur ce point.

- Il restera en contact permanent avec toi, Laffite, lança Jo en se tournant vers Benny.

Dean serait peut-être seul une fois en prison mais il pouvait compter sur une équipe à l'extérieur pour veiller sur lui. Elle était réduite au minimum pour éviter les fuites mais elle serait entièrement dédiée à cette mission. Dean avait lui-même approuvé le choix de chacun. Benny était une évidence. Ash également. Le jeune agent avait demandé à ce que Rufus Turner soit celui qui les superviserait. Quand Dean avait intégré le FBI, il avait été aussitôt placé sous ses ordres. Turner était directeur adjoint et un agent expérimenté. Il était également malpoli, désagréable et le plus souvent de mauvaise humeur. Mais il savait ce qu'il faisait. Il savait également faire confiance à ses agents.

- Tu avais autre chose à nous dire, Jo ? Tu n'as pas mieux à faire que de traîner dans notre bureau ? demanda Dean après quelques secondes.

La jeune femme sauta du bureau et croisa ses bras sur sa poitrine.

- A vrai dire, j'ai sans doute mieux à faire mais je préfère être là.

- Tu ne peux pas te passer de moi, plaisanta Dean.

Ma vie ne tourne pas autour de toi Winchester… désolée de te décevoir. Mais tu es mon ami et tu t'apprête à partir pour une mission extrêmement risquée alors j'estime pouvoir t'accorder quelques minutes de mon précieux temps pour te changer les idées.

Dean allait répliquer quelque chose mais s'abstint de le faire quand il vit le regard de Jo se poser sur la photo de Castiel sur le mur. Elle le dévisagea de longues secondes, les sourcils froncés avant de pointer son index en direction de son visage.

- C'est donc lui la cible, constata-t-elle.

- Castiel Novak, expliqua Dean.

- Il n'a pas l'air très effrayant.

- Il l'est, assura Benny.

- Et tu vas devoir coucher avec lui ?

Dean hocha la tête. Plus on le lui répétait et plus il se demandait comment il avait pu accepter. Il n'était pas le genre d'homme à voir le sexe comme quelque chose de sacré. Il avait eu plusieurs aventures d'une nuit et cela lui convenait parfaitement. Il aimait le sexe. Il en avait besoin parfois pour évacuer la tension et le stress de son travail. Mais l'idée de coucher avec Castiel pour obtenir des informations était une forme de prostitution. Il ne s'était jamais imaginé faire quoi que ce soit de ce genre avant. Il n'était pas prude et pas pudique. Il n''avait aucun problème avec l'intimité physique. Il n'était toutefois pas sûr de pouvoir être totalement à l'aise quand il en viendra à devoir coucher avec sa cible. Il espérait que cela compléterait son image de jeune délinquant terrorisé.

- La bonne nouvelle c'est qu'il n'est pas hideux ! Je suppose que ça aurait pu être pire.

- Pire que de devoir se forcer à coucher avec un meurtrier ? demanda Benny qui semblait toujours avoir du mal à prendre les choses à la légère.

Dean ne lui en tint pas rigueur. Même s'il était un peu agacé de l'entendre répéter la même chose depuis plusieurs jours.

- Il aurait pu être plus vieux, plus moche et un meurtrier multirécidiviste. Là au moins, il n'a qu'un seul de ces trois défauts.

- Harvelle, je ne suis pas sûr que la situation puisse prêter à la plaisanterie, rappela Benny en grimaçant.

- Et moi je pense que c'est exactement ce dont Dean a besoin. On sait tous que c'est une mission risquée. Le lui répéter un millier de fois ne lui apportera rien de bon.

- Exactement, approuva Dean en souriant.

C'était aussi pour cela qu'il appréciait Jo. Elle savait comment rendre les pires situations un peu moins sérieuses. Elle savait quand elle avait besoin de cesser de plaisanter. Mais elle savait également comment le faire sourire même quand il n'en avait pas envie. Il lui en était reconnaissant. S'il avait dû écouter Benny le prévenir encore plusieurs fois des risques encourus, il aurait fini par paniquer.

- Et puis si tu réussis, ce dont je ne doute pas, tu auras sans doute le droit à une belle médaille. Tu pourras l'accrocher dans ton salon et t'en vanter à toutes tes futures conquêtes.

- Je n'ai pas besoin d'une médaille pour les impressionner. Il me suffit de sourire et de porter un jean un peu serré pour les faire chavirer.

- Si tu veux mon avis, tu as bien trop confiance en le pouvoir de séduction de tes fesses. Elles n'ont rien d'exceptionnel !

- C'est pour ça que tu les mates ouvertement à chaque fois que tu le peux ?

- Je ne mate rien du tout. Tais-toi ! protesta Jo en rougissant.

Dean sourit. Il savait qu'il avait mis dans le mille. Il n'était pas du tout gêné par les regards appréciateurs de Jo. Bien au contraire. Il était flatté de voir qu'il plaisait. Il avait travaillé dur pour avoir le corps qu'il avait. Cela lui avait demandé des efforts. Principalement parce qu'il refusait d'avoir un régime alimentaire équilibré. Il avait donc fait plus de sport que les autres pour être le plus en forme possible. Et cela payait. Il était musclé là où il le fallait. Et il avait des fesses parfaites. Il se l'était assez souvent entendu dire pour le savoir. Bien sûr, le plus souvent c'était par les hommes qu'il ramenait chez lui. Mais ils semblaient sincères s'il s'en tenait à leur impatience de poser leurs mains sur ses fesses ou d'aller et venir entre elles pendant des heures.

- Tu sais… tu serais sans doute bien plus crédible si tu ne rougissais pas en niant.

- Je ne rougis pas. Et si j'ai effectivement regardé tes fesses une ou deux fois, c'était juste pou les comparer avec celles d'autres. C'était une étude sérieuse.

- Johanna Harvelle, tu es la pire des menteuses. Vraiment… j'ai de la peine pour toi.

- Oh, ferme-là ! Tu crois que je n'ai jamais vu comment tu déshabillais certains de tes collègues du regard ?

- J'assume parfaitement de le faire. Certains sont particulièrement attirants. Ça ne veut pas dire que je tenterai quoi que ce soit.

- Je te déteste.

- Tu m'adores… non, tu m'aimes… tu m'aimes d'un amour immense… tu rêves de moi… tu dessines des petits cœurs avec mon nom à l'intérieur de ton journal intime quand tu es toute seule chez toi… tu…

- Stop ! le coupa Benny d'une voix forte. Si d'ordinaire, vous entendre vous chamailler comme les deux enfants que vous êtes m'amuse, ce n'est pas le moment. On a encore plusieurs choses à voir ensemble et Jo… désolée mais ce sont des informations confidentielles.

Jo ne semblait pas vraiment ravie de se voir mettre ainsi à la porte mais elle n'avait pas vraiment le pouvoir de protester. Elle ne faisait pas partie de cette mission et n'avait donc pas le droit d'en savoir plus. Elle soupira longuement avant de pointer son doigt en direction de Dean.

- On n'en a pas fini tous les deux ! jura-t-elle avant de quitter le bureau sans attendre.

- J'y compte bien, Harvelle, répliqua Dean avant qu'elle ne ferme la porte.

Il sourit en voyant Jo lui tirer la langue puis il reporte son attention sur Benny en souriant.

- Cette fille est folle de moi, assura-t-il.

- Est-ce que ça te tuerait d'être sérieux ne serait-ce que quelques minutes ?

- Et toi est-ce que ça te tuerait de te détendre ?

- Ça ne me tuerait pas, non… mais ça pourrait te tuer toi.

Dean perdit son sourire aussitôt. Benny avait probablement raison. Il était grand temps pour lui de redevenir sérieux. D'ici quelques heures, il serait entouré de gens prêts à tout pour lui faire mal et chargé de séduire sans doute le plus dangereux d'entre eux. Il n'avait plus vraiment le temps de plaisanter.

- OK, revenons-en à la mission, accepta-t-il, un peu honteux.

Benny hocha alors la tête puis ouvrit le dossier sur son bureau et reprit tout de zéro pour s'assurer que Dean n'avait rien oublié. C'était le cas. Mais c'était tout de même important de vérifier. Après tout, c'était la vie de Dean qui était en jeu.