OS : Sherbeth

Cet OS se passe dans l'univers sorcier, après les années à Poudlard !


Lorsque Sherlock s'est suicidé, j'ai vraiment cru que j'allais mourir moi aussi. Papa et moi on s'est beaucoup aidé, je soupçonne être l'une des raison pour lesquelles il s'est accroché. Et il est la mienne. Avec Neville peut être.

Je n'aurais jamais cru tombée amoureuse à ce point, en faire dépendre ma vie ou presque. Mais aussi surprenant que cela puisse paraître, Sherlock et moi étions heureux. Après mes études à Poudlard et la guerre, nous nous sommes mis ensemble et ça marchait : je travaillais beaucoup au ministère, et lui ses enquêtes. Nous savions vivre l'un sans l'autre et apprécier notre temps ensemble. Je savais lire ses expressions, je pouvais dire quand il voulait de l'affection physique ou être distrait. Il respectait ma vie sociale et je respectais son désir de ne pas trop en faire partie.

Papa a évidemment eu du mal, mais il a étonnement mis moins de temps pour s'habituer que ce que nous nous attendions. Il nous a avoué qu'il se doutait que j'avais un béguin pour Sherlock. Evidemment, depuis mes seize ans.

Mycroft a eu du mal, lui aussi. Je ne sais pas exactement ce qui lui dérangeait le plus. J'ai eu droit à un discours sur la fragilité de Sherlock etc etc… il s'est vite rendu compte de comment je l'aimais. De comment nous nous aimions.

Je me fichais des réactions des autres, mais elles ont été positives. L'âge les surprenait au début mais nous voir heureux leur suffisait pour comprendre. Neville a toujours été compréhensif, Hermione aussi. Ron et Harry s'en fichaient un peu, tant que je sois heureuse, tout comme Ginny.

Et puis, Sherlock est mort. Et j'ai eu l'impression que mon cœur était enterré avec lui. J'ai vécu bien des horreurs durant ma septième année mais rien ne fut comparable à ça. Le simple fait de respirer était douloureux, mes yeux étaient incapables de pleurer et me brûlaient. Je n'arrivais à manger qu'un yaourt par jour et je passais mes journées dans mon lit, épuisée de ne rien faire.

Éventuellement, j'ai repris mon travail au ministère, avec l'aide de Papa et mes amis. Ils m'entouraient, respectaient mon intimité quand même. J'allais au ministère une fois par semaine, puis deux fois puis tous les jours. Doucement, j'ai repris les sorties. Et finalement, j'ai recommencé à vivre.

Je continue de regarder les photos de Sherlock et moi amèrement. Beaucoup étaient des photos que j'avais prise, sur ces photos il a toujours l'air bougon. Certaines que mon père avait pris : une pendant une enquête dans le Yorkshire, je m'étais endormie sur l'épaule de Sherlock qui avait posé son manteau sur mes épaules. Certaines venaient même de Miss Hudson, une où Sherlock et moi étions à table, entrain de discuter, mon visage est flou : j'éclate de rire, Sherlock m'observe avec un petit sourire.

À l'époque, Papa nous laissait une soirée par semaine de tranquille, où il allait au cinéma, voir Lestrade ou juste travaillait. Depuis la mort de Sherlock, j'ai loué un appartement, Papa a déménagé. Nous habitons dans la même rue, nos immeubles sont cependant radicalement différent : le sien est pour famille, il y a emménagé avec Mary. Le mien est pour les étudiants, une simple chambre/salon/bureau, avec une minuscule cuisine et une petite salle de bain. Mais l'appartement me plaît et donne sur le petit parc de la rue. Je le changerais pour rien au monde.

Généralement, je vais manger chez Papa et Mary deux fois par semaine, le mardi et le vendredi. Parfois on va au restaurant, souvent on mange là. C'est sympa. Ça me donne de la compagnie.

Je n'ai revu personne depuis la mort de Sherlock, je l'aime toujours. Je l'aime de tout mon cœur et imaginer une vie que je partagerais avec quelqu'un d'autre que lui me fait saigner. Je vois par contre un psy, Papa m'y obligeant. Mais ça ne me dérange pas vraiment, ça me fait même du bien.

Tout ça pour dire que je suis au ministère, je viens chercher des documents dans les archives sur tous les jugements ayant portés sur les loups garous, déterminée à faire tirer des excuses de la part du Ministère de la Magie sur le traitement injuste qu'ils ont reçu. En rentrant, je dois faire prendre ses médicaments à ce bon vieux Voldy et puis, en soirée, je passerais chez Papa, il est sensé faire sa demande à Mary.

Néanmoins, quand je sors du ministère, les dossiers sous le bras, je décide d'aller boire un verre dans un salon de thé huppé près de Buckingham. La raison pour laquelle j'y vais n'est pas parce que j'ai pris en soudaine affection les biscuits secs trop cher ou des touristes imitant un mauvais accent anglais, c'est juste que généralement le bruit est juste assez fort pour me faire un bruit de fond mais pas assez pour me déconcentrer.

Je vis une vie assez solitaire, je le reconnais.

Après ma une petite heure, je paye mon thé, et rentre chez moi.

J'arrive dans l'appartement, dépose mes affaires et jette un coup d'œil à mon reflet dans le miroir : j'ai coupé mes cheveux bruns au niveau de mes oreilles, ils sont d'autant plus bouclés et j'adore ça. La partie de mon corps que je préfère est mon regard bleu et rien n'a vraiment changé de ce côté. Je glisse un sourire malicieux à mon reflet qui me répond et vais m'occuper de mon bon gros chat.

Je passe ensuite la soirée devant des comédies musicales, sirotant une soupe que j'ai décongelée. Et vous savez quoi ? je vis ma meilleure vie.

Vers 23h, je remarque que Papa n'est toujours pas rentré à l'appartement. Peut être que Mary et lui fêtent la nouvelle, je m'imagine mal m'incruster à ce moment là. Je pousse un soupir impatient. J'aime beaucoup Mary et j'ai hâte de pouvoir les féliciter.

Je ferme les rideaux et vais enfiler mon pyjama, un vieux t-shirt gris foncé, dans le pire des cas j'irais les voir dans cette tenue. Je m'en fiche un peu. Je me glisse dans mon lit en baillant et ouvre mon bouquin.

Quelques minutes plus tard, j'entends quelque chose se glisser dans ma serrure. Quelqu'un tente de la crocheter. Je me crispe, attrapant ma baguette qui n'est jamais bien loin et reste allongée, dans le noir.

La porte s'ouvre, relativement silencieusement et des pas se font entendre. Je serre les dents et me relève sèchement.

- STU…

Sherlock me regarde, le nez en sang, un mouchoir contre ce dernier. Il est plus pâle que d'habitude, des restes de marqueurs au dessus de ses lèvres. Il porte une chemise blanche, un pantalon et une veste de costume et son habituel trench coat et écharpe. Ce serait comme si il n'était jamais partis si ses yeux n'étaient pas entourés de légères pattes d'oie et que son regard me suppliait de le pardonner.

- Bonsoir…, me dit-il, offrant un petit sourire.

Je resserre l'emprise sur ma baguette, le regardant sans parvenir à prononcer le moindre mot. Il referme lentement la porte et observe l'appartement avant de reposer son regard vers moi.

- Je viens d'aller voir John… c'est lui qui m'a fait ça, m'indique-t-il en désignant son nez.

Je ne me suis pas rendue compte : des larmes coulent sur mes joues sans que je parvienne à les arrêter, j'ai même arrêté de respirer. Je reprends tout d'un coup à inspirer normalement et je sens mon corps se détendre un chouïa.

Il range son mouchoir dans sa poche et accroche son manteau au porte manteau, dénouant son écharpe également.

- Mycroft m'a donné ton adresse, je voulais te retrouver en dernier, pour que nous puissions passer la nuit ensemble.

Il marque une pause, comme si quelque chose lui revenait en tête et ajoute :

- Il m'a dit que tu n'avais pas refais ta vie, contrairement à John.

Il fronce les sourcils et continue, sur un ton se voulant complice :

- Il compte garder cette moustache ? Tiens, lui se laisse pousser des poils et toi tu te coupes les cheveux.

Il observe mon visage, sérieux puis s'adoucit.

- Ca te va bien.

Je pose doucement ma baguette sur mon bureau, ayant un peu peur que si je continue de la sorte je fasse exploser l'immeuble ou au moins mon appartement. Je m'assois lentement sur le lit et continue de le fixer, tout juste capable de ravaler cette énorme boule qui se loge dans ma gorge.

- Elizabeth…

Son ton est doux, affectueux et inquiet. Je n'ai pas la force de lui répondre mais essaye de dessiner un faible sourire sur mon visage. J'ai l'impression que je vais m'effondrer en larmes. Au bout de plusieurs longues minutes que je passe à le fixer en pleurant silencieusement, je demande doucement et faiblement :

- Explique moi.

- Moriarty menaçait de vous tuer … tous, si je ne mourrais pas. J'ai dû me faire passer pour mort, pour tuer ses sbires et vous sauver. Je suis revenu dés que j'ai pu.

Son expression est sincèrement désolé, je m'accroche à l'idée réconfortante que Papa lui a déjà cassé la gueule pour ne pas le faire moi-même.

- Je suis désolé, Elizabeth.

- Qui ?

Qui savait ? Qui m'a cachée que tu étais en vie ?

- Mycroft… Molly et mes SDF.

Molly.

J'inspire profondément et finis par me lever.

- J'ai songé tant de fois à te rejoindre, Sherlock, j'annonce aussi froidement que je peux. J'y ai pensé tant de fois, si sérieusement. J'ai tant de fois voulu abandonné. J'ai été en enfer sous prétexte que tu ne me faisais pas confiance.

À force de plaidoyer, de joutes verbales et d'argumentations mordantes, je suis désormais capable de contrôler mes émotions quand je m'exprime.

- J'ai survécu. Pour Papa. Pour Neville. Et au bout d'un moment, j'ai vécu : pour moi. Comment…

Je me mords la lèvre, ajoutant rapidement :

- Non. Comment aurais tu pu me le dire ? Si je n'avais pas l'air totalement brisée, ils auraient su que quelque chose clochait. Le malheur de Papa et le mien étaient tes garanties d'être vu pour mort.

J'hoche la tête et lui souris.

- Je comprends. Tu peux rentrer chez toi.

Je reprends ma baguette et lui ouvre la porte magiquement, le fixant droit dans le blanc des yeux et observant son visage se décomposer.

Je retourne me coucher, je n'ai plus rien à lui dire. Il reste planté là quelques minutes puis sort de l'appartement misérablement, refermant derrière lui. Je me roule en boule dans mon lit, fermant les yeux en espérant que le sommeil finisse par m'emporter, m'éloignant de ce cauchemar.

Le sommeil n'en fait rien, je passe la nuit dans l'angoisse et la douleur.

ooOOoo

Le lendemain, je décide de sortir du lit assez tôt, quitte à être incapable de m'endormir autant être productive. Je me fais de quoi manger, et en faisant un tour sur les réseaux sociaux je réalise que tout le monde sait que Sherlock est de retour. Cette nouvelle m'agace un peu plus pour des raisons que j'ignore.

Je serre les dents, enfile mon manteau, récupère mon sac et sors de l'appartement en démêlant mes écouteurs.

- El ?

Je tourne la tête et aperçois Papa qui a l'air dans le même état que moi, s'apprêtant à entrer dans sa voiture un peu plus loin. Je lui offre un sourire fatigué.

- Il est venu te voir, je sais, j'annonce d'entrée de jeu en le rejoignant.

Il hoche la tête, le visage fermé et durcis. Papa passe ses bras autour de moi et me serre très brièvement contre lui.

- Comment tu te sens ?

- J'ai prié tant de fois, j'ai espéré si fort qu'il soit en vie… Et maintenant qu'il l'est, j'ai envie de le tuer moi-même, je soupire en regardant ailleurs.

- Je sais… je comprends, me murmure-t-il.

Oh, ça j'en suis certaine.

- Je ne sais pas pour toi, je continue sur le même ton. Mais je compte éventuellement avoir une grosse discussion avec lui. Je ne suis pas ingrate au point de cesser de le voir, de lui parler. Je l'aime très fort et il m'a manqué. Mais là je suis trop en colère.

Papa et moi discutons pas mal de temps. Visiblement, il n'est pas prêt, je ne peux pas dire que je suis surprise. Je finis par m'éclipser.

Beaucoup de sorciers transplanent pour aller travailler, j'ai pris l'habitude d'aller travailler en métro, j'aime ma vie moldue londonienne. Je vais donc au ministère et passe ma matinée penchée sur des dossiers aussi ennuyeux qu'outrageant. Heureusement, j'ai réussi à installer un tourne disque dans mon bureau et je mets régulièrement des groupes moldus pour me motiver.

Vers midi, je descends à l'espèce de cantine du ministère qui, si vous voulez mon avis, est ridicule. Je rejoins Harry et Hermione, ayant apporté mon propre lunch. Je vois que Hermione parle très vite à Harry, ce dernier fronce les sourcils puis a l'air horrifié.

Je m'assois et les regarde en arquant un sourcil.

- Tout va bien les copains ?

- Elizabeth…, me dit doucement Hermione. Tu as vu les journaux ?

Je me fige puis souris intérieurement : ils comptent m'annoncer le retour de Sherlock. Ça promet. Je décide de jouer le jeu et fronce les sourcils.

- Non… Pourquoi ?

Harry et elle échangent un regard. Ils sont adorables. Harry me regarde et attrape ma main. Contacts physiques inutiles, beurk.

- Apparemment, Sherlock serait revenu…

Je fronce un peu plus les sourcils puis détends mon visage et leur souris.

- Sherlock est mort. Vous le savez. Ça doit être un tabloïd qui essaye de vendre.

- Non… Elizabeth je… Il est passé autour du ministère, murmure Hermione. Il doit te chercher.

Je fronce sincèrement les sourcils : ok c'est bizarre.

- Oh… mais ça devait être quelqu'un qui lui ressemblait.

Les pauvres. Ils ont vraiment l'air inquiet pour moi. Je m'en veux presque. Je souris et prends la main de Harry, les regardant avant d'éclater de rire.

Ils se crispent totalement, déjà prêt à m'interner.

- Elizabeth…

- Je sais ! Il est venu me voir hier soir !

- Quoi ?

Harry a dégagé sa main et Hermione s'est levée. Je ris de plus belle.

- Tu te moques de nous ?

- Oh oui… Carrément !

Je calme mon hilarité, manquant de repartir en voyant leur regard outré.

Hier soir il est passé voir mon père puis il est venu me voir. Je lui ai demandé de partir.

Hermione se rassoit doucement, hochant la tête. Je commence à manger, attendant déjà les questions.

- Et tu comptes… le revoir ? me demande lentement Harry.

- Évidemment, peut être pas aujourd'hui. Je lui en veux, évidemment. C'est beaucoup d'informations, beaucoup de sentiments et tant de contradictions.

Ils hochent la tête et Harry me regarde avant de sourire doucement.

- Ne gâche pas cette chance. Combien aurait donné tout ce qu'ils avaient pour ramener quelqu'un d'entre les morts.

- Je sais Harry, je souris avant d'inspirer profondément.

- Mais … pourquoi ? interroge Hermione.

Toujours terre à terre. Je ne suis pas vraiment surprise. Je hausse les épaules et réponds laconiquement :

- Pour nous protéger.

- Elizabeth, tu leur avais effacé la mémoire pour la même raison, remarque Miss Je Sais Tout.

- Justement ! Je leur avais effacé la mémoire, ils n'auraient pas souffert !

Ils ont l'air moyennement convaincus. À vrai dire, moi aussi. Je pousse un soupire las et les regarde, demande en désespoir de cause :

- On peut parler d'autre chose ?

Ils acceptent bien gentiment et je les remercie pour ça. Nous parlons boulot et des Weasley. Je retourne bosser et en fin d'après midi je vais m'aventurer près de Baker Street. Papa et moi avons doucement coupé les liens avec Miss Hudson, Lestrade et Molly. Il est surprenant de voir que Sherlock était notre gros point commun, notre lien à tous. Pas si surprenant pour être complétement honnête.

Je vais prendre un thé chez Speedy's et en sortant je croise Mycroft, il porte un costume vert pastel. Il se tourne vers moi puis observa la porte du 221. J'inspire et soutiens son regard sans prononcer un mot.

- Bonjour, Elizabeth.

- Bonjour, Mycroft.

- Vous devriez aller le voir, me conseille-t-il.

Je lui souris et hausse les épaules.

- Un jour. Sans doute.

Nous levons les yeux vers les fenêtres, Sherlock nous observe anxieusement. Je regarde la silhouette élancée avec un pincement au cœur et ne suis bonne qu'à faire un sourire triste.

- Vous lui avez manqué, continue Mycroft.

- Je veux bien vous croire, je réponds avec douceur avant de lever mon thé vers Sherlock, le saluant et m'éloigner.

J'ai besoin de disparaître, de réfléchir. J'ai besoin d'un endroit qui me rappelle de bons souvenirs et je peux pas retourner à Poudlard sous prétexte que je suis nostalgique. Je vais au Squarre Grimmaud. Harry et Ginny y vivent. Je sais que je suis la bienvenue, tant que je n'élonge pas mon séjour.

Je vais donc là bas et ils m'accueillent le plus gentiment du monde. L'endroit n'est plus aussi sinistre, les tapisseries poussiéreuses ont disparu pour des couleurs vives, les vieux portraits ont donné leur place à des photos des membres de l'Ordre et Kreattur est décédé il y a quelques mois, Harry l'a enterré dans le caveau des Black. C'est ce que l'elfe aurait voulu, ça aurait dérangé les parents de Sirius. C'est ce que Sirius aurait voulu.

Je passe deux jours là bas, allant au travail en transplanant pour une fois. Je tiens vaguement Papa au courant mais je sais qu'il comprend. Harry et Ginny sont d'agréable compagnie et je cuisine pour eux histoire de me faire pardonner. Dans ces moments là, Papa et Mary s'occupent de Voldy.

Le deuxième jour, tard dans la soirée, Mary m'envoie un message :

« John s'est fait agressé, il a failli brûler sous un feu de joie. Nous sommes à la maison. »

Mon sang ne fait qu'un tour, j'attrape mes affaires, m'excuse auprès des Potter (Ginny n'en est pas une mais bon… ça ne va pas tarder). Je transplane directement chez Papa et Mary, et tombe face à Sherlock qui vient visiblement d'aider Papa à s'installer sur le canapé.

On se fixe quelques instants, pas mal le malaise. Je finis par me tourner vers Papa qui a le front taché de sang séché, j'entends Mary qui est dans la pharmacie, elle va s'en charger.

- Tu vas bien ? je m'inquiète en m'asseyant près de lui. Qu'est-ce qui s'est passé ?

Papa m'explique la situation difficilement et très brièvement, finissant par se taire de soulagement quand Mary le désinfecte. Je me relève en me pinçant la lèvre et regarde Sherlock.

- Je vais faire du thé, tu en veux ?

Il a le regard posé sur Papa, il finit par me regarder et inspire :

- Non. Je vais vous laisser.

- À vrai dire, Elizabeth aussi, annonce Mary. Elizabeth, raccompagne Sherlock à Baker Street, on ne sait jamais.

Je fronce les sourcils et me tourne vers elle. Elle me regarde et désigne la porte sévèrement :

- Maintenant.

Je ne suis pas débile et Sherlock non plus, elle fait ça pour qu'on discute. Nous acceptons et sortons. Je glisse mes mains dans mes poches :

- Tu as déjà recommencé les enquêtes ? je demande, faisant passer le temps.

- Oui, j'en ai fais une avec…, commence-t-il avant de s'arrêter abruptement.

Je lève les yeux vers lui.

- Avec ?

- Avec Molly.

Sherlock ne me regarde pas, fixant devant lui d'un air sérieux. Je ravale une jalousie amère et souris.

- Et ? Comment était l'enquête ?

- Bien, intéressante, me dit-il d'un ton plus léger.

L'éléphant dans la pièce se fait de plus en plus gros et il vient bien falloir qu'on s'y confronte au bout d'un moment. Je décide de crever l'abcès moi-même :

- Je t'ai manqué ?

Il semble presque sursauté sous la surprise. Sherlock fronce les sourcils comme si la question était débile, elle l'est certainement mais je me devais de la poser.

- Évidemment… Elizabeth, je n'ai pas fais ça de bon cœur, me dit-il.

- Tu n'es pas désolé j'imagine ?

- Je suis désolé du mal que je vous ai infligé, mais je n'aurais pas pu faire autrement.

Je soupire et ignore ce désagréable nœud que j'ai dans la gorge, je ne peux que comprendre. Sherlock semble plongé dans une grande réflexion avant de finalement me demander :

- Elizabeth, je ne suis pas un expert en sentiment et peu importe ce que Mycroft m'a dit, est-ce que tu as encore des sentiments pour moi ?

Je lève les yeux vers lui et sourit doucement.

- Tu penses que l'unique détective consultant du monde est oubliable aussi facilement ?

Il s'arrête et me regarde.

- Alors pourquoi… Tu m'avais demandé de partir ?

- J'étais en colère Sherlock. J'étais perdue, je… j'avais besoin de réfléchir, je pense que tu comprends ça plus que quiconque.

- Je pensais que tu serais heureuse de me revoir.

- Le fait de te revoir me rend heureuse, c'est sûr mais pas seulement. Les sentiments, c'est compliqué. On peut en ressentir beaucoup en une fois.

Il a un reniflement un peu arrogant et lève les yeux au ciel. Je ne peux pas résister et souris doucement. Je tends ma main vers lui.

- On rentre ?

Il regarde ma main et s'approche. Je le fixe, le cœur battant. Il attrape celle-ci et j'ai presque besoin de m'asseoir tant je frissonne. Je m'apprête à reprendre la marche mais Sherlock me tire contre lui, passant ses bras autour de moi avant de me serrer contre lui. Je pose ma joue sur son torse et ferme les yeux, glissant mes bras autour de sa taille avec un sourire. Sherlock embrasse doucement le haut de mon crâne.

Nous restons comme ça un bon bout de temps avant qu'il finisse par se reculer. Il me sourit, je réponds à son sourire et pose ma main sur sa joue, ignorant les larmes qui perlent aux coins de mes yeux.

- Tu m'avais manqué, Sherlock.

- Je sais.

« Toi aussi ».

Nous rentrons, je remplis le silence en lui racontant ce sur quoi j'ai travaillé, les événements auxquels j'ai été et le futur mariage de Ron et Hermione qui sera dans deux mois. Sherlock m'écoute en silence, gardant ma main fermement dans la sienne.

Nous arrivons à Baker Street et Mrs Hudson sort de chez elle quand elle nous entend entrer.

- Sherlock, je… Oh.

Je souris et la regarde, sans me détacher de Sherlock.

- Bonsoir, Mrs Hudson, salue Sherlock. Si vous pouviez nous laisser un peu d'intimité.

Sans un mot de plus, il m'emmène à l'étage. J'entre dans Baker Street, dégageant mes doigts de ceux de Sherlock et observe l'appartement qui n'a évidemment pas changé. Je passe mes doigts sur l'ancien fauteuil de mon père.

J'essuie mes yeux qui se mouillent bien vite ces derniers jours. Je sens le regard de Sherlock dans ma nuque et finis par lui faire face, lui souriant.

- Sherlock, je ne sais pas quoi te dire… je suis tellement heureuse, soulagée… je … je…

- Je t'aime, me dit-il, but en blanc, le regard plongé dans le mien.

Je le regarde, j'allais lui répondre mais il s'approche rapidement et pose ses mains sur mes joues avant de m'embrasser. Il pose ses lèvres sur les miennes avec une douceur infinie, les yeux fermés, je réponds au baiser en enroulant mes bras autour de son cou.

Il se recule, et enlève son manteau et son écharpe, me tournant le dos. Je souris, comprenant un désir de faire le point le temps d'un instant. J'enlève ma propre veste et vais faire un thé. Je sers ce dernier et me tourne vers Sherlock, il porte sa chemise bleue claire, je remarque que les boutons qui avaient déjà du mal à tenir auparavant ont l'air de véritablement lutter.

Je lui tends une tasse qu'il attrape en me remerciant, gardant ses yeux rivés sur moi.

- Je suis désolé, répète-t-il solennellement.

- Je sais. Mais c'est finis, et tu devais faire ce que tu devais faire.

Je baille de fatigue, la journée était longue et une montagne russe émotionnelle. Sherlock pose sa tasse, attrape la mienne et en fait de même.

- Allons nous coucher.

Je ne résiste pas, en guise de pyjama il me donne l'un des siens. Nous nous retrouvons dans son lit, face à face comme bien des années auparavant. Je passe mes doigts dans ses boucles brunes et je ferme les yeux. Cette sensation m'avait tant manquée.

Sherlock m'attrape contre lui, me blottissant contre son torse. Je me laisse faire en sachant très bien qu'il se lèvera en plein milieu de la nuit pour aller jouer du violon/faire des expériences/autres. Cette perspective de routine me réjouit un peu plus et je m'endors heureuse.