Petit mot de l'auteure : et voici une troisième réécriture ! Cette fois-ci, la contrainte était "le narrateur est dans une file d'attente". Ce texte répond aussi au 349e prompt du Si tu l'oses (égoïste)
Merci à Coraline et Destrange pour leurs reviews sur le chapitre précédent !
Micheal Jones avait faim.
Terriblement faim.
Le genre de faim qui vous ferait manger tout et n'importe quoi.
Malheureusement pour lui, depuis que tout cela était arrivé, il était plus difficile de se nourrir. Le monde ancien avait été complètement balayé. Adieu, les films comiques à clichés d'arachnides, adieu les films romantiques tout aussi clichés, adieu les ascenseurs fonctionnels.
Et surtout adieu restaurants, magasins alimentaires et autres lieux de subsistance. Maintenant pour manger, il fallait se battre.
Ce qu'il était actuellement en train de faire.
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Enfin, il aurait aimé dire qu'il se battait.
C'était plus héroïque, plus impressionnant.
Mais la vérité, c'était qu'il faisait la queue. Il y avait tellement de monde devant lui, alléché tout comme sa propre personne par la nourriture à proximité, qu'il y avait foule comme jamais dans l'ancien hôpital désaffecté.
Michael était à deux doigts de faire un scandale. La file d'attente n'avançait pas du tout ! Il était sûr que les premiers étaient en train de se goinfrer. C'était toujours comme ça – les premiers mangeaient à leur goût, et ceux du fond n'avait presque aucun reste. Aucune solidarité, que des égoïstes. Dans ce monde aux ressources limitées, il fallait se serrer les coudes pourtant ! Mais non, premier arrivé, premier servi, et tant pis pour les plus faibles ou les plus lents.
La société allait vraiment mal, Michael pouvait le dire.
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Avancez... avancez... avancez...
C'était tout ce que le cerveau abruti de Michael pouvait penser. Il avait tellement faim ! Et surtout, il était terriblement agacé de cette file d'attente.
Alors qu'il était à deux doigts de... de il ne savait pas trop quoi, mais de faire quelque chose pour montrer son mécontentement, la file s'ouvrit devant lui, et Michael put enfin distinguer la nourriture tant désirée.
Deux beaux morceaux de plus.
Le premier était un homme plutôt baraqué, portant de nombreuses armes – il faudrait faire attention à ne pas s'étouffer avec, ces petits trucs piquants pouvaient vite rester en travers de la gorge.
Le deuxième était une jeune femme blonde, qui semblait elle aussi déterminée.
Mais cela importait peu. Dans de très courts instants, il pourrait enfin combler sa faim, et...
Et il cessa de penser.
Morceau numéro 1 lui avait décoché une flèche en pleine tête.
Alors que sa conscience disparaissant progressivement, Michael réussi à voir les deux morceaux de nourriture s'embrasser malgré le sang maculant les murs et l'odeur putride qui se dégageait dans le couloir.
Il eut également le temps de penser que depuis tout ce temps, il avait raison. Les files d'attentes étaient vraiment mortelles.