Bonjour à tous,
Je reviens enfin vers vous pour un chapitre 2 en bonne et due forme. Je suis désolé qu'il arrive aussi tard mais à causes de choses inattendues dans ma vie personnelle, j'ai dû malheureusement décaler l'écriture et donc par conséquence la sortie de ce deuxième chapitre.
J'ai également travaillé sur un petit projet en groupe avec un autre auteur ce qui n'a pas aidé la sortie du chapitre. Cependant, il est inutile de tourner autour du pot. Le chapitre 2 est là.
J'ai beaucoup apprécié vos retours sur le premier chapitre. Je suis très heureux que celui-ci vous ait plu et que vous ayez adhéré à l'univers et à l'histoire. Le premier chapitre a eu de nombreux commentaires, je remercie ceux qui ont pris un peu de leurs temps pour le faire. Cela m'a conforté dans ce nouveau projet et dans la manière dont je compte le mener.
Par ailleurs, je souhaite profiter de cette introduction au chapitre 2 pour répondre aux commentaires que j'ai reçu sur la plateforme et je m'excuse platement auprès des personnes qui ont commenté et qui n'ont pas reçu de réponses de ma part. Je ne suis pas encore à l'aise avec le système de .
Driope : Je te remercie pour ton très long commentaire qui reprend énormément de points du chapitre. Pour te répondre tout d'abord sur la traduction de « Tabi », cela s'apparente à voyage. Je ne suis pas expert en japonais et j'utilise principalement un dictionnaire franco-japonais en ligne pour trouver des traductions de certains mots et celui-ci résonnait bien avec le terme Hokage donc je m'en suis servi. C'est très fallacieux, désolé.
Tu as parfaitement saisi l'enjeu du chapitre et je ne peux qu'être ravi. C'est dommage que tu n'aimes pas le Sasu/Saku, en tout cas, oui comme tu le disais Sarada va jouer un rôle dans cette histoire.
Blatfor : Merci pour ton commentaire ! Il me fait également plaisir de l'entendre. Si tu me dis que tu as réussi à visualiser les personnages sans avoir vu Boruto, eh bien, j'ai réussi mon pari. D'ailleurs je ne peux que te recommander de regarder Boruto, c'est très cool.
clement33 : Merci beaucoup pour ton commentaire et tes compliments. Le camarade Etsukazu a été un bon soutien pour ce chapitre 2.
Lili : Alors là, je ne sais plus où me mettre avec tout ce que tu viens de me dire. Merci le commentaire, j'espère que le chapitre te plaira et que je serais encore à la hauteur.
Cococat12 et Lemortel : Merci à vous deux ! Sachez que la suite, c'est maintenant !
Le chapitre 2 que je vous offre n'est pas aussi conséquent que le premier chapitre qui se devait de poser énormément de choses pour lancer véritablement la trame de l'histoire. Je ne compte pas faire de longs chapitres constamment. De mon point de vue et par expérience, 10 000 sont plus que raisonnables pour un chapitres, là où 20 000 ou 30 000 sont déjà beaucoup plus massifs. Ces derniers exigent notamment un bon rythme dans l'histoire et dans le déroulement du chapitre ce qui n'est pas faisable tout le temps selon les contextes.
Par ailleurs, pour ceux qui ne seraient déjà pas au courant, il existe un groupe d'auteurs et lecteurs, qui se sont réunis dans l'optique de partager autour de leurs passions et activités communes que sont les fanfictions : La Ligue des Chroniqueurs.
Ce groupe avait pour fonction première de redonner un souffle au fandom Naruto français dont la l'activité actuelle était en grande baisse mais il se limite pas qu'à ça et d'autres auteurs de fandom nous ont rejoints. Si vous êtes intéressés par la fanfiction, si vous recherchez de l'activité, des rencontres, des nouvelles de vos auteurs préférés, des débats et le tout orienté autour de la fanfiction, vous êtes les bienvenus dans la Ligue que ce soit sur le discord ou sur notre Facebook. Si vous êtes intéressés, n'hésitez pas à me contacter en MP.
Sans plus attendre, je vous laisse lire le deuxième chapitre de Hokage no Tabi et j'espère vivement qu'il vous plaira.
Bonne lecture !
Chapitre 2
Un train à prendre
-Ne bouge pas …
La position de Naruto n'était pas inconfortable. Il reposait sur une grande chaise qui l'inclinait légèrement en arrière lui permettant d'observer le plafond. Et comme tous les plafonds d'hôpital, celui-ci était très blanc et très morne. Une mosaïque de plaques blanches qui cachait tout le réseau énergétique du grand hôpital de Konoha.
Ce qui perturbait Naruto principalement, c'était les vives douleurs qui parcouraient son bras droit posé sur un plateau surélevé, proche de la chaise et qui était entouré de deux panneaux projetant une étrange lueur bleue sur sa main et son avant-bras. Le bras droit totalement nu du Nanadaime Hokage montrait bien les séquelles de son affrontement avec le dernier des Uchiha, il y a plus de vingt ans. La couleur de peau de sa prothèse d'avant-bras jurait avec celle du blond et un stigmate bien visible dessinait la séparation entre l'appareil et le corps du blond.
-Arrête de bouger …
Cette prothèse faisait maintenant partie du quotidien de Naruto, indissociable de ses jours et de ses nuits. Il devait être très prudent avec cette prothèse organique, fruit de nombreux travaux et recherches accomplis à la fin de la Quatrième Guerre Shinobi. Cette innovation était due à l'exploitation des cellules d'Hashirama Senju. De nombreux shinobis avaient essayé d'exploiter le pouvoir du Shodaime Hokage mais c'est l'association des plus grands esprits des Grandes Nations qui avait permis d'utiliser pleinement cette ressource. Il fut l'un des premiers cobayes pour tester ce genre de prothèse et maintenant, c'était devenu commun de posséder un tel appareil pour réparer un handicap.
Néanmoins, la structure organique de la prothèse obligeait un entretien soutenu et contraignait son possesseur à effectuer de nombreux contrôles et exercices pour éviter tout dysfonctionnement ou rejet de la prothèse. Et Naruto n'échappait pas à la règle.
Les panneaux tournaient autour du plateau où il avait disposé son bras soutenant la prothèse éclairant chaque partie de l'appareil d'une lueur bleue. Naruto grimaça alors que les douleurs reprirent. Celles-ci étaient plus violentes que d'habitude.
-Je t'ai dit d'arrêter de bouger !
Alors qu'il se faisait réprimander, Naruto prit un air désolé et tenta bien que mal de se justifier :
-Pardonne-moi, Sakura-chan, cela me surprend à chaque fois…
Dans un coin de la pièce, son ancienne coéquipière lui jetait un regard agacé. Vêtue d'une longue blouse de médecin, Sakura Uchiha ne quittait pas Naruto des yeux alors que les panneaux de lueur bleue continuaient de tourner autour de la prothèse de l'ancien Hokage. Ce dernier voyait bien qu'elle était nerveuse. Elle jouait avec son stylo entre ses doigts et repoussait constamment la même mèche de cheveux roses devant ses yeux. La présence de son mari ne semblait pas la détendre. Appuyé sur une commode, Sasuke ne paraissait pas agité cependant Naruto comprit bien que l'Uchiha s'impatientait, tout comme lui. Son œil visible fixait les engins électroniques qui tournoyaient autour du bras de Naruto avec curiosité et méfiance.
Hormis les interventions de Sakura pour éviter que Naruto ne gesticule, la pose de cette nouvelle prothèse se fit dans un silence presque religieux. Lorsque les panneaux de lumière bleue s'éteignirent et s'écartèrent pour libérer le bras de Naruto, la eisei-nin s'approcha du blond.
-Bon, en espérant qu'on n'ait pas à recommencer depuis le début, tu vas me faire un test complet, ordonna Sakura.
Naruto se redressa et examina sa prothèse comme s'il venait tout juste de se découvrir un nouveau membre. Il plia son pouce, son index, puis son majeur, ensuite son annulaire et enfin l'auriculaire.
-Tu as des picotements ? Des démangeaisons ? demanda-t-elle en prenant quelques notes sur un calepin.
-Non, rien… répondit Naruto en refermant le poing et en faisant craquer les jointures de ses doigts.
Sakura continua de griffonner sur son bloc-notes tandis que Naruto débutait une série de mudras.
-On dirait que c'est bon pour les connexions nerveuses. Est-ce que tu as des sensations étranges au niveau de la prothèse ?
-Non, pas vraiment. J'ai l'impression que c'est un petit peu plus rigide que d'habitude. Comme si la prothèse me … résistait.
Les pupilles de jade de Sakura regardaient maintenant Naruto avec suspicion et le blond sentit un frisson lui parcourir l'échine.
-Je t'avais dit de ne pas bouger…
-Et c'est ce que j'ai fait ! rétorqua Naruto inquiet.
-Cette prothèse est un tout nouveau modèle, très cher, et si tu me l'as bousillé tu vas en entendre parler…
-Mais …mais regarde, il n'y a aucun soucis avec cette prothèse. Je fais les mudras sans difficultés, même les plus compliqués comme le cheval ou le coq.
Sakura fusilla le Nanadaime du regard encore quelques instants avant de retourner à son bloc-notes.
-Est-ce que tu as des haut-le-cœur ? Des vertiges ? demanda-t-elle.
-Non, je me sens bien, répondit Naruto en s'étirant les bras.
-Dans ce cas, il est inutile de poursuivre les tests, je considère que la prothèse a été bien fixée, soupira Sakura en refermant son calepin.
-Merci Sakura-chan, je ferais attention comme d'habitude.
-Mais ce n'est pas une prothèse comme les autres, grommela-t-elle. Le Professeur Shizuka l'a développé afin qu'elle puisse être plus résistante et être portée plus longtemps par son utilisateur. Elle m'a envoyé ces nouveaux modèles de prothèses sur retour de ses prototypes et vu que tu t'apprêtes à quitter le village pour un bout de temps, je me suis dit que tu étais le choix idéal pour ce nouveau modèle.
Sakura regarda par-dessus son épaule et croisa l'œil sombre de Sasuke :
-Si ça ne tenait qu'à moi, tu ne serais pas le seul à bénéficier de ce nouveau modèle de prothèse… dit-elle d'un ton taquin.
Sasuke haussa les épaules et baissa les yeux sur la mallette d'où Sakura avait extrait la nouvelle prothèse de Naruto.
-Désolé mais ça ne m'intéresse pas. répliqua l'Uchiha sobrement. Je vis très bien sans.
Sakura soupira de dépit devant l'entêtement de son époux. Naruto savait que cette question de prothèse de bras était une problématique récurrente au sein du couple Uchiha. Là où Sasuke souhaitait conserver ce handicap comme symbole de ses errances passées, vivait et combattait avec ce manque, Sakura, quant à elle, trouvait stupide que son époux ne souhaite pas vivre avec son temps et qu'il s'obstine à garder cette séquelle. Certaines disputes étaient plus houleuses que d'autres sur ce sujet mais avec le temps, Sakura s'était montrée moins téméraire.
- En tout cas, il me reste de nombreux modèles de ce genre, fit-elle à l'adresse de Naruto. Si tu as un ennui avec le modèle actuel au cours de ton voyage, tu n'hésites pas à me contacter et je pourrais te faire parvenir un nouvel appareil. Même les cliniques ou les hôpitaux les plus basiques pourront te l'équiper. Après il faut espérer que tu n'ailles pas te perdre dans la cambrousse…
- Malheureusement, je ne peux pas te l'assurer, répondit l'Uzumaki en observant sa nouvelle prothèse, mais je n'hésiterais pas à te solliciter si besoin. Je préfère deux mains plutôt qu'une seule.
Sasuke vit sa femme et son ami se tourner vers lui et il décida de mettre un terme à cette conversation :
- Si c'est terminé, alors nous pouvons partir, dit l'Uchiha. Tu as un train à prendre.
- A quelle heure ? S'interrogea Sakura en se tournant vers le blond.
- 11h45.
- Pas besoin d'être en retard, rétorqua Sasuke en se rapprochant de la porte alors que Naruto remettait les boutons de sa veste.
- J'aurais juste besoin d'une signature, fit Sakura en précédant son mari dans le couloir, suivez-moi ce ne sera pas long.
L'hôpital général de Konoha était une fourmilière en constante ébullition. Naruto et Sasuke zigzaguèrent derrière Sakura entre les brancards, les patients, les docteurs, les infirmiers et les eisei-nin qui parsemaient les couloirs de ce gigantesque édifice. L'hôpital général de Konoha était l'établissement le plus à la pointe de la technologie et des innovations médicales et scientifiques. On venait des quatre coins du continent dans l'espoir d'être guéri de tous les maux.
Beaucoup de personnes se retournèrent sur leur passage lorsqu'ils aperçurent le Nanadaime Hokage parcourir les couloirs de l'hôpital librement. Le bruit s'était déjà répandu à leur arrivée mais maintenant qu'il traversait les couloirs à la vue des patients et des docteurs de l'établissement, la nouvelle s'était propagée comme une trainée de poudre. L'agitation s'était redirigée vers Naruto et Sasuke même si celui-ci n'était pas le centre d'attention. Certains patients sortaient discrètement leur téléphone pour prendre en photo le Héros de Konoha, bientôt rejoints par les infirmiers et infirmières.
Naruto s'amusait de la situation. Sans dire un mot, il saluait de la tête ou de la main les personnes qu'il croisait et souriait aux photographes amateurs en faisant tout pour qu'ils l'aient sous un bon angle. S'ils devaient montrer leurs clichés, autant que personne ne remette en doute qu'il s'agissait bien du Nanadaime Hokage sur la photo. Après tout, il était et resterait un personnage public, contrairement à Sasuke. L'Uchiha n'accordait que peu d'intérêt à l'euphorie ambiante sur leur passage, se contentant de suivre sa femme le long des couloirs. L'homme de l'ombre évitait d'apparaitre sur les photos et détournait discrètement la tête à chaque fois qu'il voyait des appareils. Sur chaque cliché pris au cours de leur traversée des couloirs de l'hôpital, le visage de l'Uchiha serait systématiquement et étrangement hors cadre ou dissimulé.
Bientôt des groupes d'individus, professionnels de santé ou simples patients, s'agglutinèrent au fil de leur passage dans les corridors et les halls de l'hôpital, jusqu'à ce qu'ils soient tous rappelés à l'ordre par la chef des services :
- C'est un hôpital ici ! Pas une conférence de presse ! Reprenez le travail et retournez dans vos chambres ! En silence !
La voix de Sakura Haruno résonna dans tout l'étage et cela ramena le calme autour d'eux. Les patients regagnèrent leurs chambres alors que les médecins et infirmiers retournèrent à leurs occupations sous l'œil accusateur de Sakura qui fendit la foule suivie de près par Naruto et Sasuke.
Elle leur fit emprunter des escaliers pour monter au 7e Etage, réservé aux bureaux des médecins et à l'administration. Naruto et Sasuke traversèrent alors des corridors plus calmes où l'agitation se limitait à quelques sonneries de téléphone et, au loin, des raclements d'imprimantes ainsi que des portes fermées. Au bout d'un couloir, Sakura les invita à entrer dans son propre bureau.
En tant que responsable du service de chirurgie de l'hôpital général de Konoha, Sakura n'avait rien à envier au bureau de Hokage. Il n'était pas aussi grand mais il disposait de suffisamment de place pour ne pas se sentir à l'étroit. Les grandes baies vitrées qui donnaient sur le village rendaient la pièce plus vaste qu'elle n'était et offrait un magnifique panorama sur Konoha. Des armoires et bibliothèques parsemaient les autres murs du bureau et dans un coin se trouvaient un fauteuil et une table d'appoint. C'était la première fois que Naruto visitait le nouveau bureau de sa coéquipière. Il connaissait le précédent, mais c'était avant que l'ancien hôpital de Konoha ne subisse les agrandissements qui l'avaient transformé en ce qu'il était aujourd'hui. Une chose rassura le Nanadaime. Sakura croulait aussi sous la paperasse.
Elle les avait invités à entrer mais Naruto et Sasuke ne pouvaient que rester sur le seuil de la porte. Le sol du bureau était recouvert de piles de dossiers, de formulaires, de livres et de feuilles volantes en tout genre. Un rictus se dessina sur le visage de Naruto alors que Sakura passa entre lui et Sasuke :
- Excusez le bazar mais avec Shizune absente pour un séminaire. Je me retrouve avec encore plus de travail, dit-elle en se frayant un chemin jusqu'à son bureau.
- Tu devrais prendre quelqu'un pour t'aider, ajouta Sasuke en parcourant les colonnes de papier sous ses yeux.
- J'ai déjà quelqu'un, lui rappela-t-elle en fouillant les tiroirs, mais il a pris une semaine de congés au pire moment.
- Je crains que cela ne risque que de s'aggraver si tu ne t'en occupes pas, répliqua Naruto en se rapprochant du bureau en évitant soigneusement de ne toucher à rien. Je connais ça …
Naruto aperçut les yeux verts de Sakura se lever vers lui avec une lueur qu'il ne connaissait que trop bien. Les yeux d'une coéquipière qu'il ne fallait pas contrarier sous peine de subir ses humeurs. Heureusement pour lui, ces yeux étaient accompagnés d'un sourire amusé.
- Garde tes conseils pour toi. Signe ce papier. Tu as un train à prendre et moi un hôpital à gérer. Je remplirais le reste plus tard.
Elle fit tourner le formulaire vers Naruto et lui présenta un stylo. Il fit sa signature dans le cadre réservé sur le document et posa le crayon sur le bureau.
- C'est bon, vous pouvez y aller, fit-elle d'un ton plus léger en rassemblant un tas de feuilles. Je ne vous retiens pas plus longtemps.
- Merci Sakura-chan pour la prothèse, j'en prendrais grand soin, répondit le blond avec un fin sourire alors qu'il rejoignait Sasuke sur le seuil de la porte du bureau.
- Tu as intérêt ! Essaie de la ménager un peu.
- Dépêche-toi, maugréa Sasuke derrière lui. Il est temps d'y aller.
Le regard de Sakura passa de Naruto à son mari puis elle s'assit à sur son fauteuil de bureau pour rallumer son ordinateur et rouvrir un dossier devant elle tout en adressant un léger :
- A ce soir.
Naruto, légèrement intrigué, aurait pu penser que cela lui était destiné mais ce fut Sasuke, déjà ressorti du bureau, qui lui répondit :
- A ce soir.
Durant ce léger intervalle, Naruto avait atteint la porte et s'apprêtait à la refermer lorsque que son ancienne coéquipière l'interpella :
-Naruto !
Le blond arrêta son geste et rouvrit la porte pour apercevoir Sakura qui le regardait avec un léger sourire :
- Fais bon voyage.
Derrière ses lunettes rouges, les yeux de jade ne pouvaient dissimuler la sincérité de son amie.
-Tu sais, ça fait des années avec Hinata qu'on essaie d'organiser un grand repas avec tout le monde mais à cause des occupations et des contraintes de chacun, ça n'a jamais pu se faire… Eh bien, quand tu reviendras. On le fera ce repas. Avec tout le monde. Sans exception.
Les mots le touchèrent plus qu'il ne le pensait. Cela s'expliquait aussi par un détail du bureau qu'il n'avait pas remarqué jusqu'à présent. Des cadres photos, qu'il ne pouvait voir que de dos, se trouvaient sur le bureau face à Sakura, entre son écran d'ordinateur et un pot à crayons. Même si de cette position, il ne pouvait voir le contenu des cadres, Naruto était certain que Sakura y avait placé des clichés de sa famille, de ses parents, de son mari et de ses enfants, sa fille et son fils. Sur son bureau d'Hokage, il y avait aussi des cadres avec des photos similaires.
Naruto rendit à Sakura son sourire alors qu'il refermait la porte.
-J'ai hâte …
Quelques instants plus tard, après une traversée du dédale qu'était l'hôpital central de Konoha, Sasuke et Naruto sortirent de l'établissement par une porte de service. Ils voulaient être discrets et absolument éviter un bain de foule à l'entrée principale. Cela leur aurait fait perdre beaucoup trop de temps. En sortant par derrière, ils étaient assurés de passer inaperçu. Du moins, c'est ce qu'ils pensaient.
Lorsqu'ils passèrent la porte de sécurité qui menait à l'extérieur, ils virent qu'ils étaient attendus. Au milieu de la petite cour sur laquelle ils avaient débouché, se trouvait une automobile sombre, couverte et assez austère. Une personne vêtue tout de noire s'extrayait de la place du chauffeur pour les accueillir. Une jeune femme d'une vingtaine d'années, coiffée d'un béret et habillée d'une tunique noire à l'aspect protocolaire, les salua tous deux :
- Nanadaime-sama, Uchiha-sama, on m'a envoyé vous chercher pour votre rendez-vous avec Hachidaime-sama.
Au visage de Sasuke, Naruto comprit que son ami était plus que réticent à cette idée.
- On y sera plus rapidement par nos propres moyens, répondit-il sèchement ce qui déstabilisa la jeune femme.
Devant la mine gênée de leur chauffeur, Naruto prit les devants et s'approcha de l'auto.
- Il serait malvenu de contrarier le Hokage, Sasuke, fit le blond avec malice. En route !
L'entrain de Naruto se transmit à la chauffeuse qui s'empressa d'ouvrir la porte arrière du véhicule pour laisser le Nanadaime s'y engouffrer. Durant quelques secondes, Sasuke dévisagea l'automobile avec méfiance, jusqu'à que Naruto ne l'interpelle de la banquette arrière :
- Monte vite ! J'ai un train à prendre et je ne dois pas être en retard !
Sasuke soupira longuement par dépit, et monta dans la voiture.
Les sièges de l'automobile étaient confortables et Naruto reconnaissait que c'était bien plus agréable que de s'y rendre à pied ou en passant de toit en toit.
- Si vous avez besoin de quelque chose n'hésitez pas à me la dire, dit leur chauffeur par la petite fenêtre qui séparait la banquette arrière du devant de la voiture.
- Tout va bien, merci. répondit Naruto poliment.
La chauffeuse releva la vitre de la fenêtre pour se concentrer sur la route, laissant Naruto et Sasuke dans une intimité relative. Depuis qu'ils étaient partis de l'hôpital, ils n'avaient pas dit un mot. L'Uchiha s'impatientait, en regardant de temps en temps, ce qui se passait à l'extérieur. Les rues de Konoha filaient par la fenêtre de la voiture, tout comme les silhouettes des passants et les devantures des magasins. Naruto était bien plus détendu, il avait l'habitude des trajets en automobile. En qualité de Nanadaime Hokage, il était courant qu'il emprunte de tels véhicules pour les voyages et déplacements officiels.
- Allez, arrête de faire la tête, fit Naruto. Ce n'est pas si mal comme transport…
- Je ne pensais pas à ça, répondit Sasuke en se tournant vers le blond.
Naruto regarda l'Uchiha intrigué alors que l'automobile s'arrêta pour laisser passer des piétons.
- Je devrais partir également, déclara Sasuke d'un ton sérieux. Si ta fille est en danger alors il faut prendre toutes les mesures nécessaires pour la retrouver au plus vite. A deux, nous pourrions explorer plus de pistes.
Sasuke fut néanmoins interrompu par un geste de Naruto qui lui intima de se taire. La main du Nanadaime se posa sur l'épaule de son ami.
- Je te remercie pour ton aide, Sasuke. Ta sollicitude me touche. Mais tu as été absent depuis bien trop longtemps du village et j'aimerais que tu puisses profiter de ta famille, et prendre également un peu de repos.
La mine renfrognée de l'Uchiha résumait bien son état d'esprit.
- Tu n'es plus Hokage, fit-il un peu cassant. Et je n'ai jamais demandé ta permission…
- Et pourtant, rétroqua Naruto calme mais ferme, tu vas rester à Konoha, du moins un temps, pour passer du temps avec ta femme, ton fils et ta fille.
Sasuke jaugea Naruto du regard et s'enfonça dans le siège de l'automobile, sans un mot.
- Crois en mon expérience, ajouta Naruto. Ton fils va grandir plus vite que tu ne le penses et lorsque qu'il sera adulte, tu regretteras de ne pas avoir passé plus de temps avec lui.
La voix de Naruto trahissait ses regrets et dévoilait une mélancolie que Sasuke n'avait vu que très rarement chez son ami.
- Elle ne me l'avouera jamais mais Sarada ne m'a jamais vraiment pardonné pour mes absences, déclara l'Uchiha en portant à nouveau son attention au dehors. Sakura a toujours été là pour elle et pour Shinme mais …
- Elle a toujours pu compter sur toi pour les moments importants, le coupa Naruto, et ce malgré tes absences. Elle était ravie de te voir à sa cérémonie d'investiture.
Sasuke ne répondit pas, faisant semblant de ne pas avoir entendu, ce qui fit sourire Naruto. Ce dernier n'avait pas l'habitude de voir l'Uchiha parler de ses doutes et de ses inquiétudes personnelles ainsi que de sa vie familiale. Le Nanadaime regretta d'avoir coupé son ami dans son élan mais il savait également que Sasuke n'était pas du genre à s'étendre sur ses ressentis et qu'il ne gagnerait rien à le forcer à en parler.
Une chose était néanmoins certaine pour les deux amis : si on leur donnait une seconde chance de reprendre tout à zéro avec leurs enfants, ils la saisiraient. Mais malgré la puissance et les pouvoirs qui étaient les leurs, ni Naruto ni Sasuke ne pouvaient remonter le temps.
- Une semaine.
Naruto eut un léger délai de réactivité suite à l'annonce de l'Uchiha.
- Je vais rester une semaine à Konoha puis je repars pour t'aider à rechercher ta fille.
- Ca me convient, répondit simplement le blond en portant son regard vers l'extérieur où des gamins observaient leur voiture avec envie et admiration.
Ils entrèrent dans le Manoir du Hokage par une entrée de service. Ils privilégiaient la discrétion avant tout ainsi que la rapidité. En journée, le Manoir était une ruche grouillante et bourdonnante de shinobis, d'employés administratifs, d'agents du village qui se croisaient et s'entrecroisaient. L'agitation était constante et les moments de répits étaient plus que rares.
Sasuke et Naruto voulaient éviter les mêmes débordements qu'à l'hôpital et ils empruntèrent un chemin peu fréquenté, uniquement par les initiés du service, qui menait directement aux appartements et au bureau du Hokage. Ils longèrent le couloir circulaire aux parois de bois, qui était resté le même malgré toutes ces années, jusqu'à ce qu'ils tombent sur une équipe familière.
Trois genins ouvraient la marche devant leur sensei. La seule fille du trio était une Nohara, Naruto la reconnut grâce aux marques mauves qu'elle avait sur le menton et sur les joues, signe distinctif de son appartenance à cet ancien clan du village. Elle portait une veste orange aux manches longues et un pantalon ample blanc, où était accroché un étui à kunai, descendant en dessous de ses genoux pour dévoiler ses sandales de ninja. Naruto mit néanmoins un peu de temps à se rappeler son nom : Hanae, Hanae Nohara.
Les yeux blancs immaculés du second membre de l'équipe ne laissèrent aucun doute sur son appartenance au clan Hyūga. Habillé d'une tunique blanche et noire, propre à son clan, le jeune garçon avait des cheveux bruns tirés vers l'arrière et attachés au niveau de sa nuque. Naruto avait déjà vu son nom dans bon nombre de dossiers. Ce Muro Hyūga était un élément prometteur au sein des utilisateurs de Byakugan. Il y a très longtemps, les prodiges comme lui dans les arts shinobis étaient éduqués et formés au sein même du clan et peu se mêlaient aux autres étudiants de l'Académie ou aux équipes de genins. Naruto et son prédécesseur avaient réussi à changer ces traditions pour encourager les jeunes Hyūga à suivre les formations à l'Académie, membres de la Soke et de la Bunke confondus.
Quant au dernier membre du trio, Naruto le connaissait bien. C'était un jeune garçon d'une douzaine d'années aux cheveux noirs mi-longs qui encadraient son front juste au-dessus de deux pupilles sombres. Sa panoplie de shinobi se constituait d'un short blanc, de sandales bleues et d'un tee-shirt noir. Même s'il ne pouvait pas voir le dos du garçon, Naruto savait qu'un éventail rouge et blanc avait été brodé sur son tee-shirt.
- Tou-san, s'étonna Shinme Uchiha en apercevant son père en compagnie du Nanadaime.
-Bonjour à tous, fit Naruto pour saluer l'équipe de genins.
Leur chef d'équipe n'était autre que la fille du regretté Asuma Sarutobi, Mirai, dont la chevelure sombre encadrait deux yeux rouges vifs qu'elle tenait de sa mère, Kurenai Yuhi. La sensei de l'équipe, habillée de la veste de combat des jonins, salua le Nanadaime respectueusement avec un signe de tête, imité immédiatement par ses trois élèves.
- Nanadaime-sama.
Naruto ne fit pas attention à ce protocole un peu pompeux et s'adressa directement aux trois genins :
- Comment allez-vous ? Vous repartez déjà en mission ?
- Pas exactement… répondit à mi-voix Hanae Nohara.
- Nous avions un débriefing de notre dernière mission avec Hachidaime-sama ce matin, expliqua Mirai. Cela aurait dû être fait depuis longtemps mais, avec la passation de pouvoir, cela a été retardé.
- Je suis désolé, reprit le Nanadaime en se grattant la nuque, quelque peu gêné, les choses se sont un peu précipitées de ce côté-là…
- Nanadaime-sama, demanda Muro Hyūga, qu'est-ce que vous faites maintenant que vous n'êtes plus Hokage ?
Naruto fut un peu désarçonné par la question. Il ne s'attendait pas à ce que le jeune Hyūga soit aussi direct. Il ne pouvait pas lui dire la vérité mais il n'essaya pas de lui mentir.
- Disons que j'ai quelques affaires en suspens que je me dois de régler, répondit le blond.
- Quel genre d'affaires ? fit Shinme intrigué en jaugeant le Nanadaime du regard.
Le fils de Sasuke rendait Naruto quelque peu nostalgique. Il lui rappelait Sasuke dans sa jeunesse, non seulement au niveau de l'apparence mais aussi dans certains détails comme sa posture ou son intonation. Mais Naruto savait qu'il était très sanguin à l'image de sa mère et avait aussi une très bonne tête. Shinme évoquait à Naruto l'époque où l'équipe sept était toujours unie, en écartant les mauvais moments pour ne garder que les bons. Certains lui avaient confié que Boruto leur rappelait comment il était au même âge, Naruto comprenait cette impression similaire en voyant Sasuke et son fils.
- Des affaires dont il faut discuter très rapidement avec l'Hokage, indiqua Sasuke pour presser son ami à écourter la conversation.
Avant que les deux amis ne poursuivent leur chemin, le jeune Uchiha interpella son père :
- Kaa-san m'a dit que tu repartais dès aujourd'hui, c'est vrai ?
Naruto observa Sasuke qui répondit sans tarder à son fils :
- Finalement, je vais rester avec vous plus longtemps.
- Combien de temps ? demanda Shinme au tac au tac.
- Une semaine au moins.
- Tu as quelque chose de prévu cet après-midi ? On peut s'entrainer ?
- Rien de prévu, soupira Sasuke avec un rictus devant l'empressement de son fils. Si tu veux, on ira manger quelque part ce midi. Je crois que ta mère est trop occupée au boulot pour rentrer.
- Okay ! A toute à l'heure ! répliqua tout sourire le jeune Uchiha en rejoignant son équipe qui s'éloignait.
Naruto et Sasuke, sans échanger un mot, reprirent leur route en direction du bureau du Hokage où ils étaient attendus. Lorsqu'ils entrèrent sans frapper chez la Hachidaime, deux personnes se tenaient debout devant le poste de travail. Shikamaru Nara, le principal conseiller du Hokage, malgré la transition, restait le bras droit de l'autorité suprême de Konoha tandis que la cheffe des renseignements généraux se tenait à ses cotés.
- Kurenai-san. Shikamaru. Salua Naruto amicalement. J'espère qu'on ne vous a pas trop fait attendre.
- Seulement quelques minutes, commenta Kurenai Yuhi d'un ton doux et taquin.
- Mais ton train ne t'attendra pas, fit Shikamaru plus sérieux.
Derrière le bureau, la nouvelle Hokage avait pris ses marques. Les dossiers, classeurs et formulaires faisaient toujours partie des éléments du décor du bureau d'Hokage mais elle avait ajouté certains effets personnels, comme Naruto auparavant : un cadre avec plusieurs photos, une tasse isotherme et son ordinateur personnel en plus de celui déjà installé dans le bureau. Néanmoins, ce bureau semblait de prime abord plus ordonné que lorsqu'il était en poste.
- Dans ce cas, ne perdons pas plus de temps, annonça Sarada à l'assistance.
- Donc tu prends la direction de Suna, déclara Shikamaru en entrant dans le vif du sujet. Tu crois que c'est judicieux de commencer par là ?
- C'est le dernier endroit où Himawari a été aperçue, ajouta Kurenaï. C'est une piste à explorer.
- Et nous devons explorer toutes les pistes, répliqua Sasuke d'un ton grave.
- Pour l'instant, Suna est ma première destination, expliqua le Nanadaime. L'opération « Extinction » a été un échec mais Suna a pu récupérer un membre d'une des cellules armées que nous avions pris pour cibles. C'est sur leurs appareils qu'on a pu récupérer de nombreuses informations et données dont la mise à prix d'Himawari.
- Si ce type est entre les mains des services de renseignement de Suna depuis une semaine, reprit le Nara pessimiste. Ils ont dû tirer tout ce qu'ils voulaient de lui…
- J'ai demandé à Gaara de ne pas ébruiter la situation concernant Himawari, par précaution. fit Sasuke. Elle n'a surement pas été citée dans les interrogatoires qu'ils ont menés.
- Dans ce cas, nous avons une carte à jouer, conclut Kurenaï en croisant Naruto du regard.
Sarada n'était toujours pas intervenue. Elle se contentait de suivre la conversation et d'écouter attentivement ce qui se déroulait autour d'elle jusqu'à ce qu'elle se permette une remarque :
- Et si l'interrogatoire ne donne rien, que nous reste-t-il comme piste à Suna ?
- Des sources nous indiquent qu'elle aurait été vue à Kouya, il y a plus de deux semaines, énonça Kurenaï. C'est un village en plein désert, très éloigné de Suna, aux extrémités du Pays du Vent.
- Qu'est-ce qu'elle serait allée faire là-bas ? demanda à haute-voix Sarada.
Malheureusement personne ne put lui donner une réponse.
- Sa mission consistait à étudier et reconnaitre certains lieux d'attaque des Ōtsutsuki, expliqua Shikamaru. Etant donné le nombre d'attaques répertoriées, elle a traversé la péninsule de long en large et les rapports de nos ANBU ne couvrent pas tout son périple.
- Le Pays du Vent n'est pas la région la plus touchée par ces attaques, renchérit Sasuke. Il n'y a rien d'intéressant à Kouya.
- Elle cherchait quelque chose et cela l'a mené à Kouya, supposa Kurenaï. Puis elle s'est évaporée dans la nature.
- Elle en a également profité pour se faire des ennemis ..., termina Sarada en observant Naruto derrière ces lunettes.
La prime sur la tête d'Himawari Uzumaki avait été le déclencheur. 40 000 000 millions de ryōs pour la capturer vivante. Une information trouvée sur les serveurs d'une cellule armée au Pays du Vent qui avait pu être récupérée avant le sabotage des systèmes informatiques du groupe armé. Une opportunité qui avait permis au Nanadaime de se rendre compte de la gravité de la situation et du danger qu'encourait sa fille.
- D'où l'intérêt d'aller interroger ce prisonnier à Suna, argumenta Naruto. Il pourra peut-être m'expliquer les raisons de cette prime.
Un léger moment de flottement passa au sein du bureau. Ils étaient tous peu convaincus de l'utilité d'interroger cet homme. Suna, grande alliée de Konoha, ne refuserait pas à Naruto la possibilité de poser des questions à leur prisonnier. Mais Shikamaru et Kurenaï se doutaient bien que les shinobis des renseignements de Suna avaient déjà cuisinés leur captif sur toutes ses coutures et qu'il n'y avait plus rien à en tirer. Sasuke restait silencieux, plongé dans ses pensées, tout comme sa fille qui venait de croiser le Nanadaime du regard, terriblement pensif et empli de doutes.
- Les derniers rapports qu'elle nous a envoyés proviennent de Kiri, débuta la Hachidaime. Si les pistes de Suna ne mènent à rien, il faudra remonter son trajet en espérant trouver des informations.
- C'était l'endroit où je comptais me rendre en premier, appuya Sasuke, mais je dois repousser ça à plus tard.
Sa fille, Shikamaru et Kurenaï dévisagèrent l'Uchiha, intrigués.
- Pourquoi ça ? demanda Shikamaru en haussant un sourcil.
- J'ai vivement recommandé à Sasuke de rester encore quelques temps à Konoha avant de repartir, expliqua Naruto en posant sa main bandée sur l'épaule de son ami. Il me rejoindra plus tard, le temps que je puisse explorer cette piste que nous avons à Suna.
Shikamaru et Kurenaï n'émirent aucune objection mais leurs traits circonspects montraient bien que la décision de Naruto allait leur faire perdre du temps dans la recherche d'Himawari. Et le temps leur manquait cruellement, alors qu'il disposait de si peu d'informations. Seule Sarada semblait satisfaite de cette décision, même si son père semblait partager l'avis des deux conseillers.
- Nous devons tous travailler de concert, reprit Sarada. Shikamaru-san et Kurenaï-san et leurs services sont prêts à tout pour coopérer avec vous dans le cadre de vos recherches. Par ailleurs, Kurenaï-san.
La cheffe des renseignements de Konoha ne se fit pas prier et sortit une mallette métallique dissimulée près d'un pied du bureau de Hokage. Sans prévenir Shikamaru, elle lui porta la mallette au torse que celui-ci récupéra avec surprise avant que la jōnin ne l'ouvre, dévoilant deux appareils mobiles de petite taille.
- Ce sont des appareils de communication de dernier cri, expliqua Kurenaï en les extrayant de la mallette. Le service de renseignements a travaillé dessus depuis des mois et la Hachidaime a décidé de vous les confier car ils sont le meilleur moyen de communication sécurisé que nous ayons.
- Ces appareils disposent d'une géo-localisateur et une ligne directe entre nous, ajouta Shikamaru en posant la mallette au sol. Les appels et les échanges sont sécurisés et intraçables par des engins extérieurs. Nous pourrons communiquer sans crainte d'être écouté et échanger rapidement toutes les infos que nous trouverons sur Himawari.
Kurenaï tendit les appareils à Naruto et Sasuke. L'Uzumaki semblait bien plus intéressé par ce gadget que l'Uchiha qui restait très traditionnel dans ses moyens de communication et les téléphones ne faisaient toujours pas partie de ses habitudes. Sasuke prit l'appareil dans sa main comme un enfant qui venait de découvrir un objet inédit et qui ne savait pas ce qu'il devait en faire. A ses côtés, le Nanadaime s'était déjà réjoui de voir que l'appareil disposait d'un écran tactile et s'amusait à parcourir toutes les fonctionnalités de ce nouveau jouet.
- Retrouver Himawari est une priorité, poursuivit Sarada en ne perdant pas des yeux le Nanadaime. Nous ferons tout ce qui est possible pour cela.
Naruto resta quelques instants de marbre. Il avait tellement eu l'habitude de se retrouver de l'autre côté du bureau. Voilà qu'il se revoyait gamin ou adolescent à recevoir des missions auprès du vieux Sandaime et de Tsunade. La présence de Sasuke à ses côtés n'arrangea pas cette sensation étrange mais lointaine de déjà vu. Cette pensée nostalgique lui fit esquisser un sourire.
- Je vous remercie pour votre soutien, Hachidaime-sama. fit humblement Naruto en s'inclinant avec respect devant la nouvelle autorité suprême de Konoha. Je tâcherais de profiter de toute l'aide que vous m'apporterez afin de retrouver ma fille.
Naruto constata que Sarada ne relevait pas l'aspect protocolaire de ses remerciements. Elle commençait à rentrer dans le moule de la fonction, et assumait pleinement sa fonction. Naruto sut qu'il pouvait compter sur elle ainsi que sur Kurenaï et Shikamaru, et qu'il avait assurément fait le bon choix la concernant.
Il rangea son téléphone dans la poche de son pantalon et se tourna vers Sasuke qui tenait encore le mobile dans sa main.
-Tu vas t'en sortir avec ce truc ?
-Rien ne m'est insurmontable, répliqua Sasuke sèchement sans quitter le téléphone des yeux.
-Cela risque quand même de prendre du temps, fit Sarada d'un ton taquin.
Les lèvres de la Hachidaime prirent une moue moqueuse alors que son père lui jetait un regard noir. Shikamaru les rappela très rapidement à l'ordre :
-Navré, mais nous avons encore beaucoup de choses à discuter avec la Hokage et tu as un train à prendre. Donc si nous en avons fini et qu'il n'y a rien d'autre à ajouter, vous devriez y aller.
-Tu as raison, fit Naruto en tournant les talons. J'ai déjà beaucoup trop trainé.
-La plupart des informations complémentaires ont déjà été insérées dans vos dispositifs, déclara Kurenaï.
- Merci beaucoup, répondit Naruto suivi de près par Sasuke, je penserais à les consulter lors du voyage.
-Dans ce cas, il ne nous reste plus qu'à vous souhaitez une bonne chance et un bon voyage, Nanadaime-sama, termina Sarada alors que Naruto et Sasuke étaient à portée de la sortie du bureau.
- Je pars le cœur léger, fit l'Uzumaki, car je sais que j'ai laissé Konoha entre de bonnes mains.
Sarada aperçut la pupille bleue de Naruto la regarder par-dessus son épaule alors que la porte du bureau se refermait entre eux. Quelques secondes passèrent avant que la Hachidaime ne reprenne ses esprits et que le rouge sur ses joues disparaisse. Elle se reconcentra sur ses proches conseillers :
- Reprenons.
La gare Grand Central de Konoha était une structure gigantesque. Au crépuscule de l'Ere des clans, lorsque les grands villages shinobis florissaient partout sur le continent, Konoha disposait d'un édifice sans égal, qui ne souffrait d'aucun concurrent parmi les autres nations shinobis : le Monument des Hokage. Des visages gravés dans la pierre pour l'éternité, qui, au fil des générations, gagnaient d'autres gigantesques figures à aligner sur la falaise. Les sept têtes colossales, se voyant de loin, généraient un avertissement pour les invités ou pour les simples visiteurs de Konoha : ils étaient constamment sous le regard vigilant des gardiens du village de la Feuille. Leurs actions et leurs paroles au sein du village détermineraient si les Hokage les dévisageraient avec bienveillance ou mépris.
A ce cénotaphe titanesque, s'ajoutait le manoir du Hokage, calé au cœur du village, au pied de falaise, à l'ombre des visages des leaders shinobis. Cet autre édifice aux parois rouge vif avait gagné en notoriété au fil des ans, en plus de changements structurels nécessaires. Le haut lieu du pouvoir de Konoha était devenu une icône du village à l'image du monument des Hokage. Le Rokudaime et le Nanadaime n'avaient pas hésité à rénover et agrandir le bâtiment ainsi que ses différentes ailes, ce qui lui donnait dorénavant plus d'ampleur et d'étendue au sein du village.
Malgré les nombreux temples et édifices anciens, conservés et protégés par les shinobis au cours des années de paix et de guerre, la gare Grand Central était devenue un nouveau lieu iconique du village de Konoha. Cette structure, située au plus proche du cœur du village, desservait des destinations aux quatre coins de la péninsule shinobi. En effet, elle était le carrefour de toutes les lignes ferroviaires qui se répartissaient dans chaque pays shinobi. Des années auparavant, le Nanadaime avait lancé des travaux de rénovation et d'agrandissement de l'ancienne gare routière du village. Il avait fait appel à un ingénieur et industriel du pays de la Foudre pour effectuer ces travaux. Il n'avait pas regardé à la dépense, tant il avait compris l'importance du projet.
La gare comportait plus d'une douzaine de lignes de voies rapides, en plus de celles qui desservaient les gares locales et régionales du pays du Feu et des contrées alentour. L'infrastructure était un assemblage quasi artistique de métal et de verre. La gare était recouverte d'un large plafond de verre épais, maintenu et morcelé par d'imposantes barres métalliques, eux-mêmes soutenus par des pylônes qui les élevaient bien au dessus des voies, protégeant les voyageurs des intempéries. Ces mêmes voyageurs qui grouillaient continuellement sur les voies, passant d'un train à l'autre, entrant ou sortant de la gare, dans un balai sans fin, de jour comme de nuit. En tant que carrefour des lignes continentales, Grand Central voyait arriver en son sein des milliers de voyageurs de différents pays, créant un véritable melting-pot d'individus en un endroit très ciblé. Cela avait appuyé la position de Konoha comme plaque tournante du système ferroviaire, avec la gare de Wagou-Toshi comme unique concurrente.
Shikamaru aimait appeler cette gare « la Pieuvre » pour la capacité de cet endroit à étendre ses lignes de part et d'autre de la péninsule. Naruto préférait l'appeler « la Grosse Machine » car c'était véritablement une machine, surdimensionnée, monstrueuse, aux mécanismes bien huilés, actionnés et entretenus par des centaines de personnes, nuit et jour, sans que les usagers ne s'en soucient. Cela avait changé les rapports entre habitants de la péninsule, cela les avait rapprochés. Dans cette gare, Naruto y voyait un symbole de l'œuvre de ces vingt dernières années.
Il monta les escaliers quatre à quatre qui les menaient à la voie, précédé par Hinata qui semblait tout aussi pressé que lui. Le Nanadaime portait une valise qu'il avait complétée rapidement en revenant du manoir du Hokage. Hinata l'avait déjà rempli de nombreuses affaires de voyages mais par prudence, il avait décidé d'en rajouter d'autres ce qui les avait retardés. En voyage officiel, Naruto n'avait jamais eu à s'inquiéter de ce genre de soucis car quelqu'un s'en chargeait pour lui mais dorénavant, il n'avait plus ce privilège. En voyage officiel, le train ne serait pas parti sans lui mais maintenant qu'il était redevenu un shinobi, il craignait de se retrouver abandonné sur le quai.
Dès leur arrivée à la gare, Naruto et Hinata s'étaient échappés de la voiture affrétée par la Hachidaime pour entrer dans Grand Central parmi les différents usagers qui les avaient observés avec curiosité filer jusqu'à la voie sept. Lorsqu'ils débouchèrent sur la voie, Naruto fut soulagé de voir que le train était toujours en gare. Cependant il fut surpris de voir que le quai était quasiment désert. Au loin, il aperçut un groupe de personnes qui s'était retourné à leur arrivée. Sasuke et Shikamaru les attendaient ainsi qu'une femme que l'Uzumaki connaissait bien. Sabaku no Temari se tenait aux cotés de son mari, habillée d'une veste de travail grise et d'un pantalon de la même panoplie.
-Vous êtes en retard, Nanadaime, fit-elle en voyant accourir l'ancien Hokage et son épouse.
Temari n'avait rien perdu de son piquant mais, en tant que compagne de son conseiller, Naruto l'avait suffisamment fréquenté pour ne pas se sentir blessé par cette remarque.
-Je suis désolé, nous avons fait aussi vite que possible, répondit Naruto essoufflé.
-Ne vous inquiétez pas, Nanadaime-sama, balbutia le responsable du quai à coté de Sasuke, vraisemblablement très impressionné par ce groupe. Le départ du train a été retardé juste pour vous.
- Merci encore, remercia humblement Naruto. Je suis navré pour la gêne occasionnée.
Le Nanadaime remarqua finalement que les passagers de son train les zieutaient, collés aux vitres des wagons et que ces derniers venaient surement de comprendre les raisons de l'immobilisation du train en gare. Il se permit de faire un signe de la main à l'assistance alors qu'il entendait des cris étouffés à l'intérieur des wagons.
- Je crois que comme prévu, mon départ ne va pas passer inaperçu, plaisanta Naruto.
- Hokage ou non, certaines choses ne changeront pas, répliqua Shikamaru en zieutant son téléphone qui venait de recevoir une alerte.
- Gaara n'est pas là ? fit Hinata. Je pensais qu'il était aussi du voyage.
- Il est déjà monté, lui répondit Temari. Une entrevue de dernière minute avec des responsables d'Eiki.
- Et la première conseillère de Suna ne devrait pas y assister ? s'interrogea Sasuke en haussant un sourcil..
La sœur du Godaime Kazekage se tourna vers l'Uchiha et se contenta de répondre en haussant les épaules :
- Ils n'ont pas souhaité que j'y assiste.
On pouvait sentir un ressentiment dans la voix de la blonde de Suna, une colère sourde que tout le monde remarqua.
- Mais j'ai confiance dans les décisions du Kazekage, donc je ne devrais pas m'en inquiéter.
Naruto ne put s'empêcher de sourire. Personne ne l'oubliait mais Gaara et Temari étaient frère et sœur. En tant que Kazekage et Première conseillère d'une des grandes puissances de l'Union Shinobi, il était inutile d'essayer de les séparer dans le cadre de leurs fonctions. Leurs liens du sang allaient bien au-delà de leur poste au sein des plus hautes sphères du pouvoir. Ils travaillaient de concert pour le bien de Suna et de l'Union Shinobi. Si Temari ne s'inquiétait pas, c'était tout à fait normal. Gaara lui raconterait l'entrevue dans les moindres détails et l'écarter de cette rencontre n'aura été qu'inutile. Mais Temari était le genre de personne à en garder une certaine rancune des affronts qu'on lui faisait, et ce que venait de faire ces hommes d'affaires, elle ne l'oublierait pas de si tôt.
- Inutile de faire retarder ce train plus longtemps, fit Shikamaru en rangeant son téléphone dans sa poche.
- Tu as raison, je me suis suffisamment attardé.
Le Nanadaime s'approcha de Shikamaru et fit l'accolade à son bras droit.
- Fais bon voyage.
- Merci.
Naruto se tourna vers Sasuke, son plus proche ami et rival, qui n'aimait pas de tels épanchements en public. Il lui tendit la main et l'Uchiha la saisit.
-Une semaine, annonça Sasuke. Pas un jour de plus.
- Prends un peu de repos, ton aide peut attendre, lui conseilla son ami.
Sasuke acquiesça d'un air grave comma à son habitude tandis que Naruto se tourna vers son épouse.
Il s'approcha d'Hinata, sa main effleura la joue de sa femme et il plongea dans ses yeux immaculés. Elle posa sa main sur celle qui touchait sa joue avec tendresse. Le couple n'avait pas besoin de plus pour se comprendre. Depuis qu'il était devenu le Nanadaime Hokage, Naruto avait appris à préserver son intimité. Il avait pris toutes les mesures pour que sa famille ne souffre pas de la pression médiatique et des personnes qui voulaient s'immiscer dans leur vie privée. Hinata, tout comme lui, n'allait pas briser cette règle d'or qu'ils suivaient depuis des années, même s'il avait renoncé à son titre de Hokage.
Les observateurs à l'intérieur des wagons ne les quittaient pas des yeux, pourtant à cet instant, Naruto et Hinata semblaient être seuls sur le quai. La main d'Hinata était si douce contre sa peau. En dépit des années, certaines choses demeuraient immuables, et cela rassura Naruto. Il laissa ce moment durer tant qu'elle était encore à sa portée. Ils s'étaient déjà échangé leurs adieux avant de partir pour la gare, dans leur foyer, au cœur même de leur intimité. Ce dernier au-revoir n'était qu'une formalité.
Hinata sourit au geste de son époux et malgré les regards alentour, elle se décida à l'enlacer. Naruto, légèrement surpris, la sentit se blottir contre lui et il l'entoura de ses bras.
- Je reviendrais bientôt avec Himawari.
Naruto ne revenait jamais sur ses promesses. Hinata resta silencieuse contre le torse du blond. Elle n'avait pas oublié la promesse d'hier soir. L'espoir de retrouver ses enfants. Cet espoir qu'elle portait en tant que mère depuis qu'elle avait appris que sa fille avait disparu et que son fils était parti sur le théâtre d'une guerre chaotique.
- Je devrais venir avec toi, dit-elle à mi-voix.
Le cœur de Naruto fit un bond dans sa poitrine. Ce qu'il redoutait, survint finalement. Il resserra son emprise autour de sa femme.
- C'est à moi d'y aller, répondit le Nanadaime fermement mais calmement. Je me suis bien trop reposé sur les autres.
Le silence d'Hinata sonna comme une déception pour Naruto.
- Je suis désolé. Je te tiendrais au courant de l'avancement de mes recherches.
Son épouse l'enlaça avec plus de force.
- Je veux autant de nouvelles que possible.
- Tu les auras. Fit le Nanadaime en lui caressant tendrement la tête.
Un sifflet strident les interrompit dans leurs adieux, indiquant le départ imminent du train. Les contrôleurs passaient en revue les portes des wagons tandis que le responsable du quai recommanda à Temari et Naruto de monter au plus vite dans le train.
La sœur du Kazekage prit également un léger instant pour dire au revoir à son mari.
- Essaie de dormir, lui dit-elle avec un sourire.
Shikamaru eut un rictus amusé.
- Tu sais bien que je ne le fais pas, répondit le Nara.
- Et c'est bien ce qui m'inquiète, ajouta Temari toujours souriante.
Leurs au-revoir se limitèrent à ça. Shikamaru et Temari n'étaient pas de ceux qui s'épanchaient lors de tels évènements. Naruto et Hinata avaient toujours vu ce couple agir ainsi et ils n'avaient jamais remis en cause leur attachement l'un envers l'autre. Aucun couple ne se ressemblait. Naruto porta son attention sur Sasuke. Ce qui s'appliquait au couple Nara était encore plus vrai pour le couple Uchiha.
Naruto souleva sa valise et se dirigea vers le wagon qui était mis à la disposition des passagers de marque. Temari le devança en grimpant dans le train, suivie par le chef de gare qui portait la valise de la Première conseillère de Suna. Naruto leur emboita le pas et s'engouffra dans la porte du wagon avant qu'elle ne se referme derrière lui.
Quelques instants plus tard, Hinata, Shikamaru et Sasuke aperçurent le blond à la fenêtre du wagon. D'un geste de la main, le Nanadaime les salua alors que le train commençait à se mettre en branle, sous des sifflements assourdissants annonçant son départ. Hinata lui rendit ce discret geste d'adieu, devant ses deux amis, impassibles.
Le blond gardait le sourire même devant l'inquiétude persistante de sa femme. Elle aurait aimé partir avec lui mais ce voyage demeurait incertain et il ne voulait pas la mettre en danger inutilement. Une voix au fond de lui répondit : « Elle est forte » et Naruto ne pouvait lui donner tort. Cependant, il préférait qu'elle reste à Konoha. Elle resterait à Konoha, habitée par une angoisse dévorante, dans l'attente de nouvelles sur le sort d'Himawari et Boruto mais elle serait en sécurité. Ainsi Naruto n'aurait pas à s'inquiéter pour elle, il était suffisamment concerné par ses enfants, et le nœud qui lui liait le ventre, nuit et jour, le lui rappelait bien.
Naruto pouvait compter sur les autres pour veiller sur elle. Sakura ne la laisserait pas déprimer seule dans sa maison. Elles iraient boire un thé en ville en compagnie d'Ino et de Tenten, dégusteraient de la pâtisserie, parleraient du bon vieux temps. Et lorsqu'il reviendrait avec Boruto et Himawari, tout ceci n'aura été qu'un mauvais rêve. Du moins, il l'espérait…
Le train eut un sursaut et le quai commença à glisser sous les yeux de Naruto. Shikamaru, Sasuke et Hinata disparurent dans le coin de la fenêtre alors que la gare défila sous ses yeux. Il approcha son visage de la vitre pour apercevoir sa femme et ses amis. Il arrivait encore à les discerner alors que le train entamait une boucle. Il ne les quitta pas des yeux jusqu'à ce qu'il ne put distinguer que des silhouettes, puis il s'enfonça dans son siège.
Au travers de la fenêtre, il apercevait les maisons et les bâtisses de son village qu'il quittait pour une durée indéterminée. Cette pensée lui déplut et il ferma les yeux pour tenter de l'oublier.
- Je vais chercher quelque chose à manger au wagon-restaurant. Veux-tu que je te ramène quelque chose ?
Naruto leva les yeux pour croiser le regard de Temari. Il se rendit compte qu'il s'était assoupi.
- Rien, ça ira. Je n'ai pas faim, dit-il poliment.
- Si tu as soif, il y a des boissons dans un frigo, fit-elle remarquer au blond en montrant un meuble dans leur compartiment.
- Merci Temari. Je n'ai pas soif mais j'y penserais si besoin.
La blonde de Suna n'insista pas plus longuement et ouvrit la porte du compartiment privé pour s'y engouffrer sous le bourdonnement du train sur les rails, laissant le Nanadaime seul. Il se frotta les yeux avec ses doigts et s'étira les jambes sous la table qui le séparait de l'autre banquette. Il était plus fatigué qu'il ne le pensait. Combien de temps avait-il dormi ?Il jeta un coup d'œil à l'horloge qui se trouvait au-dessus de la porte du compartiment et vit que cela faisait plus de trois heures qu'ils étaient partis de Konoha. Dans quatre heures, ils atteindraient Suna et le soleil serait couché. A cet instant, par la fenêtre du wagon, Naruto apercevait de vastes rangées d'arbres qui filaient à grande vitesse sans interruption. Ils étaient encore loin de leur destination.
Le compartiment privé dans lequel il se trouvait n'était pas un compartiment comme les autres. Il s'agissait d'un wagon entier aménagé pour les besoins de quelques personnes. Au début du voyage, il s'était installé sur une des deux banquettes qui entourait la table placée dans un coin du wagon. Il n'avait pas osé s'installer sur les longues banquettes placées de chaque côté du wagon qui se faisaient face. Dans un coin du compartiement, une pièce offrait des commodités tandis qu'à l'opposé on pouvait trouver des meubles et rangements avec des magazines ou des livres. Un de ces meubles dissimulait un petit frigo contenant différentes boissons en libre-service pour ceux qui avaient le privilège d'accéder à ce wagon pour invités de marque.
A partir du moment où le train était parti, Temari s'était installée sur l'une d'entre elles pour parcourir des dossiers et divers documents. Pour sa part, Naruto s'était contentée de prendre une place autour de la table et d'observer les paysages au travers de la fenêtre. C'était surement peu de temps après cela que Naruto avait dut s'endormir, bercé par les secousses du wagon. Il lorgna du côté d'une des longues banquettes et se dit qu'il pourrait dormir tout le reste du voyage, allongé bien confortablement sur les coussins rouges. Puis il se rappela que Temari allait surement revenir et qu'il ne souhaitait pas qu'elle le voit s'étaler sur la banquette de tout son long, pour une sieste de quatre heures.
C'est à ce moment précis que Naruto se rappela que Gaara devait voyager avec eux. Etait-il toujours en réunion ? Ou bien était-il passé entre temps pendant que le blond dormait ? Les Kages étaient toujours très occupés et le Nanadaime le savait mieux que personne. Les réunions qui s'éternisaient étaient chose communes et Naruto fut comblé de ne plus avoir à subir de tels calvaires. Il espérait que Sarada soit plus patiente que lui.
Le Nanadaime se décala pour sortir ses jambes de sous la table et se leva. Il parcourut le compartiment pour rejoindre le frigo, qu'il ouvrit. A l'intérieur se trouvaient différentes bouteilles : eaux plate et gazeuse, sodas et des bières très peu alcoolisées. Naruto prit une petite bouteille d'eau plate et fouilla un placard du compartiment pour trouver un verre.
Il prit place sur une banquette, se servit un verre et posa la bouteille sur la table juxtaposée au meuble de confort. Le Nanadaime but une gorgée d'eau et se rendit compte à quel point sa gorge était sèche. Au dehors, les rangées d'arbres avaient fait place à des paysages vallonnés, aux collines vertes et aux versants escarpés. Naruto arrivait à distinguer çà et là des habitations et des fermes accolées à des cultures ou des rizières.
Plus loin dans le creux d'une vallée que le train longeait, il vit de grandes structures, des usines, d'où s'échappaient d'épaisses fumées grisâtres. Les régions du Pays du Feu limitrophes au Pays des Rivières étaient riches en minerais et donc en métaux. On y trouvait notamment beaucoup de cuivre qui était essentiel pour créer les conducteurs et les fils permettant la circulation de l'électricité. La découverte de nombreux gisements, où étaient extraits de l'aluminium et du plomb, avaient entrainé l'apparition de carrières, de mines et de raffineries aux alentours. Cela avait crée un véritable cœur industriel au sein même d'une région auparavant versée dans l'agriculture traditionnelle.
Naruto eut à peine le temps de se concentrer sur la fumée grise qui s'échappait de la haute cheminée aux stries rouges que le train entra dans un tunnel, plongeant le wagon dans le noir.
- Naruto…
Le Nanadaime se renfonça dans la banquette et ferma les yeux, prenant ses aises. Lorsqu'il les rouvrit, il n'était plus dans le wagon, il n'était plus dans le train. Il reposait sur une immense touffe de poils orangés qui formait une gigantesque créature. Une créature que Naruto connaissait mieux que personne puisqu'elle cohabitait en lui depuis le jour de sa naissance.
- Cela fait longtemps que nous n'avions pas parlé, Kurama.
Le Kyûbi, titanesque monstre de chakra, montra ses crocs pour laisser échapper un soupir de dédain. Couché tel un animal au repos, le renard à neuf queues s'adressa à son Jinchūriki de sa voix caverneuse, qui était installé nonchalamment sur la tête du bijû :
- Bien trop longtemps...
Naruto ne répondit pas à la pique de Kurama. Il s'allongea de tout son long sur le pelage du renard en soupirant longuement.
- Tu es troublé…
- Cela se voit tant que ça ? plaisanta Naruto.
- Nous sommes liés, répliqua Kurama. Je suis la seule personne à qui tu ne peux pas mentir.
Naruto se surprit à sourire.
- Tu as raison. Je suis inquiet.
Les yeux rouges du renard se levèrent en direction du blond, calé sur son front entre ses deux longues oreilles.
- Ton inquiétude pour tes enfants est justifiée. Tu n'as pas non plus été épargné par les derniers jours. Tu as été bien occupé.
- Ce n'était pas si simple que ça de renoncer au titre de Hokage.
- Ton rêve de gosse… pouffa le renard entre ses dents.
Naruto laissa échapper un rire clair à la remarque du biju. Son ascension au titre de Hokage, il la devait à Kurama. Il avait été tour à tour, adversaire, spectateur et partenaire.
- Est-ce que tu aurais des regrets concernant cette décision ?
- Non, répondit Kurama sans concession. C'était ton rêve, pas le mien. La vie de bureau m'attendrissait. Je ne suis pas mécontent d'avoir fait une croix là-dessus.
- Je suis bien d'accord avec toi. Je n'ai pas de regrets non plus pour la paperasse.
Un autre silence s'installa entre eux. Naruto profitait de la quiétude reposante de cette transe pour s'étirer sur le pelage chaud de Kurama alors que son esprit semblait attiré par le sommeil.
- Tes enfants savent se défendre, fit le renard en rompant le silence. Ton garçon est toujours aussi impétueux, comme tu l'étais autrefois. Mais il s'est assagi avec les années. Pour ce qui est de ta fille, elle tient beaucoup plus de sa mère.
Naruto fut touché de voir que Kurama essayait de le rasséréner sur le sort de Boruto et Himawari. Il avait raison également sur le fait qu'il devait s'être attendri au cours des années de poste de Hokage. Naruto pensa qu'il ne devrait surement pas lui faire remarquer.
- Ce n'est pas uniquement ça, reprit Naruto. Boruto et Himawari. Ils ne t'ont pas toi …
Le Nanadaime ressentit l'étonnement parcourir l'échine du biju.
- Qu'est-ce que tu veux dire ?
- Depuis mon enfance, j'ai toujours été protégé : par toi, par mon père, ma mère, par le Sandaime, Ero-sennin, Kakashi-sensei, Tsunade Oba-chan. Je n'ai jamais avancé seul. On m'a toujours aidé et soutenu, dans tout ce que j'entreprenais… Et j'ai l'impression que …
Les mots restèrent coincés dans sa gorge. Naruto regardait dans le vide, perdu dans son désarroi.
- J'ai l'impression que je les ai abandonnés. Tous les deux.
Kurama émit un grognement de désapprobation alors que ses neufs queues commençaient à s'agiter, battant l'air alentour.
- Si tu les avais abandonnés, tu ne serais pas ici.
- Et pourtant, je n'arrive pas à m'enlever cette idée de la tête… Et elle me pèse… avoua le Nanadaime qui porta sa main à sa poitrine.
- Inutile de te culpabiliser, Naruto ! s'agaça Kurama alors que ses queues frémissaient de colère. Ce qui est fait est fait. Ressasser le passé ne te ramènera pas tes enfants. Nous allons retrouver tes petits, quoi qu'ils nous en coutent.
La voix caverneuse de Kurama résonna à travers Naruto. Le bijû n'avait rien perdu de son tempérament de feu. Le Nanadaime se sentait dorénavant honteux de son aveu de faiblesse. Sans attendre, il se laissa glisser sur la truffe du renard pour retomber devant lui. Surpris, Kurama releva la tête pour dominer la silhouette du blond.
- Depuis quand il y a un « nous » à ce périple ? demanda Naruto avec un rictus.
- Tu ne peux rien faire sans moi, répondit Kurama moqueur en dévoilant ses crocs dans un large sourire.
Kurama tendit son immense poing vers Naruto. Cela faisait de nombreuses années qu'ils n'avaient pas communiés ainsi. Le Nanadaime frappa la griffe du renard de son propre poing. Ce même signe qui les avait rapprochés, il y a plus d'une vingtaine d'années, alors que la Quatrième Guerre Shinobi faisait rage. Ce fut seulement après quelques instants que leurs poings se séparèrent lentement.
- Tu peux compter sur moi pour t'aider à les retrouver.
Lorsque Naruto rouvrit les yeux, les lumières du wagon s'étaient allumés. Le train traversait toujours le tunnel et les fenêtres ne donnaient que sur l'obscurité. Naruto prit une bonne inspiration et termina le verre d'eau d'un seul trait.
- Merci, Kurama.
Un vrombissement indiqua à Naruto que le train venait de sortir du tunnel. Au dehors, il constata que le paysage avait changé. Il était beaucoup plus montagneux et les falaises semblaient plus escarpées et moins verdoyantes. La végétation se faisait beaucoup plus rare, de même que les collines qui avaient cédé leurs places à des monts de roc dur et sec. Naruto comprit alors que le train allait bientôt quitter le Pays du Feu pour traverser le Pays des Rivières. Très bientôt, le train quitterait les contrées vertes pour parcourir les dunes arides et désertes du Pays du Vent.
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J'espère que le chapitre vous a plu et en attendant la sortie du prochain, à bientôt !