Titre : Le poids des souvenirs

Auteur : Kiara

Date : 18/01/2018

Type : OS en deux parties, HPDM

Disclaimer : Merci infiniment à JK Rowling pour nous avoir offert Harry Potter.

Résumé : Depuis son enfance, Harry est poursuivi par des rêves de sa vie antérieure. D'un temps ancien peuplé de magie et de créatures fantastiques. Mais aussi de la guerre. Puis un jour, il croise la route de Draco et tombe amoureux de lui, encore une fois. Départager le passé du présent devint alors beaucoup plus compliqué.

Le poids des souvenirs

Deuxième Partie

Il possédait une petite salle de stockage à la galerie alors il s'était empressé, fébrile, d'aller y déposer toutes ses toiles où il avait peint l'homme de ses nuits. Il n'osait imaginer la gêne qu'aurait occasionner la découverte des toiles par celui-ci.

Un vrai psychopathe !

A la place, il avait ressorti les plus belles, ses préférées. Il y avait bien entendu « Le Terrier », « Sniffle » qui représentait un grand chien noir assoupit dans un jardin fleurit, et « La Ford Angelina ». « La tente bleue » celle qu'Hermione adorait et « L'heure du thé » où une multitude de petits bonbons au citron étaient entreposés dans une coupelle en verre aux côtés d'une théière en porcelaine bleu ciel et de tasses assorties. Il avait aussi sorti « Hedwige » et « La Grande Salle ».

Après avoir vérifié pour la troisième fois que tout était propre, que le lit était bien fait, qu'il avait à boire au frais et qu'il était bien habillé, il souffla un grand coup. Puis il regarda l'heure, constata qu'il ne restait que quelques minutes avant l'arrivée du blond et recommença à stresser !

Inspire… Expire…

Ding Dong !

Il s'étouffa et se prit les pieds dans le tapis en se relevant trop vite, ce qui le fit basculer contre le mur avec un glapissement surprit. Il gémit de douleur en se frottant le crâne avant de réussir à atteindra la porte sans autre accident. Une brusque inspiration plus tard, il ouvrait la porte avec un énorme sourire et une prière mentale.

Gris contre Vert.

Ardoise contre Emeraude.

Il était là. Splendide. Encore plus beau que dans ses souvenirs. Son écharpe argentée autour du cou, ses yeux fascinants, ses cheveux d'ange, ses lèvres étirées en un sourire discret.

Il aimait se glisser dans la douche avec lui, utiliser son shampooing. Pour sentir comme lui le reste de la journée. Pour l'avoir à ses côtés même quand il était loin.

Menthe poivrée.

« Bonsoir. »

« Bonsoir. Je t'en prie, entre. »

Il se poussa et l'autre se glissa dans l'appartement, le frôlant au passage avec délicatesse. Quand il sentit son parfum, il sursauta.

Menthe poivrée.

Il avait presque envie de pleurer. Il était si proche… Et en même temps si loin…

Dans un état second, il le regarda détailler les différentes pièces, puis pénétrer dans la chambre – qui faisait aussi office de salon et de pièce d'exposition – en enlevant ses vêtements. Il portait un jean noir qui le moulait parfaitement et une chemise grise qui mettait en valeur la teinte de ses yeux. Subjuguant. Il lui lança d'ailleurs un regard en coin, curieux de son silence mais il ne s'en formalisa pas et se mit aussitôt à admirer les toiles avec avidité. Ses yeux brillaient.

Est-ce qu'il se souvenait lui aussi ?

De la souffrance, du silence, des secrets, des étreintes, des caresses ? De la guerre ? De toutes ces fois où ils s'étaient blessés, volontairement ? De toutes ces fois où ils s'étaient embrassés ?

Les doigts pâles passèrent sur les couleurs sombres qui tapissaient le pelage du Sinistros, le jaune des citrons, le blanc du plumage de la chouette. Il plissa les yeux devant les bougies flottantes dans le ciel étoilé au-dessus des milles et un repas. Finalement, il lui fit face, le regard troublé.

« Je… » Mais il secoua la tête, comme pour s'éclaircir les pensées. « C'est magnifique. Tu as vraiment un don. Où est-ce que tu trouves l'inspiration ? »

« Dans mes rêves. Des images me viennent et je les retranscris en peinture. Pour me vider la tête tu vois ? Sinon… j'explose. »

Draco hocha la tête, signe qu'il comprenait. Son regard se perdit sur les quatre longues tables.

Il aimait le pousser à bout ou le taquiner pour voir cette flamme qui le consumait au fond des orbes métalliques. Pour avoir la preuve qu'il n'était pas le seul à s'embraser.

« Tu as beaucoup de toiles ? »

« Oui. Ce n'est qu'une partie. Les autres sont stockées à la galerie. »

« Hm… » Il plongea ses yeux dans les siens.

Gris contre Vert.

Ardoise contre Emeraude.

« Je pourrais les voir ? »

Comment lutter ? Comment dire non ? Il le vidait de ses forces, aspirait ses pensées pour faire de lui une poupée vide. Terrible marionnettiste. Mais il y avait toutes les toiles qui le représentaient… Sa passion pour cet ange blond. Le sang rouge sur sa peau. Comment lui montrer ça ? Il y avait aussi la guerre, terrible, terrible guerre. Les corps qu'il vomissait lors de ses crises les plus violentes, les larmes coulant sur ses joues, se mélangeant avec le rouge. La peine, la douleur, la colère. Comment le confronter à l'horreur ?

Oui.

Non.

Dilemme.

« Pas tout de suite. »

« D'accord. »

Soulagement. Problème repoussé à demain. Bonjour, nuit sans sommeil. Il ferma les yeux pour ne pas voir ses lèvres pincées.

Pour ne pas les embrasser. Les prendre entre les siennes. Les cajoler, les caresser, les vénérer. Un bruissement le força à rouvrit les yeux. Angel se tenait là, à quelques centimètres de lui. Ils avaient la même taille.

Trop proche. Son corps brulait !

Il voulut reculer loin, loin, loin, avant de faire une bêtise, avant de céder, mais rencontra le mur. L'autre s'avança d'un pas. Pas plus… Pas plus… Il ne pourrait pas… le supporter… résister… se contrôler…

Un autre pas. Il était collé à lui maintenant. Torse contre torse. Nez contre nez. Des doigts froids glissèrent le long de ses bras, remontant doucement.

Il aimait passer les doigts dans ses cheveux fins quand ils faisaient l'amour ou qu'ils baisaient violement. Qu'il les caresse ou les empoigne, il adorait leur douceur.

Plus que quelques millimètres avant que leurs lèvres ne se touchent. Harry tremblait de tous ses membres. Ne pas bouger, surtout ne pas bouger. Ne pas le faire fuir.

« Dommage. » souffla l'ange tout contre ses lèvres, sans jamais les toucher.

Puis il s'éloigna et un froid glacial le frappa. Il écarquilla les yeux, un cri de protestation au fond de lui. Non ! Il devait l'embrasser ! Il voulait l'embrasser !

Connaître…

Il lui attrapa le bras avant qu'il ne recule trop. Violement, il plaqua ses lèvres contre les siennes.

le goût de sa peau.

Il sentit le gout du sang. L'autre lui répondre aussi. D'un mouvement amorcé par l'un d'eux, ils se retrouvèrent allongés sur le lit, Draco au-dessus. Ils s'embrassaient comme si leur vie en dépendait. Dans la tête du brun, tout se mélangeait. Les souvenirs, le présent, les perceptions, les goûts. Il ne savait plus s'il était dans une chambre verte et argent ou dans un appartement d'étudiant, s'il embrassait un irritant Serpentard ou un acheteur inconnu, s'il était le Survivant adulé ou un simple peintre tourmenté.

Leurs mains glissèrent sur leurs torses, leurs bras, leurs visages, leurs jambes. Il glissa ses mains dans ses cheveux. Ouvrit les yeux pour se sentir bruler. Sentit l'odeur de sa peau. Se laissa dévorer.

Mais il fallut se détacher. S'éloigner. Se rhabiller. Le regarder s'envoler, sans un mot.

« A bientôt Harry »

Roulé en boule sous les couvertures, son corps frigorifié l'empêcha de dormir jusqu'au petit matin.

~ oOo ~

Il traina sa carcasse glacée toute la journée mais il se sentait pourtant plus vivant que jamais. Et il savait pourquoi. Ce quelque chose dans sa poitrine, qui lui donnait envie de pleurer parfois et qui jouait sur ses nerfs constamment, s'agitait. Petit à petit… Quand il l'avait revu pour la première fois, le quelque chose avec frémit. Quand ils s'étaient parlés, le quelque chose avait bougé. Maintenant qu'ils s'étaient embrassés… Le quelque chose se mouvait. Lentement, lentement, il tournait autour de son cœur, l'enlaçait, le serrait. Le réchauffait surtout.

Un petit serpent, mortel.

Le symbole de leur passion.

Qui s'était réveillé avec Draco.

Qui le perdrait ou le sauverait. Qui l'empoisonnerait ou le réchaufferait.

Il rit avec Ron, sourit à Hermione, plaisanta vers leurs amis de Physique avait qui ils mangeaient le midi quand leurs horaires concordaient. Bien que glacé, il se sentait léger. Euphorique. Son cœur s'emballait régulièrement sans prévenir et il ne pouvait s'empêcher de tripoter son téléphone, les yeux pétillants. Qui serait le premier à envoyer un message ?

Il n'avait pas conscience d'être sublime dans toute sa joie. Les gens se retournaient sur son passage, on murmurait, on gloussait, on chuchotait. Mais il pensait trop à Angel pour y faire attention. De toute façon, il ne faisait jamais attention à son environnement, dirait Hermione.

Ses doigts pianotèrent sur le téléphone. Est-ce que se serait lui ? Il voulait tellement, tellement, tellement le revoir rapidement. Même si pour cela il devait lui montrer la guerre. Même si pour cela il devait lui exhiber sa passion.

"On se voit ce soir ?"

La réponse vient quelques minutes plus tard, en une petite vibration. Est-ce qu'il attendait son message ? Il eut une courte déception et lisant les mots inscrits.

"Désolé, je donne des cours ce soir. Demain ?"

Après avoir rapidement consulté son calendrier, il accepta. Demain. Demain, demain, demain.

Attendre. Constamment. Attendre dans la peur de ne jamais le revoir. Attendre dans l'espoir de le revoir. Attendre encore, et encore. Attendre chaque jour qui passe, chaque nuit froide. Attendre en regardant les étoiles, en plongeant dans un lac gelé, en fuyant.

~ oOo ~

Le lendemain fut annulé. Le meilleur ami de son parrain, Remus Lupin, était en voyage d'affaire et sa femme, Nymphadora Tonks, était malade. Il fallait donc quelqu'un pour garder le petit Teddy. Comme ce dernier était son neveu et que les Lupin avaient tant fait pour lui, il accepta immédiatement, bien qu'il soit obligé de sacrifier une soirée avec Angel. Un message d'excuse plus tard, un autre d'acceptation, et il était devant la maison familiale en début d'après-midi – merci l'emploi du temps du vendredi ! Il récupéra le gamin et ils s'envolèrent vers la galerie marchande la plus proche pour faire des folies.

C'était bientôt le dixième anniversaire de Ted Lupin et il venait de recevoir sa paye alors ils s'amusèrent à essayer des habits complètements loufoques dans les magasins les plus moches. Ils achetèrent des crêpes, des gaufres et des boissons chaudes puis se posèrent dans l'herbe humide de neige, des lunettes de soleil sur le nez, un manteau chaudement resserré autour d'eux. Teddy lui sourit, d'un gigantesque sourire d'enfant ignorant tout de l'horrible réalité de la vie. Harry sourit à son tour, en pensant que ce Teddy là ne connaitrait pas le destin d'un orphelin, ni les ravages de la guerre. Il grandirait aux côtés de ses parents, se disputerait avec sa mère à l'adolescence, défierait son père en sortant tard le soir. Il aurait des réunions familiales, des Noël en famille. Il connaitrait la chaleur de l'étreinte d'une mère, la protection des conseils d'un père. Toutes ses choses qu'il n'aurait jamais eut là-bas.

Ils étaient morts main dans la main, face au monde.

Et il ne resta à Harry plus aucune famille.

Toutes ses choses qu'Harry n'avait jamais connu, pas même ici.

« Oncle 'Ry ? On va peindre ? »

Il sourit au garçon avant de se relever et de l'aider. Ils filèrent à toute allure sur la moto du brun en direction de son appartement. Là, ils couvrirent les murs, les meubles et le sol de grandes bâches déjà bien tachées, sortirent deux grandes toiles, des tubes de toutes les couleurs, une blouse pour le petit et sa salopette pour le grand et ils se mirent au travail. Entre deux fous rires ils se tartinaient de peinture, traçait des fleurs difformes et quelques visages sans nom.

Du gris pour les yeux, du jaune pâle pour les cheveux.

Harry soupira. Même à cet instant, Draco était présent. Il allait demander à Teddy s'il voulait boire quelque chose quand on sonna à la porte. Il n'eut pas le temps de faire quoi que ce soit que le gamin avait posé son pinceau et courrait jusqu'à l'entrée, couvert de peinture.

« Bonjour ! »

Harry regarda Draco et Draco regarda l'enfant qui lui souriait sur le pas de la porte.

« Bonjour. »

Teddy lui offrit un énorme sourire. Le peintre adressa une courte prière pour que celui-ci ne fasse pas de bourde.

« Vous v'nez voir Oncle 'Ry m'sieur l'Ange ? »

Il s'étouffa et le blond haussa un sourcil, surpris et curieux.

« Ange ? »

« Ouais ! Harry a dit qu'il peignait un ange quand j'lui ai demandé et il vous r'semble beaucoup je trouve ! »

Cette fois-ci, une lueur clairement amusée et moqueuse s'illumina dans les yeux gris et il les plongea dans les orbes verts du brun.

« Je serais curieux de voir ça. »

En s'extasiant sur la ressemblance d'une voix très forte, l'enfant prit la main du nouveau venu pour le guider jusqu'à la chambre colorée. Effectivement, si l'œuvre de Teddy était abstraite et énormément colorée, celle d'Harry était plus détaillée et calculée. On distinguait parfaitement un corps assis, des jambes élancées dans un jean noir encre, un torse dénudé très pâle, un visage parfait. Heureusement pour lui, il n'y avait pas de sang, ni de position trop sensuelle. Non, c'était sobre et simple. Une simple représentation, un pinceau fin pour marquer la pureté de l'être peint. Tout d'abord, Draco ne dit rien. Ensuite, lentement, un sourire étira ses lèvres.

« Effectivement, très ressemblant. »

Il reprit sa respiration, bien qu'il n'avait pas le souvenir de l'avoir retenue. Il s'éclipsa discrètement, pendant que Teddy expliquait à Draco ce qui était représenté sur sa toile, pour ouvrir le frigo et sortir une bouteille de jus de fruit.

Pourquoi est-ce que Draco était-là ? Il lui avait dit qu'ils ne pourraient pas se voir finalement ce soir. Alors pourquoi ? Il aurait pu ne pas être chez lui ! Est-ce qu'il était passé à la galerie ? Il n'arrivait pas à le cerner.

« Teddy est parti se laver. » déclara Angel en pénétrant dans la cuisine silencieusement.

Il fut ravi de voir qu'il ne sursauta presque pas. En gloussant doucement, il tendit un verre de jus au blond qui le prit avec un sourire amusé.

« Un Ange alors ? »

« Que voulais-tu que je lui dise ? Que j'avais peint le type que j'ai embrassé comme un fou hier ? » répondit-il avec un haussement d'épaule. « Ou mon petit-ami peut-être ? »

Il inspira vivement quand l'autre sourit. Il le regarda s'approcher de lui lentement, à la manière d'un prédateur face à sa proie, puis se coller à lui comme la dernière fois.

« Pourquoi pas ? »

Harry approcha son visage du sien, frôlant sa joue de son nez.

« On ne se connaît pas. » chuchota-t-il près de son oreille.

Deux mains se glissèrent sur ses hanches et le serrèrent contre un corps chaud.

« Ça peut s'arranger. »

Alors qu'ils s'embrassaient, le bruit de l'eau en arrière-plan, Harry pensa qu'il avait bien fait de venir. Il avait maintenant un petit-ami dont il ignorait tout mais dont il était irrésistiblement épris. L'avenir s'annonçait plein d'embuche.

Ça tombait bien, il adorait partir à l'aventure.

Ils s'éloignèrent enfin, mais de quelques centimètres seulement.

« Mon nom est Draco Malfoy, 19 ans. Je donne des cours particuliers un soir sur deux afin de financer mes études et l'appart que je loue avec mon meilleur ami, Blaise Zabini. Je suis en fac de médecine. »

Il rit avant de se prendre au jeu.

« Mon nom est Harry Potter, 19 ans aussi, peintre à ses heures perdues, étudiant en bio le reste de temps. Je bosse dans une galerie d'exposition géniale, je vis seul et mes deux meilleurs amis sont Hermione Granger et Ron Weasley. »

Il lui vola un baiser avant de poursuivre.

« Mon petit-ami se nomme Draco Malfoy. »

Le garçon sourit victorieusement avant de l'embrasser de nouveau. Il lui montrerait les autres toiles, décida Harry.

Draco était repartit quelques instants après que Teddy soit sorti de la douche, sans donner d'explication quant à sa venue. Ils avaient rendez-vous le lendemain. Teddy et lui avaient regardés un film en engloutissant une pizza, puis ils s'étaient endormit dans le lit d'Harry car c'était le seul qu'il possédait. Posé dans un coin de la chambre, le tableau (« Angel ») le regardait se laisser entrainer par les songes.

Ils furent peuplés de blonds aux yeux gris.

Mais aucun n'appartenait au passé.

~ oOo ~

C'était un rendez-vous standard mais très agréable. Ils étaient allés à la fête foraine installée à quelques rues de l'université du blond. Gaufres, pommes d'amour, grand huit, stand de tir, tout y était passé. Finalement, ils avaient terminé par le traditionnel tour de grande roue, un gros ours en peluche rose bonbon sous le bras du blond et un autre vert pomme dans ceux du peintre. Ils avaient rit, ils avaient parlé, ils s'étaient taquinés aussi.

La couleur préférée de l'autre, son plat le plus détesté, ses allergies, ses phobies, ses hobbys.

Ils s'étaient découverts.

Et Harry était tombé amoureux à nouveau.

Draco était doux. Il souriait peu mais ses sourires étaient sincères bien que discrets. Il parlait peu mais toujours pour dire quelque chose de pertinent ou lancer une gentille pique. Il lui effleurait la main quand il voulait la prendre, le laissait gagner un ours en peluche pour lui.

Il était aussi piquant. Il refusait qu'on paye pour lui, même une barbe-à-papa. Il n'avait pas peur, à aucun moment. Il savait envoyer paître ceux qui critiquaient leurs mains jointes, par le regard ou les mots. Il l'embrassait quand il en avait envie, surtout devant ceux qui étaient dégoutés par leur couple. Il était fier et n'abandonnait jamais même quand il s'agissait d'atteindre une cible pour gagner une peluche complémentaire.

« Pourquoi est-ce que tu voulais sortir avec moi ? » demanda Harry timidement, alors que leur cabine montait lentement vers le ciel.

Draco quitta le paysage des yeux pour le regarder avec intérêt.

Gris contre Vert.

Ardoise contre Emeraude.

« Quand nous nous sommes rencontrés pour la première fois… Dans ce parc… J'ai senti quelque chose. J'ai immédiatement été attiré par toi. Je n'ai pas su comment réagir car c'était la première fois que quelque chose comme ça m'arrivait. D'habitude les autres m'indiffèrent. »

Il se leva pour venir s'installer sur les genoux de l'ancien Gryffondor. Passant ses bras autour de son cou, il se colla à lui pour chuchoter la suite tout près de son oreille. Harry glissa ses mains sur sa taille.

« Puis je t'ai revu sur ta moto et j'ai réalisé que je n'avais pas arrêté de penser à toi. Quand j'ai découvert que tu travaillais dans la galerie d'exposition… J'ai décidé de ne pas te laisser partir. Je te voulais. »

Les doigts crispés sur le manteau ouvert de l'autre, il l'embrassa passionnément.

Jour et nuit, nuit et jour il avait pensé à lui.

Ils baisaient partout. Contre les murs, sur les tables, dans la bibliothèque, les salles de classe, en colle, dans les vestiaires. Ils se griffaient, se mordaient, se blessaient.

« Tu m'appartiens » disaient les marques sur le corps de l'autre.

Ils se fondaient l'un dans l'autre avec violence.

« Je t'ai désiré à l'instant où mes yeux se sont posés sur toi. » murmura-t-il entre deux baiser.

« Je peux voir les autres toiles ? » quémanda Draco dans un souffle, l'enlaçant.

« D'accord. »

~ oOo ~

La guerre était peinte en rouge, en noir et en gris. L'éclairage déformait le visage des défunts en une grimace. Larme ou douleur ? Il y avait ici un couple lié par les mains, là-bas un vieil homme avec une longue barbe blanche. Dans une autre toile, une arche se dressait, dangereuse. Un lac remplit de monstre gardiens ni morts, ni vivants, que seules les flammes éloignaient. Une maison en ruine. Un rayon vert mortel. Une maison en feu.

Tempête.

Chaos.

Draco resta longtemps, à regarder les histoires peintes avec violence. Ses yeux brillaient comme s'il voulait pleurer pour quelque chose dont il n'avait aucun souvenir.

« J'ai mal. Je ne sais pas pourquoi mais je ressens un mélange de… douleur, tristesse, culpabilité, et colère. »

Parce qu'il n'avait pas eu le choix. Le prix à payer pour protéger était cruel.

Parfois le soir, il l'entendait pleurer. Alors il le prenait dans ses bras et caressait ses cheveux.

Sans un mot.

Il n'y avait rien à dire de toute manière.

Il avait une famille. Harry aussi aurait tout fait pour protéger sa famille. Mais lui devait protéger le monde. Alors le prix à payer était ceux qu'il aimait. Les gens mourraient autour de lui. S'ils ne mouraient pas, ils subissaient la perte de quelqu'un d'important, ou ils étaient contraints à un avenir qu'ils ne désiraient pas.

La guerre était cruelle. Tout autant que le prix de la vie.

Draco ne se souvenait certainement pas de leur vie antérieure, mais certaines images entrainaient une réaction de son âme. Il était comme un amnésique. Il n'y avait qu'Harry qui se souvenait de tout, parce que c'était le prix à payer pour son souhait. Être condamné à savoir que cette vie n'était qu'une seconde chance. Et ça le torturait de l'intérieur. De qui était-il amoureux ? Du Serpentard ou de cette personne ? Bien que ce n'était qu'une seule et même entité, qu'une seule âme, les deux être étaient différents. Draco était-il une substitution de Malfoy ?

La passion était peinte en vert, argent et blond. Les visages étaient soit endormit, soit tristes. Ici l'ange enroulé dans les draps, là-bas volant dans le ciel orageux. Parfois du sang coulait de ses plaies, de ses yeux tels des larmes, de la marque noire sur son bras. On sentait pourtant une certaine pureté dans la position des corps, dans les yeux semi-ouverts, dans le pli de ses lèvres. Harry avait peint avec douleur mais aussi avec douceur.

« C'est beau. »

Le Draco de ce monde n'était pas électrique. Il n'était pas rempli de violence et de haine envers le monde. Il n'avait pas cette énergie qui électrisait ceux qui se trouvaient trop près de lui. Il n'avait pas ce regard de glace, supérieur et méprisant, qu'il abordait pour éviter de se faire piétiner, de se noyer.

Le Draco de ce monde n'avait pas connu le manque de choix, l'obligation et la peur. Il n'avait pas essayé de tuer un homme qui avait proposé de le protéger. Il n'avait pas été témoin impuissant de multiples tortures sur des hommes incapables de se défendre.

Le Draco de ce monde n'était pas brisé. Il voyait encore la beauté de la neige, l'espoir dans le sourire d'un enfant. Ses mains n'étaient pas tachées, ni même son bras. La puissante épée de la destinée ne pendait plus au-dessus de sa tête, marquant les secondes avant l'erreur qui lui ferait perdre sa vie.

Les sentiments dans sa poitrine battaient pour un homme qui n'était plus. Qui ne sera jamais.

Et pourtant… Il était envouté par ce Draco-ci. Par sa manière de le regarder, de lui prendre la main en public, de l'embrasser quand il le désirait.

Qu'est-ce qui était différent ? Qu'est-ce qui était identique ? Etait-il capable de séparer le passé du présent ?

« Est-ce que ça va ? »

Harry regarda Draco.

Gris contre Vert.

Ardoise contre Emeraude.

Il avait aimé un homme. Aujourd'hui celui-ci n'était plus qu'un souvenir. Mais un autre se présentait devant lui. Il le séduisait. Il l'attirait.

Il était déjà profondément amoureux de cette âme. Il aimerait aussi ce cœur.

~ oOo ~

Il regarda le cachet rond dans le creux de sa paume. Sans aucune hésitation, il l'avala. Immédiatement, ses pensées s'apaisèrent, les images qui tourbillonnaient derrière ses paupières s'évaporèrent. Il se laissa glisser sur le sol, vidé de ses forces.

Il devait oublier. Pour l'aimer comme il fallait, entièrement. Ce n'était pas un substitut. Mais le passé révolu le hantait et l'empêchait de le chérir entièrement.

Alors si pour l'aimer il devait oublier une partie de lui, sacrifier ses nuits, se gaver de médicaments… Il le ferait. Parce que Draco le méritait.

Dans sa poitrine, le petit serpent mortel mordit violemment son cœur.

~ oOo ~

Leur relation qui avait commencé en quelques secondes avançait lentement maintenant. Ils se voyaient le soir, sauf quand Draco devait donner des cours. Quand Harry travaillait à la galerie, Draco le rejoignait et déambulait parmi les tableaux. Il ressemblait à un ange perdu au milieu des hommes, qui s'était échappé de la toile d'un grand maitre. Il aimait aussi s'enfermer longtemps dans le petit local où Harry stockait ses œuvres.

Parfois, quand il n'y avait personne à la galerie, Harry le rejoignait. Il le regardait fixer les œuvres sans un mot. Il ne parlait pas, ne le touchait pas. Se contentait de le contempler au loin.

Avalait une petite bille ronde.

Oublier, oublier.

Fermer les yeux, serrer les lèvres, boucher ses oreilles.

Et la culpabilité disparaissait.

« J'aimerais te voir me peindre. » déclara soudain le blond.

Harry ouvrit les yeux.

« D'accord. »

Il ferait tout pour le garder à ses côtés. A la manière dont ils s'étaient dit « Je t'aime » la toute première fois, dans une autre vie, il y a très, très longtemps. Par le sacrifice.

Leur relation qui avait commencé en quelques secondes avançait lentement maintenant. Ils s'embrassaient, se parlaient. Se touchaient, un peu. Draco se noyait dans ses toiles et Harry se gavait de bonbons blancs.

Et le petit serpent, mordait, mordait, mordait.

~ oOo ~

Il l'avait peint un soir à la lueur de la lune. La lumière donnait à sa peau des reflets argenté qu'il peinait à retranscrire en peinture car la couleur n'était jamais identique. Il ne quitta pratiquement pas le corps nu des yeux, mis à part pour créer une nouvelle couleur.

Il traça la courbe de ses jambes, l'arrondit de ses muscles, l'angle de sa taille. Il déposa autour de son visage une chevelure d'or clair, presque blanche. Ses doigts peignaient un corps en de longs mouvements amples et marqués par l'habitude. Il avait dessiné ce corps tant de fois à partir de ses souvenirs que s'en était presque trop simple avec l'original sous les yeux.

Il dévorait des yeux la poitrine se gonflant doucement d'air, le tressaillement de ses muscles alors qu'il se retenait de bouger, la fièvre sur ses joues face à son regard. La lumière de la nuit le rendait presque irréel. C'était comme s'il allait soudain se changer en fumée et disparaître au loin.

Harry ne pensa plus au flacon blanc posé dans la cuisine. Il ne pensa plus au corps endormit dans des draps argent. Il ne pensa plus au garçon mort dans ses bras. Il ne vit plus que celui qui lui faisait face, légèrement recouvert d'un drap blanc, si pur, si beau.

A cet instant, il n'eut pas besoin d'oublier car il était incapable de penser à autre chose qu'à la merveilleuse créature qui se tenait devant lui et qui appartenait au présent.

« Tu n'es pas un mirage n'est-ce pas ? » demanda-t-il timidement à l'éclat de la lune.

L'autre sourit sans rien dire. La colombe pouvait s'envoler à tout moment.

Finalement, il posa son pinceau et le drap s'échoua sur le sol.

Angel s'approcha doucement pour venir admirer son portrait. Puis il s'assit sur les genoux du brun et l'embrassa doucement. Le silence de la nuit rendait leurs gestes presque tendres.

Presque secrets.

Il déposa sur son bras de la peinture noire. Il déposa sur ses lèvres de la peinture rouge. Il déposa sur son cœur de la peinture grise et verte. Il embrassa sa peau. Son cou. Ses poignets, son torse, son abdomen, ses cuisses, ses chevilles.

« Ne t'envole pas. » le supplia-t-il, allongé au-dessus de lui.

Comme seule réponse, Draco glissa ses mains dans ses cheveux et le serra contre son corps.

Il ferma les yeux.

S'il lui faisait l'amour, là, maintenant, tout de de suite… S'il se fondait en lui… Tout se mélangerait.

Il ne savait plus qui il regardait. Il ne savait plus qui il voyait. Il ne savait plus qui il touchait, qui il embrassait, qui il aimait.

D'un mouvement de hanche impatient, Draco le retourna pour s'asseoir au-dessus de lui. Avec sa langue, il traça un chemin de son cou à son cœur avant de descendre plus bas.

Et Harry ne pensa plus à rien.

Vivre.

Les yeux fermés, Harry écouta Draco s'agiter pour s'extirper des draps. Il l'entendit s'habiller rapidement puis revenir vers lui. Il le sentit s'asseoir sur le bord du lit, passer une main chaleureuse dans ses cheveux.

« De qui suis-je le substitut, Harry ? » murmura-t-il à voix basse.

Il l'embrassa sur la tempe puis disparut.

Laissant Harry pleurer silencieusement dans le noir.

~ oOo ~

Les jours suivants passèrent dans le brouillard. Ils ne s'étaient pas envoyés de message. Hermione et Ron s'inquiétaient. Leurs autres amis aussi, et la responsable de la galerie, et les Lupin. Il n'arrivait plus à sourire. A parler. Il n'avait qu'une seule envie : se rouler en boule dans son lit et s'endormir à tout jamais, la peinture de Draco veillant sur lui.

Mais c'était impossible. Car cela signifierait fuir, s'enfermer avec son passé. Il devait avancer !

Cette seconde chance ne devait pas être gâchée.

Ils devaient parler. C'était la seule solution.

Mais que dire ?

Que lui expliquer ?

Il leva les yeux quand deux pieds apparurent dans son champ de vision. Draco se tenait devant lui, une expression neutre sur le visage. Pourtant, il distinguait parfaitement la lueur de curiosité dans ses prunelles. C'était logique, Harry était venu le chercher à sa fac en moto sans prévenir.

Sans un mot il lui tendit un casque que le blond enfila sans protester ni poser de question.

Ils filèrent à vive allure.

Il n'avait pas neigé depuis quelques jours alors le parc où ils s'étaient rencontrés avait repris ses couleurs personnelles.

« Il y a longtemps… Il y avait un garçon que je détestais. » commença Harry en se tordant les doigts, alors qu'ils étaient tous les deux assis sur un banc. « Puis notre relation a changé et je suis tombé amoureux de lui. » Il le regarda un court instant. « Il te ressemble beaucoup. »

Voyant qu'il ne poursuivait pas, Draco prit la parole à son tour.

« Que s'est-il passé ? »

« Nous… sommes sorti ensemble durant une période très difficile pour nous deux. Mais nous avons tenu. Puis… il est mort. »

Draco sursauta. Il ne s'attendait visiblement pas à une telle fin. Harry retient un rire amer. S'il savait qu'il était mort lui aussi. Que tout le monde était mort.

Il pensa aux médicaments qu'il n'avait pas pris ce matin.

« Donc… Je le remplace ? Parce que tu ne peux pas l'oublier ? »

« Je n'arrive pas à l'oublier c'est vrai. Mais… »

Il se tourna vers lui pour attraper ses joues et le forcer à le regarder dans les yeux.

Gris contre Vert.

Ardoise contre Emeraude.

« Tu ne le remplace pas. Je suis tombé amoureux de toi, aussi rapide que ça puisse paraître. »

« Parce que je lui ressemble. » affirma le blond avec conviction, une expression résignée sur le visage.

« Non ! Je peux t'assurer que vous avez beaucoup plus de différences que de similitudes. »

« Pourtant, ce n'est pas moi que tu as peint. » souffla-t-il en se détournant.

Harry sursauta à son tour et son cœur se glaça.

« Que… »

« Ne me ment pas. Je le sais. Je l'ai vu. Il y a tous ces détails… Cette marque étrange sur le bras par exemple ? Le sang sur le corps ? Les draps toujours de la même couleur ? Le vert et l'argent qui reviennent toujours ? Ce n'est pas moi. »

« Je… »

« Parfois tu me regarde mais tu ne me vois pas. » poursuivit Angel sans lui laisser le temps de s'expliquer. « Tes yeux passent à travers moi. Et ça fait mal. Mais ce n'est pas grave. Parce que il semblerait que moi aussi je sois tombé amoureux de toi, tout aussi rapide que ça puisse paraître. Alors si tu penses à un autre en me voyant… Je ferais avec. Tant que tu es à mes côtés. »

C'était toujours pareil. Ils ne s'avaient s'aimer qu'en se sacrifiant pour l'autre. Pourquoi ? Pourquoi étaient-ils incapables de s'aimer correctement ? Autrement ? On leur avait accordé une seconde chance, le droit d'être ensemble. Et pourtant, ils recommençaient le même schéma.

Comment lui montrer qu'il était amoureux du Draco de ce monde ?

Il pensa aux médicaments qu'il n'avait pas pris ce matin.

Il les sortit de sa poche, se plaça face au blond et lui expliqua.

« Ils m'aident à oublier le passé. »

Et il les avala tous.

~ oOo ~

Il ouvrit les yeux en sentant des doigts taquins lui caresser les joues. Il sourit alors que ses yeux myopes se déposaient sur le garçon qui lui faisait face. Celui-ci, allongé sur le ventre, remonta sa main pour venir jouer avec ses cheveux. Harry referma les yeux. Il était bien. Il se sentait en sécurité, protégé, choyé. Une douce chaleur l'entourait et les doigts de son amant l'envoyaient vers un sommeil réparateur.

Mais le corps chaud s'éloigna de lui et il frissonna.

Quelque chose clochait.

Avec un grognement de protestation, il roula sur le dos en glissant ses lunettes sur son nez. Foutue vision ! Une moue appréciatrice transforma soudain son visage alors qu'il détaillait le corps nu de dos.

Il était magnifique.

Sur son bras…

Cependant, la luminosité n'était pas bonne. Certaines ombres n'avaient pas lieu d'être.

Aucune marque noire ne venait salir la peau blanche.

Il se redressa vivement. Ce n'était pas normal ! Insensible à sa panique et sa confusion, Draco continuait à se diriger vers la petite salle d'eau commune à la chambre.

Un pinceau couvert de peinture rouge trainait au milieu des draps argentés.

Il ouvrit la bouche pour l'appeler mais le blond se retourna brusquement vers lui. Sur ses joues, des larmes coulaient.

« Pourquoi est-ce que tu ne me regarde pas ? Pourquoi est-ce que tu ne me vois pas Harry ? »

Il voulut protester, crier son incompréhension mais aucun son ne sortait de sa bouche. Il hoqueta d'horreur en empoignant sa gorge.

Quelque chose clochait.

Impuissant, il fixa les larmes tomber sur le sol sans pouvoir rien faire, rien dire. De quoi parlait-il ? Il ne voyait que lui.

L'instant d'après, Draco était sur lui et l'embrassait passionnément, assit sur ses genoux. Il s'éloigna un peu et lui sourit, les yeux brillants. Aucune trace de larme sur le visage. Il pouvait voir de longues et fines cicatrices recouvrit son corps.

Mais ces cicatrices ne devraient pas être là. Pas encore ! C'était bien plus tard, beaucoup plus tard, qu'il…

« De qui suis-je le substitut Harry ? » demanda le blond au creux de son oreille d'une voix sensuelle inadaptée à la question, en se mouvant lentement contre lui.

Quelque chose clochait.

Tout se mélangeait.

Il n'avait toujours pas de voix. Draco s'éloigna de nouveau.

« Tu dois faire un choix. »

Quel choix ? De quoi parlait-il ? Tout avait si bien commencé…

Du sang se mit à couler sur son visage, tachant ses cheveux blonds. De grandes plaies s'ouvrirent sur son torse pâle, ses bras, ses jambes. Harry paniqua. Non ! Si le sang ne s'arrêtait pas de couler, il allait mourir !

Il ne pouvait bouger.

« Tu es celui qui a formulé ce souhait. »

La voix de Draco n'était pas la sienne. Elle était beaucoup trop profonde. Elle résonnait sur les murs, dans son âme.

Il sentit qu'il pouvait enfin se mouvoir et bondit vers lui mais celui-ci disparut en fumée quand sa main entra en contact avec sa peau. Il resta là, choqué, seul dans cette grande chambre froide. Les draps étaient tachés de peinture rouge.

« Nous pourrions être ensembles. »

La voix était partout. Elle sortait des murs, des meubles, de l'air.

« Mais tu dois faire un choix. »

Il tourna lui lui-même pour essayer de l'apercevoir.

« Choisis. Choisis Harry. »

Deux mains vaporeuses se posèrent sur son torse, caressant la peau au-dessus de son cœur avec tendresse.

« Passé ou Présent ? »

Les mains avaient disparu. A la place, une bouche gourmande picorait sa nuque.

« Choisis Harry. »

Ils furent soudain dehors. Dans un parc. De la neige tombait du ciel bleu.

« Ensemble. »

Draco portait une épaisse écharpe argentée enroulée fermement autour de son cou pour le protéger de la morsure du froid. La couleur du tissu allait parfaitement avec la couleur du mercure en fusion qui caractérisait ses yeux. Deux yeux semblables à un gouffre de glace. Leur couleur dansait avec la luminosité, passant du métal au nuages d'orage, de l'ardoise au granit. C'était un ballet envoutant. Ses cheveux quant à eux, étaient d'un blond très clair et tombaient devant son visage.

Il tendit la main vers lui. Harry tendit la sienne mais se figea avant d'atteindre les doigts.

Il se retourna.

Derrière lui, emmitouflé dans une cape blanche chaleureuse, des bottines en cuir de dragon aux pieds, Draco lui souriait. Il n'y avait plus aucune trace de sang ou de larmes. Rien qu'un bonheur doux et chaleureux.

Il tendit la main vers lui.

« Tu dois choisir. » dit la Mort en face de lui. « Si tu veux aimer un souvenir qui t'a été arraché ou une personne qui est prête à être à tes côtés. »

Elle s'approcha de lui et le prit dans ses bras. Le paysage devint un champ de bataille. Des corps partout. Voldemort en poussière. Un poignard profondément planté dans sa poitrine qui ralentissait les battements de son cœur.

« Je peux te reprendre tes souvenirs, ou te les laisser. Je peux te laisser dormir dans le passé ou te réveiller dans le présent. Il ne revient qu'à ton cœur de faire un choix, petit Maître. »

Il regarda les deux Draco. Leurs yeux identiques. Leurs sourires identiques. Leurs visages identiques. Il regarda la flamme qui brulait chez l'un, la paix qui enlaçait l'autre puis le flacon blanc que lui tendait la Mort, sublime dans sa longue cape noire qui lui cachait le visage.

« Maintenant, Harry. » dirent les trois personnes d'une même voix.

Il ferma les yeux.

~ oOo ~

Le garçon courait vers lui, évitant les trous dans le sol, les corps oubliés.

Un violent soulagement éclata dans sa poitrine quand il aperçut sa chevelure blonde. Il oublia immédiatement le corps dénudé de vie de Voldemort quelque part dans son dos.

Il courut à son tour vers lui.

Enfin !

Enfin !

Après tout ce temps ! Après cette si longue attente, cette angoisse étouffante, cet espoir fragile !

Leurs corps se rencontrèrent avec violence. Ils tombèrent sur le sol sans se lâcher.

Il pleurait. Ils pleuraient. Pas de besoin de dire quoi que ce soit pour témoigner de leur bonheur.

Il pouvait enfin le serrer dans ses bras. Il pouvait enfin embrasser ses lèvres. Il pouvait enfin se noyer dans ses yeux ardoise.

Ils murmuraient leurs prénoms à l'infini, sans desserrer leur étreinte. Ils ne laissaient plus jamais l'autre repartir. Ils seraient ensembles.

~ oOo ~

Ils regardèrent Harry ouvrir les yeux.

Hermione éclata en sanglot.

Ron la serra plus fort contre lui.

Draco rit de soulagement.

Harry regarda dans sa direction. Il lui sourit.

Dans sa poitrine, le petit serpent mortel réchauffait son cœur douloureux.

Il avait choisi d'avancer. De ne pas rester bloqué auprès de son premier amour car cela ne leur apporterait que de la souffrance.

Vivre.

Avancer.

S'aimer, sans contraintes, ni sacrifices.

20