- T'as fini de remplir tes conclusions sur le dossier « Zabini » ? demanda Ron à son meilleur ami en pliant la Gazette du sorcier qu'il venait de finir de lire.
- J'ai rendu mon rapport hier soir !
- Il faut que j'écrive le mien, se plaignit le roux en grimaçant.
Harry soupira, avant d'avaler une dernière gorgée de café. Les journalistes s'étaient tout de suite emparés de l'affaire qui avait défrayée les chroniques. En même temps, il y avait de quoi ! En effet, après des années et des années de lourdes suspicions, il avait enfin été prouvé que les neuf maris de Madame Zabini avaient un peu tous été volontairement poussés vers la mort… C'était Blaise Zabini, son propre fils, qui avait tout avoué au bureau des aurors, en comprenant que son dixième beau-père allait très certainement y passer à son tour. Va savoir ce que Blaise Zabini lui avait trouvé de plus que les autres, à ce fameux dixième beau-père…
-Papa ! Tu nous racontes une histoire s'il te plait ? les interrompit James qui venait d'entrer dans la cuisine.
Harry Potter et Ron Weasley étaient de bons pères. Le genre de pères qui changeaient les couches de leurs enfants quand ils étaient petits. Le genre de pères qui se ridiculisaient à danser et chanter sur des comptines sans même connaître les paroles. Le genre de pères qui s'essayaient à la cuisine ou à la pâtisserie et qui s'en voulaient immédiatement après parce qu'ils étaient persuadés d'empoisonner leurs enfants avec ce qu'ils venaient de préparer.
La vérité, c'étaient qu'ils étaient l'un comme l'autre, complétement gagas de leurs enfants. Ils ne pouvaient rien leur refuser. Ces petits démons savaient parfaitement qu'il suffisait d'un sourire mielleux, de deux ou trois battements de cils pour les filles et d'un air boudeur pour les garçons, pour qu'ils exhaussent les moindres de leurs désirs.
Et ce que les enfants souhaitaient -ou exigeaient, tout dépendait du point de vue -, c'était une histoire. James s'était accroché à la jambe gauche de son père, Albus et Rose s'étaient déjà assis sur les poufs disposés sur le tapis du salon, Lily courrait partout en criant et en tapant dans ses petites mains.
-Une histoire ! Une histoire ! chantonnait-elle dans toute la maisonnée
Teddy lui, observait son parrain et Ron en attendant le moment où ils craqueraient tous les deux. Hugo, lui trouvait visiblement ça très drôle d'imiter son cousin, et avait décidé d'escalader lui aussi, l'une des jambes de son paternel. C'était un samedi comme Harry les aimait. Ceux ou Hermione et Ron venaient déjeuner avec leurs enfants, et où ils passaient la journée tous ensemble. Teddy, son filleul venait aussi. Pour Harry qui avait grandi sans connaître ces moments de bonheur aussi simple soient-ils, ces samedis étaient des bouffées d'oxygène pour lui.
Pour deux aurors qui effrayaient les mages noirs les plus puissants du monde sorcier, ils avaient fière allure, Monsieur Potter et Monsieur Weasley !
- T'as une idée ? demanda le brun à son meilleur ami.
Ce dernier leva les mains en l'air, pour dire un « Non mais tu me connais depuis nos onze ans et tu oses me poser la question ? » silencieux. Harry Potter, de la cuisine jusqu'au salon avec le petit James toujours accroché à sa jambe, pria pour trouver l'inspiration. C'était toujours Hermione qui se chargeait d'inventer de jolies histoires pour leurs enfants. Celles avec des petites morales à la fin, pour que les enfants retiennent quelque chose… Celles qui faisaient ronfler Ron et bailler Harry.
-Il doit bien y avoir un livre de contes dans ta maison ! supplia le roux.
-Oui, à l'étage…, soupira Harry, résigné.
Il força James à desserrer son emprise sur sa jambe et se dirigea vers l'escalier laissant Ron, seul et abandonné. C'était sans compter sur la petite Rose…
-Maman elle invente toujours des histoires rien que pour nous ! énonça-t-elle d'une toute petite voix.
-Et papa il peut faire tout pareil Rosie chérie ! se vanta Ron sans réfléchir.
Harry le regarda avec de grands yeux, les sourcils froncés. L'esprit de compétition de Ron venait de signer leur arrêt de mort…
-T'es sérieux ? articula-t-il doucement
Le mal était déjà fait et les six enfants étaient tous assis en demi-cercle dans le salon. Ils faisaient le silence, attendant patiemment que les conteurs s'assoient à leur tour dans les deux gros fauteuils rouges. Les deux pères s'installèrent et se regardèrent dans le blanc des yeux, priant pour que l'un d'entre eux trouve un début d'histoire.
-Alors euh…, bredouilla Harry. Il était une fois…
-A minuit, coupa Ron.
Harry se retourna une fois de plus vers le cadet des Weasley et lui intima de se taire. Il les avait mis tous deux dans cette galère alors que l'histoire se passe à minuit, à l'aube ou à midi, on s'en fichait royalement !
-Il était une fois, reprit Harry en fouillant la pièce des yeux.
Ses yeux se plongèrent dans le vide. Il devait trouver un sujet que lui et Ron maîtrisaient un minimum. Et un sujet susceptible d'intéresser les enfants :
- Il était une fois une équipe de Quidditch pas comme les autres !
-Pourquoi elle n'était pas comme les autres cette équipe de Quidditch ? demanda Hugo, ses deux mains posées en coupe autour de ses joues rondes.
-Parce qu'elle était exceptionnelle ! C'était la plus forte des équipes jamais constituées !
-Papa il dit que la plus forte des équipes c'est « les Canons de Chudley » ! s'étonna Rose en écarquillant ses yeux noisette.
-Oui, tenta d'essayer de sauver la situation Ron. Mais cette équipe n'existe plus aujourd'hui. Oncle Harry sait très bien que les Canons de Chudley sont les meilleurs, n'est-ce pas oncle Harry ? insista-t-il en martelant chaque mot composant sa phrase.
-Sans nul doute…, bredouilla le survivant. Enfin bref.
-Elle s'appelait comment cette équipe ? interrogea Teddy qui trouvait décidément la situation de plus en plus intéressante.
Ce fût au tour de Ron de fouiller le salon des yeux, à la recherche d'une inspiration quelconque. Il tomba sur le mémento de la famille, sur lequel il était écrit en grosses lettres dorées « Penser à acheter le poulet pour samedi prochain ».
-« Les Poulets… », commença Ron en continuant de chercher.
Puis il tomba sur une autre note : « Inscrire James aux cours de vol pour le mois de juillet »
-Volants ! Cette équipe s'appelait, « Les Poulets volants » ! répondit Ron sous le regard consterné d'Harry qui laissa échapper un profond soupir.
-Mais ça ne vole pas les poulets ! fît remarquer Albus.
-Justement Al' ! se reprit Harry. Les poulets ne volent pas. Mais oncle Ron va t'expliquer pourquoi dans cette équipe, on estime que ce volaille, qui a des ailes parfaitement inutiles depuis la nuit des temps, sait voler !
Ce n'était pas très fairplay de la part d'Harry de renvoyer la patate chaude à Ron de cette façon… Celui-ci passa une main dans sa barbe inexistante, faisant mine d'essayer de se souvenir :
-Euh… C'est un point que nous verrons à la fin de l'histoire les enfants ! ricana maladroitement Ron, mal-à-l'aise.
Les enfants hochèrent la tête et Harry, impressionné, fît mine de s'incliner devant Ron qui ne tarda pas à se venger :
-Cependant, je ne sais pas trop pourquoi cette équipe a été créée… C'est top secret, et très peu de personne connaissent l'existence des « Poulets volants », précisa Ron. Oncle Harry le sait, mais il n'a jamais voulu me le dire…
Les têtes de tous les enfants se tournèrent vers ce dernier, les yeux curieux.
-Pourquoi elle a été créée cette équipe ? se demanda Lily un peu pensive. Papa, dit le nous !
Une idée ! Vite une idée ! N'importe quoi…
-Elle a été créée pour montrer à tous que le Quidditch est un sport qui rapproche les sorciers et les sorcières, aussi différents soient-ils.
-C'était comme une expérience ?
-Oui c'est ça Rosie ! Une expérience ! approuva Harry très rapidement en félicitant silencieusement l'intelligence de cette enfant.
Ça devenait n'importe quoi. Vraiment… Et le pire dans tout ça, c'était que les enfants semblaient vouloir connaître la suite. Alors Harry et Ron continuèrent sur leur lancée.
-Dans cette équipe, il y avait un certain Peter Pettigrow, conta Ron qui sentait l'inspiration venir en lui. C'était le gardien des « Poulets volants ». Il n'était pas très intelligent, on aurait même pu dire qu'il avait la cervelle d'un rat, et il lui manquait une main toute entière qu'il s'était coupé en faisant la cuisine.
Ron ricana en observant Harry qui se massait les tempes, totalement consterné par la blague de très mauvais goût de son meilleur-ami. Les enfants n'avaient jamais entendu le nom de Peter Pettigrow. Harry savait que c'était inévitable, qu'un jour, il aurait à leur parler de tout ça... Pour préserver la mémoire de ces noms et prénoms oubliés. Pour Teddy aussi, qui devait connaître l'histoire de son père, des Maraudeurs. Mais cette histoire, cette vraie histoire, aurait toujours un goût amer dans sa bouche.
-Comment il a fait pour intégrer l'équipe alors ? Et être gardien ? les questionna Hugo.
-Les hommes qui menaient cette expérience n'avaient pas pour objectif de prendre les meilleurs. Ils ne se doutaient même pas de ce qu'ils étaient en train de créer : la plus merveilleuse et légendaire des équipes de Quidditch du monde entier. Peter avait peur de tout, et fuyait souvent tel un lâche devant la souaffle. On voulait lui donner sa chance…
Ron se tourna vers Harry : c'était à lui d'inventer la suite. Alors Harry fouilla dans les recoins de son cerveau… Tout ce qu'il lui venait en tête, c'était le repas de dimanche prochain avec son cousin Dudley qui devait lui présenter sa nouvelle femme…
-Dudley Dursley, était l'un des batteurs.
-Mais oncle Dudley n'est pas un sorcier ! s'étonna Lily. Il ne sait même pas voler !
Harry grimaça. Si ses enfants ne connaissaient pas Peter Pettigrow, en revanche, ils avaient déjà rencontré Dudley à de nombreuses reprises…
-Oui, mais c'est ce qu'il a voulu te faire croire Lily ! se rattrapa Harry devant les yeux de Lily qui trouvait cette explication plausible. En réalité, Dudley est très doué sur un balai ! Il est léger comme une plume, et gracieux comme une ballerine ! Ce n'est pas commun pour un batteur, mais Dudley a aussi la force d'un taureau et…
-Et d'un cochon ! coupa Ron le sourire aux lèvres.
-C'est puissant un cochon ? demanda le petit Albus à sa cousine qui haussa les épaules pour lui signifier qu'elle n'en savait absolument rien.
-Le second batteur…, commença Ron en cherchant un nouveau cobaye pour leur histoire. Le second batteur se prénommait Blaise Zabini, le partenaire idéal pour Dudley ! Ils étaient complémentaires tous les deux… La force de Duddley, combinée à la malice et à l'esprit stratège de Blaise était une arme redoutable pour l'équipe adverse !
Il n'y avait décidément rien de plus absurde et aberrant que cette histoire, qui faisait maintenant intervenir Blaise Zabini, le témoin d'une sordide affaire de meurtres. Mais Ron, qui se sentait désormais l'âme d'un conteur expérimenté, poursuivit sur sa lancée :
-Vous connaissez tata Fleur les enfants ? Mais vous a-t-elle déjà avoué qu'elle avait été poursuiveuse ?
-Tata Fleur ? répéta James, suspicieux. Elle refuse toujours de jouer avec nous quand nous sommes au Terrier. Elle dit qu'elle a peur de tout ce qui peut être susceptible de voler !
Certainement l'un des souvenirs laissés par le Tournoi des Trois Sorciers…
-Euh oui… Mais justement James ! Tu n'écoutes pas attentivement ! Pour l'expérience, il fallait prendre des sorciers ou des moldus sans aucune compétence, ou avec de gros handicaps et la peur de tata Fleur pour le vol en était un…
-Bien rattrapé ! murmura Harry à son meilleur-ami. Ecoute ça pour voir !
Harry se râcla la gorge et se pencha vers les enfants, comme pour leur confier un secret :
-Ce que Ron ne sait pas, c'est que tata Hermione était au courant de ce projet, et qu'elle a même aidé à sa réalisation.
-Maman ? s'étonnèrent Hugo et Rose qui se penchèrent en avant à leur tour pour mieux entendre leur oncle.
-Oui, votre maman ! Vous savez qu'elle est très importante pour le Ministère… Officiellement, tous les retourneurs de temps ont été détruits bien avant votre naissance à tous. Mais en réalité, il y en a deux, que l'on a retrouvé et qui sont sous haute surveillance, bien cachés au département des mystères au Ministère de la Magie. Hermione a eu la charge de remonter le temps grâce à l'un d'entre eux, pour trouver le meilleur capitaine possible pour les « Poulets volants ». Quelqu'un qui aurait de l'autorité, qui serait fort et que tout le monde respecterait, même tata Fleur !
-C'était qui ? Qui le Ministère a choisi pour l'expérience ? Dit papa ! C'était qui ? trépigna James, soudainement impatient.
Harry s'adossa sur le fauteuil, l'air mystérieux, avant de lâcher le premier nom pouvant correspondre aux critères qu'il venait d'énumérer. Un homme capable d'imposer son autorité sur Fleur Weasley ? La liste était déjà bien réduite ! Et le premier nom qui lui vint à l'esprit, quand il le prononça d'une voix grave fît son petit effet sur les enfants :
-Salazar Serpentard !
Les bouches devant lui s'ouvrirent, même celle de Teddy, qui se demandait comment son parrain et Ron, allaient s'en sortir maintenant…
-Et il a accepté ? s'étonna Lily qui s'était levée pour sautiller avec enthousiasme.
-Evidemment qu'il a accepté ! répondit Harry. Hermione a remonté le temps suffisamment longtemps pour aborder le fondateur de la maison Serpentard quand il était encore jeune… Et Hermione peut être très convaincante quand elle le désire…
-Mais du coup, maman a emmené Peter, oncle Dudley, Blaise Zabini et tata Fleur avec elle ?
-Oui, répondit Ron à son fils. Mais ils ont fait un petit arrêt dans les années soixante-dix.
-Pour quoi faire ? interrogea Rose en fronçant son petit nez constellé de tâche de rousseurs.
-Pour recruter le troisième et dernier poursuiveur des « Poulets volants ». James Potter premier du nom !
Harry ne put s'empêcher de se frapper violement le front. Non mais sérieusement ? Ils étaient partis trop loin… Alors imaginer une tata Fleur en poursuiveuse, à la limite, c'était possible. Mais Salazar Serpentard et James Potter ? Non. Vraiment, non. C'était devenu du grand n'importe quoi. Dans quel monde parallèle pouvait-on imaginer pareille équipe ? Harry se demanda s'il y avait vraiment que du café dans sa boisson…
Les enfants, eux, étaient totalement happés par l'histoire et écoutaient attentivement les adultes, même Teddy, qui le sourire aux lèvres, se demandait bien comment son parrain et son meilleur ami allaient s'en sortir avec la suite. James Sirirus Potter en revanche, s'était lui aussi levé, à l'instar de sa petite sœur, pour empoigner le bras de Ron :
-Mais papa a toujours dit que notre grand-père était le meilleur attrapeur de son époque ! Il n'était pas poursuiveur !
-Tu connais ton père, il exagère toujours un peu ! C'est son côté diva ! argumenta le roux.
Voyant le visage peu satisfait de son filleul, Ron poursuivit :
-James était un très bon attrapeur, mais un piètre poursuiveur. On ne peut pas être doué partout, même si on s'appelle « Potter » !
Harry laissa échapper un petit rire devant les mines déconfite de James, Albus et Lily.
-C'est ainsi que « Les Poulets volants » naquirent, termina Harry.
-Alors, il y avait Peter le rat, oncle Dudley, Braise Zabini, tata Fleur, Salazar Serpentard et James, le papa d'oncle Harry, compta Rose sur ses doigts. Il manque quelqu'un ! s'alarma-t-elle.
Harry et Ron se regardèrent, un peu amusés par la déformation de tous ces noms. Oups… Cette méthode ayant déjà fait ses preuves, Harry arpenta le salon des yeux une fois encore. Sur la table basse du salon, caché entre plusieurs piles de magazines, reposait un faire part de naissance que Ginny et lui avait reçu quelques semaines plus tôt :
« Telle une petite plume de 2,8 kg et de 46 cm, Cassiopée est venue se poser délicatement dans nos bras. Sa maman, Astoria Malfoy-Greengrass, et son papa, Drago Malfoy, ainsi que leur fils aîné, Scorpius Malfoy sont depuis, comblés de bonheur. »
Astoria était une journaliste, travaillant en étroite collaboration avec Ginny. Ce faire-part avait fait sourire le couple Potter quand ils l'avaient lu, imaginant mal Drago Malfoy prononcer les mots « petite plume »… Sûrement que, comme lui et Ron, Drago était un père vivant totalement sous l'asservissement de ses enfants.
-Astoria Greengrass était l'attrapeuse de cette équipe, énonça Harry. Elle était agile et le vif d'or semblait toujours vouloir se poser délicatement dans ses bras, comme une petite plume… Astoria était sûrement le seul bon élément de l'équipe, avec James Potter. Parce que James Potter était un excellent joueur de Quidditch, quoiqu'en pense Oncle Ron !
Le roux leva les yeux au ciel, face à la remarque de son meilleur ami, qu'il jugea inutile à la construction de l'histoire ! Les enfants se rassirent tour à tour, curieux d'entendre la suite de l'histoire. Ron continua :
-Ainsi, venait de se former l'équipe des « Poulets Volants », une équipe constituée dans le plus grand des secrets par le Ministère de la Magie. On avait sélectionné les meilleurs candidats pour l'expérience, mais l'aventure s'avéra compliquée, et l'entente entre les joueurs, difficile. Leur premier match constitua leur légende…
Lily s'était allongée sur le ventre, entre ses deux frères. Hugo avait posé sa tête sur les jambes de sa grande-sœur. Teddy, un peu en retrait, s'était lui aussi laissé porter par ce scénario plus que bancal et attendait avec impatience, la suite des aventures des « Poulets volants ».