Bonjour à tous,

L'épilogue était écris et relu, du coup je me suis dit que j'allais le poster :)

Il est vraiment long, mais cela ne faisait pas vraiment de sens de le couper en plusieurs parties.

J'en profite pour remercier tous mes reviewers : Ange, Gui40, salmonelodie, loup4, Isabella-57, Tokyogaijin, MaldivesMasques, petitpain, SkyFalll, guestyn, ALIASTESIN, Matalyx, 972, Kather, Drennae, saevevial, Lilou, Clow, Love the Original Family, MonaIsla, flemmardise, misspilou, BlueDragibus, Higrek, , jade, drou, Marine et les Guest anonymes.

Un grand merci en particulier à Isabella-57, pour m'avoir suivie du début à la fin :)

Ainsi bien sûr qu'à toutes les personnes qui ont ajouté cette histoire en tant qu'alerte ou favori.

Toutes ces marques d'attention m'ont énormément touchée, m'insufflant parfois la motivation qui me manquait pour finir un chapitre à temps.

Pour information, les grandes lignes de l'épilogue étaient prévues depuis le tout début de l'histoire. J'espère qu'il vous apportera satisfaction et répondra à vos questions.

Bonne lecture,

Perhentian

oOoOoOo

Épilogue – Septembre 2004

Encore à moitié endormie, Hermione Granger sortit vaillamment de sa chambre pour s'engouffrer dans la salle de bain, et elle examina son reflet d'un œil critique. Ses cheveux étaient comme toujours affreusement indisciplinés, son teint fatigué, et la robe de sorcière confortable qu'elle venait juste de mettre avait vue des jours meilleurs.

– Tu n'as pas très bonne mine, commenta le miroir.

– Oh ça suffit, rétorqua sèchement Hermione.

Elle savait qu'elle n'avait pas bonne mine, pas besoin de le lui rappeler. D'une part, elle était rentrée beaucoup trop tard la veille, après être sortie dans un bar moldu avec Harry, Ron, Ginny, Neville et Luna. Et d'autre part, elle n'était absolument pas emballée par l'après-midi à venir. Contrairement à un dimanche habituel où la plupart des Weasley et leurs amis proches se retrouvaient au Terrier pour déjeuner et discuter ensemble, le dimanche 12 septembre 2004 marquait les cinq ans de la chute du seigneur des ténèbres. Les cinq ans de la mort de Lord Voldemort. Une grandiose cérémonie était prévue dans le parc de Poudlard pour célébrer cela, et Hermione n'avait aucune envie de s'y rendre.

Bien des choses avaient changé en cinq ans. Apres la défaite de Lord Voldemort, la population sorcière s'était brusquement soulevée dans la plupart des pays de l'Alliance Magique. Des journées de chaos avaient suivi, avant que la situation ne se stabilise enfin, à la faveur des résistants. Les mangemorts ne s'étaient pas laissé faire facilement cependant, et de nombreuses pertes avaient été à déplorer. Parmi les personnes qu'Hermione connaissait, Molly Weasley, Daphnée Greengrass, Sturgis Podmore, Lee Jordan et le professeur Flitwick étaient morts pendant la bataille de Poudlard. Les affrontements suivants avaient emporté Dean Thomas, Angelina Johnson et Cho Chang.

Et tous les autres ne s'en étaient pas sortis indemnes non plus. Padma boitait toujours à cause du Feudeymon qui avait presque emporté sa jambe. Neville avait développé un gout pour la viande crue qui n'était guère naturel. Sirius avait perdu la mobilité de son bras gauche. Et si Bill s'était finalement remis, il pouvait difficilement effectuer le moindre effort physique, même cinq ans après.

Mais l'ampleur des révoltes qui s'étaient soulevées avait tout de même limité les pertes. Ils s'étaient rendu-compte que partout, des réseaux de résistances s'étaient formés et avaient luttés pendant des années plus ou moins dans l'ombre. Même au Royaume-Uni, la chute du seigneur des ténèbres avait révélé que de nombreux fonctionnaires du ministère avaient discrètement fait disparaître des documents pour protéger les citoyens. Les résistants avaient ainsi découverts avec stupeur que Percy Weasley avait élevé la disparition de preuves au rang d'art, permettant de sauver de nombreuses personnes, y compris sa propre famille.

Comme à chaque fois qu'elle y repensait, Hermione eut une pensée dédaigneuse pour Voldemort. Il avait été tellement certain d'avoir un pouvoir absolu sur sa population. Tellement persuadé que le règne par la terreur était la meilleure des solutions. Avec pour résultat que six jours après sa mort, tout son empire s'était effondré comme un château de carte, et la plupart de ses mangemorts étaient en prison.

Parmi ses plus proches fidèles, Fenrir Greyback, Tyler Greengrass, Bellatrix Lestrange, Antonin Dolohov et Evan Rosier étaient morts. Les autres porteurs de la marque étaient à Azkaban pour le restant de leurs jours. La prison n'était plus gardée par des détraqueurs, mais les protections autour avaient été renforcées pour rassurer la population.

Pour ceux qui n'étaient pas marqués, les peines avaient été plus légères. Ne serait-ce que parce que le gouvernement ne voulait pas retomber dans la tyrannie. Et si Hermione comprenait et approuvait, c'était cependant très étrange de savoir que Drago Malefoy refaisait maintenant sa vie auprès d'Astoria après deux années de prison. À chaque fois qu'elle le croisait, elle ne pouvait s'empêcher de se souvenir avec malaise des Doloris qu'elle lui avait infligés sous les ordres du seigneur des ténèbres.

Une fois les différents pantins de Voldemort renversés, il avait fallu reconstruire la société. Libérer et soigner les victimes du régime de Voldemort. Mettre en place des gouvernements de transition. Abolir les lois injustes dictées les douze dernières années. Hermione avait ainsi passé la première année après la chute à essayer de remettre en place la société sorcière, ainsi que tous les autres résistants.

Ils avaient aussi pu retrouver la trace de tous les nés-moldus cachés par Albus Dumbledore. Le jour où Kingsley Shacklebolt avait pris ses fonctions en tant que ministre de la magie britannique temporaire, un parchemin était apparu devant lui, expliquant la démarche de Dumbledore et indiquant que la liste ne se révèlerait que lorsqu'un ministre sans la marque des ténèbres entrerait en fonction. D'une simplicité désarmante. La façon dont Dumbledore s'y était pris pour transférer une partie de son aura à Hermione restait par contre un mystère, aucun document n'y faisant ne serait-ce que référence.

L'intégration des nés-moldus n'avait pas été évidente. Entre ceux qui avaient été réduits en esclavage, et ceux qui découvraient tout juste ce monde en plein milieu de leurs études supérieures, certains ne voulaient plus rien avoir à faire avec la magie. Hermione avait passé des heures à parler avec chacun d'entre eux. À leur expliquer ce que le nouveau monde magique pourrait leur apporter. Beaucoup avaient finalement décidé de laisser au nouveau régime une chance. Pour les autres, Hermione leur avait laissé ses coordonnées, les enjoignant à la contacter si jamais ils changeaient un jour d'avis.

L'année suivante, lorsque le monde sorcier avait retrouvé une certaine stabilité, Hermione s'était inscrite à Poudlard pour y effectuer sa septième année et obtenir ses ASPIC, diplôme indispensable pour faire carrière au Royaume-Uni. Elle aurait pu étudier par correspondance avant de les passer, mais Harry, Ron et Ginny l'avaient convaincue que rien ne valait Poudlard. Et elle devait reconnaitre que cela avait été une expérience particulièrement intéressante. Le château lui-même était incroyablement passionnant, et Hermione avait passé des nuits entières à l'explorer, Harry lui ayant prêté pour l'occasion la carte des maraudeurs.

La plupart des élèves de sa classe étaient plus jeune qu'elle, mais la différence était suffisamment faible pour que cela ne se remarque pas trop. Et les classes étaient de toute façon particulièrement désorganisées cette année-là, beaucoup de nés-moldus commençant à peine leurs études magiques alors qu'ils avaient à peu près son âge.

Poudlard avait même dû faire appel à des professeurs temporaires pour réussir à gérer toutes les différences de niveau. Harry avait excellé en professeur de défense contre les forces du mal pour les plus jeunes, Remus Lupin occupant le poste pour les plus âgés, et Hermione savait qu'il aurait surement adoré continuer à enseigner si son devoir ne l'avait pas poussé à devenir finalement un remarquable auror.

Elle avait eu la surprise d'être repartie à Gryffondor, pensant plutôt finir à Serdaigle, et elle avait porté les couleurs rouge et or avec plaisir, même si elle avait passé plus d'heures à la bibliothèque que tous ses camarades réunis. Elle avait aussi découvert qu'elle n'avait guère de souci à suivre les cours, même sans avoir effectué les six années précédentes. La défense contre les forces du mal, la métamorphose, les sortilèges, l'arithmancie et l'étude des runes étaient aisées avec tout ce qu'elle avait appris au château de Serpentard.

Elle avait dû mettre plus d'efforts dans les potions, l'histoire de la magie, l'astronomie et la botanique qu'elle n'avait jamais vraiment étudiées même si elle en avait parfois discuté avec le seigneur des ténèbres ou les résistants. Elle avait découvert aussi l'existence des soins aux créatures magiques, branche de la magie que le seigneur des ténèbres devait avoir considéré comme inexistante vu qu'elle n'avait jamais vu un seul livre traitant du sujet dans sa bibliothèque.

La seule matière qu'elle avait détestée d'emblée était la divination. Un ramassis d'idioties pour les crédules. Et pourtant, elle savait que cette matière-ci, contrairement aux soins des créatures magiques, le seigneur des ténèbres la tenait en haute estime. Ce qu'elle trouvait toujours aujourd'hui incompréhensible. Elle avait même abandonné la matière en cours d'année, n'obtenant finalement que onze ASPICs – elle avait passé l'étude des moldus en candidat libre –. Dix Optimal, et un Effort Exceptionnel en astronomie auquel elle essayait de ne pas trop penser.

Ensuite, elle était allée à l'Université. C'était encore plus merveilleux que tout ce qu'elle avait imaginé. D'une difficulté hautement stimulante. Elle avait revu Asma Bacaffa, et elle avait rencontré d'autres mages, ainsi que bien sûr la doyenne de l'université Maria d'Aguilar. Et de nombreux élèves venus du monde entiers avec lesquels elle était toujours en contact. Trois années après, en juin 2004, juste après ses examens, Hermione prêtait serment pour devenir mage, seule étudiante à avoir ce privilège depuis de nombreuses années.

Son seul regret était ses résultats finaux à l'Université. Les plus hauts depuis un peu plus de cinquante années. Cela avait failli être les plus hauts depuis bien plus longtemps. Mais non, il avait fallu que Marvolo Gaunt obtienne trois points de plus qu'elle. Elle ne savait même pas comment cela était possible d'obtenir ces trois points supplémentaires, et même trois mois après, cela la frustrait bien plus qu'elle ne voulait l'admettre.

Après son serment, Hermione avait quitté l'Angleterre pendant quelques mois, ne sachant pas vraiment ce qu'elle souhaitait faire ensuite, et voulant profiter d'avoir du temps devant elle pour visiter la plupart des places magiques qu'elle n'avait pas encore découvertes au cours de ses études. Elle avait passé quelques jours dans tous les lieux sorciers emblématiques, et même dans ceux beaucoup plus reculés, revenant juste de temps en temps pour déjeuner le dimanche au Terrier et repartant immédiatement après, trop préoccupée pour s'attarder. Une fois de plus elle avait cherché des traces, des indices, des preuves de ses suspicions. En vain.

Et depuis deux semaines elle était de retour au Royaume-Uni, errant pour le moment sans but, hésitant toujours entre entrer au département de la justice magique, devenir langue de plomb, ou consacrer encore quelques années à étudier la magie à l'étranger.

Bien sûr elle avait été expressément priée par Kingsley de venir à la cérémonie en l'honneur de la chute de Voldemort, ainsi que la plupart des autres résistants. Elle savait déjà comment cela allait se passer. Des dizaines et des dizaines de personnes allaient défiler, souhaitant absolument les saluer, leur serrer la main, échanger un mot avec eux. La féliciter pour avoir désarmé le seigneur des ténèbres, et encenser Harry et Ginny pour l'avoir finalement tué. Et eux, ils allaient faire semblant de sourire alors qu'ils doutaient de sa mort.

Peu étaient au courant de ses doutes. Les mages qu'elle connaissait, Minerva McGonagall, Severus Rogue, Remus Lupin, Kingsley Shacklebolt, Harry, Ron, Ginny et elle. Mais s'ils restaient vigilants, ils ne pouvaient pour autant rien y faire, aucune trace de Lord Voldemort n'ayant été notée ces dernières années. Et parfois, Hermione se demandait si elle n'avait pas ces doutes simplement parce qu'une part d'elle aurait voulu qu'il survive. Une part d'elle qu'elle tentait généralement de reléguer le plus possible en arrière-plan, pour éviter la sensation de manque qui survenait à chaque fois qu'elle pensait à lui. À son insupportable arrogance. À ses incroyables connaissances. À son envoutante magie.

– Stop Hermione, stop, se fustigea-t-elle.

Elle n'avait aucune envie que ses pensées glissent sur cette pente dangereuse maintenant. Soupirant, elle lança quelques sortilèges précis sur son visage, rafraichissant faussement son teint. Elle changea ensuite de robe, mettant quelque chose de bien plus habillé. Enfin, elle coiffa d'un coup de baguette ses cheveux en un chignon désordonné.

– Beaucoup, beaucoup mieux, commenta le miroir en lui faisant un sourire.

Hermione arrangea une dernière mèche de cheveux, avant de laisser retomber ses mains. Elle sentit quelque chose glisser le long de son poignet gauche, et un instant après un bruit retentit près du sol. Par reflexe elle s'éloigna vivement, pointant sa baguette sur la source du bruit. Et son regard tomba sur son bracelet en or blanc. Qui venait de s'écraser sur le sol de sa salle de bain.

Elle resta pétrifiée, regardant avec incrédulité le bracelet gisant par terre. Elle avait essayé pendant des mois de le retirer, sans succès. Ni elle, ni Harry ni aucun des mages n'avaient réussis. Asma, Maria, Alexandra et elle avaient tout tenté pour ne serait-ce qu'identifier ses propriétés, mais quoi que le seigneur des ténèbres avait fait, cela s'était avéré au-dessus de leur niveau. Et maintenant le bracelet venait de s'enlever tout seul ? Cinq années après ? Cela sonnait comme un très mauvais présage et un frisson glacé parcourut son dos.

Secouant la tête, elle ramassa le bracelet, le mit dans l'une des poches de sa robe et se décida à aller à la cérémonie un peu plus tôt que prévu. Si elle voulait en discuter avec Harry, ce serait de toute façon là-bas qu'elle le trouverait. Il y avait de bonnes chances pour qu'elle y croise aussi Alexandra, qui gouvernait désormais la Russie magique, et Asma, qui se complaisait dans ce genre de cérémonies bien qu'il n'ait participé à aucun des combats, et qu'il ne cache ni son admiration pour Lord Voldemort, ni sa déception à l'idée qu'il soit peut-être mort.

Lorsqu'elle arriva aux abords des grilles de Poudlard, elle fut rassurée de voir qu'il n'y avait encore personne. Argus Rusard la fit pénétrer dans le château avec son habituelle mauvaise humeur, et elle se dépêcha de remonter le chemin jusqu'au grand hall, bien plus tendue que ce qu'elle avait été dans les cinq dernières années.

S'il n'y avait pas encore l'insupportable foule qu'il y aurait dès le début de l'après-midi, le château était cependant rempli d'élèves, et ils venaient visiblement tout juste de sortir du déjeuner, se déversant dans le parc pour profiter du soleil. La plupart s'arrêtèrent net en la voyant, chuchotant ensuite avec excitation sur son passage.

– C'est Hermione Granger !

– Vraiment ?

– Il parait qu'elle...

– Hermione Granger !

– Tu penses que…

– Pousse-toi un peu !

– Aïe !

Hermione ne prêta pas attention aux murmures, ayant l'habitude de voir les gens se retourner dans la rue dès qu'elle mettait un pied en dehors de chez elle. Et c'était encore pire lorsque Harry, Ron, Ginny et elle se retrouvaient pour manger quelque part. Au cours de toutes ses errances, il n'y avait qu'au fin fond de la Birmanie, dans la maison d'Alexandra autour du lac Inle, qu'elle avait rencontré des sorciers qui ne la connaissaient pas.

Elle se dirigea d'un pas assuré vers les portes du château, et déboucha dans le hall au moment où la directrice McGonagall, le ministre Shacklebolt, et Harry et Ginny sortaient de la grande salle. Ils étaient venus déjeuner au château pour finaliser les derniers détails de la cérémonie, au plus grand malheur d'Harry qui ne détestait rien de plus que sa célébrité. Il avait maugréé toute la soirée précédente à ce sujet, jusqu'à ce que Ginny menace de le faire dormir sur le canapé durant quatre mois s'il n'arrêtait pas immédiatement de se plaindre. La menace avait fait s'étrangler Ron dans sa bière, mais Harry avait finalement changé de sujet.

– Hermione, s'exclama Ginny en la voyant, la serrant l'instant d'après dans ses bras.

Hermione lui adressa un sourire forcé, puis salua rapidement Harry, Kingsley et Minerva.

– Que se passe-t-il ? demanda Harry, percevant son malaise.

D'une main tremblante, Hermione sortit le bracelet en or blanc de sa poche, et sans un mot elle le tendit à Harry. Instantanément, les visages de Harry, Ginny, Kingsley et de Minerva perdirent leurs couleurs, et ils l'entrainèrent vers le bureau directorial.

oOoOoOo

Hermione s'effondra sur le canapé de son salon. Il était près de deux heures du matin, et elle venait tout juste de rentrer chez elle, après la cérémonie et des heures de discussion avec les anciens résistants.

Malgré son mauvais pressentiment, tout s'était finalement parfaitement déroulé. Kingsley avait fait un discours résolument tourné vers l'avenir, Harry et Ginny avaient dit quelques mots poignants pour la mémoire de ceux qui étaient morts cinq années plus tôt, et la population sorcière avait célébré la date dans la joie et l'allégresse.

Hermione elle avait retrouvé avec plaisir des personnes qu'elle n'avait pas revues depuis son retour. D'anciens membres de la résistance. Ses camarades de classe de Poudlard et de l'Université. Alexandra avec toute la pompe de son statut officiel, et aussi Asma et Maria qui s'étaient mêlés à la foule discrètement – pour ceux en tout cas qui n'étaient pas capable de ressentir leur imposante magie –.

– Hermione, Hermione !

Elle releva soudainement la tête, alertée par l'inquiétude dans la voix d'Harry. Elle se précipita vers la cheminée, s'agenouillant au niveau de la tête de son ami qui venait d'y apparaitre.

– Harry ? Que se passe-t-il ? demanda-t-elle.

– Ma cape a disparu.

– Quoi ?

– Ma cape d'invisibilité, elle a disparu.

Hermione se raidit d'effroi. Plusieurs mois après la chute du seigneur des ténèbres, elle avait tenté de trouver et de lire les livres qu'elle avait vus dans sa pièce secrète. Elle n'avait pas réussi à dénicher la plupart d'entre eux bien sûr, et il avait été absolument impossible pour qui que ce soit de retrouver le château de Serpentard, comme si celui-ci avait purement et simplement disparu de la surface de la terre. Mais trouver les contes de Beedle le Barde n'avait guère été complexe.

Et parmi toutes les histoires, elle avait fini par s'arrêter sur le conte des trois frères. Une baguette, une pierre et une cape. Elle s'était souvenue de l'éclat de crainte dans le regard du seigneur des ténèbres lorsqu'elle l'avait désarmé de son étrange baguette, du fait qu'il se soit mis à découvert pour la récupérer. De la pierre noire qui ornait la bague qu'il portait. Et de l'intérêt qu'il avait porté à la cape d'Harry. Elle n'en avait parlé qu'à Harry sur le moment, lui demandant simplement de veiller sur sa cape.

– Tes sortilèges de protections étaient détruits ? demanda-t-elle.

– Ils étaient en parfait état Hermione, répondit Harry en secouant la tête.

Ce n'en était que plus angoissant, et Hermione eut l'impression qu'un étau venait comprimer douloureusement sa poitrine alors qu'elle demandait à Harry de lui ouvrir le passage pour qu'elle puisse vérifier par elle-même.

oOoOoOo

C'était le 19 septembre, le jour de ses 25 ans, et au lieu de célébrer avec ses amis comme cela était initialement prévu, Hermione se tenait toute vêtue de noir dans un cimetière, entourée de Harry, Ginny, Ron et des autres résistants. Severus Rogue avait été retrouvé mort deux jours plus tôt dans son laboratoire de potions, alors que Minerva McGonagall venait lui rendre visite. Même si Severus Rogue s'était retiré de la direction de Poudlard juste après la chute du seigneur des ténèbres pour se consacrer aux potions, les deux anciens collègues étaient resté très proches.

La mort semblait accidentelle. Des émanations de voltiflor et de ciguë, qui s'étaient mélangées avec les vapeurs de la potion du cinquième poison floral de Phineas Bourne, alors qu'il faisait moins de 10 degrés dans le laboratoire. Une réaction très peu connue, même parmi les experts en potion. Parfaitement plausible, parce que Severus Rogue travaillait justement sur un antidote au poison, en vue d'une publication le mois prochain.

Le petit monde académique des potionnistes avait été choqué d'apprendre cette mort, et beaucoup étaient venu, malgré le fait que le caractère de Severus Rogue ne prêtait guère à la sympathie. L'un d'eux était d'ailleurs en train de prononcer quelques paroles d'hommage, mais Hermione ne les écoutait guère. Sa main était serrée sur sa baguette, et elle scrutait la foule et les alentours, tentant de trouver une preuve de ses suspicions. En vain.

oOoOoOo

Sa destination bien en tête, Hermione transplana en Norvège. Elle arriva dans un petit pop – malgré tous ses efforts elle n'était toujours pas mesure de transplaner sans bruit – et son souffle se coupa. Alors qu'il faisait encore bon au Royaume-Uni en cette équinoxe d'automne, le lieu de rendez-vous était suffisamment au nord pour qu'une étendue de neige immaculée s'étale maintenant devant elle, au milieu d'une forêt de sapins.

Un chemin en marbre blanc se déroula juste devant elle, presque invisible au milieu de la neige, menant à une barrière translucide qui semblait ne rien cacher du paysage derrière elle. À la fois excitée et intimidée, Hermione s'avança doucement jusqu'à la barrière. Elle ralentit une fraction de seconde, avant de plonger résolument dedans.

Dès qu'elle eut passé la barrière, la soirée se révéla devant elle. Elle se trouvait maintenant à l'intérieur du grandiose hall d'un palais en glace. L'intégralité de la glace était sculptée avec une finesse impressionnante dans des formes défiant les lois de la physique, et Hermione ne put s'empêcher de regarder de tous les côtés avec admiration. Tout tenait par magie bien sûr, et c'était une prouesse magique impressionnante.

Un homme, grand et blond, vêtu d'une épaisse robe écru brodée de fourrure s'approcha d'elle.

– Bonjour, tu dois être Hermione ? demanda-t-il d'un ton aimable.

Il dégageait une force tranquille qui apaisa légèrement le trac d'Hermione.

– C'est bien moi, répondit-elle.

– Bienvenue à ta première soirée de l'équinoxe Hermione, je suis Sondre Haraldsen.

Hermione se rappela ce qu'Alexandra lui avait dit. Sondre Haraldsen était un mage chaman qui vivait habituellement complétement isolé, et qui était en mesure de communiquer avec la plupart des animaux et même certaines plantes. Luna comme Neville seraient fascinés.

– Enchantée, fit-elle poliment. Comme v… comme tu le sais déjà, je suis Hermione Granger.

Elle avait buté avant le tutoiement. Malgré ses efforts, elle ne parvenait toujours pas à se faire à la règle de tutoyer les mages. Surtout lorsque la grande majorité d'entre eux avaient au moins trente années de plus qu'elle, même s'ils en paraissaient tous beaucoup moins.

– Tout l'honneur est pour moi, répondit Sondre avec un sourire.

Il la guida vers la salle de réception, d'où parvenaient des bruits de conversation indistincts, mais surtout la puissance magique la plus impressionnante qu'Hermione n'ait jamais vue réunie en un seul endroit.

C'était la première chose qu'elle avait vérifiée en arrivant, les différentes auras magiques. Elle en avait cherché une en particulier, sans la trouver. Et elle ne se sentait pas vraiment plus rassurée. Parce qu'elle savait que sur la liste des ennemis du seigneur des ténèbres, elle devait arriver quelque part au même niveau que Severus Rogue.

Elle avait à peine fait quelques pas dans la pièce qu'Asma se dirigea vers elle.

– Ah Hermione, quel plaisir de te voir enfin ici ! s'exclama-t-il. Avec un peu de retard certes, mais il n'est jamais trop tard.

Un immense sourire s'étalait comme toujours sur son visage, et Hermione se demanda un instant s'il souriait tout autant lorsqu'il mettait en œuvre l'une de ses spécialités, la possession des êtres humains. Elle avait refusé de lui parler pendant trois mois après avoir appris que ce mage débonnaire excellait dans cette magie particulièrement noire. Et la pratiquait régulièrement.

– Bonjour Asma. Je ne crois pas être en retard pourtant, répondit-elle en vérifiant qu'elle n'était pas la dernière arrivée.

Il la regarda un instant avec un air surpris.

– Il ne t'en avait pas parlé ? Bien sûr qu'il ne t'en avait pas parlé, se reprit-il. Marvolo m'avait promis de t'emmener il y a cinq années de cela.

– Pardon ?

Voldemort avait promis à Asma de l'emmener à la soirée de l'équinoxe ? Absolument aucune chance. Maintenant qu'elle savait que les mages ne pouvaient se tuer les uns les autres sous peine de se retrouver la cible de tous les autres, il était juste impensable que Voldemort ait accepté de l'emmener. Cela revenait à proposer sa candidature en tant que mage ! Un message tellement fort qu'il garantissait presque son acceptation ultérieure dans le cercle !

– En échange de quoi ? demanda-t-elle suspicieusement.

Asma éclata d'un rire joyeux, et lui tapota l'épaule dans un geste paternaliste qui l'irrita.

– De la localisation d'Alexandra. Il cherchait encore l'amulette de Seth à l'époque. Pour ce que ça lui a servi. Tout son empire s'est effondré maintenant. Quel échec.

Il y avait une pointe de tristesse dans la voix d'Asma qui agaça Hermione. Certes, elle ne pouvait qu'admettre que les capacités magiques de Voldemort étaient particulièrement admirables, et elle devait même avouer qu'elle le trouvait elle-même fascinant. Mais le régime qu'il avait mis en place était cruel et injuste, et beaucoup trop de personnes avaient soufferts sous son règne. Beaucoup trop de personnes étaient mortes. Elle en voulait à Asma d'assumer librement ses regrets.

Lorsqu'elle avait commencé ses études à l'Université, elle avait demandé à Asma pourquoi les mages n'étaient pas intervenus pour lutter contre Voldemort. Il lui avait répondu que la plupart avaient lutté, chacun dans son pays, mais que leurs propres règles empêchaient une intervention frontale tant que Voldemort respectait le secret de la magie, dont le maintien était l'objectif du cercle des mages. Elle avait aussi déduit entre les lignes qu'une bonne partie d'entre eux, s'ils n'appréciaient pas forcement sa politique, admiraient ou redoutaient suffisamment l'homme pour éviter de lui chercher des noises.

– Je ne parlerais pas aussi librement si j'étais toi Asma, fit une voix derrière eux.

Asma et Hermione saluèrent tout deux Alexandra, absolument superbe dans une somptueuse robe vert empire.

– As-tu peur qu'il surgisse soudainement de derrière un pilier Alexandra ? demanda Asma d'un ton moqueur.

– Et pourquoi pas ? rétorqua la sorcière. Nous doutons tous qu'il soit mort.

Hermione repensa à son bracelet qui s'était détaché. À la cape de Harry qui avait disparu. À Severus Rogue qui avait été assassiné. Aux protections supplémentaires qu'elle avait lancées sur son appartement. Au fidelitas que Harry et Ginny avaient fait poser sur leur maison.

– J'espère presque qu'il viendra ce soir. Je voudrais tellement savoir comment il a fait s'il est vraiment vivant ! fit Asma avec enthousiasme.

– Même si c'était le cas, tu sais parfaitement qu'il ne te dirait rien, répondit Alexandra avec un brin de mépris.

– On peut toujours rêver !

Alexandra et Hermione lui lancèrent un même regard noir qui fissura légèrement son sourire. Alexandra était l'une des rares mages, avec Albus Dumbledore et Akinito Meiji, à avoir vraiment lutté contre le seigneur des ténèbres. Sa patience à l'égard des remarques d'Asma en était légèrement diminuée, même si les deux étaient particulièrement proches.

– Quelle bonne ambiance, intervint Maria.

Elle venait juste d'arriver à côté d'eux, et les regardait avec un air amusé.

– Vous feriez mieux de présenter Hermione à tous ceux qu'elle n'a pas encore rencontrés. Vous savez bien que, s'il est effectivement toujours vivant, Marvolo n'en fera de toute façon qu'à sa tête.

L'heure suivante, Hermione fut aimablement introduite à tous les mages qu'elle ne connaissait pas encore. Il n'y en avait au final pas tant que cela.

Apres son entrée à l'Université, Asma avait pris contact avec elle, la prenant en quelque sorte sous son aile. Elle savait qu'il l'avait vivement recommandée à Maria et Alexandra, et Hermione avait beaucoup vu les trois ces dernières années. Certains mages étaient aussi professeurs à l'Université. Antonio Ibanez lui avait enseigné sa matière favorite, l'architecture des sortilèges, et elle avait énormément discuté avec lui au détour des couloirs. Elle était aussi plus ou moins familière avec Dae Ho, un mage coréen qui enseignait la magie fondamentale.

Mais c'était la première fois qu'elle rencontrait les autres. Sikh Hâ, un vieil indien noueux qui, selon Alexandra, avait une peur bleue du seigneur des ténèbres pour une raison que tout le monde ignorait. Shane Wilson, un grand américain qui semblait particulièrement strict. Hee Tan, une sorcière chinoise qui du haut de ses quarante années était la plus proche d'Hermione en terme d'âge. Sekope Tupou, un australien qui lui en voulait très visiblement d'avoir œuvré contre le seigneur des ténèbres. Et bien d'autres.

Au total ils étaient vingt à être présents. Dans les cinq dernières années, Voldemort, Akinito Meiji et Gellert Grindelwald étaient morts, et seule Hermione avait rejoint le cercle fermé des mages. Les conversations étaient particulièrement intéressantes, et toutes sans exception remirent en cause au moins un des sujets que Hermione pensait parfaitement maitriser. C'était à la fois frustrant et rafraichissant, et Hermione se rendit compte qu'elle serait absolument enchantée de revoir la plupart des mages pour continuer ces discussions après l'équinoxe.

Cependant, peu habituée à une concentration magique aussi importante, elle sortit au milieu de la soirée sur l'une des terrasses dans l'espoir de s'aérer un peu. Malgré le palais en glace sous ses pieds, et la neige tout autour, l'air n'était pas glacial, simplement frais, et Hermione se sentit particulièrement bien à regarder les sapins enneigés, appuyée sur la rambarde.

– Bonsoir Hermione.

Hermione se figea, tout son corps soudainement glacé. Il n'y avait pas d'erreur possible quant à l'identité de la personne à qui appartenait cette voix. Elle eut un instant l'impression de manquer d'air, de ne plus pouvoir respirer, avant de se forcer à se reprendre.

– Ce n'est guère fairplay de dissimuler sa magie, fit-elle d'un ton faussement indifférent.

Morgana ou le bouclier de Dumbledore ? Elle ne savait ce qu'il utilisait, mais cela n'avait guère d'importance. Elle se retourna doucement, tentant de garder un visage inexpressif même si tout son corps était absolument tétanisé. Il était là, appuyé nonchalamment contre l'un des murs, comme si rien de s'était passé, comme si cinq années ne s'étaient pas écoulées. Son cœur rata un battement en remarquant que son apparence n'avait absolument pas changé. Même son sourire supérieur était absolument identique.

Elle s'aperçut en un coup d'œil que les portes du palais de glace étaient désormais fermées derrière lui. Ils étaient seuls sur cette terrasse, et elle savait que même s'ils se rendaient compte de quoi que ce soit, les mages mettraient du temps à forcer ses sortilèges. Et encore, s'ils pensaient que cela en valait la peine. À coup sûr ils se contenteraient de regarder, commentant la façon dont Voldemort allait s'occuper d'elle.

– Comment est-ce possible ? murmura Hermione.

Elle ne parvenait pas à croire qu'il était là, devant elle, en chair et en os, sa baguette d'if entre ses mains. Elle l'avait cherché après sa chute, lorsqu'elle avait compris qu'elle ne parvenait toujours pas à enlever le bracelet. Elle avait fait le tour du monde plusieurs fois sur son temps libre, passant par la Birmanie et l'Amazonie, sans trouver aucune trace du seigneur des ténèbres. Même Harry avait trouvé qu'elle était trop obnubilée par lui, et cela avait été l'une des raisons de sa rupture avec Ron.

Et voilà qu'il se trouvait juste devant elle, la regardant d'un air sarcastique. Allait-il tenter de la tuer là ? Devant tous les mages ? Et ensuite les tuer eux ? Non, même lui ne pouvait s'opposer à tous les mages en même temps…

– As-tu vraiment cru qu'Harry Potter et Ginny Weasley pouvaient me vaincre Hermione ?

Sa voix suintait le mépris et Hermione sera plus fortement sa baguette en bois de vigne, qu'elle avait amenée dans sa main dès qu'elle avait reconnu sa voix.

– Je me doutais que tu avais survécu Marvolo, fit-elle avec une tranquillité qu'elle ne ressentait absolument pas.

Ce n'était pas la première fois qu'elle employait son deuxième prénom. Elle avait déjà discuté de lui avec Asma et Maria après son serment, après avoir obtenu le droit, et le devoir, de tutoyer les mages. Mais c'était la première fois qu'elle s'adressait directement à lui ainsi, et la sensation était presque grisante. Comme si elle se libérait ainsi de l'emprise qu'il avait eu sur elle.

Contrairement à ce qu'elle aurait pu penser, l'utilisation de son deuxième prénom ne le rendit pas furieux. Au contraire même son sourire amusé s'était accentué. Il fit quelques pas vers elle, relâchant au passage sa magie, et Hermione retint un hoquet de surprise devant cette puissance intoxicante dont elle se rendait maintenant compte qu'elle lui avait affreusement manquée.

Son air suffisant s'intensifia encore devant sa réaction et Hermione se reprit. Elle n'était plus la petite moldue sans défense qui était tombée entre les griffes du seigneur des ténèbres. Elle était une mage maintenant, et si elle doutait fortement de ses chances de survie, elle ne courberait pas l'échine devant lui. Il ne lui faisait plus peur.

– Avions-nous oublié l'un de tes Horcruxes ? demanda-t-elle.

Le visage du seigneur des ténèbres refléta un instant sa colère, avant qu'il ne se reprenne et qu'il n'affiche que l'indifférence la plus totale devant sa pique. Comme si le fait qu'ils aient pu détruire tous ses Horcruxe ne valait même pas plus d'une seconde de colère. Comme si leurs actions avaient été totalement insignifiantes. Ce qui était au moins en partie le cas, s'avoua à contrecœur Hermione. Apres tout, Voldemort semblait particulièrement vivant à l'instant présent.

– Je me suis longtemps demandé comment Severus et toi vous vous étiez débrouillés pour détruire le journal et la coupe, fit Voldemort avec une lenteur délibérée. Et puis je me suis aussi rappelé de ta petite excursion dans les couloirs. De la façon dont tu t'étais dissimulée à Poudlard. Et de notre discussion à ce sujet. La théorie de Morgana le Fay. Je dois admettre que j'ai été impressionné lorsque j'ai compris que tu avais mis le doigt sur les simplifications qu'impliquaient les polarités opposées de nos magies. Et bien sûr Severus devait t'avoir appris quelques rudiments d'occlumencie.

Il s'était encore avancé pendant qu'il parlait, et elle leva sa baguette devant elle. Il était hors de question qu'il s'approche plus. Sa magie était déjà difficilement supportable en gardant un minimum de distance. Il haussa simplement un sourcil moqueur devant son geste.

– Tu sais que tu n'as plus le droit de me tuer maintenant ?

– Ne me tente pas, répondit fermement Hermione.

Sa main ne tremblait pas, mais au fond de sa poitrine elle sentait son cœur qui tambourinait dangereusement vite devant la tension qu'il y avait entre eux. Lui non plus ne pouvait pas la tuer. Pas de façon aussi évidente en tout cas. Etait-il simplement venu la narguer ? L'effrayer ? Faire en sorte qu'elle vive dans l'angoisse jusqu'à ce qu'il trouve un moyen de la tuer sans se mettre les mages à dos ?

– Comment as-tu survécu ? répéta Hermione pour éviter de penser à ce que sa présence impliquait.

– Satisfait ma curiosité d'abord Hermione. Comment as-tu appris que ta polarité magique était l'opposée de la mienne ?

Hermione fit un effort pour se souvenir des derniers jours qu'elle avait passés au château de Serpentard. Il y avait toujours des souvenirs dont elle ne se rappellerait jamais suite à l'effacement de sa mémoire, mais certains étaient parfois réapparus, déclenchés par un lieu ou un mot.

– Auras magiques des grands sorciers, répondit-elle. Quand Asma était venu te voir. J'y avais cherché des mentions de Seth et de son amulette, et j'étais tombée sur un paragraphe qui parlait des magies à polarités opposées. Cela valait le coup de tester.

Son visage se fit un instant pensif, avant de reprendre son insupportable sourire suffisant, qui déclencha des sueurs froides dans le dos d'Hermione.

– Avions-nous oublié l'un des Horcruxe ? demanda-t-elle de nouveau.

Si c'était le cas, ce serait elle qui aurait tout gâché, avec sa théorie des sept morceaux d'âme. Et si ce n'était pas le cas, elle voulait savoir comment il avait bien pu faire pour survivre au sortilège de mort. Savoir quels étaient encore les liens le retenant à la vie.

– Tu as encore beaucoup de choses à apprendre Hermione, les Horcruxes sont loin d'être la seule façon de parvenir à l'immortalité.

– Comment alors ? Cette légende concernant les reliques de la mort ? Mais tu n'as récupéré la cape qu'il y a quelques jours.

Son regard descendit un instant vers la main gauche du seigneur des ténèbres.

– Et tu ne portes plus ni la pierre, ni la baguette.

– Les reliques sont retournées là d'où elles venaient Hermione, et elles font bien plus que ce que faisaient mes Horcruxes. Elles immunisent complètement de la mort. Si là, tout de suite, tu m'envoyais un Avada Kedavra, il n'aurait absolument aucun effet.

Hermione plissa des yeux suspicieusement, tout en sentant son cœur se glacer. Cela ne pouvait pas être possible. Si c'était le cas, ce serait une catastrophe. Cela voudrait dire qu'ils n'avaient aucune chance contre lui. Qu'il allait de nouveau mettre à feu et à sang la planète entière sans qu'il ne soit possible de l'arrêter.

– Même si cela était vrai, tu n'étais pas le maitre des reliques lors de la bataille de Poudlard. Il te manquait toujours la cape.

Et pourquoi lui parler des reliques ? Pourquoi ne pas garder le secret comme il l'avait fait pour les Horcruxes ?

– Effectivement, répondit-il avec un sourire. Et tu as failli me voler l'une d'entre elles, ce que je ne pouvais pas permettre.

Elle avait dû baisser sa baguette à un moment sans s'en rendre compte, parce qu'il n'était maintenant plus qu'à quelques centimètres d'elle. Elle s'appuya plus profondément sur la rambarde juste derrière elle, essayant de s'éloigner au moins légèrement de cette magie qu'elle n'avait plus ressentit depuis bien trop longtemps, et qui la faisait se sentir bien trop agitée.

– Alors quoi ? demanda avec impatience Hermione, se concentrant sur la conversation plutôt que sur leur proximité.

Elle voulait savoir pourquoi ils avaient échoués. Pourquoi elle se retrouvait maintenant de nouveau devant le seigneur des ténèbres. Pourquoi elle était de nouveau au cœur de son intoxicante attention.

– L'amulette de Seth, indiqua Voldemort.

Hermione ne put empêcher la surprise de s'afficher sur son visage.

– L'amulette de Seth ? Mais Asma et Alexandra m'ont dit qu'elle été inutilisable. Et quel rapport avec le fait de résister à un Avada Kedavra ?

Elle avait bien sûr parlé avec les deux mages de cette amulette. Qui permettait d'emprunter de la magie à la personne la portant si les bonnes conditions de polarité étaient réunies. Mais elle n'était pas connue pour permettre d'échapper à la mort.

– Ah, mais Asma et Alexandra n'ont jamais compris la véritable utilité de l'amulette, fit Voldemort avec une autosatisfaction plus qu'irritante.

Elle eut soudainement particulièrement envie de voir ce que cela ferait si elle écrasait son poing sur son visage pour en effacer cet air supérieur. Il était suffisamment proche pour que cela puisse marcher. Pour qu'il n'ait pas le temps de l'éviter. Elle imagina un instant la satisfaction de le voir perdre son sourire, mais elle se contint.

– Et que fait donc l'amulette ? demanda-t-elle en se forçant au calme.

Elle crut un instant qu'il n'allait pas lui dire, mais il se contenta de laisser planer le silence quelques secondes avant de reprendre la parole.

– Elle crée un pont magique entre deux personnes de polarité opposée. Lorsque le pont est établit, au moindre sortilège fatal sur la première, la magie de celle-ci trouvera temporairement refuge dans la magie de l'autre, laissant uniquement le corps en état de mort clinique. Et ensuite elle reviendra pour le ranimer. La manipulation n'est même pas visible à l'œil nu.

– Mais tu as complétement disparu ce jour-là, pointa Hermione.

– Il faut cinq années pour que le pont fonctionne correctement. Avant, le résultat a tendance à avoir quelques effets secondaires indésirables, fit-il d'un ton légèrement pincé.

Hermione laissa échapper un cri indigné lorsqu'elle comprit.

– Cinq années ? C'est ma magie qui t'a sauvé la vie ? Ma magie ?

La satisfaction suintait du seigneur des ténèbres.

– Effectivement.

Il s'était penché vers elle en disant cela, et Hermione se déplaça légèrement sur le côté, rétablissant une certaine distance entre eux. Elle sortit de sa poche le bracelet en or blanc, qu'elle avait gardé près d'elle ces derniers jours, comme s'il avait le pouvoir de déclencher une catastrophe si elle le perdait un instant des yeux.

– L'amulette de Seth est dedans ? demanda-t-elle en l'examinant attentivement.

– Plus maintenant, répondit le seigneur des ténèbres.

Il récupéra le bracelet du creux de sa main.

– L'amulette se consume au fur et à mesure des enchantements, expliqua-t-il.

– J'imagine que ce n'était pas l'originale du coup.

– Non. Mais l'objet lui-même est quasiment impossible à créer. Il doit contenir une plume d'Horus sous sa forme de faucon. Celle qui vient de se consommer dans ce bracelet était la dernière connue, et si elle a survécu aussi longtemps, c'est uniquement parce que le sorcier qui avait essayé de créer cette amulette s'était lamentablement trompé dans les enchantements, créant la confusion quant à ses véritables pouvoirs.

– Et comment cela se fait-il que personne n'ait su cela à part toi ?

Pourquoi Asma et Alexandra n'en avaient-ils pas trouvés les propriétés ? Ils avaient étudié l'amulette pendant des années. Et s'ils s'en étaient rendu-compte, ils auraient surement pu faire quelque chose. Apres tout, durant les cinq dernières années, sa propre mort aurait surement amenée celle de Voldemort.

– Seth a écrit une partie de ses travaux en fourchelangue.

Il lui rendit le bracelet, et Hermione le rangea de nouveau dans sa poche, se sentant légèrement résignée. Elle savait maintenant pourquoi elle n'était pas morte. Et elle savait même pourquoi il était ici. Si elle le protégeait de la mort, il allait sans aucun doute vouloir la cacher elle quelque part. Par reflexe, elle raffermit sa prise sur sa baguette. Est-ce que s'ils mourraient tous les deux dans une explosion cela marcherait ? Elle pourrait peut-être tenter cela. Mais il y avait un autre souci.

– Si cette amulette fonctionne si bien, pourquoi s'intéresser aux reliques de la mort ? demanda-t-elle.

Il resta silencieux, et leva simplement un sourcil.

– Il y a bien une faille n'est-ce pas ? Etait-ce utilisable qu'une seule fois ? Ou dans une certaine limite ? À moins que comme je le pense l'amulette laisse l'opportunité aux deux personnes liées de se tuer entre elles. Est-ce pour cela que tu n'es pas réapparu avant d'avoir sécurisé les reliques de la mort ? Parce que je n'aurais pas hésité à nous tuer tous les deux ? Mais les reliques de la mort doivent aussi avoir une faille. Sinon cela serait contraire à l'équilibre magique tel qu'énoncé par Ptolémée.

Voldemort la regardait avec un amusement non feint.

– Quoi ? demanda-t-elle avec irritation.

C'était un problème intéressant. Et elle avait tout intérêt à le comprendre si elle voulait faire quoi que ce soit. Et elle sentait qu'il y avait encore quelque chose qui lui échappait.

– Que fais-tu là ce soir ? demanda-t-elle. Et qu'as-tu fait pendant ces cinq dernières années ?

– Je suis resté au château de Serpentard au début, lorsque ma magie était trop instable. Puis j'ai voyagé pour reconstituer le rituel permettant de rendre les reliques à la mort. Il est particulièrement complexe comme tu t'en doutes. Quant à ma présence ce soir…

Il fit un geste vague vers les portes toujours fermées menant à la réception, et le sang d'Hermione se glaça.

– Non, souffla-t-elle. Non, je ne te laisserai pas tuer les mages !

Elle pointa de nouveau résolument sa baguette devant elle, et se plaça en un fluide mouvement entre les portes et le seigneur des ténèbres.

– Vraiment ? Tu es loin d'avoir mon niveau en duel Hermione. Et je suis immortel.

– Mais je le suis aussi non ? comprit Hermione. Si la légende est vraie, les reliques se basent sur la magie pour identifier une personne, et s'il y a un pont de ta magie vers la mienne, les reliques m'ont moi aussi rendue immortelle.

Et c'était pour cela qu'il était là. Pas parce qu'elle protégeait son immortalité. Mais parce qu'elle était maintenant la seule à pouvoir un minimum s'opposer à lui. Bien sûr qu'il ne voudrait pas la laisser errer dans la nature, hors de son contrôle. Voldemort la regarda avec cet amusement qui ne l'avait pas quitté depuis le début.

– Je voulais juste aller profiter de la soirée de l'équinoxe pour saluer les mages Hermione.

– J'en doute, répondit-elle, sa baguette toujours levée.

– Si les sortilèges mortels ne m'atteignent pas, les mages sont néanmoins en mesure de m'immobiliser, et potentiellement de m'enfermer quelque part. Je les tuerai plutôt discrètement un par un.

– En s'infiltrant dans leur laboratoire de potion par exemple ? fit Hermione d'un ton accusateur.

– Severus était un traître Hermione, et il savait que je reviendrais un jour le tuer. Estime-toi plutôt heureuse que j'ai récupéré la cape sans toucher à tes précieux amis.

Hermione ressentit une bouffée d'angoisse à l'idée de Lord Voldemort pénétrant chez Harry et Ginny et tuant de quelques mouvements de baguette nonchalants ses amis.

– Je ne te laisserai pas les tuer.

– Je n'y comptais pas.

– Non ? Vraiment ? fit-elle sarcastiquement.

Il ne répondit pas et l'agacement d'Hermione monta en flèche.

– Alors que veux-tu Marvolo ? Pourquoi es-tu ici ce soir ?

Le seigneur des ténèbres se rapprocha d'elle, ignorant sa baguette, et elle-même, elle finit par la baisser. Quelle utilité de toute façon si aucun ne pouvait tuer l'autre ? Et il avait parfaitement raison : ses capacités en duel étaient toujours atrocement loin de celles de Voldemort.

– Je suis venu te proposer de venir avec moi.

Hermione expira bruyamment. Elle avait eu raison. Mais pourquoi venir l'aborder à la soirée de l'équinoxe, en plein milieu des mages ? S'il voulait l'enlever, il aurait pu s'y prendre de façon bien plus discrète.

– C'est non, répondit-elle simplement.

– Il y a une magnifique bibliothèque perdue sur les magies amazoniennes, en plein milieu du Brésil. Je sais désormais où sont les rouleaux des Lygoravetlat. Et j'ai trouvé l'arche de Samarcande. Cela est-il suffisant pour éveiller ton intérêt ?

Hermione ne put s'empêcher de ressentir une vive pointe de curiosité. L'arche de Samarcande était une légende. Les rouleaux des Lygoravetlat étaient supposés décrire une approche très particulière de l'architecture des sortilèges. Quant aux magies amazoniennes, elles avaient fascinées Hermione depuis un cours qu'elle avait eu à l'Université, amenant d'ailleurs la question de comment il pouvait être au courant de cela.

Etait-ce donc ainsi qu'il voulait la leurrer ? En lui faisant croire qu'il avait besoin d'elle pour ses recherches ? Qu'il lui proposait de partager son savoir ? Elle se rappela distraitement que selon la légende l'arche de Samarcande ne pouvait être activée que par deux sorciers avec des polarités opposées. Elle aurait presque pu croire que c'était juste pour cela qu'il avait besoin d'elle.

Elle essaya de le sonder du regard, tout en sachant qu'il n'y avait absolument aucune chance qu'elle ne puisse ainsi connaitre ses vraies pensées. Mais même s'il se satisfaisait actuellement de découvrir de nouvelles formes de magies, elle savait qu'il tenterait de reprendre le pouvoir tôt ou tard.

– Hors de question, fit-elle. Combien de temps comptes-tu attendre avant de lancer une nouvelle conquête Marvolo ? Quelques mois, le temps de croire que tu auras endormi ma vigilance? Quelques années, le temps que tout le monde se croit en sécurité ?

– Quelques années surement, répondit Voldemort avec indifférence.

– Je trouverai un moyen de t'arrêter. Il y a forcément une faille, même en alliant l'amulette de Seth et les reliques de la mort. Même si tu m'enfermes quelque part, même si cela me prend des années, je trouverai.

Elle avait essayé de mettre dans sa voix bien plus de conviction qu'elle n'en avait. Ils restèrent face à face quelques instants, avant que Voldemort ne se détourne brusquement.

– Je ne compte pas reconquérir mon royaume dans le sang Hermione, fit-il avec une pointe d'exaspération. Sinon ce serait déjà fait. Je n'ai guère d'intérêt à passer l'intégralité de mes journées à essayer de gouverner une bande d'imbéciles qui ne savent même pas calmer quelques révoltes.

– Déçu de voir à quelle vitesse ton empire s'est effondré après ta mort ? ne put s'empêcher de faire remarquer Hermione.

– Heureusement que je ne peux plus mourir dans ce cas, répondit Voldemort avec une certaine satisfaction. Hum, je pourrais même essayer de faire une étude comparée des différentes façons d'instaurer une dictature.

Cette fois-ci c'est Hermione qui le regarda avec exaspération. Mais cela ne l'étonnait même plus qu'il puisse traiter le destin de millions de personnes de façon aussi détachée.

– À supposer que tu ne mentes pas, que comptes-tu faire ? Te balader tranquillement dans toutes les ruines magiques, rameutant à chaque fois une escouade d'aurors dès qu'un sorcier t'apercevra ? Et tu feras quoi dans ce cas, tu tueras tous les témoins jusqu'à ce qu'il ne reste plus aucun sorcier sur terre ?

– Ton manque de confiance en moi me peine Hermione, répondit-il sarcastiquement. Je suis parfaitement capable d'aller partout sans me faire repérer. Apres tout, j'étais à la superbe cérémonie en l'honneur de ma mort et ni Maria, ni Alexandra, ni Asma, ni toi ne m'avaient remarqué.

Hermione ne put empêcher un cri étranglé de sortir de sa bouche en apprenant à posteriori que Voldemort avait été là. Se délectant de sa réaction, il se rapprocha de nouveau d'elle et lui tendit élégamment le bras.

– Allons rejoindre les mages, fit-il.

– Je ne…

– Hermione, Hermione, comment comptes-tu essayer de m'arrêter si tu ne viens pas avec moi ?

Avec un soupir de frustration, Hermione posa son bras sur celui du seigneur des ténèbres. Sa magie fourmilla sous le contact, et une étrange sensation de contentement se rependit en elle malgré tous les efforts qu'elle faisait pour être en colère contre lui.

D'un geste, il rouvrit les portes de la terrasse, et il la guida galamment à l'intérieur. Il allait falloir qu'elle trouve une solution pour protéger le monde de son retour. Mais en attendant…

– L'arche de Samarcande, vraiment ? ne put elle s'empêcher de demander.

oOoOoOo

C'était la fin de la soirée de l'équinoxe, et Marvolo et Hermione venaient de partir. Ensemble. Il ne restait plus que Maria, Asma et Alexandra sur le chemin de marbre devant le palais de glace qui disparaissait petit à petit. Même Sondre s'était enfoncé quelques minutes plus tôt dans la forêt environnante.

– Tu me dois cent galions Maria, fit Asma.

– Il semblerait, répondit Maria en fouillant dans les poches de sa robe.

Alexandra lança un regard scandalisé aux deux autres mages.

– Vous aviez parié sur sa venue ? Vous saviez où il était depuis cinq ans ? s'insurgea-t-elle.

– Non, non, pas du tout, répondit Asma avec jovialité. Le pari portait sur sa réaction s'il réapparaissait. Maria avait parié que…

– J'avais parié qu'il y aurait au moins un échange de sortilèges, l'interrompit Maria. Je suppose qu'Hermione est devenue plus mature que ce que j'avais imaginé. À moins que Marvolo se soit enfin rendu compte des vertus de la tempérance. Hum.

Alexandra poussa un soupir d'agacement. Comment pouvaient-ils donc être si calmes face au retour de Marvolo ? Surtout d'un Marvolo d'aussi bonne humeur qu'il l'avait été ce soir ?

– Où sont-ils partis ? demanda-t-elle.

– Aucune idée, répondit Asma. Mais je ne doute pas que nous entendrons parler d'eux bientôt. J'ai cru entendre qu'ils parlaient de l'Arche de Samarcande, et s'ils réussissent à l'activer sans s'entre-tuer, j'espère qu'ils partageront leur savoir !

– Aucune chance que Marvolo ne partage quoi que ce soit, répondit Alexandra avec mépris.

– Mais Hermione le fera peut-être, fit Asma avec une pointe d'espoir dans la voix.

Ils restèrent un instant silencieux, avant qu'Alexandra ne reprenne la parole.

– Cela ne vous effraie-t-il donc pas qu'il tente de nouveau de reprendre le pouvoir ? Nous n'avons même pas pu parler seuls à seuls avec Hermione, il est resté auprès d'elle toute la soirée !

Ni Asma ni Maria ne lui répondirent et Alexandra resta elle aussi silencieuse. Apres tout, comme les autres, elle savait que lorsqu'il se lancerait de nouveau à la conquête du monde sorcier, Marvolo serait surement encore plus dur à arrêter que la fois précédente.

– Je lui souhaite bien du courage pour le supporter au jour le jour, fit-elle finalement.

oOoOoOo

Lorsque la sensation de transplanage s'arrêta, Hermione se rendit immédiatement compte qu'ils étaient au château de Serpentard. Elle avait vécu de bien nombreux mois entourée de la magie ancestrale qui y coulait, même si elle n'y avait plus mis les pieds depuis cinq années. Elle remarqua du coin de l'œil les immenses sculptures de serpents en marbre, et leurs yeux d'émeraude, et comprit qu'ils devaient être dans le hall d'entrée.

– Un peu ostentatoire non ? fit-elle remarquer pour cacher sa nervosité.

Le seigneur des ténèbres lui fit un sourire moqueur et Hermione secoua la tête. Il y avait d'innombrables problèmes qu'il fallait qu'elle traite de toute urgence. Prévenir Harry et les autres. Se lancer dans des recherches approfondies sur l'amulette de Seth et les reliques de la mort. Trouver le troisième filet de sécurité qu'il avait forcement prévu et dont il n'avait pas parlé.

Si elle l'avait suivi, c'était surtout pour ne pas perdre sa trace. Pour ne pas qu'il disparaisse dans la nature. Ou du moins c'était ce qu'elle voulait croire. Elle ne se sentait pas étrangement anxieuse et impatiente à l'idée d'être complètement seule avec lui. Et même si c'était le cas, elle ne pouvait pas se laisser aller.

– Marvolo, je… commença-t-elle.

Il ne la laissa pas terminer, prenant possession de ses lèvres, l'empêchant de se dérober en l'entourant de ses bras. Mais à l'instant même où leurs lèvres étaient entrées en contact, plus rien d'autre n'avait d'importance pour Hermione. Il n'y avait plus que cette brusque montée de chaleur dans son corps, ce brouillard qui semblait remplacer toute pensée cohérente par une soif qui était restée inassouvie depuis cinq années, et dont elle se rendait maintenant compte que ni son année avec Ron, ni ses brèves romances avec d'autres étudiants à l'Université n'avaient su apaiser.

Elle voulut passer ses mains dans le dos du seigneur des ténèbres, mais l'instant d'après il la plaquait contre l'un des murs, emprisonnant ses mains au-dessus de sa tête, et Hermione laissa échapper un rire nerveux. Evidement qu'il voudrait maitriser complétement la situation. Même dans ce contexte. Rompant leur baiser, il la regarda un instant avec interrogation. Un regard qui lui intimait de rester à sa place.

Elle savait qu'elle devait le repousser. Lui envoyer un quelconque sortilège et tenter de s'enfuir. Ou même tenter le tout pour le tout et le défier en duel maintenant, dans l'espoir infime de le maitriser. Mais là, seule avec lui, elle lui renvoya simplement un sourire moqueur avant de pencher sa tête et de combler de son propre chef les centimètres qui les séparaient.

Lentement, elle embrassa la lèvre supérieure du seigneur des ténèbres, puis sa lèvre inférieure, en y mettant toute la douceur dont elle était capable, profitant de sa surprise pour explorer avec plaisir cette partie de lui. Mais il reprit rapidement le contrôle, la pressant plus fortement contre le mur, accentuant douloureusement la pression sur ses bras, dominant de nouveau leur baiser. Les jambes d'Hermione tremblèrent, et elle eut l'impression que s'il ne l'avait pas tenue, elles l'auraient lâchée.

Puis il s'arrêta et elle ne put retenir un gémissement frustré, amenant un air suffisant sur le visage du seigneur des ténèbres. Elle voulut répliquer quelque chose, bien qu'elle ne sache pas quoi, mais elle avait à peine ouvert la bouche qu'il lui embrassait le cou, enroulant lascivement sa magie autour d'elle en même temps, et ses protestations se transformèrent en un autre gémissement. Elle pencha légèrement sa tête, lui offrant librement son cou, sachant qu'elle le désirait autant qu'il la désirait elle, et que s'ils ne cédaient pas maintenant cela ne ferait qu'empirer la situation.

La magie de Voldemort se fit encore plus présente autour d'elle et son corps commença à bruler d'une envie qu'elle n'avait ressentie avec autant de puissance pour aucun autre homme. Elle avait enfin la confirmation qu'il était toujours une menace pour l'ensemble de la population sorcière. Qu'il était toujours vivant et encore plus puissant. Mais pour le moment ils n'étaient que tous les deux, seuls au château de Serpentard, coupés du monde, et tout ce qu'elle ressentait c'était la satisfaction enivrante de ne l'avoir que pour elle.

Sans arrêter de l'embrasser, il relâcha ses mains, mais avant même qu'elle n'ait pu les ramener contre elle, elle ressentit la sensation familière du transplanage. La pièce dans laquelle ils arrivèrent, Hermione ne la connaissait pas et elle se décolla légèrement de lui pour l'observer. C'était une grande chambre, luxueusement décorée dans les tons verts, avec une vue magnifique sur le parc alentour. Elle haussa un sourcil interrogateur.

– La suite du maître, dois-je me sentir plutôt honorée ou plutôt effrayée ?

Mais la seule réponse qu'elle eut fut un sourire en coin, et sans lui laisser le temps de détailler plus les alentours, il la poussa d'un mouvement souple sur le lit.

– Eh ! fit-elle d'un ton mi amusé, mi réprobateur, surprise de se retrouver soudainement couchée devant lui.

Elle tenta de se relever mais Voldemort était déjà au-dessus d'elle, la dominant complètement, et son cœur se mit à battre beaucoup trop vite.

– Un problème Hermione ? demanda-t-il.

Puis il fit un rapide geste de la main et elle sentit sa robe se volatiliser, la laissant en sous-vêtements devant lui.

– Laisse-moi faire, ce n'en sera que meilleur, rajouta-t-il alors qu'elle allait de nouveau protester.

– Ta prétention n'a vraiment d'égal que… ta… ah !

Mais elle ne put finir sa phrase, car il fit courir au même moment l'une de ses mains dans une caresse aérienne le long de son corps qui était bien trop envoutante.

– C'est bien ce qu'il me semblait, fit le seigneur des ténèbres avec suffisance.

Elle devait reconnaitre qu'il était diablement bon, jouant avec sa magie aussi bien qu'avec ses mains, et qu'elle n'avait effectivement qu'une seule envie, le laisser faire. Elle était même certaine qu'il lui avait suffi de faire l'amour avec la plupart des femmes pour qu'elles lui donnent le bon dieu sans confession. Mais elle avait sa fierté.

Au lieu de lui répondre, elle bougea brusquement, le faisant rouler à côté d'elle avec l'aide de sa magie, et elle se retrouva à califourchon sur lui, un sourire victorieux sur ses lèvres. Il haussa un sourcil hautain, avant de détailler très visiblement son corps, la faisant furieusement rougir. Comme si même en-dessous d'elle, c'était lui qui dominait la situation.

Elle était un rat de bibliothèque, pas l'une de ces jeunes filles sûres d'elles qui entortillaient les garçons autour de leurs doigts aussi facilement que les mèches de leurs cheveux. Elle savait qu'elle était loin d'être une vélane, et que ce n'était généralement pas sur elle que les garçons se retournaient lorsqu'elle sortait en compagnie de Ginny et des autres filles. Mais elle n'allait pas se laisser embarrasser par le seigneur des ténèbres. Pas par lui.

Hermione leva sa main droite, et utilisant le même sortilège que lui précédemment, elle fit lentement disparaitre sa robe, détaillant son torse parfait de la même façon qu'il l'avait détaillée elle, réussissant même à feindre un regard désintéressé. Cette fois-ci, c'est le seigneur des ténèbres qui laissa échapper un rire, légèrement moqueur.

– Quoi, je ne fais pas ça bien ? demanda-t-elle avec une fausse indignation.

Il posa l'une de ses mains sur son dos et l'autre dans ses cheveux, et l'attira violement contre lui. Il l'embrassa de nouveau avec passion et elle se rendit compte que le contact de leur peau nues l'une contre l'autre était absolument électrisant. Elle ne s'aperçut pas qu'il la faisait bouger avant qu'elle ne se retrouve de nouveau immobilisée sous lui. Il fixa ses yeux dans les siens. Cette fois-ci, il n'y avait plus de traces d'amusement dedans mais uniquement du désir, et Hermione eut soudainement bien trop chaud.

Il caressa doucement son ventre puis ses hanches et Hermione gémit doucement à ce contact. Elle sentit son soutien-gorge disparaitre et elle ramena ses mains contre elle d'un geste qu'elle savait être ridicule. Le seigneur des ténèbres remonta ses mains jusqu'à ses bras, et les écarta résolument, exposant sa poitrine à son regard.

Il se contenta de la regarder pendant quelques secondes, se délectant de ses joues rougies, avant de commencer ensuite à lui caresser la poitrine. Hermione eut l'impression de perdre pieds. Elle ne savait si c'était la magie, ou simplement l'homme mais les sensations qu'elle ressentait la transportaient complètement. Elle gémit de plus belle et arqua inconsciemment son dos.

Elle voulut ramener ses mains sur lui, les passer dans ses cheveux pour le rapprocher d'elle et l'embrasser, chercher plus de contact, mais elle ne put décoller ses bras. Elle eut un sourire narquois en comprenant qu'il avait apposé un sortilège liant ses mains au lit, pas le moins du monde étonnée une fois de plus par l'envie du seigneur des ténèbres de tout maitriser.

Puis elle fut de nouveau emportée par la sensation de ses mains sur son corps. Elle se perdit dedans, fermant les yeux, profitant de ce qu'il lui faisait vivre avec ses caresses de moins en moins chastes. Lorsque pour la première fois sa main passa entre ses jambes elle se cambra violemment et son gémissement était presque un cri, se rendant à peine compte qu'elle était maintenant entièrement nue.

Elle rouvrit les yeux, et son regard se posa sur son air suffisant. Il continua ses caresses, et Hermione dut lutter pour réussir pour rassembler ses esprits, mais elle parvint à manipuler suffisamment sa magie pour la faire effleurer son intimité. Il réussit à bannir toute surprise de son visage, mais elle sentit son corps se raidir et elle le regarda avec la même suffisance que lui précédemment, tout en recommençant avec une lenteur délibérée.

La bouffée de magie qui la submergea en retour lui fit lâcher prise, et ses pensées furent totalement désordonnées pendant quelques secondes avant qu'elle ne reprenne contenance. Elle n'avait déjà plus qu'une seule envie, qu'il lui fasse enfin l'amour. Il était maintenant lui aussi nu, et elle ne pouvait que constater que son désir égalait le sien.

Il écarta doucement ses jambes, et pour ne pas le laisser dominer complétement la situation, elle l'invita d'un regard malicieux, gardant ses yeux rivés dans les siens jusqu'à ce qu'il soit contre elle.

– J'ose espérer que Lord Voldemort est à la hauteur de sa réputation, le provoqua-t-elle.

– En doutes tu encore ? répondit-il avec un regard suffisant.

Elle frissonna d'anticipation et il l'embrassa légèrement, presque tendrement, avant de rentrer lentement en elle. Jamais elle ne s'était sentie aussi bien. La tension de ces derniers jours, de cette dernière soirée s'était envolée, emportant avec elle ses propres réticences, créant une bulle éphémère d'un plaisir qui n'en était que meilleur.

Il commença ensuite à bouger et Hermione remua légèrement pour augmenter le contact entre eux. Elle sentait sa peau contre la sienne. Sa magie contre la sienne. Et elle avait même l'impression de pouvoir sentir ce pont entre leur deux magie, ce lien qui les maintenaient tous les deux immortels, tous les deux à part des autres.

Lorsqu'il augmenta le rythme, elle n'était déjà plus capable d'aucune pensée cohérente. Il n'y avait plus que les sensations qu'il lui faisait vivre, ses jambes entre les siennes, sa magie électrisant la sienne alors qu'il accélérait de plus en plus la cadence. Quelque part au milieu de cela, elle parvint à libérer ses mains à la force brute de sa volonté. Elle leva ses bras et l'attira contre elle. Il céda à sa demande, et lorsqu'elle sentit son corps fermement pressé contre le sien, elle ferma les yeux pour ne plus se concentrer que sur ce qu'elle sentait.

Ils bougeaient parfaitement en rythme, ressentant ce que sentait l'autre au travers de leurs magies, sachant instinctivement comment augmenter leur plaisir mutuel. Lorsque l'orgasme les atteignit en même temps, Hermione ne savait plus ni où elle était, ni qui elle était. Elle savait simplement qu'elle n'avait jamais vécu cela, et que de toutes les fois où elle avait fait l'amour, cela n'avait jamais été aussi parfait. Aussi exactement ce qu'il lui fallait. Aussi complémentaire.

Ils restèrent un instant enlacés, Hermione à moitié coincée sous le corps du seigneur des ténèbres, avant que celui-ci ne bouge et ne s'allonge à côté d'elle. Son esprit encore confus, Hermione garda un instant les yeux fermés pour profiter un peu plus longtemps de ce moment.

Puis elle se redressa avec un soupir, voulant partir avant qu'il ne la chasse. Immédiatement, les bras du seigneur des ténèbres s'enroulèrent autour d'elle, la ramenant brusquement contre lui.

– Reste-là, ordonna-t-il d'un ton qui n'admettait pas le refus.

Hermione rigola légèrement, et une douce chaleur réchauffa son cœur.

– Cela ne change rien tu sais. Je n'aurai de cesse de tenter de t'arrêter, fit-elle cependant sérieusement.

– Je serai déçu si tu n'essayais pas.

L'équilibre entre eux était particulièrement instable. Il avait besoin de l'avoir auprès de lui. Pour la garder sous ses yeux, pour activer l'Arche de Samarcande, et peut-être parce quelque part, elle était la seule personne dont il tolérait la présence. Et elle avait besoin de l'avoir auprès d'elle. Pour l'empêcher de reprendre le pouvoir, pour profiter de ses connaissances sans fin, et peut-être parce que quelque part, elle ne s'était jamais sentie aussi vivante que depuis qu'il était revenu.

oOoOoOo

AN : Fin :)

Oula, je suis quand même plutôt émue d'être arrivée à la fin de cette histoire.

J'espère que cet épilogue vous aura plu, et aura répondu à vos questions. Il n'y aura pas de suite (sauf si je me motive à un moment à écrire quelques paragraphes en plus), mais comme je l'avais annoncé précédemment je compte écrire d'autres histoires. Pour le moment, 2 OS sont presque terminés, et je commence à avoir un plan assez évolué pour une histoire plus longue.

N'hésitez pas à ajouter mon profil dans vos alertes (ou à passer dessus de temps en temps) si cela vous intéresse.

Et si vous voulez laisser un petit mot pour cette histoire, c'est le moment ou jamais (et cela me ferait vraiment plaisir) :)

Bonne journées à tous, et j'espère vous revoir bientôt sur une autre de mes histoires.