Salut à toutes et à tous, je reviens après une longue absence, j'espère que cette fic vous plaira. Les passages en italique dans le texte représentent bien sûr des parties du livre de John. Bonne lecture :)
P.S: vous m'avez manqué!
John se recula légèrement, s'appuyant au dossier de son fauteuil. Le blond se passa les mains sur le visage, il n'aimait pas son paragraphe, il effaça donc le tout. John était en train d'écrire un livre sur son expérience en Afghanistan. Le médecin militaire y avait passé presque deux ans avant d'être blessé et de rentrer au pays. Maintenant qu'il avait terminé sa convalescence, il avait décidé de coucher tous ses souvenirs sur le papier. Il avait trouvé l'écriture comme moyen de thérapie, ses souvenirs étaient toujours présents et oppressent même si il était revenu depuis plus de huit mois. C'était sa psy qui lui avait conseillé l'écriture et il avait trouvé l'idée plutôt séduisante. Partager une telle expérience était inspirant pour les gens, ça montrait le vrai visage de la guerre, ce que faisaient vraiment les soldats.
Pour le moment l'auteur en herbe faisait page blanche, il n'arrivait pas à retranscrire ce qu'il ressentait vraiment. Il alla dans la cuisine en boitillant et se prépara du thé, il en avait grand besoin. Il attrapa aussi sa boîte à gâteaux posée dans un coin avant de retourner devant son ordinateur. Le blond bu une grande gorgée de thé, avala un biscuit et relu le dernier passage qu'il avait écrit.
La chaleur était étouffante, le vent faisait s'élever le sable qui nous fouettait la peau. Malgré ça nous avons couru sur le champ de bataille, nos frères d'armes avaient besoin de nous. J'ai prit mon courage à deux mains, ignorant les balles qui fusaient, les bombes qui projetaient des gerbes de sable brûlant et le soleil aveuglant. Les cris de douleurs des blessés me glaçaient le sang, je n'avais pas le choix: je devais absolument les sauver! Dans l'armée nous sommes tous des frères, la vie de chacun nous est précieuse, nous partageons des joies et des peines loin de nos famille, de notre pays, de notre chez nous. Un lien propre à notre métier nous unis, et c'est donc impossible pour nous de laisser un de nos frères agoniser sans essayer par tous les moyens de le sauver.
Après de longues minutes nous avons réussi à rapatrier un maximum de blessés à la tente médicale, heureusement que nous sommes une dizaine dans la section médicale. Une fois les mains désinfectées, j'ai dû me mettre au travail sans perdre une seconde. Recoudre, amputer, désinfecter, opérer… tout faire au plus vite pour sauver des vies. Parfois c'est dur sur le terrain, nous ne pouvons pas toujours anesthésier avant de commencer les soins, et entendre les hurlements de douleurs de mes amis est la chose la plus horrible que je connaisse après en voir certains perdre la vie.
La sensation que l'on ressent une fois tous les soins appliqués est indescriptible, c'est un mélange de fatigue, de soulagement, de peine et de satisfaction d'avoir fait son travail. La peine est due au fait que certaines blessures sont irréparables, par exemple certains perdent un ou plusieurs membres au combat, et on sait bien que ceux-là on de fortes chances de perdre leur famille lorsqu'ils rentreront au pays. Ensuite il faut se coucher, essayer de trouver le sommeil à plus de 35°C même la nuit tout en se demandant si on ne va pas essuyer une nouvelle attaque. Sur le front on ne dort jamais réellement, on est toujours à l'affût, prêt à bondir du lit. Pour mes compagnons c'est pour prendre les armes, pour moi c'est de prendre ma trousse médicale.
L'une des choses les plus dures est aussi de se vider la tête, c'est quasiment impossible. Un coup on pense à nos familles, un coup on a le mal du pays, mais surtout on doit essayer de surmonter toutes les horreurs qu'on vit au quotidien là-bas. Quelques moments de joies viennent toutefois illuminer le front: une lettre de nos proches, la chance d'avoir un accès internet à la base et de faire une visioconférence avec le ou la petite amie, un moment où il fait un peu moins chaud, recevoir des encouragement et du soutien des civils à travers le monde.
John sauvegarda et termina son thé, il était plutôt satisfait de ce qu'il venait de faire. Il alla prendre une douche et décida de faire un peu autre chose qu'écrire, bientôt il allait attaquer des points plutôt sensibles. John se prépara à dîner, il habitait dans un petit studio plutôt miteux mais il n'avait pas les moyens de s'offrir mieux. L'armée l'avait aidé à trouvé le logement, à trouver la psy, et il recevait une espèce de prime pour avoir été blessé au combat. John termina de cuisiner et s'installa sur sa petite table, commençant à manger tout en regardant la télé. Il habitait dans un une pièce avec la salle de bain à part. Le blond avait meublé son appartement simplement: un lit double, une table pour deux, une chaise, un fauteuil, une petite télé, un ordinateur portable et une mini cuisine aménagée. Le blond n'avait pas des goûts de luxe, il se contentait de peu.
Sherlock termina de lire le manuscrit qu'il avait entre les mains et le posa sur la pile des refus. C'était plat, sans intérêt, prévisible et un peu plagiat à certains moments. Le brun attrapa un autre manuscrit et commença à le lire. Au bout de quelques pages seulement il le lança sur la pile refus, c'était ennuyeux à mourir et extrêmement mal écrit. Sherlock voulait quelques-chose de nouveau, pas un roman quelconque comme d'habitude, une vraie histoire, un nouveau talent.
Le brun soupira et alla se chercher un thé avant de regarder par la fenêtre. Londres était animé comme toujours, des centaines de gens passaient sur le trottoir en bas, Sherlock regardait ça du haut de l'immeuble de sa maison d'édition. Les maisons d'édition Holmes, c'était la fierté de ses parents à l'époque et maintenant il avait prit le relais. Sherlock passa une main dans ses boucles brunes en levant légèrement la tête, le ciel était dégagé et plutôt clair pour un mois de janvier. Après avoir bu son thé Sherlock retourna à son bureau, Miss Hudson, sa secrétaire lui rappela qu'il avait un rendez-vous dans dix minutes. Sherlock poussa un grognement agacé et entra dans son bureau, il n'avait pas envie de voir un autre pseudo écrivain penser qu'il est le nouveau Oscar Wilde alors qu'il n'a aucun talent.
Sherlock regarda son rendez-vous arriver et se présenter à Miss Hudson. Cette dernière lui sourit et vint vers le bureau de Sherlock pour annoncer que son rendez-vous était arrivé. Le brun fit un vague signe de la main pour signifier qu'il était prêt. Miss Hudson sourit et alla chercher le client, un homme blond, de taille moyenne. Sherlock regarda la femme d'une soixantaine d'années et lança de sa voix grave:
«-Apportez nous du thé s'il vous plaît.
-Oui Sherlock.»
Le brun émit un claquement de langue agacé, il n'aimait pas qu'elle l'appelle par son prénom devant les clients. Toutefois il savait qu'elle ne le faisait pas méchamment, elle l'avait vu grandir car elle était la meilleure amie de sa mère. Pendant un temps elle avait été sa nounou, puis elle avait décidé de devenir sa secrétaire quand il avait reprit la maison d'édition. Sherlock regarda son rendez-vous:
«-Bonjour monsieur. »
Il remarqua aussitôt le petit boitement de cet homme, sa façon de se tenir droit, son regard franc, son visage marqué par les épreuves et le soleil. Sherlock déduisit que cet homme devait être militaire, policier ou pompier car il avait cette stature particulière. Ses cheveux blonds tirant sur le gris avaient été déteint par une longue exposition au soleil, malgré son air réservé on devinait une forte personnalité. Le brun comprit donc que son interlocuteur était un ancien militaire, car une si forte exposition au soleil ne pouvait être obtenue qu'en étant sur le champ de bataille. Aussitôt ces déductions attirèrent toute l'attention de Sherlock sur ce qui allait suivre.
L'homme blond tendit la main en avançant un peu:
« -John Watson, merci de me recevoir monsieur Holmes. C'est un peu tôt mais ma psy m'a conseillé de venir voir un éditeur car je suis en train d'écrire un livre sur mon expérience en Afghanistan.
-Vous êtes militaire, intéressant, lança Sherlock se félicitant intérieurement d'avoir vu juste.
-J'étais médecin militaire, mais j'ai été blessé au combat alors je suis revenu.
-L'écriture est votre thérapie c'est ça?
-Tout à fait, je n'ai pas encore fini mon livre mais d'après ma psy c'est un premier pas vers la guérison de penser à publier mes mémoires quand je les aurait fini.
-Je suis plutôt intéressé, j'espère que j'aurai la chance de pouvoir lire bientôt vos exploits.
-Je ne prétend pas avoir un quelconque talent en tant qu'auteur, mais il paraît que ça aide à surmonter les traumatismes de les partager…"
Ce fut le moment que Miss Hudson choisit pour apporter le thé. Sherlock la remercia avec agacement car elle arrivait au pire moment et servit le thé avant de continuer:
"-D'accord, monsieur Watson je suis vraiment intéressé par votre projet, je souhaite vraiment travailler avec vous. Je vous laisse tout le temps nécessaire pour écrire, si vous bloquez sur certains détails comme des formulations, comment retranscrire certaines idées ou ce genre de choses je serai là pour vous aider. En contrepartie je vous demande simplement de me laisser le seul éditeur sur le coup.
-Bien sûr, votre maison d'édition a une excellente réputation et je n'ai prit de rendez-vous avec aucune autre.
-Très bien, sachez que je suis disponible si vous avez les moindres questions, c'est toujours compliqué d'écrire son premier livre, on ne connaît pas les formalités. Je vous donne ma carte avec mon numéro personnel, n'hésitez surtout pas à m'appeler si vous avez la moindre interrogation.
-Merci beaucoup monsieur Holmes… votre réaction est inattendue, je ne pensais pas être si bien reçu.
-J'ai une excellente intuition en vous regardant, les gens ont besoin de quelque-chose de neuf! Et quoi de mieux qu'un homme ayant vécu le front, qui a sauvé des dizaines de vies, qui leur raconte comment c'est vraiment la guerre? Car je me doute que c'est différent de ce que l'on peut entendre aux informations.
-En effet.
-Je trouve qu'on ne laisse pas assez de place aux récits de héros de guerre, et j'ai très envie d'être celui qui vous donnera la votre. Je trouve malheureux que la plupart du temps les soi-disant mémoires de soldats soient en réalité très romancées et qu'elles n'apportent rien aux lecteurs.
-Ce n'est pas mon but, je veux simplement essayé de me vider la tête de tout ce que j'ai vécu là-bas.
-Alors je suis encore plus impatient de lire votre premier jet.»
John resta muet un instant, tout ceci s'était passé beaucoup trop vite. De plus il était légèrement intimidé par ce regard de glace posé sur lui. Le blond se ressaisit, se redressa et lança:
«-J'essaie d'écrire au plus vite, mais parfois l'écriture n'est pas assez fidèle à la réalité alors je dois tout recommencer.
-Je comprends parfaitement.
-Je vous contacterai dès que j'aurai quelque-chose de satisfaisant à vous faire lire.
-Entendu, à très bientôt monsieur Watson.
-A bientôt monsieur Holmes et merci de me laisser ma chance.»
Après une poignée de mains franche, John quitta le bureau sans même se rendre compte qu'il ne boitait plus. La guérison commençait déjà grâce à cette première petite victoire mais il n'en avait pas conscience.