C'est de cette manière que je disparaîtrais
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« A l'heure où nous vous parlons, le centre de détention de Tokyo vient de transmettre un communiqué absolument extraordinaire, accompagné d'une vidéo qui le sera certainement tout autant. Un tribunal pénal international, spécialement constitué pour l'occasion, vient de déclarer que le mystérieux tueur en série qui se dissimulait derrière le pseudonyme de Kira a été exécuté, cet après-midi. Au cours de ce compte-rendu, les juges ont révélé la véritable identité du tueur, un adolescent de dix-neuf ans du nom de Light Yagami, originaire du...»
L baissa les yeux vers son verre, contemplant silencieusement le ballet de la liqueur au sein du récipient qu'il faisait tournoyer entre ses doigts. Watari avait proposé à l'équipe de laisser leurs émotions se dissoudre dans l'alcool, personne n'avait eu le cœur de protester face à la suggestion. Cinq heures plus tard, ils étaient toujours penchés sur le comptoir d'un bar, arrimés aux tabourets de l'établissement par l'inertie et une culpabilité silencieuse qui les unissait autant qu'elle les isolait l'un de l'autre.
« Aussi délicate qu'ait pu être cette affaire, nous avons toutes les raisons de nous réjouir de la conclusion qu'elle a trouvé, ce jour.» Le juge qui avait été désigné pour représenter le Japon au sein du tribunal faisait face à ses compatriotes, dissimulés derrière une batterie de micros tandis que son visage était constamment illuminés par le jet continus de flashs mitraillé par les appareils photographiques d'une multitude de journaliste. « Aujourd'hui, justice a été rendu sous mes yeux, et j'ose espérer que cette nouvelle apportera une forme de réconfort aux familles des défunts, en plus de les convaincre que leurs revendications ont été prises avec le sérieux qu'elles méritaient. Nous espérons également, qu'en plus de permettre aux proches des victimes de faire leur deuil, cet événement permettra également à l'humanité de respirer à nouveau librement, maintenant qu'une ère de terreur s'est définitivement achev...»
« Changez de chaine. » Une demande qu'Aizawa avait marmonné à la barmaid sans laisser le moindre espace à une quelconque protestation de sa part.
« Aucun problème, monsieur. Une préférence en particulier?»
« Tout ce que vous voudrez tant que ce n'est pas un journal télévisé...»
La jeune femme acquiesça poliment avant de se précipiter vers la télévision pour changer de programme. Une petite chose toute menu, les pieds de part et d'autres de la frontière séparant l'adulte de l'adolescente, pour ne pas dire de l'enfant. Si on ajoutait son regard candide et la manière dont le qualificatif de mignonne s'adaptait à son charme comme un gant, il était difficile de ne pas établir de parallèle avec Misa Amane. J'imagine qu'elle a été mise au courant, à l'heure qu'il est, peu importe l'endroit où elle se trouve. Tout le monde doit être au courant de toutes manières, que ce soit ses amis, ses anciens camarades de classes, ses adeptes... La vie de Light Yagami s'était étendu bien au delà des impressions qu'il avait tracé dans l'esprit de ses proches, mais aussi démesurée qu'ait pu être sa part d'ombre par rapport aux illusions qui la dissimulaient aux yeux des autres, dans son ensemble, cette vie s'était également avérée beaucoup plus courte que le cercle de ses connaissances aurait pu se l'imaginer dans ses estimations les plus pessimistes. Si courte qu'elle avait déjà touché à sa fin. Light était Kira, et Kira était mort. Très bientôt, il ne resterait plus personne dans le monde entier pour ignorer ce triste état de fait.
« J'espère que le chef n'a pas été entraîné dans tout ce bordel médiatique. » murmura Mogi. « C'est bien la dernière chose dont sa famille a besoin à l'instant présent.»
Watari secoua la tête. « Il a été convenu que la déclaration serait effectuée après l'autopsie et la restitution du corps à sa famille. Je peux vous l'assurer, les Yagamis étaient déjà loin au moment de la conférence de presse.»
« Comme si ça pouvait changer grand chose. » grogna Aizawa « Une foule de journaleux doit faire le siège de leur domicile à l'heure où nous parlons, aucune chance pour que ces vautours les laissent faire un pas en dehors sans leur braquer les projecteurs comme les caméras dessus.»
« Ils ne sont pas retournés à leur domicile. » répliqua Watari sans élever la voix outre-mesure. « Le commissaire Yagami avait anticipé cette éventualité et pris ses précautions en conséquence. Pour le moment, ils demeurent tous à l'abri, chez des parents éloignés, en attendant que la tempête s'essouffle.»
« Ce qui pourrait bien prendre des années si vous voulez mon avis...»
« C'est effectivement une possibilité. »
« Des charognards... » Un mot qu'Aizawa avait recraché comme s'il s'agissait d'un poison, tandis que ses joues retrouvaient un semblant de couleur, même si c'était le rouge de la colère. « S'ils avaient un semblant de conscience, ils auraient pu attendre la fin de l'enterrement avant de se pointer... Ils auraient au moins pu accorder ça au chef, qu'est ce que ça leur aurait coûté?»
Watari garda le silence, le contenu de ses pensées dissimulés par l'expression sombre qu'il arborait en lieu et place du visage affable auquel il avait habitué la cellule d'investigation. Un masque qui était paradoxalement révélateur de ce qu'il abritait derrière, un masque qui n'était plus celui d'un majordome dévoué, il aurait été plus approprié à... Son attitude, la tonalité de sa voix, celle d'un soldat qui a laissé une partie de sa vie sur le champs de bataille avec ceux qui n'en sont pas revenu... Est-ce qu'il a conscience du changement ? Je me le demande... Que ce soit le cas ou non, la vision n'en demeurait pas moins déconcertante aux yeux de L, pour ne pas dire dérangeante, une fenêtre ouverte sur une chambre obscure, quand bien même il avait toujours eu conscience de l'existence de cette pièce, quelque part, il n'avait jamais eu l'occasion, encore moins l'envie de jeter un coup d'œil à l'intérieur. Détournant les yeux de ce mystère qu'il n'était guère désireux de résoudre, le détective embrassa le reste de l'équipe du regard, l'ombre que ces hommes traçaient derrière eux n'avait rien à envier aux ténèbres qui avaient auréolé son éternel compagnon de route. Qu'il s'agisse de la manière dont Aizawa était penché sur son verre au point que sa silhouette aurait pu être confondue avec celle d'un bossu, l'épais voile de silence dans lequel s'était emmitouflé Mogi, la muraille de cannette de bière derrière laquelle on pouvait apercevoir la chevelure de Matsuda tandis qu'il laissait son front reposer sur les deux bras recroquevillés l'un contre l'autre sur la surface du comptoir... Autant d'indices révélateurs des tourments qu'ils n'avaient plus la force d'exprimer ou même de dissimuler plus que ça... Félicitation, Light, si tu voulais qu'ils souffrent, ce plan là a réussi au delà de toutes tes espérances, une victoire écrasante en un sens, même si ce n'est pas pour toi qu'elle l'est...
« Il avait promis à Light qu'il organiserait quelque chose... » marmonna L sans conviction, dans une faible tentative de ranimer la conversation. « Une cérémonie privé à huis clos, probablement. Dans le pire des cas, ils auront procédés à une crémation et conservé les cendres pour les ressortir le jour de l'enterrement...»
Son dos parcouru par un frisson, Matsuda pivota péniblement la tête en direction du détective sans la décoller de ses bras pour autant. « Mais nous pourrons...y assister...ce jour là...non ? Le chef...nous préviendra...de la date...»
Aizawa renifla. « Ne sois pas ridicule, nous sommes les dernières personnes que le chef souhaiterait voir devant lui à l'instant présent...»
« Mais... »
« Nous venons de fusiller son fils, Matsu... » murmura Mogi. « Aizawa a raison sur ce point. Il vaut mieux laisser la famille en paix lors des funérailles...leur laisser au moins ça...»
Matsuda donna l'impression de se flétrir un peu plus. « Mais...nous l'avons fait...parce qu'il nous l'avait demandé...»
« Je le sais, il le sait aussi bien que nous. Laisses-lui juste le temps de faire son deuil, il reviendra vers nous quand il se sentira prêt à le faire. » Des mots que Mogi avait prononcé d'une voix douce, exprimant le soutien et la compréhension pour un ami que la vie avait mis à terre, certainement pas la condescendance colorée par une couche superficielle de pitié pour un imbécile incapable de comprendre l'évidence même.
Le silence retomba comme une chape de plomb, écrasant sous son poids les infortunés qu'il emprisonnait en son sein. L modifia légèrement sa position hétérodoxe au sommet du tabouret du bar, sans parvenir à trouver une alternative plus confortable pour autant. Avec un peu de chance, ils sont en sécurité dans l'appartement que nous leur avons préparés, à l'abri de ce monde cruel, au moins le temps de quelques heures... Avec un peu de chance... Une plaisanterie silencieuse aussi cruelle qu'involontaire. Si le Japon dissimulait une famille plus malchanceuse que les Yagami, à l'instant présent, L préférait continuer d'ignorer leur existence. N'essaye pas d'imaginer Soichiro contempler ce qui reste de sa plus grande fierté après l'exécution, n'essaye pas d'imaginer Sachiko faire la toilette funéraire de celui à qui elle avait donné le bain, il n'y a pas si longtemps que ça... Oui, il n'y a pas eu assez de temps pour séparer le bambin qu'elle prenait dans ses bras du cadavre qu'on lui a restitué pour qu'elle soit en état de faire la différence... N'essaye pas d'imaginer à quel point leurs vie est devenu un enfer, cet enfer que leur enfant si brillant a laissé derrière lui en guise de cadeau d'adieu... Non, il vaut mieux ne pas essayer... Plus facile à dire ou plutôt à penser qu'à faire, L ne pouvait penser à rien d'autre à l'instant présent.
« Cette chanson... »remarqua Watari. « Lorsque nous étions proche de la fin. Il me semble l'avoir déjà entendu, mais...»
« Toryanse ? » Aizawa détourna les yeux pour dissimuler son embarras. «Un jeu, rien d'autre qu'un jeu réservé aux enfants, deux gamins tendent les bras pour se tenir les mains et le reste de la bande passe par dessous jusqu'à la fin de la chanson. A ce moment là, ils baissent les bras, et celui qui se retrouve prisonnier entre eux a perdu. J'imagine qu'il s'amusait à y jouer avec ses camarades de classe, quelques années plus tôt...»
« ...c'était peut-être avec sa famille qu'il l'avait appris... » Une remarque qui s'était hissé péniblement aux lèvres de Matsuda, s'en extirpant sous la forme d'un murmure proche d'un râle d'agonie tandis qu'il relevait la tête pour transpercer l'assistance de ses yeux rougis par les larmes. « Il nous a dit qu'il...nous pardonnait...qu'il nous avait pardonné...»
« Ouais, il a dit ça.» Des mots qu'Aizawa noya dans la bière qu'il avait porté à ses lèvres après les avoir marmonné, mais Matsuda ne voulait pas laisser les choses en rester là.
« Il nous a pardonné. Alors que nous étions là, devant lui, un fusil entre les mains, il s'inquiétait pour nous. Est-ce que tu l'aurais fait si tu t'étais retrouvé à sa place, de l'autre côté ? Est-ce que tu y aurais seulement pensé?»
« Tout ça faisait partie du script, Matsuda. » répondit Mogi. « Ils ne pouvaient pas prendre le risque de le laisser s'exprimer librement devant les caméras. Tout ça a été rédigé à l'avance et inscrit sur ce foutu carnet, si tu veux mon avis.»
« Non, ce n'était pas le cas. » Aussi sucré que soit le breuvage qu'il faisait passer entre ses lèvres, l'amertume s'obstinait à imprégner la langue du détective, sans donner l'impression de s'atténuer, quel que soit la douceur du liquide qu'il faisait passer dessus. « Le moment où il avait oublié un mot au cours de son discours, c'est le seul élément qui était déterminé à l'avance. Il lui était également interdit de dévoiler la méthode auquel il a eu recours pour exécuter ses crimes. Mais tout le reste était laissé à sa libre appréciation.»
Il avala une nouvelle gorgée, tout aussi inutile que les précédentes, mais cela lui donnait au moins l'occasion de détourner les yeux du visage de Matsuda, Aizawa de son côté avait accueilli la révélation par un reniflement de mépris.
« Tu parles d'un culot. S'imaginer qu'il était en position de nous pardonner quoi que ce soit. Le monde à l'envers, si vous voulez mon avis. Au lieu de nous offrir son pardon, il aurait peut être mieux fait de réclamer le nôtre. »
« C'est peut-être vrai. » observa Watari. « Mais de tout ses péchés, ce n'est pas celui là que je me mettrais en tête de lui reprocher.»
Matsuda secoua la tête d'un air hébété. « Mais pourquoi ? Pourquoi est ce qu'il a fait ça?»
« Parce qu'il voulait le faire, je suppose. » trancha L. «Inutile de se poser la question, il n'y a plus personne pour y répondre, maintenant.»
« C'est absurde, simplement absurde... »
Mogi posa la main sur l'épaule de Matsuda. « Je sais. »
Le silence retomba ou plutôt, ils retombèrent dan le silence, rapportant leur attention sur les verres qu'ils n'avaient pas encore vidés de leur contenu. Un silence qui fût balayé par une voix familière tandis qu'elle résonnait de l'autre côté d'un écran de télévision.
« Mon nom est Light Yagami. Je suis âgé de dix-neuf ans...»
Le peu de couleur qui restait au visage de Matsuda reflua instantanément, laissant une blancheur cadavérique dans son sillage. Aizawa abattit brutalement sa canette de bière sur la table tel un coup de poing, menaçant de tordre le récipient métallique entre les doigts qui se comprimaient autour. Impact suffisamment violent pour faire sursauter la barmaid.
« Je vous avait demandé de changer cette putain de chaine, bordel!»grogna-t-il.
« Je...Je suis désolé... « bégaya-t-elle en retour. « C'est une nouvelle trop importante, ils doivent la diffuser sur toutes les chaines...»
« Alors coupez cette foutue télé pour de bon!»
« Oui, monsieur. Je suis désolé, monsieur.»
Le monologue de Light se coupa aussi brusquement qu'il s'était immiscé dans la conversation tandis que l'écran virait enfin au noir. L relâcha le souffle qu'il avait retenu prisonnier entre ses poumons sans s'en rendre compte. Toryanse, Toryanse...
Ébranlé par le court écho de cette voix d'outre-tombe, Matsuda se leva de son siège, les genoux tremblants tandis qu'il s'efforçait de conserver un semblant d'équilibre après avoir écarté la main de Mogi d'un haussement d'épaule. « E...excusez-moi...je...»
Le teint grisâtre de son visage n'était pas sans évoquer celui de la cendre tandis qu'il se plaquait la main sur la bouche en se précipitant vers les toilettes de l'établissement, manquant de peu de s'effondrer en cours de route. Aizawa soupira en contemplant l'éclipse de son compagnon. «On dirait bien qu'il n'a pas eu la chance de tomber sur la balle à blanc...»
Watari le fusilla du regard suite à cette remarque. « Première règle dans ce type de travail, mon garçon, ne vous posez pas de question sur l'identité de celui qui avait une balle à blanc dans son fusil quand il a pressé la détente. Même si vous aviez la bonne réponse, elle n'apporterait rien de bon à qui que ce soit, à commencer par vous-même.»
« Je disais juste... »
« Il a raison. La seule raison d'être de cette foutue balle à blanc, c'est de laisser planer l'incertitude, pas la peine d'insister. Fous lui la paix.» Nul besoin de lire entre les lignes pour comprendre que Mogi estimait que la conversation autour de cette question venait de butter sur un point final.
Mais quand bien même on passerait cette question sous silence, Matsuda connaît la réponse mieux que personne en ce qui le concerne... pensa L en contempla l'inspecteur Aizawa rougir en s'emmurant dans un mutisme complet. Sur le coup, L avait enregistré l'information sans être en état d'en tirer la conclusion élémentaire, mais sa mémoire était demeuré intacte suite au coup de feu, lui faisant miroiter ce fragment de papier rougis par le sang d'un condamné, et constellé par les trois trous béants que les balles avaient laissés derrière elles au cours de leurs passages. La balle à blanc n'était pas dans son fusil en effet, et ça n'aurait rien changé, il n'a pas eu la force d'en presser la détente. Que ce soit devant ses collègues ou devant le monde entier, l'inspecteur Matsuda avait brisé sa promesse.
« Light, je suis désolé... »
Écho qui bourdonna aux oreilles du détective tandis qu'il s'humectait les lèvres, en comprimant un peu plus son verre entre ses doigts. « Il vaudrait mieux que quelqu'un le raccompagne chez lui, ce soir. »
« Je le ferais. » répliqua Mogi en retour en se levant de sa chaise tout en récupérant sa veste pour l'enfiler sur ses épaules. «Cela ne m'imposera pas un bien grand détour de toute façon. »
L hocha la tête. « Merci beaucoup. »
« Pas la peine de me remercier. »
Sur ces derniers mots, il se dirigea vers les toilettes du bar, le manteau de Matsuda sous le bras, son expression indéchiffrable. Quelques minutes plus tard, il en ressortit avec son collègue pour le guider vers la sortie, son compagnon de route tituba en essayant péniblement d'aligner ses pas sur les siens, le visage blanc comme un linceul. L les regarda partir sans un mots, la culpabilité grignotant sa conscience comme un rat traçait son parcours dans l'interstice séparant un plafond d'un grenier, rongeant douloureusement ce qui pouvait se dresser sur sa route.
« Le pauvre. » marmonna simplement Aizawa suite à la fermeture d'une porte.
Watari leva un sourcil. « Vous parlez de l'inspecteur Matsuda ou bien... »
« Aucun des deux. Les deux. Tout le monde au final. Et qu'est ce ça peut foutre quand on y pense, hein?» Aizawa plaqua sa canette sur le comptoir après l'avoir porté à ses lèvres un fois de plus, lèvres qu'il essuya du revers de la manche. «Au moins, c'est terminé.»
Terminé ? Seulement pour Light au final. « C'est terminé, effectivement.» concéda L.
« Le monde va revenir à la normale d'ici peu. »
« C'est déjà le cas. »
Aizawa tapota sa bière sur la surface du comptoir avant de tendre le bras pour la lever au plafond, dans une invitation à porter un dernier toast. « A la fin de Kira. »
« A la fin de Kira. » répondit Watari en echo.
L garda le silence plutôt que de prendre le relais, mais il vida néanmoins son verre, grimaçant devant la saveur alcoolisée. Aizawa reposa sa bière dans un soupir et s'essuya de nouveau les lèvres du revers de la manche. « Je devrais rentrer à mon tour, j'imagine. Ne serait-ce que pour serrer mes filles dans mes bras. Elles n'ont aucune idée de qui s'est passé, aujourd'hui. »
« Il ne leur arrivera rien. » le rassura Watari.
« Je sais. Le monde est revenu à la normale, pour le meilleur comme pour le pire, et il faudra bien faire avec. » Après avoir récupéré sa veste, Aizawa s'éclipsa en direction de la porte avant de s'interrompre à mi-parcours pour jeter un dernier coup d'œil derrière lui.
« Ryuzaki?»
L se retourna dans sa direction. « Oui?»
« Si nous ne l'avions pas arrêté à temps, je suppose qu'ils nous auraient tous tué à la fin, non?»
« Je pense effectivement que c'est ce qu'il aurait fait si nous lui en avions laissé l'occasion, oui.»
« C'est bien ce que je pensais. Oui, c'est bien ce qu'il me semblait, mais pourtant, j'avais besoin de...» Aizawa s'interrompit avant de hocher la tête d'un air sombre. « Merci. Sans vous, nous ne serions plus là aujourd'hui, alors...merci pour tout.»
L cligna des yeux, pris de court par des remerciements qu'il n'avait ni espéré ni même anticipé, mais Aizawa s'était déjà éclipsé pour de bon sans lui laisser le temps de répondre quoi que ce soit.
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Le soleil était sur le point de se coucher lorsque L et Watari s'approchèrent d'une table à pique-nique, ses rayons agonisants colorant les alentours du parc, recouvrant toute verdure d'une teinte orangée appropriée au crépuscule d'une journée comme à celui d'une affaire criminelle de cette envergure. Même si le détective avait tenté d'enrober les véritable raisons de leur venue en ces lieux d'une excuse cousue de fil blanc -éviter de déclencher les détecteurs de fumée par inadvertance, et autant joindre l'utile à l'agréable en combinant une besogne nécessaire à une promenade en plein air- il savait pertinemment qu'elle n'avait pas fait illusion un seul instants aux yeux de son mentor.
Après tout, le quartier général érigée pour la cellule d'investigation le temps d'une enquête, il s'agissait pratiquement d'un second foyer pour Light Yagami, au point que son spectre continuait de hanter les couloirs de l'édifice par son absence, projetant son ombre sur les lieux où il avait jadis vécu.
Qu'il s'agisse de la chambre qu'il avait partagé avec un détective, unis l'un à l'autre par la même chaîne mais aussi par la promesse qu'il s'était échangé, la table où ils s'étaient assis côte à côte, pour partager un repas ou une plaisanterie avec son père et l'inspecteur Matsuda, une batterie d'écrans d'ordinateurs qui avaient illuminés le visage des deux investigateurs au cours d'une énième nuit blanche, le bureau sur lequel leurs ombres respectives s'étaient entremêles, pendant qu'ils se penchaient sur les mêmes documents pour les étudier, et la porte vers laquelle Light Yagami s'était précipité avec l'énergie du désespoir au cours de sa toute dernière tentative de fuite...
Il voulait mourir en plein air.
Watari installa le bidon métallique soigneusement découpé, tout en jetant un coup d'œil aux alentours pour s'assurer que personne ne viendrait s'immiscer au cours d'un feu de joie qui n'aurait rien d'une célébration, quand bien même il marquerait la conclusion définitive de l'investigation qui les avait amené jusque là. « Cet emplacement fera l'affaire, je pense.»
L acquiesça. « Je le pense aussi.»
« Alors ça s'arrête là, uh ? Light est mort, tu brûles les carnets, tu gagne, fin de l'histoire. Aussi bête que ça?» Une question qui avait flotté aux oreilles des deux britanniques en compagnie des deux Shinegamis qui les surplombaient.
« Aussi bête que ça, effectivement. » répondit L à Ryuk.
« Est-ce qu'on peut faire plus ennuyeux que ça, franchement?»
« Personne ne te retient ici.»
Ryuk préféra garder le silence, tout comme L tandis qu'il extirpait un flacon d'essence à briquet et une boite d'allumette du bidon métallique. Il s'interrompit néanmoins en cours de route, lorsque sa main se referma sur le papier jaunâtre avec lequel son compagnon avait emballé les Death note.
« Je ne déballerais pas ce cadeau empoisonné si j'étais vous. » lui conseilla Watari.
Conseil auquel son protégé prêta la sourde oreille, déchiquetant l'emballage improvisé pour en extirper un cahier, ce cahier qu'il observa avec une fascination morbide agrémenté d' écœurement. Même si les pages demeuraient collés les unes aux autres par le sang de l'ancien propriétaire du carnet, sa couverture d'un noir de jais était demeuré immaculée malgré tout. Mu par un embryon de curiosité, L essaya de décoller les feuilles de papiers qu'une exécution avait rougi, quelques heures plus tôt, le seul résultat de l'opération fût de les arracher d'un coup sec. Spectacle qui suscita un gloussement de Ryuk, avant que sa voix ne prenne le relais, cette voix dont la sonorité évoquait au détective une poignée de brindilles desséchées par le soleil avant qu'une main avide ne les déchiquette encore et encore, dans une série de craquements des plus irritants.
« Hyuk, ce n'est pas comme ça que tu pourras la détruire, tu peux arracher autant de pages que tu veux, il en restera toujours.»
Comme si je devais m'en étonner, bien sûr qu'il en restera toujours. Gagné par un début de nausée qu'il s'empressa de dissimuler derrière un masque impassible, L se retourna en direction du Shinegamis. « Tu parles d'expérience?»
« Peut-être bien que oui, peut-être bien que non, va savoir. » L'expression du dieu de la mort n'avait pas varié d'un iota, mais le détective pouvait néanmoins percevoir une nuance de moquerie dans cette réponse évasive. « Tu pourrais la garder, tu sais. Au moins celle qui est encore propre, ce n'est pas comme si le tribunal pourrait te le rapprocher, ils ne verraient pas la différence si tu en brûlais une seule au lieu des deux. Et après tout, tu ne peux pas nier qu'elle a pu se montrer bien utile pour toi, il n'y a pas si longtemps, hmm ? Qui sait, peut-être qu'un de ces jours, tu pourrais en avoir besoin à nouveau...»
« Je ne suis pas intéressé.»
« Tu en es bien sûr?»
Le visage de Light flotta quelques instants à la conscience de L, ce visage dont les yeux étaient illuminés par la terreur, quand bien même on avait pris la peine de les dissimuler derrière un bandeau à ce moment là. Sans ajouter un mot de plus, le détective jeta les deux carnets au fond du bidon avant de dévisser le flacon d'essence à briquer pour les en asperger.
« Hyuk, fais comme ça te chante, après tout.»
Je n'y manquerais pas. Ferme dans sa résolution, L craque une allumette avant de la relâcher au dessus du bidon, contemplant silencieusement les flammes tandis qu'elles consumaient avidement deux carnets, les armes d'une multitude de crimes ne se distinguaient plus d'une liasse de papier ordinaire dans ces circonstances. Et bientôt, très bientôt, si ce n'était déjà le cas, leur ancien propriétaire subirait le même traitement, ne laissant derrière lui qu'une nuée de cendres et quelques fragments d'ossements ici et là, abandonnant à deux parents en deuil la lourde tâche de les recueillir entre leurs mains tremblantes en vue de l'inhumation de leur enfant. Une pensée lourde de signification tandis qu'elle s'enfonçait dans la conscience du détective. Au moins, il n'y aura pas de caméras à ce moment là... On se contentera de le laisser disparaître.
Toryanse, Toryanse...
« Il y a une dernière chose que j'aimerais te demander, Ryuk ? Est-ce que tu prendras la peine de me répondre?» Requête que le détective murmura alors que les flammes continuaient de danser dans ses yeux, le maintenant subjugué.
« Bah, je n'ai pas de raison de te refuser ça...»
« Est-ce que tu as ressenti quoique ce soit au moment de sa mort?»
Question qui se perdit dans le silence, sans que l'écho d'une réponse ne vienne s'y substituer. Irrité, L se retourna en direction du Shinegami, mais il s'était déjà éclipsé entre temps, en compagnie de Rem. Le seul regard qui rencontra le sien fût celui de Watari tandis que son visage était illuminé par les flammes qui dansaient au fond du récipient métallique.
« Vous ne pensiez tout de même pas qu'il prendrait la peine de répondre à cette question?»
« Cela ne coûtait rien de demander malgré tout.»
« Je suppose que non, effectivement. » Le vieillard hésita quelques instants, pinçant ses lèvres entre ses dents pour retenir une remarque qu'il se décida finalement à relâcher. « En parlant de ça, j'ai pris la peine de mener ma petite enquête concernant ce que vous avait rapporté la mère de Light Yagami...»
« Pour savoir s'ils lui avaient arraché sa confession à coup de poings au cours de l'interrogatoire ? C'est probablement le cas en effet, et ça ne change rien à l'affaire. Nous n'avions plus besoin d'aveux à ce stade. » Un craquement sinistre s'échappa du bidon tandis que le dégoût tordait les lèvres de L dans un rictus. « Laissez-moi deviner, ils ont préféré garder le silence face à vos questions?»
« Au contraire, ils ont pris la peine d'y répondre.»
« Et?»
« Il s'est infligé lui même ces blessures.»
L ne put s'empêcher de répondre à ces mots par un sourire sans joie. «Mais oui, bien sûr.»
« J'ai eu la même réaction sur le coup, mais c'est pourtant la vérité. Ils ne se sont pas montré des plus tendre avec lui, c'est vrai, mais ils n'ont jamais porté la main sur le prisonnier au cours de l'interrogatoire. Ils se sont contentés de se relayer pour le laisser sur le grill de leur batterie de question pendant dix-huit heures d'affilée, après ne lui en avoir accordé que quatre de répit. A la fin de ce calvaire, il s'est décidé à craquer pour tout leur avouer. L'interrogatoire était filmé, et j'ai regardé la vidéo jusqu'au bout, avant comme pendant les aveux, il n'y avait aucune trace de coups sur son visage à ce moment là.»
« Mais les traces de bleu mentionnées par sa mère...»
« Elles s'expliquent par la petite scène qui s'est déroulé par la suite, la caméra tournait toujours à ce moment là. Il leur a fourni des aveux complets, a pris le temps de répondre à toutes leurs questions et s'est contenté de réclamer un verre d'eau en retour. Le temps que les policiers s'éclipse pour lui accorder ça, il s'est mis à contempler la table quelques instants avant d'essayer de se fracasser le crâne et les mains sur son rebord. » Le regard de Watari se durcit tandis qu'il s'efforçait de le focaliser sur les flammes. « Il a fallu quatre hommes pour le maîtriser.»
Révélation qui poussa L à froncer les sourcils. « Une tentative de suicide?»
« Peut-être, peut-être pas. Difficile de savoir ce qui pouvait bien se passer dans la tête de ce garçon à ce moment là.»
Effectivement. L médita sur cette nouvelle information, essayant de l'intégrer à l'image de Light Yagami qu'il s'était mentalement construite au fil des derniers mois. Même si le génie de l'adolescent avait rivalisé avec celui du détective, au point qu'ils avaient pu s'entrouvrir l'un à l'autre au cours de cette investigation, abolissant la distance le temps d'un éclair de compréhension partagée, au final, ce criminel demeurerait un puzzle éternellement inachevée aux yeux de L, un nœud gordien qu'il avait tranché pour de bon alors même qu'il n'avait pas fini de le démêler. Aucune importance au final, la clé du mystère que j'étais venu trouver, c'était celle d'un crime, pas celle du criminel qui en était à l'origine. La seule véritable zone d'ombre qu'on me demandait d'éclaircir, j'ai fait la lumière dessus, peu importe le reste. Le travail est fini, il n'y a pas besoin de revenir dessus.
Une dissonance s'immisçait malgré tout au sein de ce constat désabusé, un écho que le détective ne parvenait pas à exiler à la périphérie de sa conscience malgré ses efforts, l'écho d'une voix tremblante qui le hanterait probablement jusqu'à la fin de ses jours, et quoi de plus normal puisqu'elle venait d'outre-tombe ? Toryanse, Toryanse...
Il avait pratiquement l'impression de l'entendre résonner à l'extérieur en plus de sentir son écho ricocher contre les parois de son crâne.
Non, ce n'est pas un écho, je peux l'entendre, en ce moment même...
« L ! » La voix de Watari était étouffée mais néanmoins insistante. « Regardez, là bas.»
En réponse à la directive, L releva la tête, pour entrapercevoir une multitude marcher dans leur direction, toutes leurs voix résonnant à l'unisson, brandissant un refrain des plus familiers en guise d'étendard pour leur ouvrir le chemin.
«Tooryanse tooryanse
Koko ha doko no hosomichi ja ?
Tenjin-sama no hosomichi ja
Chitto toshite kudashanse »
« Je me demande ce qu'il aurait pensé de tout ça s'il avait eu la chance d'assister au spectacle... » murmura Watari.
Quelle importance ? Il est mort à présent... Une foule impressionnante si on prenait en compte le peu de temps qui s'était écoulé depuis l'annonce de l'exécution. Au moins deux cent personnes à vue de nez, la majorité étaient des femmes s'il en jugeait à la sonorité de ce chœur improvisé, mais il pouvait également entendre des voix masculines s'entremêler au reste, et un bon nombre de marcheurs étaient venu accompagnés par leurs enfants. Chacun d'entre eux avait une chandelle entre les mains, d'innombrables bougies dont les flammes dansaient au gré de la brise, évoquant au détective la vision d'une nuée d'étoiles brillant de mille feux.
« Iki wa yoi yoi, kaeri wa... »
Watari détourna pudiquement les yeux sur le bidon métallique et son contenu qui achevait de se consumer, mais L ne pouvait pas se joindre à lui dans la contemplation des flammes agonisantes. Non, il demeurait hypnotisé par d'autres flammes, celles qui constellaient ce cortège qui défilait devant lui, ce cortège qui semblait ne pas avoir de fin. Transfiguré par le spectacle, il glissa son pouce entre ses lèvres pour le mordiller et évacuer une tension grandissante au fur et à mesure que cette nouvelle voie lactée défilait devant ses yeux. Si nombreux. Tellement plus nombreux que la foule qui se serait rassemblée pour mes funérailles si les tables avaient tournés, est ce qu'on aurait pu seulement parler d'une foule dans mon cas ? La pensée aurait du lui infliger une douleur cuisante semblable à la piqûre d'une guêpe, mais si ce constat lui avait infligé une quelconque souffrance, elle était profondément dissimulée sous un océan d'apathie, donnant au détective l'impression d'être une simple coquille vide. Tu voulais savoir ce qu'on ressent dans cette situation ? On se sent comme une merde, Light, la voilà ta réponse, mais j'imagine que je ne t'apprendrais rien, même si tu pouvais encore m'entendre, hein ?
Une adolescente en pleurs se tenait à la périphérie de la foule, elle ramena une mèche de cheveux derrière ses oreilles lorsqu'elle passa devant lui, tout en tenant une chandelle d'une main tremblante, faisant vaciller la fragile flamme perché à son sommet. Son attention transfixée par ce mouvement, sans qu'il puisse comprendre pourquoi sur le coup, L ne put s'empêcher d'adresser un triste sourire de consolation à l'âme en peine, avant d'écarquiller les yeux lorsqu'elle se retourna dans sa direction.
Misa
Elle avait substitué une chevelure noire en carré court à l'épaisse cascade blonde qui continuait de flotter dans les souvenirs du détective, et ses yeux demeuraient dissimulés derrière une paire de lunette, mais il n'y avait pas le moindre doute, c'était bien le visage de l'âme damnée de Light Yagami. Elle s'était interrompue en plein parcours, demeurant figée devant lui pour écarquiller les yeux à son tour, elle aussi l'avait reconnu. Même si elle a perdu une partie de sa mémoire lorsqu'on lui a retiré sa Death note pour de bon, elle ne m'a pas oublié, tout comme elle n'oubliera jamais ce que j'ai infligé à son idole...et si elle venait à vendre la mèche à la foule de ses adorateurs, là, maintenant... Le pouce toujours coincé dans sa bouche, L inclina simplement la tête pour adresser une courbette de salutation à l'adolescente, courtoisie qui demeura à sens unique. Elle plissa simplement les yeux pour le fustiger de son mépris avant de les détourner pour reprendre sa marche.
L reprit son souffle, quelques instants plus tard.
« Eh bien, je pense que nous en avons fini. » marmonna Watari en s'essuyant les mains après avoir fait usage d'un tisonnier pour éteindre les flammes. « Est-ce que tout va bien ? A votre tête, on pourrait s'imaginer que vous avez croisé un fantôme...»
Peut-être que c'est bel et bien le cas. « Rien. Ce n'est rien. Juste l'écho de mes propres pensées.»
« Je comprends. »
Ils demeurèrent côte à côte, pour contempler la procession en silence, avant que Watari ne se décidé à dissiper la tension dans un soupir.
« Je peux au moins accorder ça à Light Yagami, ce n'était pas un lâche, il a fait face à la mort dans la dignité.»
L secoua la tête. « Les lâches et ceux qui ne le sont pas finissent de la même façon. Rien de digne là dedans. On peut sans doute vivre dans la dignité, mais on ne peut pas mourir dans la dignité.»
« Vous avez sans doute raison sur ce point. « Watari posa la main sur l'épaule de son protégé. « Une autre affaire de résolue.»
« Effectivement, une de plus. » L'espace de quelques instants, le détective s'autorisa à bénéficier du soutien de son mentor et à apprécier le contact de cette main sur son épaule, mais il finit par s'écarter pour se pencher sur un récipient métallique et étouffer les dernières braises qui crépitaient encore au fond. « Réservez-nous le premier vol que vous pourrez trouver en direction de Londres, peu importe l'horaire, je suis déjà fatigué du Japon.»
« Le tribunal souhaitera certainement avoir un dernier entretien avec vous avant votre départ.»
Certainement. « L'affaire est résolue, il n'y a rien de plus à ajouter.»
« C'est votre point de vue, ce n'est peut-être pas le leur.»
« S'ils ont le moindre problème, ils pourront en faire part à L.»
Réplique qui avait arraché un sourire au vieillard, L n'avait pas besoin de se retourner dans sa direction pour le confirmer. « Je comprends.»
Une foule en deuil continuait à chanter au loin, faisant résonner les échos d'une comptine, mais L comme Watari leur avaient déjà tourné le dos. Laissant un bidon métallique remplie de cendres derrière eux comme seule trace de leur présence en ces lieux, les deux hommes entamèrent le premier pas du parcours qui les ramènerait au foyer.
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Light Yagami
Cause de la mort : Fusillé
Le 15 mars 2015, il prononcera un derniers discours, qui inclura sa confession pour les crimes de Kira, mais ne contiendra aucune mention d'un cahier, de shinegamis, ou du moindre détail révélant la nature du pouvoir de Kira. Ce discours sera prononcé devant le tribunal qui l'a condamné à mort. Au cours du discours, il oubliera temporairement le mot machination et demandera son aide au troisième membre du tribunal en partant de sa droite. Après cela, il sera exécuté sans complications ni délais supplémentaire.
Il ressentira la quantité minimale de souffrance possible au cours de sa mort.
FIN