Disclaimer : One Piece est l'œuvre sublime de Goda.

Note : Salut tout le monde ! Cette histoire a été écrite dans le cadre du National Novel Writing Month aka NaNoWriMo (ou "NaNo", tout simplement). Si vous n'en avez jamais entendu parlé, le principe est simple : écrire 50k mots durant le mois de novembre, et cela peut être un nouveau roman, une fanfic, bref n'importe quoi ! (Plus d'infos par PM si vous voulez.) Je me suis donc lancée cette année avec le soutien précieux de Griseldis qui a été ma sœur de plume, fabuleuse rivale et source infinie de motivation pour cette édition 2017. Toute cette histoire est d'ailleurs née du prompt qu'elle m'a généreusement cédé et qui est « Et si Cora était vivant ? ». Enfin, le titre de la fic vient complètement de la chanson « Control » de Halsey, qui m'a guidée et inspiré pendant toute la rédaction de la fic. (Chanson que Grise m'a fait découvrir avec l'AMV "One Piece - Who is in Control" de oMuStliA sur YouTube.)

Mentions aux membres du Forum de tous les périls et à la super chanson que nous a écrite Miss Macaronii lors de notre validation (la grande classe !), au Gatorbar où il y a toujours une bonne âme pour nous aider à rester sur la bonne voie et, bien sûr, Grise. Parce que Grise. D'ailleurs, on a posté le premier chapitre de nos NaNo respectifs en même temps ! (Et je vous recommande chaudement son histoire !)

WARNING : Fuyez pauvres fous !

Sinon, bonne année et bonne lecture !


Control

Partie 01


x

— Où est le Jeune Maître ? demanda la voix inquiète de Baby 5 sur le pont.

— Dans sa cabine, lui répondit Señor Pink, il a demandé à ne pas être dérangé.

Doflamingo observa un instant la porte de sa cabine. Il pouvait entendre l'activité plus intense que d'habitude qui régnait à travers le navire. La bataille contre les vaisseaux de guerre de la Marine, commandés par la vieille Tsuru, avait causé plus de dégâts que Doflamingo ne l'avait envisagé et ils n'avaient pas tardé à effectuer les diverses réparations nécessaires.

De son côté, après s'être acharné et après avoir coulé un des bateaux presque à lui tout seul dans le simple but d'évacuer sa colère, Doflamingo s'était retiré dans sa cabine. À présent, assis sur une chaise et faisant tourner d'un geste absent le paquet de cigarettes de son petit frère entre ses doigts, Doflamingo regardait le corps étalé à ses pieds.

Il avait été tenté de jeter son cadavre à la mer, ou même de le laisser pourrir dans la cale du bateau, mais on ne savait jamais ce qu'il pouvait se passer en mer et Doflamingo préférait que le mort reste le plus loin possible des vivres.

Il ne savait pas pourquoi il avait récupéré le corps sans vie de Corazon. Ce n'était pas comme la dernière fois, où il avait ramené la tête de leur père comme un trophée sur la Terre Sainte. Tuer leur père, à défaut de lui rendre la place qui lui était due à Mariejois, lui avait apporté la satisfaction de la vengeance accomplie et avait marqué le début d'une nouvelle vie.

La mort de Corazon, néanmoins, ne lui apportait rien. Il n'y avait là aucun exploit, aucune satisfaction.

Il avait été saisi d'un coup de rage, d'une de ses vagues de fureur qui ne se calmaient qu'en ôtant la vie à tous ceux qui se trouvaient sur son passage. Ce qu'il avait fait et il n'y avait eu aucun survivant à Minions.

À une notable exception près.

Cette simple idée faisait renaître en lui une colère terrible.

Law.

Law était quelque part. L'enfant avait encore survécu et il avait disparu avec le trésor qu'en ce bas monde Doflamingo convoitait le plus. Celui qui lui accorderait enfin la puissance suprême.

La vie éternelle et le pouvoir de détruire le monde.

Doflamingo trouverait Law.

Peu importait ce que Corazon avait pu lui mettre en tête, il arriverait à refaire l'éducation de l'enfant. Law était comme lui, il partageait cette haine bestiale, ce besoin féroce de tout détruire. Oui, Doflamingo rééduquerait Law, il lui laverait le cerveau s'il le fallait, jusqu'à ce que Law accomplisse sur lui cette ultime opération. Jusqu'à ce que Law meure pour lui.

Un immense sourire se dessina sur les lèvres de Doflamingo et un rire dément naissait déjà du fond de sa gorge quand au même instant son attention fut attirée par un bruit devant lui et il releva la tête. Son regard se posa sur le corps de Corazon et il se tut aussitôt.

Il y avait eu comme un sifflement, un bruit de respiration difficile.

Il stoppa la sienne et se concentra. Il entendit de nouveau le même bruit et ses yeux s'écarquillèrent derrière ses lunettes en voyant la poitrine de son frère se soulever très légèrement.

D'incrédulité, il retira d'un geste brusque ses lunettes. Le monde lui apparaissait sous ses véritables couleurs et il lui fallut quelques secondes pour s'habituer à l'absence du filtre rouge dans lequel il vivait constamment.

Il approcha son visage de la poitrine de Corazon et prit son pouls.

Un battement... Puis un autre... Puis encore un autre...

Doflamingo se figea. C'était faible, mais il pouvait sentir sous ses doigts la vie couler dans les veines de son petit frère.

Roci.

Ces deux syllabes sortirent de sa bouche avant même qu'il ne puisse s'en rendre compte et elles lui écorchèrent le palais comme s'il venait d'avaler une gorgée de verre pilé.

Mais ce ne fut rien comparé à ce qui suivit.

Il manqua de trébucher de sa chaise et il haleta. Des gouttes de sueur froide coulaient déjà le long de son dos.

Corazon était vivant. Rocinante était vivant. Son petit frère était vivant.

Un poids dont il n'avait même pas remarqué l'existence s'évapora d'un coup de sa poitrine et il détesta chaque miette de cette sensation monstrueuse qui le traversait. Ce soulagement lui donna presque la nausée, son cœur se serrant à tel point qu'il semblait imploser dans sa poitrine. Comme si son propre cœur à lui s'était mis à rebattre en sentant ce sang qu'ils partageaient continuer sa route dans les veines de son petit frère.

Doflamingo serra les dents ainsi que ses doigts autour du poignet de Corazon, tentant désespérément de se reprendre. Cela lui prit de longues secondes.

Quand il fut de nouveau maître de lui-même, ou du moins assez pour pouvoir bouger, il déplaça sa main sur le cou de son petit frère pour prendre à nouveau son pouls. Juste pour être sûr.

Peut-être que Doflamingo avait simplement senti ses propres battements.

Mais non, aussi faible le soupçon de vie fut-il, il s'agissait bien du cœur de Corazon. Un instant, l'espace d'une fraction de seconde, il fut tenté de resserrer ses doigts autour de sa nuque, de finir le travail et de l'achever une bonne fois pour toutes. De se débarrasser de ce poids qui le faisait se sentir si léger, là, maintenant.

Qui le faisait se sentir si faible.

Mais il n'en fit rien.

À la place, ses doigts commencèrent doucement à bouger, inlassablement. Avec un soin précis et qui aurait pu passer pour tendre s'il avait pu ressentir un sentiment pareil, il commença grâce à ses fils à retirer lentement les vêtements de l'homme inconscient. Le tissu avait bu le sang et limiter l'hémorragie. Il aurait été dangereux de tout arracher comme il en avait pourtant envie. Peu à peu, le corps de Corazon apparut en partie, puis presque dans son intégralité : c'était un vrai carnage. La véritable couleur de sa peau avait complètement disparu derrière les diverses plaies, hématomes, derrière le sang qui avait coulé puis séché. Le simple fait qu'il fut encore en vie relevait du miracle, pour un humain. Mais, après tout, Donquixote Rocinante n'était pas un humain. Il était un Dragon Céleste.

Il était au-dessus de tous ces êtres. Il était aussi le fils de leur bon à rien de père, mais il était surtout son frère. Et il était fort. Même Doflamingo l'avait sous-estimé.

Dans cet état si déplorable, la survie de Corazon n'était pas garantie. Cependant, Doflamingo se leva et se dirigea vers les cartes rangées dans les tiroirs de son bureau. Il les passa en revue à toute vitesse, cherchant l'île la plus proche en consultant rapidement la boussole et autres outils de navigation en main, puis il laissa le tout en désordre avant de sortir après avoir remis ses lunettes, se saisissant néanmoins de la carte qui l'intéressait.

— On change de cap, tonna-t-il avant même que son équipage ne remarque sa présence, immédiatement !

— Que se passe-t-il, Doffy ? lui demanda Diamante.

L'épéiste sourit. Il s'était installé sur une chaise en sirotant un verre.

— Rocinante est encore en vie, annonça Doflamingo.

Le silence tomba d'un coup sur le pont et tous les regards se tournèrent vers lui, interdits.

— Comment est-ce possible ? s'exclama Baby 5 en portant ses mains à sa bouche, sous le choc. Comment Cora a pu survivre à...

Elle fut coupée par Diamante qui lui jeta la première chose qui lui tomba sous la main : son verre.

— C'est un traître, rappela Doflamingo.

Son nom de code semblait terriblement amer, à présent. Il ne voulait plus jamais entendre quelqu'un le prononcer.

— Il ne mérite plus de porter ce nom, ajouta-t-il. Ne l'oublie jamais, Baby 5.

Lui non plus, il ne devait pas l'oublier. Jusqu'à son arrivée sur Minions, jusqu'à ce que Vergo lui-même ne découvre la vérité, quelque part au fond de lui, Doflamingo avait espéré que tous les soupçons rassemblés autour de son frère étaient faux. Que cela n'ait été que des coïncidences. Mais il avait fini par se rendre à l'évidence : malgré toute la confiance qu'il avait accordé à son frère, parce qu'il était justement son précieux petit frère, il avait été trompé.

— Je vais tâcher de le garder en vie pour le moment, dit-il en tournant la tête vers Diamante. Cap sud-est-est, il y a une île, assure-toi qu'on y accoste le plus tôt possible et ramène-moi un chirurgien.

— C'est dangereux, Doffy, on risque de tomber sur des marines.

— Law court toujours dans la nature, je ne laisserai pas une seule chance de le retrouver me passer entre les doigts. Il nous faut l'Ope Ope no Mi. Par rapport à ce morveux, Rocinante vivant peut nous être beaucoup plus utile que Rocinante mort.

— Très bien, très bien, répondit-il finalement en se levant.

Puis il s'approcha pour récupérer la carte que Doflamingo tenait encore entre ses mains et posa une main sur son épaule.

— Ça va aller ? demanda-t-il simplement.

— Bien sûr que ça va aller ! Pourquoi ça n'irait pas ? C'est une chance inespérée de retrouver Law. Qu'on ne me dérange pas tant que nous ne sommes pas arrivés, ordonna-t-il avant de retourner dans sa cabine.

Le corps de son frère était toujours étendu sur le sol, parfaitement immobile et, pendant un instant, il crut qu'il était mort en son absence.

Les fractions de seconde s'égrainèrent avec une lenteur infinie et finalement, sa poitrine se souleva faiblement.

Il s'approcha du corps et s'accroupit pour avoir une meilleure vue de ses blessures.

Réparer son frère, cela n'avait rien d'inhabituel pour lui parce que Rocinante avait toujours été doué pour rentrer avec mille et une blessures différentes. Cependant, il ne s'agissait pas d'une balle dans le pied ou d'un coup de couteau à travers l'abdomen cette fois. C'était beaucoup plus sérieux, mais ce n'était pas à bord qu'il trouverait quelqu'un capable de faire un meilleur travail que lui.

Personne n'était médecin, parmi les membres de sa famille. Ils étaient tous parfaits dans ce qu'ils faisaient, mais ils étaient comme lui : ils étaient doués pour détruire, et c'était pour cela qu'ils les aimaient tant.

S'il avait été à bord, l'un d'eux aurait pu faire des prouesses. Si Doflamingo avait réussi à lui mettre la main dessus.

Une veine gonfla dangereusement sur son front. Ce n'était pas le moment de penser à Law. Il aurait pu appâter l'enfant, le manipuler s'il avait découvert plus tôt que son frère était encore en vie avant de prendre le large. C'était un plan à garder pour plus tard. Aussi, il le rangea dans un coin de son esprit et se concentra sur les opérations à venir.

Alors, ses doigts commencèrent à bouger et ses fils entamèrent leur travail pour essayer de garder son frère en vie assez longtemps pour trouver un vrai médecin.

.

— Hé, Doffy ! l'interpella la voix de Trebol de l'autre côté de la porte. L'île est en vue, bwéhéhé !

Doflamingo se leva et sortit de sa cabine, prêt à donner ses ordres. Malgré les heures qu'il avait passé à essayer de stopper les diverses hémorragies, il pouvait sentir à quel point le fil qui retenait la vie de son frère était fragile.

Tout le monde était rassemblé sur le pont, tous prêts à obéir au moindre de ses ordres.

— Señor Pink, Baby 5, commença-t-il en les regardant, vous irez sur l'île avec Buffalo à la recherche d'un médecin.

— Ma fille est très malade, et j'ai absolument besoin d'un médecin, supposa Señor Pink en tirant sur sa cigarette.

Doflamingo hocha la tête et se tourna vers Buffalo.

— Dès qu'ils l'auront trouvé, tu me préviendras. Tous les trois, partez tout de suite.

L'adolescent hocha la tête alors que Baby 5 sautait déjà sur son dos. Il ne leur fallut pas longtemps pour prendre les airs en direction de l'île.

— Pica, tu prendras le canot pour transporter son corps jusqu'à l'île dès qu'il nous appellera. Gladius, dans le nid de pie, assure-toi que personne n'approche.

Il s'interrompit en voyant Dellinger tenter d'entrer dans sa cabine et il l'attrapa par l'arrière du col avant de le lancer dans les bras de Jora. Les yeux de l'enfant étaient complètement dilatés à cause de l'odeur du sang.

Doflamingo donna encore quelques ordres et il retourna dans sa cabine surveiller son petit frère en attendant l'appel de Buffalo.

— Doffy, le canot est près, l'informa Pica entretemps.

Quelques minutes plus tard, Buffalo les appelait.

Même si Doflamingo avait une confiance entière envers les membres de sa famille, il s'assura que son frère était déplacé en toute sécurité sur la petite embarcation. Puis, il accrocha ses fils aux nuages et fila en hâte à travers la nuit jusqu'à la côte pour rejoindre Buffalo qui lui indiqua la maison.

Il atterrit et relâcha toute la puissance de son Haki des Rois. Il sourit en sentant tous ces faibles habitants s'évanouir face à la simple force de son pouvoir dans l'air. Puis, il se dirigea vers la maison qu'il avait épargné où il ouvrit la porte et il balaya les lieux du regard après s'être baissé pour entrer.

— Pitié, ne faites rien à ma femme et à mes enfants ! pleurait un homme plaqué au sol par le pied de Señor Pink.

— Chéri ! cria la femme en larmes.

Pour faire cesser ces cris, le pirate arma son pistolet déjà pointé sur elle et retira sa cigarette de sa bouche le temps de recracher la fumée. Plus loin, Baby 5 riait en visant de ses deux mains transformées en pistolet les deux petits garçons qui tremblaient à la vue des canons si proches d'eux.

— Grand frère, j'ai peur ! chouina l'un d'entre eux.

— Je t'ai dit de te taire ! le gronda la fillette en lui tapant sur la tête. Vous avez vu, Jeune Maître, nous avons été rapides !

Doflamingo hocha la tête, s'efforçant d'ignorer les enfants et posa son regard sur l'homme.

— Vous êtes chirurgien ?

— Non, mais je suis le seul médecin de cette île, répondit l'homme, visiblement terrifié.

— Mon frère a besoin de soin. Si il vit, j'épargnerai votre famille. Sinon...

Ses doigts bougèrent et l'un des garçons, le plus vieux, se mit à se déplacer malgré lui vers Doflamingo qui lui mit son pistolet entre les mains. L'enfant se mit à brailler de peur, son pantalon trempé par ses propres urines. Puis, lentement, Doflamingo fit tourner le garçon vers son petit frère qu'il visa avec l'arme. Ses pleurs redoublèrent, appelant son père à l'aide.

— Arrêtez ! cria l'homme. Mon cabinet est dans la pièce juste à côté, vous n'avez pas besoin de faire tout ça.

Ce fut à cet instant que le bébé Den Den Mushi sonna dans la poche de Doflamingo. Il le sortit et décrocha.

— Doffy ?

— C'est moi, où en êtes-vous, Pica ?

— Je viens d'accoster. Buffalo est là aussi.

— Déjà ? Parfait, apportez-le ici dans ce cas.

Il raccrocha et rangea le bébé Den Den Mushi dans sa poche avant de faire signe à Señor Pink de laisser le médecin se relever.

— Ma femme m'assiste toujours, dit l'homme avec hésitation en se redressant.

— Prenez ce dont vous avez besoin, ordonna Doflamingo en se dirigeant vers les enfants qui pleuraient toujours en entraînant le plus vieux du bout des fils.

Il les fixa et ils s'évanouirent en s'écroulant au sol. Immédiatement, la femme se mit à glapir et se débattit pour courir vers eux. D'un bond, Baby 5 fut devant elle, sa jambe transformée pointée vers sa poitrine.

— Ils ne sont pas morts, lui dit-elle. N'est-ce pas, Jeune Maître ?

— Ils sont juste inconscients, confirma Doflamingo.

Puis il utilisa ses fils pour ligoter les enfants aux poignets et aux mains.

— Bâillonne-les, ordonna-t-il à la mère qui eut l'air horrifiée. Il ne faudrait pas qu'ils se mettent à hurler alors que ton mari utilise un scalpel sur mon précieux petit frère, n'est-ce pas ?

La femme déglutit, essayant de contenir ses sanglots et elle attrapa la première chose qui lui passa sous la main, la ceinture de sa robe de chambre et Doflamingo la coupa en deux d'un geste. Puis, il la regarda faire avec satisfaction. Un sourire se dessina sur ses lèvres.

Doflamingo s'amusait bien.

La porte d'entrée s'ouvrit et quand le blond se retourna, il vit la tête de Buffalo dans l'encadrement.

— On l'a là, Jeune Maître, il faut le mettre où ?

On aurait dit qu'il parlait d'un sac de pommes de terre.

En quelques manœuvres, son petit frère fut finalement installé dans le cabinet du médecin.

— Je ne peux rien vous garantir, annonça l'homme en pâlissant derrière son masque. Il est dans un sale état et il a déjà perdu beaucoup trop de sang...

— J'ai pu m'en rendre compte tout seul, l'interrompit Doflamingo en pointant vers lui son arme qu'il avait récupéré entretemps. Vous feriez mieux de vous dépêcher avant qu'il ne soit trop tard.

— Il aura besoin d'une transfusion, quel est son groupe sanguin ?

— Le même que le mien, répondit simplement Doflamingo.

L'homme se contenta de hocher la tête et se mit au travail, assisté par sa femme. Le professionnalisme du médecin semblait prendre le dessus, et il gagnait en sang-froid à mesure qu'il évaluait les dégâts sur le corps du blessé.

Rapidement, ce dernier fut branché aux quelques vieilles machines possédées par le médecin qui produisirent un bruit monstrueux dans la pièce où le silence était presque devenu palpable. Doflamingo observa attentivement les gestes de l'homme dont la vie de son frère dépendait jusqu'à ce que sa femme ne s'approche de lui pour débuter la transfusion.

Le blond s'assit sur une chaise près de la table d'opération et il déboutonna sa veste et sa chemise avant d'en retirer son bras. Il le tendit vers la femme qui hésita un instant avant d'oser poser ses doigts sur le creux de son coude, à la recherche d'une veine. Elle finit par y planter l'aiguille.

C'était une sensation étrange. Cela faisait maintenant des années que personne, pas même un ennemi n'avait réussi à poser la main sur lui. Il sentit à peine l'aiguille entrer dans sa chair, mais il réalisa qu'il avait oublié ce que cela faisait d'avoir mal.

Fasciné, Doflamingo regarda son sang quitter lentement ses veines et traverser le tube pour rejoindre le corps de son petit frère. Cela faisait aussi longtemps qu'il n'avait plus vu son propre sang couler. Et pourtant, celui-ci allait se mêler à celui de son petit frère. Et ce dernier allait vivre, grâce à ce sang.

Doflamingo serra le poing, les yeux rivés sur l'aiguille plantée dans son bras et se demanda un instant si cela purifierait Rocinante. Si grâce à son sang, il parviendrait à laver le sien et à le laver de sa traîtrise par la même occasion. Avec son sang dans ses veines, Rocinante serait-il toujours un traître ?

Subitement, alors que Doflamingo était perdu dans sa contemplation, le rythme d'une des machines devint plus frénétique et que déjà il se levait d'un bond, fixant son petit frère, celui-ci ouvrit les yeux. Ses prunelles étaient vides, brouillées, sans vie.

Le couple de médecins s'activaient au-dessus de Rocinante pour comprendre ce qui n'allaient pas tout à coup, et pour s'assurer de le garder en vie. Mais Doflamingo s'approchait aussi, furieux à l'idée qu'il meurt d'une manière aussi stupide. Il allait lui arracher son masque pour l'étrangler de ses mains.

— VIS, ou je te tue. Vis, ou je ferai tellement souffrir Law qu'il n'aura même plus de larmes pour pleurer, cria-t-il presque en fixant le regard inerte de son petit frère, prêt à presser ses doigts contre sa gorge.

— Arrêtez ça, vous allez le tuer pour de bon !

La femme repoussa Doflamingo que cette injonction avait ramené à lui-même, puis sans se rendre compte de l'énormité du geste qu'elle venait de faire, replaça le masque correctement. Son mari avait sorti une petite lampe de sa poche et projetait la lumière dans les yeux du mourant.

— J'ai encore une réaction. Il est toujours là.

.

Au bout de plusieurs heures, le médecin s'écroula sur sa chaise et retira son masque. Ses traits étaient tirés, son teint était pâle et il luttait pour garder les yeux ouverts. Son épouse se laissa tomber près de lui, dans le même état.

— Il devrait pouvoir s'en sortir, dit-il en se frottant les yeux. Mais il lui faudra certainement des jours pour se réveiller.

— Et il lui faudrait un médecin pour le surveiller, ajouta Doflamingo.

La femme se crispa, prête à se relever pour riposter mais son mari la tint par le bras pour l'en empêcher alors que Doflamingo relâchait petit à petit son Haki des Rois, rendant l'air plus épais qu'il ne l'était déjà.

— Est-ce qu'on peut voir nos enfants, maintenant ? demanda le docteur avec la voix lasse et fatiguée d'un homme qui avait travaillé toute la nuit.

Dehors, le soleil commençait à se lever.

— Doffy, l'interpella Pica depuis la fenêtre.

Pica n'avait pas bougé de la nuit, immobile tel une statue de pierre et prêt à intervenir dès que Doflamingo lui ferait signe.

— Je sais, se contenta de répondre Doflamingo.

Pica n'aimait pas parler, principalement à cause de sa voix, et Doflamingo le savait et il faisait toujours en sorte que Pica n'eut pas besoin de parler dès qu'ils le pouvaient.

Doflamingo ouvrit la porte du cabinet et jeta un œil dans le salon de la famille du médecin. Les enfants étaient toujours inconscients sur le sol, il s'était assuré qu'ils ne se réveilleraient pas. Baby 5 était endormie sur les genoux de Señor Pink qui fumait inlassablement, sans lâcher des yeux les deux jeunes otages. Au regard et à la mine qu'il avait, Doflamingo comprit qu'il n'avait pas dormi un seul instant. Puis il posa son regard sur Baby 5 qu'il fixa avant de la désigner du menton.

— Ce n'est qu'une gamine, lui expliqua simplement l'homme en écrasant son mégot. Comment cela se présente, Jeune Maître ?

— Nous allons très bientôt retourner au navire. Où est Buffalo ?

— Il surveille, Jeune Maître. Je l'ai laissé dormir une heure, pendant ce temps Baby 5 s'est postée sur le toit.

Doflamingo hocha la tête, satisfait, avant de se pencher pour passer ses doigts à travers les cheveux de la fillette. Celle-ci ronchonna en se blottissant contre Señor Pink.

— Réveille-toi, dit Doflamingo.

Une seconde plus tard, elle était debout. Elle tituba un peu, ajusta son nœud dans ses cheveux avant même de se frotter les yeux pour s'assurer qu'elle était complètement éveillée.

— Prenez tout ce qui pourrait nous être utile et retourner au navire. Prévenez Buffalo.

— À vos ordres, Jeune Maître, sourit Baby 5 en éventrant déjà un coussin du sofa pour en retirer la mousse et l'utiliser comme un sac.

Il laissa faire ses hommes, s'approchant déjà des enfants qu'il réveilla. Ils se mirent à hurler quand ils le virent. Les deux parents arrivèrent en courant dès que Doflamingo leur signe et la vue de cette famille unie se serrant dans les bras les uns contre les autres fit bouillir son sang dans ses veines.

Alors que Señor Pink et Baby 5 récupéraient tout ce qui avait de la valeur avant de se rendre dans le cabinet, Doflamingo balaya les lieux des yeux avec plus d'attention. Son regard s'attarda sur un petit guéridon où des bouteilles d'alcool étaient entreposées. Il en attrapa une, la déboucha et sentit son contenu avant de la vider d'un trait. Il s'essuya la bouche avec sa manche et jeta la bouteille au sol, appréciant momentanément le feu provoqué par l'alcool à travers sa gorge.

Quelques minutes plus tard, il ne restait plus que Pica et Rocinante qui prêt à être déplacé en toute sécurité. Il put lire le soulagement sur le visage des parents et cette vision l'irrita plus que jamais. Il bougea ses doigts pour les séparer avec une lenteur calculée. Il se délecta de l'horreur se dessinant de nouveau sur leurs visages.

— On a fait ce que vous voulez, tenta de crier la femme en essayant vainement de se débattre. On a sauvé votre frère !

Elle était déjà trop fatiguée pour que sa voix ne puisse réellement porter. Ce qui n'était pas le cas des deux enfants, qui semblaient très en forme de ce point de vue et avec un peu trop d'air dans les poumons au goût de Doflamingo.

— Prenez-moi avec vous, je surveillerai l'état de votre frère, tout ce que vous voulez mais épargnez ma femme et mes enfants, je vous en supplie !

Ces mots résonnèrent en lui, éveillant de vieux souvenirs enfouis et Doflamingo sentit une veine gonfler sur son front. Il pointa son index sur l'homme.

Tamaito, murmura-t-il en tirant dans la jambe de l'homme une balle faite de ses fils.

Puis il serra les dents en l'entendant crier de douleur, son insignifiante petite famille hurlant dans un écho insupportable. Il avait envie de tous les tuer, et de les voir souffrir.

Mais cela aurait été trop simple de juste les tuer, et Doflamingo avait envie de s'amuser un peu.

.

Doflamingo observa la scène une dernière fois, savourant presque la vue du sang recouvrant le sol, les murs, le plafond. Il savoura même l'odeur de la mort qui se dégageait déjà et finalement, son regard se posa de nouveau sur les deux frères étalés au sol.

Derrière le filtre rouge sang de ses lunettes, Doflamingo les imagina blonds.

x


x

Merci d'avoir lu !

La nouvelle s'annonce chargée pour Roci.
Pour Doffy aussi, d'ailleurs.

(Pssst, j'espère pouvoir lire vos avis !)