Pour terminer cette année 2017 et commencer 2018, une petite histoire sans prétention dédiée à Adalas. Je voulais vraiment en faire un one-shot, mais il semblerait que j'en sois incapable. (Désolée, Adalas...) Voici donc le premier chapitre d'une fic qui en comportera cinq. Comme à chaque fois que je commence une nouvelle histoire, je réitère mes promesses de toutes les terminer. Apparemment, je fonctionne comme ça et je n'arrive pas à me concentrer sur une seule chose à la fois. Donc, désolée, une nouvelle fois, pour cette déviation plus ou moins inattendue.

Il s'agit d'une "commande" née d'une discussion entre Adalas et moi à propos d'une scène de "The savage curtain" (TOS saison 3 épisode 22) : au début, Scotty et McCoy s'opposent vigoureusement à une mission que Kirk veut effectuer sur une planète pour aller rendre visite à Lincoln (ouais, c'est Star Trek, on peut faire n'importe quoi, y compris ressusciter Lincoln, c'est cool). McCoy, réprimandé pour insubordination, rétorque, non sans émotion, que la prochaine fois, il ne sera peut-être pas capable de rafistoler le capitaine. Ça n'empêche pas Jim de descendre quand même, et Spock de le suivre, évidemment, mais on s'est toutes les deux demandé : que s'est-il passé pour que Scotty et Bones soient aussi véhéments dans leur refus de laisser Kirk descendre ?

Adalas a proposé la situation suivante : Kirk et Spock bloqués sur une planète peu accueillante, avec Kirk blessé et vraiment mal en point (j'ai vraiment l'ordre express d'en rajouter dans le H/C, alors je ne me fais pas prier !) et Spock qui doit se débrouiller pour le maintenir en vie en attendant les secours. Secours qui n'arrivent que tardivement, parce que l'Enterprise est bloquée en orbite. Sur la passerelle, Scotty, promu "acting captain", se ronge les sangs, et à l'infirmerie, McCoy, totalement impuissant, tourne en rond. (J'vous raconte pas l'ambiance sur l'Enterprise...)

J'avoue que jusqu'ici, j'ai beaucoup insisté sur Spock ET McCoy en duo/duel, et que j'ai pas mal laissé Kirk de côté, mais comme je l'aime de plus en plus, surtout dans TOS, je me suis dit que j'allais arranger ça. Pour une fois que je m'acharne sur un autre perso que mes deux préférés, ça changera. J'ai décidé de faire un très léger crossover Star Trek / Star Wars, en situant la scène sur Dagobah (planète marécageuse où vit Yoda, je le rappelle, et où se trouve un endroit envahi par le côté obscur de la Force). Bien sûr, pas de rencontre entre personnages des deux univers, juste des lieux étrangement similaires...

Le titre est une référence au Seigneur des Anneaux, au cas où certains ne connaîtraient pas le nom en anglais pour les Marais des Morts. Et j'ai casé des petites citations Star Wars en début de chapitres (je viens d'aller voir The last Jedi, je suis encore un peu dans l'ambiance), juste pour le fun. Vous êtes forts si vous me retrouvez qui dit quoi sans l'aide d'Internet.

Bonne année à tou(te)s et à bientôt !


Chapitre 1 : Ride the lightning*

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"- Je ne sais même pas sur quelle planète je suis.

- Eh bien, s'il y a un point central dans cet univers, tu es sur la planète qui en est la plus éloignée."

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- Comment ça, on ne peut pas les ramener ?

La voix du docteur McCoy retentit sur toute la passerelle, amplifiée et déformée, d'une façon qui aurait presque pu être comique si la situation n'avait pas été si grave, par le communicateur intégré dans la chaise du capitaine. Ce dernier commençait à montrer (comme tout le reste d'ailleurs) des signes inquiétants d'avarie. Scotty porta les deux mains à ses oreilles tandis qu'autour de lui, Uhura, Sulu, Chekov et les autres membres de l'équipage présents grimaçaient.

- Docteur, vous devez comprendre que le transporteur est actuellement dangereux et que nous ne pouvons pas…

- Vous avez entendu ce qu'a dit Spock ? le coupa brusquement le médecin.

Scotty leva les yeux au ciel. Evidemment, il avait entendu ce qu'avait dit Spock. Tout le monde avait entendu ce qu'avait dit Spock. Tout le monde était inquiet. Ce privilège n'était pas réservé au docteur Leonard H. McCoy (mais l'ingénieur se garda sagement de faire cette remarque à voix haute, ne souhaitant pas attirer sur lui les foudres de son interlocuteur).

Le premier officier avait utilisé les termes critique et urgent. Or, Spock n'employait jamais les mots à la légère, Scotty, après avoir servi de nombreuses années à ses côtés, sous les ordres du capitaine Pike puis de Kirk, en était parfaitement conscient, et bien que la phrase eût été prononcée avec l'habituel ton neutre qu'adoptait le Vulcain 99,9% du temps, il apparaissait évident à tous ceux qui possédaient une intelligence normale que la situation était plus que problématique.

Une demi-heure auparavant, cependant, tout fonctionnait encore normalement. L'Enterprise, en orbite autour de la planète Dagobah (sans grand intérêt, aux yeux de l'ingénieur, mais enfin les ordres étaient les ordres), avait commencé à en scanner l'atmosphère. Un travail de routine.

Puis les responsables de la salle de téléportation, les lieutenants Mauran et Tomlinson, avaient appelé l'Ingénierie en catastrophe pour leur signaler l'apparition d'éclairs bleuâtres inquiétants sur la plate-forme. Scotty s'était immédiatement précipité pour constater les dégâts, non sans avoir dûment prévenu la passerelle, comme l'exigeait le règlement en cas de dysfonctionnement majeur au sein du vaisseau. Il était arrivé dans la salle presque en même temps que le capitaine et le premier officier, pour constater de ses yeux l'un des plus étranges spectacles qu'il lui eût jamais été donné d'apercevoir à bord de l'Enterprise (et pourtant, il en avait vu d'autres au cours de sa relativement longue carrière dans Starfleet). Les six plots du transporteur étaient brouillés par une sorte de champ magnétique intense, d'où émergeaient de temps à autre des éclairs bleus. Jamais il n'avait rien vu de tel.

- La tempête qui fait rage autour de la planète explique peut-être un tel phénomène, avait alors expliqué Spock. Je suggère de…

Mais ce qu'avait l'intention de suggérer le premier officier, personne ne le sut, car un des éclairs avait alors jailli du transporteur et heurté Spock et le capitaine, qui avaient purement et simplement disparu.

Téléportés sur la planète, avaient-ils compris lorsque, après quelques minutes d'une attente anxieuse, Spock les avait contactés. Et avait employé les mots « urgent » et « critique ». Mais Scotty ne pouvait pas faire de miracles. Il était impossible d'utiliser le transporteur dans l'état où il était (les éclairs qui en jaillissaient étaient passés du bleu électrique au rouge, et tout le monde avait prestement vidé les lieux). Les autres instruments de l'Enterprise étaient en train de dysfonctionner, les uns après les autres. Scotty n'entendait qu'à peine la voix de son supérieur à travers les grésillements de plus en plus forts du communicateur.

- M. Scott, avait alors dit Spock, vous avez le commandement de la passerelle. Essayez de…

C'était à ce moment que l'engin avait décidé de devenir résolument muet. Une quinzaine de minutes s'était écoulée depuis lors, et le silence émanant de la planète Dagobah semblait à l'ingénieur encore plus angoissant que les mots du premier officier.

Scotty soupira. Il était à la place du capitaine maintenant, un poste qui lui déplaisait, mais qu'il endossait régulièrement, en tant que lieutenant-commandant**. C'était à lui de prendre les décisions qui s'imposaient.

- Lieutenant Garrovick, préparez une équipe de sécurité. Que quatre hommes se tiennent prêts à descendre sur la planète à bord du Colombus.

- Bien, monsieur, répondit la voix de Garrovick.

Le silence retomba sur la passerelle.

- Monsieur Scott… commença Uhura, qui s'était levée et approchée de lui.

- Je sais, je sais, soupira-t-il. Tant que nous serons pris dans cette tempête, la navette ne pourra pas décoller. Mais lorsque l'intempérie cessera, au moins nous serons prêts.

Uhura hocha la tête, posa la main sur l'épaule de Scotty et la serra brièvement avant de regagner son poste.

Et l'attente commença.

Même McCoy, à l'infirmerie, s'était tu.

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- C'est bon, Spock, je peux marcher seul, haleta Kirk en s'appuyant lourdement contre le tronc noueux d'un magnifique arbre bleu qui se dressait au milieu des petites maisons basses.

Le Vulcain ne répondit rien, mais son regard se posa ostensiblement sur la cuisse gauche du capitaine, qui ruisselait de sang.

- Rien de trop méchant, répondit ce dernier à la question tacite de son premier officier. Nous n'avons pas le temps de nous en occuper, nous devons absolument quitter cet endroit le plus vite possible. D'abord en raison de la première directive. Ensuite parce que si nous restons ici, nous risquons de ne pas survivre bien longtemps.

Un violent coup de tonnerre ébranla la terre, chargeant l'air autour d'eux d'une fragrance métallique qui rappelait désagréablement à Spock l'odeur du sang humain. Des hurlements retentirent, à une distance que le Vulcain évalua à moins de cent mètres. Le capitaine avaient raison, il leur était impossible de demeurer ici plus longtemps.

« Ici » était la place centrale d'un petit village où le téléporteur les avait envoyés bien malgré eux, sans le moindre avertissement. Heureusement, sur Dagobah, planète de classe M, l'atmosphère, quoique légèrement surchargée en azote, était respirable. Le véritable problème, une fois le premier moment de surprise passé (même Spock, quoique Vulcain, ne pouvait se défendre d'avoir été totalement pris au dépourvu lorsque l'éclair bleu l'avait heurté de plein fouet), provenait des humanoïdes qui avaient brusquement vu apparaître, dans un éclair aveuglant, deux aliens au beau milieu de leur paisible village, un jour de marché. Deux d'entre eux, peut-être responsables de la sécurité, à moins qu'ils ne fussent tout simplement plus prompts à réagir que les autres, avaient saisi une arbalète rudimentaire qu'ils portaient à la ceinture et avaient tiré sans sommation. Le Vulcain, dont les réflexes étaient plus vifs que ceux des humains, avait esquivé le trait sans difficulté et assommé son adversaire d'un coup de phaseur, mais Jim avait reçu le carreau dans la cuisse.

La panique s'était alors emparé de la petite foule, qui s'était égayée dans toutes les directions avec des hurlements de terreur, laissant les deux officiers supérieurs de l'Enterprise seuls au milieu de la place. Il ne faisait cependant aucun doute que les autochtones allaient bientôt revenir avec des renforts. Spock s'était précipité vers le capitaine afin de le soutenir et avait immédiatement contacté le vaisseau via son communicateur, pour apprendre que le téléporteur était hors d'usage, les navettes dans l'impossibilité de décoller, et que tous les autres instruments commençaient à dysfonctionner à bord.

Y compris, apparemment, le système de communication, avait déduit le premier officier en constatant que l'appareil qu'il tenait dans la main n'émettait ni ne recevait plus aucun son.

Le silence de Jim commençait à devenir… préoccupant.

- Il faut trouver un abri, capitaine. Un endroit où soigner votre blessure.

Kirk acquiesça d'un bref signe de tête, essuyant la sueur qui coulait le long de son front, et repoussa du bras l'arbre contre lequel il s'était appuyé.

- En fait, murmura-t-il avec un pâle sourire, je veux bien un peu d'aide.

Spock, qui suivait avec une attention soutenue les moindres gestes du capitaine, prêt à le soutenir en cas de faiblesse, s'empressa d'obéir. Tenant son phaseur dans la main droite, il passa la gauche dans le dos de Kirk, qui s'accrocha convulsivement à son bras, et l'agrippa à la taille pour l'empêcher de tomber.

Ils marchèrent ainsi pendant quelques minutes, cherchant à tâtons la sortie du village dans un dédale de ruelles qui semblaient ne déboucher que sur d'autres ruelles encore plus petites et nauséabondes, et furent presque surpris d'arriver dans un vaste endroit dégagé, au pied d'une haute montagne que les venelles étroites et tortueuses leur avaient dissimulée.

- C'est une grotte ? demanda Jim en désignant d'une main un peu trop tremblante au goût du Vulcain un vaste trou noir dans le flanc de la montagne.

Le Vulcain plissa les yeux.

- Il me semble, en effet, capitaine.

Dans leur dos, les cris se rapprochaient inexorablement. Ils n'avaient pas le choix. Une grotte leur fournirait du moins une semi protection en les empêchant d'être assaillis par derrière. Ils avancèrent donc, aussi vite que possible, vers l'imposante montagne, mais Spock sentait au fur et à mesure de leur marche que Jim s'appuyant de plus en plus lourdement sur son premier officier, à tel point que ce dernier redoutait qu'il ne s'évanouît avant qu'ils n'atteignissent la caverne.

Le trou creusé dans la roche, d'un diamètre qui n'excédait pas quatre mètres, s'avéra en réalité un tunnel permettant de passer de l'autre côté de la montagne. Diverses pierres lisses gravées d'étranges symboles recouvraient presque intégralement les murs dudit tunnel. Spock avait vu suffisamment d'ex-voto dans sa vie pour reconnaître, même sans pouvoir déchiffrer l'étrange écriture cunéiforme, des artefacts sinon sacrés, du moins religieux. Le fait que la zone dans laquelle ils s'étaient engagée fût dévolue au mysticisme présentait des avantages comme des inconvénients. Les indigènes n'oseraient peut-être pas les y suivre. D'un autre côté, les intrus ne savaient pas non plus ce qu'ils trouveraient de l'autre côté. Le problème de la première directive effleura également l'esprit du Vulcain, mais il n'eut pas le temps de pousser plus avant ces considérations, car ils n'avaient pas fait dix mètres à l'intérieur du tunnel que Kirk s'effondra dans ses bras avec un cri étouffé.

- Capitaine !

Spock sentit un liquide chaud et poisseux couler sur sa main gauche et constata qu'un second carreau d'arbalète venait de transpercer le flanc gauche du capitaine. A côté de l'humanoïde qui venait de tirer sur eux se trouvaient quatre de ses congénères, qui étaient à leur tour en train de les viser. Le Vulcain, sans réfléchir, se jeta à terre, entraînant Jim dans sa chute. Trois traits d'arbalète sifflèrent au-dessus de leurs têtes, le quatrième se planta non loin d'eux. Laissant le capitaine évanoui à terre, Spock se redressa et tira sur les indigènes qui les menaçaient.

Le phaseur se contenta d'émettre un petit bruit ridicule.

A vingt mètres de lui, les cinq indigènes rechargeaient leurs armes.

Spock ne réfléchit pas. Après tout, la situation était désespérée. Seule une mesure également désespérée pouvait – peut-être – les sauver. C'était une leçon qu'il avait apprises des années auparavant, lors de sa première mission de commandement, à bord de la navette Galileo***.

Il s'avança sans hésitation vers l'entrée du tunnel.

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Kirk sentit la douleur avant même d'ouvrir les yeux. Elle irradiait dans sa jambe gauche, qu'elle paralysait totalement, elle remontait traîtreusement en vagues asphyxiantes le long des côtes jusqu'aux muscles de sa poitrine, engourdissant jusqu'à son bras, s'enfonçant dans les profondeurs de son corps jusqu'à lui faire souhaiter d'être de nouveau inconscient.

- Capitaine ?

La voix de Spock le tira momentanément du brouillard de souffrance dans lequel il se débattait, et il se força à décoller les paupières pour apercevoir, floue mais parfaitement reconnaissable, la silhouette de son premier officier penchée sur lui.

- Qu'est-ce qui s'est passé ? chuchota-t-il, incapable d'élever davantage sa voix.

- Un premier carreau d'arbalète vous a transpercé la cuisse gauche. Un second vous a atteint au niveau du flanc gauche également. J'ai retiré les carreaux pendant que vous étiez inconscient. Aucun organe vital n'est touché, mais vous avez perdu beaucoup de sang.

Ah. Oui. Maintenant il se souvenait. Il entendait le cri d'avertissement du Vulcain, il revoyait l'humanoïde à la peau bleuâtre bander son arme, il se rappelait même avoir plongé sur le côté – mais il n'avait cependant pas été assez vif pour éviter le premier trait qui le visait.

Il n'avait aucun souvenir, même vague, du second, ni de la façon dont il était arrivé ici. Et, d'ailleurs, était-il précisément ?

- Où sommes-nous ? haleta-t-il en balayant du regard les environs immédiats.

Sa vue était comme brouillée, et il était incapable de rien distinguer à plus d'un mètre.

- Dans un tunnel sous une montagne, répondit posément le Vulcain. Il semblerait qu'il mène dans un endroit sacré pour les autochtones, si j'en crois les ex-voto qui décorent cette grotte.

La question suivante allait de soi.

- Vous avez contacté l'Enterprise ?

- En raison de la tempête magnétique, notre communication est interrompue. Le transporteur ne fonctionne pas. Nous sommes bloqués ici pour un temps indéterminé. Et, ajouta Spock après une imperceptible hésitation, les phaseurs sont également inopérants.

Un problème à la fois, songea Jim, qui remarqua que Spock semblait très pâle.

- Vous êtes blessé ? demanda-t-il, inquiet.

- Négatif.

Le ton de la voix du premier officier, plus neutre et froide que jamais, indiquait qu'il ne disait pas toute la vérité (Spock n'était jamais plus Vulcain que lorsqu'il ressentait intensément des sentiments qu'il aurait préféré ne jamais éprouver), mais Kirk était trop exténué pour jouer à ce petit jeu.

- Spock, murmura-t-il simplement.

Le masque vulcain se fissura légèrement, et Jim se rendit compte que son ami était couvert de terre des pieds à la tête. Ses cheveux étaient gris de poussière, ses vêtements maculés d'une boue graisseuse, et ses bras nus…

Nus ?!

- Où est votre uniforme ?

- J'ai utilisé ma veste pour comprimer vos blessures, capitaine, répondit Spock.

- Et pourquoi êtes-vous aussi…

Jim aurait voulu dire « répugnant », mais le mot était trop compliqué pour son esprit embrumé. Cependant, le Vulcain sembla comprendre.

- Afin de nous protéger des autochtones, j'ai provoqué un éboulement contrôlé à l'entrée du tunnel.

- Spock, s'il-vous-plaît, redites-moi ça plus simplement.

La douleur refluait lentement, mais la plupart de ses neurones semblaient toujours appliqués à la maintenir à un niveau supportable.

- J'ai arraché une des poutres qui étayaient la voûte à l'entrée du tunnel. Toute retraite nous est impossible, mais du moins nos poursuivants sont-ils également bloqués.

Cela expliquait l'état de saleté générale du Vulcain, mais l'idée que Spock avait volontairement détruit un lieu apparemment sacré pour une espèce inconnue lui semblait inconcevable. Sans parler du fait que l'éboulement n'avait pas dû être totalement « contrôlé ». Kirk se sentit sourire malgré lui.

- Est-ce que ce n'était pas dangereux, monsieur Spock ? ironisa-t-il gentiment. Une tentative un peu drop désespérément… humaine pour vous ? Sans parler de la première directive ?

Il regretta ses mots en voyant le visage de son ami pâlir imperceptiblement.

- Capitaine, j'ai fait ce qui m'a semblé être préférable durant une situation de crise. Si vous jugez que j'ai eu tort…

- Je vous assure, l'interrompit faiblement Kirk, que je ne vous reproche rien du tout. Sans vous, je serais mort trois fois. Mes propos étaient déplacés. Peu importe les moyens que vous avez mis en œuvre. Merci.

Le Vulcain reçut cette expression de gratitude avec un léger froncement de sourcils, probablement plus embarrassé par les remerciements de son supérieur que par ses éventuelles réprimandes, qu'il devait estimer mériter.

- Nous sommes donc en sécurité ? ajouta Jim.

- Je n'en serais pas aussi sûr, capitaine. Ils vont, je pense, nous poursuivre en passant par le sommet de la montagne, ce qui nous donne probablement quelques heures d'avance…

- Quelques, Spock ? se moqua gentiment le capitaine. Pas de chiffres précis au centième près ?

Le Vulcain fixa son supérieur pendant quelques secondes, comme pour évaluer ce qu'il pouvait lui dire, puis se lança :

- J'estime qu'il faut aux indigènes environ cinq heures pour gravir la pente de la montagne et redescendre de l'autre côté. Vous avez été inconscient pendant dix-huit minutes. Cela nous laisse quatre heures et quarante-deux minutes d'avance, mais…

Pour la première fois, Jim perçut l'hésitation dans la voix de son ami.

- Mais quoi, Spock ? Je ne suis pas transportable, c'est ça ?

Le Vulcain pencha la tête sans répondre. Kirk décida de tester aussitôt sa théorie et s'appuya sur un coude pour se redresser… et retomba immédiatement au sol avec un cri étouffé. Une onde de souffrance le parcourut des pieds à la tête et des points noirs commencèrent à danser devant ses yeux.

- Capitaine ?

Jim, haletant, fit semblant de ne pas avoir perçu la nuance d'inquiétude dans la voix du premier officier.

- Ça va, ça va, mentit-il. J'ai été surpris, c'est tout. Spock, ajouta-t-il en le regardant dans les yeux, vous allez partir seul…

- Non.

- C'est un ordre, commandant.

Les yeux de Spock se rétrécirent, il se redressa légèrement, croisa ses bras sur la poitrine et répéta distinctement :

- Non.


* Ride the lightning : "Chevauche l'éclair", album de Metallica (j'ai décidé de faire des titres musicaux pour cette fic).

** Dans le reboot, c'est Sulu qui prend la place du capitaine lorsque le premier officier est occupé ailleurs, mais dans TOS, la chaîne de commande est un peu différente : 1) Kirk, 2) Spock et 3) Scotty, qui est en charge de la passerelle de temps à autre. Ce qui me fait marrer, c'est que le quatrième sur la liste, c'est McCoy, que je ne vois pas DU TOUT à un poste de commandement.

*** Référence évidente à "The Galileo Seven" (saison 1, épisode 16) : un épisode que je n'aime pas, où Spock, à la fin, vide totalement les réservoirs de la navette pour faire une traînée de fumée en orbite autour de la planète et attirer l'attention de l'Enterprise. Ils sont sauvés in extremis par Kirk, grâce à la tentative désespérée de Spock. Cette mission a lieu au début de la time-line de TOS, alors que l'histoire que je raconte ici se passe plutôt à la toute fin de la mission de 5 ans. Kirk et Spock sont donc très proches et se comprennent très bien. (Je précise que, comme d'habitude, je n'écris pas de slash. Juste une amitié extrêmement forte et une sorte de proximité immédiate, quasi incompréhensible, et en tout cas totalement irrationnelle, entre les deux personnages.)