*raclement de gorge*
Hemhem. Voilà, voilà, j'espère que la fanbase de Vampire Knight n'est pas morte pendant mes années d'absence…
Alors, je vous présente encore une fois une version de « La princesse Hunter aux yeux vairons », rebaptisée en « Le conte ensanglanté ». Version définitive -il n'aura fallu que trois fois pour l'avoir !-
Je ne vois plus beaucoup de fanfictions en français, et ça m'attriste un peu. Je ne pense pas qu'on va pouvoir y faire grand-chose : beaucoup de gens ont été déçus par la fin de VK. J'en faisais partie. Disons que la nouvelle série de Matsuri Hino m'a redonné un peu d'espoir, et surtout, le goût à des personnages secondaires que j'adorais : Senri Shiki, Rima Toya, Takuma Ichijo. J'espère pouvoir vous faire partager ce regain d'espoir avec cette ultime histoire, qui promet d'être longue.
Mais assez parlé. Vampire Knight n'est pas ma priorité, je ne gagne pas d'argent en publiant cette histoire, par contre, la famille Darkwing a été créée de toute pièce. Quelques libertés ont été prises quant au fonctionnement de la société Hunter.
Sur ce…. Bonne histoire.
Le conte ensanglanté, Primo Nocturno.
Nous n'avons jamais vraiment eu le choix.
Anya essayait autant qu'elle le pouvait d'accélérer avec son fauteuil roulant. Elle avait été envoyée en émissaire pendant, allez, une semaine ? Et voilà ce qu'il se passe ?
C'était absurde. Elle entra sans se présenter dans le bureau de son père, mais en le voyant au téléphone, elle décida de le laisser finir son appel en paix. Celui-ci regarda la jeune femme, un sourcil haussé, mais n'eut pas d'autres expressions de surprise, il continua juste à parler, sa silhouette grande et imposante tournant autour de la table de travail. La brune se dit à cet instant que son géniteur savait très bien pourquoi elle était là.
L'ancienne chasseuse de vampires prit son mal en patience. Et enfin, son père raccrocha. Peut-être que maintenant, voudrait-il bien lui accorder un peu de son temps ? Elle ne tarda pas à s'exprimer :
« Comment se fait-il que tu aies envoyé Sarah en mission ? Je croyais que tu voulais qu'elle se concentre sur ses études de politique… »
Edouard Darkwing la regarda calmement. L'aînée de ses jumeaux semblait furieuse, tiens. Ça ne l'étonnait malheureusement pas plus que ça. Anya avait toujours été très attachée à la petite dernière de la fratrie. Peu importe combien cette affection lui avait coûté, par le passé.
« J'ai changé d'avis. Sarah est en sécurité, ne t'inquiète pas. Ce n'est rien qu'une petite mission… de surveillance. Tranquille, et si tout se passe bien, elle sera revenue dans un an.
Elle s'étouffa à cela. Dans un an, si tout se passe bien ? Et il aurait décidé de cela à la dernière minute ? Anya s'insurgea un tant soit peu à ça.
— Et où est-ce que tu l'as envoyée, père ? »
Son père la regarda attentivement de ses yeux vert sombre, prenant le temps de s'allumer une cigarette. Quand il fumait, on avait l'impression que toute la tension du boulot lui retombait dessus, au lieu de s'évaporer. Ironique, puisque le tabac était censé relaxer un peu, avec la nicotine que celle-ci contenait. Des poils blancs commençaient à pointer le bout de leur nez prématurément, dans sa chevelure et sa barbe rousses. Pas facile d'être roi, on dirait. Anya supposait que c'était normal. Les responsabilités énormes à porter devaient bien affecter le corps d'une manière ou d'une autre. Il prit son temps pour répondre, mais il finit par parler quand il se rassit dans le siège confortable de son bureau :
« À l'académie Cross. »
Encore une fois, la jeune femme a cru mal entendre. Mais vu l'expression toujours aussi sérieuse de son paternel, il fallait croire qu'il ne plaisantait pas. Elle avança son siège jusqu'à ce que ses genoux touchent le front du bureau :
« Mais pourquoi, Père ? Il y a déjà des Hunters en position là-bas. Pourquoi envoyer l'héritière ? Cela n'a aucun sens.
— On est en sous-nombre là-bas. Et je préfère savoir que c'est Sarah qui me fait des rapports plutôt que Kaien Kurosu lui-même. Il est un poil trop collaborateur avec le chef du clan Kuran à mon goût. »
Édouard souffla une bouchée de fumée, avant de tapoter sa cigarette sur le cendrier. Son regard s'assombrit quand enfin, son attention se reposa sur sa fille :
« Si Sarah ne peut même pas mener à bien cette mission, peut-être n'est-elle pas celle qui devrait prendre ma place ? »
La discussion était close sur ces mots, Anya réalisa. Elle plissa un peu les yeux, restant encore un moment à le regarder. Puis elle manœuvra pour rebrousser chemin, laissant la porte claquer derrière elle.
Elle n'aimait pas ça. Une mission presque apparue de nulle part comme celle-ci, c'est que le chef de la guilde avait une idée bien précise en tête. Et c'était manifestement quelque chose de plus important que de la simple surveillance concernant un projet de cohésion humano-vampire.
Et envoyer Sarah, franchement… Le roi avait quatre enfants. Pourquoi faire partir celle qui était l'héritière de droit au trône ?
La jeune femme en fauteuil roulant réfléchit tout en descendant la pente aménagée pour elle. Elle allait devoir enquêter là-dessus…
Sarah contemplait le paysage qui s'offrait à elle depuis la fenêtre de la voiture. Ses valises ont été faites à la hâte, après qu'elle ait été reçue par son père dans son bureau. Toute cette mission venait d'être inventée à l'instant, elle le savait. Et même si en soi, ce qu'elle avait à faire n'était pas difficile, la jeune femme en était agacée. En colère, en fait. Elle détestait les imprévus.
Elle n'avait pas pu dire au revoir à ses sœurs et frère… Nerveusement, la nouvelle étudiante remit une mèche rouge sang derrière son oreille. Ça valait peut-être mieux pour Kai, en fin de compte. Sarah ouvrit le dossier qui lui faisait de l'œil depuis son entrée en voiture, fronçant les sourcils
L'héritière de la famille la plus prolifique en meurtres de vampires à l'Académie Cross ? On dirait le début d'une mauvaise blague.
Ah. C'est peut-être parce que sa vie entière est une mauvaise blague, finalement. Ça expliquerait pas mal de choses… Elle eut un mauvais sourire.
Ce n'est pas comme si tu faisais exactement quelque chose pour changer ça. Arrête de te plaindre, ça me fera des vacances.
Hm. La petite voix dans son esprit n'avait pas tort. En fait, elle n'avait jamais tort. Ça énervait Sarah à un point… Elle leva ses yeux ennuyés. Encore et toujours de la campagne. C'est vrai que le manoir se trouvait au beau milieu de nulle part. Secouant la tête, elle reprit le dossier. Affiliation : Night Class. Elle se rappela les bribes de conversation entre son père et elle.
« — Père. Je croyais que la classe de jour était la classe réservée pour les humains. Pourquoi ne suis-je pas avec eux ?
— Tu le sais bien. Tu n'es pas humaine. Kaien Kurosu ne voulait pas compliquer plus les choses. Avoir une autre Hunter là-bas était déjà bien assez dur à négocier. Qui plus est, c'est de toi qu'on parle. »
Ah. Elle aurait bien voulu lui dire qu'elle n'était pas une sorte de monstre, qu'elle pouvait très bien se contrôler. Mais elle ne pouvait pas s'exprimer. Ça fait bien longtemps que l'homme devant elle lui avait retiré son droit de le contredire. Une éternité que la figure paternelle avait laissée place à un inconnu qui se faisait appeler son roi. L'homme qui semblait dans sa trentaine d'années reprit alors :
« Par chance, le fait que tu te retrouves avec les dents-longues rend ta mission plus facile. »
Oh ? Et le fait qu'elle avait peut-être envie d'un peu de tranquillité, loin des gens qui risquent un jour de devenir ses victimes, ça ne compte pas ? Bien sûr. La mission avant tout. Elle fit en sorte que sa frustration ne se lise pas sur son visage.
« Et quelle est ma mission ?
— Tu observes et tu me fais un rapport sur les cibles que je te donnerai. Nul besoin de te dire qu'ils ne doivent en rien savoir qui tu es et ce dont tu es capable. »
Oui, ça, ça coule de source. Un travail d'espion ? Il aurait pu le refiler à n'importe qui. C'était trop facile. Ce qui voulait dire que….
« Tu surveilleras Kaname Kuran, les nobles qui semblent proches de lui, et le directeur lui-même, Kaien Kurosu. »
Bien sûr, elle l'aurait parié. Elle se retient de le maudire à voix haute. Elle avait curieusement l'impression d'être une brebis sacrificielle envoyée dans la forêt d'une meute de loups affamés. Une Hunter n'ayant pas le droit de combattre en territoire neutre, entourée de vampires ? Elle n'allait pas rire du tout. Maudit sois-tu, Édouard Darkwing. Maudits soient tes plans.
« … Mais avant tout, je veux que tu prennes soin de toi. Ta tâche est importante, cependant, c'est une mission à long terme, d'un an. Profites-en pour te reposer. »
Bien reçu, Père. Elle essayerait de faire une sieste entre deux tentatives de meurtre. Elle se releva de sa position agenouillée, hochant la tête avant de se diriger vers la porte.
« … Ne prends pas ça pour une punition, Sarah. Je t'aime, tu sais ? »
Menteur. Il l'aimait comme un maître d'échec affectionnait une pièce de son jeu, plutôt que de la façon dont un père aime sa fille. Dans son cas, malheureusement, ça voulait dire qu'il n'hésiterait pas à la sacrifier, si la situation lui obligeait.
« Bien sûr, père. »
Et elle s'enfuit de ce bureau de la façon la plus calme dont elle était capable.
Tu parles d'une mission importante. Il devait avoir quelque chose en tête, mais quant à savoir quoi, Sarah faisait chou blanc. Son père ne se laissait pas interroger sur ses objectifs finaux. Et ce n'est pas elle qui allait s'y risquer. Même si ça l'énervait prodigieusement.
Ce que le roi veut, il l'aura. Le pire, c'est qu'il n'a même pas besoin de se justifier.
Et maintenant quoi, Sarah ?
Je n'ai pas trop le choix. La jeune femme sortit de ses pensées quand la voiture s'arrêta. Déjà ? Le voyage devait durer deux heures, pourtant elle avait l'impression que cela faisait 10 minutes qu'elle était entrée dans cette fichue boîte de conserve.
Secouant la tête dans une tentative de revenir à la réalité, elle s'échappa de cette voiture, prenant rapidement ses deux valises en main, avant de lever les yeux. Devant elle, un escalier haut et imposant, qui conduisait à un ensemble de bâtiments, entouré lui-même de murs. C'est ça l'Académie ? Là, tout de suite, ça lui refilait plus l'impression d'une prison haute sécurité.
Arrête de geindre un peu et magne-toi les fesses. Ces marches ne vont pas se grimper toutes seules.
Tout en laissant un long soupir s'échapper, Sarah commença à monter. En jetant un coup d'œil au muret qui délimitait un côté des marches, elle vit une boîte postale. Oh ?... C'est sympa ça. Elle n'aurait pas besoin d'aller en ville à chaque fois qu'elle avait un rapport à envoyer.
Peut-être que je pourrais aussi contacter Hélène, Anya et Kai de cette façon…
Un sourire étira ses lèvres rosées un instant, avant qu'elle ne se reconcentre sur sa montée. Bon sang, toute cette longueur lui semblait un peu excentrique sur les bords. La jeune femme se souvint que l'Académie avait été bâtie sous les ruines de l'ancien quartier général de la Guilde. Le fait d'avoir été positionné sur un sommet devait être fort utile quand on devait se protéger d'un assaut…
Mais ce n'était franchement pas un avantage pour ses petites jambes. Bref. Elle appuya sur le bouton de l'interphone qui se trouvait encastré dans le mur, à côté de la grille d'entrée. Impossible de passer au-dessus, même pour un saut de vampire, non ?...
« Qui est là ?
— Sarah Darkwing. Je devais intégrer la Night Class. »
Non, décidément, le dire ne rendait pas les choses plus faciles. Elle entendit à peine la réponse qui lui parvint, quelque chose à propos d'un gardien qui venait à sa rencontre. Cette aura, autour du bâtiment… ça se sentait qu'un Sang-pur avait marqué ce territoire et l'avait placé sous sa protection. Peut-être que ça effrayait un peu les Levels E.… Ou les Hunters.
Raté pour lui s'il avait souhaité ne pas avoir un Hunter de plus dans les pattes. Me voilà !
Un sourire carnassier m'échappa. Peut-être qu'une année ici n'allait pas être si horrible que cela. Le grincement d'une grille la refit sortir de ses pensées, et une odeur familière se fit sentir. La jeune femme n'arriva pas à mettre un nom dessus immédiatement… Pourtant, elle était sûre qu'elle avait l'habitude de la sentir.
Qui vit-elle quand elle se retourna la prit sincèrement par surprise. Cette flagrance, ce teint pâle, ces cheveux argentés… Ces yeux d'améthyste aussi choqués qu'elle l'était.
« Toi ?
— Zero ? »
Deux voix qui avaient fusé au même moment. Retrouver Zero après une aussi longue absence fut la première surprise qu'eut Sarah quand elle entra dans cette académie qui allait tout changer pour elle.
Cependant, ce fut loin d'être la dernière.
