Lyse Hawkeye fit quelques pas hésitants vers la cuisine. Une exclamation derrière elle la fit se retourner. Une Riza de quatre ans la fixait d'un air réprobateur.

-Maman ! Tu sais que tu dois pas te lever !

-Mais si, ma chérie, tout va bien. Je vais cuisiner. Ça fait longtemps que je n'ai pas cuisiné de gâteau. J'en ferai un aux fraises, ton préféré !

-Non Maman, tu dois aller te coucher ! Tu sais qu'à cause de ta maladie tu dois pas te lever !

-Tout va bien, ma chérie, tout va bien…

Sur ces mots, elle s'effondra au sol. Riza soupira. C'était toujours pareil. Elle était prise d'une soudaine lubie, n'en faisait qu'à sa tête, se levait et finissait par s'évanouir. Cela ne ferait qu'agacer la petite si elle ne savait pas que ça finirait par avoir de graves retombées. Bon. D'habitude, c'était son père qui s'occupait de la ramener dans sa chambre, mais là il travaillait et ne voulait sans doute pas être dérangé. Riza mit sa mère sur le dos et attrapa sa cheville, tentant de la traîner vers l'escalier. Elle échoua et finit par perdre l'équilibre et tomber à terre, ouvrant de grands yeux surpris. Peut-être avait-elle oublié quelque chose, pensa-t-elle. Elle fouilla dans sa mémoire et se souvint que son père mettait toujours sa main dans le cou de sa mère. Pour sentir son cœur, lui avait-il dit une fois. Mais quand la gamine posa deux doigts sur le cou de Lyse, elle ne sentit rien. Perplexe, elle essaya un peu à côté. Toujours rien. Elle réessaya, encore, encore, et dû se rendre à l'évidence. Elle blêmit alors.

-PAPAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA !

Elle hurla et courut chercher son père, tambourinant à la lourde porte de bois qui fermait son bureau. Lorsque Berthold apparut sur le seuil, elle expliqua la situation tant bien que mal, paniquée, des larmes plein les yeux. Miracle, il comprit quand même et se précipita dans le salon. Il chancela devant le corps exsangue de sa femme. Il fit tout ce qu'il put, mais il était trop tard. Il releva la tête vers sa fille. Ses mains tremblaient. Elle le fixait avec espoir, mais il secoua la tête, ne parvenant pas à parler. Ç'en fut trop pour la petite. Ses yeux se révulsèrent et elle s'écroula au sol.

-Riza ! Non ! Pas toi aussi !

Berthold bondit et prit Riza dans ses bras, les yeux pleins d'une brusque terreur. Après une demie heure de prières muettes et désespérées à tous les dieux qui étaient ou avaient été priés, les deux sphères caramel s'ouvrirent lentement et la petite Hawkeye se leva. Elle se frotta distraitement les yeux et jeta un regard au corps de sa mère.

-Tiens ? Maman s'est encore évanouie ?

Berthold cilla. Elle ne se souvenait pas ? Tant mieux. Le traumatisme était trop grand.

-O-oui… souffla-t-il. Ne t'inquiète pas, je vais m'occuper d'elle. Va donc jouer.

Riza hocha la tête, sourit et courut dans le jardin. Bien. Elle ne devait pas le voir pleurer.