Bonjour à tous

Nous voilà arrivés à la fin. Je suis toute stressée. J'espère vraiment qu'elle vous plaira, parce que je suis très nulle en fin.

En fait, je publie un jour à l'avance pour vous faire une petite surprise, mais également parce que si je ne le fais pas, je vais le retoucher à l'infini et tellement le changer que ça va être pire.

Ça se sent que je suis un peu en panique ? Parce qu'en fait, cette histoire est la première où j'ai plusieurs personnes qui reviewent systématiquement au fur et à mesure que je publie. La pression est importante, même si j'ai adoré lire toutes vos reviews et que je ne vous remercierais jamais assez.

Alors pour la dernière fois, je vais remercier Sana et Bebec (d'ailleurs si vous aimez la dernière partie de ce chapitre, envoyez un gentil MP à Sana, elle a vu le jour grâce à elle)

Ensuite, je vais envoyer des tonnes de mercis et de bisous à vous tous qui m'avaient suivis (et nos deux loustics surtout) pendant ces dernières semaines : MeliLaRevoltee, nagron, Zucca666 , Clairaice, Elizabeth Mary Holmes, Len Black, Eleb, Victorica Lawford et Misatelle.

Je pense que cette fic va garder une place particulière et c'est en grande partie grâce à vous.

Et maintenant je me tais et je vous laisse lire.

A bientôt


6 mai 2015

La Mort profitait d'un peu de calme pour relire les textes d'Homère. Il avait côtoyé l'homme, il y avait bien longtemps. A l'époque, il passait plus de temps avec les humains, cherchant à comprendre leur évolution et ce que Sa Sainteté leur trouvait.

Il avait ralenti ses visites au fur et à mesure que les siècles passaient, l'humanité commettant sans cesse les mêmes erreurs, encore et encore. Ils n'apprendraient jamais et La Mort avait arrêté de s'y intéresser. Il avait préféré s'atteler chaque jour à sa tâche sans y réfléchir plus que cela.

Sauf qu'à présent, il avait perdu cet état d'esprit. Depuis deux ans, il bataillait pour garder son détachement, son apathie. Malgré lui, le sort de l'humanité, d'un humain en particulier, lui importait. Mais Sa Grandeur avait été très clair lorsqu'Il l'avait convoqué : intervenez encore une fois dans le destin de cet homme et vous en paierez les conséquences, vous aussi.

Alors, il avait disparu de la vie de Steve et s'était retenu depuis de le contacter. Il refusait même d'aller le voir, sachant pertinemment qu'il ne serait jamais assez fort pour résister. Il essayait de retrouver le détachement qui avait été le sien durant des siècles. Celui-là même qu'il avait justement cherché à fuir lorsqu'il avait contacté Steve la première fois. Mais il devait se rendre à l'évidence : c'était peine perdue.

Il n'arrivait pas à oublier les sentiments qu'il avait pour le blond. Cela faisait deux ans et ils étaient encore plus profonds que lorsqu'il avait disparu. C'était même parfois tout ce à quoi il était capable de penser. Il en était arrivé au point où il ne savait plus s'il préférerait oublier Steve et ne plus ressentir cette peine ou chérir les moments qu'ils avaient passés ensemble. Il espérait qu'avec les années, il pourrait se souvenir de tout cela sans avoir l'impression qu'on lui arrachait le cœur. Mais chaque jour qui passait amenuisait cet espoir.

Le léger ding d'une horloge le sortit de ses pensées : sa pause était terminée. Il retourna immédiatement dans son bureau. Il avait récupéré l'ensemble de ses prérogatives, celles qu'il avait abandonnées afin de rester plus longtemps sur Terre, malgré les protestations de Neela. Il fuyait désormais le temps libre comme la peste et cela lui allait très bien quoi qu'en dise la passeuse.

C'est pour cette raison qu'il préparait à nouveau lui-même les plannings de ses équipes selon les informations de son livre. Et cette journée promettait d'être chargée. Une catastrophe se préparait en Sokovie et, même si le pire allait être évité, il y aurait de nombreuses victimes à accompagner dans l'au-delà.

Comme tous les matins, il s'approcha du livre, vérifiant une dernière fois qu'il n'y avait pas de nouvelles entrées. Sa Grandeur faisait parfois des ajustements au jour le jour, mais ces instances s'étaient multipliées ces dernières années, depuis que des extraterrestres avaient attaqué New York, en fait.

La Mort eut l'impression que tout l'air disparut de la pièce lorsqu'il vit le nom de Steve sur la page. Ce n'était plus arrivé depuis la bataille de Washington et sa quasi-noyade. La Mort s'était convaincu qu'il arriverait à ne pas intervenir la prochaine fois que cela se produirait. Il savait que le blond était assez fort et têtu pour survivre. Sauf que Sa Toute-Puissance ne lui avait pas laissé le choix, pas de nom inscrit à l'encre bleue, juste quelques lettres noires.

Le seul humain qui lui importait allait mourir. Aujourd'hui.

La Mort hyperventilait. Ou il l'aurait fait s'il avait eu besoin de respirer. Il ne pouvait pas détacher son regard du livre et, les doigts tremblants, toucha la page. Les informations pénétrèrent son cerveau : Steve Rogers, né le 04 juillet 1918, Sokovie, décapitation, Paradis.

Il appuya ses deux mains sur l'autel sur lequel reposait le livre, essayant de retenir la panique qui menaçait de le submerger.

Steve allait mourir. Aujourd'hui.

Steve allait mourir. Et il allait devoir séparer son âme de son enveloppe charnelle et laisser un passeur l'emmener à un endroit où il ne pourrait pas le suivre.

Steve allait mourir. Et La Mort devrait faire face à l'éternité sans aucune chance de le revoir.

Mais il en avait encore le temps, juste une dernière fois, et sans vraiment y réfléchir, il se transporta en Sokovie.

La bataille faisait rage. La ville était à plusieurs dizaines de mètres au-dessus du sol et il y avait déjà de nombreuses victimes. Il traversa les rues jonchées de ruines, de carcasses de voitures et de morceaux de béton, cherchant son humain du regard. Il le trouva, comme il s'y était attendu, en plein milieu du combat. Mais il n'était pas seul. La Mort sourit en voyant les mêmes personnes qu'à New York batailler à ses côtés.

Steve n'avait pas changé, il portait toujours son costume bleu mais avait laissé tomber le casque. Il se battait contre une armée de robots et il était magnifique. La Mort l'étudia attentivement, suivant chacun de ses mouvements et gravant chaque petit détail dans sa mémoire. Il s'approcha encore et entra dans les ruines de l'église où se déroulait le combat.

Thor lui jeta un coup d'œil étonné avant de poursuivre un robot, finissant par le rattraper et le détruire. Aucun des autres membres des Avengers ne pouvait le voir et il en profita pour s'assurer qu'ils allaient tous bien. Il les avait côtoyés pendant plusieurs mois et s'était attaché à eux.

Mais son regard était constamment attiré vers un combattant en particulier.

Un combattant qui allait mourir aujourd'hui. Un combattant qui le fixait actuellement du regard, complètement immobile. La Mort vit ses lèvres former le mot « Bucky » et il n'eut pas le temps de s'interroger sur les raisons pour lesquelles l'homme le voyait, ni pourquoi il se souvenait de lui.

Steve était tellement surpris de sa présence qu'il ne vit pas le robot se dresser derrière lui, se préparant à sectionner son cou à l'aide d'une lame contenue dans son avant-bras.

La Mort ne réfléchit pas une seule seconde, il bloqua le robot par la pensée, criant en même temps :

« Steve, derrière toi ! »

Le blond se retourna, frappant son opposant de son bouclier avant de l'envoyer vers Stark qui le fit griller d'un coup de répulseur. Il se tourna à nouveau vers Bucky, prêt à le rejoindre, mais ce dernier secoua la tête, reculant rapidement. Il garda le regard fixé sur l'humain, la panique grandissait en lui et il ne savait pas comment réparer son erreur.

Il avait désobéi. Il avait empêché Steve de se faire tuer. Peu importe que ce soit sa propre présence qui l'avait déconcentré, il s'était dressé contre la volonté de Sa toute Puissance et Ce Dernier avait été très clair : La Mort allait être détruit. C'était ce que l'on faisait aux outils défectueux et Steve allait devoir faire face aux conséquences d'erreurs qui n'étaient pas les siennes.

Il s'éloigna du combat et se dirigea dans un bois à la périphérie de la ville. Il y attendrait sa sanction. Il espérait que Sa Sainteté ferait preuve de clémence. Steve n'avait rien fait de mal, ce ne serait pas juste qu'il paie alors qu'il n'était responsable de rien.

La Mort était debout dans une clairière lorsque Neela apparut à ses côtés. Elle avait l'air effondrée et sa voix tremblait :

« Voo'cha, qu'avez-vous fait ? »

« Je ne pouvais pas faire autrement. »

Les larmes remplirent les yeux de la passeuse :

« Vous n'auriez pas dû le sauver. Son heure était venue. Sa Grandeur vous avait prévenu. »

« Je devais le faire, c'était de ma faute. Et je ne peux pas imaginer vivre sans lui. Le monde a besoin de lui. »

Il ajouta comme une arrière-pensée :

« J'ai besoin de lui. »

Neela pleurait.

Personne n'avait jamais pleuré pour lui, il imaginait que la plupart des gens seraient plutôt heureux de le voir disparaître. Encore qu'il serait vite remplacé, le monde ne pouvait fonctionner sans que quelque chose endosse son rôle. À travers les sanglots, il réussit à comprendre les mots de la jeune femme :

« Je vous avais dit de ne pas aller sur Terre, que c'était une mauvaise idée. »

Pour la première fois depuis qu'ils se connaissaient, il la toucha. Il posa une main sur son épaule, cherchant à la consoler :

« Je ne le regrette pas. »

Il la vit lever les yeux, puis elle regarda derrière lui avant de murmurer :

« Vous êtes des idiots, tous les deux. »

La Mort se retourna.

Steve était là, à l'entrée de la clairière, son costume sale et déchiré par endroits et son précieux bouclier accroché dans son dos. Il était essoufflé et avait les joues rouges, comme s'il avait couru jusqu'ici à sa vitesse maximale. Il sembla hésiter quelques instants, puis il se redressa de toute sa hauteur et s'avança vers eux. Il s'arrêta à moins d'un mètre d'eux, saluant la passeuse d'un signe de tête :

« Bonjour, Neela. Je suis content de vous revoir. »

« Bonjour, Steve. »

La Mort était surpris :

« Vous vous connaissez ? »

Steve tourna le regard vers lui, le bleu intense de ses yeux faisant naître un frisson à la base de sa colonne :

« Neela m'a rendu une petite visite après que tu aies disparu. »

Le regard de La Mort glissa vers la jeune femme qui le fixa sans le moindre remord.

« Il avait le droit à quelques réponses. De toute façon, il avait déjà découvert le plus important. »

Il se tourna vivement vers son humain, un puissant sentiment de panique était en train de l'envahir. C'était le moment où Steve lui disait qu'il le haïssait. Il avait accepté son sort, il s'était résigné à disparaître complètement de la vie du blond à la seconde où il l'avait sauvé. Mais il ne voulait pas entendre ce qu'il avait à dire.

Steve le regardait avec intensité, ne le quittant des yeux que pour demander quelque chose à Neela:

« Ce serait possible d'être seul ? »

La passeuse acquiesça, disparaissant immédiatement et laissant les deux hommes face à face. La Mort prit une profonde inspiration et se prépara à une conversation qu'il n'était pas certain de vouloir avoir.

Steve resta silencieux quelques instants avant de se lancer :

« Bucky... »

« Je ne suis pas Bucky. »

Autant mettre les choses au clair maintenant, cela ne changerait rien.

Le ton de Steve s'était durci :

« Ce n'était qu'un mensonge ? Le type que j'ai côtoyé pendant des mois n'existe pas ? Celui qui me faisait rire et qui partageait ma passion pour les motos ? Celui qui se mettait en danger pour les autres, celui qui avait réussi à voir derrière les barrières de Clint et Natasha ? »

« Cela ne reste qu'une part de moi. Il y a tellement de choses que tu ignores à mon sujet. »

« Ce n'est pas faute d'avoir demandé. »

« Je ne pouvais pas te le dire. Peut-être que maintenant tu peux en concevoir les raisons. »

« Oui. Ce que je n'arrive pas à comprendre par contre, c'est pourquoi tu es venu ? »

La réponse à cette question était plus compliquée. Comment lui expliquer qu'ils s'étaient rencontrés alors qu'il n'était qu'un bébé puis un enfant ? Comment lui faire réaliser la fascination que La Mort avait ressentie dès le départ ? L'attrait que Steve avait représenté pour un être qui n'éprouvait plus que de l'apathie ?

Steve s'avanca, parlant doucement :

« Pourquoi, Bucky ? Pourquoi est ce que tu m'as approché ? Pourquoi avoir laissé les choses progresser si loin entre nous ? »

La Mort ne releva pas que son interlocuteur l'avait encore appelé Bucky. Il répondit pourtant à ses questions :

« Je ne pouvais pas faire autrement. Tu ne m'as pas laissé faire autrement. »

Le blond s'était encore rapproché :

« Tu n'as pas laissé le choix non plus. Je ne me suis jamais lié à quelqu'un si rapidement et fortement. Dis-moi que tu l'as ressenti toi aussi. »

« Ce que je ressens n'a aucune importance. Je n'ai pas été créé pour cela. »

Steve avait franchi la distance qui les séparaient encore et il posa une main sur sa taille, alors que l'autre glissait sur sa mâchoire.

« Je me fiche de pourquoi tu as été créé, la seule chose qui m'importe c'est qui tu es maintenant. »

Steve était si proche, et La Mort avait pensé à lui chaque seconde des deux dernières années. Il n'y avait aucune chance qu'il résiste à l'envie de l'embrasser. À l'instant exact où leurs lèvres entrèrent en contact, il sut qu'il ne pourrait plus s'en passer. Dans un sens, heureusement qu'il allait bientôt être annihilé, car l'idée de vivre sans cela lui était insupportable.

Son esprit était tellement captivé par l'homme collé contre lui, par la danse de leurs langues l'une avec l'autre, par l'afflux de sentiments, qu'il ne perçut pas tout de suite la force qui les entourait.

Steve fut le premier à le remarquer, s'écartant de La Mort et regardant autour de lui, l'air inquiet. La clairière était parcourue par un vent violent, les branches des arbres et l'herbe bougeaient au rythme des rafales. La Mort sentait le pouvoir caché dans ces bourrasques : Il venait pour lui.

Il se recula de quelques pas, quittant les bras qui l'entouraient. Il rejeta la tête en arrière, parlant aux cieux :

« C'est de ma faute, j'en accepte les conséquences. Il n'y est pour rien, laissez-le tranquille. »

La réponse arriva, cinglante :

« Ce n'est pas votre rôle de discuter mes décisions. Je n'ai aucun compte à vous rendre. »

« C'est une demande. La seule que j'aie jamais faite. »

« Encore une fois, je n'ai pas à y accéder. »

« S'il vous plaît, son âme ne mérite pas de disparaître. Il doit avoir les mêmes chances que les autres. Mes manquements ne doivent pas le condamner. »

Steve l'avait regardé jusque là sans dire un mot, les sourcils froncés. Il n'entendait qu'une partie de la conversation, les paroles de Sa Toute Puissance inaudibles pour lui. Cela ne l'empêcha pas de s'adresser à Lui :

« Ne l'écoutez pas. Je suis aussi fautif que lui. »

La Mort siffla :

« Steve, arrête. Tu ne sais pas à qui tu t'adresses. »

« C'est sans importance, il est hors de question que je te laisse faire face tout seul aux conséquences de notre relation. »

Il se tourna à nouveau vers le ciel :

« Quoi que vous lui fassiez, vous pouvez me faire la même chose. »

« Tu ne peux pas Lui parler comme ça, il vaut mieux éviter de Le mettre en colère. »

« Je suis tombé amoureux de La Mort. Je pense qu'il n'y a pas grand-chose qui puisse m'effrayer. »

La voix de Sa Sainteté résonna dans la clairière, faisant sursauter Steve. Les chœurs et les cloches qui l'accompagnaient toujours étaient surprenants les premières fois.

« Êtes-vous certain de ce que vous venez d'annoncer ? »

Steve exhiba sa meilleure représentation de la droiture et la justice, même si l'effet était un peu amoindri par l'état de son costume.

« Je n'ai pas peur de ce qui pourrait m'arriver. »

« Je sais déjà cela, mais je parlais de votre première affirmation. Vous savez ce qu'il est et pourtant vous êtes amoureux de lui ? »

La Mort regarda Steve, lui aussi était intéressé par sa réponse. Le blond rougit, lui jetant un coup d'œil avant de fixer le sol.

« Je n'étais pas certain jusqu'à maintenant. Mais oui. »

« Il vous a pris vos proches, vos amis. Ce que vous ressentez pour lui est assez fort pour passer outre ? Et ne me mentez pas, je le saurai si vous le faites. »

La gêne fut remplacé par de l'outrage, comme si le fait que l'on puisse l'accuser de mensonge était une véritable insulte.

« Je ne mens jamais. Et encore moins sur quelque chose d'aussi important. Je ne dirai pas que je ne lui en ai pas voulu, mais cela fait partie de lui et il n'y a rien que je n'accepterais pas pour lui. »

Sa Sainteté resta silencieuse quelques instants. La Mort en profita pour observer son humain. Il était abasourdi par ce qu'il venait d'entendre, jamais personne ne l'avait accepté comme Steve le faisait et à cet instant, rien n'avait plus d'importance . Il allait lui dire quand Sa Toute-Puissance reprit la parole :

« Il vous enlèvera encore des gens. Des gens que vous aimez, des proches, des amis, vos éventuels enfants, serez-vous capable de le supporter ? »

« Honnêtement ? Je n'en sais rien. Il y a une seule chose dont je suis certain, c'est que je ne peux pas vivre sans lui. Je pense que nous verrons comment franchir cet obstacle quand le moment sera venu. »

Le vent dans la clairière s'intensifia brusquement et La Mort vit avec horreur Steve disparaître. Il chercha une trace de son âme mais la puissance de Sa Grandeur l'en empêcha. Il le bloqua également lorsqu'il tenta de se transporter ailleurs. Pris de panique, il cria vers les cieux :

« Où l'avez-vous envoyé ? »

« Il est avec ses compagnons de combat, il n'a pas fini la tâche qui lui incombait. »

Il était soulagé, Steve était en sécurité et c'était tout ce qui importait.

« Merci de l'avoir gracié. Je suis prêt à recevoir mon châtiment maintenant. »

« Il n'y aura pas de punition, pas de destruction. Pas tant que vous serez ensemble. Mais cela aura un prix, vous devrez continuer la tâche pour laquelle vous avez été créé, y compris lorsque cela touchera vos proches. Et un jour, quand son heure sera arrivée, vous devrez l'envoyer dans l'au-delà pour permettre à son âme d'évoluer. »

Il se laissa quelques secondes pour digérer cette nouvelle. Il pouvait garder Steve, aussi longtemps que ce dernier voudrait de lui. C'était tellement plus que tout ce qu'il avait espéré.

« Je vous demanderai de mettre fin à mon existence une fois qu'il sera parti. »

« Ne soyez pas aussi catégorique. Il a une très longue vie devant lui, beaucoup de choses peuvent changer. Les humains sont ainsi faits. »

La Mort n'osa pas contredire Sa Sainteté, pas après l'offre qu'Il venait de lui faire. Il savait qu'il serait incapable de vivre sans Steve.

« Venez me voir demain, nous discuterons des nouvelles règles à appliquer, maintenant que vous allez passer plus de temps au milieu des humains. Allez le rejoindre, j'ai réintégré votre existence dans leur mémoire collective. Je m'occupe des âmes pour cette fois. »

La Mort refusa de prendre le risque que Sa Grandeur change d'avis et il se transporta à quelques mètres de son petit ami.

05 Juillet 2015

Bucky se glissa dans les draps chauds et poussa un profond soupir d'aise. La nuit avait été chargée. Il était resté avec Steve et leurs amis jusque tard, fêtant ensemble l'anniversaire du blond, puis il avait rejoint Neela pour son activité nocturne.

Heureusement, il y avait peu d'âmes à collecter cette nuit - peut-être une gentillesse de Sa Grandeur - et il avait pu terminer avant que le soleil, et donc un certain blond, ne se lève.

Il s'approcha du corps brûlant qui était couché à l'autre extrémité du lit. Il se colla avec délice à la peau nue qui s'offrait à lui. Steve grogna dans son sommeil, bougea légèrement et ajusta sa position à celle du nouvel occupant puis redevint immobile. Bucky passa son bras autour de la taille de son petit ami, ferma les yeux et profita de l'instant.

Ils avaient trouvé un équilibre, ces derniers mois.

La journée, La Mort restait sur Terre. Steve et lui passaient pratiquement tout leur temps ensemble, entre les missions qu'ils continuaient à mener et leur vie à deux. La nuit, il rejoignait Neela et les autres pour accomplir ce qu'ils appelaient son second boulot.

La passeuse avait accepté avec joie (et moult pleurs) de prendre en charge la partie administrative de leur tâche, lui libérant ainsi ses journées. Elle passait voir Steve de temps en temps et ils disparaissaient ensemble pour quelques heures. Il lui était interdit de les rejoindre et malgré toutes ses menaces, aucun des deux n'avait accepté de lui dire ce qu'ils faisaient.

La plupart des matins, il rentrait juste à temps pour commencer leur journée, mais lors de certains autres, il avait la chance de pouvoir réveiller son amant lui-même. C'était ses matins préférés. Ceux qui commençaient par de longs baisers, suivis de caresses et, s'ils n'avaient rien de prévu, d'activités plus intimes.

Et aujourd'hui justement, ils avaient le temps.

Tony et Hill avaient été très clairs : ils n'étaient pas attendus avant midi, cadeau d'anniversaire de la maison. Ils avaient prévu d'aller faire une balade en moto plus tard, mais pour le moment, Bucky avait d'autres idées.

Il commença par déposer une série de baisers sur la nuque de son amant. Comme ce dernier ne réagissait pas, il laissa sa langue glisser sur la peau. Le blond grogna, une épaule se redressant avant qu'il ne redevienne à nouveau complètement immobile.

Cela suffisait habituellement à réveiller son petit ami, mais il semblerait que ce matin demande plus d'efforts. Bucky laissa sa main, initialement posée sur la poitrine de Steve, descendre le long de ses abdominaux. Il arrêta son trajet juste en dessous de son nombril, son auriculaire en contact avec la ceinture du boxer que portait l'autre homme lorsqu'il dormait. Il caressa la peau à cet endroit, ses baisers avaient migré le long de sa clavicule et il mordit doucement le muscle qui se trouvait là.

Cela fit enfin réagir Steve qui s'étira avant de tourner la tête vers lui :

"Bonjour, Buck."

"Hello, Stevie."

Bucky déposa un baiser sur les lèvres de son petit ami. Quand il s'éloigna, le blond s'allongea sur le dos, plaçant une main sur son épaule pour l'attirer à nouveau vers lui.

« Tu as fait vite. »

Il essayait de ne pas trop rappeler à Steve ce qu'il faisait toutes les nuits, il ne voulait pas qu'il se rende réellement compte de ce que Bucky était et qu'il décide qu'il ne pouvait pas le supporter. La main que le blond avait posée sur son épaule glissa vers son cou et s'arrêta sur sa mâchoire. Il passa son pouce sur la lèvre inférieure de La Mort, le regardant droit dans les yeux avant de parler :

« Tu n'as pas à me cacher cette partie de toi, tu sais . Plus maintenant. »

« Je m'attends encore à ce que tu changes d'avis. Que tout cela soit trop et que tu me quittes. »

« Je te l'ai déjà dit, je ne peux pas vivre sans toi et c'est une partie de toi. Et puis Neela m'a expliqué un peu mieux comment tout cela fonctionne, ça m'a aidé à comprendre. Je ne vais nulle part. »

Bucky lécha le doigt qui était toujours posé sur ses lèvres :

« Elle dépasse ses prérogatives. Sa Sainteté est magnanime mais il vaut mieux ne pas trop pousser notre chance. »

« Ne lui en veux pas, j'avais besoin de savoir et tu refuses de divulguer la moindre information. »

Il haussa des épaules. Si ce n'était que lui, ils n'en parleraient jamais et il garderait Steve le plus éloigné possible de cette part de sa vie.

« N'empêche qu'elle n'a pas à discuter de cela avec toi. »

« Tu comptes réellement passer cette matinée à râler ? Tu es rentré tôt et nous ne sommes attendus qu'à midi. »

Le sommeil était pleinement audible dans la voix du blond et elle devint encore plus grave lorsqu'il continua directement dans l'oreille de Bucky :

« Je pensais que l'on pourrait profiter de tout ce temps d'une façon beaucoup plus agréable. »

Il n'en fallut pas plus pour qu'il oublie ses griefs envers Neela. Il se pencha vers son petit ami et l'embrassa. Ce dernier glissa ses bras autour de son cou, le pressant contre lui. Très rapidement, leur baiser devint passionné et Bucky passa une jambe au dessus de Steve, s'asseyant sur ses hanches sans séparer une seule fois leurs lèvres.

Il glissa sa main droite à travers les mèches blondes pendant qu'il appuyait son poing sur le matelas aux côtés de l'épaule de son amant. Il refusait toujours de le toucher plus que nécessaire avec ce bras, malgré l'assurance de Sa Toute-Puissance qu'il n'y avait aucun danger.

Steve souleva ses hanches, cherchant à augmenter la pression sur l'érection que Bucky sentait à travers leurs vêtements. Il n'avait pas pris le temps de se changer, craignant que le dormeur ne se réveille avant qu'il ne le rejoigne dans le lit. Il portait encore son pantalon et un sous-pull qui avaient l'air de beaucoup déranger son petit ami :

« Pourquoi est-ce que tu es encore habillé ? »

Bucky était en train de laisser des marques dans le cou de son petit ami, sachant qu'elles auraient disparu avant midi et il n'avait pas du tout l'intention de s'éloigner pour le moment. Il fit s'envoler ses vêtements, ainsi que le boxer de Steve par une simple pensée.

Le brusque contact de leurs peaux nues fit grogner le blond, puis il murmura :

« Il va falloir que tu m'apprennes ce truc. Mon costume est une horreur à enlever après certaines missions. »

De sa position, Bucky lui répondit, son souffle caressant la peau qu'il était en train d'embrasser quelques secondes auparavant :

« Je ne peux pas. Par contre, ça ne me dérange pas de t'aider à sortir de ta tenue à chaque fois. »

Steve rit avant de glisser ses mains dans son dos, murmurant :

« Tu ne l'as pas déjà fait ? Quand nous sommes rentrés de Sokovie ? »

Bucky se rappelait très bien de cette journée. Ils avaient quitté les autres Avengers dès que le Quinjet s'était posé. Ils étaient rentrés chez le blond et s'étaient jetés l'un sur l'autre dès que la porte de son appartement s'était refermée.

Dans leur précipitation, il n'avait pas pris le temps de se déshabiller, il avait préféré faire disparaître leurs vêtements avant de pousser Steve sur son lit. Cette nuit-là, ils avaient été insatiables, ne s'endormant qu'au petit matin.

C'était la première fois qu'ils avaient passé la nuit ensemble et depuis, quoi qu'il advienne et où qu'ils soient, Bucky rejoignait toujours son amant. Pouvoir se transporter dans n'importe quel lieu en moins d'une seconde était un avantage non négligeable quand on ne savait pas le matin où on allait se trouver le soir même.

Ce souvenir n'aida absolument pas à le calmer et il saisit l'érection de Steve dans sa main, continuant à embrasser, lécher et mordre chaque centimètre de peau qu'il arrivait à atteindre.

Trop vite, Steve lui saisit le poignet, arrêtant le rapide mouvement de va-et-vient que Bucky avait démarré un peu plus tôt.

« Pas comme ça. Je te veux en moi. »

Il ne savait pas s'il arriverait un jour à ne pas grogner en entendant ces mots sortir de la bouche de son petit ami. Mais il obéit, lâchant Steve et utilisant sa main nouvellement libérée pour ouvrir le tiroir de la table de chevet. Il fouilla l'intérieur et en sortit la bouteille de lubrifiant qu'ils gardaient.

Il la posa sur le matelas, à côté des hanches du blond et l'embrassa brièvement.

Il se redressa et récupéra ensuite la bouteille, l'ouvrit et fit tomber quelques gouttes de gel sur ses doigts. Steve s'était déjà installé : sur le dos, les jambes relevées et les pieds plantés sur le lit. Il surveillait chaque geste de Bucky, se mordillant la lèvre inférieure, et quand le brun fit disparaître sa main entre ses cuisses, il ferma les yeux.

Bucky embrassa les lèvres de son petit ami à l'exact moment où il fit entrer un doigt en lui. Steve ouvrit la bouche immédiatement, accueillant la langue de son amant avec la sienne. Les grognements et les gémissements ne faisaient qu'attiser le foyer de chaleur dans le ventre du brun.

Il n'habitait pas une véritable enveloppe charnelle, son corps n'était qu'une construction lui permettant d'interagir avec les humains, sans besoin ni sensations autres qu'informatives, mais le désir qu'il ressentait actuellement était bien réel, il l'avait toujours été. Et sans avoir la maîtrise sur ses envies acquise par l'expérience et des années de frustration, il était bien souvent écrasé par l'intensité de son besoin.

Cela ne semblait absolument pas déranger Steve qui démontra, comme à son habitude, son manque de patience en lâchant une litanie de demandes :

« Maintenant Buck. Je suis prêt. Ne me fais pas attendre. Allez. »

Le brun était en train de lécher le creux à la base du cou de son amant.

« Patience, soldat. »

La voix rendue graveleuse par le désir, le blond répondit :

« Cela n'a jamais été mon fort. Tu le sais, arrête de me tenter, je deviens dingue. »

« Je ne veux pas te faire mal. »

Steve grogna, mais de frustration cette fois.

« Je ne suis pas en sucre ! Et je guéris vite. J'ai déjà dû attendre toute la nuit, c'est mon anniversaire, tu dois faire ce que je demande. »

« Techniquement, ce n'est plus ton anniversaire. »

Son petit ami devait avoir épuisé le reste de sa patience, car d'un geste brusque, il inversa leurs positions. Bucky se retrouva sur le dos, cent kilos d'os, de muscles et de peau brûlante perchés au-dessus de lui. Steve le fixa de ses magnifiques yeux bleus et utilisa sa voix de Captain pour lui ordonner de rester sans bouger. Ce ton avait le don de transformer le sang de La Mort en un liquide brûlant.

Il resta immobile lorsque son amant saisit sa verge, la plaça là où il la voulait et se laissa doucement descendre, enfermant l'érection de Bucky dans une chaleur pratiquement insupportable.

Il serra les dents et figea tous ses muscles, espérant réussir à retenir ses hanches qui menaçaient d'accélérer le processus. Il voulait être en Steve, complètement en lui, être consumé par cet être incroyable tout en devenant lui-même une partie du blond.

Steve avait rejeté la tête en arrière et lorsque ses cuisses touchèrent les hanches de Bucky, il la releva, haletant. Dans un murmure révérencieux, il dit :

« Tes yeux brillent. »

Cela leur arrivait lorsqu'il utilisait son pouvoir, où quand ses émotions prenaient le dessus. Ce n'était pas la première fois que cela se produisait lorsqu'ils faisaient l'amour et il abaissa les paupières, cachant la preuve qu'il n'était pas humain.

Le contact d'une main sur sa joue le surprit, ainsi que le souffle sur ses lèvres lorsque son petit ami parla :

« Cela ne me dérange pas. Laisse moi les voir. Ouvre les yeux. »

À cet instant, il était incapable de lui refuser quoi que ce soit et il rouvrit les yeux, plongeant immédiatement dans le regard bleu azur à quelques centimètres au-dessus de lui. Steve lui sourit avant de déposer un long et doux baiser sur ses lèvres.

« Je me souviens de ces yeux. Je n'ai plus les détails, mais je me souviens de les avoir déjà vus. Et de la sensation de sécurité qui les accompagnait, comme si tout allait bien se terminer. »

« Tu étais si jeune et si faible. Et pourtant si courageux. »

Steve se redressa et saisit la main droite de Bucky, enlaçant leurs doigts. Il se servit de ce point d'appui pour rouler des hanches. Un grognement sortit de leurs gorges respectives.

« C'était toi ? Quand le prêtre est venu. »

Il hocha la tête, incapable de répondre à travers la boule qui s'était coincée dans sa gorge. Il avait failli le perdre durant tellement d'occasions. Comme s'il sentait sa détresse, le blond augmenta la pression de ses doigts sur la main de Bucky.

« J'ai cru à une vision à cause de la fièvre, puis j'ai oublié cet événement. Mais je n'ai pas oublié ces yeux. C'est la première chose qui m'a frappé lorsque l'on s'est rencontrés. J'aurais pu faire le lien plus tôt si je t'avais revu après le sérum, mais je n'avais plus besoin d'une de tes visites. »

La vérité sortit de la bouche de Bucky si vite qu'il n'arriva pas à la retenir :

« Moi, je t'ai vu. Lors de cette expérience et après, durant la guerre. J'étais tellement en colère contre toi, te mettre en danger volontairement. Et je t'ai vu dans la glace, j'ai vu ton nom apparaître tous les jours dans mon livre pendant des décennies, j'étais là quand tu t'es réveillé et je t'ai vu à New York, au milieu de cette guerre, et je t'ai empêché de te noyer à Washington et à Krakovie ... »

Sa voix craqua, incapable de poursuivre. Steve n'avait jamais arrêté le mouvement de ses hanches et ses yeux étaient remplis d'émerveillement :

« Tu as toujours fait partie de ma vie. Ce n'est pas étonnant que j'aie ressenti cette connexion immédiate avec toi, je te connaissais. »

Steve pressa leurs lèvres ensemble, glissant sa langue dans la bouche de Bucky et il restèrent ainsi, à s'embrasser et à bouger en tandem, jusqu'à ce que le blond se redresse avec un halètement.

« J'y suis presque. J'ai besoin que tu me touches. »

Il tenta de libérer sa main de chair mais son amant raffermit sa prise. Il le regarda, la question évidente dans son regard. Steve se pencha et déposa un rapide baiser sur ses lèvres avant de se redresser à nouveau, montrant son autre main du menton :

« Avec celle là. »

C'était hors de question. Il secoua la tête ; dangereux ou pas, il refusait d'approcher Steve avec cette arme. Mais son petit ami était têtu, il glissa son index sur la peau à la limite entre sa chair et le métal.

« Je ne vois pas le problème. Tu l'as dit toi même, je ne risque rien. »

Bucky sentait la colère pointer le bout de son nez et son ton était plus sec qu'il ne l'aurait voulu :

« Tu sais ce que je fais avec cette main. Je tue des gens, Steve ! »

Pour la première fois depuis qu'ils avaient commencé cette conversation, Steve arrêta de bouger. Il regarda sérieusement le brun, puis appuya la paume de sa main sur son épaule, à moitié sur la peau, à moitié sur le métal.

« Écoute-moi bien, Bucky. Tu ne tues personne. Tu n'as pas le choix et tu ne l'as jamais eu. Tu ne fais qu'obéir. Ces décisions ne sont pas les tiennes. Si j'ai bien compris ce qu'a dit Neela, ton rôle est de permettre à des âmes de quitter ce monde et d'aller dans l'au-delà. »

« Ne romantise pas mon travail. Je t'ai enlevé ta famille et je t'enlèverai tous tes amis. »

Le regard de Steve devint dur et la pression sur l'épaule de son amant augmenta :

« Et toi, arrête de te flageller pour quelque chose contre lequel tu ne peux rien. »

Lorsque La Mort ne trouva rien à répondre, le blond s'adoucit. Lentement, lui laissant tout le temps de protester, il laissa sa main descendre sur le bras de métal. Bucky resta tendu mais le laissa agir à sa guise.

Steve atteignit son coude et, avant de continuer son périple sur son avant-bras, il reprit le mouvement de ses hanches. Bucky resta sans bouger jusqu'à ce que son amant attrape son poignet et dirige sa main vers son érection. Le brun résista et Steve gémit :

« Bucky… J'ai besoin de jouir. Tu ne vas pas me laisser comme ça. C'est cruel. S'il te plaît.»

Il était incapable de dire non à son petit ami quand ce dernier le suppliait et c'était un fait dont ils étaient conscients tous les deux. Il prendrait le temps d'être en colère de s'être fait manipuler plus tard, mais pour le moment, il avait mieux à faire. Il laissa ses hésitations au placard et saisit le membre de Steve, s'abandonnant au plaisir d'entendre le blond grogner à chaque fois que son pouce passait sur son gland.

Très rapidement, il sentit son amant se contracter autour de lui et il accéléra sa main. Le rythme de Steve avait perdu en régularité et Bucky souleva ses hanches pour garder la friction nécessaire à son propre plaisir.

Le blond glissa dans le précipice quelques secondes plus tard, sa verge libérant la preuve de son plaisir sur la main et l'abdomen de son petit ami. Il n'en fallut pas plus pour que Bucky le suive, tout son corps se contractant sous l'effet de son orgasme.

Le monde perdit un peu de ses couleurs et lorsqu'il récupéra la maîtrise de ses sens, Steve était allongé sur lui, luttant pour récupérer son souffle. Il n'avait toujours pas lâché la main droite de Bucky, la gardant sur le matelas à côté de son épaule, et ce dernier dut utiliser son autre main pour caresser son dos.

Il sentit le sourire du blond sur sa peau, ainsi que son souffle lorsqu'il parla :

« Tu vois, ce n'était pas si terrible. »

« Steve... »

Le ton de sa voix devait avoir transmis plus que ce qu'il voulait, car Steve se releva, le fixant du regard. Bucky avait toujours été étrangement attiré par ces yeux et il s'y plongea avec abandon.

« J'étais sérieux. Tu n'as plus à te cacher ou à t'en vouloir. Comme je te l'ai dit, tu n'as pas le choix. J'accepte cette partie de ta vie, parce qu'elle fait partie de toi et qu'il n'y a rien en toi dont je ne veuille pas. »

Personne ne l'avait jamais accepté aussi pleinement. Certains avaient réussi à lui pardonner, comprenant qu'il n'avait pas agi par choix, mais ce n'était pas le cas de Steve. Il savait, au plus profond de lui, qu'il n'y avait rien à pardonner. Que Bucky n'était qu'un maillon nécessaire du système.

Submergé par ses sentiments, il se servit de sa main gauche pour attirer son amant et l'embrasser passionnément. Quand leur lèvres se séparèrent, Steve se leva, complètement nu, dans les premières lueurs du matin. Il était magnifique, ses cheveux blonds comme les blés entourés d'un halo de lumière, un ange descendu du ciel. Et Bucky connaissait assez d'anges pour savoir qu'aucun d'eux n'arrivait à la cheville de son petit ami.

Pourtant son visage n'avait rien d'angélique quand il proposa à Bucky de le rejoindre sous la douche. La Mort se transporta sous l'eau, trop fatigué pour y aller à pied, préférant garder son énergie pour l'activité physique qui ne manquerait pas de continuer plus tard.

24 décembre 2035

Bucky était en train de feuilleter son livre. Neela était installée quelques mètres plus loin, penchée au-dessus de son bureau. Il attendait impatiemment qu'elle finisse avant de pouvoir rejoindre Steve et leurs amis pour l'habituelle fête de Noël chez Stark.

Il occupa son temps en étudiant les pages futures, cherchant des noms familiers au milieu des centaines de mots. Heureusement, aucun des proches de Steve, qui étaient peu à peu devenus les siens également, n'étaient inscrits.

Depuis qu'ils sortaient ensemble, La Mort n'avait eu besoin d'agir qu'une seule fois - c'était un miracle en soit, avec la vie qu'ils menaient tous - mais cette unique instance avait bien failli détruire leur couple.

Il repensa avec tristesse à ce 18 juin 2016.

Il se blottit contre Steve dès qu'il rentra. Cela faisait plusieurs jours qu'il savait qui il aurait à libérer, mais il n'avait rien dit. Maintenant, il pouvait. Il était certain que son petit ami préférerait l'apprendre de sa bouche plutôt que par quelqu'un d'autre. Sauf que les autres n'étaient pas responsables. Lui, il l'était, et il ignorait ce qui l'attendait quand il annoncerait la nouvelle.

Steve avait senti que quelque chose n'allait pas à l'instant où il se réveilla. À peine avait-il demandé ce qui clochait que Bucky avait murmuré, serrant son petit ami contre lui :

"Je suis désolé. C'est Peggy. Je n'avais pas le choix."
"Peggy ? Qu'est ce qu'elle a ?"

Il tenta de s'éloigner mais La Mort le retint. Une pointe de panique avait atteint la voix de Steve quand il parla :

"Bucky ? Elle va bien ? Dis-moi qu'elle va bien."

Il ne put que secouer la tête. Il vit la compréhension apparaître sur le visage de son amant, puis de la tristesse et de la résignation.

"Je devais aller la voir la semaine dernière, mais on a eu un empêchement. Maintenant, je ne peux plus. Si j'avais su, j'aurais trouvé un autre moment."

Puis d'un coup, son visage se durcit et tout son corps se raidit :

"Tu sais depuis quand ?"

Il ne pouvait pas lui dire la vérité, mais il était hors de question de mentir. Il garda donc le silence. Le ton habituellement si chaleureux de son petit ami était glacial :

"Lâche-moi."

Il obtempéra immédiatement et il vit avec désarroi Steve quitter leur chambre en claquant la porte derrière lui. Dix minutes plus tard, il était seul dans l'appartement. Sa pire crainte s'était réalisée et il se transporta dans sa dimension sans même chercher à le retrouver.

Neela le fit sortir de ce mauvais souvenir en posant une main sur son épaule. Elle disait souvent que sa relation avec Steve l'avait rendu plus accessible et elle se permettait maintenant quelques signes d'affection. Et La Mort les accueillait avec bienveillance.

Après tout, c'était la passeuse qui avait tout arrangé lors de cette dispute. C'était elle qui avait été trouver Steve chez Stark, où il se terrait depuis plusieurs jours. C'était elle qui l'avait transporté en plein milieu de ce bureau, les réprimandant tous les deux pour leur idiotie et leur incapacité à communiquer. C'était elle qui avait glissé quelques mots à l'oreille du blond, faisant fondre immédiatement la façade dure et froide qu'il affichait. C'était elle qui les avait poussés l'un vers l'autre en quittant la pièce avec la promesse de les y enfermer ad vitam eternam s'ils n'arrangeaient pas les choses.

"Nous avons fini. Allez donc le rejoindre."

Pris d'une étrange impulsion, il embrassa la joue de la passeuse et se retrouva dans son salon dix secondes plus tard. Steve ne sursauta même pas lors de son apparition, il se contenta de l'approcher et La Mort s'empressa de le prendre dans ses bras. Il déposa un baiser sur ses lèvres et laissa son petit ami lui raconter la dernière excentricité de Tony.