Chemin par chemin
Vallons par vallons,
Cime par cime,
Le silence s'installe.
Tout s'oublie,
Les visages,
Les histoires,
Les chemins.
Tout se mêle,
Les voix,
Les légendes,
Les sentiers.
Hier encore,
Il fallait quelques jours,
il fallait quelques mois,
il fallait quelques années,
pour trouver Rivendell.
Il suffisait d'avoir,
Un coeur pur,
Un appel clair,
Un simple rêve,
Pour trouver la Dernière Maison Simple.
A présent,
Tous les chemins,
Tous les espoirs,
Tout les efforts,
Seront inutile.
Rivendell s'est perdue dans le détour d'un chemin,
Rivendell s'est égarée dans le détour d'un âge,
Rivendell s'est oubliée dans le détour d'une légende.
La Bruinen chante une marche funèbre,
Les Monts Brumeux déclame une élégie,
Les pins murmurent un dernier adieu.
Mais plus personne ne peut les entendre.
Les ents se sont incinérés.
Les hobbits se sont effacés.
Les elfes se sont allés.
Plus d'istar pour sauver l'humanité.
Et les hommes deviennent chaque jour plus
Aveugles
Sourds
Etroits d'esprit.
Ils ne savent plus palper les mystères,
Ils ne savent plus entendre la nature,
Ils ne savent plus percevoir la magie.
Rivendell
se recouvre de brume,
se recouvre de lierre,
se recouvre d'oubli,
pour mieux pleurer.
Une page s'est tournée,
Un âge s'est terminé,
Un monde s'est dissipé.
Il ne reste que celui des hommes.
Parfois,
Dans le mouvement d'une danse,
Dans le mouvement d'un chant,
Dans le mouvement d'une peinture,
reste une étincelle.
C'est un instant,
C'est un espoir,
C'est un rêve,
Qui se dissipe.
Et Rivendell larmoie.
Plus personne ne trouvera son secret,
Plus personne ne trouvera son histoire,
Plus personne ne trouvera son chemin.
Il n'y en avait plus que deux,
Qui attendaient l'aube,
Qui attendaient le crépuscule,
Qui attendaient l'appel.
Elle les gardait jalousement,
Comme on garde un silmaril,
Comme on garde un anneau,
Comme on garde un espoir.
Les feuilles planent autour de la Dernière Maison,
Les feuilles craquèlent autour de la Dernière Maison,
Les feuilles s'amoncellent autour de la Dernière Maison.
Parfois,
Une silhouette sillonne autour de Rivendell,
Une présence s'éveille autour de Rivendell,
Une voix s'élève autour de Rivendell.
Il reste
des braises dans l'âtre,
du miruvor sur la table,
des pas dans les allées.
Un dernier tour,
et ils disent à Avalinor.
Un dernier chant,
et ils disent Avalinor.
Un dernier elfes,
et elle dit Avalinor.
Un par un,
Cheval par cheval,
Flambeau par flambeau
Ils s'en sont allés.
Plus personne ne chante dans la salle,
Plus personne ne rêve dans le jardin,
Plus personne ne s'aime dans la cascade.
Et voilà,
Le dernier elfe
Qui murmure aux murs,
Qui pleure les peupliers,
Qui ferme les fenêtres,
et qui s'en va aussi.
Plus un bruit,
Pas un écho,
Plus un bruit.
Un oiseau qui s'élève dans le ciel.
Une tempête qui tombe sur le vallon.
Une branche craque sous la neige.
Plus un bruit,
Pas un mot,
Plus un bruit.
Le vent qui fait claquer les volets.
Le vent qui fait jaser les feuilles.
Le vent qui fait grincer les portes.
Plus un bruit,
Pas un chant,
Plus un bruit.
Le silence s'est étiré.
Un jour en un an.
Un an en un siècle.
Un siècle en une éternité.
Rivendell est oubliée,
Rivendell s'est oubliée.
Jusqu'à ce que l'on retrouve,
Une phrase dans un livre,
Un espoir dans un rêve,
Un chemin dans l'Eriador,
et Rivendell se réveille de son oubli.