Et voilà, l'histoire est lancée ! La narration suit les événements écrits dans mon autre fanfic du point de vue de Todoroki Shouto, 「Born to be a Monster」. Je vous invite à la lire en parallèle pour compléter cette fanfic. Par ailleurs, je reprendrai la publication des chapitres du point de vue de Shouto dès le chapitre 9, jusque là le rythme de publication sera assez régulier.

Bonne lecture !


Si je devais parler de ma vie à présent, je pense que je dirais que j'ai eu beaucoup de chance. Déjà, je n'ai aucune maladie ou membre en moins, si on ignore mon énorme timidité qui m'handicape parfois – mais je me soigne ! J'ai la plus gentille des mères, des amis géniaux, et j'étudie ce qui me plaît. Avant, je ne me considérais pas comme chanceux, car tous les autres possédaient quelque chose que moi, je n'avais pas. Un Alter.

Dans notre monde où 80% de la population possède un pouvoir surhumain, ne pas en avoir est devenu une anomalie. Enfant, j'en voulais à tout le monde à cause de ça. J'enviais ces gamins, à l'école, qui avaient des ailes ou pouvaient attirer des objets. Par cette banalité accrue, les gens se raillaient de moi, me marchaient dessus, et je ne pouvais que penser qu'ils avaient raison. Je n'avais rien, moi, alors je n'étais rien. Ma seule particularité était mon obsession pour les exploits et les alters des héros, et ma sempiternelle détermination à en devenir un malgré mon indisposition naturelle.

Eh bien, j'avouerai que mon entêtement a finalement payé. En plus d'être devenu proche du plus puissant héros de tous les temps, il a réalisé mon rêve le plus fou. Je suis entré dans la norme. Mieux encore : mon idole, mon modèle par excellence, m'a pris sous son aile et j'ai hérité de son Alter. Or, même avec ce fait qui me comble de joie, il subsistait une différence énorme entre moi et mes camarades : ils étaient dotés de leurs pouvoirs depuis leur plus jeune âge, tandis que moi, cela ne faisait que quelques jours, un mois tout au plus. Ainsi, me briser les doigts, me déchirer la jambe, me brûler le bras, tout ça n'était rien pour moi. Je devais les rattraper. Je devais arriver à leur niveau, puis après les dépasser, pour devenir l'un des plus grands héros. Je savais que pour arriver à réaliser ce rêve un peu fou, il faudrait faire plus que de simplement dépasser mes limites. Il faudrait que je les repousse et les envoie loin, très loin, pour les dépasser à nouveau et toujours avancer davantage.

D'une certaine manière, je considère que All Might m'a sauvé. Il m'a sauvé d'une vie qui ne m'intéressait pas, durant laquelle j'aurais probablement échoué systématiquement par manque d'intérêt. Et pour m'avoir offert cette chance de vivre la vie que je souhaitais mener, je voulais faire exactement pareil. Sauver les gens, le plus possible, de la meilleure manière. Je ne pouvais montrer ma gratitude qu'en m'améliorant, qu'en devenant de plus en plus fort. En lui prouvant que j'étais digne de lui.

Je me tourne dans mon lit et change de position. En ce moment, j'ai de plus en plus de mal à dormir. Je pense probablement trop. Mais je ne peux pas m'empêcher de penser ! Je soupire et m'enroule un peu plus dans ma couette.

Je disais donc ? Ah oui. De ce fait, je me trouve incroyablement chanceux. Combien de personnes sans Alter en ont obtenu un ? Peut-être suis-je le seul. Et puis, en plus de ça, j'ai des amis. Bon, ma relation avec Katsuki est plus mauvaise que jamais, il pense que je lui ai caché mon Alter pendant toutes ces années mais refuse de m'écouter. Néanmoins, j'ai Tenya et Uraraka. J'adore le sérieux et la rigueur de Tenya, je le trouve incroyablement drôle. Malgré tout, il est droit dans ses idéaux, et veut toujours contenter tout le monde et donner le meilleur de lui-même, et j'admire beaucoup cet engagement qu'il a auprès de la classe. Vis-à-vis de Ochako, c'est une personne adorable et gentille, qui sait ce qu'elle veut et n'abandonne jamais lorsqu'elle a quelque chose en tête. Elle veut faire en sorte que ses proches soient le plus heureux possible, et je la trouve formidable pour ça. J'ai d'autres camarades tout aussi adorables et géniaux, mais je ne les connais pas assez pour affirmer quoique ce soit.

Mes pensées se dirigent vers Shouto Todoroki, et j'ignore pourquoi songer à lui fait autant battre mon cœur. Je trouve ce garçon vraiment intrigant. Il est terriblement puissant, il maîtrise totalement cette force, il est intelligent dans ses actions et vraiment efficace. Mais en parallèle, il a vraiment du mal avec les gens. Je pense que son visage froid n'est qu'une façade envers le monde, mais je ne suis sûr de rien. Il m'a déjà parlé quelques fois, et depuis que je l'ai combattu lors du championnat, je me sens étrange vis-à-vis de lui. Est-ce parce que je sais les grandes lignes de ce qui lui est arrivé ? Si l'on était dans une œuvre, je pense qu'il en serait le personnage principal. Son passé tortueux, sa force démesurée, même son physique : tout serait parfait pour en faire un héros de manga. À vrai dire, il est bien assez mignon pour attirer la gente féminine…

Eh, pourquoi je pense à lui comme ça ? Non, il n'est pas seulement mignon, il est désespérément beau. Rah, faut pas que je dise qu'il est sexy. Mince, je viens de le dire. Arghhhh si je pouvais éteindre mon cerveau ! Je me tourne et me retourne dans ma couette. Il faut que j'arrête de penser. Mais je ne peux pas ! Pourquoi j'ai si chaud ? Je dois arrêter de penser à lui de cette manière. Ce n'est pas correct… Mais il est beaucoup trop intrigant, aussi. Je me demande ce qu'il fait actuellement…


La sonnerie de la musique de Dark Vador me fait sursauter. Mince, je me suis endormi vite hier soir, je ne m'en suis même pas rendu compte ! Je me lève en frissonnant, quitter mon lit est toujours une épreuve terrible pour moi. Je m'habille rapidement et pars déjeuner avec ma mère. Je n'arrive toujours pas à comprendre comment, pendant toutes ces années, elle arrive à se lever le matin d'une humeur si merveilleuse. Elle m'embrasse chaleureusement, et on mange ses pancakes en discutant. Parfois, je me sens chanceux juste en mangeant ces trucs. Ils devraient être interdits, tant c'est bon.

Je pars pour Yuei. La journée passe rapidement, rien ne vient interrompre le flux constant des cours. Tenya écoute attentivement, je parle avec Ochako la plupart du temps. Malgré la routine de l'académie, il y a quelque chose qui n'est pas habituel. Celui qui hantait mes pensées hier soir n'est pas là, et je trouve cela vraiment étrange. Même malade, il vient d'habitude. Est-ce qu'il est mort ? Ce serait bête, et puis je pense que je serais vraiment triste si c'était le cas. Mais je ne vois pas pourquoi il louperait une journée de cours. Mon amie remarque mes regards incessants en direction de sa chaise vide, et un sourire mauvais s'installe sur son visage.

« Alors comme ça, tu t'inquiètes pour ton Todoroki-kun ? »

Je sens mon visage me brûler, je pense que je suis tout rouge vu le regard amusé qu'elle me lance. Je ne peux m'empêcher de bégayer.

« De quoi tu parles ? Il n'est pas à moi-

- À ton plus grand regret, n'est-ce-pas ?

- Maiiis c'est pas vrai !

- On ne me l'a fait pas, à moi. »

Elle bombe fièrement sa poitrine, comme si elle venait de découvrir un nouveau continent. Je ne sais pas pourquoi elle insinue ça… Je pousse un soupir, alors qu'elle imagine une romance homosexuelle entre lui et moi. Quoiqu'elle dise, c'est impossible. Je suis sûr qu'il n'est pas de ce bord là, et puis, si ça se trouve il a totalement oublié mon existence.

Après tout, je ne suis que Deku.

Lorsque les cours se terminent, je quitte l'établissement, adresse un dernier signe de la main envers mes deux amis, et prends la route pour rentrer chez moi. J'adore ces journées monotones. Tout va bien, et tout est ennuyant. Or, lorsque c'est ennuyant, c'est que tout se déroule de la bonne façon. Les cours, les gens, tout se répète. J'aime ma petite routine. Quitter douloureusement mon lit le matin, manger, aller en cours, manger, finir les cours, marcher, manger, prendre une douche, dormir.

Tout va excessivement bien.

Ainsi, lorsque l'heure commence à se faire trop tardive et que je retrouve mes draps, je me demande pourquoi il n'est pas venu. Il va peut-être vraiment mal ? Je devrais aller vérifier, demain. Mais est-ce vraiment nécessaire ? Rah, s'il est mort seul chez lui et que personne n'est au courant, je m'en voudrais de ne pas être allé voir. Dans le doute, j'irai quand même. En y songeant, je sens une boule d'angoisse se former dans mon ventre. Et puis, comme ça, peut-être que je finirai par savoir pourquoi j'ai tant besoin de le voir ? Cette histoire n'est pas claire, et je préfère connaître la nature de mes sentiments plutôt que de me mettre des œillères.

Et si je l'aimais ?

Cette pensée me crispe. Bien sûr, il est beau et intelligent. Il est fort aussi. Mais c'est un homme… Et moi aussi. Mais je vois rarement deux hommes amoureux, dans la rue ou même à la télévision. Est-ce correct ? En ai-je le droit ? C'est fort possible que lui, ne m'aime jamais… Mais après tout, pourquoi pas ! Je suis certain qu'il n'est pas aussi froid qu'il ne veuille le montrer. Si ça se trouve, avec un peu de conviction, il pourrait même tomber amoureux de moi, non ?

Argh, maudit cerveau ! Un jour je vais t'éteindre !

Je décide de m'endormir, un sourire aux lèvres, le cœur battant encore à cause de l'image de Todoroki dans mes pensées. J'espère qu'il va bien.