Salut mes cobayes ! Comment allez-vous ? Ca faisait un bail qu'on s'était pas retrouvés ici. A l'occasion de la sortie de Thor 3, je n'avais pas l'inspiration pour un nouveau chapitre des Vengeurs et la Technologie comme l'exige la coutume. A la place, j'ai eu l'idée de cette fiction…

Je ne sais pas encore exactement combien de chapitres formeront ce texte. Si ce premier chapitre vous plaît, je développerais alors davantage le concept et nous pourrions être partis pour un petit moment ! N'hésitez donc pas à me faire part de vos impressions !

Note 1 : Je me suis perdue en essayant de réfléchir à l'âge que pouvait bien avoir Loki lorsque Tony avait 15 ans. Ça m'a soulé, du coup tant pis c'est ma fic c'est moi qui décide, je décide qu'ils ont quinze ans au même moment. (Ou, vu la longévité et la différence entre le temps de Midgard et le temps d'Asgard, Loki a l'équivalent de 15 ans Terriens. Vous m'avez compris ?)

Note 2 : Pareil, j'ai décidé que Tony avait 15 ans non pas dans les années 70, mais un peu plus tard. Sans précisions, un temps où on avait déjà les portables et youtube. Parce que ça me plaît comme ça :p

Je vous souhaite une bonne lecture !


Les Marginaux


Loki n'avait jamais couru aussi vite de toute son existence.

Le couloir forma soudain un angle brusque, et il dérapa sur plusieurs mètres, maudissant le parquet de hêtre ciré de l'allée. Il étendit les bras, se rattrapa de justesse et détala de plus belle, le souffle court.

Derrière lui, des cris enragés, couplés au maelstrom de pas lourds et rapides, constituaient une raison suffisante de ne pas ralentir la cadence.

- Allez, attrapez-le, il perd du terrain !

La voix de Hogun était tranchante et déterminée. Il n'avait pas l'air de plaisanter cette fois, et Loki pensa un instant qu'ils pourraient bien lui mener la vie très dure s'ils parvenaient à le rattraper.

Il tenta un bref regard par-dessus son épaule, et son cœur battit plus vite en constatant que ses poursuivants gagnaient du terrain. Il serra la mâchoire, bifurqua pour gagner les terrasses royales et leurs dalles de marbre luisant.

Dehors, le soleil qui baignait Asgard déclinait, teintant les balcons du palais de lueurs roses et ocre.

Le jeune homme se faufila entre les colonnes d'or torsadées, et les statues guerrières qui portaient la lourde structure du château.

Sentant qu'il fatiguait et que la distance entre lui et ses agresseurs se réduisait, des larmes de rages lui montèrent aux yeux.

C'était tellement injuste. Il n'avait rien fait cette fois, pas de farce, pas de plaisanteries. Il s'était juste approché, envieux de les voir jouer ensemble dans l'eau translucide de la cascade adossée au palais. Mais son frère, cet imbécile de Thor, l'avait surpris, pointé du doigt.

- Un espion ! Il nous espionne ! Attrapez-le !

La vie pouvait être dure et longue, lorsqu'on était le fils mal aimé du roi d'Asgard. Trop bien né pour passer du temps avec les enfants des domestiques, mais pas non plus le futur héritier du trône. Les amis de Thor le moquaient, son frère le délaissait, et les nombreux tours qu'il leur avait joué dernièrement pour soulager son amertume n'arrangeaient pas leurs relations conflictuelles.

Son souffle fut bloqué dans sa poitrine lorsqu'il vit que Sif avait emprunté un escalier dérobé pour le contourner. Pris entre deux feux.

Paniqué, il se concentra fugacement. Un double de lui-même naquit du néant, illusion parfaite s'élançant dans une autre direction. Le subterfuge déstabilisa les autres adolescents, qui se séparèrent rapidement pour courir après les deux Loki tout en le huant :

« Espèce de lâche ! La sorcellerie, c'est pour les faibles qui ne savent pas se battre ! Tu n'es pas un guerrier, tu n'es pas digne d'être un prince, je n'en reviens pas que tu sois mon frère » et autres remarques déplaisantes fusèrent. Cruelle jeunesse.

Malheureusement, sa stratégie ne porta pas ses fruits longtemps. Bientôt ne se présenta devant lui que la balustrade de nacre, avec en contrebas deux cent mètres de vide. Tel un lapin pris au piège, Loki se retourna brusquement pour faire face à ses assaillants.

Thor et Hogun, un large sourire déployé sur leurs visages.

Loki serra les dents. Son frère était une vraie brute. Il avait encore mal à l'épaule de leur dernier affrontement.

- Chiche, on le pousse dans le vide ! Plaisanta Hogun.

Mais, aux oreilles de Loki, cela sonnait plus comme une menace que comme une raillerie. Le meilleur ami de Thor avait toujours détesté ce frère discret et travailleur, plus à l'aise dans une bibliothèque que sur le champ de bataille.

Loki se crispa, prêt à se battre.

Pendant une seconde, il ferma les yeux.

Il aurait tout donné, en cet instant pour être ailleurs. Par Odin, tout, pour ne plus voir les rictus moqueurs, pour ne plus se souvenir à quel point il se sentait seul dans ce grand palais d'or et de marbre.

Lorsqu'il rouvrit les yeux, il était ailleurs.


Tony faillit tomber de sa chaise.

Plus exactement, il sursauta, et, étant installé n'importe comment sur son fauteuil, perdit l'équilibre, se cogna sur son bureau, les roulettes sous lui émirent un magnifique « zwiiiiiip » et il se rattrapa de justesse à l'accoudoir.

- Bordel de… Mais t'es qui, toi ?

Face à lui, un adolescent aux yeux écarquillés venait… De… Venait de quoi, au juste ? L'instant d'avant, Tony était seul dans sa chambre, une main dans un paquet de gâteaux, l'autre sur la souris de son ordinateur, et maintenant, il y avait ce type. Qui venait d'apparaître, purement et simplement, comme surgi de nulle part.

Tony quitta prudemment sa chaise, sur ses gardes. Il essuya ses mains sur son jean délavé et troué et contourna lentement le bureau, comme on s'approche d'un animal blessé.

- Où suis-je ?

L'étudiant pris le temps d'étudier le nouveau venu.

Il était grand et maigre, le teint pâle et lisse, des cheveux longs et noirs, de très beaux yeux verts émeraude. Il devait avoir quinze ans, comme lui, peut-être un peu plus.

A bien à regarder, il était très beau, mais habillé parfaitement n'importe comment. Une chemise verte sombre recouverte de plaques de cuir, un pantalon de cuir lacé et de hautes bottes, et, par-dessus le tout, un long manteau ajusté brodé… d'or ?

- Qu'est-ce que tu fais dans ma piaule ? demanda Tony, en essayant de conserver son calme.

Qu'un inconnu apparaisse subitement dans sa chambre, c'était une chose. Le plus gênant, dans l'esprit de Tony, c'était que celle-ci n'était pas du tout rangée.

Des quantités monstrueuses de feuilles noircies d'encre s'échouaient partout : sur le lit défait et la couette à l'effigie des Celtics de Boston, sur le bureau chargé de composants électroniques, sur le sol où gisaient des canettes vides et des emballages de chips. Des constructions mécaniques à moitié achevées semblaient avoir été semées çà et là, avec l'espoir naïf qu'elles poussent comme des mauvaises herbes et se multiplient.

- Piaule ? répéta l'inconnu avec mille précautions, comme s'il ignorait l'existence de ce mot. Je ne…

Son visage blêmit davantage, si c'était possible, et ses jambes l'abandonnèrent.

Tony se porta à sa rencontre et l'attrapa par l'épaule pour l'empêcher de s'évanouir.

- Et, ça va ? Tu ne viens pas mourir ici, hein ? J'ai déjà assez de galères comme ça !

Le nouveau venu semblait sur le point de perdre connaissance. Tony voulut l'attirer vers son lit pour l'obliger à s'asseoir, mais incroyable comme ce type pesait lourd. Il eut l'impression d'essayer de déraciner un sequoia millénaire.

- Comment tu t'appelles ? Tenta l'étudiant, alors que son invité mystère acceptait de s'asseoir sur le rebord du lit.

- Loki.

-Loki, répéta Tony, alors que l'autre se massait les tempes, et que ses lèvres avaient bleuies. C'est … Exotique.

Il avait l'air plutôt mal en point.

- Où sommes-nous ?

- Je te l'ai dit, dans ma chambre !

Loki eut l'air agacé, il chassa cette remarque d'un geste impérieux. Ses yeux caressèrent l'ensemble de la pièce. Les murs couverts d'affiches de hard rock, le bureau et l'ordinateur dernier cri qui y résidait, les cahiers remplis de formules mathématiques abandonnés…

- Mais dans quel monde ?

Tony cligna des yeux une fois.

Puis deux fois.

Puis il se dit que cette journée, qui avait pourtant mal commencé, prenait une tournure singulière.


- Alors attends, je résume. Tu vis dans un autre monde – qui a l'air bien barré vu ce que tu viens de me raconter, si je peux me permettre. Ton frère te courrait après, tu as eu peur, tu as fermé les yeux, et quand tu les as rouvert, tu étais debout dans ma chambre ?

- Je n'avais pas peur, se défendit Loki.

Il avait repris quelques couleurs et s'était relevé pour parcourir la chambre d'un pas royal. Tony le regarda, comme hypnotisé. Quel charisme ! Il sentit les picots de la jalousie le tirailler. Si lui-même pouvait être aussi imposant… Une pointe d'arrogance sur ses traits délicats, une démarche assurée et noble.

Quel dommage que ce fut sans doute un fou échappé de l'asile.

- Et toi, tu dis que nous sommes sur Midgard ?

- Je n'ai pas dit ça, corrigea Tony. J'ai dit que nous sommes sur Terre. Dans le Massachusetts pour être précis.

Il pointa du menton la housse de couette et les célèbres joueurs de l'équipe des Celtics représentés dessus.

-Incroyable, murmura l'étrange personnage.

Ses doigts caressaient la planche de bois qui constituait le bureau de Tony. Ils s'arrêtèrent sur un prototype de moteur en construction, jouant sur le métal et les engrenages. Ensuite, ils attrapèrent quelques feuilles volantes, et leur propriétaire lut les équations inscrites à la main dessus.

- Cela parle de la mécanique céleste, reconnut-il en fronçant les sourcils.

Tony ne put masquer sa surprise.

- On apprend l'astrophysique, sur ta planète ?

Loki soupira.

- Moi, oui. Les abrutis qui m'entourent préfèrent se battre. J'aime mieux lire.

Il y eut un étrange instant de flottement. Les deux jeunes hommes s'observèrent, sans vraiment savoir quoi dire.

- Tes domestiques ne s'occupent pas beaucoup de cet endroit, constata finalement Loki, apercevant une parie de chaussettes sales sous le radiateur.

- Des domestiques ? S'esclaffa l'intéressé. Tu rêves. On n'a pas de femme de ménage, à l'internat. On doit tout faire soi-même…

Un concert de voix ponctuées d'éclats de rire se fit entendre depuis le couloir, coupant court à cette conversation. Tony se redressa brusquement.

- Merde merde merde… Ils sont déjà là, je penserais qu'ils viendraient plus tard…

L'humain avait l'air affolé, soudain. Il s'était levé et tournait en rond, comme à la recherche d'une échappatoire. Il jeta même un coup d'œil rapide à travers la fenêtre, mais ils étaient au quatrième étage, et pour un humain, un saut de cette hauteur pouvait se révéler problématique.

- Tu as un souci? C'est la venue de ces visiteurs qui t'inquiète?

Les bruits de pas se rapprochaient. Bientôt, les éclats de voix s'arrêtèrent devant la porte de la chambre.

- Allez Stark, ouvre cette porte, on sait que tu es là !

Loki comprit immédiatement. La force de l'habitude. Il connaissait par cœur ce ton goguenard, sûr de soi. Le ton des brutes qui terrorisent ceux qu'ils considèrent comme plus faibles. Il s'était rapproché de l'étudiant et murmura :

- Tu as des ennuis ?

L'autre se contenta de hocher la tête, brusquement très pale.

- Allez, Tonychou… On ne te veut pas de mal, on vient juste prendre deux trois de tes cahiers de cours… Soit sympa, quoi, après tu t'étonnes de pas avoir d'amis ! Il faut partager dans la vie !

Un cliquètement métallique s'ajouta aux éclats de rire. Quelqu'un trifouillait la serrure, dans l'espoir de faire céder le loquet.

Tony ramassa subitement deux de ces cahiers, qu'il serra contre sa poitrine, le souffle court. Loki trouvait sa carrure bien frêle, mais le jeune homme semblait prêt à se battre pour défendre son bien.

- Tu veux que je nous sorte d'ici ? Chuchota-t-il rapidement, alors qu'un premier déclic s'était fait entendre, accompagné de cris de joie de l'autre côté de la porte.

A peine l'autre, stupéfait, ayant hoché la tête pour accepter, Loki ouvrait la fenêtre.

- Hein ? Mais attends, tu…

Le sorcier ne lui laissa pas le temps de finir sa phrase. Déjà, il l'attrapait sans aucun effort, glissant un bras sous ses jambes et l'autre dans son dos.

Puis, aussi naturellement que possible, il sauta.

Tony, ahuri, oublia comment respirer pendant quelques secondes. Rapidement, l'onde de choc de leur réception au sol se répercuta dans tous son corps, léchant sa colonne vertébrale. Secousse heureusement amoindrie par le corps de Loki, qui l'étreignait fermement, prison protectrice. L'Asgardien avait dû absorber la majeure partie de l'impact. Il n'avait pas l'air d'en souffrir le moins du monde, comme si sauter depuis le quatrième étage ne présentait pas plus de difficultés que cela.

Sans jouir du luxe de comprendre ce qui se passait, déjà, Loki le reposait au sol, et ils courraient tout deux. A la fenêtre, les brutes stupéfaites les insultaient, et Tony rit si fort pendant leur course effrénée qu'il en perdit son souffle.

Ils s'arrêtèrent au milieu du parc qui bordait la résidence, Tony se tenant les côtes.

Son rire était à la fois un rire nerveux, et le rire le plus franc qu'il ait émis depuis des mois. Peut-être des années.

- Qu'est-ce que tu viens de me faire, là ? Parvint-il à articuler entre deux gloussements.

- Je t'ai aidé à fuir un combat que tu aurais perdu, souligna Loki, qui se laissait gagner par la bonne humeur de son nouveau complice.

Lui-même esquissa l'ombre d'un sourire.

- Quoique, si tu me l'avais demandé, je les aurais envoyés facilement au tapis.

Tony rit de plus belle.

- Toi ? C'est vrai que tu es grand, mais pas bien plus épais que moi… A un contre quatre, j'ai du mal à croire que…

Probablement vexé de se voir ainsi sous-estimer, Loki se planta face à lui, et appuya un doigt sur la poitrine de l'humain.

Un doigt.

Et Tony fut projeté plus d'un mètre en arrière, une douleur incroyable au sternum.

- Aie ! Mais t'es…

Une fois de plus dans cet après-midi incroyable, ses yeux s'agrandirent. Il regarda son torse, puis Loki un mètre plus loin, puis de nouveau son torse. Puis les cahiers toujours serrés dans ses bras. Puis il se massa le sternum en espérant ne pas avoir un bleu supplémentaire.

- T'es tellement génial ! Tu m'apprendrais à faire ça?

Le sorcier sentit une émotion étrange l'envahir.

On n'avait pas posé sur lui un regard aussi admiratif depuis…

Il ne parvenait plus à s'en souvenir.

Ils reprirent leur souffle, et déambulèrent tranquillement entre les allées de chênes dégarnis. C'était l'automne, un automne humide et froid, au ciel gris et aux feuilles plus brunes que rouges. Il n'y avait personne dans le parc.

- Ils te voulaient du mal ?

Tony soupira. C'était long à expliquer. Et, de par sa nature solitaire, il n'en parlait jamais à personne.

Un père qui ne l'aimait pas, qui l'avait envoyé en pension à six ans pour être endurci, intégré au MIT un mois plus tôt alors qu'il n'avait que quinze ans… Benjamin de la promotion mais probablement l'élève le plus doué, le rejet et la jalousie des autres : c'était son pain quotidien.

- En quelque sorte.

Le brouillard s'assombrissait : il commençait à être tard. Tony voulait traîner encore un peu pour être sûr que ses congénères ne l'attendaient pas dans sa chambre. Loki, lui, paraissait anxieux.

- Je devrais rentrer. Je ne suis pas sûr de savoir comment faire…C'était la première fois que je me téléportais. Oh, j'avais essayé avant, mais, sans succès.

- Il faudra m'expliquer pourquoi, parmi tous les endroits de l'univers, tu as atterri dans ma chambre ! Plaisanta Tony.

Loki le couva d'un regard grave et sérieux, qui mit l'adolescent étrangement mal à l'aise. Il sautillait sur place, les joues rouges. L'Asgardien avait une prestance naturelle incroyable. Des yeux inquiétants aussi, pleins d'une maturité un peu sombre. Heureusement que l'endroit était désert, sinon, ils auraient attiré l'attention, avec ce gamin habillé de manière aussi étrange.

- C'est une bonne question. J'y réfléchirais. Allez, il faut que j'y aille.

- Attends, l'interrompit Tony alors que le sorcier fermait les yeux pour se concentrer. Tu…

Il ne savait comment formuler sa requête. Aujourd'hui, pour la première fois depuis la rentrée scolaire, quelqu'un lui avait adressé la parole. Quelqu'un qui n'était pas un professeur payé pour le faire. Quelqu'un qui avait son âge, et qui ne lui avait pas parlé pour l'insulter. Et puis, cette histoire d'autre monde, les incroyables facultés de l'étranger, tout ça était si… Excitant ! Tant de possibilités ! Il voulait en savoir plus. Il voulait le revoir.

- Tu reviendras me voir ?

Il s'était efforcé de parler d'un ton détaché, comme si la réponse lui importait peu.

Loki étudia la question.

-Cela me plairait, oui. Mais je ne suis pas sûr d'y parvenir.

Pris d'une soudaine inspiration, Tony se redressa.

- J'ai une idée ! Tu crois qu'ils sont déjà partis ? Si c'est le cas, j'ai peut-être quelque chose qui pourrait t'aider…

Les deux adolescents regagnèrent en courant l'immeuble vieillissant ou logeait Tony, à trois rues du célèbre Massachusetts Institute of Technology ou il suivait ses cours depuis un mois.

Ses camarades de classe, lassés d'attendre, avait fui la chambre, la laissant encore plus sens dessus dessous qu'auparavant. Tony chassa la question sous-jacente.

- Ce n'est rien, je t'assure. Ils voulaient ce qu'il y a dans ces cahiers. C'est mes recherches. Le reste… Ce n'est pas important. Vraiment. Tiens, voilà !

Tony avait escaladé son bureau pour atteindre une étagère pleine à craquer d'un capharnaüm sans nom. Entre deux livres, un rubik's cube, une reproduction d'un vaisseau en lego et des granulés pour hamster, il attrapa un appareil que Loki ne connaissait pas.

- C'est un polaroid, expliqua Tony en exhibant fièrement l'objet. C'est très old school, mais j'aime beaucoup le rendu des photos…

-Photos ? Polaroïd ? releva Loki, et Tony se dit qu'il avait décidément beaucoup de choses à lui apprendre.

Le futur ingénieur déposa l'appareil sur le bureau et attrapa Loki par le bras pour l'amener un peu plus loin.

- C'est un Polaroid Z2300. Il a un retardateur intégré.

-Qu'est-ce que… commença loki, qui n'avait strictement rien compris aux dernières phrases de cette conversation.

- Souris! Le tança Tony en passant son bras au-dessus de l'épaule de l'Asgardien.

Un déclic se fit entendre. Le jeune homme bondit vers le bureau et contempla avec avidité la photographie qui s'imprimait sous leurs yeux. Il secoua avec douceur le papier pour faire sécher les couleurs, et présenta fièrement le résultat à Loki.

Celui-ci en perdit sa mâchoire, et, l'espace d'un instant, Tony le trouva bien plus humain et bien moins imposant.

- Quelle sorcellerie est-ce là ?

- Pour un mec qui peut se téléporter, t'es bien intrigué par une simple photo… Cadeau ! Peut-être qu'avec ça, ce sera plus facile pour toi de me retrouver. Un souvenir, un objet de la Terre… Ca vaux le coup d'essayer, tu ne penses pas ?

Les yeux de Loki restaient captivés par la photographie. Elle était si belle, si réelle… Elle avait capturé l'âme de cet instant, et reproduisait si précisément la réalité qu'il en avait des papillons dans l'estomac. Sur le papier devant lui, Tony exhibait toutes ses dents dans un magnifique sourire, alors que lui-même, à moitié confus, était plutôt dans le registre de la grimace. Ce procédé était le plus fascinant qu'il n'ait jamais observé. Et quelle rapidité ! Quelle exactitude dans la reproduction, qui ferait rougir les meilleurs sculpteurs d'Asgard de honte !

- C'est un merveilleux présent, souffla-t-il. Je ne peux accepter… Hmm, attends. J'ai une idée.

Déposant minutieusement la photographie sur le rebord du lit, il écarta les pans de son manteau pour faire apparaître une ceinture que Tony n'avait pas vu jusque-là.

L'étudiant eut un léger mouvement de recul en voyant le sorcier porter une main à un poignard sanglé à sa gauche.

- Ohla !

La lame émit un chuintement agréable en sortant du fourreau. Loki la présenta, bien à plat, à son nouvel ami.

- Voila. Un échange. Comme ça nous sommes quittes.

L'arme était saisissante. D'un acier aux reflets bleus changeant, elle semblait dotée d'une vie propre. Sur la garde, des pierres précieuses étaient piquetées pour former el corps délicat d'un serpent louvoyant.

Tony secoua les mains et la tête.

- Ah ! Mais t'es fou ? Ce truc doit valoir une blinde…

Loki le lui fourra dans les mains, l'obligeant à sceller ses doigts autour de la garde. Il referma son manteau, attrapa la photographie en le couvant d'un regard à la fois méfiant et captivé, puis il inclina la tête.

- Tony Stark. Ce fut un plaisir.

Et, sans un mot de plus, il disparut comme il était apparu.


Tony, dans son vieux pantalon de survêtement abimé, avait entrepris de ranger sa chambre. Un peu. En fait, il espérait qu'occuper ses doigts calmerait la tempête qui agitait son cerveau.

Oh, il y avait toujours une tempête qui agitait le cerveau de Tony. Depuis sa naissance ou presque. Depuis qu'il avait su lire à deux ans, et résolu sa première équation différentielle à cinq. Quand il ne réfléchissait pas à son prochain projet, à sa prochaine construction, il théorisait des concepts d'ingénierie qui auraient fait frémir de jalousie la plupart de ses professeurs.

Alors qu'il pliait sommairement le linge qui traînait aux pieds du lit, il marqua une pause, songeur. Ses yeux tombèrent sur le poignard, qu'il avait soigneusement déposé sur sa table de nuit.

Tout cela était trop fou pour être vrai. Trop de nouvelles portes s'ouvraient brutalement. Des possibilités à n'en plus finir, des univers complets qui échappaient à la connaissance humaine.

Mais, pour Tony Stark, adolescent de quinze ans ayant toujours vécu dans la solitude la plus profonde, dans le rejet de ses semblables en commençant par le plus cruel de tous, celui de son père, toutes ses possibilités n'étaient rien.

Rien, comparées à l'opportunité d'une amitié.


Et voilà pour ce premier chapitre mes lapins ! J'espère que le concept vous plaît. Je suis assez anxieuse à ce sujet, j'ai hâte d'avoir votre avis. Pour ceux qui ne me suivent pas sur fictionpress, ça fait un bout de temps que je n'avais pas publié ici ! J'espère que vous allez bien, et vous m'avez fort manqué ! Je vous embrasse. Au plaisir de vous croiser,

Laukaz