Disclaimer : rien ne m'appartiens, hélas.
Fanfiction aussi canon que possible qui suit l'équipe que nous adorons tous. Prend place courant saison 7 peu après le retour d'Emily.
Tout public, pas de violence.
environ 25000mots, soit 16 chapitres dont la plupart sont déjà écrits.
La Vengeance est une justice sauvage.
Francis Bacon.
Le masque blanc et lisse ne laissait entrevoir que de petits yeux brillants. Toute mèche de cheveux cachée par une perruque, le corps totalement dissimulé derrière une ample robe noire, le Juge s'avança dans la pièce. D'une main, il tenait un Code Pénal. De l'autre, une feuille de papier et un stylo. Il fit une pose à proximité de la vitre sans tain, inclina la tête vers l'homme assis à deux mètres de là puis fixa tour à tour avocat et suspect.
Subitement, le suspect serra ses poings tremblants. Menotté à la large table, la lèvre ensanglantée, l'oeil droit enflé et quelques gouttes de sang coulant encore d'une longue estafilade le long du cuir chevelu, il attendait anxieusement la suite des évènements. L'Avocat, assis sur une chaise à ses côtés, le visage caché derrière un masque gris, les mains gantées de noir, s'était montré assez redoutable pour qu'il craigne l'arrivée du Juge.
La porte se referma, le Juge s'assit en face de lui et tous les espoirs du suspect s'évanouirent. Il déglutit puis grimaça. Dans le reflet de la vitre, il pouvait discerner la trace violette des cinq doigts qui avaient enserrés son cou quelques heures plus tôt. Sa gorge en feu, déglutir devenait un supplice. Sans parler de ses bras tordus, des hématomes qui couvraient son buste et des poignées de cheveux en moins !
"David Oxenbrigg, vous êtes suspecté d'avoir causé la mort de Ruth Witton, seize ans, avec la complicité de Denis Brosby, le 6 janvier 1999. Plaidez-vous coupable ?"
Le suspect hocha lentement la tête, sans pouvoir empêcher un frisson de courir le long de son échine. Il n'osait pas lever la tête et regarder le Juge. Pourtant, celui ci reprit, de sa voix calme, grave, presque rassurante et pourtant impitoyable :
"Plaidez-vous coupable ?
— Je plaide coupable, souffla faiblement Oxenbrigg avant d'ajouter précipitamment, je n'avais pas le choix ! Les preuves..."
Aussitôt, il comprit que son sort était scellé, peu important ses dénégations. Le Juge lui tendit une feuille blanche et Oxenbrigg avoua tout ce qui s'était passé cette funeste semaine. Elle était restée gravée dans sa mémoire. Après cette histoire, il avait pris un verre pour se remonter le moral, puis un autre, puis encore un autre. Il ne s'était arrêté que quand sa femme était partie avec les enfants. Là, il s'était repris en main, était redevenu le brillant juge qu'il avait été.
Nerveusement, osant pour la première fois lever les yeux vers ses bourreaux, Oxenbrigg frissonna à nouveau. Il avait essayé de raisonner l'Avocat et le Juge. Le premier lui avait conseillé de plaider coupable, le second avait juste attendu.
Une mascarade. C'était une mascarade. Oxenbrigg baissa les yeux sur la feuille de papier couverte de sa fine écriture presque illisible. Il n'avait jamais bien écrit. De toute évidence, la terreur qu'il ressentait et les os broyés de ses mains n'arrangeaient pas les choses. Il relut une dernière fois les mots qu'il avait inscrit. Il n'avait rien omis. Toute cette maudite semaine de procès y était. Tous les cauchemars qu'il avait eu les années suivantes, tous les remords qu'il avait éprouvé...Si seulement il avait su ! Si seulement il avait pu revenir en arrière !
Denis Brosby, Ruth Witton, lui.
Lui, la petite Ruth, Brosby. Le procès. Ruth.
Un instant, il caressa l'idée de déchirer la feuille. Puis, lentement, comme à regret, Oxenbrigg fit glisser la feuille de papier le long de la table.
Le suspect avait avoué, que la peine soit prononcée !
.
Emily Prentiss se dirigea vers la machine à café. Depuis son retour, elle avait un peu de mal à retrouver sa place. Si Hotch et JJ agissaient toujours de la même manière avec elle, le reste de l'équipe restait un peu gênée en sa présence.
Ou alors était-ce elle le problème ? Elle avait tant envie de retrouver l'équipe d'avant Ian Doyle ! Son ardent souhait ne pouvait pourtant pas masquer la réalité : l'affaire Doyle l'avait changée. Marquée. D'un geste faussement désinvolte, elle effleura sa chemise, là où se trouvait le tatouage qu'elle s'était faite en Europe, recouvrant la brûlure au fer rouge que son vieil ennemi lui avait infligée.
JJ était déjà en train de se servir un café. Avec un sourire amical, elle sortit une autre tasse et toutes deux restèrent silencieuses, songeant à la soirée de la veille chez Rossi. Longtemps, Emily s'était demandée si Reid viendrait. Et il était venu. Réservé -plus qu'à l'ordinaire- et touchant à peine aux plats, mais venu. A la fin de la soirée, elle avait même vu un sourire égayer son visage. Ils avaient échangé quelques banalités, comme si une conversation proprement inintéressante allait combler quelques semaines de mensonges et de douleur.
Elle se sentait toujours coupable. Coupable envers Hotch et JJ de leur avoir imposé un tel mensonge. Coupable envers Reid, Morgan et Garcia pour en avoir été la complice.
"Emily ?"
La voix de Morgan la tira en sursaut de ses pensées moroses. Il lui offrit un faible sourire navré avant de se servir un gobelet de café. Il était un peu plus de dix heures du matin et après deux heures de paperasse intensive, il avait besoin d'une pause.
"Tu es sûre que ça va ?"
Elle acquiesça, la gorge nouée. Ne pas voir son équipe l'avait fait souffrir. La retrouver la faisait souffrir. Quelque chose n'allait pas. Ce n'était plus comme avant. Qu'ils aient changé ou qu'elle ait changé, au fond, ça n'avait pas d'importance. Quelque chose était différent. Il fallait qu'elle trouve quoi.
Morgan ouvrit la bouche puis la referma vivement quand il aperçut Hotch quitter son bureau. D'un geste, l'homme leur fit signe de se diriger vers la salle de réunion. Ils avaient un nouveau cas.
Lorsqu'ils s'installèrent à la table ovale, Reid était déjà là, fourmillant parmi les notes, jonglant avec les photos, imprimant chaque mot dans son esprit vif à une vitesse hallucinante.. Il leva à peine le nez à l'arrivée de ses collègues. Il ne manquait plus que Garcia qui les rejoignit sans tarder.
"Tout le monde est là ? Bien, alors trois corps ont été découverts lors de travaux dans une vieille maison de Minneapolis, Minnesota. Le plus ancien remonte à huit mois, le plus récent à deux.
— Tous les corps montrent des signes de torture : fractures, contusions, brûlures, poursuivit Hotch tandis que Garcia se tournait pour ne pas voir les photos défiler sur l'écran géant. Mais également des traces de ligatures aux poignets. Ils ont tous été tués par balle, en plein cœur.
— Les victimes avaient disparu depuis moins d'une semaine avant leur décès ", ajouta Garcia.
Sur l'écran, les images défilaient, au grand dam de l'analyste qui s'en serait bien passée. Chaque cadavre était étendu sur le dos, vêtu d'un costume sombre, les bras croisés sur la poitrine, les doigts serrant une balance.
"La balance est traditionnellement le signe de la justice, considéra Reid.
— C'est la théorie des policiers alors ils ont étudié les dossiers des victimes, approuva Garcia. Ils pensaient tomber sur des criminels tués par un justicier mais…"
Elle s'interrompit quelques secondes avant de détailler la situation personnelle et professionnelle des victimes :
"La dernière victime, David Oxenbrigg, cinquante-huit ans, était juge dans un tribunal du Minnesota. Les deux autres, Max Sherman et Piper Baxter étaient procureurs dans une cour de l'Iowa.
— Les procureurs travaillaient ensembles ? intervint Rossi en décochant un regard intrigué à Hotch. Ou les trois ont travaillé sur une même affaire ?
— Sherman et Baxter étaient dans la même université de droit, mais pas la même année, répondit Garcia. Sherman travaillait déjà lorsque Baxter est entrée en première année. Pour le reste, hormis l'État, rien ne les rapproche. Pas le même tribunal, pas la même ville, pas les mêmes affaires.
— Les procureurs se réunissent parfois pour partager leurs expériences, révéla Hotch, surtout les plus jeunes. Néanmoins, les juges ne sont pas conviés. Et ce n'est pas tout..."
Garcia poursuivit le défilement des diapositives. Huit visages s'affichèrent sur l'écran. Toutes présentaient une personne d'âge moyen ou mûr, avec le visage figé des photographies officielles.
"Six juges et deux avocats ont disparu dans des circonstances suspectes ces cinq dernières années, poursuivit Garcia. Si on étend à toutes les disparitions de personnes liées aux procès..."
Dix-neuf visages s'ajoutèrent aux huit précédents. Morgan écarquilla les yeux devant l'ampleur des disparitions. Bien qu'ils n'aient pour l'instant aucune preuve, d'aussi nombreuses disparitions auprès de professions aussi ciblées ne pouvaient être une simple coïncidence.
"Les disparitions ont lieu dans plusieurs États, remarqua JJ. Est-ce qu'une personne seule pourrait faire tout ça ?
— Plutôt un groupe, jugea Morgan. Ou alors une personne seule et sans emploi. D'autant que certaines disparitions sont géographiquement éloignées mais temporellement rapprochées.
— Nous n'avons pas assez d'indices, regretta Prentiss. Il faut se concentrer sur ce dont on est certains : les trois morts du Minnesota. Ensuite, quand on aura établi une victimologie, on pourra étudier les autres cas. Pour le moment il ne s'agit que de conjonctures.
— Si nous incluons des victimes dans notre enquête sans être certain qu'elles sont reliées à nos tueurs, nous pourrions donner un mauvais profil, approuva Hotch. Il faut savoir si ce ne sont que des disparitions fortuites sans lien avec notre affaire ou si il y a bien une victimologie."
Hotch acquiesça gravement et libéra les agents de la réunion. Le trajet en jet jusqu'au Minnesota ne devait leur prendre que quelques heures. Autant partir le plus rapidement.