Bonne lecture !
Le reste de la nuit s'écoula sans qu'Adèle ne montre le moindre signe de réveil. Quelque peu inquiet, Thomas était sorti de la chambre le temps que le médecin l'examinait. Une vingtaine de minute plus tard, celui ci sorti et fit son compte rendu. Apparemment, il n'y avait pas d'inquiétude à avoir, tout semblait correct, elle avait seulement besoin de beaucoup de repos.
Rassuré par ses nouvelles, Rocher alla se rassoir auprès de sa protégée. Il était épuisée, les dernières heures avaient été éprouvantes. Il luttait pour ne pas s'endormir mais après quelques minutes, le sommeil finit par avoir raison de lui.
Le soleil était haut dans le ciel quand Adèle émergea. Elle fut un instant désorientée avant de se souvenir que l'équipe l'avait retrouvé. Il l'avait sauvé.
Elle essaya d'ouvrir les yeux mais la luminosité l'obligea à les refermer. Malgré tout, elle se sentait en sécurité désormais. L'odeur qui régnait dans la pièce lui indiqua qu'elle se trouvait à l'hôpital. Ses blessures étaient beaucoup moins douloureuses.
Ainsi elle avait survécu...
Tout à coup, la réalité la rattrapa, des images de ces derniers jours s'imposèrent dans son esprit, toutes plus affreuses les unes que les autres... Elle n'avait pas craqué, tenant bon jusqu'au bout mais maintenant que tout était fini, elle n'arrivait plus à gérer. Elle avait besoin de relâcher la pression.
Sa respiration s'accélérait, elle avait de plus en plus de mal à respirer. Les moniteurs s'emballèrent ce qui réveilla instantanément Rocher. Elle ouvrit les yeux, son regard se posait partout autour d'elle. C'est là qu'elle le vit. Il était là.
Rocher ne s'attendait pas à ce réveil si brutal d'Adèle. Elle semblait paniquer, au bord de la rupture émotionnelle. Tentant de la rassurer, il lui prit la main et lui posa son autre sur la joue.
"Adèle, regardez moi, tout va bien, je suis là"
Cette simple phrase anéantie le peu de retenue qu'elle avait. Elle craqua.
Thomas ne savait pas comment agir, il mourrait d'envie de la prendre dans ses bras mais il avait peur de lui faire mal. La voir comme ça, ça lui brisait le cœur. Elle ne méritait pas tout ce qui lui était arrivé, ayant déjà tant souffert par le passé.
Il exerçait de délicates caresses le long de sa joue pour la rassurer, mais face à sa détresse, il approcha sa tête et colla sa joue contre la sienne pour lui monter sa présence. Elle blottit sa tête dans sa nuque et passa un bras autour de lui. Ils restèrent ainsi pendant de longues minutes.
Finalement, les larmes d'Adèle se tarirent. Trouvant du réconfort dans cette douce étreinte, aucun ne rompu le contact.
Thomas se détacha quelque peu et la regarda droit dans les yeux. Ceux ci étaient encore quelque peu rougis mais elle semblait apaisé.
"Vous m'avez fait peur. J'ai cru vous avoir perdu...Ne me refaite plus un coup comme ça" déclara Rocher en remettant délicatement une mèche derrière son oreille.
Elle ne pu s'empêcher de remarquer sa douceur, ses mots et l'émotion qui régnait dans ses yeux. Il portait ce regard, celui qu'il avait eu en Anjou après la prise d'otage, à l'hôpital, à la prison. Ce regard tendre, affectueux mais aussi inquiet qui lui réchauffait tant le cœur. Cette fois ci, elle y voyait plus, de la culpabilité.
Elle essaya de parler mais sa gorge était trop sèche. Thomas comprit de suite et lui donna un verre d'eau. Elle bu quelques gorgées avant de prendre la parole.
"Thomas, vous n'êtes pas responsable de ce qui est arrivé, je sais que vous pensez le contraire, je le vois, mais je ne vous en veux pas... Je n'ai jamais cessé d'avoir confiance en vous, et j'ai eu raison de le faire. Vous m'avez retrouvé..." fit-elle sincèrement
Thomas détourna les yeux. Il ne s'attendait pas à ce qu'elle lui dise tout cela. Pour elle, il n'y avait rien à pardonner alors que pour lui, c'était tout le contraire.
"J'ai failli sur toute la ligne !" s'exclama-t-il en colère contre lui même
Il replongea son regard dans le sien
"Je suis sincèrement désolé, j'ai ma part de responsabilité dans tout ça, rien que pour Aurélie..."
"Vous n'êtes pas responsable des actes de votre belle sœur" coupa-t-elle
"Si je le suis, et vous le savez. J'ai enchaîné les conneries, et c'est vous qui en faites les frais. Baransky, tout n'était pas clair, j'aurais du creuser et pourtant je n'ai rien fait."
"Tout n'est pas toujours de votre faute, Thomas. Ni vous ni moi n'aurions pu prévoir ce qui allait se passer. Je sais qu'au fond de vous, vous en êtes conscient."
Ses mots étaient justes, comme toujours. Il voulait vraiment y croire mais quand il la revoyait dans cette maudite cave, il ne pouvait s'empêcher de se sentir coupable. Il décida d'être honnête, il voulait qu'elle comprenne. Prenant son courage, il planta son regard dans le sien.
"Je tiens à toi...et je me sens coupable de ne pas avoir su te protéger. J'ai besoin de toi, te perdre aurait été... Tu es en sécurité désormais, je te le promets."
La sincérité de ses paroles la toucha profondément, c'était rare qu'il se confiait ainsi. Elle le vit baissé la tête, elle ne savait quoi répondre. Quand les mots manques, les gestes parlent.
Il fut surpris lorsqu'il sentit une petite main se lover au creux de la sienne. Il releva la tête et leurs regards s'accrochèrent. Quelque chose de fort passa entre eux. Instinctivement, Thomas se pencha vers elle et déposa un doux baiser sur son front avant de poser sa tête contre la sienne. Ils restèrent juste comme cela, profitant simplement d'être l'un avec l'autre.
Finalement, Thomas se détacha d'Adèle et lui souri.
"Comment va l'équipe ? Et Ulysse il va bien ?" demanda-t-elle
"Ils vont bien, un peu secoués. Ulysse va très bien aussi, vous inquiétez pas, il est avec Jessica"
"D'accord, c'est bien" fit elle tout à coup pensive
Après quelques minutes à l'observer, Thomas finit par lui demander ce qui la travaillait.
Argos fut sa simple réponse. Il n'insista pas, elle lui parlera quand elle sera prête.
"Je vais aller prévenir les autres que vous êtes réveillés" fit il en prenant son portable.
Elle acquiesça et lui souri légèrement avant qu'il ne sorte de la chambre.
Maintenant seule, ses pensées se déchaînaient. Tout s'était enchaîné si vite depuis qu'elle avait retrouvé sa sœur et Ulysse. Pensant que le cauchemar de son passé était fini, elle avait baissé sa garde. Lorsqu'elle découvrit que sa sœur était encore sous le contrôle d'Argos et que tout n'avait été que manipulation, elle fut trahie et anéantie. Ainsi, elle n'avait pas retrouvé sa sœur. Pas encore. N'abandonnant pas, elle faisait tout son possible pour la ramener mais rien y faisait, il n'y avait qu'Argos à ses yeux. Et il n'y eu plus que lui.
Aujourd'hui, Camille était partie. Argos aussi. Il n'y avait plus qu'elle et Ulysse.
Avec la mort d'Argos, elle se sentait libérer du poids de son passé. Elle sentait qu'elle allait enfin pouvoir avancer, se reconstruire, faire ses propres choix. Il n'étais plus là pour diriger sa vie, dicter sa conduite... Délivrée de son emprise, elle était libre comme elle ne l'avait jamais été auparavant.
Ce sentiment nouveau la déstabilisait et l'angoissait, elle ne savait par où commencer cette nouvelle vie. Tout était sur le point de changé mais elle fut sure d'une chose, c'est qu'elle n'était plus seule. Elle avait Ulysse, sa famille et elle avait Thomas. Peu importe ce que l'avenir lui réservait, elle pouvait y faire face. Enfin, elle allait vivre.
Alors? Verdict ?