Hello tout le monde !
Bienvenue dans la troisième et dernière partie de cette fanfiction !
Merci à tous ceux qui ont lu, qui ont aimé, qui ont reviewé, favorité, followé :) Je suis heureuse que ça vous plaise ! J'espère que ce chapitre final vous plaira à toutes et à tous !
Bonne lecture ! :)
Partie III
La lettre
Liam était nerveux. Il ne savait pas vraiment ce qu'il devait dire, ou ce qu'il devait faire.
Depuis qu'il avait découvert la veille les nouveaux objets dans la boîte de Theo, il savait qu'il devait trouver un moyen. La veille au soir, c'était un peu tard, mais ce jour-là, c'était samedi. Il n'avait pas cours, et Theo serait en ville. C'était le timing idéal pour aller le voir et lui dire… Bon, Liam n'avait aucune idée de ce qu'il allait dire exactement, mais il avait une idée assez claire de son but final.
Est-ce qu'il devait demander un rendez-vous à Theo ? Ou peut-être serait-ce mieux de lui dire en face : « Theo, je t'apprécie, et voilà, je pense que je suis un peu amoureux de toi, ou peut-être plus qu'un peu » ? A moins qu'il ne lui raconte toute l'histoire, depuis la découverte de la boîte jusqu'à ce moment où Liam avait réalisé qu'il avait des sentiments pour lui en retour au point d'en être obsédé par cette boîte, et jusqu'au moment où il avait été certain que Theo l'appréciait également ? Ou alors, peut-être une option encore meilleure : aller voir Theo, ne rien dire, et simplement l'embrasser comme Liam en avait eu envie durant toutes ces dernières semaines ?
Liam se sentait nerveux, indéniablement, même s'il n'y avait aucune raison que Theo le rejette. Aucune. Theo avait des sentiments pour lui, pas vrai ? Cette boîte en était la preuve ultime. Et d'ailleurs, c'était grâce à cette boîte que Liam avait découvert qu'il avait également des sentiments pour Theo. Bon, il ne savait pas très bien si ça avait seulement poussé ses sentiments à se dévoiler, ou si ça avait simplement attiré son attention sur Theo jusqu'à ce qu'il tombe amoureux de lui, peut-être un peu des deux, finalement ? mais ce n'était pas important, car Liam savait que ça ne pouvait que bien se passer.
Il en fut convaincu jusqu'à ce qu'il remonte dans sa chambre après le déjeuner. Il était résolu à mettre une tenue qui le mettrait en valeur, et à aller voir Theo pour ouvrir son cœur et obtenir enfin ce qu'ils voulaient tous les deux.
Mais sur son lit, il y avait la boîte en carton bleue avec les initiales LD inscrites au marqueur sur le couvercle. Et lorsque Liam l'ouvrit, tous les objets étaient là.
Y compris la veste.
Maintenant que ce n'était plus le destin qui lui jouait des tours, c'étaient les farfadets.
Theo demeura stupéfait lorsqu'il retrouva sa boîte secrète sur le siège conducteur de sa voiture.
Elle était revenue. Il l'avait déposée la veille dans la chambre de Liam, et elle était de retour.
Comment diable était-ce possible ?
Frustré et ahuri, Theo se laissa tomber sur la banquette arrière. Pourquoi est-ce que le monde entier l'empêchait toujours d'accomplir une bonne action ? Il avait rendu à Liam ses affaires, et ses affaires étaient de retour. A croire que ce cercle vicieux de tentations et de sentiments sans retour ne s'arrêterait jamais, et qu'on l'empêchait même d'y mettre un terme.
Parce que ça ne pouvaient être que les farfadets. Qui d'autre aurait pu intercepter cette boîte et la lui restituer ? Une action banale qui suscitait des nuits entières de tortures, de tentations et de culpabilité. Les farfadets étaient doués pour ça. Généralement, ils se contentaient de blagues mortelles et de farces qui généraient des dégâts colossaux, voire des pertes humaines, mais parfois, il arrivait qu'ils soient plus sadiques lorsqu'ils en avaient l'occasion. A l'évidence, ils avaient songé que Theo serait une bonne victime.
Il avait pourtant vraiment voulu faire une bonne action. Il voulait vraiment mettre un terme à cette obsession dangereuse, et le meilleur moyen, c'était sûrement celui-ci. Il avait été incapable de s'arrêter tout seul, puisqu'il avait repris ses mauvaises habitudes, il avait été incapable de se réfréner, ou d'éviter Liam, ou de mettre ses sentiments de côté. Le mieux était encore de se débarrasser de toutes ces affaires, et de faire en sorte qu'il ne puisse pas les récupérer. De les rendre à Liam, en fait – c'était encore mieux. Avec un peu de chance, Liam ne saurait jamais que Theo les lui avait volées, ou peut-être croirait-il à un mauvais coup des farfadets ? (Pratiques, les farfadets.) Et au pire… une tempête s'abattrait sur Theo, et n'était-ce pas ce qu'il méritait ?
Il avait su qu'il devait le faire lorsque Scott l'avait regardé, perplexe. Ils étaient dans l'autobus, en route pour aller collecter des informations auprès de Deaton. Scott l'avait dévisagé d'une façon très bizarre. Puis il avait dit :
− Mais… Ce ne serait pas la veste de Liam ?
Et merde.
Theo avait rarement autant béni ses années d'entraînement pour maîtriser son rythme cardiaque. Il avait pu improviser un mensonge avec aisance :
− Oh, oui. Liam allait s'en débarrasser, mais j'avais besoin de vêtements, alors il me l'a donnée.
Ce n'était pas totalement faux, après tout. Liam lui avait bel et bien de la garder. Il n'avait jamais parlé de ça à personne non plus. C'était une explication logique, et Scott parut s'en contenter.
Mais Theo savait que c'était allé trop loin. Il était à deux doigts d'être démasqué pour de bon, et de toute façon, les choses étaient allées trop loin.
Mais la boîte était revenue moins de vingt-quatre heures après que Theo l'ait déposée dans la chambre de Liam. De retour à son propriétaire illégitime.
Quelle ironie.
Comme si Theo avait besoin de ça, franchement.
De nouveau, il ressentait cette brûlure dans les doigts, mais il savait que s'il le faisait, ce serait reparti, une fois de plus. Et il ne pourrait pas l'arrêter. Il avait essayé une fois, deux fois, trois fois, et était immanquablement retombé dans ses travers. Il n'avait jamais vraiment arrêté. Il ferait mieux de brûler cette boîte. De quitter Beacon Hills, peut-être, aussi ? Ou d'aller tout avouer à Liam, histoire de n'avoir plus aucune raison de revenir, jamais.
Il se maudit intérieurement alors qu'il soulevait le couvercle.
Tout était là, comme d'habitude, sauf qu'une feuille de papier pliée était posée au-dessus des affaires volées. Theo la déplia lentement, comme on accueille une sentence de mort. L'écriture était celle de Liam.
Theo,
Tu n'as pas besoin d'essayer de tirer un trait là-dessus. Tu n'as pas besoin non plus de collectionner tout ça. Tu peux m'avoir tout entier, si tu veux.
Je t'attends, d'accord ?
Liam
De rage, Theo déchira le papier en morceaux aussi petits qu'il était humainement possible. Ces farfadets étaient vraiment cruels. Quel besoin de lui infliger ça ?
C'était peut-être l'écriture de Liam, les mots de Liam, l'odeur de Liam sur le papier, mais c'était impossible que ça soit vraiment lui. Impossible. Car Liam ne l'appréciait pas. Pas de la façon dont Theo aurait aimé, du moins. Tout comme il était impossible que Liam réagisse si bien en sachant ce que Theo était, ce qu'il avait fait – et Theo ne pensait pas uniquement à cette maudite boîte, mais à lui-même en général.
C'était impossible. Ça ne pouvait qu'être une mauvaise blague.
Theo n'était pas venu.
Theo n'était pas venu, songea Liam, mais en plus, il ne lui avait pas fait le moindre signe. Pas un texto. Pas un coup d'œil. Pas une parole. Rien qui montre qu'il ait ne serait-ce que lu le mot que lui avait écrit Liam. Rien.
Pire, Theo l'évitait. C'était le plus atroce dans l'histoire. Pourquoi est-ce que Theo l'évitait ? Est-ce que ça signifiait que finalement, eh bien, Liam s'était trompé et qu'il ne ressentait rien pour lui ? Mais dans ce cas, pourquoi collectionner ses affaires à la base ? Pourquoi conserver les vestiges de leurs meilleurs moments ensemble, comme des souvenirs à chérir ? Quel était le sens ?
Mais dans ce cas, pourquoi Theo faisait-il comme si Liam n'existait plus ? Il devait bien y avoir une raison ! Etait-il effrayé ? Pensait-il que ce n'était qu'une farce ? Ou y avait-il encore quelque chose qu'il ignorait ? S'était-il passé quelque chose alors qu'il vadrouillait avec Scott ?
Une semaine s'était écoulée, et pas un signe, pas un indice qui laissait penser que… quoi que ce soit. Theo répondait de façon sèche et concise aux textos de Liam, avait décliné toutes ses invitations, et prenait soin de mettre une distance tout à fait tue-l'amour entre eux aux réunions de meute. Liam n'était pas pessimiste, mais là, il avait la sensation que tout était fichu, et il ne savait même pas pourquoi.
Après tout, ce n'était même pas comme si Theo avait l'air heureux. Au contraire. Il semblait encore plus abattu et désemparé qu'à l'ordinaire. En fait, il semblait plutôt malheureux, en plus d'être renfermé et déprimé.
Liam avait posé la question à la meute toute entière, mais de toute évidence, il était le seul à avoir remarqué quoi que ce soit. Ça aussi, c'était désespérant.
− Theo ? Il a l'air d'aller très bien ! avait répondu Scott, étonné. Il est tout à fait normal, Liam.
− Ne me dis pas qu'il a recommencé à tuer des gens en cachette, avait rétorqué sèchement Malia.
− Ah bon ? avait lâché Stiles. Remarque, c'est possible. Je n'ai pas vraiment vu Theo ces temps-ci, et je dois t'avouer que lors des réunions, je suis un peu occupé. (Ce qui, à la décharge de Stiles, était totalement vrai.) Mais c'est vrai qu'il avait l'air un peu ailleurs, ces temps-ci. Tu devrais peut-être lui parler ?
− Il a l'air normal, avait dit Corey avec hésitation. Je veux dire, il a toujours l'air un peu triste, non ?
− Moi, je trouve qu'il est comme d'habitude, hyper neutre et pas expressif, sauf pour ironiser et critiquer, avait répondu Mason, pensif. Mais j'ai toujours pensé que ça devait être une sorte de couverture… Tu le connais mieux que moi, si tu dis qu'il va mal, il va sûrement mal. Fais-moi signe si je peux aider, OK ?
La seule à être catégorique avait été Lydia :
− Définitivement, avait-elle tranché. D'ailleurs, il t'évite, c'est évident. A mon avis, il se languit de toi.
− Tu crois ? avait demandé Liam avec espoir.
− Oui, avait rétorqué la Banshee. Si ça te tracasse tant que ça, règle le problème. Après tout, ce n'est pas comme si tu allais le repousser, non ?
Parfois, Liam ne savait pas si Lydia était un génie, ou si ses dons de Banshee lui avaient conféré une sorte de sixième sens imbattable qui fonctionnait même comme un radar de relations amoureuses.
Il y pensait jour et nuit. Au-delà du fait qu'il était malheureux que Theo semble avoir abandonné tout désir à son encontre, il se sentait vide. Theo lui manquait, et c'était douloureux. A présent qu'il savait ce qu'il ressentait, il voulait tout de Theo. Il avait été si près de tout avoir. Et maintenant, il n'avait rien, et il le ressentait physiquement à chaque seconde.
Theo et lui auraient été un couple phénoménal. Ils auraient certainement été heureux tous les deux. Ils s'accordaient si bien ensemble. Entre eux, ça ne pouvait que fonctionner, Liam le savait. Et à la réflexion, Liam n'arrivait pas à avoir Theo comme un ami. Il y avait tellement plus que ça. Une sorte de lien émotionnel entre eux. Et il avait été si impatient de le concrétiser, et de posséder aussi un lien… un lien charnel, pour tout avouer. Liam voulait tout de Theo, et ça le tuait de ne rien pouvoir avoir, alors que normalement… Il n'y avait que Theo pour le rendre aussi léger et aussi brûlant, pour être trop et pas assez en même temps, pour le rendre heureux et l'agacer en même temps.
A présent que Liam savait qu'il était amoureux de Theo, c'était comme s'il n'y avait plus que ça qui existait. Theo, Theo, Theo.
Il était aussi obsédé par Theo que Theo l'avait été par lui… au début.
Tout ça devait se finir, d'une façon ou d'une autre, décida-t-il soudainement. Soit Theo le rejetait pour de bon, soit ils sortaient enfin ensemble.
Mais il devait savoir, et cette valse-hésitation devait finir une bonne fois pour toutes.
Et voilà que maintenant, la boîte avait disparu.
Theo allait devenir fou.
La meute qui parle de collectionneurs compulsifs, Scott qui remarque sa veste, Liam qui le harcèle lorsqu'il décide de cesser de le harceler, une boîte qui réapparaît, la même boîte qui disparaît.
Theo n'y comprenait plus rien et, pour être tout à fait honnête, il était tout de même un peu perplexe.
Il s'absentait pour prendre un petit-déjeuner au snack-bar du coin, il revenait une demi-heure plus tard, et plus de boîte. Plus rien. Le vide.
Rien d'autre n'avait disparu, d'ailleurs. Même la veste de Liam était toujours à sa place (Theo n'avait pas pu résister, et avait de nouveau dormi avec elle). Uniquement cette boîte de malheur. Pourtant, Theo l'avait ouverte (comme d'habitude) à peine dix minutes avant de s'absenter. Elle était bel et bien là !
Alors, comment avait-elle disparu ? Les farfadets, encore ? Ou peut-être que finalement un membre de la meute avait percé son secret à jour et lui faisait payer tous ces crimes en jouant avec ses pauvres nerfs déjà bien éprouvés. Enfin de compte, c'était peut-être plus logique. Mais qui ? Malia ? Peu probable, c'était une partisane de l'attaque frontale et douloureuse. Scott n'était pas assez tordu. Stiles, peut-être. Cette stratégie était définitivement assez rusée et machiavélique pour être son œuvre, même si Theo n'aurait pas cru ça de lui. Lydia était une possibilité non négligeable, surtout qu'elle avait un radar à sentiments intégré, ce qui ne la rendait que plus dangereuse aux yeux de Theo (combien de fois avait-il eu peur qu'elle n'ait découvert son secret ?). Mason et Corey étaient hors jeu d'office. Liam ne lui ferait jamais ça, ce n'était ni son genre d'être aussi méchant, ni son genre d'attaque, de toute façon. En revanche, Peter Hale était toujours en ville, et Theo en avait entendu de belles à son sujet. Torturer Theo sentimentalement était peut-être, aux yeux de Peter, une bonne façon de faire connaissance.
Donc, Stiles, Lydia ou Peter. Theo allait devoir investiguer afin de savoir quelle vengeance serait la plus appropriée – et comment éviter les répercussions à venir sur sa propre vie. Comment faire taire celui de ces imbéciles qui l'avait percé à jour ? Le chantage ? La menace ? La dissuasion ? L'échange de bons procédés ?
Theo en était là de ses réflexions quand son téléphone vibra. Il jeta un coup d'œil : c'était un appel de Liam. Il haussa un sourcil. Liam envoyait des textos, mais ne lui téléphonait qu'en cas d'extrême urgence.
− Liam ? demanda-t-il en décrochant.
− Ah, Theo ! (Liam semblait bizarrement enjoué. Le soulagement, peut-être ?) Tu vas bien ?
− C'est plutôt à toi qu'il faudrait poser la question, répondit Theo, car définitivement, répondre qu'il allait bien serait un mensonge. Il y a un problème ?
− Hmm… eh bien, oui, en quelque sorte, admit Liam. Oui, je crois qu'on peut dire que j'ai un problème. Je vois bien comment le régler, mais j'aurais vraiment, vraiment besoin de ton aide.
− OK, qu'est-ce que je peux faire ?
Liam n'était ni blessé, ni en danger. Theo s'était un peu détendu, soulagé d'entendre que Liam avait l'air en forme, bien que son ton n'était pas tout à fait normal – mais Theo était bien en peine de savoir pourquoi.
− Est-ce que tu pourrais venir chez moi ? demanda Liam. Je… enfin, je ne peux pas résoudre ça tout seul. Il faut que tu sois là. J'ai besoin de toi.
Theo maudit le cœur dans sa poitrine qui avait fait un bond presque douloureux lorsque Liam avait avoué avoir besoin de lui.
Il ferait mieux de refuser, il…
− Je suis chez toi dans vingt minutes, dit-il à la place, car il était incapable de résister à Liam.
− Parfait, dit Liam avec soulagement. Merci, Theo. Merci beaucoup. Tu es génial.
Theo raccrocha en tentant de ne pas s'attarder sur le fait que Liam le trouvait génial. Franchement, ça allait trop loin pour son pauvre cœur (qui n'était pas à lui). Si ça continuait ainsi, Theo mourrait parce que son cœur l'avait lâché, trop fatigué pour continuer ainsi.
Il avait menti : il arriva chez Liam à peine dix minutes plus tard. Il sortit la clé de la maison des Geyer de sa poche et l'observa quelques instants avec indécision. Liam la lui avait donnée quelques jours après avoir appris la vérité sur ses conditions de vie. Pour être exact, Liam l'avait forcé à la prendre, avec force grognements de loup-garou pas content et quelques menaces. Néanmoins, malgré le sentiment qui s'emparait toujours de Theo lorsqu'il s'aventurait à y penser (un mélange de reconnaissance, de cœur qui bat trop vite, et de légère honte qui enflammait ses joues), il ne l'avait jamais employée.
Il prit une inspiration et enfonça la clé dans la serrure avec l'impression de violer une règle tacite, ou peut-être de bouleverser la bonne marche du monde.
− Je suis dans ma chambre ! s'exclama Liam depuis l'étage.
Theo hésita, puis se mit en marche.
Il pénétra dans la chambre de Liam sans pouvoir se défaire d'un léger malaise, et il sut immédiatement que son instinct ne l'avait pas trompé. Liam était assis sur son lit et le regardait droit dans les yeux. Sur ses genoux, il tenait une boîte. LA boîte, la seule, l'unique.
Et merde.
− Je peux tout t'expliquer, se dépêcha-t-il de dire, avant de s'insulter mentalement.
Espèce de crétin ! Il n'y a rien à expliquer ! Il a déjà compris, pauvre imbécile, qu'est-ce que tu crois ? Que tu vas réussir à lui faire accepter l'idée comme si ça allait de soi ? Bonjour, je suis Theo Raeken et je vole tes affaires car je suis pathétiquement amoureux et obsédé par toi ?
Liam croisa les bras.
− J'espère bien ! répondit-il, visiblement mécontent.
Prépare-toi à te faire déchiqueter en petits morceaux, Theo.
− Je suis vraiment désolé, reprit Theo.
− Tu as intérêt à l'être.
− C'est parti plus loin que ça n'aurait dû…
− Et ça t'a empêché de répondre à mon message ? explosa Liam.
Quoi ?
− Quoi ?
− Ma lettre, pauvre crétin ! s'énerva Liam.
Theo fronça les sourcils, perplexe.
− Attends. C'était toi qui l'avait écrite ?
Liam le dévisagea comme un poisson hors de l'eau. Même comme ça, il était craquant, et Theo s'en voulut immédiatement de cette pensée inappropriée.
− Bien sûr que c'était moi ! lâcha Liam, incrédule. Tu croyais que c'était qui ? Donald Trump ?
− Tout de même pas, mais...
− Alors, quoi ? Un mystérieux inconnu capable d'imiter mon écriture à la perfection ? Les farfadets ? (Liam le dévisagea.) Oh, bon sang. Tu pensais vraiment que c'était les farfadets !
− Mets-toi un peu à ma place ! protesta Theo. (Depuis quand cette conversation avait viré au grand n'importe quoi ?) Je te rends cette foutue boîte, et soudain elle me revient, avec une invitation à… je ne sais pas trop quoi au juste, et je devrais penser que ça venait de toi ?
− J'avais signé !
− Tu venais de découvrir que je suis obsédé par toi ! Dans quel monde tu pouvais bien le prendre ?
Theo se mordit les lèvres en réalisant qu'il venait d'avouer la vérité, la honteuse vérité, mais il n'eut pas le temps de s'y attarder trop longuement, car Liam rugit en retour :
− Dans un monde où j'étais déjà au courant, imbécile !
− Tu ne pouvais pas bien le prendre, c'était imposs… Attends, quoi ? s'interrompit Theo en réalisant ce que Liam avait laissé échapper.
A en croire l'expression légèrement honteuse de Liam, il avait bien entendu. J'étais déjà au courant.
− Tu… tu savais ? balbutia Theo, qui n'arrivait pas à comprendre. Mais… comment ?
− Euh… ça n'a pas beaucoup d'importance, OK ? esquiva Liam, rougissant. Je veux dire, voilà, c'est juste arrivé…
− Tu as fouillé dans ma voiture ? comprit Theo, stupéfait.
− Oh, ça va, hein ! Toi, tu as bien volé mes affaires ! protesta le loup-garou.
− Mais justement ! s'écria Theo, qui ne comprenait plus rien à rien, pas même à sa propre vie. Tu ne peux pas… Je veux dire… Tu as découvert que je… tu as découvert ça à propos de moi, et… tu le prends bien ?
En fait, s'il analysait les faits, on aurait même pu dire que Liam le prenait mieux que bien. Mais étant donné que le cerveau de Theo pédalait dans la semoule avec une intensité rare, il avait du mal à en tirer les conclusions logiques, et il avait beau être conscient de ce que tout ceci signifiait, c'était comme si la vérité lui glissait entre les doigts comme du sable.
Liam poussa un grognement frustré, et soudain, Theo se retrouva avec ses lèvres sur les siennes. Liam avait tendu ses mains et avait attiré Theo à lui, ses mains toujours agrippées à sa chemise. Et à présent, ils s'embrassaient à en perdre haleine. Theo en avait si souvent rêvé. Les lèvres de Liam étaient plus douces et plus chaudes encore qu'il ne les avait imaginées, et le baiser réveillait en lui une véritable tornade. Il avait toujours su qu'embrasser Liam Dunbar serait son nirvana personnel, et, accessoirement, sa perte.
Liam s'écarta enfin, et Theo ne put que le dévisager stupidement. Liam souriait, mais soudain, il rougit, embarrassé.
− Oh, mon Dieu, bégaya-t-il. Ne me dis pas que j'ai mal interprété ? Je… Tu voulais bien… Pendant tout ce temps, j'ai pensé que tu voulais… Tu voulais ?
− Je ne comprends pas, répéta Theo d'une voix trop neutre qu'il avait du mal à reconnaître. Tu devrais me détester de ce que j'ai fait.
Il se détestait d'ailleurs lui-même. Alors pourquoi pas Liam ?
Le Bêta haussa les épaules.
− Oui, je suppose que je devrais, mais la vérité, c'est que moi aussi, je suis devenu obsédé par toi, alors… j'imagine qu'on fait juste une belle paire de psychopathes fouineurs et obsessionnels. Je veux dire, j'ai passé ces dernières semaines à fouiller dans ta voiture pour voir si tu m'avais encore volé autre chose.
− Alors, je n'ai pas halluciné, lâcha Theo, ébahi. Tu me faisais bel et bien la tête parce que je ne t'avais rien volé du tout.
− Là, tout de suite, je te fais surtout la tête parce que tu n'as pas répondu à mon message, répondit Liam.
Emerveillé, Theo contint à grand-peine un sourire. Il avait l'impression qu'on lui ôtait un poids gigantesque des épaules. Il ne savait pas comment il était possible que Liam ne lui en veuille même pas de ce qu'il lui avait fait, ou comment il était possible que Liam veuille de lui, mais c'était le cas. Ça arrivait, sous ses yeux. Il avait la vague sensation qu'on lui offrait quelque chose qu'il ne méritait pas, mais Liam était là, à le dévisager, plein d'espoir, comme si c'était lui qui était destiné à être repoussé, comme si c'était lui qui avait besoin de Theo. Exactement ce que Theo avait ressenti ces derniers mois. Et maintenant, ses sentiments lui étaient rendus.
Mais c'était Liam, après tout, et Liam était un garçon plein de surprises.
− Je peux t'avoir tout entier, alors ? murmura-t-il en tentant de prendre l'air assuré, et pas comme si quelque chose se détruisait à l'intérieur de lui.
Liam lui sourit.
− Seulement si je peux t'avoir, toi aussi.
Enfin, c'était tout de même Liam. Donc, ce n'était pas très étonnant qu'au beau milieu d'une séance intensive de baisers et de pelotage en règle, le Bêta lui dise d'un ton amusé :
− Je n'arrive pas à croire que tu aies pensé que c'étaient les farfadets.
− Je n'arrive pas à croire que tu aies fouillé ma voiture, rétorqua Theo avant de l'embrasser une fois de plus.
Ouais. Sacrée histoire, tout de même.
Ça faisait deux mois qu'ils étaient ensemble, et il n'y avait pas à dire : Theo n'aurait jamais cru qu'il pourrait être aussi heureux un jour. Il avait toujours confusément pensé que ça lui était interdit, et pourtant, Liam était là et lui rendait ses sentiments. Parfois, cette période durant laquelle Theo dormait sur la banquette arrière de sa voiture, en passant compulsivement en revue des objets cachés dans une petite boîte bleue, lui semblait révolue depuis plusieurs siècles.
Il avait longtemps eu peur que Liam finisse par se réveiller et réaliser que Theo ne le méritait pas, mais non, jamais. Jamais Liam ne lui avait reproché de lui avoir volé ses affaires, ni d'être légèrement obsessionnel à son égard. Au contraire : la chambre de Liam était aussi devenue la sienne, et Liam considérait que tout ce qui était à lui était à Theo. Il laissait la chimère vénérait son corps aussi souvent qu'il voulait (non qu'il s'en plaigne, et d'ailleurs, il le lui rendait bien). Il n'était pas non plus avare des gestes tendres que Theo n'osait pas demander.
La boîte bleue aurait pu rester un vilain souvenir, mais Liam avait tenu à la garder. A présent, cachée dans l'armoire de Liam, elle abritait une réserve assez impressionnante de préservatifs et de lubrifiants. A la réflexion, Theo l'aimait mieux comme ça.
Bref, tout était au beau fixe, et pourtant… Depuis le début de la réunion, il y avait quelque chose qui titillait Theo, à propos de Liam. Il avait passé pratiquement toute l'heure à le détailler sous tous les angles, et finalement, la révélation le frappa.
− Mais c'est ma veste ! s'exclama-t-il à voix basse, stupéfait.
Liam l'avait entendu, cependant, et, se retournant, il lui adressa un clin d'œil appuyé.
Oh, oh. Theo connaissait une veste qui allait rapidement finir sur le plancher de la chambre de Liam, une fois qu'ils seraient rentrés…
FIN !
Aloooors ? :)