Avec le mois d'octobre, arrivèrent les habituelles pluies de l'Angleterre, et le froid. Habitués les gens ne bronchaient pas et n'oubliaient jamais leur parapluie pour sortir.
Ce matin-là, il faisait gris et froid quand Hermione se leva. Elle s'habilla d'une épaisse robe de chambre d'hiver et renifla en sortant de sa chambre. On la saisit soudain par la taille et elle poussa un cri de surprise avant de rigoler en se retournant entre les bras de Malefoy père qui l'embrassa vivement.
— Je regrette que vous ne désiriez pas dormir avec moi... souffla-t-il alors.
— Patience, répondit la brunette. Nous avons plus important à faire. Demain, nous lançons la campagne de brochures pour la Maison d'hôtes, nous aurons tout le temps pour souffler quand les premiers clients arriveront.
— Vous êtes si sûre de vous, Hermione, répondit l'homme. Je n'arrive toujours pas comprendre comment vous avez pu toucher le fond à ce point.
Hermione baissa le nez.
— Moi non plus, avoua-t-elle. Assez remué le passé, j'ai faim, et plein de choses à faire ce matin.
Lucius hocha la tête et l'embrassa brièvement avant de gagner sa chambre. Il se levait toujours bien avant tout le monde, parfois même avant Sedia et attendait qu'elle se lève en travaillant dans son bureau.
Fugacement, Hermione se demanda ce qu'il pouvait bien faire aussi tôt, mais elle décida de laisser ses secrets à son compagnon. S'il désirait lui dire sur quoi il travaillait, alors il le ferait. Le ventre creux, la jeune femme décida plutôt de suivre l'odeur d'œufs brouillés qui embaumait la maison...
— Drago est rentré ? demanda Hermione en posant ses couverts dans son assiette.
— Non, Miss, répondit Sedia. Pas encore. Je suis contente qu'il ait pu renouer avec Monsieur Potter.
— Moi aussi, et savoir qu'ils vont régulièrement à Poudlard me fait chaud au cœur, répondit la brunette en souriant. Quand nous aurons envoyé les brochures, j'irais passer le week-end là-bas de temps en temps.
— Nous sommes vendredi, pourquoi ne pas y aller demain ? demanda l'Elfe.
Hermione grimaça puis haussa les épaules.
— Pourquoi pas, en effet ? Je vais voir ça avec Lucius.
— Oh, ne commencez pas à lui demander sa permission, Miss, dit Sedia en baissant ses oreilles. Restez telle que vous êtes...
— Oh, mais ce n'est pas sa permission que je vais demander, simplement le lui signaler, répondit Hermione en souriant, surprise. Je n'ai jamais demandé la permission pour faire quoi que ce soit, je ne vais commencer maintenant, Sedia.
L'Elfe de Maison sourit, rassurée. La porte menant à la cave à vins s'ouvrit alors et six Elfes apparurent, habillés de l'uniforme vert et noir qu'Hermione avait fait couper exprès pour eux quelques jours en arrière.
— Bonjour, Madame ! dit le premier de la file.
— Bonjour, Salter, répondit la jeune femme avec un sourire. Vos alcôves vous conviennent ?
— Oui, Madame, c'est gentil d'avoir autorisé Sedia à les arranger à notre convenance.
— J'ai à cœur de redorer le blason des Malefoy, alors autant commencer par son personnel.
Salter sourit puis Sedia sauta de son tabouret et distribua ses ordres. Les Elfes disparurent dans un nuage de fumée les uns après les autres, et seules Sedia et Nellis restèrent.
— Avez-vous fini, Miss Granger ? demanda alors Nellis.
— Oui, tu peux emporter. Monsieur Malefoy a déjà mangé ?
— Oh oui, depuis longtemps, répondit Sedia. Vous devez sortir, ce matin, sinon ?
— Hm, non, j'ai toutes les brochures à faire et à expédier un peu partout, répondit la brunette. Pourquoi ?
— Pour savoir.
L'Elfe agita ses oreilles et sourit puis Hermione lui souhaita une bonne journée et quitta la cuisine. Elle remonta s'habiller et ranger sa chambre, puis elle redescendit dans le bureau de son compagnon où elle s'était aménagé un petit coin près de la cheminée pour les papiers de la maison d'hôtes.
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En train de lire le journal du jour, Lucius leva les yeux vers elle par-dessus ses petites lunettes argentées et lui sourit.
— Vous avez terminé ? Les brochures...
— Non, il m'en reste une centaine à faire, mais avec la magie, dupliquer est rapide, sourit Hermione en prenant place sur sa chaise.
Elle ouvrit le tiroir devant elle et sortit une liasse de feuilles de papier glacé de la taille d'un livre qu'elle déposa devant elle. Elles étaient toute vierges, sauf la première. Une photo du manoir Malefoy, un peu arrangée pour paraître moins lugubre qu'en réalité, mais pas trop, s'étalait dessus. Dessous, le nom « Domaine Malefoy » s'inscrivait en jolies lettres argentées, puis une phrase d'accroche et les tarifs en fonction de la chambre et de sa situation dans le manoir. Un numéro de téléphone également, et un email, car Hermione avait bien l'intention de moderniser cette vieille bicoque en y installant le Wifi, au moins, afin de pouvoir attirer des clients Moldus.
Intrigué, Lucius quitta son fauteuil et se planta près de sa compagne qui lui décocha un sourire avant de prendre la brochure glacée déjà prête. Elle vérifia une dernière fois qu'il n'y avait aucune faute de frappe, que tout était nickel, et la déposa sur le tas de brochures vierges. Elle approcha ensuite sa main droite à plat au-dessus, à environ cinq centimètres,
— Exemplum, souffla-t-elle ensuite.
Elle plaqua alors sa main sur la brochure du dessus et Lucius haussa les sourcils quand il vit toutes les tranches des brochures dessous se teinter comme si on avait renversé de la peinture dessus.
— Et voilà, annonça alors la brunette fièrement en étalant toutes les brochures sur le bureau du plat de la main.
— Extrêmement pratique, reconnut l'homme blond en en prenant une. Ah...
— Quoi ? dit Hermione en perdant aussitôt son sourire. Ne me dites pas qu'il y a une coquille ?!
Lucius tourna les yeux vers elle puis sourit. Hermione lui grogna aussitôt dessus en lui tapant le bras et Lucius se mit à rire.
— Vous m'avez fait peur, idiot ! s'exclama-t-elle.
— Désolé ! rigola l'homme blond. Vous taquiner va devenir ma première occupation, je crois bien, vous réagissez tellement vite !
La Gryffondor lui tira la langue. Elle leva ensuite les yeux au ciel et rassembla les brochures. Elle tira alors à elle un Rolodex et entreprit de faire tourner les centaines de cartes qu'il contenait à l'aide de la poignée sur le côté. Elle en piqua plusieurs, les déposant à côté, puis elle repoussa l'objet définitivement rétro et rassembla les cartes.
— Donnez-moi un coup de main, dit-elle ensuite en se levant.
— Bien sûr, que dois-je faire ? demanda Lucius.
— Il faut partager les brochures par dix ou quinze et les ficeler avec du ruban et une carte. Ensuite, nous les jetterons dans les flammes pour leurs destinataires.
Lucius hocha la tête et alla chercher son fauteuil. Hermione dégaina alors ciseaux et ruban vert avec un liseré doré, puis ils se mirent au travail de partager les brochures, au nombre de cent cinquante environ, par paquet de dix ou quinze, voire vingt selon leur destinataire. Cela leur prit une bonne heure, après quoi, chacun leur tour, ils expédièrent un paquet à chaque adresse inscrite sur les cartes qu'Hermione avait tirées de son Rolodex.
— Fleury&Bott, Chemin de Traverse ! dit Hermione.
Les flammes devinrent vertes et elle jeta un paquet de brochures dedans.
— Zonko, Pré-au-Lard ! enchaina Lucius en l'imitant.
— La Boutique Magique, Chemin de Traverse !
— Florian Fortarôme, Chemin de Traverse !
— Gringotts, Chemin de Traverse !
— Poudlard, Directrice Minerva McGonagall !
Hermione jeta son paquet et sourit à Lucius qui leva alors les mains.
— Fini, dit-il. Vous savez quoi ? Je ne dirais pas non à un peu de thé après avoir autant parlé.
— Je range ça, et j'arrive, répondit la brunette.
Lucius hocha la tête, se releva du tapis avec un peu de peine, et Hermione l'observa. Elle songea alors que son compagnon ne perdrait rien à perdre un peu de poids, que la prison l'avait rendu un peu empâté...
Elle secoua alors la tête, récupéra les cartes éparpillées sur le tapis, puis se releva et alla les ranger à leur place dans le Rolodex après quoi elle quitta le bureau pour se rendre au salon.
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Drago ne rentra que tard dans la soirée, après avoir passé les deux jours et la nuit précédente avec Harry. Il avait cependant beau assurer qu'ils n'avaient pas renoué comme par le passé, Hermione avait quelques doutes.
Elle était en train de lire quand le Serpentard apparut en transplanant, la faisant violemment sursauter.
— Quelle entrée ! dit-elle, une main sur le cœur. Le perron, c'est aussi pour les transplanages, tu sais ?
— Hm, c'est vrai... Je n'y avais plus pensé, désolé, répondit le blond avec une grimace. Il reste à dîner ?
— Demande à Sedia, mais sans doute. Tu n'as pas mangé avec Harry ? demanda Hermione en retournant dans son livre. Après tout, tu passes beaucoup de temps avec lui, ces derniers temps, marmonna-t-elle ensuite.
— Ce qui veut dire ? demanda Malefoy en haussant un sourcil. Je suis majeur, tu n'es pas ma mère, je pense avoir le droit de faire ce que je veux, non ?
La brunette le regarda, surprise.
— Ce... n'était pas un reproche, hein, hésita-t-elle.
Devant la confusion d'Hermione, Drago soupira.
— Non, désolé, répondit-il. Je... C'est juste que c'est compliqué avec Potter, et je... j'ai du mal à le retrouver comme avant. Il a tellement changé en un an, j'ai l'impression que je ne plus le connais plus du tout...
Hermione serra les lèvres et dégagea ses jambes de l'accoudoir du fauteuil où elle était installée.
— Tu sais, dit-elle. Tu ne m'avais pas reconnue, moi non plus... Et je pense avoir plus morflé qu'Harry...
— Ouais, mais...
Hermione sourit et secoua la tête. Elle se leva alors, embrassa le blond sur la joue, puis lui souhaita une bonne nuit. Il lui sourit et la regarda quitter le salon, après quoi il se rendit aux cuisines et trouva Nellis en train de finir la vaisselle de la journée.
— Il reste à manger, Nellis ? demanda le blond.
— Dans le frigidaire, jeune Maître, je vais vous le faire réchauffer, répondit l'Elfe.
— Je m'en occupe, continue ta vaisselle, ne t'en fais pas, je ne suis pas empoté à ce point.
Nellis se permit un sourire puis retourna à sa tâche et Malefoy utilisa un sortilège sur le plat de gratin de choux-fleurs et le morceau de rosbif qu'il restait du dîner. Il s'empara ensuite de son assiette et monta manger dans sa chambre.
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À la grande surprise d'Hermione, les boutiques auxquelles Lucius et elle avaient envoyé des flyers, la contactèrent rapidement pour en avoir d'autres. Intriguée, la jeune femme demanda comme cela se faisait, et ce fut Monsieur Fleury, de la boutique de livres, qui lui répondit en lui expliquant que même si beaucoup de personnes avaient fait la réflexion que le Manoir Malefoy avait aussi mauvaise réputation que son Maître, le fait de voir son nom à elle associé à cette entreprise, avait poussé les gens à réfléchir. Cela donna une idée à Hermione, mais Lucius se montra immédiatement réticent.
— Non, on ne peut pas déjà ouvrir pou les vacances de Noël, Hermione, dit-il. Il y a encore beaucoup de chambres qui ne sont pas finies, nous n'avons pas le personnel Cracmol et...
— Je sais, le coupa Hermione. Je sais tout ça, mais je suis à la maison, je ne travaille plus, je peux passer toute la journée sur tout ça et faire en sorte que nous soyons prêts pour les vacances de Noël. En plus, Lucius, admettez-le, mais le parc du manoir, sous la neige, c'est juste splendide, non ?
Malefoy père serra les lèvres puis admit, à contrecœur, que sa compagne avait raison. Il décida néanmoins de lui octroyer une aide, sous la forme de Drago, son propre fils, qui, s'il rechigna au début, finit par accepter d'aider Hermione quand celle-ci lui promit de lui donner un pourcentage sur les recettes des vacances de Noël.
— C'est un odieux chantage, vous savez ?
Hermione sourit. Drago venait de transplaner chez les Dursley pour annoncer à Harry que les choses se précipitaient au manoir, et la Gryffondor s'était donc retrouvée seule dans le grand bureau de Lucius.
Plantée devant la fenêtre, la jeune femme sourit quand l'homme blond l'entoura de ses bras. Elle s'appuya contre lui et soupira.
— Je n'aurais jamais imaginé une seule seconde pouvoir aimer un homme comme vous, Lucius, dit-elle en regardant le reflet de l'homme dans la vitre.
Il baissa légèrement le nez et Hermione se retourna pour lui faire face.
— Je sais que je ne suis pas du tout un modèle d'homme idéal, dit-il. Je ne suis ni un bon sorcier, ni un bon père, et encore moins un bon Mangemort, grimaça-t-il. Néanmoins, la prison m'a enseigné une chose, de ne pas m'arrêter à la première impression. Vous n'avez pas eu besoin de la prison pour apprendre cela, Hermione.
— Certes non, mais j'ai souffert aussi, et aujourd'hui, vous comme moi avons une seconde chance, une nouvelle opportunité de faire mieux qu'avant, et je suis bien décidée à le faire. Je vais ouvrir cette maison d'hôtes, peu importe ce que cela me coûte, et j'espère que je pourrais compter sur vous.
— Bien entendu. Je vous aime, Hermione, je ne vous le dirais jamais assez, et jamais plus vous n'aurez à revivre ce que vous avez subi l'année écoulée. Qui sait, peut-être que de vous faire à nouveau connaître du grand public aidera les sorciers à se souvenir qui a réellement défait le Lord ?
Hermione haussa un sourcil, étonnée. Cette idée ne lui avait jamais effleuré l'esprit, pas une seule seconde elle ne s'était dit qu'elle allait pouvoir plaider sa cause auprès des sorciers en... ouvrant une maison d'hôtes dans le manoir de la famille Malefoy !