Note de l'auteur: Et voici la fin, plus courte. j'ai aimé écrire ce passage, mais je trouve qu'il sonne encore mieux quand on le lit à haute voix. Alors tentez, si le cœur vous en dit... Merci d'avoir lu ce texte. Les reviews sont là pour me dire si vous avez aimé, ou pas!

Bonne lecture.


« Merci. »

Tu entends sa voix, tu la vois dans ses bras, et tu ne comprends pas. Il lui caresse les cheveux, comme il l'a parfois fait avec toi, mais c'est différent cette fois, tu le vois dans ses yeux. Dans leurs yeux. Ton cœur se tord, essayant de te faire comprendre quelque chose mais tu refuses, et serres tes poings. Douleur familière, lorsque les ongles se plantent dans la chair. Mais le spectre de tes larmes ne s'éloigne pas, tu cèdes, il est trop fort cette fois. Une perle roule sur ta joue, et lorsque tu vois Veronica s'éloigner, tu comprends confusément que c'est elle que tu veux rejoindre. Impossible. Juste impossible ! Tu te détournes de la fenêtre avant que quiconque ne puisse te voir. Assise contre le mur, dans ta chambre assombrie, tu te laisses enfin pleurer. La petite voix dans ta tête résonne clairement, tandis que ta poitrine se soulève, cherchant l'air si précieux. En silence… Pour ne pas déranger.

Reste dans l'ombre Betty, chère Betty, gentille Betty. Ne dérange pas, ne fais pas de vagues, tu n'es rien, rien qu'une pauvre gamine perdue, qu'on ne peut pas aimer si elle ouvre la bouche. Parfaite, tu dois rester parfaite, et l'amour ne fait pas partie de la perfection. Surtout pas entre deux filles. Tes sentiments sont une gêne, les sentiments ne sont qu'une gêne, et ne font qu'emporter les autres au loin… Ne sois pas triste Betty, gentille Betty, ce n'est pas grave, tu vivras juste pour toujours dans une parfaite illusion, où tu te trouveras un gentil mari, qui t'embrassera sur le front. Mais ce ne sera plus ton meilleur ami d'enfance, ce ne sera plus ce conte de fées moderne, qui devait se conclure par un « et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants », où tout était normal et planifié. Plus rien n'est normal, alors autant que tu restes seule, Betty, pauvre Betty, étrange Betty. A cause d'elle, de ses yeux noirs et de son sourire, de son « Fais moi confiance » et de ses lèvres sur les tiennes… Un instant d'éternité volé. Un instant où la vraie Betty s'est réveillée, où ton sang s'est agité sous la glace qui le figeait, un instant où tu t'es sentie en vie.

Maintenant, tu pleures, et ton cœur bat, et ça fait tellement longtemps que ça te fait mal, tandis que tu entends la porte d'Archie se fermer. Dans une minute, il sera dans sa chambre, et Veronica sera loin, les yeux pétillants, sûre d'elle, et belle, si belle, tandis que tes sanglots se font plus saccadés. Tu n'as pas le droit. Tu ne peux pas l'aimer, pas elle. Tu devrais te relever, observer Archie, et te convaincre que c'est lui qui hante tes pensées, que tu es jalouse d'elle, pas de lui… Et pourtant. Tu le sais, au plus profond de toi, ce n'est pas le gentil Archie qui te fait te maquiller en allant au lycée, ce n'est pas lui qui te manque, ce n'est pas de lui dont tu rêves… Mais il faut arrêter de rêver Betty. Elle était chez lui. Pas chez toi. Ce n'était qu'un faux baiser, pour provoquer, pour convaincre Cheryl, un baiser comme elle a dû en échanger des centaines à New York… Alors que ce baiser, pour toi, c'était ton premier.

Il comptait.

Tu lèves les yeux sur ta chambre, les murs semblent teintés de tes larmes, le rouge sang de la colère dilué par la peur, la tristesse, la solitude. Tu veux tellement être aimée, tu ne veux pas être seule, tu as besoin de contacts, d'approbation, mais ça te tue, te tue tout simplement. Tu meurs dans l'ombre. L'ombre de ta mère, si forte et imperturbable, l'ombre de ta sœur, si belle et parfaite… Mais Polly a chuté, maintenant c'est à toi de prendre sa place dans la lumière, et tu ne veux, ne peux pas, tu voudrais tant pouvoir hurler ! Tes pensées s'enroulent autour de toi, tandis que la petite voix cherche à t'étrangler, tu la vois presque, noire, poisseuse comme de l'essence brûlée, elle t'attrape par le cou, s'infiltre dans tes pores, te paralyse, petit à petit, le noir... t'envahit… Tu te recroquevilles sur le parquet, qui te semble tiède tant tu es gelée. C'est le désespoir qui t'envahit, tandis que tu mesures l'écart entre qui tu es et qui tu devrais être. La jeune fille parfaite. L'enfant parfaite. L'étudiante parfaite. Pas de place pour les larmes, les doutes, ou de grands yeux noirs qui te demandent d'avoir confiance… Tu sais ce que tu dois faire.

Lorsque tu te relèves, tes yeux ne pleurent plus. Les petites lunes au creux de tes mains saignent encore un peu, mais tu sais que bientôt, elles se refermeront. Tu es loin, si loin. Gentille Betty. Tu n'as pas fait un bruit. Tu t'assieds à ta coiffeuse, et brosses tes boucles blondes. Tu entends tes parents se lever, et descendre déjeuner. La grande comédie va bientôt pouvoir commencer. Ou est-ce une tragédie ? Qu'importe. Tout ce qui compte c'est que tu joueras ton rôle. A la perfection.


L'une se réveille dans son grand lit, cherchant par réflexe son jumeau à ses cotés, avec le souvenir confus d'une danse et d'une étreinte glacée

L'autre rentre, un peu rassurée, tandis que son coeur se déchire entre plusieurs amours. Feu ou glace, rousse ou blonde… Comment décider ?

La dernière s'apprête à descendre, seule contre tous, bien décidée à oublier un certain baiser, qui de toute façon n'aurait jamais dû exister.

Néanmoins, au plus profond de leurs âmes, cachée entre les peurs et les convictions, une petite étincelle s'est allumée, grâce à ce baiser. Prête à tout embraser, à faire bouger des montagnes, à faire changer le monde autour d'Elles. Car au fond…

C'est Tout ce qu'Elles Veulent.