Chapitre 27: L'Ultime Définition
Avez-vous déjà essayé de vous définir ? De choisir les bons mots, les bonnes tournures de phrases et les bons adjectifs pour vous décrire au mieux, faire transparaître ce que vous êtes tout au fond ? Tony Stark vous dira que lui, ça faisait quelques mois qu'il cherchait furieusement à définir un dieu qui ne savait se définir lui-même.
Pas de la tarte, même pour un génie. Alors Tony Stark s'était creusé la tête et tout en cherchant à définir l'énergumène en face de lui, il en avait découvert beaucoup sur lui-même que prévu. Il avait littéralement appris à se connaître en décortiquant Loki Laufeyson, dieu du chaos et géant des glaces. Alors non, tout n'était pas parfait au pays des licornes et des arcs-en-ciel. Ils étaient toujours en prison pour quelques centaines d'années. Tony avait toujours sa vieille armure prohibée, ses angoisses et cet incroyable sentiment d'être pas très grand dans l'Univers. Loki avait toujours une trace de morsure inguérissable dans le cou, encore plus d'angoisses et une apparence refoulée.
Mais ils avaient trouvé un dictionnaire, et en lisant une à une chacune des définitions, ils s'étaient débarrassés de bien des névroses, peurs et terreurs. Tony n'était bien qu'un point dans l'Univers mais un point sobre, et surtout, surtout ils étaient deux points. Contre toute attente, ils étaient la meilleure chose qu'il pouvait leur arriver.
À côté du Royaume d'Asgard vole une petite île isolée où trône un énorme bâtiment de pierre et de lierre. Autrefois créée par Saleth, un mage en quête de rédemption, cette prison est différente des autres.
Dans la chambre numéro 57 du Pavillon des Mots, deux détenus se prélassent sur le lit. L'un porte un uniforme vert sapin, ses longs cheveux noirs se répendent sur les draps. L'autre arbore un uniforme décoloré rouge sans cordon au niveau de la capuche. Si on plissait les yeux, on remarquerait que ce fameux cordon est enroulé autour du fin poignet blanc du détenu numéro 56. Tony Stark, Loki Laufeyson. Connaissent leurs définitions sur le bout des doigts.
Tony grimaça en passant ses doigts le long de la morsure sur le cou pâle de Loki.
- Ça ne partira jamais, confirma le dieu en voyant l'air de l'humain.
- Tant pis, soupira Tony. Tu étais trop parfait de toute manière.
Un rire joyeux sortit de la bouche de Loki. Le sourire de Tony s'effaça promptement, laissant place à un air vaguement triste.
- Qu'y a-t-il ? S'inquiéta Loki en fronçant les sourcils.
- Rien, c'est juste... Tu te rappelle du défi que tu m'avais posé ?
- Celui où tu devais me définir ?
Tony roula sur le torse de Loki, une moue contrariée sur le visage.
- J'y arrive toujours pas, grogna l'humain. T'es si captivant putain, mais il y a un élément qui m'échappe.
- Quand je t'ai demandé ça, je ne suspectais pas que ça irait aussi loin, ricana le dieu. Moi-même je ne savais pas qui j'étais à ce moment là.
- Parce que maintenant tu sais ? Demanda Tony en levant un sourcil inquisiteur.
- Oui.
- Et tu es ?
- Amoureux de toi.
Tony se tût en dévisageant son amant.
- Tu es un outrage à toi tout seul, chéri, décida l'humain.
- J'espère bien, oui.
- Loki ?
- Présent ?
- Dans 249 ans, quand on sortira d'ici, qu'est-ce qu'on fera ?
Le dieu ferma les yeux en soupirant.
- Je ne sais pas.
- Est-ce que je pourrais avoir un immense atelier avec des trucs à construire et des rayons lasers ? Et une armure encore mieux que celle que je viens d'inventer ?
- Peut-être que dans 249 ans, tu auras perdu ton inventivité, le railla le dieu.
- Impossible, je suis un génie.
- Et un vantard, mon amour.
Tony fit mine d'étrangler le dieu avant d'étendre le bras pour ouvrir le tiroir de sa table de chevet. Il en retira le vieux dictionnaire Midgardien usé, et le posa sur le drap pour en feuilleter les pages cornées.
- J'arrive pas à croire que t'ai lu ce truc en entier, siffla l'humain.
- C'est ce qui m'a permis de réapprendre le sens des mots, de ne plus blesser avec mais guérir.
- Tss, guérir.
Loki se releva avec un sourcil levé, faisant face à son amant.
- Nierais-tu que nos joutes verbales, nos échanges amicaux, nos discussions, nos aveux, nos déclarations t'aient guéri ?
- J'irais pas jusque-là, râla Tony.
- Non ?
Loki s'ébroua à la manière d'un chien vexé avant de se coller à son compagnon pour plonger ses yeux dans les siens.
- Tony Stark, la première fois que je vous ai vu vous étiez un pénible petit mortel alcoolique et névrosé, un héros mal dans sa peau, un pleutre qui se cachait de la mort et un homme en quête de son identité, ou sa définition si tu préfères.
Tony déglutit, incapable de ne pas loucher sur les lèvres fines qui s'agitent.
- Et ce que je vois maintenant, c'est un homme aux idées fertiles avec encore de longues années devant lui, un passé douloureux mais accepté, un Midgardien fier et plein de répartie. Tu es un amant passionné, quelqu'un de dévoué et de tendre.
Alors que Tony se tendait pour embrasser Loki parce que bordel, c'était beau quand il parlait, le dieu se recula vivement en sifflant:
- Mais enfin, si tu refuses de croire que les mots t'ont guéri.
- Ne joue pas à ça, souffla l'humain.
- Qui joue ?
- Loki, menaça l'homme.
- Avoue, ordonna le dieu.
Tony lâcha un long soupir. Ok, peut-être, juste peut-être que Loki avait raison. Peut-être qu'au long de ces derniers mois le nez plongé dans le sens profond des mots, il avait trouvé son sens profond à lui et rafistolé ses blessures mal cicatrisées. Loki avait gagné son défi, celui de lui prouver la puissance des mots.
- ... D'accord, lui concéda Iron Man. Tu m'as guéri avec les mots.
Un large sourire s'afficha instantanément sur les lèvres fines du dieu et Loki enlaça Tony dans une étreinte serrée.
- Pauvre petit Midgardien incapable de me définir.
- En serais-je un jour capable, de trouver ce qui manque ?
- Mais là n'est pas la question, mon amour. Le fait est que tu n'as pas besoin de savoir me définir pour m'aimer et c'est là ce qui compte.
- Oh, dit simplement Tony en posant ses lèvres sur le front du dieu.
Et ils restèrent là, collés sur ce petit lit de cellule 57 dans cet étage du Pavillon des Mots où d'autres détenus cherchaient aussi la rédemption. Eux, ils l'avaient trouvée dans les mots à travers un vieux Larousse de la Terre et une langue de vipère. En se définissant, ils avaient défini leurs rêves, leurs envies, leurs regrets, leur futur au singulier. Car en se cherchant chacun de leur côté, ils étaient arrivés à définir la notion de ensemble, tout les deux contre les gardes, contre 51, contre les Neufs Royaumes coûte que coûte. Alors est-ce qu'il n'était pas temps de laisser le dictionnaire de côté et d'entamer une vie de mots libres ?
Loki attrapa le Larousse et le rangea sous le lit de Tony où était déjà cachée les débuts de plans, d'idées, les pièces amassées et la précieuse batterie.
- Nous n'en avons plus besoin à présent.
- Pas faux mais il va me manquer, ce con de bouquin.
- Rien n'empêche d'y jeter un coup d'œil de temps en temps.
- Juste pour vérifier qu'on tient la route.
Ils s'enlacèrent paresseusement, il leur restait un peu plus de 249 ans à attendre de sortir d'ici. Ils avaient le temps de réapprendre à se passer de dictionnaire et à affronter le monde extérieur. Tony attrapa le menton de Loki et l'embrassa langoureusement avec un sourire en coin.
- Qu'est-ce que ? Demanda le dieu.
- J'ai une dernière définition, sur le bout de la langue. Une idée de génie.
- Et bien vas-y, stupide humain.
- C'est un mot composé, chuchota Tony les yeux brillant. C'est moi qui l'ai inventé, parce que je suis un génie bébé, tu le savais ?
Il s'approcha de l'oreille de son amant et souffla quelques mots. Quand il eut terminé, Loki essuya une larme qui s'était frayé un fourbe chemin au-delà de sa muqueuse et éructa:
- Je t'aime Tony Stark.
Pour toute réponse, le génie posa ses lèvres sur les siennes avec un sourire silencieux. Et y'en fallait, pour lui fermer sa gueule, à Tony Stark.
Le Pavillon des Mots était calme, incarnant patiemment la définition d'une nouvelle vie pour ces deux détenus hauts en couleurs.
"Tony-Loki. De la racine "toi et moi". Si, si.
Fusion de deux métaux précieux pour former un éclat de génie, un alliage de passions.
Guérison par les mots, reprise du droit chemin.
Synonyme officiel de "amour","destin" et "âmes sœurs". Définition universellement reconnue dans notre dictionnaire à nous parce que c'est seulement ça qui compte, maintenant et pour toujours."
Et peut-être que finalement, ce qu'il manquait à la définition de Loki, c'était Tony Stark.
Et ainsi s'achève cette fiction. J'espère que vous l'aurez aimée du début à la fin, et que ce chapitre final, bien que court, vous aura plu autant que le reste de l'histoire. N'hésitez pas à me faire part de vos commentaires, cette fanfiction aura été ma plus longue et ambitieuse jamais écrite et je vous remercie d'avoir été là pour la lire tout au long de cette année (parce qu'il me semble bien que j'ai commencé cette histoire l'été dernier oui). Pour ma part, je reviendrais avec une nouvelle fanfiction Marvel que je suis en train d'écrire dans très peu de temps je pense, alors gardez les yeux ouverts !
Encore merci pour votre attention et au plaisir de vous revoir autre part !
Zombiscornu