Disclaimer : J. K. Rowling possède Harry Potter ainsi que ses personnages
Rating : M (3e partie)
Genre : Romance / Hurt/Comfort
Univers : Cela se passe après T.7, la chronologie reste relativement la même à deux trois détails près dont je parlerais
Pairing : Harry x Salazar
Evénement : Concours de Jelyel pour From Past, with love
Voici donc ma participation pour le concours Salazar x Harry donné par Jelyel ! L'idée m'est venue assez facilement avec l'aide de ma sœur, donc j'espère que cela vous plaira.
Ce texte sera un Two-Shot (au début il devait être un simple One Shot, mais il s'est fait un peu trop long pour que ce soit raisonnable de le poster en une seule fois), il marquera presque mon entrée sur le fandom sur Harry Potter en tant qu'auteur (cela dépend si vous comptez le Cross Over Harry Potter x Twilight que j'ai fait, ou non).
J'espère bien sûr que cela marchera et que l'histoire vous plaira. Sinon, je n'ai pas grand-chose à dire sur ce que vous allez lire, à part que j'ai eu un peu de mal à l'écrire car je n'avais pas toujours le temps de le faire.
Bref, bonne lecture mes petits sorciers !
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Je suis ton Ombre – Partie 1
Moyen-Âge – Poudlard – Grande Salle
Ils étaient réunis pour un autre repas. Un de plus. Les élèves discutaient joyeusement autour des quatre longues tables aux couleurs des différentes maisons. Poudlard resplendissait et exultait la joie et la vie. Les professeurs, assis à leur propre table, légèrement en hauteur, contemplaient cette vision qu'ils avaient encore du mal à croire réelle. Ils avaient mis tellement de temps pour arriver à un tel résultat ! Tellement d'années à être dénigrés pour finalement réussir leur pari.
Helga observait ses élèves avec cette lueur maternelle dans les yeux, qui la caractérisait si bien. Elle, plus que les autres, était ravie de leur réussite. Sa mère l'avait toujours poussé à se marier et à avoir des enfants pour continuer la lignée des Poufsouffle, une noble famille de sorcières. Et elle l'avait écoutée, mais pour la première fois depuis des générations, elle avait donné naissance à un garçon. Un garçon sorcier, mais un garçon tout de même. Sa mère l'avait reniée par honte et Helga s'était retrouvée seule, sans personne et son ventre incapable de donner naissance une nouvelle fois. Son mari lui avait pris son enfant, mais elle savait qu'il ne manquerait de rien et ne lui en avait pas tenu non plus rigueur : si on apprenait que sa femme avait perdu son nom, lui et leur fils pourraient tout perdre à leur tour. Cependant elle qui avait toujours rêvé d'une grande famille, s'était vu enlever cette avenir… Jusqu'à ce que Godric vienne à elle. Poudlard était devenue sa maison et les élèves étaient alors devenus ses enfants.
Godric discutait joyeusement avec un autre de leurs collègues, ils se partageaient dans une joute verbale, sur la meilleure manière de parer une attaque à l'épée en direction de l'abdomen. Son enthousiasme et sa force de caractère faisait de lui une personne avec qui on aimait discuter. Il était né dans un petit village de campagne, tout ce qu'il y avait de plus ordinaire. Ses parents ne possédaient aucun pouvoir magique et pourtant sa mère avait mis au monde un sorcier. Au début, les villageois l'avaient craint, lui et ses pouvoirs, mais son caractère jovial avait fini par les faire venir à lui. Les guerres entre seigneurs étaient légions et souhaitant protéger sa famille et son village, Godric s'était engagé comme écuyer auprès de son seigneur. Il avait fini par devenir chevalier et il avait mené de nombreuses batailles qu'il avait remporté grâce à ses pouvoirs magiques.
Pendant des années il s'était battu pour les amis qu'il avait laissé derrière lui, pour la vieille dame qui lui offrait des gâteaux, pour la fille dont il était amoureux, pour les parents qui l'avaient aimé de tout leur cœur, pour son village. Mais quand il rentra enfin, il avait perdu sa place dans le hameau et la plupart de ses amis étaient mariés et parents. Il était alors parti avec des projets plein la tête, et un en particulier : il avait appris la magie seul, par la force des choses, il ne voulait pas que d'autres enfants se retrouvent aussi perdus qu'il l'avait été, alors il souhaitait créer une école pour les aider.
Rowena était plongé dans ses pensées, en train de penser au cours d'Astronomie qu'elle dispenserait ce soir à ses deuxièmes années. Sa famille n'était qu'une longue lignée de sorciers et sorcières, mais très rapidement, tout le monde avait compris que la demoiselle, alors âgée de six ans, serait sûrement la sorcière la plus intelligente que le monde est portée, pour au moins quelques décennies. Elle possédait un don naturel pour la magie et les livres étaient ses meilleurs amis. Elle avait toujours vécu recluse entre les quatre murs du domaine familial, l'inconnu ne l'avait jamais intéressé et elle se complaisait dans sa vie de princesse enfermée dans une tour. Et puis un jour, Godric et Helga étaient arrivés chez eux. Elle les avait vu depuis sa fenêtre et s'était demandé ce qu'un tel couple venait faire ici. Ils étaient venus pour elle, ils n'étaient pas les premiers et Rowena avait refusé de les recevoir, sans même écouter leurs volontés. Toutefois les deux sorciers savaient qu'ils avaient besoin de l'aide d'une puissante et intelligente sorcière, alors ils n'avaient pas baissé les bras.
Plusieurs jours durant, ils vinrent lui parler à travers la porte de sa chambre sans succès. Mais contre toute attente, ce fut Helga qui décida la première de faire avancer les choses à sa manière : elle avait commandé à une plante de grandir assez pour qu'elle puisse entrer dans la chambre de Rowena par la fenêtre. Quelle ne fut pas la surprise de la jeune femme de voir débarquer sur son balcon, une autre femme de son âge, habillé comme une paysanne, le visage couvert de traces de terre, debout sur une feuille gigantesque et le bras autour d'une tige épaisse comme un tronc d'arbre. Pour la première fois, Rowena éclata de rire et les deux sorcières devinrent amies. Sa famille ne l'empêcha pas de partir, ils la poussèrent même dans cette aventure et Rowena commença à voyager avec eux… Après avoir remplis sa malle de livres.
Salazar mangeait du bout de la fourchette, trop concentré sur ce qu'il gribouillait dans un petit carnet ouvert à côté de son assiette. Il était comme d'habitude, penché sur des formules de potions en tout genre. Les adolescents de sa maison étaient à la fois ses élèves, ses assistants et même parfois ses cobayes, mais ils ne plaignaient jamais car ils avaient l'occasion d'observer de près le génie de leur professeur et directeur de maison. Au début, il n'aurait jamais dû faire partis de cette aventure, il y aurait dû avoir que trois Fondateurs et non quatre. Il avait décidé de vivre en ermite dans la Forêt Interdite, seul avec ses serpents. Godric, Helga et Rowena s'étaient perdus dans sa forêt, mais cela faisait des années que Salazar n'avait pas vu d'autres sorciers, il n'avait donc pas eu cœur à les chasser. A la place, il était venu à leur rencontre et il avait fait la connaissance de ces trois idéalistes, pleins de rêves et d'espoir.
Salazar s'était laissé séduire par l'idée de cette école de magie, il se rappelait d'avoir fait un tel rêve similaire quand il était enfant : trouver un endroit où il y aurait une place pour des personnes comme lui, loin de la pression de sa mère. Mais il n'avait pas osé demander à faire partie de leur aventure, il n'aimait pas s'immiscer auprès d'inconnus. Ce fut Godric qui le convainc de les suivre « je ne serais plus le seul homme de la bande » lui avait-il dit. Helga lui avait affirmer qu'elle aimerait partager leur passion commune des plantes, même s'ils ne voyaient pas leur utilité de la même manière. Et Rowena qui appréciait son esprit pointu et réfléchi, bien plus que les deux autres avec qui elle faisait route, lui demanda aussi de les suivre, histoire de ne pas être la seule à veiller sur leur groupe. Les derniers doutes de Salazar concernèrent ses amis reptiles qu'il ne voulait pas laisser seuls dans la forêt, mais quand il apprit la destination de ses nouveaux amis, il n'hésita plus. Une nouvelle vie commençait pour lui.
Poudlard était donc autant une réussite, qu'un rêve ou qu'une famille pour eux. Les quatre fondateurs y vivaient les meilleures années de leur vie, se disputant, se réconciliant, passant du temps entre amis mais aussi avec leurs élèves comme mentors. Parfois, il arrivait que Godric et Salazar en viennent à la magie, mais uniquement à cause du tempérament de feu du premier, et cela ne signifiait jamais la fin de leur amitié. Certains élèves s'amusaient même à parier sur le gagnant, leurs disputes étaient donc au final bonne enfant. Alors comment, dans le futur, la réalité avait-elle pu être déformée jusqu'à représenter Salazar et Godric en ennemis de toujours ? Tout commença ce jour-là, quand le Fondateur rouge et or, commença à taquiner son collègue :
« Alors Sal' ! A force de toujours écrire dans ce carnet, tout le monde va finir par croire que tu es amoureux de lui ! »
« Moi au moins je sais écrire, mécréant. »
« Je ne te permet pas, vil serpent, mon écriture est des plus fine et élégante ! »
« Mais oui, pour quelques créatures venues d'un autre monde peut-être, mais pour le commun de mortels, elle est surtout illisible. »
Godric, faussement vexé, se leva de sa chaise et sans crier gare monta sur la table, commençant à incanter en direction de son meilleur ami et rival attitré. Salazar se mit à lui renvoyer des sorts à son tour, un sourire au coin des lèvres. Rowena soupira de dépit, visiblement cela faisait un moment que le chevalier ne s'était pas défoulé et le potionniste entrait volontiers dans son jeu. Helga, elle, observait avec amusement les deux hommes, à la manière d'une grande sœur regardant deux de ses petits frères s'amuser ensemble. Les autres élèves commençaient à s'échauffer à leur tour, mais seulement en tant que supporters : chacun encourageait celui qu'il croyait gagnant, les paris repartirent une fois de plus de plus belle.
Rowena eut la bonne idée d'entourer les plus jeunes d'un puissant bouclier magique, quand les deux hommes commencèrent à être sérieux et que certains sorts se perdirent en direction de la foule. Les plus âgés, désormais habitués et ayant les connaissances nécessaires, conjuraient leurs propres boucliers, enveloppant parfois quelques élèves plus jeunes.
Aucun des deux sorciers ne semblait prendre l'ascendant sur l'autre, le combat menaçait de durer en longueur et Helga se décida à les arrêter, ils avaient des cours à dispenser cette après-midi après tout. Mais soudain, un sort toucha Salazar en pleine poitrine et celui-ci disparut. Comme ça. Sans laisser de traces et sans signes avant-coureurs. Le silence tomba sur la Grande Salle, tout le monde observait Godric avec de gros yeux : qu'avait fait le Lord Gryffondor pour ainsi faire disparaitre son ami… ? Et ce fut ainsi que certaines mauvaises langues commencèrent à déformer la vérité, supposant que le Maître des rouges et or avait cherché à se débarrasser d'un rival encombrant ou d'un mage noir trop avide de pouvoirs selon les versions…
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30 juillet 1998 – Poudlard – Infirmerie
Trois mois. Ou même bientôt quatre. C'est le temps qui s'était écoulé depuis la bataille finale, depuis la défaite de Voldemort, depuis la victoire d'Harry et de la Lumière. Autant de temps depuis les morts, les blessés, une école en ruine. Il y a presque quatre mois, Harry était à Poudlard à la recherche du dernier Horcruxe avant lui et Nagini. Ses amis avaient détruit les Horcruxes alors qu'il allait faire face à Voldemort. De longs mois depuis ce moment où ils avaient engagé le combat, où les sorts s'étaient mis à fuser de chaque côté, où Harry avait bien cru mourir une deuxième fois…
Trois mois. Pendant lesquels il avait fui les cérémonies, les journalistes et les sorciers et sorcières souhaitant à tout prix féliciter personnellement le Survivant, qui était devenu le Sauveur. Des sorciers et des sorcières qui s'étaient cachés toutes ses années, sans jamais agir, des sorciers et des sorcières dont on n'avait pas vu l'ombre lors de la Bataille finale, et qui pourtant clamaient que leur aide avait été décisive. Quelle aide ? Ils n'avaient rien fait sinon attendre que les choses se passent. Tous des hypocrites qui ne voulaient pas admettre leur véritable allégeance ou le fait qu'ils étaient restés cachés chez eux, la queue entre les jambes. Si Harry avait pris le temps de les écouter, il aurait pu croire que le monde Sorcier au grand complet avait fait bloc contre Voldemort et qu'au moins, les trois quarts des Mangemorts étaient des espions de la Lumière. Foutaises. Mais Harry n'avait pas pris le temps de les écouter, il ne voulait pas être déçu par eux, il ne voulait en fait rien avoir à faire avec eux. Il s'était contenté de faire accepter l'innocence de son parrain Sirius et de son ancien professeur de potions, Severus.
Trois mois. Des mois de torture pour Harry. Quelque chose s'était passé pendant son duel contre Voldemort, quelque chose de mauvais. Ce jour-là, comme beaucoup de personnes, Harry avait failli mourir. Voldemort avait le dessus et lui s'épuisait à vue d'œil, son récent retour d'entre les morts avait dû jouer. Toujours était-il qu'il voyait la fin approcher, sa fin. Et il ne voulait pas mourir, pas après avoir refusé la mort. Il ne souvenait plus de ce qui lui était passé par la tête à ce moment-là, alors qu'il tombait un genou à terre, une idée saugrenue lui avait traversée la tête. Il savait sa magie puissante, mais son corps était un poids qui l'empêchait de combattre et de vaincre.
Alors puisque son corps l'entravait… Autant s'en débarrasser pour attaquer, non ? Et il avait projeté littéralement sa magie et son âme en dehors de son corps pour lui infliger le coup fatal. Etait-ce la surprise ou sa magie avait réellement pu développer tout son potentiel sans l'entrave de son corps, qui lui avait permis de vaincre Voldemort ? Aujourd'hui encore il n'avait pas de réponse. Ce jour-là, il avait gagné, mais à quel prix ? Son corps avait été vidé de sa magie et de son âme pendant une longue minute et il aurait pu ne jamais réussir à rejoindre son enveloppe corporelle s'il n'avait été qu'un simple sorcier… Mais un Héritage Magique sommeillait dans ses veines et cela l'avait maintenu en état pour réintégrer son corps.
Au début, il n'avait remarqué aucun changement. Il n'avait rien vu venir, il s'était donné à fond pour rétablir l'innocence de son parrain et de l'espion attitré de l'Ordre du Phénix, tout en jouant de son nom pour que les plus jeunes « Mangemorts » poussés à entrer sous les ordres de Voldemort par la pression familiale, aient des réductions de peines. Ils n'étaient que des enfants à ce moment-là, ils n'avaient pas encore eu la chance de penser par eux-mêmes, on ne pouvait pas leur en vouloir d'avoir suivi leurs parents. Pendant plus d'un mois, il avait assisté à tellement de procès qu'il n'arriverait pas à tous les citer de tête. Et puis les problèmes avaient commencés.
Au début ce n'était qu'une légère gêne dans la poitrine, comme une sorte de crise d'asthme bénigne. Puis sa magie avait commencé à faire des siennes, à sortir sans qu'il ne demande rien, pour des petites choses simples de la vie : il pensait à une tasse de café et celle-ci apparaissait, il tendait le bras pour tenter d'attraper le journal et celui-ci sautait dans sa main. Cela ne l'avait pas vraiment inquiété, c'était même assez pratique. Et puis elle avait commencé à éloigner les autres de lui petit à petit, comme si elle cherchait à l'isoler de tout le monde et du moindre danger. Le symptôme suivant fut une très forte réaction négative à la lumière, sortir trop longtemps l'affaiblissait et le rendait même malade. Puis la douleur était revenue, puissante et insupportable. Il se retrouvait cloué à son lit plusieurs heures par jours, sans arriver à se dissocier de cette sensation. Et ça ne s'était pas amélioré avec le temps, bien au contraire. Ce fut donc dans un état lamentable, en proie à une douleur aigue et mauvaise, que ses amis l'avaient trouvé, trois mois après la bataille finale. Depuis, il n'avait plus quitté l'infirmerie de Poudlard qui avait été reconstruite.
Aujourd'hui encore, son corps était plus douloureux qu'hier, Pomfresh devait souvent venir le voir pour le laver avec un sort, car il suait constamment. Toutes les potions qu'on lui avait données n'avaient servi à rien. Sa fièvre ne baissait pas, sa magie ne se calmait pas, sa douleur ne refluait pas. Chaque jour, on lui demandait de boire de nouvelles potions qui devraient l'aider, mais jamais rien ne se passait. Harry savait au fond de lui qu'il ne pourrait pas tenir éternellement dans un tel état. C'était impossible pour son corps de continuer à supporter tout ça, ses pensées se faisaient de moins en moins cohérentes, il savait qu'il restait éveillé, mais il n'arrivait plus à se rendre compte de ce qu'il se passait autour de lui. La fin approchait, il le sentait. Mais il ne voulait pas mourir ! Il avait survécu à Voldemort, il s'était battu pour vivre, pas pour mourir quatre mois après d'un mal inconnu… Il voulait vivre ! Vivre, vivre, vivre, vivre…
Ce seul mot tournait comme une mélodie à la fois cruelle et pleine d'espoir dans sa tête. Pleine d'espoir car il voulait espérer, sa prière avait déjà été entendue, peut-être qu'elle pourrait l'être encore une fois. Mais cruelle car il l'avait formulé trop de fois pour que son vœu soit à nouveau réalisé et qu'elle lui rappelait tout ce qu'il allait bientôt se passer pour lui : la mort. Mais peut-être avait-il été destiné à ne pas survivre à la bataille finale ? Peut-être lui avait-on accordé un répit sans qu'il n'en n'ait conscience… Et qu'avait-il fait pendant ces derniers mois ? Des choses inutiles : il avait sauvé des gens et vécu une vie presque normale, alors qu'il aurait pu voyager à travers le monde, se préparer à son départ, faire ses adieux comme il le fallait… Non, au final il aurait fait la même chose. Il n'aurait pas pu partir sans avoir fait une dernière action pour mettre un terme définitif à la guerre et à ses conséquences. Et une vie normale, des jours heureux, c'est ce qu'il avait toujours voulu, non ? Oui, il n'aurait rien changé même s'il avait su ce qui l'attendait à la fin du chemin. Pourtant, il espérait encore vivre un peu plus… Juste un peu plus… Ou justement bien plus.
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31 juillet 1998 – Poudlard – Bureau du Directeur
Il était penché sur des lettres que les professeurs lui avaient fait parvenir. La guerre avait été terrible et la bataille finale d'autant plus. Beaucoup d'enseignants avaient souhaité rester auprès de leurs familles au lendemain de la guerre et il ne pouvait que les comprendre. Il avait dû donc trouver de nouvelles personnes pour venir dispenser leur savoir aux élèves de Poudlard. Heureusement, quelques personnes, comme Minerva, Filius ou Septima, avaient repris leurs postes. Il avait eu quelques bonnes surprises aussi avec Neville Londubat qui avait postulé pour la place de professeur de Botanique ou encore Draco Malfoy pour celle de professeur Potions. Mais malgré cela, gérer l'organisation des futurs cours en plus de la reconstruction du château n'avait pas été une mince affaire. Et à cela était venu s'ajouter le nouveau problème qu'était Harry Potter. Encore et toujours lui. Quand est-ce que cet enfant arrêterait d'attirer les ennuis ? La malédiction du Seigneur des Ténèbres était donc d'un autre genre, que celle à laquelle tout le monde pensait ? On pouvait définitivement se poser la question.
Severus Snape avait miraculeusement survécu à l'attaque de Nagini : Hermione n'avait eu qu'à chercher dans son sac extensible, un bézoard à donner à son ancien professeur de Potions. La pierre avait réussi à le guérir à temps, mais il avait ensuite fait un arrêt cardiaque à cause du choc et du stress engendré par l'attaque puis par la guérison. Il aurait réellement pu en mourir à ce moment-là si Harry n'avait pas commencé un massage cardiaque. Ses deux amis l'avaient regardé faire, pensant qu'il s'acharnait pour rien et ils avaient finis par l'éloigner. Heureusement, les efforts d'Harry avaient porté les fruits, mais ils ne l'avaient appris qu'à la fin de la bataille, quand ils avaient retrouvé l'homme dans l'infirmerie provisoire, avec des fêlures au niveau du sternum, preuve du massage cardiaque d'Harry. En effet, quand Hermione et Ron avaient emmené Harry, son cœur s'était remis à battre et il était simplement resté inconscient. Il avait repris connaissance une quinzaine de minutes plus tard et il avait croisé Neville qui l'avait aidé à parcourir le chemin jusqu'à Pomfresh.
Grâce à tous les scénarios catastrophiques que Miss Granger avait imaginés et qui l'avait poussé à emporter d'innombrables potions et un bézoard, et grâce aux connaissances de Potter dans les gestes de premiers secours moldus, il avait pu s'en sortir. Il pensait avoir une dette envers ses deux élèves, mais quand le Sauveur était venu témoigner pour lui à son procès et qu'il s'était battu pour que les charges soient abandonnées, il avait compris que ce serait impoli de sa part de considérer leurs actions comme des gestes intéressés. Il s'était donc contenté de les remercier et vraisemblablement, même ça, ils ne s'y attendaient pas. Toujours était-il qu'il avait par la suite repris son poste de directeur de Poudlard, à la demande de Minerva elle-même. Au début, il avait trouvé cela stupide, après tout il venait d'être disculpé, mais de nombreuses familles pourraient encore avoir des doutes. Mais la directrice de la maison Gryffondor lui avait assuré qu'elle ne changerait pas d'avis car elle avait vu son travail, toute l'année passée, et qu'il avait été plus que compétent à ce poste.
Puis il y a deux ou trois mois, Hermione et Ron étaient arrivés en catimini à l'infirmerie avec un certain Sauveur dans les bras, pour le faire soigner d'urgence. Même si Severus avait dit ne pas avoir de dette envers lui, il s'était senti obligé de lui venir en aide, de ne pas le laisser dans un tel état. Pomfresh s'était penchée sur son cas jours et nuits et il avait été là pour l'épauler et préparer toutes sortes de potions sous ses ordres, mais Harry, non content d'être atteint d'un mal inconnu, ne réagissait pas aux traitements. Depuis il n'avait pas quitté le lit de l'infirmerie et son état empirait de jour en jour. Régulièrement, Pomfresh lui demandait de nouvelles potions, mais ils avaient déjà testé tant de choses, qu'ils ne savaient plus quoi essayer pour l'aider. C'était quand la culpabilité se mettait à ronger Severus, comme ce soir-là, que le sommeil le quittait et qu'il retournait travailler sur des papiers de moindres importances pour penser à autre chose. Sa culpabilité était injustifiée, mais il n'arrivait pas à s'en débarrasser : et s'il n'avait jamais entendu la prophétie ? Et s'il ne l'avait pas raconté à Voldemort ? Et s'il avait mieux veiller sur Harry ? Et s'il avait réussi à fournir assez d'informations pour détruire le Lord Noir plus tôt ? etc. Avec des si, on pouvait refaire le monde comme le disaient si bien les moldus.
Severus poussa un profond soupire et enterra son visage dans ses mains quelques longues secondes. Ce genre de pensées ne le quittait jamais et il en venait même à culpabiliser de penser ainsi, car Harry ne voudrait sûrement pas le voir dans un tel état, ou il lui dirait que ce n'était pas de sa faute. C'était bien le genre de ce gamin arrogant, toujours en train de penser qu'il savait tout… Sauf qu'il aurait raison. S'il commençait à méditer sur les mérites du Sauveur, c'était qu'il manquait sérieusement de sommeil, il se leva donc, quittant le bureau pour rejoindre ses appartements, mais une soudaine secousse magique l'arrêta avant qu'il n'atteigne la porte. Il posa immédiatement sa main sur les pierres froides des murs et se connecta à la semi-conscience de Poudlard pour savoir d'où cela venait. Un ricanement désabusé sortit de ses lèvres lorsqu'il apprit que l'épicentre de cette explosion de magie se trouvait à l'infirmerie. Il aurait dû le deviner. Encore et toujours lui.
Il transplana malgré tout devant l'infirmerie dans la seconde suivante – l'antre du dragon féroce qu'était Pomfresh était le seul endroit où un directeur ne se risquait pas d'apparaître subitement – et il entra rapidement… Pour se retrouver nez à nez avec un individu qu'il n'avait vu que dans les livres… Salazar Serpentard… Severus resta coi pendant une dizaine de secondes avant de se reprendre et de se diriger avec hâte vers Harry pour s'enquérir de son état. Etrangement l'adolescent semblait profondément endormi et souffrait seulement d'une sérieuse chute de magie, alors qu'elle n'avait fait qu'augmenter depuis son arrivé. Lorsqu'il se retourna pour se retrouver de nouveau face à celui qui semblait être l'un des quatre Fondateurs, Severus se demanda quel prodige magique le Sauveur avait pu réaliser… Il n'avait quand même pas réussi à créer un portail temporel d'un millier d'années tout seul… ?!
Pourtant, Severus se secoua en inspirant profondément. Même pour ce satané Potter, un tel exploit était bien au-dessus de ses moyens, il ne possédait pas assez de magie pour ça, même si la sienne avait grandi de manière exponentielle… Ah moins qu'il n'ait reçu un coup de pouce… ? Sceptique, le directeur de Poudlard reposa sa main sur les pierres de Poudlard et alors qu'il entrait en contact avec la semi-conscience du château, il se rendit compte cette fois que sa magie était elle-aussi au plus bas… Pourquoi cela devrait-il le surprendre ? Apparemment Poudlard avait décidé de son propre chef d'aider Harry foutu Potter, à faire apparaître un être millénaire dans leur époque. Un autre jour normal dans ce monde de fou en somme.
Sentant déjà poindre déjà une migraine monumentale, l'ancien professeur de potions se tourna enfin vers leur invité surprise. Aucun des deux n'avaient encore parlé, Severus car il souhaitait avoir toutes les cartes en main et Salazar sûrement à cause du choc. Prenant donc son mal en patience pour cette soirée qui n'allait pas se finir de sitôt, le directeur se tourna vers le Fondateur, pour trouver ce dernier tanguant dangereusement. Il s'approcha de lui en quelques enjambés et lui lança un simple sort de diagnostic, faisant fi de la baguette qui était désormais pointé sur lui, qui lui révéla l'état de fatigue total dans lequel se trouvait l'homme.
« Vous devriez vous reposer. » Déclara enfin Severus. « Les explications pourront attendre demain, je doute que vous puissiez supporter toutes les informations qui vous sauront transmises, dès ce soir. » Voyant l'air méfiant de son interlocuteur, il ajouta : « Vous êtes à Poudlard ici, votre autorité prévaut sûrement sur la mienne pour le château, alors je doute que vous ayez quelque chose à craindre entre ces pierres. »
Le Fondateur était vraiment exténué car il se contenta d'acquiescer et se laissa tomber, avec toute la grâce de son éducation, dans le premier lit qui fut à sa vue, serrant malgré tout sa baguette fermement dans sa main. Severus le laissa rapidement seul, se doutant qu'il ne fermerait pas réellement les yeux avec un inconnu à côté de lui. Il alla plutôt écrire une note à Pomfresh pour lui signaler l'arrivée d'un nouveau patient : l'infirmière n'avait pas la même connexion que lui avait le château, alors elle ne s'était sûrement pas rendu compte de l'explosion magique dans son infirmerie. Puis il retourna lui-même se coucher, en se demandant ce qui allait arriver cette fois. Il en venait presque à plaindre le fils de James qui n'avait pas l'air d'arriver à avoir une vie normale.
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31 juillet 1998 – Poudlard – Infirmerie
Cela faisait déjà une heure que Salazar c'était réveillé dans cet endroit familier et à la fois étranger. Il avait bien sûr reconnu l'infirmerie de son beau château magique, mais il ne ressemblait pas à ce qu'il connaissait de la pièce. Cette étrange sensation étreignait son cœur et il n'arrivait pas à la mettre de côté pour penser un peu plus à ce qu'il s'était passé hier. Il était d'abord en train d'affronter Godric dans un autre de leurs duels amicaux qui ravissaient tant leurs étudiants, quand il s'était sentit aspiré entre deux dimensions… Avant d'atterrir à l'infirmerie. La première chose qui l'avait frappé, ce fut la lune et ciel d'encre qu'il voyait par les fenêtres, alors qu'il était censé être midi. Puis il s'était aperçut que l'hospice de Poudlard était différent : plus de lits, un autre agencement, pas de bureaux pour ceux qui étudiaient la Médicomage avec leur sorcier médecin…
Il se demandait encore ce qu'il s'était passé, quand un homme tout de noir vêtu, était entré dans la pièce comme si l'endroit lui appartenait. Ses vêtements étranges l'avaient intrigué, mais il ne lui avait pas adressé la parole et il était passé à côté de lui comme s'il ne l'avait pas vu… Ce qui était pourtant le cas puisqu'il l'avait fixé, visiblement abasourdi ou surpris, pendant quelques secondes. L'homme s'était rué vers un lit en particulier où un garçon aussi pâle qu'un mort était allongé. Il s'était sentit alors fatalement attiré par l'adolescent, mais en quelques pas, il s'était rendu de la faiblesse soudaine et inexplicable de son corps. L'autre aussi s'en était visiblement aperçu après un sort, et lui avait conseillé de se reposer, que les discussions seraient pour plus tard. Il avait attendu qu'il soit ressorti avant de l'écouter : il était trop faible pour réfléchir correctement et une fois détendu, il était directement tombé dans les bras de Morphée.
Maintenant qu'il était réveillé, Salazar ne savait plus où donner de la tête : des centaines de questions tourbillonnaient dans son esprit – quoi de plus naturel – mais il sentait également que quelque chose se passait avec sa magie… Il ne savait pas quoi exactement, mais celle-ci semblait changer à l'intérieur de lui, c'était mine de rien assez effrayant et il essayait malgré tout de garder son calme. L'autre problème du point de vue du Fondateur, se symbolisait par son voisin de lit : l'étrange attirance de la nuit dernière était revenue en force dès qu'il avait posé ses yeux sur lui. Il ne comprenait pas d'où elle venait et pourtant il avait l'étrange impression qu'elle avait toujours été présente… Bien avant sa naissance même.
« Vous êtes réveillé ? Comment vous sentez-vous ? » Demanda soudain Pomfresh en arrivant à son niveau.
Salazar se contenta de la détailler, il ne reconnaissait pas son uniforme, mais il se doutait pourtant qu'il devait s'agir de l'infirmière, et cela le mit en confiance.
« Lourd. » Répondit-il d'une voix rauque.
« Je vois. Je vous ai apporté quelques potions revigorantes pour vous aider à aller mieux. Malheureusement je ne sais pas quel autre problème pourrait avoir entraîné votre voyage dans le temps. Donc si jamais quelque chose ne va pas, il faut que vous veniez me voir. »
« … Temps… ? »
Pomfresh lui présenta d'abord un verre d'eau avec une paille, pour qu'il n'ait pas à se relever, en remarquant sa difficulté à parler. Puis elle enchaina, d'une voix calme :
« Oui, vous êtes bien Salazar Serpentard ? » Elle reçut un hochement de tête et poursuivi donc : « Eh bien j'ai le grand honneur de vous annoncer que nous sommes en 1998. Vous avez fait un saut temporel de plus mille ans dans le futur. »
Salazar sentit toutes couleurs quitter son visage. Evidemment il avait pensé à cette solution, mais il n'avait pas voulu y croire. Il aurait préféré une dimension parallèle… Mais un saut dans le temps… De plus de mille ans ! C'était impossible ! Pomfresh sembla lire cette pensée sur son visage, car avec un sourire en coin, elle répliqua :
« Impossible n'est pas Potter il faut croire. »
Le Fondateur tourna la tête vers le garçon allongé à côté de lui, supposant qu'il s'agissait dudit Potter. Etait-ce donc à cause de lui qu'il était ici ? Cela n'avait aucun sens. Les voyages temporels relevaient presque du mythe quand on parlait de se déplacer soi-même d'une date à une autre, mais alors interagir sur une personne que l'on ne connait pas… Il devait faire un rêve, ou un cauchemar selon la tournure de celui-ci, il n'y avait pas d'autres explications.
« M'dam Pomfesh… » Fit une voix pâteuse à côté de lui.
L'infirmière se détourna immédiatement de lui, se jetant presque sur son autre patient en l'auscultant rapidement, tout en demandant frénétiquement :
« Monsieur Potter ? Monsieur Potter ! Avez-vous conscience de ce qui vous entoure ?! »
« Ui… »
« Par Merlin, cela fait plusieurs jours que vous déliriez… »
Les deux patients entendirent distinctement un soupir de soulagement, avant que l'infirmière reprenne un peu contenance, continuant son travail en évaluant l'état de son premier patient. Son corps était faible et fatigué, mais il allait nettement mieux qu'hier ou que depuis son arrivée dans ses locaux. La douleur avait disparue, son niveau de magie était relativement bas mais celle-ci n'attaquait plus son corps. La fièvre était partie et il commençait même à reprendre des couleurs. Ses yeux n'étaient plus vitreux et il ne se noyait plus dans la folie de son état. C'était comme si le mal qui l'avait rongé avait disparu avec l'arrivée du Fondateur.
Mais au lieu de réjouir l'infirmière, cela lui fit froncer les sourcils et après avoir donné de quoi boire à Harry, ainsi que quelques potions pour le remettre d'attaque, elle se retourna vers Salazar.
« Lord Serpentard. » Le Fondateur perçut le regard surpris de son voisin du coin de l'œil. « Vous m'avez dit que vous vous sentiez lourd suite au saut temporel. Est-ce que vous vous sentez également différent ou tout va bien ? »
L'infirmière semblait très sérieuse et sincèrement inquiète, Salazar n'eut donc pas le cœur à lui cacher son état, il répondit alors plus facilement que tout à l'heure.
« J'ai l'impression que ma magie a changée. »
« Changée ? De quelle manière ? »
« Les sensations. »
« … Quel âge avez-vous ? »
« J'ai fêté mes 24 ans cette année… Enfin… Bref, vous me comprenez. Pourquoi donc ? » Demanda-t-il à son tour, un sourcil relevé.
Mais l'infirmière ne lui répondit pas, plongé dans ses pensées. Elle leur expliqua juste qu'elle devait faire quelques recherches, mais que des elfes allaient leur apporter leurs repas et que le directeur passerait sûrement les voir dans la journée, avant de les quitter. Harry la regarda partir avant de jeter un nouveau coup d'œil au second patient de l'infirmerie.
Salazar Serpentard… Il avait du mal à s'en rendre compte. Bien sûr, l'homme était assis dans un lit identique au sien, juste à côté de lui, mais il ne ressemblait pas du tout à l'image qu'il s'était faite de lui. Bien plus beau et charismatique. Ses cheveux châtains tombaient élégamment sur sa nuque, ses traits étaient plus durs qu'il ne l'aurait pensé, sa peau était pâle mais n'avait pas la couleur maladive de ceux qui ne vont pas au soleil, tandis que ses yeux bleu cobalt lui rappelaient les profondeurs du lac de Poudlard. Il avait toujours bêtement pensé que Voldemort possédait autrefois la beauté oubliée de sa lignée Serpentard, mais maintenant il se sentait stupide d'avoir pensé ça. L'homme qui se tenait à côté de lui ne ressemblait en rien à son descendant.
« Ce que tu vois te plaît ? » Finit par demander narquoisement le Fondateur, ayant remarqué son regard appuyé.
« Vous êtes très beau. » Répondit tout simplement Harry, déstabilisant ainsi son interlocuteur.
« Eh bien… Merci. Pourrais-je connaître votre nom ? Je ne suis pas sûr qu'il soit nécessaire de me présenter à priori. »
« Je suis Harry, enchanté. Cela fait un moment que vous êtes là ? »
« Non, je suis arrivé hier et je suis endormi presqu'aussitôt. »
« Cela ne doit pas être facile pour vous. »
« Je suppose que je n'ai pas encore pleinement acquis que je ne suis plus chez moi. »
Salazar haussa les épaules en répondant, puis se leva, testant un instant la force de ses jambes, avant de rejoindre le lit de son voisin sous l'œillade surpris de ce dernier. Il s'installa à l'autre bout du lit, en face de lui et ils continuèrent à discuter tranquillement de choses et d'autres. A un moment, des plateaux repas apparurent devant eux et ils s'en régalèrent, reprenant des forces. Salazar demandait quelques informations sur Poudlard et la manière dont le château avait changé et Harry se faisait une joie d'y répondre, racontant même parfois les aventures qu'il avait vécu entre ses quatre épais murs. Ils discutèrent même de la Forêt Interdite et des créatures qui y vivaient désormais.
Le courant passait bien entre eux, ce qu'Harry n'aurait jamais cru capable car il s'agissait quand même de l'ancêtre de Voldemort, celui dont il partageait les idéaux ! Mais à force de lui parler, le Sauveur se rendit compte que Salazar n'avait aucun point commun avec Tom, surtout dans leurs façons de penser : le Fondateur se voyait même mal faire une distinction entre les enfants de sorciers et les enfants de moldus, puisque son meilleur ami, Godric, était lui-même un Né-Moldu et qu'il était plus puissant magiquement que lui, qui était le fils d'une sorcière. Bien sûr, ils évitaient de parler d'autres choses plus indiscrètes, comme leur passé personnel en dehors de quelques anecdotes, mais aussi de ce qu'il se passait et de ce qu'il s'était passé hors du château : il était fort probable que Salazar retourne dans son époque, il ne devait donc pas en apprendre de trop non plus.
Ce fut donc ainsi que Severus les trouva. De tout ce qu'il aurait pu imaginer, ce n'était sûrement pas la première situation qui lui serait venue à l'esprit : un Gryffondor et un Serpentard discutant joyeusement et encore moins Harry Potter, grand sauveur et vainqueur d'un mage noir, et Salazar Serpentard, l'un des plus grands mages noirs de son époque et ancêtre de l'ancien ennemi numéro un. La possibilité d'une telle vision lui avait effleuré l'esprit, mais sous la forme d'une bonne blague ! Mais passée la surprise, il se sentit soulagé et heureux de voir Harry réveillé et visiblement en forme.
« Monsieur Potter, vous ne cesserez donc jamais de me surprendre ? » Fit-il d'une voix sarcastique pour annoncer sa présence.
« Voyons professeur, votre monde serait bien fade sans mes quelques surprises. » Répondit le fils de Lily presqu'au tact à tact, un sourire heureux sur les lèvres.
Severus secoua la tête tout en poussant un faux soupir exaspéré, mais Harry savait qu'il n'en n'était rien, son ancien professeur était réellement heureux de le voir en meilleure forme. Ils n'avaient pas réellement eu l'occasion de discuter depuis la fin de la guerre, mais l'adolescent avait quelques souvenirs des nombreuses fois où Severus était venu, inquiet, veiller sur son état. Ce n'était que des visions floues, mais cela lui suffisait : il avait été là pour lui, donc il devait tenir au moins un peu à lui, après tout on ne veille pas avec autant d'assiduité une personne que l'on déteste. Cela lui faisait chaud au cœur de le savoir, car il s'était rendu compte que Severus était devenu quelqu'un d'important pour lui, toujours à surveiller ses arrières, à le protéger, à le sauver. Il avait été également la seule figure d'autorité stable dans ce nouveau monde où tout le monde ne voyait de lui que le Survivant. Il aurait presque pu le considérer comme une figure parentale, voir même paternelle, si l'homme n'avait pas eu à se montrer excessivement hargneux contre lui.
Oh bien sûr, au début, Severus était loin de jouer la comédie, il le détestait réellement pour être le fils de James et de la femme qu'il avait aimé. Mais petit à petit, il avait appris à connaître le garçon avant tout et il avait vu son courage mais aussi sa fragilité. Seulement en tant que Mangemort, il n'avait pas pu le soutenir ouvertement. Il le regrettait parfois, mais pas Harry car il avait toujours su, quelque part, que quelqu'un le protégeait, sans savoir qu'il s'agissait de Snape, avant ces quelques mois. Les souvenirs qu'il avait vu de son professeur et ces trois mois où il oscillait entre semi-conscience et douleur, lui avait permis d'accepter sereinement qu'il pouvait réellement faire confiance à l'ancien espion et qu'il ne lui en voulait pas pour ces années d'études où il avait toujours pris grand soin à le faire rester sur terre, après tout il n'était pas non plus rester pacifique à chacune de leurs petites joutes verbales.
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15 septembre 1998 – Poudlard – Infirmerie
La troisième semaine de cours venait d'être entamée à Poudlard. La rentrée c'était bien passée, aussi bien pour les nouveaux élèves, que pour les anciens ou ceux devant refaire leur septième année à cause de la guerre, qui avait été la préoccupation principale de nombre d'adolescents. Harry était resté à l'infirmerie tout le reste de l'été à cause de l'état de fatigue extrême de son corps. Pendant tout le mois d'Août, il avait dormi presque toute la journée, ne restant éveillé que pour les repas et deux à trois heures lorsqu'il était en forme. Mais Madame Pomfresh ne l'avait jamais laissé sortir de son lit.
Salazar de son côté, avait dû garder le lit toute une semaine, avant d'être jugé apte à déambuler dans le château sans s'évanouir au détour d'un couloir. Pourtant, il n'avait que très rarement quitté l'infirmerie, guettant les moments où Harry se réveillait pour discuter avec lui. Le Fondateur avait bien évidemment fait la connaissance des autres personnes présentes sur le domaine, comme Hagrid, Minerva ou Filius, mais il se sentait une affinité toute particulière avec le jeune Potter et il préférait donc veiller sur son sommeil, dans un confortable fauteuil qu'il avait transfiguré.
Lorsque la rentrée avait doucement fait son chemin sur le calendrier, Harry avait commencé des exercices de rééducation pour de nouveau pouvoir gambader aux quatre coins de Poudlard. En effet, passer autant de temps dans un lit, sans bouger, avait été préjudiciable pour ses muscles et sa capacité à se déplacer seul. L'infirmière avait donc préféré le garder près d'elle, mais avec l'arrivée imminente des étudiants et la célébrité du Sauveur, elle avait demandé à Severus de créer une petite pièce dans son infirmerie où elle pourrait y installer Harry. Ce fut finalement Salazar qui demanda à Poudlard de créer cette chambre et heureusement car le jeune homme à la cicatrice était sûr que le Directeur aurait pu la décorer aux couleurs de Serpentard, uniquement pour l'embêter. Celle du Fondateur avait le mérite d'être dans des couleurs neutres de beiges, marrons et blanc cassé.
Pendant donc trois semaines, Harry s'était acharné à retrouver une certaine motricité et grâce aux potions et à la magie, il était en train d'en voir le bout. Bien sûr il resterait encore fatigué s'il devait marcher de longues distances ou si ses journées étaient trop longues, mais il ne risquait plus de devoir s'effondrer au bout de trente mètres, comme il en avait eu la désagréable aventure au début de sa rééducation. Malgré cette bonne nouvelle, Harry n'était pas totalement certain d'être sortit de cette épreuve : encore aujourd'hui, il n'avait aucune idée de ce qui avait bien pu se passer et comment il avait été guéri, ce qui signifiait pour lui qu'il n'était pas l'abri d'une rechute.
Pomfresh avait commencé à faire des recherches à ce sujet, persuadée que l'arrivée impromptue de Salazar Serpentard dans leur temps n'y était pas étrangère, mais elle avait dû laisser cette enquête à Severus, qui avait non seulement plus de temps mais également plus de connaissances. C'était pour parler de ces résultats que Salazar, Harry et lui, étaient dans l'infirmerie déserte. Le Fondateur n'était qu'à moitié surpris, apparemment son arrivée avait bien un lien avec sa guérison, mais alors était-il aussi responsable de sa maladie ?
« Alors Monsieur le Directeur, vous avez trouvé ce qui m'a valu cet enfermement en infirmerie ? » Tenta Harry avec un peu d'humour pour détendre l'atmosphère et pour se calmer lui-même.
« Harry, c'est très important, alors écoute bien s'il te plait. »
Potter se tut aussitôt. Aussi étrange que cela puisse paraître, Severus ne l'appelait plus par son prénom que lorsque le sujet était grave ou au moins vital. Mais ce fait ne le rassura pas le moins du monde, bien au contraire. Sa respiration s'accéléra alors que des idées plus folles les unes que les autres se succédaient dans sa tête, sur le genre de maladie qu'il avait attrapé, heureusement une main réconfortante se posa sur son épaule et il offrit un petit sourire à Salazar qui essayait de lui donner un peu de courage.
« Tu m'as raconté que lors de ton combat contre… Tu-Sais-Qui, tu as libéré ta magie hors de ton corps. Normalement, un tel acte aurait dû te tuer, mais je pense que ce qui a empêché cela, est aussi responsable de ce qui t'est arrivé par la suite. »
Severus posa un livre devant ses deux interlocuteurs.
« Ce livre parle d'une Créature Magique. L'Ombre… Je suppose que tu ne sais pas ce que sait ? » Continua le Directeur en ne voyant aucune réaction de la part de son protégé.
Salazar quant à lui, avait blêmit et il s'était retenu de ne pas s'écarter d'Harry, par pur réflexe. Il s'en serait voulu par la suite si jamais il l'avait fait, il s'était donc forcé à ne pas esquisser un mouvement. Pourtant le regard que l'homme en noir lui lança, ne le trompa pas, il avait vu ce qu'il avait failli faire, et il cela le fit se sentir honteux d'avoir eu une telle réaction.
« Les Ombres sont des Créatures Magiques très particulières. On les considère comme des synonymes de mauvais présage dans notre société, mais ce ne sont que des préjugés. En réalité, si on ne s'en prend pas à eux, aucun malheur ne fait son apparition, mais les Hommes ayant une phobie pour tout ce qui n'est pas comme eux… »
« Elles sont plus souvent attaqués qu'ignorés ? » Termina Harry. « … Je suppose que si tu en parles, c'est parce que j'en suis une ? »
« C'est exact. » Répondit Severus.
Le Directeur se sentit bêtement fier du garçon quand ce dernier n'eut aucune réaction de rejet, de dégoût ou de peur, comme c'était souvent le cas au début, lorsque des sorciers recevaient cet Héritage Magique particulier. Bêtement car il avait lui-même décidé qu'Harry était son protégé, il ne l'avait pas non plus élevé, il s'était même plutôt comporté de manière horrible avec lui, mais il ne pouvait s'en empêcher… Peut-être parce qu'il entretenait une relation amicale, presque tutélaire avec lui, ou bien était-ce à cause de toutes ses années passées à le protéger. Toujours est-il qu'il offrit un léger sourire au garçon, avant de continuer.
« Tu dois savoir que les Ombres vont toujours par deux, d'après ceux qui les ont étudiées, ce serait une question d'équilibre, de stabilité. Pour éviter donc un quelconque problème d'ordre magique, cet Héritage particulier ne se manifeste que lorsque deux Ombres se rencontrent. Mais le couple d'Ombres est défini avant même leur naissance et donc même si tu rencontrais une autre Ombre, si elle ne t'est pas destinée, tu n'aurais pas reçu ton Héritage. »
« Donc, j'ai reçu mon Héritage d'Ombre car j'ai rencontré l'Ombre qui m'étais complémentaire ? Et c'est ce qui m'a rendu malade ? » Essaya le comprendre l'ancien Gryffondor.
« Je pense que c'est le contraire Harry. Tu es tombé malade, parce que l'autre Ombre n'était pas auprès de toi. J'ai émis l'hypothèse que lors de ton combat contre Tu-Sais-Qui, ton Héritage s'est activé pour te maintenir en vie et que c'est l'absence de cette deuxième Ombre devant t'apporter stabilité, qui t'a conduit dans l'état dans lequel tu étais. »
Un éclair de compréhension passa soudain dans le regard émeraude d'Harry alors qu'il mettait ses informations bout à bout. Il questionna muettement Severus du regard, qui acquiesça, ayant compris son interrogation. Salazar les regardait faire, intrigué, ne comprenait pas ce qu'il se passait… Ou plutôt ne voulant pas comprendre.
« Mais pourquoi ? » Demanda Harry. « Ce n'est pas logique, je veux dire… Je ne l'aurais jamais rencontré en d'autres circonstances. Et d'après ce que tu dis, nous étions censés nous rencontrer. »
« Je ne sais pas Harry, c'est pour cette même raison que je te présente cela comme une hypothèse et non comme une certitude. »
Severus releva les yeux vers Salazar, tandis qu'Harry posait une main apaisante sur celle de celui qu'il avait appris à considérer comme un ami. C'était à lui d'être là pour lui maintenant. Il l'avait senti se crisper un peu plus au fil de la discussion et avec ce que lui avait dit Severus, il comprenait le trouble de son aîné. Lui n'avait pas connu les petites histoires sorcières que les parents racontaient à leurs bambins magiques le soir avant de dormir, il avait même vécu en étant lui-même le centre de préjugés sans fondements, alors accepter d'être une créature dite sombre par d'autres, ne l'affectait pas comme cela semblait être le cas pour Salazar.
Il conjura donc un canapé et un fauteuil pour que tout le monde puisse s'asseoir et entraina le Fondateur à côté de lui pour lui montrer son soutien. Harry avait parfaitement compris que l'arrivée de Salazar était visiblement dû à la Magie qui avait cherché à réunir un couple d'Ombres, puisqu'il en était vraisemblablement une, et donc Salazar était logiquement comme lui et même son partenaire complémentaire. Severus savait que généralement les premiers jours, après la révélation de son Héritage, étaient sûrement les plus durs, pourtant le Fondateur faisait de son mieux pour conserver son sang-froid, par égard envers Harry visiblement.
Salazar savait qu'ils attendaient une explication qui pouvait corroborer leur hypothèse et il l'avait, oh oui il l'avait, mais il avait peur et tout autant honte de la leur exposer. D'un côté parce que cela rendrait cette histoire bien plus réelle qu'elle ne l'était déjà, et de l'autre car sa mère avait fait quelque chose d'horrible pour qu'Harry et lui ne naissent pas à la même époque. Il prit une grande inspiration pour se lancer dans le récit de sa famille, mais les mots se bloquèrent dans sa gorge. Pendant plusieurs minutes, le silence régnait, Severus et Harry attendaient patiemment qu'il arrive à confirmer ou à infirmer l'hypothèse du Maître de Potions. Finalement le pouce du plus jeune traçant des cercles sur le dos de sa main, lui permit de se détendre assez pour se lancer :
« Les choses sont… Enfin « étaient » différentes à mon époque, une femme pouvait être répudiée si elle ne donnait pas un héritier mâle, dans certaines familles nobles… »
Il parla de sa mère qui n'avait donné que des filles à son mari. Il parla du châtiment de répudiation qui flottait au-dessus de sa tête comme une épée de Damoclès. Il parla du rituel qu'elle avait réalisée pour obtenir une âme mâle et puissante à la Magie elle-même, contre l'avis de cette dernière. Il parla de la soudaine infertilité qui la frappa après sa naissance, comme une punition pour son acte contre-nature. Il parla de son enfance et de son adolescence aux mains de sa mère qui lui apprenait tout ce qu'elle savait sur la magie, faisant certes de lui un puissant sorcier, mais lui inculquant également la nécessité à donner un héritier mâle. Il parla également aussi très succinctement de son mariage à 16 ans avec une fille d'un an sa cadette et de la naissance d'un petit garçon dans l'année du mariage. Il parla de son départ à peine une autre année ensuite. Il parla de sa vie d'ermite dans la Forêt Interdite. Il parla de sa rencontre avec Godric, Helga et Rowena. Et il parla de Poudlard. Beaucoup de Poudlard. Terminer sur le château, cette maison pour tous les sorciers, lui permit de se remettre à sourire et de finir sur une note plus légère.
« Comment es-tu au courant pour le rituel ? » Osa demander Severus, par curiosité et parce qu'en tant qu'ancien agent double, une certaine paranoïa le poussait à vérifier ses sources, ou celles de Salazar là.
« Elle tenait un journal et je suis tombé dessus quand j'étais plus jeune. Je n'avais pas tout compris à l'époque, notamment le rituel. Mais j'ai retenu et j'ai fait des recherches plus tard. »
Ils continuèrent à discuter des débuts de Poudlard pour que Salazar puisse penser à autre chose qu'à sa nouvelle condition d'Ombre – il finirait par l'accepter dans quelques jours, mais il était inutile de ressasser ça tout de suite – sans se douter que quelqu'un les avait écoutés à travers la porte. Celle-ci s'était ouverte à cause d'un courant d'air, mais les trois sorciers étaient trop pris dans leur discussion pour s'en rendre compte. L'espion en herbe rebroussa chemin, la tête pleine de questions, partant directement vers la bibliothèque pour faire des recherches sur les Ombres énoncées par l'ancien professeur de Potions.
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29 septembre 1998 – Poudlard – Couloir
Cela faisait plus d'une quinzaine de minutes qu'il se tenait devant la gargouille qui menait au bureau de son parrain et Directeur de l'école Poudlard. Son cœur était partagé entre en parler avec la seule personne à qui il pouvait se confier sans crainte, et ne pas étaler la vie privée de son… ami… Finalement il se décida, il devait lâcher ce qu'il avait sur le cœur et son parrain saurait garder le secret.
Il donna le mot de passe et monta dans les escaliers qui venaient de se dévoiler. En moins d'une minute, le voilà devant la porte qui menait au bureau du Directeur de Poudlard et il entra en trombe avant de changer d'avis. Severus faillit sursauter lorsque la porte claqua, heureusement qu'il avait connaissance de la présence de son filleul devant son bureau et qu'il s'attendait à une telle attitude de sa part.
« Sev ! » S'exclama Draco en se laissant lourdement tomber dans un des fauteuils présents devant le bureau. « Harry et moi, nous avons rompu… Il a trouvé son âme-sœur… »
Il avait lâché cette phrase dans un souffle tremblant, presque désespéré. Severus se leva doucement de son fauteuil et vint s'installer à côté du blond. Cela faisait deux ans qu'Harry et lui avaient cessé de s'insulter à chaque tournant, la guerre proche et la peur de Draco de se retrouver plongé dedans de force, et du mauvais côté, avait grandement participé à ce fait. Le Survivant lui avait tendu la main pour l'aider, comme le Gryffondor qu'il était – où comme le rusé Serpentard qui avait vu une opportunité dans le revirement de Draco, au choix. Ils étaient rapidement devenus amis et si le Serpentard avait perdu sa place de Prince de sa maison, il avait gagné en influence auprès du reste de Poudlard en tant qu'ami du Survivant.
Ils avaient pu faire plus ample connaissance encore pendant les vacances : les Dursley étant partie à la mer pour le mois de Juillet pour ne pas avoir à croiser la progéniture Potter, Harry avait pu offrir l'asile à Draco dans la maison de Surrey. Le blond avait beaucoup râlé car tout était trop petit, pas assez magique et trop moldu, mais Harry avait préféré en rigoler plutôt que de s'en vexer, et puis il s'était fait à son nouvel environnement. Pendant toutes ces journées passées en tête à tête, seul et sans personne pour venir se greffer entre eux, ils s'étaient finalement rapprochés d'une autre manière et cela s'était conclu par leur mise en couple. Hermione et Ron n'avait pas semblé être surpris, mais ce fut le cas de la majorité des adultes. Apparemment, ils avaient cru possible qu'ils puissent devenir amis, mais pas qu'ils puissent tomber amoureux. Ou alors n'avaient-ils pas cru que les deux adolescents avaient une attirance pour le même genre ? Peu importe, Harry et Draco devinrent un couple cet été-là.
Ils s'étaient sincèrement aimés et bien que presque tous ceux qu'ils connaissaient n'y avaient cru, les personnes qui importaient n'en n'avaient pas douté. La plupart du temps, c'était Draco qui était visé, on l'insultait car il avait corrompu le naïf et pur Survivant, ou on chuchotait qu'il manipulait ce dernier pour le livrer à Voldemort. Draco l'avait assez mal vécu, mais Harry avait été là pour le soutenir et lui faire oublier la jalousie et la haine des autres. Hermione et Ron avaient également été là pour défendre le Serpentard blond. Severus avait dû aussi jouer son rôle à la perfection en traitant son filleul comme un paria, mais Draco le connaissait assez bien pour savoir que ça lui coutait d'agir ainsi et que sa porte serrait de toute manière toujours ouverte pour lui… Tant qu'il arrivait à se faufiler dans ses appartements sans se faire voir.
Draco n'avait donc jamais mis l'amour d'Harry en doute et inversement. Et pourtant, depuis que Salazar était arrivé du Moyen Âge, plus rien n'était pareil. Harry passait plus de temps avec le Fourchelangue qu'avec son petit ami et quand ils se retrouvaient tous les deux, le Sauveur ne parlait que de lui « Salazar m'a dit ça », « Salazar a fait ceci » ou « A l'époque de Salazar ». Draco avait fini par en avoir assez et sous le coup de la colère, il lui avait dit qu'il n'avait sortir avec lui puisqu'il était si génial. Mais alors qu'il attendait – espérait – de voir Harry se moquer gentiment de sa jalousie ou le rassurer sur cette lubie passagère, Draco avait vu dans son regard, l'espace d'un instant, une étincelle d'espoir et d'envie, avant qu'il ne s'excuse avec embarras. La conversation tomba à plat par la suite et Draco avait fini par retourner en cours.
Le blond s'était mis alors à observer Salazar et Harry interagir ensemble, en cachette. Même lui qui voulait se voiler la face, n'avait pas pu ne pas voir la complicité qui existait entre eux. Cela n'avait rien de comparable à ce qu'il entretenait avec Harry… Il s'était sentit trahis, jaloux et il avait regretté la mort du Seigneur des Ténèbres, il aurait pu lui demander une vengeance à la hauteur de sa haine. Cet homme était arrivé on ne savait comment et il lui avait volé son amant avec un seul regard. Fondateur ou non, Draco avait ressenti une intense envie meurtrière envers lui. Et puis, le blond avait retrouvé son sang-froid en remarquant la façon dont leurs magies s'apprivoisaient, la façon dont elles s'accrochaient à leur vis-à-vis. Ces éclats n'étaient pas visibles tout le temps, mais Draco les avait vus à force de les observer. La vérité l'avait frappé de plein fouet : il ne serait jamais de taille face à Salazar pour Harry, car l'homme du passé était son âme-sœur… Contrairement à lui…
« Je… Je l'aimais sincèrement Sev… » Sa voix était chevrotante.
« Lui aussi Dray. »
« Je sais… Je pensais… Que nous étions âmes-sœurs… »
« Dray… »
« Oui, c'est faux. Je savais que ce n'était pas le cas… Mais je l'espérais. Nous étions si fusionnels. »
Severus ne trouva rien à répondre. Il avait vu en effet l'amour que Draco et Harry partageaient grandir et devenir de plus en plus fort. Ce n'était pas un jeu, pour aucun des deux. Ils étaient sérieux et sincères. Le Mangemort c'était plusieurs fois surpris à les imaginer mariés dans quelques années, à vivre ensemble jusqu'à l'apparition de cheveux blancs et encore plus tard encore. Il les avait imaginés avec des enfants d'eux grâce à la potion de grossesse masculine, il les avait imaginés avec des enfants adoptés pour donner une chance à des orphelins, il les avait imaginés à seulement prendre soin des enfants de leurs amis. Mais il les avait toujours imaginés ensemble.
Puis comme Draco, il avait vu Salazar arriver. Harry et lui s'étaient entendus et ouverts à l'autre avec une facilité déconcertante. Le futur de son filleul et du Sauveur ne fut dès lors plus aussi sûr pour lui. Quand il avait soupçonné la nature d'Ombre d'Harry et de Salazar, l'évidence s'était installée en lui à son insu. Après que Salazar ait confirmé son hypothèse, Severus n'avait pu nier ce qu'il avait sous les yeux : deux âmes-sœurs qui apprenaient à se connaître et qui s'aimeraient bientôt. Dans la plupart des livres qu'il avait trouvé – plus ou moins illégalement – on affirmait que tous les couples d'Ombres étaient naturellement unis par ce lien magnifique et béni, mais il n'avait pas pu se résoudre à briser le cœur de Draco, il avait voulu lui laissé un peu plus de temps pour être heureux, ou peut-être pour découvrir lentement la vérité, que le choc soit moins dur pour lui. Et il se demandait aujourd'hui si cela avait vraiment été la meilleure solution. Ces deux-là s'étaient tellement aimés que peu importe la manière dont Draco l'aurait appris ou compris, cela lui aurait brisé le cœur…
« Je pense… » Commença Severus en réfléchissant soigneusement aux mots qu'il devait employer, sans lui mentir. « Je pense que vous vous êtes aimé aussi fort que deux âmes non-destinées pouvaient le faire. »
Draco sourit doucement en l'entendant, c'était quelque part réconfortant, cela voulait dire qu'Harry l'avait vraiment aimé, mais cet amour ne faisait pas le poids face à celui que l'on porte à son âme-sœur. Certaines choses étaient malheureusement immuables et cette loi qui unissait deux âmes en faisait partie.
« J'espère pour toi que tu vivras de nouveau un tel amour ou même que tu trouveras toi-aussi ton âme-sœur, mais je ne veux pas non plus que tu ais de faux espoirs. » Termina Severus, gravement mais honnêtement.
« Je sais… Ce sera difficile. Je veux dire, quand on frôle la perfection, retrouver la banalité c'est dur… Mais je ne veux pas être malheureux ou qu'il s'empêche de l'être à cause de moi. »
« Poufsouffle. » Se moqua gentiment Severus.
« Je sais ! Toutefois j'ai appris que ce n'était pas si mal parfois. » Répliqua Draco en reprenant doucement contenance.
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30 septembre 1998 – Poudlard – Bibliothèque
Draco déambulait dans le rayon de Métamorphose, il semblait concentré sur les titres des livres qui s'alignaient devant lui, mais en réalité il ne les voyait pas. Il fixait le vide, ses pas l'emmenant lentement d'un bout du rayon à l'autre, par simple automatisme. Le blond était bien venu en premier lieu ici pour faire son devoir donné par McGonagall, mais en passant devant des premiers années penchés sur leurs parchemins de Potions, la conversation qui s'était tenue entre son parrain et lui, lui était revenue en mémoire. A tête reposé, il s'était rendu compte que Severus n'avait pas semblé surpris d'apprendre qu'Harry avait trouvé son âme-sœur… En fait, il n'avait même pas demandé de qui il s'agissait, comme s'il le savait déjà… Comment était-ce possible ? La question était venue d'elle-même et depuis, elle tournait dans sa tête. Son parrain savait quelque chose que lui-même ignorait et cela concernait Harry.
Le voilà donc en train de chercher sans même savoir ce qu'il cherchait… Il allait devenir fou, ce n'était pas possible autrement. Mais il ne pouvait s'empêcher de vouloir savoir, il avait encore du mal à s'éloigner d'Harry, à ne plus le voir comme son petit-ami, à se faire à l'idée qu'il ne représentait plus la moitié de sa vie. Il essayait de se convaincre que cette question le taraudait car elle lui permettrait de tourner la page définitivement sur leur histoire, ou que même s'ils n'étaient plus ensemble, ils étaient toujours amis et qu'il voulait le protéger… Mais ce n'était que des excuses, il le savait. Et pourtant il n'arrivait pas à chasser l'idée qu'Harry lui cachait quelque chose. Il voulait savoir, car cela lui permettrait de rester proche de lui, quitte à le faire un peu plus souffrir. Il voulait savoir, car il tenait toujours au Sauveur et qu'il voulait pouvoir l'aider encore, malgré leur rupture. Il voulait savoir, car il était jaloux, tout simplement.
Soupirant, Draco consentit enfin à attraper les livres dont il aurait besoin pour faire ses quarante centimètres de parchemins donnés par leur professeur de Métamorphose. Il chercha ensuite une table un peu à l'écart des autres groupes d'études pour avoir un peu de calme et tomba sur la Miss-je-sais-tout, comme il aimait encore l'appeler pour la taquiner. Cela faisait un moment qu'ils ne s'étaient plus parlés, depuis la Bataille Finale même. Il haussa les épaules et rejoignit la table qu'occupait la Gryffondor, pensant pouvoir profiter de son calme et de ses remarques réfléchies, mais son regard agrippa la vingtaine – ou peut-être la trentaine – de livres qu'elle avait étalés autour d'elle. De ce qu'il pouvait voir pour certains, tous semblaient parler de Créatures rares et visiblement noires. Pourtant le dernier cours de Soin aux Créatures Magiques avait porté sur les licornes… Cela n'avait rien à voir avec ce qu'elle étudiait…
« Hermione ? » Fit Draco pour attirer son attention.
La jeune fille sursauta et regarda frénétiquement autour d'elle, comme si elle avait été prise en flagrant délit. Le Serpentard remarqua ses yeux cernés et son visage légèrement plus pâle qu'à l'accoutumé. Il s'avança vers elle, légèrement inquiet. Posant ses affaires dans un petit coin de la table encore disponible, il s'assit à côté d'elle.
« Quelque chose ne va pas ? »
La Gryffondor semblait nerveuse et rassemblait les parchemins sur lesquels elle griffonnait, dans une pâle tentative d'en cacher le contenu. Ses yeux ne cessaient de faire des allers-retours entre lui, ses livres et le bout du rayon devant lequel passaient quelques rares élèves.
« Draco. » Murmura-t-elle comme simple salutation. Elle était visiblement sur les nerfs.
« Je peux peut-être t'aider ? » Tenta le blond en parlant d'une voix douce, comme s'il s'adressait à un animal craintif ou sauvage.
A force de trainer avec Harry, en tant qu'ami puis petit-ami, il avait appris à apprécier les deux autres Gryffondors qui ne le quittaient quasiment jamais d'une semelle. Oui, même la belette s'était révélé être agréable, dans la mesure du possible et des rancœurs familiales. Hermione avait été plus facile à aimer grâce aux nombreuses connaissances qu'elle possédait et sur lesquels ils leur arrivaient de débattre. On pouvait donc dire qu'il était leur ami maintenant, d'où son attitude dénuée de condescendance et sa sincère inquiétude pour la Rouge et Or.
« Je… Je fais des recherches. C'est tout. »
« Tu n'as pas l'air d'avancer. Je connais peut-être ! » Répliqua Draco en lui tendant une perche.
« … Peut-être… Je me renseigne sur… » Sa voix ne devint qu'un chuchotement presqu'inaudible et elle s'approcha de lui, comme si elle lui confiait un secret. « Les Ombres… »
Draco écarquilla les yeux et la fixa un moment, scrutant tous les sentiments qui s'entrechoquaient en elle à travers ses prunelles noisette.
« Tu en es une ? » Demanda-t-il doucement, sans menace dans la voix.
« Non, non… Pas moi… »
« Raconte. » Proposa-t-il.
Et elle raconta. Elle avait entendu par hasard, une partie de la conversation que Severus, Salazar et Harry avaient tenue dans l'infirmerie il y a une quinzaine de jours. Seulement quelques bribes, mais c'était bien assez pour qu'elle se pose des questions et qu'elle commence à mener des recherches. Mais en demandant des informations à Madame Pince sur les livres à consulter, elle s'était rendu compte que ce sujet était délicat, car la bibliothécaire, qui l'aimait pourtant bien, l'avait regardée avec suspicion et surtout avec effroi. Elle avait tenté par la suite de trouver des livres en vente par hiboux, mais elle recevait des lettres d'insultes des commerçants qu'elle contactait. Au fil des jours, elle avait eu l'impression que les tableaux la suivaient constamment du regard et même qu'un fantôme l'observait de loin. Peut-être était-ce la paranoïa, mais elle lui parla également l'attitude réservée des professeurs avec elle, comme si elle était un danger, une bombe à retardement.
« Il fallait s'y attendre. »
« Comment ça ? Tu sais quelque chose Draco ?! »
« Les Ombres sont considérés comme des créatures dangereuses selon la loi. Elles ne sont pas à tuer à vue, mais si elles montrent le moindre signe de résistance, cela peut changer. Mais les sorciers de la Lumières sont stupides. » Il ignora le son indigné que son interlocutrice lâcha. « Les Ombres sont avant tout des créatures puissantes, créées par la Magie elle-même et c'est au début pour cela qu'elles ont été considérées comme dangereuses. Puis la Magie s'est vengée sur ceux qui s'en prenaient aux Ombres, les faisant passer pour être de malheurs et de malchances aux yeux des hommes. Mais seuls les familles dites « Sombres » le savent car ils ne s'arrêtent pas aux préjugés. A toi de voir ce que tu en penses. »
Draco lui laissa quelques minutes pour qu'elle assimile ce nouveau point de vue, une chose qui aurait été bien trop difficile pour elle il y a encore trois ans. En effet Hermione ne jurait encore que par les livres de « Lumières » à cette époque, mais à force de côtoyer Draco et sa vision différente du monde – et pour ne pas se fâcher avec Harry – elle avait appris à l'écouter. Puis elle avait peu à peu accepté de modérer son point de vue et ses propos, admettant que peut-être elle n'avait pas toujours raison et que les livres pouvaient oblitérer ce qui ne jouait pas en leur faveur.
« Maintenant j'aimerais savoir ce que tu as entendu de cette conversation, s'il te plaît. »
« Eh bien comme je te l'ai dit, le Directeur parlait des couples d'Ombres, qu'elles s'éveillaient ensemble ou quelque chose comme ça. Ensuite il a enchainé sur un Héritage magique qui se serait déclenché chez Harry lors de son combat contre Voldemort. Quand à Salazar, il a raconté son enfance, j'ai entendu parlé d'un rituel que sa mère aurait réalisé pour avoir un garçon. Et c'est à peu près tout. »
Draco acquiesça, les pièces du puzzle s'assemblant dans son esprit. Il ne doutait pas que la Miss-je-sais-tout aurait pu arriver aux mêmes conclusions si elle ne s'était pas voilée la face : Harry était une Ombre, cet Héritage s'était activé pendant son combat contre le Lord. Seule la partie qui concernait le Fondateur de la maison Serpentard restait flou et incertaine pour lui, mais sûrement était-il aussi une Ombre, celle complémentaire à Harry, ce qui expliquerait leur lien d'âme-sœur. Il n'avait jamais fait de recherches sur les Ombres en particulier, mais c'était un des sujets sur lesquels les enfants élevés dans le monde magique, et de Sangs-Purs encore plus, étaient instruits. La différence entre les enfants de la Lumière et ceux des Ténèbres, tenait de la classification de cette créature : « dangereuses à fuir » pour les enfants lumineux et « à éviter de titiller » pour les enfants sombres.
Le Serpentard blond savait maintenant ce que son parrain lui avait caché, ce dernier cherchait sûrement à les protéger et il le comprenait. Mais surtout, il était en paix avec lui-même, en quelque sorte. Il n'aurait pas pu forcer Harry à rester avec lui, cela n'aurait pas été bon pour lui comme pour sa magie. La Magie avait décidé qu'Harry et Salazar devaient être ensemble, alors il ne pourrait pas s'y opposer, mais elle lui avait également permis de connaître un bonheur immense et un amour intense avec Harry. Certains ne vivaient jamais ce genre de choses, il pouvait au moins s'estimer heureux de ça. Il irait s'excuser auprès de son Sauveur pour avoir crié, pour avoir fait cette crise de jalousie et de colère devant lui et il lui souhaiterait bonne chance avec son compagnon. Oui, il allait faire ça. Et tout de suite avant qu'il ne change d'avis.
Hermione se retrouva donc seule dans la bibliothèque. Elle rangea les différents livres qu'elle avait sorti des étagères et coinça les siens dans son sac. Elle devait prévenir Ron. Draco lui avait donné son point de vue d'une famille des Ténèbres, mais elle tenait malgré tout à demander celui de Ron, celui d'une famille de la Lumière. Elle voulait être sûre. C'était un sujet très important après tout, elle ne pouvait pas seulement se fier à Malfoy. C'est donc ainsi qu'elle se retrouva avec le rouquin, dans la Tour de Gryffondor, dans la chambre des garçons et seuls. Elle lui expliquait ce qu'elle avait appris, qu'Harry était une Ombre, que son Héritage magique s'était réveillé et que c'était ce qui avait causé sa maladie de cet été. Au début Ron s'était montré sceptique, après tout il fallait rencontrer son compagnon d'Ombre pour s'éveiller à cet héritage, mais en même temps, Harry ne faisait jamais rien comme les autres.
« Tu es sûre de ce que tu dis 'Mione ? »
« Oui, oui. Je voulais te demander ce que tu sav- » Commença l'adolescente avant d'être interrompu par le rouquin.
« Merlin…'est terrible 'Mione ! Il faut immédiatement l'annoncer au Ministère ! Harry doit être enfermé le plus tôt possible ! » S'exclama le Weasley, une grimace inquiète et soucieuse déformant ses traits.
A suivre…
°0o0°
Nous voilà à la fin de la première partie ! Déjà, je ne promets pas du tout la partie 2 pour la semaine prochaine (c'est possible mais peu probable) je dirais plutôt dans deux semaines, le 27 juillet normalement.
Ensuite, je sais que la fin peut être assez frustrante ou alors que vous avez déjà des envies de meurtres, ou encore que la partie Salazar x Harry n'a pas été assez développée de votre point de vue, mais n'oubliez pas déjà que c'est un Two-Shot, donc il y aura une suite mais surtout c'est un format qui ne permet pas forcément un grand approfondissement avec toutes les informations que je veux faire passer !
En tout cas j'espère que vous avez aimé et que vous serez là pour la deuxième et dernière partie, car mon histoire vous a séduit (de toute façon, avec une fin pareille, je suis certaine de vous avoir tous attrapé ! XD)
Je vous donc à bientôt pour la suite !
Une petite review ça vous dit ? Moi oui !