Une nouvelle histoire qui va être assez longue. Contrairement aux précédentes, l'humour, même noir, risque d'être peu présent. Ce sera une fic dure, sombre. Elle se déroule juste après la saison 3 et ne prend donc pas en compte la saison 4, d'abord parce que j'ai commencé à l'écrire avant la sortie de la saison 4 et aussi parce que je suis toujours très mitigée sur cette dernière saison. Du coup, j'ai gardé le prénom que j'avais choisi pour la fille de John et Mary et n'ai pas repris Rosamonde. En même temps, Rosamonde… ! (mille excuses à toutes les éventuelles Rosamonde qui pourraient me lire mais les goûts et les couleurs…). Qui devinera la raison du prénom choisi ?
C'est un futur John/Sherlock (mais vraiment dans le futur !) mais pas de Mary bashing (oui, plutôt inhabituel pour moi. Ce ne sera pas la seule chose surprenante).
Avertissement : présence de manipulation, humiliations, violences et tortures physiques, psychologiques, sexuelles… mais pas dans les premiers chapitres. J'augmenterai peut-être le rating, vous me direz ce que vous en pensez après la lecture du 4ème chapitre où les choses commencent vraiment à dégénérer.
Comme d'habitude, j'utilise le subjonctif imparfait donc ne soyez pas surpris.
Bonne lecture et puisqu'on est jour de résultat, félicitations à tous les nouveaux bacheliers !
Prologue
John avait le regard fixé de l'autre côté des vitres de l'aéroport d'Heathrow. Il voyait les avions décoller et atterrir mais ce n'était pas ce qui avait attiré son attention. Dehors c'était l'Angleterre. C'était Londres. Chez lui…
John ferma les yeux et inspira profondément. Cela faisait deux ans et demi qu'il n'avait pas mis les pieds sur le sol anglais. Deux ans et demi. Il y avait une éternité. C'était hier. Et seuls quelques kilomètres le séparaient désormais de la maison. Il n'avait jamais été aussi proche depuis deux ans et demi mais les derniers mètres étaient les plus difficiles, n'est-ce pas ?
Tant de choses avaient changé. Il avait changé. Il avait tant espéré pouvoir revoir Londres. Tant espéré pouvoir à nouveau sentir la pluie sur sa peau. Entendre la multitude de bruits qui peuplaient la ville. Retrouver le confort et la sécurité qu'on ressent lorsqu'on est chez soi. Il en avait rêvé. Il avait si souvent crû ce rêve inatteignable mais il n'avait jamais désespéré. Il ne pouvait pas. Il devait garder l'espoir. Etre sûr qu'un avenir les attendait. Pas pour lui mais pour Agatha et Olympe. Les deux petites filles se tenaient silencieuses de chaque côté de lui. Elles ne s'éloignaient pas de lui de plus de quelques centimètres sans qu'il eût besoin de le leur dire, habituées à obéir sans poser de questions et un peu effrayées par ce monde extérieur qu'elles avaient si peu connu.
Il y avait deux ans et demi, il avait quitté Londres furieux, se sentant trahi, avec la petite Agatha dans les bras. Il avait prévu de passer une semaine de vacances, une semaine durant laquelle ni sa femme ni son meilleur ami ni le frère de celui-ci ne seraient capables de le retrouver. Les choses ne s'étaient pas exactement déroulées comme prévu et deux ans et demi s'étaient écoulés…
Chapitre 1
Deux ans et demi plus tôt…
John ouvrit violemment la porte du bureau, remarquant avec satisfaction la porte claquer contre le mur et les personnes présentes dans la pièce sursauter et se tourner vers lui avec des airs qui mêlaient surprise et culpabilité. Du moins, certains avaient davantage l'air d'avoir été pris la main dans le sac que d'autres. Lestrade avait l'air d'un gamin qui viendrait de briser le vase extrêmement précieux que ses parents venaient de recevoir en cadeau pour leur trente ans de mariage. Mycroft, en revanche, conservait son habituel air froid et hautain. Sherlock et Mary avaient des expressions plus mitigées et échangèrent un regard ce qui renforça encore plus la colère de John. Mary avait tiré sur Sherlock, elle avait failli le tuer ! Pour quelle foutue raison s'entendaient-ils aussi bien ?!
« Comme je sais que vous n'êtes pas en train de planifier une fête surprise pour moi, je peux savoir ce qui peut justifier que vous m'excluiez de la conversation ? »
John était furieux. Il lui avait fallu plusieurs jours pour se rendre compte que tous ses proches lui cachaient quelque chose et il détestait cela. Il passait son temps à ausculter ses patients au cabinet médical et à s'occuper de sa fille, et donc à gérer la nourrice parce que Mary faisait il ne savait quoi il ne savait où, et quand il revenait du travail, et sa femme et son meilleur ami étaient injoignables. Parfois, John se disait qu'il aurait préféré les soupçonner d'avoir une liaison plutôt que de comprendre qu'ils complotaient quelque chose dans son dos.
« Nous ne vous excluons pas de la conversation, répondit Mycroft de son habituel air supérieur.
_ Mais bien sûr. C'est sans doute une gentille petite conversation entre amis… Dites-moi, Mycroft, depuis quand avez-vous des amis ? Et depuis quand Sherlock supporte-t-il de rester plus de trente secondes dans la même pièce que vous ?
_ John ! s'écrièrent d'une même voix Mary et Lestrade. »
John ne leur accorda pas un regard. C'était méchant d'attaquer un homme sur ses faiblesses ? Tant mieux ! Il en avait marre d'être toujours le gentil petit docteur à qui tout le monde mentait tout le temps. De toute façon, Mycroft se reprit rapidement. Il fallait même bien le connaître pour remarquer l'air blessé qui traversa son regard à la vitesse d'un Concorde.
« Vous semblez fatigué. C'est sans doute la raison de votre paranoïa. Etre père pour la première fois peut…
_ Ne mêlez pas Agatha à ça ! Et prenez-moi pour un con, surtout ne vous gênez pas ! »
John avait plaqué ses mains sur les oreilles d'Agatha. Bien sûr, il savait qu'à six mois, il y avait peu de risque qu'elle répétât ce qu'elle entendait mais on n'était jamais trop prudent. Il y avait déjà bien trop de risque que les premiers mots de sa fille fussent meurtre ou morceau de corps humain…
« Qu'est-ce que vous me cachez ? ordonna John. »
Greg commença à bredouiller quelque chose mais John le fit taire d'un seul regard.
« J'exige une réponse immédiatement ! insista-t-il en dardant son regard successivement sur Mary et Sherlock. »
Sherlock fut le premier à craquer. Sociopathe mon c… !
« Moriarty, lâcha le détective consultant.
_ Eh bien quoi ? Vous avez la preuve qu'il est de retour ?
_ Nous n'en sommes pas certains, répondit Mycroft qui cilla à peine devant le regard assassin que lui lança John – ce n'était pas à lui qu'il parlait ! – Mais certains éléments nous laissent à penser que c'est une possibilité…
_ Et alors ? En quoi cela explique-t-il que je sois exclu de la conversation ?
_ Nous voulons juste te protéger, répondit Mary d'un ton apaisant. »
Comme si la bombe qu'elle venait de jeter pouvait apaiser John.
« Me protéger ? Me protéger ! »
John avait parfaitement conscience que sa voix montait dans les aigus mais il croyait qu'il était déjà furieux avant d'entendre son épouse parler et il s'apercevait que sa fureur pouvait encore monter d'un cran.
« Je n'ai pas besoin qu'on me protège ! J'ai été soldat…
_ Médecin militaire, rectifia Sherlock. »
John le regarda. Puis Mary. Agatha geignait dans ses bras. Il prit une profonde inspiration.
« Allez tous vous faire foutre ! Je n'ai besoin d'aucun d'entre vous pour me protéger. Je n'ai besoin d'aucun d'entre vous pour quoi que ce soit…
_ John… commencèrent Mary et Sherlock en même temps et en se levant pour s'approcher de lui. »
John s'arrêta dans son chemin vers la sortie et se retourna vers eux.
« Je tirerai sur le premier qui osera se présenter devant moi. » Il sortit de la pièce, claqua la porte et quitta la demeure de Mycroft sans se retourner. Il allait leur montrer qu'il n'avait pas besoin d'eux…
Aussitôt sorti de chez Mycroft, il prit un taxi jusque chez lui, réunit quelques affaires pour Agatha et lui, fouilla ses différentes caches pour récupérer les quelques centaines de livres qu'il gardait toujours dans l'appartement pour pouvoir prendre un taxi ou en cas d'imprévu, puis il se précipita vers la clinique. Là, il récupéra les quelques centaines de livres qu'il avait pris l'habitude de conserver dans une boite vide de suppositoires contre la constipation – personne n'irait jamais fouiller ce genre de boite – avant de chercher Sarah pour laquelle il avait recommencé à travailler.
« J'ai besoin de deux semaines de vacances. Immédiatement, dit-il en même temps qu'elle lui demandait s'il allait bien – John préférait ne pas imaginer l'air qu'il devait arborer pour qu'elle lui posât cette question alors qu'il s'était montré très brusque. J'ai besoin de m'éloigner quelques temps de Mary et de Sherlock, expliqua-t-il. Je sais que ma demande est très soudaine et ne doit pas t'arranger mais… il faut absolument que je parte…
_ Je comprends bien sûr… »
Après tout, Sarah connaissait Sherlock et ne devait guère être étonnée que John eût besoin de prendre des vacances loin de lui. Quant à Mary, le peu de fois où les deux femmes s'étaient rencontrées, elles n'avaient pas exactement sympathisé. Sarah n'avait jamais dit du mal de Mary mais John savait qu'elle ne l'aimait guère. Et cela n'avait rien à voir avec leur ancienne histoire. Après tout, Sarah était mariée depuis presque deux ans et était très heureuse dans son couple.
« Si cela ne t'embête pas… Si jamais quelqu'un vient te demander si tu sais où je suis et quand je compte rentrer… Te serait-il possible de laisser croire que j'ai démissionné et que tu penses que je ne compte pas revenir. Je ne te demande pas de mentir mais… Juste de ne pas leur dire que j'ai juste pris une semaine de vacances. Deux tout au plus… »
Sarah acquiesça.
Déjà une bonne chose de faite mais à présent les difficultés commençaient. Il allait lui falloir de l'argent. Ce n'était pas le petit millier de livres qu'il avait récupéré qui suffirait pour tenir deux semaines sans pouvoir tirer la moindre somme au risque de se faire repérer. Heureusement, il connaissait un banquier, un banquier que ni sa femme ni Sherlock ne connaissaient. Il s'était occupé de la mère dudit banquier, atteinte d'un cancer en phase terminale durant près de quatre mois. La femme refusait de rester à l'hôpital et était odieuse envers les infirmières payées par son fils mais elle appréciait John. C'était quelques mois après la soi-disant mort de Sherlock et John avait été plus que satisfait d'être occupé par cette femme afin d'éviter de penser à son meilleur ami. Toujours était-il que le banquier l'avait beaucoup remercié et l'avait assuré qu'il l'assisterait s'il avait jamais besoin d'aide en matière de finance.
Bien qu'il n'eût pas rendez-vous, il fut reçu rapidement et John n'eut guère de mal à convaincre le banquier de prendre en liquide trois mille livres sur un compte que John n'avait jamais touché et que ni sa femme ni Sherlock – et probablement pas Mycroft non plus – ne connaissaient. Le compte en question avait été ouvert par son oncle, le frère de sa mère, pour payer ses études. John avait toujours refusé d'y toucher et pas plus quand, après la mort de l'oncle en question, le compte avait été alimenté par sa part d'héritage. John n'avait même pas la moindre idée de la somme contenue sur le compte en question. Les relations avec son oncle avaient été compliquées. Les relations avec n'importe quel membre de sa famille étaient difficiles…
Son père était un homme violent. Du moins, il aimait cogner John et la seule fois où sa mère avait arrêté son mari, John ne pourrait jamais oublier ce qu'elle lui avait dit : « Si tu veux le cogner fais ça dans la cuisine, le sang s'enlève mal sur la moquette ! ».
Dans le village où ils vivaient, tout le monde était au courant de ce qui se passait chez eux, que son père le battait. Mais personne n'avait jamais rien dit de peur que son père fût arrêté et fermât la scierie qu'il dirigeait, seule entreprise de la région.
Un jour, John avait onze ans, son père l'avait tant battu qu'il s'était évanoui à peine arrivé en classe et avait dû être conduit à l'hôpital. Là, un policier qui venait d'arriver dans la ville voisine avait décidé d'agir. Lui et une jeune avocate avaient cherché à aider John, à le préparer pour un procès. C'était dur mais John avait accepté et ce bien que sa mère eût tout fait pour l'en empêcher, bien que son frère aîné, Peter, lui eût dit qu'il allait détruire la famille, bien que Harry l'eût accusé d'être un égoïste qui ne se souciait pas de ce qui allait leur arriver à eux… Et puis son oncle – un homme que John n'avait vu que deux fois dans sa vie avant cela – était arrivé. Il travaillait pour les services secrets ou quelque chose du même genre. Il avait expliqué à John que s'il portait plainte contre son père, il finirait en foyer et qu'il y serait bien plus maltraité que dans sa famille. Qu'il ne pourrait jamais devenir médecin. Et que de toute façon, lui ne pouvait laisser faire cela, ne pouvait le laisser traîner leur famille dans la boue. Qu'il serait forcé d'agir. Qu'il ferait disparaître le policier et l'avocate… Alors que s'il retirait sa plainte, disait qu'il avait menti… il lui payerait les meilleures études, qu'il pourrait devenir médecin… John avait onze ans. Il avait eu peur. Il avait accepté la proposition de son oncle. Il avait passé les sept années suivantes en internat sans jamais revoir ses parents ou son frère. Et il n'avait revu Harry que plus d'une décennie plus tard, lorsqu'elle avait été jetée de la maison quand leurs parents avaient découvert qu'elle était homosexuelle. Depuis, ils avaient fini par accepter l'homosexualité de Harry et John ne recevait plus que quelques coups de téléphone quand Harry était ivre et avait besoin d'accuser quelqu'un.
Après son baccalauréat, John avait intégré l'armée qui avait payé ses études de médecine, plus que satisfait de ne plus avoir à utiliser l'argent de son oncle. L'homme n'en avait pourtant pas fini avec lui comme John avait pu le constater beaucoup plus tard, lorsqu'il avait été intégré à des missions spéciales et secrètes ce qu'apparemment même Mycroft ignorait.
Après son passage à la banque, John se rendit au siège de la société A.P. S., officiellement spécialisée dans l'import-export. Le propriétaire de la société, Atanas Polianov, était un chef mafieux bien connu des services de police mais qui disposait d'une armée d'avocats à neuf cent livres l'heure qui lui permettait d'échapper à toutes condamnations. John ne l'avait rencontré qu'une fois, après son deuxième tour en Afghanistan. L'homme avait six fils. Si cinq d'entre eux travaillaient pour leur paternel, le sixième semblait avoir rejeté tout ce qui était illégal, avait intégré l'armée et s'était retrouvé en Afghanistan dans une unité que John avait commandée pendant quelques mois. Le jeune homme, il avait à peine vingt-et-un ans à l'époque, avait été capturé par les Talibans. Leurs supérieurs avaient dit que son père pouvait se débrouiller pour le récupérer mais John ne les avait pas écoutés. John se moquait de qui était le père du gamin, il n'abandonnerait aucun homme. Il avait alors organisé une mission de sauvetage avec des volontaires et avait sauvé le jeune homme, récoltant une blessure qui lui avait laissé une cicatrice au flanc. Polianov était un criminel de la pire espèce mais il était manifestement un père aimant. Quand John avait posé les pieds sur le sol anglais quelques mois après ce sauvetage, il avait été approché par des hommes de main et conduit à Polianov. Mycroft n'avait pas été le premier à utiliser des méthodes discutables pour lui parler d'un membre de sa famille. Polianov lui avait proposé de l'argent, un emploi ou tout autre chose qu'il aurait voulu en remerciement du sauvetage de son fils. John avait rejeté toutes ses propositions d'une manière qui l'aurait condamné à se retrouver coulé dans le béton – ou toute autre méthode d'exécution que Polianov pratiquait – si le mafieux ne lui devait pas la vie de son fils.
Et c'était à cet homme que John comptait demander de faux papiers pour sa fille et lui. John espérait qu'il se souvenait de lui et de ce qu'il avait fait.
Apparemment, c'était bien le cas car il lui suffit de donner son nom pour qu'une secrétaire le conduisît à travers les couloirs de l'entreprise vers le bureau du grand patron. Les lieux étaient immenses, la décoration recherchée et coûteuse et les gardes, armés, nombreux. John ne se sentait pas à sa place et encore moins dans le bureau personnel de Polianov.
La pièce était gigantesque – on y aurait casé facilement deux fois le meublé que John avait occupé à son retour d'Afghanistan – avec un mur entièrement vitré offrant une vue superbe sur la Tamise et le centre de Londres. Le bureau lui-même était fait dans un bois tropical et précieux et finement ouvragé. Il devait coûter plus que ce que John pouvait espérer gagner en dix ans. Sur l'un des murs, s'étendait une bibliothèque pleine d'ouvrages de collection et de sculptures et, sur les autres murs, s'étalaient des portraits du maître des lieux et des photographies encadrées dudit maître des lieux avec des personnalités des mondes politique, économique ou culturel. Bref, de quoi rappeler à tous que le propriétaire n'était pas un homme qu'on pouvait ignorer mais au contraire un homme qui pouvait vous écraser d'un simple geste de la main. Et c'était devant cet homme-là que John se trouvait avec sa fille dans les bras. Une part de John mourait d'envie de faire demi-tour, d'éloigner sa fille de cet individu et de renoncer à son projet insensé. Une autre part se demandait s'il s'en sortirait s'il changeait la couche de sa fille sur le bureau en acajou précieux.
« Que puis-je pour vous, capitaine ? demanda le mafieux. »
L'homme était vêtu d'un costume probablement aussi cher que ceux de Mycroft et se tenait debout à côté de la verrière, sans doute pour impressionner son visiteur par sa haute taille. John n'était pas impressionné, il avait l'habitude de rencontrer des gens plus grands que lui.
Le bureau était encombré par une vingtaine de petits cadres représentant les enfants et petits-enfants de Polianov. Cela confirma à John que sa demande pourrait être acceptée.
« J'aurai besoin de faux papiers pour ma fille et moi. J'en ai besoin rapidement. Ils n'ont pas besoin d'être parfaits. Il faut juste qu'ils puissent me permettre de me déplacer pendant une ou deux semaines sans être repérés.
_ Une ou deux semaines ? s'étonna Polianov. Pourquoi avez-vous besoin de faux papiers, capitaine ?
_ Pour prendre des vacances. »
Le mafieux leva un sourcil interrogatif.
« Je suis sûr que vous vous êtes renseigné sur moi. Vous savez donc qui sont mes proches. J'ai besoin de m'éloigner d'eux quelque temps et cela ne sera possible que s'ils ne peuvent pas me retrouver.
_ D'où les faux papiers… »
John acquiesça.
« Et où comptez-vous aller ?
_ Sur le continent. Dans le Sud, ajouta John après quelques secondes. »
Quitte à prendre des vacances, autant en profiter pour aller dans un endroit agréable, où le mois d'avril pourrait être synonyme d'un printemps fleuri et doux. John avait toujours voulu visiter le Portugal, c'était l'occasion.
Polianov accepta facilement de fournir les faux papiers et offrit d'héberger John et sa fille jusqu'à ce qu'ils fussent prêts avant de les aider à quitter l'Angleterre. John accepta et fut conduit dans un agréable appartement au dernier étage de l'immeuble qui contenait l'entreprise.
Tout fut fait pour rendre le séjour de John et Agatha le plus agréable possible. Polianov avait assuré à John que les papiers seraient prêts le lendemain. Au moins, personne ne penserait à les chercher là entre temps.
John regardait à travers la baie vitrée, profitant de la vue exceptionnelle qu'offrait l'appartement sur Londres de nuit. Qu'avait-il fait ? Qu'est-ce qui lui avait pris ? Il n'avait jamais touché au compte ouvert par son oncle et encore moins accepté la moindre chose du mafieux et là… Il n'arrivait pas à comprendre comment il avait ainsi pu changer d'avis. Pour quelque chose qui n'était même pas si important… Mais cela l'avait mis dans une telle colère ! Il s'était senti trahi. Une fois de plus. Par sa femme et son meilleur ami. Ce n'était pas exactement la première fois que John se sentait stupide, inutile, celui à qui on cachait tout. Et ce n'était pas non plus la pire. Mais il supposait que c'était la fois de trop. Et il allait leur montrer… Quoi ? Il ne savait pas trop mais il ne pouvait pas accepter sans rien faire d'être mis de côté, considéré comme une personne à protéger. Pour la première fois, John n'allait pas agir avec modération. Il espérait juste qu'il n'aurait pas à le regretter.
