Chapitre Un :

Le Café Mew Mew

Qu'est-ce que tu veux faire, maintenant ?

Ichigo vivait LE rendez-vous parfait, dans un endroit parfait, lors d'une journée parfaite, avec le petit ami parfait. Et, cerise sur le gâteau, elle venait juste de finir de déguster un sorbet saveur fraise des bois (son parfum préféré), parfait. Bref, vous l'avez compris, tout était parfait.

Masaya déposa quelques pièces sur la table pour régler la note de leur repas, puis se leva et tendit une main à Ichigo, qui se léchait les lèvres. La rousse saisit la main de son petit ami. Ensemble, ils quittèrent le café et se mirent à marcher lentement dans les rues ensoleillées de Tokyo, main dans la main. L'odeur des cerisiers en fleur s'élevait doucement dans les airs. Ichigo ferma les yeux et inspira profondément : elle aurait voulu que ce moment dure une éternité.

Ichigo, regarde !

La rousse rouvrit les yeux et suivit la direction indiquée par Masaya. Son regard se posa sur le trottoir opposé, où un homme semblait louer des vélos aux touristes.

Une petite virée à vélo, ça te dit ? reprit Masaya avec un air malicieux.

Pédaler tranquillement à l'ombre des cerisiers en compagnie de son petit ami, que demander de plus ?

On fait la course ! s'écria Ichigo en courant déjà vers l'homme aux vélos. Le dernier arrivé au parc paye les smoothies !

Eh, attends-moi !

Le temps que Masaya la rattrape, Ichigo avait déjà lancé une pièce à l'homme et sauté sur un vélo. À présent, la fougueuse rousse pédalait comme une folle au milieu de la route, filant le long des arbres. Elle roulait tellement vite qu'elle ne vit pas le chat sauvage traverser la route, seulement deux mètres devant elle.

Ichigo, attention ! hurla Masaya.

Dans ses moments de panique, le cerveau d'Ichigo avait la pénible habitude de se déconnecter de la situation. C'est pourquoi, au lieu de freiner comme toute personne sensée, Ichigo fit un brusque écart sur la gauche. Déséquilibrée, la rousse passa au-dessus du guidon et fit un magnifique vol plané, avant d'atterrir sur le bitume, la tête la première.

Ichigo ne savait pas comme elle s'était retrouvée allongée sur le dos. Deux secondes plus tard, trois Masaya jaillirent simultanément dans son champ de vision, l'air visiblement inquiet.

Temps mort. Pourquoi était-il trois ?

Ichigo ? Eh, Ichigo !

Leurs voix semblaient venir de loin elle perdait connaissance. Peu à peu, les ténèbres se firent, les Masaya continuant toujours de crier son prénom.

Debout, Ichigo ! Debout, Ichigo !

D'un vague geste de la main, la rousse chassa la chose poilue qui lui chatouillait la joue. Celle-ci revint à la charge tout de suite à près, décidée à sortir Ichigo de son lourd sommeil.

Réveille-toi, Ichigo ! Réveille-toi !

À moitié endormie, Ichigo se rendit soudainement compte de deux choses : la voix de Masaya sonnait bizarrement, d'une façon étrangement mécanique. Et, deuxièmement, Masaya était loin d'être aussi… poilu.

Ichigo ouvrit brusquement les yeux… et se retrouva nez à nez avec un truc tout rose, tout poilu avec des yeux énormes.

HIIIIIIII, hurla-t-elle en bondissant hors de sa couette. T'es quoi toi ?!

Devant elle, Masha volait dans tous les sens en battant énergiquement de ses petites ailes roses. Ichigo mit peu de temps à le reconnaître, et poussa un profond soupir de soulagement. Tout cela n'avait été qu'un rêve.

Masha a essayé de réveiller Ichigo, mais Ichigo trop bien dormir ! Ichigo dormir trop longtemps ! débitait le robot à toute vitesse.

Désolée Masha, c'est de ma faute. En fait, qu'elle heure est-il ?

Le sourire aux lèvres, la rousse se tourna vers le réveil posé à côté de son oreiller.

On entendit alors un profond hurlement.

DIX HEURES ! hurlait Ichigo en secouant Masha. MEEEERDE !

Sans attendre de réponse, Ichigo bondit hors de son lit et disparu dans la salle de bain, attrapant au passage son uniforme qui traînait sur une chaise. Exactement une minute plus tard, Ichigo réapparut dans la chambre et fonça jusqu'à la coiffeuse posée sur son bureau. Elle se positionna devant la glace et commença à passer une brosse dans ses longs cheveux roux, qui avaient eu le temps de bien pousser en deux ans. Puis elle les remonta en une queue de cheval haute, coiffure pour laquelle elle optait de plus en plus souvent ces derniers temps, laissant derrière elles ses couettes de gamine prépubère.

Oh mon dieu, oh mon dieu, répétait-elle en se préparant.

Sakura Momomiya lisait tranquillement un magazine, assise à la table de sa cuisine, lorsqu'elle entendit soudainement quelqu'un dévaler les escaliers bruyamment. Surprise, elle leva les yeux de son magazine, pour voir sa fille débouler dans la cuisine avec des airs de folle.

Bonjour, Ichigo, lança Mme Momomiya de son habituel ton maternel.

J'ai pas le temps, désolé !

Si tu as faim, il reste les crêpes d'hier dans le four…

Avant que la jeune femme ne puisse terminer sa phrase, Ichigo avait déjà sorti l'assiette du four éteint et englouti trois crêpes.

Pourquoi tant de précipitation ? demanda gentiment Mme Momomiya. Tu as rendez-vous avec tes amies ?

Rendez-vous ? s'étrangla Ichigo en recrachant presque un morceau de crêpe. J'ai l'air d'avoir un rendez-vous ? Maman, je suis en retard en cours !

À ce moment, Sakura Momomiya se mit à rire tellement fort qu'Ichigo jura avoir vu la table trembler. La jeune fille lança un regard étrange à sa mère, tout en mastiquant lentement sa quatrième crêpe.

Maman ? Je ne vois pas vraiment ce qu'il y a de drôle là, tout de suite.

Depuis quand les élèves ont cours en plein milieu du mois d'août ? hoqueta sa mère entre deux éclats de rire.

Ichigo s'arrêta carrément de mâcher et ouvrit grand la bouche, complètement estomaquée. Puis elle aperçut la date du jour sur le journal : mercredi 13 août. Qui avait cours pendant les grandes vacances ? Cela expliquait au moins pourquoi son réveil n'avait pas sonné. Contente de voir que ma vie amuse quelqu'un. Légèrement dégoûtée, Ichigo finit sa crêpe et repoussa l'assiette vide dans un coin de la table, jetant en même temps un coup d'œil distrait à la ronde. Ce fut à ce moment qu'elle se rendit compte que la maison Momomiya était bien trop calme.

Où sont les autres ? demanda Ichigo en attrapant un verre et la bouteille de jus d'orange, qui traînait dans un coin de la table.

Sakura essuya les dernières larmes qui perlaient au coin de ses yeux, et lâcha un soupir amusé.

Ton père est au travail, il a eu une urgence en début de matinée.

Et Ringo ?

Ta cousine est partie ce matin, pendant que tu dormais encore (Elle ne put s'empêcher de glousser). Apparemment, elle avait un rendez-vous urgent. Elle ne reviendra pas avant l'heure du dîner.

Oh.

Ichigo se servit un verre de jus d'orange et s'amusa à faire tourner le liquide entre ses doigts, pendant qu'elle réfléchissait. Les vacances d'été touchaient bientôt à leur fin, et toutes ses amies étaient trop occupées à préparer leur rentrée pour l'accompagner à la plage. De plus, elle avait épuisé tout son argent de poche du mois pour faire du shopping. Elle songea un instant à un pique-nique, mais rejeta bien vite l'idée. « Un pique-nique toute seule, ce n'est pas vraiment amusant ». Sa cousine n'était même pas là pour lui tenir compagnie. Les paroles de sa mère lui revinrent en mémoire : « Elle avait un rendez-vous urgent… ». Ichigo fut soudain prise d'un doute. De quel rendez-vous s'agissait-il ?

Maman ?

Oui, chérie ?

Est-ce que Ringo t'as dit où est-ce qu'elle allait exactement ?

Sakura sortit la tête de son journal, et posa sur sa fille un regard pensif. Ichigo porta son verre de jus à ses lèvres.

Enfaite, elle m'a juste dit qu'elle avait un rendez-vous, et que je devais t'en informer dès que tu te réveillerais. D'ailleurs, ça me fait penser… Ton patron a appelé tout à l'heure. Il n'avait pas l'air très content.

Qui ? demanda distraitement Ichigo qui, à présent qu'elle se savait libre pour la journée, était toute entière concentrée sur son petit déjeuner.

Ton patron. Celui du café où tu travailles… le Café Mew Mew, je crois.

Ichigo en recracha son jus d'orange.

« Ryou ! Elle parle de Ryou ! Le rendez-vous de Ringo, c'était celui que Ryou nous avait donné la semaine dernière, pour refaire la décoration du Café. ET JE SUIS EN RETARD, ENCORE ! »

Décidemment, elle n'était pas du tout en vacances !

Non, non, non, non, non ! gémit Ichigo en se redressant brusquement. Ryou va me tuer !

Ah ? fit Sakura Momomiya avec un petit sourire.

Aujourd'hui, toutes les serveuses sont censées préparer le Café au changement de saison, expliqua Ichigo en débarrassant rapidement, c'est-à-dire au passage de l'été à la rentrée scolaire. Ce qui signifie qu'aujourd'hui c'est travail, décoration, nettoyage, inventaire et j'en passe ! On avait rendez-vous à huit heures maman, huit heures !

Ichigo lança un coup d'œil en direction de l'horloge de la cuisine, et poussa un cri d'horreur. L'horloge indiquait 10h10. La rousse fila comme une flèche en direction du premier étage. Lorsqu'elle redescendit les escaliers deux minutes plus tard, elle avait troqué son uniforme d'écolière contre une robe d'été rose. Elle passa telle une furie devant sa mère, laquelle semblait beaucoup s'amuser de la situation.

Passe une bonne journée ! lança Sakura avec un large sourire.

Ichigo ne répondit pas. Elle ouvrit la porte de la maison et s'élança dans la rue à toute vitesse, direction le Café Mew Mew.

.

Ichigo arriva au Café exactement vingt minutes après son départ. Elle avait couru dans les rues ensoleillées de Tokyo comme si sa vie en dépendait, bousculant plusieurs grands-mères au passage.

Essoufflée, la rousse poussa la grande porte rose du Café Mew Mew et se laissa tomber sur le carrelage frais du bâtiment, bras et jambes écartés. Elle ferma les yeux prit quelques minutes pour reprendre son souffle.

Lorsqu'elle rouvrit les yeux elle lança un coup d'œil à la ronde, et se rendit compte que le Café était quasiment silencieux. Ichigo releva la tête et prit appui sur ses coudes, afin de mieux observer ce qui l'entourait. La salle était quasiment vide, exceptant une petite fille aux cheveux dorés qui tapait frénétiquement sur la caisse, posée sur le comptoir. Ichigo plissa les yeux.

Pudding ?

La petite fille lança un coup d'œil au-dessus de la caisse, puis un sourire éclaira son visage.

Ichigo ! s'écria Pudding en sortant de derrière la caisse. Je crois que tu viens de battre ton record personnel de retard !

Cette salutation fut suivie par un grand sourire de la petite blonde, pendant qu'Ichigo grimaçait. Ouais, elle était en retard. Elle était la première à le savoir, et n'avait pas besoin qu'on lui rappelle dès qu'elle croiserait quelqu'un.

Salut, Pudding, soupira Ichigo. Moi aussi, je suis contente de te voir.

Sentiment partagé : je suis également toujours très heureuse de me voir.

Ichigo leva les yeux au ciel.

Cette petite était vraiment insupportable. Enfin, petite… tout était relatif. Maintenant âgée de treize ans tout rond, Pudding avait beaucoup grandit… du moins physiquement. Elle avait gagné en taille et son corps s'était affiné, se transformant progressivement en celui d'une jeune femme et prenant des formes là où il fallait. Elle commençait même enfin à avoir de la poitrine, ce dont la blonde était on ne peut plus fier. Elle avait défait il y a quelques années ses boucles blondes de ses habituelles petites tresses. À présent, ils étaient devenus assez long pour qu'elle les attache en une queue de cheval sur le côté de sa tête.

De même, on aurait pu croire que le temps avait enfin apporté à la petite blonde ce dont elle avait ardemment besoin : la maturité. Malheureusement, le destin semblait en avoir décidé autrement, car la jeune ado était même être plus hyperactive que jamais, bondir dans tous les sens en riant aux éclats semblant d'ailleurs être son passe-temps favori.

Et, comme si cela n'était pas largement suffisant, elle était toujours aussi grande bouche.

Seulement maintenant, ses piques étaient dignes de l'adolescente qu'elle était.

Pudding repartit vers la caisse en sautillant, Ichigo sur ses talons. La blonde était en train de compter l'argent qu'avait amassé le Café pendant le mois de juillet, et le début de celui d'août. Ichigo reconnu une des nombreuses tâches qu'avaient à faire les serveuses à chaque changement de saisons.

Je vais me changer, lança la rousse en se dirigeant vers les vestiaires.

Avant que la petite fille ne puisse lui répondre, Retasu sortit de la cuisine et déboula dans la salle, une pile d'assiette dans chaque main. Il y a quelques mois, la bande avait convaincu Retasu de s'intéresser un peu plus à son apparence. Depuis, sa garde-robe avait quelque peu évolué, mais la jeune fille n'en perdait pas son amour pour les livres et ses fidèles lunettes rondes, comparables à celles d'Harry Potter. Aujourd'hui, comme tous les jours depuis quelques mois, Retasu avait attachés ses longs cheveux verts en une queue de cheval haute, laquelle lui tombait dans le dos en une cascade d'ondulations.

La jeune fille sembla soudain remarquer Ichigo, et une expression de surprise se peignit sur son visage.

Ah, Ichigo ! On pensait que tu ne viendrais pas aujourd'hui…

Distraite, Retasu trébucha et perdit l'équilibre. Et la catastrophe arriva. Les assiettes s'échappèrent de ses mains et s'envolèrent toutes à différents endroits de la pièce, sous les yeux médusés des trois serveuses présentes.

Eh, fais gaffe ! s'écria Pudding.

Prenant appui sur le bar, la jeune blonde sauta au-dessus de la caisse. Elle prit de l'élan et, courant vers les assiettes, s'élança dans les airs. Elle réussit à en saisir une dizaine en plein vol. Atterrissant au sol, elle tendit une jambe devant elle et en rattrapa trois autres avec son pied.

Du côté de Retasu, la jeune fille repéra d'autres assiettes sur le point de s'écraser, droit devant elle. Elle plongea en avant, et attrapa la première assiette au moment où la verte s'étalait sur le sol. Les autres assiettes suivirent, s'empilant les unes sur les autres dans un équilibre parfait. Retasu lâcha un petit soupir de soulagement.

Quant à Ichigo, elle avait réussi à rattraper deux assiettes prêtes à s'écraser contre un mur. Elle aida Retasu à se relever, et lui remis les assiettes.

Merci, fit Retasu avec un timide sourire.

Bah, c'est normal, répondit Pudding et donnant ses assiettes à la verte. En puis, si on t'avait laissé casser d'autres assiettes, Ryou nous aurait fait un infarctus, alors…

Eh, mais ça aurait été drôle à voir, répliqua Ichigo.

Elle et Pudding se mirent à rire, tandis que Retasu rougissait. Ce remue-ménage attira eu pour effet d'attirer l'attention des autres employés du Café car, à peine quelques secondes plus tard, les têtes de deux autres serveuses surgirent de la cuisine.

On a raté quelque chose ? demanda une brune aux allures de petite fille.

La jeune fille portait ses cheveux bruns coupés très courts, et avaient de grands yeux bruns qui regardaient avec curiosité tout ce qui l'entourait. À vue de nez, elle semblait avoir onze ans à tout casser. En apercevant sa cousine, Ringo lui adressa un grand sourire et fit quelque pas dans sa direction.

Enfin ! soupira-t-elle théâtralement en serrant brièvement Ichigo dans ses bras. Avec les autres, on se demandait si tu allais venir aujourd'hui.

Tu as très exactement deux heures et trente-sept minutes de retard, l'apostropha une fille aux accents de snob. Tu ne voudrais pas prendre exemple sur moi et arriver à l'heure, pour une fois ?

Respire, Minto, répliqua Ichigo avec une moue irritée. C'est ton cerveau mal oxygéné qui te fait croire que tu es un modèle ou tu es égocentrique de naissance ?

La jeune « princesse » était sur le point de répliquer, lorsqu'une nouvelle serveuse débarqua dans la grande salle sans prévenir. Zakuro toisa pendant un instant ses petites collègues, puis lâcha froidement :

Ryou nous attend toutes au sous-sol. C'est important.

Puis, sans attendre une quelconque réaction des autres, elle tourna les talons et disparu aussi vite qu'elle était arrivée. Pendant ce temps, les autres s'étaient figées. Le ton qu'avait employé la célébrité était sans appel, et semblait encore plus froid que d'habitude. Minto et Ichigo échangèrent un regard surpris, toute trace de dispute envolée.

Pourquoi est-ce que Ryou veut nous voir maintenant ? demanda Retasu nerveusement.

Il n'y a qu'un seul moyen de le savoir, répondit Ichigo. Allons-y.

Les unes à la suite des autres, les cinq serveuses prirent le même chemin que Zakuro un peu plus tôt. Elles entamèrent la descente des marches, s'enfonçant peu à peu au cœur du Café Mew Mew. Bientôt, elles débouchèrent sur une vaste salle circulaire, remplie d'appareils électroniques. C'était dans cette salle, inconnue des clients, que se trouvait le véritable Quartier Général des Mew Mew. À chaque fois qu'elle s'y trouvait, chacune d'entre elles se rappelaient les moments qu'elles y avaient passés lorsque leurs pouvoirs étaient encore actifs. C'était, en quelque sorte, réconfortant.

Zakuro était déjà là, appuyée contre un mur à moitié plongé dans l'obscurité. En plus de la violette, trois autres personnes étaient présentes. Parmi elles, un grand blond était debout au milieu de la pièce, les bras croisés et la mine sombre. Ichigo reconnue aussitôt Ryou, et sentit son cœur se serrer : elle avait un mauvais pressentiment. À côté de lui, un autre homme, plus âgé, se tenait assis sur une chaise et regardait les filles approcher avec attention. Contrairement à son habitude, Keiichiro ne souriait pas. La dernière personne présente dans la pièce était une jeune fille, celle-ci jouant avec ses longs cheveux blonds d'un air nerveux, les yeux rivés au sol. À l'approche des autres serveuses, Berry releva la tête et leur adressa un mince sourire. Elle les rejoint, puis les filles se tournèrent vers Ryou.

Ryou, qu'est-ce qu'il se passe ? demanda Minto de but en blanc.

Les filles, j'ai une nouvelle à vous annoncer…

Il s'arrêta soudainement, incapable de poursuivre. Lui d'habitude si sûr de lui, si fier, lui qui savait tenir tête aux têtes de mules qu'étaient ses serveuses, il avait à présent l'air terriblement mal à l'aise. Pudding l'observa avec attention.

Houlà ! Ce n'est pas une bonne nouvelle, sinon tu aurais eu ton petit air de boss prétentieux.

Ryou passa la main dans ses cheveux et détourna la tête, embarrassé. Puis il poussa un soupir et redressa le menton, posant ses yeux bleus sur chacune des filles.

Tu as raison, admit le jeune homme. Ecoutez, ce que je vais vous dire ne va pas vous plaire. Mais, enfin… cela fait maintenant deux ans que vous avez perdu vos pouvoirs, et il y a très peu de chance qu'ils réapparaissent un jour. Le Café servait avant tout de Q.G au projet Mew Mew, or la Terre n'est plus en danger. Donc…

Ryou s'interrompit une nouvelle fois. Avec horreur, Ichigo commençait à voir ses craintes se confirmer. Et visiblement, elle n'était pas la seule.

Qu'est-ce que tu veux dire ? souffla Retasu, les yeux grands écarquillés derrière ses lunettes.

Ryou et Keiichiro échangèrent un regard. Ce fut ce dernier qui répondit, la mine grave.

Nous allons fermer le Café Mew Mew.

Quoi ?!

Les filles…

Ce fut à ce moment qu'Ichigo se coupa de la réalité. La jeune en était tellement choquée qu'elle en avait le souffle coupé. Ryou et Keiichiro allait fermer le Café. Comme si ce n'était qu'un vulgaire café de ville, alors qu'il était en réalité bien plus que ça. C'était dans ce Café qu'on lui avait expliqué qui elle était vraiment, et qu'elle avait pour mission de sauver le combat. C'était ici qu'elle se rendait en catastrophe, chaque fois que Ryou les avait appelées pour leur confier une nouvelle mission. C'était ici, qu'elle avait partagé tellement de moment avec ses amies, qu'elle s'était disputé si souvent avec Minto, prise la tête avec Ryou, goûté les délicieuses pâtisseries de Keiichiro… Le Café était tout ce qu'il lui restait de son ancienne vie, de sa vie de Mew Mew. Et même ça, on allait le lui enlever.

Mais ça veut dire qu'on ne pourra plus se voir ! s'écriait Berry au moment où Ichigo se reconnectait à la conversation.

On essayera de garder contact, répondit Retasu, sans grande conviction.

Pudding secoua la tête, l'air malheureux.

Mais ce ne sera plus comme avant…

Si j'ai bien compris, votre décision est déjà prise ?

La phrase, lancée d'un ton accusateur, venait du fond de la pièce. Les regards se tournèrent d'emblée vers Zakuro. Celle-ci, qui s'était gardée d'intervenir depuis l'annonce de la fermeture, se tenait à présent droite comme un « I », les bras croisés sur sa poitrine. Un léger froncement de sourcil trahissait son mécontentement.

Ryou hocha la tête.

Malheureusement, oui. Nous allons assurer le service encore quelque mois, jusqu'à la fin du prochain mois de décembre. Passée cette date, nous devrons mettre la clé sous la porte.

Les Mew Mew échangèrent des regards, la mine déconfite. Ryou soupira une nouvelle fois puis, sous les regards atterrés des serveuses, se dirigea vers les escaliers. Avant de disparaître, il se retourna une dernière fois, et lâcha ces quelques mots :

Je suis sincèrement désolé.