CHAPITRE 1

Bellamy dépose un carton sur le sol et se relève en inspectant le salon autour de lui. Il met ses mains sur ses hanches et observe tout autour de lui, comme s'il voulait imprimer cette image dans son crâne. Il perçoit Octavia et Lincoln discuter dans la pièce d'à côté. Bellamy les entend s'affairer alors qu'il reste seul, méditant ses pensées. Il ne pensait pas que ça allait être si dur de voir sa petite sœur prendre son indépendance de cette façon. Il est habitué depuis toujours à sa présence.

- Bellamy, est-ce que tu peux me passer le carton de livres, s'il te plait ?

Ce dernier prend une à deux secondes pour vider son esprit et prend le carton en question dans ses bras. Il enjambe toutes les affaires qu'Octavia n'a pas encore rangé et entre dans la future chambre qu'elle partagera avec Lincoln. Il se fige en voyant le lit double qu'ils partageront ensemble. Il savait qu'ils en auraient un, ils sont ensemble depuis deux ans maintenant… Mais c'est différent de le voir réellement. Octavia n'est plus un bébé désormais, il ne peut plus veiller sur elle comme il le faisait quand il était jeune. Et cela lui brise le cœur.

- Est-ce que tout va bien ? lui demande-t-elle en le regardant.

- Oui, ne t'en fais pas.

Il dépose le carton sur le sol, à ses pieds. Elle commence à prendre plusieurs livres et les place à côté de ceux de Lincoln. Bellamy l'aide du mieux qu'il peut, même si elle le dispute à chaque seconde parce qu'il se trompe de place. Alors qu'ils terminent tous les deux le rangement, Lincoln arrive avec trois bières dans les mains. Bellamy décline la sienne.

- Je vais prendre le volant juste après, je ne préfère pas le faire avec de la bière dans le sang.

Lincoln lève les yeux au ciel mais la replace dans le réfrigérateur. Il pose l'une de ses mains sur l'épaule d'Octavia et regarde Bellamy.

- Merci beaucoup de nous avoir aidé pour le déménagement, lui dit-il.

- Il n'y a aucun problème, je ne pouvais pas ne pas aider ma petite sœur. Il fallait que je m'assure que tout soit bien propre ici.

Lincoln rit et tend sa main vers Bellamy. Celui-ci la serre en lui faisant un petit sourire. Il n'est pas ami avec Lincoln mais il l'apprécie tout de même. Il sait qu'il est fou amoureux d'Octavia et c'est le plus important pour lui. Lincoln ne lui fera jamais de mal, il est bien trop attaché à elle pour ça.

Bellamy retourne dans le salon et met ses mains dans ses poches. Il doit retourner chez lui s'il veut bien se reposer pour le travail demain… Mais il n'en a pas envie. Si seulement de l'argent pouvait tomber du ciel, comme par magie. Il se perd de nouveau dans ses pensées quand Octavia pose sa main sur son bras. Il sursaute et se tourne vers elle. Il lui fait un petit sourire.

- Je vais devoir y aller, lui dit-il finalement. Je travaille au garage demain.

- Est-ce que tu es sûr de vouloir y retourner ? Je vais avoir des bourses d'ici un mois et j'essayerai de trouver un travail à mi-temps. Tu n'es plus obligé de travailler dans ce stupide garage pour moi.

Il sait qu'Octavia n'aimait pas le voir rentrer du travail, grognon et avec des tâches d'huile partout sur ses vêtements. Désormais, elle n'aura plus à le voir comme ça. C'est déjà un grand progrès.

- Ce stupide garage, comme tu le dis si bien, m'a aidé pendant plusieurs années à joindre les bouts. Sans ça, on n'aurait même pas pu rester dans notre appartement crasseux, Octavia.

- Je le sais, je le sais. Mais… Tu n'es pas heureux là-bas. Il faut que tu trouves rapidement autre chose ou tu vas t'effondrer. Tu mérites de trouver un métier qui te convienne, Bell. Pourquoi est-ce que tu ne retournerais pas à la fac pour terminer ton master de…

- C'est impossible. Il faut encore que je t'aide financièrement. Je ne peux pas.

Octavia pousse un soupir en croisant les bras. Bellamy ne peut rien lui dire, elle fait ça pour son bien. Il sait qu'elle s'inquiète pour lui, elle aimerait qu'il puisse faire ce qu'il veut sans se soucier d'elle. Avant que leur mère meure, il avait prévu de faire un master en histoire pour être professeur. Il a d'ailleurs réussi à aller jusqu'à sa première année… Mais tout est allé de travers. Il a tout fait pour qu'elle soit comblée. Il lui a acheté ce qu'elle voulait, il l'emmenait très souvent au restaurant, ils allaient tous les deux au cinéma voir des dessins animés… Et, finalement, il a abandonné les études.

Ça ne le rend pas heureux de travailler tous les jours sur des voitures, mais c'est sa vie. Il doit s'en contenter.

- Je vais y aller. J'ai une petite heure de route. Est-ce que ça ira pour la suite ?

- Bien-sûr, répond-elle rapidement. Je vais finir les derniers rangements avec Lincoln et ça sera bon. On se revoit bientôt, d'accord ?

- Je viendrai te voir au moins une fois par mois, ne t'inquiète pas. Tu resteras ma toute petite sœur.

Elle plisse du nez alors qu'il ébouriffe ses cheveux. Il l'attire alors par les épaules et lui fait une longue étreinte. Il respire son parfum qu'il connait tant en fermant les yeux. Elle va extrêmement lui manquer. Qu'est-ce qu'il va faire, maintenant ?

Il s'écarte d'elle en embrassant le haut de son crâne. Elle lui fait un petit sourire rassurant. Il tourne les talons et reprend sa veste sur la chaise. Il l'enfile tout en ouvrant la porte de l'appartement et en descendant les escaliers. Il ouvre la portière de sa voiture et se met derrière le volant. Alors qu'il s'engage sur la route, il repense à sa conversation avec Octavia ou encore avec Murphy, la semaine dernière. Tout le monde pense qu'il mérite mieux. Tout le monde.

Alors qu'il voit le panneau de sa ville approcher, il repense à toutes ces dernières années. Il aimerait casser la routine, une fois pour toute. Mais comment faire avec son métier ? Il ne peut pas démissionner et en trouver un directement, c'est impossible. Il dépasse soudainement le panneau. Il devrait faire demi-tour à la prochaine intersection mais il n'en a pas envie. Il continue de rouler durant une dizaine de minutes, puis une vingtaine. Il appuie sur le bouton de l'auto radio et laisse la première station qui vient. Il fredonne les paroles en dépassant plusieurs panneaux. Une heure. Il bouge la tête au rythme de la musique. Deux heures. Il siffle doucement. Trois heures. Il reçoit soudainement un appel sur son téléphone portable. Il installe le kit main libre et répond.

- Bellamy ? dit alors la voix de Murphy à travers le téléphone. Qu'est-ce que tu fous ? Ça fait plus d'une heure que tu dois être là.

- Murphy, appelle le garage et dis leur que je compte m'absenter une à deux semaines.

- Tu te fous de ma gueule ? Qu'est-ce qu'il se passe ?

- J'ai décidé de prendre des vacances.

- Ah oui ? Parce que tu as un sac de vêtements en permanence avec toi ? Et avec quel argent tu comptes faire ça ?

Bellamy ferme les yeux durant une toute petite seconde en entendant les paroles de Murphy. Il a raison. Il ne sait même pas s'il aura assez d'argent pour retourner chez lui. C'est n'importe quoi, il est totalement foutu. À quoi est-ce qu'il pensait ? Il faut qu'il se ressaisisse.

- C'est vrai, tu as raison, dit-il finalement en secouant la tête. Je vais m'arrêter à la prochaine station essence et je vais faire demi-tour.

- J'espère pour toi que tu as assez d'argent pour l'essence, alors…

- Je serai de retour vers 3h du matin.

Il raccroche en regardant l'horloge dans sa voiture. Il est plus de 23h, il faut qu'il commence rapidement à faire demi-tour. Il voit que la prochaine aire d'autoroute est dans plus de six kilomètres. Il patiente en essayant de penser à autre chose qu'au fait qu'il ne veuille pas rentrer chez lui. S'il était riche, il ferait le tour du monde en voiture.

Il se gare sur le parking de l'aire d'autoroute quelques minutes après. Il ouvre son portefeuille et regarde l'argent qui lui reste. Il a assez pour faire un plein d'essence et même pour trouver quelque chose à manger. Il sort de sa voiture et entre dans le petit café en face de lui. Il en commande un au comptoir et s'assoit à une petite table. Il sort son téléphone portable et fait quelques jeux en attendant son café.

- Je n'ai nulle part où dormir ce soir, s'il vous plait !

Il fronce les sourcils et se tourne légèrement vers le comptoir. Une jeune femme blonde est en train de parler avec le serveur… Ou plutôt en train de le supplier. Il essaye d'écouter la conversation mais quelqu'un dépose son café devant lui. Il décide d'ignorer la jeune femme et le boit lentement, par petites gorgées. Il tapote sur son portable mais quelqu'un pose sa main sur son épaule. Il se tourne vers la personne en question en haussant un sourcil. C'est la jeune femme du comptoir.

- Excuse-moi de te déranger, lui dit-elle. Est-ce que tu comptes aller quelque part juste après ton café ?

- Pourquoi ?

- Je ne sais pas où aller. Je comptais faire le tour du pays en auto-stop mais apparemment la France n'est pas encore prête pour ça…

Il la regarde de haut en bas. Elle doit être un peu plus jeune que lui mais elle ne semble pas non plus avoir en dessous de la majorité. Il n'a pas envie de s'embarrasser avec une auto-stoppeuse, surtout qu'elle ne doit pas vouloir aller dans la même direction que lui.

- Je suis désolé, je ne suis pas intéressé.

- S'il te plait ? Ça me coûte de demander ça mais je n'ai aucun plan et il est plus de 23h… Je payerai l'essence, peu importe où tu vas, peu importe si on doit prendre des chambres d'hôtels si c'est loin. Je paye tout.

Il continue à la regarder. Cette femme est prête à payer pour lui alors qu'elle ne le connait même pas. Elle est complément folle, elle pourrait se faire attaquer par n'importe qui de pervers avec cette proposition. Malheureusement pour elle, il ne veut vraiment pas s'encombrer de cette tâche.

- C'est non.

Il vient d'utiliser un ton catégorique et froid. Elle recule légèrement sa tête, comme si les mots de Bellamy la heurtaient de plein fouet. Il la voit avaler sa salive lentement. Il sent qu'elle pourrait s'énerver facilement contre lui à cause de son comportement injustifié. Il voit une petite lueur de colère dans ses yeux bleus. Peut-être qu'elle pourrait lui jeter une malédiction d'une minute à l'autre.

- Très bien. Désolée de t'avoir dérangé.

Elle le dépasse et part s'asseoir sur une table en diagonale de la sienne. Elle pose violemment son sac à dos – sans doute rempli de vêtements – à côté d'elle. Il la regarde alors qu'elle croise les bras et enfonce sa tête dedans. Il décide de ne pas y penser et regarde son portable.

Octavia B. : « Murphy m'a envoyé un message pour me dire que tu étais toujours sur la route… Qu'est-ce qu'il s'est passé, Bellamy ? »

Bellamy B. : « Ce n'est rien, je vais bientôt faire demi-tour. J'ai juste eu un coup de folie. J'avais envie de conduire jusqu'au lendemain matin pour voir jusqu'où je serai allé. Mais c'était une très mauvaise idée. »

Octavia B. : « Non, je ne trouve pas. Si tu as envie de t'enfuir un petit peu de ta vie dans ton garage, tu as raison. »

Bellamy B. : « Je n'ai pas assez d'argent, tu le sais très bien. Ça ne sert à rien de tout dépenser si je ne peux pas me permettre de rentrer à la maison. »

Octavia B. : « Hé bien trouve rapidement quelque chose pour en avoir. Ne retourne pas dans ton garage. »

Il soupire en reposant violemment son portable sur la table. Il gratte le bois de celle-ci pour essayer de s'occuper l'esprit. Il tend l'oreille et entend le barman servir des cafés aux autres. Il écoute les trois personnes dans le café. Il y en a un qui dispute ses enfants parce que ceux-ci n'arrêtent pas de se plaindre, un autre qui dort sur sa table et il y a la blonde de tout à l'heure. Elle est au téléphone.

- Je ne pensais pas que ça allait se passer comme ça, Monty. J'avais envie de changer un peu de ma vie habituelle, je voulais faire le tour de la France… Mais ce n'est pas pour moi, apparemment. J'ai été stupide.

- […]

- Non, ne vient pas me chercher. Je viens de trouver quelqu'un qui peut me ramener à la maison, ne t'inquiète pas.

- […]

- Je n'ai pas envie de rentrer. Mais je n'ai pas le choix. Personne ne veut faire ce truc avec moi. Même pas toi.

Bellamy fronce les sourcils. Elle vient juste de mentir à ce « Monty » en disant qu'elle avait trouvé une voiture et elle vient de le faire sans scrupule. Elle ne veut pas le déranger alors qu'elle est actuellement dans la merde. Elle n'a aucune voiture dans laquelle voyager et elle n'a aucun endroit où dormir. C'est n'importe quoi, cette fille risque sa vie.

- Je te vois bientôt. Je suis encore désolée de t'avoir dérangé. Salut, Monty.

Elle repose son téléphone sur sa table et fait un léger signe au serveur. Elle semble commander quelque chose, puisque celui-ci hoche la tête et part vers le comptoir. Bellamy continue à la regarder. Il a une fascination pour elle, il ne sait pas pourquoi. Elle semble être quelqu'un de fort, puisqu'elle est toute seule depuis quelques jours. Elle tourne soudainement son visage vers lui et croise son regard. Bellamy se perd une seconde dans ses yeux bleus mais détourne rapidement les siens, comme s'il était pris en flagrant délit. Il a eu raison de refuser, il ne le regrette pas. Elle lui causerait beaucoup trop de soucis.

- Merci beaucoup, répond-elle au serveur qui lui apporte son café. Tenez, un pourboire.

Bellamy regarde la somme d'argent qu'elle vient de lui donner. La somme est plutôt conséquente pour un café en plein milieu d'une aire d'autoroute. Le serveur lui-même semble être choqué. Il repart en fixant le billet qu'elle vient de lui tendre.

Peut-être qu'elle disait vrai lorsqu'elle lui proposait de payer l'essence. Peut-être qu'il pourrait faire son petit road trip tranquillement… Enfin, « tranquillement », peut-être pas. Elle serait avec lui tout le long du trajet alors qu'elle doit sans doute être insupportable. Une personne de son âge avec autant d'argent ne doit pas être aussi agréable que ses amis à lui.

- Si tu pouvais arrêter de me regarder avec pitié, ce serait gentil, dit-elle en levant son regard vers lui.

Il ne s'était même pas rendu compte qu'il était en train de la regarder. Elle plonge ses yeux dans les siens.

- Pourquoi est-ce que tu lui as menti ?

- À qui ?

- Ton ami, au téléphone.

- Qu'est-ce que ça peut te faire ?

Il ne répond pas et reprend sa tasse de café dans ses mains. Il le boit lentement, gorgée par gorgée. Le liquide chaud coulant dans sa gorge le réchauffe doucement. Ça lui fait vraiment du bien, et ça doit faire la même chose à la petite blonde là-bas. Il continue à la regarder. Il s'en fout complètement de ce qu'elle peut penser de lui. Elle hausse un sourcil et détourne enfin ses yeux des siens. Elle pose son menton sur son poing et met son coude sur la table.

Bellamy termine sa boisson chaude et se lève de son siège en sortant son portefeuille. Il laisse un billet sur sa table et se dirige vers celle de la blonde. Il s'assoit juste en face d'elle, à la plus grande surprise de cette dernière. Elle le regarde mais ne prononce pas un mot.

- Pourquoi est-ce que tu accepterais de monter dans la voiture d'un parfait inconnu ? demande-t-il alors.

- Quoi ?

- Je pourrais être un serial killer.

Elle plisse ses yeux et semble réfléchir à ce qu'il vient de lui dire. Finalement, elle prend une gorgée de son café et le regarde.

- Je ne pense pas que tu sois un psychopathe. Vu la façon dont tu m'as répondu, tu sembles être quelqu'un de froid et réservé, mais ça, je peux encore gérer. J'ai juste besoin d'une voiture.

- Et moi j'ai besoin d'argent.

- Pour quoi faire ?

- Ça c'est mon problème. J'ai juste décidé de me faire un petit road trip. Je veux bien te déposer chez toi si tu me payes le plein d'essence.

Il sait que c'est sans doute trop demandé mais il n'a pas le choix. De toute façon, elle lui a proposé elle-même de lui payer l'essence et même les nuits d'hôtel. Il est prêt à l'accompagner jusqu'à chez elle si elle le souhaite. C'est donnant-donnant.

- On va faire un deal, tous les deux, dit-elle en s'appuyant sur ses avants bras. Je t'accompagne pour faire ce road trip.

- Hors de question.

- Tu n'as pas assez d'argent pour te payer le plein d'essence donc j'imagine que tu n'en as pas assez pour les hôtels. Alors que, si je t'accompagne, tu n'auras plus à te soucier de ça.

- Pourquoi est-ce que tu as autant d'argent ?

- Ça c'est mon problème.

Elle vient de répéter exactement les mêmes mots qu'il lui a dit. Maintenant, la décision lui appartient entièrement. Il peut lui dire d'aller se faire voir et rentrer chez lui, avec Murphy. Il peut également accepter sa proposition et commencer un road trip… Dans l'inconnu, et, surtout, avec une inconnue. Est-ce qu'il veut changer sa vie à ce point ? Est-ce qu'il veut risquer de tout perdre simplement pour réaliser l'un de ses rêves ?

- Je ne sais pas où je compte aller, lui dit-il. Ça peut durer trois jours comme trois semaines.

- Très bien, ça me va.

- Quel âge est-ce que tu as ? Je n'ai pas envie d'être impliquée dans une quelconque fugue de ta part ou…

- J'ai 23 ans. Je ne fugue pas, je te rassure. Je ne vis même plus avec mes… Parents.

Elle a une certaine hésitation sur ce dernier mot que Bellamy entend immédiatement. Il aimerait lui demander plus de détails sur elle mais ça ne sert à rien. Il ne veut pas être ami avec elle, il veut juste qu'elle lui paye ce voyage. C'est tout. Et si ça lui profite à elle aussi, tant mieux. Il se fiche d'elle.

- C'est d'accord. Si ça ne te dérange pas de voyager dans une Jeep pourrie.

- Aucun problème.

Elle tend sa main vers lui et attend qu'il la prenne. Il patiente quelques secondes et, finalement, la serre de haut en bas. Il la lâche rapidement et lui fait un signe de tête pour lui dire qu'il est temps de partir. Elle le suit sans broncher et ils sortent tous les deux du café.

- Il faut que je fasse le plein avant qu'on parte, lui dit-il.

- Est-ce que je te passe l'argent maintenant ou…

- Je peux payer celui-ci. Tu payeras les prochains.

Elle hoche la tête. Il lui montre de la tête sa voiture, au loin. Il la regarde au coin alors qu'elle sourit légèrement. Il pensait qu'elle allait prendre peur mais ce n'est pas le cas, apparemment. La jeep n'est pas encore trop abîmée. Elle possède deux places avant et deux places à l'arrière. Les sièges avant sont très grands et très confortables.

- Elle est vraiment jolie. Elle me fait penser à celle que Stiles a dans Teen Wolf.

- Si tu crois que je regarde ce genre de séries… marmonne Bellamy entre ses dents.

Elle s'y dirige et ouvre la portière passagère. Bellamy, lui, contourne sa voiture et ouvre le bouchon à essence. Alors qu'il en met dedans, il regarde dans la voiture. Il se rend compte qu'il ne connait toujours pas son nom. Il espère vraiment qu'il ne fait pas d'erreur et qu'il n'est pas en train de la kidnapper inconsciemment. Il va falloir qu'il écoute la radio s'il veut être sûr qu'un avis de recherche n'est pas en train de s'installer à son nom.

Il rentre dans la voiture et sort son téléphone portable. Il faut au moins qu'il prévienne Murphy de ce qu'il va se passer.

Bellamy B. : « Je ne rentrerai pas ce soir. Demain non plus. Je vais faire ce road trip. Essaye d'appeler le garage pour leur dire. S'ils me virent, ce n'est pas grave. Je trouverai autre chose. »

- Au fait, dit la fille en l'arrêtant dans son message. Je m'appelle Clarke.

- Bellamy, répond-il en retour sans lever les yeux de son portable.

Il entend son léger soupir mais n'y prête pas vraiment attention. Il ne lui a jamais dit qu'il allait être courtois avec elle. Il continue à regarder son téléphone et la voit ouvrir sa boite à gant. Il s'apprête à l'interrompre mais elle sort tout simplement l'une de ses cartes de France.

John M. : « Dans quel pétrin est-ce que tu t'es fourré, mon vieux ? »

Bellamy B. : « Je t'appellerai demain. »

Il place son téléphone portable à côté de lui et se tourne vers Clarke. Elle pointe du doigt l'endroit où ils sont en ce moment : Rouen. Il hausse un sourcil alors qu'elle le regarde avec des yeux interrogateurs.

- Où est-ce que tu veux aller en premier ? demande-t-elle.

- Il est presque 1h du matin, je pense qu'on doit simplement trouver un hôtel pour cette nuit.

- Très bien, mais après ? C'est toi qui conduis, c'est toi qui choisis la destination.

- On commence par les sables d'Olonne. On va mettre environ 5h de route mais il y a beaucoup de soleil là-bas. Ça vaut le coup. On y restera deux à trois jours. Il y a pas mal de choses à voir.

- D'accord.

Elle ne rajoute pas un mot alors qu'il démarre la voiture. Elle plie la carte et la place sur le côté. Elle pointe le panneau qui montre un hôtel dans une dizaine de kilomètres. Bellamy prend cette route et conduit dans le silence… Ce que Clarke ne semble pas vraiment apprécier. Elle appuie sur le bouton de la radio sans lui décrocher un seul mot. Il se tourne vers elle.

- C'est ma voiture, c'est à moi de choisir ce qu'on écoute.

- Tu peux changer de station si tu le souhaites.

- Et si je ne veux aucune musique ?

- Il y a aussi un bouton avec écrit dessus « arrêt ». Est-ce que je dois tout t'apprendre sur ta voiture ?

Il lève les yeux au ciel mais ne fait pas un seul mouvement. Clarke est apparemment quelqu'un de cynique qui va lui poser beaucoup de problèmes pendant le trajet. De toute façon, si elle continue comme ça, il fera demi-tour en la laissant sur le bord de la route.

- Peut-être que tu devrais appeler quelqu'un de ta famille pour le prévenir, lui dit-il. Comme je te l'ai dit tout à l'heure, je ne sais pas combien de temps on part.

Elle hoche la tête et mais ne sort pas son portable pour autant. Il ne dit rien et continue sa route jusqu'à l'hôtel. Il l'aperçoit au bout d'un moment et se gare sur le parking. Il sort et entend les pas de Clarke derrière lui. C'est bien, il n'a même pas besoin de lui dire de le suivre, elle le fait d'elle-même.

Ils arrivent tous les deux au comptoir et attendent que quelqu'un arrive. Une jeune femme se présente devant eux au bout d'un petit moment.

- Bonsoir, que puis-je pour vous ?

- Bonsoir, répond Clarke à la place de Bellamy. On aimerait deux chambres, s'il vous plait.

- Très bien, dit-elle en tapotant sur son clavier d'ordinateur.

Elle leur dit le prix alors que Clarke sort sa carte bancaire et lui tend. Bellamy se sent honteux durant un moment. Très court, cependant. Elle l'a cherché, ce n'est pas de sa faute. Clarke se tourne vers lui et lui tend la carte pour sa chambre.

- Tu as le numéro 35 et j'ai le numéro 36. Nous avons des chambres côte à côte. Suis-moi.

Il hoche la tête alors qu'ils partent tous les deux vers la droite. Clarke semble connaitre les fonctionnements des hôtels puisqu'elle sait exactement où aller. Elle s'arrête devant sa porte et se tourne vers lui.

- Bon… Alors bonne nuit ? On se retrouve demain matin devant le…

- Bonne nuit.

Il rentre dans sa chambre alors qu'elle le regarde, la bouche grande ouverte. Il s'assoit sur son lit et met sa tête entre ses mains. Il va falloir qu'il achète des vêtements demain ainsi qu'un nécessaire pour l'hygiène. Il part vraiment à l'inconnu. Au moins, Clarke doit avoir pas mal de vêtements de rechange dans son sac à dos…

Il aimerait être cordial et sympathique avec elle mais, sachant l'argent qu'elle possède, il n'arrive pas à s'en empêcher. Il connait ce genre de personnes, il sait que les riches peuvent paraître gentils au premier abord mais font tout pour humilier les autres à la fin. Et il ne va pas se laisser faire avec elle. Il ne veut rien savoir de sa vie ou de sa famille. Il va rester froid et distant.


Bonjour !

Me voilà de retour avec une fiction longue, ça y est. J'ai mis presque un an à l'écrire, je ne sais pas du tout ce qui m'a pris autant de temps… Mais en tout cas j'en suis fière ! Il y aura 12 chapitres en tout, j'espère que vous allez aimer. N'oubliez pas de me suivre sur Twitter au pseudo Carreyland si vous voulez avoir des infos sur les publications, des choses comme ça. J'ai aussi prévu de publier une playlist Spotify pour cette fiction, si vous le souhaitez ! Il n'y aura que des chansons de Road Trip que j'ai aimé écouter durant l'écriture de cette fiction. Je pense qu'en tapant "Loin de tout - A Road Trip fiction" vous allez la trouver (dites-moi dans les commentaires si ce n'est pas le cas)

En tout cas, n'hésitez pas à me dire ce que vous pensez de ce premier chapitre ! C'est très important de connaître vos avis, surtout au tout début d'une fiction. Je suis pressée de voir tout ça... Ah, aussi, n'hésitez pas à follow cette fiction pour pouvoir être prévenus du prochain chapitre ! :)

Passez tous un bon week end !

- Amandine.