Oui, un très long épilogue vous attends. J'ai eu du mal à le finir dans les temps mais je me suis donnée à fond pour ce dernier chapitre. En espérant que vous l'apprécierez, bonne lecture à tous !
Bip. Bip. Bip. Depuis combien de temps ce bruit résonnait dans ma tête ? Mes paupières battaient si lentement que je n'arrivais même plus à voir autour de moi. J'avais du mal à respirer. Des tuyaux reliaient mon nez à une machine. Mon corps était aussi lourd qu'un rocher. Il était impossible pour moi de bouger, ni même de tourner la tête. Tout ce que je pouvais regarder, c'était les murs et le plafond si blanc de l'hôpital. Je n'arrivais pas à me remémorer ce qu'il m'était arrivé. Je me souvenais seulement de la douleur que j'avais ressenti. Je me rappelais des visages qui avaient défilé dans cette salle, qui étaient venus prendre de mes nouvelles. Je disais visages car je n'étais plus sûre de comment se prénommaient ces personnes. Il m'arrivait souvent de m'endormir et de me réveiller plusieurs jours plus tard.
-Ses blessures sont trop graves, elle ne pourra plus jamais vivre comme avant.
J'avais entendu cette phrase sortir de la bouche d'un médecin. Une femme, certainement ma mère, avait fondu en larmes. Moi aussi j'aurais aimé pleurer pour lui montrer que je partageais sa peine. Seulement, les larmes n'étaient pas sorties. J'étais devenue incapable de ressentir. Rester en vie n'avait plus aucun sens pour moi. Je me rappelais d'une personne qui m'était plus que cher, des amis que j'avais malgré tout réussi à me faire. Ils étaient tous venus me voir. Et moi, qu'avais-je fait pour les remercier ? Rien, puisque je ne pouvais rien faire. Cependant, un vide avait comblé mon cœur en remarquant qu'une certaine personne n'était venue me rendre visite. Je ne connaissais pas son identité, je l'avais oublié. J'avais le pressentiment que quelque chose de grave lui était arrivé. Est ce qu'elle aussi était dans un hôpital ? Si même maintenant je ne pouvais plus me souvenir de mes amis, je préférais vraiment quitter ce monde.
Un soir, alors que j'avais dormi pendant quatre jours, mes yeux rencontrèrent ceux d'une créature. Elle était si monstrueuse que n'importe quel être humain aurait crié de terreur en la voyant. Moi j'étais restée impassible, comme habituée à la bête. Elle était si grande et si sinistre. Qu'est ce que c'était au juste ? Un fantôme ? Elle n'avait pas du tout l'air dangereuse, mais plutôt inquiète de mon état. De la compassion et de la pitié. C'était ce que je ressentais à travers son regard pourtant effrayant. J'avais envie de la toucher et de lui parler. J'essayai de bouger le bras mais il resta allongé sur le lit. Ma gorge était sèche. Cela me rappelait un événement de ma vie dont je n'arrivais pas à me souvenir.
-Emi, m'appela tristement la bête, est ce que tu te souviens de moi ? Je suis Ryuk. Je suis.. un ami.
Ryuk ? Ce nom me disait vaguement quelque chose. J'étais amie avec ce monstre. Pourquoi je ne trouvais pas cette révélation étrange ? Je ne voyais pas comment j'aurais pu le rencontrer mais j'avais envie de le croire. Si il était mon ami, alors je pouvais lui dire ce que j'avais sur la conscience. Je pouvais tenter de lui faire comprendre ce que je voulais à partir de maintenant.
-Ry..uk.. t..ue..m..o..i
Étonnée, la créature se recula puis secoua la tête. Elle n'avait pas l'air d'être d'accord. Elle disait que mon heure n'était pas venue et que j'avais encore du temps à vivre. C'était un mensonge, je le savais. Pour une raison étrange, j'avais l'impression que seul ce monstre pouvait en finir avec moi. Je lui suppliai une nouvelle fois de me tuer. À contre cœur, Ryuk baissa la tête. De sa ceinture, il retira un livre. Je n'arrivais pas à lire le titre. La créature hésita avant de poser son stylo sur la page. Ses mouvements étaient lents, comme si je le forçais à me tuer. Puis, il retourna le livre. Je pouvais à peine y lire mon nom et mon prénom.
-Je suis désolé Emi.
-Hé Emi, tu te réveilles ? C'est à toi de jouer !
Je clignai plusieurs fois des yeux pour me remettre dans la partie. Après quelques réflexions, je défaussai une des cartes que j'avais dans la main. Je soupirai discrètement en me rendant compte à quel point je repensais beaucoup à ma vie humaine en ce moment. À cet époque, je ne me souvenais de rien. Maintenant, j'avais comme guéri et mes souvenirs étaient tous revenus. Je ne regrettais pas à ma décision. Je voulais mourir et Ryuk m'avait tué. Les jours suivants ma mort, il était resté distant. Il se sentait coupable. Pourtant, cette situation devait arriver tôt ou tard. J'avais quitté le monde des humains pour rejoindre celui des shinigamis.
-Tu as encore gagné ! se plaignit un shinigami à côté de moi. Comment est ce que tu fais Emi ?
Je haussai les épaules, me fichant pas mal de me faire complimenter par un dieu de la mort. La partie de cartes terminée, je déployai mes ailes. Je m'envolai vers l'endroit où je passais la plupart de mon temps. Une grotte, le seul endroit que j'avais trouvé assez chaleureux dans ce monde pourri. Je n'étais pas seule. Je partageais cette grotte avec un ami. Ryuk. Lorsque j'atterris devant lui, il me regarda à peine. Voyant son manque de réaction, je m'agenouillai à ses côtés. Il observait l'horizon. Pourtant, le monde des dieux de la mort était un lieu sinistre et sans vie. Il n'y avait rien à admirer.
-Pourquoi est ce que tu n'es pas venu jouer avec nous ? lui demandais-je pour engager la conversation.
-Je n'aime pas ces gars, grogna Ryuk. En plus d'être stupides, ils te volent les seules choses que tu possèdes.
-D'ailleurs, regarde ce que je t'ai apporté !
Je lui montrai le gain que j'avais ramené de ma partie de ma carte. Une pomme, qui ne ressemblait pas du tout à celles du monde des humains. Ryuk me remercia tout de même puis la dégusta d'une bouchée. Je le regardai faire, silencieuse. Ryuk avait ses moments. Parfois, il refusait de me parler pendant des jours sans aucune raison valable. Il avait changé. Moi aussi, j'avais changé. Du moins, physiquement. J'avais encore mon apparence humaine parce que le temps que j'avais passé dans ce monde n'était pas suffisant pour complétement me transformer. Mes cheveux étaient pratiquement tous devenus blancs. Ma peau était craquelée à certains endroits. Mes ongles étaient devenus des griffes et j'étais encore plus pâle qu'avant. J'avais l'allure d'un parfait fantôme.
-Est ce que tu sais quel jour nous sommes ? me questionna Ryuk.
-Non ? Il se passe quelque chose de particulier ?
-Aujourd'hui, ça fait cinq ans que tu es morte.
Des frissons parcoururent chaque passerelle de ma peau. Cinq ans, déjà ? J'avais perdu la notion du temps depuis mon arrivée dans ce monde. Je n'avais pas du tout l'impression de le fréquenter depuis autant d'années. J'étais cependant touchée de savoir que Ryuk ne l'avait pas oublié.
-Et donc ? ricanais-je. Tu m'as prépare un gâteau d'anniversaire, c'est ça ?
-Presque, se moqua Ryuk. Je me disais que tu pourrais peut être retourner dans le monde des humains pendant une journée.
Je fronçai directement les sourcils. Retourner dans le monde des humains ? Hors de question. Je ne voulais pas redevenir aussi faible qu'avant. Je ne voulais pas revoir des personnes qui me feraient ensuite regretter de partir. J'avais réussi à enfouir mes sentiments parce que j'étais devenue un shinigami. Cette transformation m'avait certainement aidé. Et puis, c'était impossible. Ma première rencontre avec le Roi remontait à très longtemps. Il m'avait expliqué que je n'étais qu'une débutante et que par conséquent je n'avais pas encore le droit de recevoir mon propre Death Note. Je n'avais pas non plus le droit d'approcher le monde des humains. Depuis, je ne l'avais pas revu. Il était apparemment indisponible.
-Je te couvrirai, me proposa Ryuk.
-Non, refusais-je, c'est dangereux. Des rumeurs disent que le Roi peut tuer un shinigami. Si jamais il apprend cette supercherie, je ne veux pas que tu sois responsable.
-Ne t'en fais pas. De toute façon, il n'est jamais là. Il ne verra rien.
Je baissai la tête, ne sachant quoi répondre. Est ce que je ne le voulais vraiment pas ? La seule personne qui faisait balancer mon cœur, c'était Ryuzaki. J'avais envie de le revoir et d'admirer ce qu'il était devenu. La seule chose que Ryuk m'avait avoué après ma mort était que L avait gagné. Kira avait été arrêté. C'était la seule chose qui m'importait. Au final, j'acceptai le cadeau de Ryuk seulement parce que je souhaitais découvrir comment mes anciens amis se portaient, comment ils vivaient dans un monde sans moi.
Un peu plus tard, je me positionnai au dessus du tourbillon qui menait vers le monde des humains. Chez eux, il était très tôt. Le soleil était à peine entrain de se lever. Une journée. Rien qu'une journée pour tous les revoir.
-Reviens vite, m'indiqua Ryuk, sinon je vais m'ennuyer sans toi.
J'esquissai un sourire en guise de réponse. Je me laissai ensuite tomber à l'intérieur du portail. Je déployai immédiatement mes ailes en atterrissant dans le monde des humains. C'était plutôt effrayant de pouvoir admirer la ville toute entière de haut. Par où commencer ? Je n'étais même pas certaine qu'ils habitaient encore tous aux mêmes endroits. Ce n'était pas en cherchant à travers toute la ville que j'allais les retrouver. Je devais commencer par des endroits que je connaissais. Le premier qui me vint en tête était mon ancienne maison.
Je longeai quelques rues pour enfin atterrir devant le bâtiment. Mes pieds retouchèrent les quelques marches devant la porte d'entrée. J'avais l'impression de redevenir humaine. Lorsque je passai à travers le mur, je tombai nez à nez avec un garçon que je ne connaissais pas. En explorant la maison, je me rendis très rapidement compte que mes parents n'habitaient plus cette maison. Elle était à une autre famille désormais. Déçue et surtout attristée, je regagnai le ciel.
Je décidai ensuite de m'envoler vers mon ancienne école. Le lycée dans lequel j'avais rencontré Ryuzaki et Light. Il était d'ailleurs l'heure pour les élèves de commencer les cours. Je ne savais pas trop ce que je cherchais à trouver en revenant entre ses murs. Pourtant, j'avais cette impression que tout allait commencer à partir de maintenant. Je pénétrai à l'intérieur de la cour puis du hall. Repasser devant mon casier me faisait très bizarre. Je me promenai dans les couloirs puis dans les classes. J'avais passé la plus grande partie de ma vie dans cette école. Lorsque je passai devant une certaine salle, je me stoppai. Visiblement, le professeur n'était pas encore arrivé. Faisant un pas pour entrer, je manquai de me prendre un sac en pleine figure. Une classe de sauvages, de première année de collège.
-Donne-moi les devoirs pour aujourd'hui, sinon je te vole ton goûté !
-Je n'ai pas assez d'argent pour me payer à manger ce midi, prêtes-en moi.
-Cette fille est vraiment trop bizarre, tu as vu sa coupe de cheveux ?
J'arquai un sourcil avant de lever les yeux au ciel. De vrais petits diables. Cette situation me rappelait vaguement quelqu'un. Heureusement que je n'avais plus besoin d'aller en cours. Je comptais m'en aller quand des paroles intéressantes parvinrent jusqu'à mes oreilles.
-Pourquoi est ce que tu as le droit de ramener des jouets à l'école et pas nous ?
-Ouais c'est vrai ça ! Qu'est ce que tu as de plus que nous ?
Je me retournai pour observer au fond de la classe trois garçons entourer la table de quelqu'un d'autre. L'un d'eux balança sa main pour faire tomber des figurines par terre. Ils étaient visiblement très énervés de ne pas pouvoir bénéficier du même privilège. Puis j'assimilai soudainement la ressemblance. Très curieuse, je me rapprochai de ces enfants. J'écarquillai les yeux en voyant la personne à laquelle j'avais tout de suite pensé. Near. Il était silencieux et faisait à peine attention aux garçons qui l'embêtaient. Plus important encore. Pourquoi était-il toujours vivant ? Est ce que cela voulait dire que Mello l'était aussi ?
Agacé de son ignorance, un garçon lui tira les cheveux pour gagner son attention. Near ne se laissa pas faire puis le poussa. Ils se mirent alors tous les trois à lui voler ses jouets. Ils les jetèrent par terre pour les écraser et sur les murs pour les détruire. Near observa la scène sans une once de tristesse. Puis, lorsque qu'un des garçons s'attaqua au dernier jouet sur la table, Near se leva subitement pour l'attraper. C'était une peluche en forme de robot. Je me rappelais de sa provenance. Mello lui avait donné en gagnant au stand de tir au festival.
-Non, murmura Near en serrant la peluche contre lui, arrêtez s'il vous plaît.
Sourires en coin, les trois garçons se rapprochèrent de lui. Ils se bagarrèrent pendant un instant avant d'arracher la peluche des bras de Near. J'essayai de les séparer mais je me remémorai très rapidement que je ne pouvais plus rien faire, mise à part regarder sans pouvoir l'aider. Sans hésitation, le garçon jeta la peluche par la fenêtre. Near se précipita dangereusement vers le rebord pour la rattraper. En vain, puisqu'elle s'écrasa sur la route. Satisfaits, les trois garçons regagnèrent leurs places tandis que Near était toujours penché à la fenêtre. Lorsque le feu passa au vert, les voitures démarrèrent. Sans réfléchir, je me précipitai vers la route pour récupérer la peluche au dernier moment. Je soupirai, goutte de sueur au front, avant de remonter vers la classe de Near. Le professeur était revenu et tous les élèves étaient proprement assis à leurs tables. Je cachai discrètement la peluche dans le sac de Near.
-Veuillez m'excuser de mon retard, indiqua le professeur, je viens d'avoir une longue conversation avec la demoiselle qui va faire son entrée dans quelques instants.
Intriguée, je posai mon postérieur sur la table de Near. Quelqu'un toqua à la porte, certainement cette demoiselle. Lorsqu'elle entra dans la classe, je ne pus m'empêcher de la quitter du regard. Elle était jeune, à peine la vingtaine. Son physique me rappelait vaguement quelqu'un. Puis lorsque mes yeux glissèrent au dessus de sa tête, je reçus comme une gifle en pleine figure.
-Bonjour à tous, je m'appelle Yuka Asashi. Comme vous l'avez certainement entendu aux informations, cela fait aujourd'hui cinq ans que l'historique criminel Kira a été arrêté. Et pourtant, certaines opinions persistent. Je suis la fondatrice d'une association qui a pour but de faire ouvrir les yeux à ces personnes mais aussi d'aider financièrement les familles qui ont perdu un être cher à cause de Kira.
Je restai totalement bouche-bée, sous le choc d'admirer ce que Yuka était devenue. Elle qui avait auparavant rejoins la secte de Kira à cause de ses parents. Aujourd'hui, elle essayait de convaincre le monde entier que Kira n'était pas une bonne personne. Passer dans des classes pour apprendre la vérité à des enfants était vraiment une très bonne idée. Je ne pouvais m'empêcher d'être extrêmement fière d'elle. Elle s'était transformée en une femme formidable.
-Pour commencer, lesquels d'entre vous pensent que l'arrestation de Kira est injuste ? N'ayez pas peur, personne ne vous jugera. Aller, levez la main.
-Moi, répondit un garçon en se levant. Si mes parents mourraient et que Kira m'aidait à me venger en tuant leur assassin, alors je serai heureux.
-C'est peut être vrai, avoua Yuka. Mais sais-tu que Kira a aussi tué beaucoup d'innocents ? Des personnes comme toi et moi qui n'avaient rien à avoir avec ses problèmes. Toutes celles qui n'étaient pas d'accord avec ses idées passaient à la trappe. Elles mourraient dans d'atroces souffrances. Si un membre innocent de ta famille s'était par malheur retrouvé victime de Kira, tu n'aurais pas la même opinion.
-Est ce que vous connaissez quelqu'un qui répond à cette description, mademoiselle ? demanda un autre enfant dans la classe.
-Oui, acquiesça la brune, une ancienne amie qui m'était très chère. Elle est morte parce qu'elle n'a pas cédé aux caprices de cette pourriture. J'étais présente le jour de sa mort, j'ai tout vu. Jusqu'à aujourd'hui, je me demande pourquoi elle ne m'a pas crié son nom. J'aurais pu le.. J'aurais pu la sauver.
J'observai tristement son visage se renfermer. Yuka devait s'en vouloir énormément. Elle s'excusa avant d'essuyer ses larmes naissantes puis continua son discours. J'écoutai chacune de ses paroles, jusqu'à son départ. En dernière requête, elle demanda aux élèves de faire très attention. L'avenir pouvait nous jouer des tours. Qui c'est, peut être qu'un jour un autre Death Note tombera dans ce monde et naîtra alors un nouveau Kira ? C'était certainement pour éviter ce désastre que Yuka essayait désespérément de faire changer d'avis ceux qu'elle croisait.
Midi sonna et je suivis Yuka jusqu'à l'extérieur de l'école. Pour dire la vérité, je ne savais pas vraiment où aller. J'observai alors silencieusement la brune déjeuner seule dans un café. J'avais envie de lui parler, de lui raconter comment était le monde des shinigamis, de lui demander ce qu'était arrivé après ma mort. Sur le moment, ses questions indiscrètes qu'elle avait tant l'habitude de me poser me manquèrent monstrueusement. Lorsqu'elle posa son sac sur ses genoux pour payer sa boisson, Yuka fronça les sourcils.
-Et merde, j'ai oublié mon porte-monnaie.
Elle regarda autour d'elle tout en cherchant une solution. Voyant qu'elle était prête à partir, un serveur se rapprocha de sa table pour récupérer l'argent. Gênée, elle lui avoua la vérité. N'étant pas très agréable, le serveur la remballa. Elle avait consommé, elle devait payer. Tandis qu'il défoula sa mauvaise humeur sur elle, je sautai de l'autre côté du comptoir. Je vérifiai que personne ne regardait dans cette direction avant d'ouvrir la caisse et de piquer un billet.
-Vous me faîtes perdre mon temps, grogna le serveur.
-Je suis vraiment désolée mais je ne peux pas vous..
-Je m'en fiche, moi aussi j'ai des problèmes vous savez ! Et.. mais vous êtes une menteuse en plus ! s'énerva le serveur en pointant du doigt la veste de Yuka.
L'attention de la brune se porta sur sa poche. Elle resta perplexe en voyant un billet dépasser. Fou de rage, le serveur lui retira de son manteau. Il pesta une dernière fois avant de retourner derrière son comptoir. Quant à Yuka, elle se releva et quitta honteusement le café.
Elle retourna à sa voiture, bouquet de fleurs à la main. Pour qui les avait-elle acheté d'ailleurs ? Je la talonnai une nouvelle fois à travers la ville. Cette fois, elle s'arrêta devant un cimetière. Il n'y avait pas grand monde à cette heure de l'après midi. Tête baissée, elle longea toutes ces tombes avant de finalement s'arrêter devant une en particulier. Elle ferma les yeux, regroupant ses deux mains devant elle. Elle resta dans cette position quelques secondes tandis que moi je me rapprochai de la tombe. Un nom était gravé sur la pierre. Le mien.
-J'espère que tout va bien de ton côté, murmura Yuka.
Elle déposa les fleurs sur la tombe avant de se redresser. Je voulais la réconforter et la prendre dans mes bras mais je n'avais pas le droit d'interférer avec des humains. À ce que je pouvais comprendre par les autres fleurs déjà présentes sur ma tombe, Yuka n'était pas la première à me rendre visite aujourd'hui. Nous nous retournions toutes les deux lorsque nous entendions des pas derrière nous. Un homme, habillé totalement en noir. Je ne pouvais pas voir son visage car il était enfoui dans sa capuche. De mon point de vue, il me paraissait suspect. Pourtant, Yuka ne bougea pas d'un pouce. Une fois à sa hauteur, il retira une rose de sa veste.
-Ça me surprend de te voir, se moqua Yuka.
-Je voulais que personne ne me voit mais il faut toujours que tu sois sur mon chemin, hein ?
Sa voix. Sa façon de répondre. Lorsqu'il baissa sa capuche et que son nom apparut au dessus de sa tête, je me pétrifiai sur place. Mello. La moitié de son visage était brûlé. Ses cheveux autrefois déjà longs était à présent regroupés en une simple queue dans sa nuque, laissant quelques mèches de cheveux se balader sur son visage. Yuka avait beau avoir grandi, elle paraissait minuscule à côté de Mello. Il était devenu un homme beau et beaucoup plus mature.
-Pourquoi est ce que tu ne réponds jamais à mes messages ? grogna Yuka.
-C'est que je n'ai pas vraiment envie de sortir en ce moment, soupira le blond.
-Tu te fous de moi ? Ça fait cinq ans que tu refuses mes propositions ! Tu devrais sérieusement passer à autre chose.. Je sais que Emi était importante mais je peux te réconforter moi aussi tu sais, marmonna timidement la brune.
Je me grattai l'arrière de la nuque, ne sachant si je devais réellement entendre cette conversation. Je n'avais pas oublié à quel point Yuka avait pu être intéressé par Mello dans le passé. Mais je n'avais pas non plus oublié son baiser avant de voir cette maison exploser. Jamais, je n'aurais deviné ses sentiments pour moi. Il avait toujours eu pour habitude de se moquer de moi et de se montrer parfois même méchant. Ce n'était qu'en réalité un masque pour se cacher. Je savais que Mello était très respectueux envers Ryuzaki. C'était certainement pour cette raison qu'il avait décidé de ne rien tenter jusqu'à la dernière seconde. Et puis, une partie de lui savait peut être aussi qu'il n'avait aucune chance.
-Je te remercie Yuka, ricana gentiment Mello avant se retourner, mais je n'ai pas besoin d'être réconforté.
-Alors dis-moi ce que je peux faire pour..
-Je vais très bien, je t'assure.
-Est ce que tu as été lui reparler au moins ?
Mello se stoppa. La question de Yuka laissa planer un lourd silence. Le poing serré, Mello avait l'air d'être sur le point d'exploser. J'arquai un sourcil en me demandant de qui Yuka pouvait bien parler.
-Ne me parle pas de ce lâche ! hurla le blond en se retournant vers la brune. Pourquoi est ce que tu gâches toujours tout ? Après tu t'étonnes que tu ne m'intéresses pas.
Face au silence de Yuka, Mello leva les yeux au ciel avant de retirer ce qu'il avait répondu. Ses paroles étaient déplacés et non méritées. Cependant, cela ne m'aidait pas à savoir qui était cette personne qui pouvait tant énerver Mello. Enfin, j'étais plutôt étonnée de le voir immédiatement s'excuser. Sa réaction prouvait qu'il tenait un minimum à son amitié avec la brune.
-Peu importe, soupira Mello, je m'en vais.
-Je pense sérieusement que tu devrais avoir une conversation avec lui, continua tout de même Yuka.
Sans grande surprise, Mello l'ignora royalement et continua sa route. Il remonta sa capuche puis cacha ses mains dans ses poches. Face à ma curiosité, je décidai de le suivre. J'étais contente d'avoir pu passer une partie de ma journée avec Yuka mais je voulais maintenant en savoir plus sur Mello. J'accordai un dernier regard à mon ancienne amie avant de rejoindre mon nouveau compagnon.
Il passa la fin de sa journée dans des bars et des cafés. Les conversations qu'il avait eu avec ses connaissances ne m'avait rien apporté. Je recherchais toujours l'identité de cette personne. Lorsque le soleil commença à se coucher, la plus part des passants désertèrent la ville et Mello se dirigea vers une toute nouvelle direction. Une ruelle sombre, que toute personne normale ne fréquenterait jamais seule. Pourtant, Mello se stoppa devant un bâtiment. Je pouvais entendre de la musique et des cris depuis l'extérieur. Au moins, ce n'était pas l'endroit lugubre que j'avais imaginé. En ouvrant la porte, mon cerveau vrilla complètement.
Un nouveau bar. Des femmes à moitié nues en guise de serveuses. Sans oublier ces gigantesques barres contre lesquelles d'autres femmes dansaient. La plus part des clients les admiraient en lançant de billets pour les voir se déshabiller. C'était définitivement pire que je ne l'avais pensé. Qu'est ce qu'un garçon comme Mello faisait dans un endroit pareil ? Il n'avait pas toujours été un saint mais le savoir fréquenter ce club était comme un sacrilège pour moi. Lorsque je me retournai vers lui, il avait déjà disparu.
Je le regagnai de vue très rapidement. J'essayai de le rejoindre tout en esquivant ces femmes et leurs atouts plus que dérangeants. Je n'avais pas à le faire puisque je pouvais tout simplement les traverser mais je n'avais pas encore l'habitude. Mello s'enfonça tout au fond de la salle pour descendre des escaliers. Cette fois encore, pour atterrir dans une pièce avec d'autant plus de femmes. Je me cachai le visage en voyant l'une d'elle passer devant moi, simplement vêtue d'une ficelle qui cachait à peine son intimité. Mello avait-il à ce point sombrer dans la perversité ?
-J'ai essayé de t'appeler, l'interpella un homme, mais tu ne m'as pas répondu.
-Désolé, j'avais des choses à faire.
Mello se laissa tomber sur le canapé à côté de cet homme qui me paraissait loin d'être fréquentable. Il était plus âgé que lui, musclé à ne plus pouvoir en respirer et tatoué de la tête au pied. En réfléchissant un peu, je supposai qu'il était certainement le propriétaire de cet endroit. Et cette sale était une salle privée pour lui et ses hommes. Est ce que cela faisait de Mello son employé ? J'avais beau chercher toutes les raisons possibles et inimaginables, je n'arrivais pas à comprendre sa présence.
-Combien de kilos as-tu vendu aujourd'hui ?
-Une dizaine.
-Ce n'est pas beaucoup, grogna à nouveau l'homme, c'est même presque la moitié de ce que tu vends quotidiennement.
-Je t'ai dis que j'avais des choses à faire aujourd'hui. Je n'ai pas pu voir tous les clients. Par contre, continua Mello en sortant deux cartes de sa poche, je t'ai ramené ça.
-Qu'est ce que c'est ?
-L'identité des deux personnes que tu recherches.
Un sourire malsain se dessina sur les lèvres de l'homme. Il récupéra les cartes avant de remercier Mello pour son travail. Et comme récompense, il avait le droit de s'amuser gratuitement toute la soirée. Il n'avait qu'à choisir une ou deux femmes avec lesquelles il voulait passer son temps. Je me pinçai l'arête du nez en repensant à toutes les informations que je venais d'avoir. Mello travaillait pour cet homme, vendait de la drogue, espionnait des hommes pour récupérer leurs identités et fricotait avec des prostituées. Autant j'étais admirablement surprise de ce qu'était devenue Yuka, autant j'étais horrifiée d'apprendre les occupations de Mello.
-Non merci, s'excusa le blond, je n'ai pas très envie et puis je t'ai déjà dis que les femmes que tu ramenais ne sont pas vraiment mon style.
-C'est d'ailleurs pour cette raison que j'ai fait des recherches sur "ton style de fille", ricana l'homme en se dirigeant vers la porte. Un peu plus âgée que toi, cheveux longs et noir, peau pâle, légèrement potelée.. Autrefois tu avais pour habitude de traîner avec cette fille.
-Comment est ce que tu..
-Je fais des recherches sur tous mes hommes.
Potelée ? Avait-il osé dire potelée ? Je lui collerai bien ma main dans la figure. Sans m'en rendre compte, j'avais automatiquement deviné qui il avait essayé de décrire. Mello ne semblait pas du tout d'humeur à tergiverser mais ses yeux s'écarquillèrent en voyant une jeune fille faire son entrée. Je clignotai plusieurs fois les miens pour m'assurer que je ne rêvais pas. Comment pouvait-elle à ce point me ressembler ? Sous le choc, je l'observai s'avancer timidement vers Mello. Elle avait les mêmes mimiques que moi, je n'arrivais pas à y croire. Était-ce un robot ? Une illusion ? Sans se gêner, l'homme poussa la fille contre Mello.
-Bon et bien nous allons vous laisser, ricana t-il. Profites-en Mello. Ça te remontra certainement le moral.
La porte se ferma, laissant Mello et cette jeune fille en tête à tête. Non. Il ne le fera jamais. Jamais. Ma mâchoire se disloqua complètement en apercevant la fille se rapprocher de lui et l'embrasser. Il resta immobile, certainement toujours perdu dans ses pensées. Je devais faire quelque chose pour empêcher ce drame. Afin d'attirer leurs attentions, je laissai tomber plusieurs objets. Cette fille n'avait pas l'air de vouloir décoller sa bouche de la sienne pour autant. Et si je les laissais faire ce qu'ils voulaient ? Ce n'était pas mes affaires après tout et puis je n'avais pas mon mot à dire. Je relevai la tête dans leur direction. Elle était entrain de retirer ses vêtements. C'était plus fort que moi, je n'avais pas envie de la laisser faire. Je me déplaçai à côté d'elle et sans me retenir, je lui tirai les cheveux.
Elle tomba en arrière, se massant le crâne tout en fronçant les sourcils. Elle pesta légèrement en voyant que Mello ne l'aida pas à se relever. Il était toujours aussi obnubilé par autre chose que tout à l'heure. Puis, sortant de sa transe, il récupéra son manteau et se précipita vers la sortie. Il s'excusa auprès de la fille avant de partir en courant.
Comme soudainement en colère, Mello monta sur sa moto. Il roulait tellement vite que j'en avais du mal à le suivre. Où allait-il cette fois ? Il s'arrêta devant un nouveau bâtiment. Des appartements. Il retira son casque puis se dirigea à l'intérieur. Il avait l'air de savoir quelles directions prendre puisqu'il se stoppa devant une porte. Il essaya de l'ouvrir normalement pour voir si elle n'était pas déverrouillée. Comprenant que ce n'était pas le cas, il leva la jambe pour la défoncer. Tandis que je m'exaspérais encore une fois de son comportement, il entra dans l'appartement. Il était vide. La personne qu'il cherchait n'était visiblement pas chez elle.
-Dommage que tu ne sois pas là pour discuter, murmura Mello.
Telle une bombe qui avait besoin d'exploser, le blond commença à tout casser dans l'appartement. Il jeta, écrasa et tapa des objets sans jamais s'arrêter. J'essayai de limiter les dégâts en rattrapant quelques objets mais qu'est ce qui lui passait par la tête ? Mello était déchainé.
-Ça ne la ramènera pas tu sais.
Je n'osai plus bouger. Je n'osai plus me retourner. Non par peur mais plutôt parce que j'avais reconnu sa froid rauque et froide. Si j'avais encore un cœur, il aurait pu se détacher de ma poitrine. Mello se retourna vers l'entrée, à la fois ennuyé et amusé. À mon tour, je me retournai vers lui. Celui qui avait tant hanté mes premières nuits en tant que shinigami. Celui que je n'avais jamais su oublier. Les mains dans les poches, Ryuzaki observait la scène impassible.
-Tout ça c'est de ta faute ! hurla le blond en pointant Ryuzaki du doigt. Jamais je n'aurais dû accepter de faire partie de ton plan débile !
-Mello..
-Tout se passait bien avant que tu ne décides de tout changer ! Nous allions bien ! Emi était en sécurité, elle ne craignait rien. Si tu n'avais pas mis tes hommes dans la confidence, si tu ne leurs avait pas demandé de venir. Non même avant, si tu n'avais pas accepté de laisser Emi retourner dans cette grotte !
-Je suis totalement d'accord avec toi, tout est de ma faute. J'ai fait des erreurs et je les regrette terriblement. Mais grâce à Emi et à son courage, Kira est enfin derrière les barreaux et nous..
-J'en ai rien à faire de Kira ! s'énerva Mello en sortant son pistolet. Elle est morte ! Est ce que tu m'entends ?
Je les observai se quereller la bouche entrouverte. Je ne savais pas quoi faire, ni quoi penser. Je n'aurais jamais imaginé que la personne avec qui Mello avait décidé de couper les ponts était en réalité Ryuzaki. Depuis toutes ces années, il retenait sa rancœur et sa haine. Ryuzaki n'était pas celui à blâmer. Mello faisait erreur. Le véritable coupable s'appelait Light Yagami. Seulement, Mello déversait sa rage envers la seule personne qu'il pouvait. Toujours impassible, Ryuzaki s'avança vers Mello. J'avais peur de voir l'impensable se réaliser, voir Mello tirer de sang froid sur Ryuzaki. Contre toute attente, il le laissa se rapprocher de lui. Ils se fixèrent tous les deux un instant puis Ryuzaki enlaça Mello.
-Tu penses peut être que je ne sais rien de ton chagrin mais tu as tors, murmura Ryuzaki. En plus de devoir supporter la mort de Emi, j'ai presque dû supporter la tienne. Pendant toutes ces années j'ai cru que tu avais succombé à l'intérieur de cette maison jusqu'à ce qu'un beau jour Yuka me révèle la vérité. Tu m'as détesté et je n'ai jamais pu me faire pardonner. Je suis désolé. Je suis vraiment désolé.
Mello lâcha son pistolet pour répondre à l'étreinte de Ryuzaki. Tandis qu'il se faisait réconforter, le blond se laissa aller et commença à pleurer. J'étais tellement émue par cette scène. Si j'étais encore capable de verser des larmes, j'aurais certainement inondé tout l'appartement. Il fallait parfois passer par la haine avant de pouvoir retrouver l'amour et le pardon. Sans pouvoir m'en empêcher, je me rapprochai pour les enlacer tous les deux. Je n'avais aucun idée de si ils pouvaient me sentir mais moi j'avais l'impression de réellement pouvoir les toucher.
Séchant ses larmes, Mello s'excusa et aida Ryuzaki à tout ranger. Malheureusement, les objets cassés ne pouvaient pas être réparés. Je n'aurais jamais pu supporter retourner dans le monde des shinigami tout en sachant que leur relation avait été détruite. Aujourd'hui, après cinq longues années, ils s'étaient enfin retrouvés.
Il faisait complétement noir dehors. Ryuk m'avait prévenu que je n'avais le droit qu'à une seule journée. Après Ryuzaki, j'aimerais encore rendre visite à une certaine personne. Lorsque Mello s'en alla de l'appartement, j'hésitai moi aussi à repartir. Je l'observai regagner sa moto tandis que Ryuzaki derrière moi ramasser les derniers détritus. Il entassa les sacs poubelles dans un coin avant de partir dans la salle de bains. Le jet d'eau me confirma que Ryuzaki était entrain de se doucher.
Je ne l'avais pas tout de suite remarqué mais Mello s'était attaqué à tout l'appartement sauf à un seul meuble. Cette commode, sur laquelle des tas de cadres étaient posés. C'était la même que cette nuit lorsque j'avais vu la photo de Light et Ryuzaki. Elle y était toujours d'ailleurs, à mon plus grand étonnement. Tout autour étaient disposées des photos de moi. Je m'en rappelais comme si c'était hier. Je m'étais amusée à poser pour lui. Lorsque mon regard glissa sur une photo en particulier, je la pris dans ma main. Ryuzaki et moi, le sourire aux lèvres et encore pleins de vie. Sans vraiment faire attention, je caressai son visage avec mon pouce. Sur le moment, je me rendis compte de quelque chose. Ma vie d'avant me manquait terriblement.
Je reposai le cadre en entendant la douche se couper. Je me dirigeai vers la salle de bains, attendant docilement derrière la porte. Ryuzaki avait encore le droit à sa vie privée. Cependant, les minutes défilèrent et il n'était toujours pas sorti. Je commençais à m'impatienter. Je gonflai mes joues en m'apercevant que cela faisait maintenant une quinzaine de minutes que je poireauter. Et puis, ce n'était pas comme si je ne l'avais jamais vu sans vêtement. Mon temps à moi aussi était précieux. Alors, les joues légèrement roses, je pénétrai à l'intérieur de la salle de bains.
Ryuzaki était face à son miroir, serviette accrochée à la taille. Il fixait son propre reflet. Sur le moment, je me demandais ce qu'il était entrain de faire. Puis, mon regard glissa jusqu'à sa main droite. Il tenait fermement un rassoir. Je pensais halluciner en découvrant des gouttes de sang à ses pieds. Des coupures pouvaient déjà se faire remarquer sur son poignet. Contre toute attente, Ryuzaki recommença et dirigea une nouvelle fois le rasoir vers son bras. Sans réfléchir, je frappai l'objet pour le faire tomber par terre. Ryuzaki se figea, fixant l'objet au sol. Sa tête s'agita alors dans tous les sens, comme si il était soudainement à la recherche de quelque chose.
-Emi ? Est ce que c'est toi ?
Sa déduction avait été plus rapide que je ne l'avais prévu. Je ne devais cependant pas m'en étonner. Ryuzaki était devenu encore plus intelligent qu'avant. Quelques mois plus tôt, Ryuk m'avait raconté que L était devenu une lettre emblématique. Celle d'un détective qui agissait dans l'ombre sans jamais révéler son identité. La légende disait même que jamais personne n'avait pu voir son visage. Il travaillait seul, sans l'aide de personne, pour arrêter des criminels recherchés et dangereux. Jusqu'à présent, personne n'avait su lui passer entre les mains. Sans oublier que Ryuzaki s'était forgé un nom grâce à l'arrestation de Kira. Aujourd'hui, il était connu dans le pays tout entier.
-Je déraille complétement..
J'observai tristement Ryuzaki ramasser le rasoir puis le jeter à la poubelle. Il enroula rapidement un bandage autour de son poignet puis quitta la salle de bains pour s'habiller. Ryuzaki était le plus silencieux de tous mais c'était aussi certainement celui qui souffrait le plus. Je n'avais pas envie de partir pourtant je le devais. L'idée de lui laisser un mot contre la vitre grâce à la buée m'était passée par l'esprit mais interagir avec lui ne ferait qu'aggraver les choses. Je n'allais jamais revenir. Ryuzaki se laissa tomber sur son lit, levant sa main vers le plafond. Ma seule réaction était d'emmêler mes doigts aux siens. Je ne savais pas si il m'avait senti mais je remarquai un léger changement d'expression sur son visage. Je lui murmurai quelques paroles en guise d'adieu puis quittai définitivement son appartement.
Je n'avais jamais été à cet endroit alors je n'étais pas vraiment sûre du chemin. Cependant, il m'était obligé de lui rendre visite. Après tout ce que j'avais subi, je voulais voir ce qu'il était devenu de mes propres yeux. Je m'arrêtai devant la prison la plus proche. Il était plutôt tard et tous les prisonniers étaient dans leurs cellules. À l'entrée, je me laissai glisser derrière le bureau pour trouver le numéro de la sienne. Satisfaite, je m'envolai plusieurs étages au dessus. Lorsque j'atterris enfin devant lui, mon corps tout entier se mit bizarrement à trembler.
Light Yagami. Il était innocemment assis contre le mur. Son pied était attaché à une chaine et ses mains menottées. Je n'avais jamais ressenti une telle satisfaction auparavant. Le voir enfin hors d'état de nuire. Plus jamais, il ne pourra faire de mal à un être humain. Son regard était cependant sournois et hautain, comme il l'avait toujours été. Je me rapprochai de lui pour l'observer davantage. Seulement, ma main avança sans que je ne lui en donnes l'ordre. Lentement, elle entoura le cou de Light. Son expression changea radicalement.
-Alors tu es enfin revenue, sourit Light, je t'attendais.
J'agrippai fortement son cou pour prouver ses dires. J'étais bien là et prête à me venger. Si Light avait échappé à la peine de mort, c'était simplement parce qu'au moins la moitié du pays avait été contre. Ils menaçaient de se retourner contre le gouvernement si ils apprenaient que Kira avait été tué. Encore une fois, il avait bien préparé son coup. Et moi, en une fraction de seconde, je pouvais le broyer. Je n'avais qu'à serrer plus fort, rien qu'un tout petit peu plus fort. Malheureusement, en repensant à tous les efforts que Ryuzaki avait fais pour l'arrêter vivant, je dégageai ma main. Light afficha un air victorieux en ne ressentant plus ma main sur son cou. Faible mais surtout déçue de moi-même, je déployai mes ailes pour m'enfuir.
De retour dans mon monde, je croisai immédiatement Ryuk. Il me rassura en me disant que le Roi ne s'était douté de rien. Je le remerciai une nouvelle fois de ce cadeau avant de me diriger vers ma grotte. Le soir, au moment de me reposer, je ne parvins pas à trouver le sommeil. Je repensais trop. Je revoyais le visage de Yuka, Mello et Ryuzaki dans ma tête. J'avais envie de les revoir, en chair et en os. Est ce qu'ils dormaient à cette heure-ci ou pensaient-ils comme moi à nos souvenirs ? Je me retournai encore et encore. J'avais beau essayer de penser à autre chose, la même et unique phrase me revenait toujours en tête : je n'en avais pas terminé avec le monde des humains.
Tandis que tous les autres shinigamis dormaient, je me glissai dans la cabane d'un voisin. Je ne pouvais pas le tuer alors je devais me faire discrète. Il ne protégeait même pas son Death Note. Il était par terre, à quelques mètres de lui. Je m'abaissai pour le récupérer. Maintenant que je l'avais touché, il était à moi. Et puis, personne ne saura que c'était moi qui lui avait volé.
Sans prévenir quiconque, je regagnai le monde des humains. Il faisait jour, le soleil s'était déjà levé. Je n'avais plus besoin de chercher. Je connaissais maintenant la route que je devais prendre. Lorsque j'aperçus son appartement de loin, j'atterris sur son balcon. Je traversai le mur pour tomber nez à nez avec un Ryuzaki endormi. Il était encore sur son lit et n'avait même pas pris la peine de s'enrouler dans ses couvertures. Je me dirigeai vers sa commode encore intacte avant de poser le Death Note dessus. Je n'avais plus qu'à attendre de le voir se réveiller.
Lorsqu'il daigna enfin à ouvrir les yeux, il resta quelques secondes allongé sans bouger. Il s'étira à son aise puis se leva. Il passa devant la commode, ne remarquant pas le nouvel objet posé dessus. Il s'arrêta un mètre plus loin avant de tourner la tête en direction du cahier. Il écarquilla les yeux, sachant sans même se rapprocher de quoi il s'agissait. Faisant quelques pas hésitants, il se dirigea vers la commode. Sa main tremblante se stoppa juste au dessus du cahier. De mon côté, je priai mentalement pour qu'il arrête d'hésiter. D'un geste rapide, il posa sa main sur le Death Note. Il patienta quelques instants dans cette position puis se figea en entendant ma voix.
-Ça fait longtemps, Ryuzaki.
N'en croyant pas ses oreilles, Ryuzaki se retourna lentement vers moi. Nos regards se recroisèrent pour la première fois depuis cinq ans maintenant. Ne pas pouvoir ressentir son regard en retour, ne pas pouvoir directement lui parler. Toutes ces contraintes duraient depuis beaucoup trop longtemps. Et maintenant, je pouvais même le toucher si je le voulais. Ne sachant trop quoi dire à cause de mes émotions, je lui dictai simplement les paroles que Ryuk avait eu à mon égard lors de notre rencontre.
-Et bien maintenant que tu as touché mon cahier, ricanais-je en me grattant la nuque, nous sommes liés. Amusant, n'est-ce-pas ? Mais avant de t'expliquer toutes les règles du Death Note, j'aimerais que tu me racontes ce que tu as fait pendant toutes ces..
Je sursautai en apercevant Ryuzaki se laisser tomber à genoux. La bouche entrouverte, il me fixa encore et toujours. J'avais changé, j'étais au courant. Il n'était pas obligé de me le rappeler en me regardant bizarrement.
-Tu pourrais dire quelque chose au lieu de..
-Est ce que tu es réel ? me coupa Ryuzaki les yeux grands ouverts. Est ce que je suis vraiment éveillé ?
Sa voix était douce, tellement douce. Elle était aussi cassante, il se retenait clairement de pleurer. Je n'avais envie que d'une seule chose et je ne pouvais plus me retenir. Je me précipitai à sa hauteur pour le prendre dans mes bras. Je ne rêvais pas moi non plus. Je pouvais enfin le toucher et le ressentir. Ses bras entourèrent fermement mon dos. Cette sensation était indescriptible. J'avais l'impression que mon corps tout entier était entrain de reprendre vie. Mon cœur était en feu, mon cerveau en ébullition. Je n'avais plus envie de le lâcher.
-Qu'est ce que tu faisais pendant tout ce temps ? sanglota Ryuzaki. Je t'ai attendu, tous les jours..
-Je suis désolée.. Je n'ai pas pu faire autrement..
-C'est moi qui suis désolée. Si tu es morte, c'est de ma faute. J'aurais dû être celui qui..
-Si c'est pour me dire de telles bêtises, je repars immédiatement. Je ne veux plus jamais t'entendre dire que tu aurais dû mourir à ma place. Ce n'est pas vrai. Et ce n'est pas de ta faute non plus.
Ryuzaki hocha la tête avant de se relever. Son regard me jaugea de haut en bas. En réalité, j'avais un peu peur de sa réaction. Je ne ressemblais plus vraiment à une humaine mais j'étais heureusement encore reconnaissable. Et si il me rejetait parce que j'avais changé ? Et si il n'acceptait pas de devenir le propriétaire du Death Note ? Il pouvait très bien l'abandonner maintenant et tout de suite. Mais contre toute attente, Ryuzaki pouffa de rire.
-Sympa ce nouveau look, se moqua t-il. Je crains de ne pas pouvoir te protéger des futures remarques de Mello.
Je croisai les bras sur ma poitrine, faisant la moue dans mon coin. Ce n'était pas très gentil de sa part de se moquer de mon physique. Je ne l'avais pas choisi. Enfin, je savais qu'il essayait simplement de détendre l'atmosphère. Quelques secondes plus tard, je commençai moi aussi à rigoler. J'avais cependant quelque chose de plus important à lui dire. Lui faisant part de mes pensées, je lui avouai à quel point j'étais fier de l'homme qu'il était devenu. Un homme remarquable et admirable qui sauvait ce pays un peu plus chaque jour. En entendant mes compliments, Ryuzaki se cacha le visage pour masquer sa gêne. Néanmoins, il regagna rapidement son sérieux. L'expression sur son visage me révélait qu'il avait quelque chose d'important à me dire lui aussi.
-Tu as entendu les dernières nouvelles ?
-Non pas vraiment. Pourquoi ?
-Kira s'est échappé de prison.
Sous le choc, je n'arrivais pas à en croire mes oreilles. Est ce que mon retour avait quelque chose à avoir avec son évasion ? S'était-il servi de moi à un moment ou un autre ? Le cauchemar allait recommencer. Kira allait de nouveau tuer. J'eus soudainement peur pour Ryuzaki. Light s'était évadé dans le seul but de se venger. Mais je me rappelais rapidement que j'étais à présent un shinigami. Si je le devais, je tuerai Kira sans hésiter. Les mains dans les poches, Ryuzaki se dirigea vers son ordinateur. Je n'avais pas à m'inquiéter, il gérait la situation beaucoup mieux que moi.
-Une nouvelle enquête pour toi, hein ?
-Pour nous tu veux dire, rectifia Ryuzaki.
Mon sourire s'allongea jusqu'à mes oreilles. Cette phrase me remémora ce moment où Ryuzaki m'avait fais comprendre qu'un jour il aimerait travailler avec moi. Et aujourd'hui, je pouvais me vanter d'avoir réussi. J'étais à ses côtés et pour un long moment d'ailleurs.
Le Death Note m'avait apporté de bonnes comme de mauvaises choses. Au début, je n'étais qu'une simple jeune fille follement heureusement d'un garçon que je n'aurais jamais pu approcher sans le cahier. J'avais réussi à attiser sa curiosité parce que j'étais devenue différente. Je m'étais faîte des amis mais aussi des ennemis. J'avais souvent perdu mais parfois gagné lorsque j'avais su me montrer plus maligne que les autres. J'avais sauvé mais aussi tué pour ma propre survie et la survie de mon secret. À un moment ou un autre, nous étions tous victime du pouvoir du Death Note. Moi, j'avais commencé et fini ma vie en tant que telle. Je ne pouvais pas m'en plaindre. À partir d'aujourd'hui, je commençais une seconde vie. Qui c'est, peut être que cette fois nous parviendrons enfin à montrer à Kira ce qu'était réellement la justice ?
Woooow ! C'est terminé ! Je n'arrive pas à y croire. J'ai réussi à boucler cette histoire en 6 mois et pourtant j'ai l'impression de l'avoir commencé hier. J'espère que ce chapitre vous a tous plus ou moins satisfaits. Laissez moi vos avis que je me ferai un plaisir de dévorer. J'aime les fins ouvertes mais à 99% sûr, il n'y aura pas de suite à cette histoire. Je vous remercie de m'avoir suivi jusqu'au bout. Si vous êtes intéressés de savoir tout ce que j'ai à dire sur cette fiction vous pouvez continuer de lire la suite en dessous. Sinon, je vous dis peut être à la prochaine pour de nouvelles aventures !
Mes impressions : Que dire ? C'est seulement la deuxième fiction que je termine. Je pense que le plus compliqué c'était d'écrire une histoire où le personnage principal sait tout ou fini par tout savoir. J'aurais très bien pu garder les tactiques de Light ou de L secrètes sans jamais les expliquer. Et puis, il fallait aussi que je monte une histoire "complexe" pour montrer qu'Emi est un peu plus intelligente que la moyenne tout en laissant des indices que Ryuzaki pourrait repérer. Ce genre de OC est compliqué à construire parce que c'est difficile de ne pas le faire paraître trop parfait mais en même temps, il faut pas qu'il soit à la même hauteur que tout le monde. J'ai déjà lu des fictions où le OC est jugé aussi intelligent que L ou Kira alors que non, c'est impossible ou du moins ça gâche l'histoire je trouve. Pour revenir à L, oh mon dieu. Si j'ai réussi à retranscrire le 1/10 de son intelligence dans mon histoire alors je suis contente. Au début, je pensais que c'était le côté relationnel qui allait être le plus compliqué à imaginer alors que non pas du tout. C'était plutôt de prévoir chacune de ses réactions dans chaque situation étant donné qu'il pense toujours plus loin que tout le monde. Alors voilà, si j'ai réussi à prendre en main le caractère compliqué de Ryuzaki, si j'ai réussi à vous montrer que Emi était tout de même quelqu'un d'intelligent, si j'ai réussi à retranscrire la cruauté de Light et si j'ai réussi à rendre crédible l'amitié entre Ryuk et Emi alors je suis fière de moi ;D
Mes préférences : L et Mello sont typiquement les deux personnalités que j'adore le plus dans les mangas. Et pourtant, elles sont totalement à l'opposé. Parfois quand j'écrivais un moment avec Mello j'avais envie de rendre la scène encore plus touchante mais ensuite je me rappelais que c'était un LxOC et non un MelloxOC. Mes préférences ont dû se faire parfois ressentir dans mon histoire haha. Je vous cache pas qu'au début, j'étais très intéressée de créer un triangle amoureux entre Ryuzaki/Light/Emi. Au final, je n'ai pas été jusqu'à la déclaration mais j'ai voulu faire comprendre que le grand Kira appréciait tout de même Emi. Sans oublier toutes les fins que j'ai imaginé mais qui était trop "bad ending" pour les écrire. Comme par exemple Emi qui devient folle à cause du Death Note et qui fini par tuer Ryuzaki parce que le monde est trop mauvais pour lui et qu'elle veut le protéger. Ou encore Emi qui se découvre un côté diabolique et qui devient définitivement l'allié de Light. Enfin, je me tais. Je suis très contente de la fin que j'ai écrit. Si vous avez un personnage préféré ou un moment qui vous a vraiment plu dans l'histoire, je serai très curieuse de le découvrir dans vos reviews.
Mes critiques : Je ne me souviens pas avoir vu de très grosses critiques (je vous remercie) sauf que parfois j'oublie des fautes ou encore des mots. Je ne le fais vraiment pas exprès pourtant je me relis plusieurs fois. Par contre, quelque chose que j'ai remarqué en lisant d'autres fictions, c'est que je ne passe pas beaucoup de temps dans la description. Parfois je vois des jolis phrases juste pour dire qu'en fait le soleil est levé ou que la nuit est entrain de tomber.. J'ai souvent tendance à passer d'une scène à une autre parce que je veux écrire que les choses importantes. Je sais pas si ça gêne beaucoup, en tout cas je vais essayer de m'améliorer de ce côté.
Le mot de la fin : Je vous remercie une nouvelle fois de m'avoir soutenu jusqu'au bout et de m'avoir posté des reviews. Sachez que c'est très important pour moi car j'ai vraiment l'impression d'être suivi. Je suis ouverte aux messages privées si l'un(e) d'entre vous veut discuter avec moi. Pour l'instant, je n'ai pas de projets je pense faire une petite pause ce mois de janvier à cause de mes études. Vous pouvez toujours me faire des propositions et euh.. voilà ! Je vous fais des bisous partout et je vous dis peut être à un prochain samedi ? ;D