Bonsoir à tous !

Excusez-moi pour ce retard que j'ai pris dans l'écriture et la publication, mais une vie est riche en évènements et imprévus !

Impatiente de vous livrer (enfin) ce chapitre, il n'a pas été révisé… Ce sera pour le prochain. Vous prouver d'ailleurs saluer Fantomette qui a accepté d'être ma correctrice pour cette histoire !

Et Fantomette, je t'enverrai mon prochain chapitre sous peu pour le faire réviser, promis ! Merci de ton aide.

Sur ce, bonne lecture !

Chapitre 7 : Premières désillusions

« Attends un peu, et répètes tout depuis le début…. Je comprends rien à ton histoire ! Il y a deux jours, au petit déjeuner, tu pars comme une furie sans même manger un toast et tu gueules dans les couloirs que tu veux tuer quelqu'un ! Et après… »

« Il n'y a rien à ajouter sur cette histoire, Ron. »

« Mais Hermione, avoue que c'est bizarre : quelqu'un t'as refusé une licence, à toi ! A la sorcière la plus brillante de sa génération ! Peut être que Bromker a été manipulé, que quelqu'un lui a fait du chantage… » réfléchit à voix haute Harry.

Une lueur amère anime subitement les yeux couleur whisky.

« Il est là le problème, Harry. Il y a trois ans, Bromker a accepté de prendre en apprentissage la sorcière la plus brillante de sa génération. Aujourd'hui, il aurait été lié à la traitresse au sang impur. C'est beaucoup moins flatteur comme image publique. »

« Mais il ne peut pas simplement te dire ça, comme ça ! Et dans sa lettre il avait l'air de s'inquiéter de ta santé en plus… » fait remarquer Ron.

« Ma convalescence n'est qu'un prétexte, il ne veut pas de moi, c'est aussi simple que ça. Mais il ne s'est pas contenté de me laisser sans formation, il m'a aussi volé mon travail, cet espèce de botruc ! » s'insurge Hermione.

« Attends, tu veux dire que… l'optimisation des potions de guérison… c'était ton idée ? » énonce avec surprise Harry.

« Pas seulement mon idée, il s'agit en intégralité de mon travail. Deux ans de labeur complet, étalé sur ma cinquième et ma sixième année. Je lui ai tout envoyé : mes calculs arithmétiques, les proportions des ingrédients, les conditions favorables… Tout. Absolument tout. Il m'avait indiqué d'attendre que je sois son apprentie pour déposer un brevet sur ma découverte… Que ma renommé en serait d'autant plus conséquente… Et je l'ai cru. Et lui n'a par contre pas attendu pour me voler… »

« Mais c'est abominable, c'est injuste ! » s'exclame le survivant.

« La vie est injuste » révèle Hermione. « Libre à nous d'arracher notre bonheur aux jours d'injustice »

Harry et Ron jettent des coups d'œil, qu'ils croient discrets, à la jeune femme tout en continuant leur marche à travers le couloir. Le brun se rend désormais compte qu'une part d'Hermione est morte à tout jamais durant sa captivité. Et cette part d'elle-même, c'est l'innocence.

« Mais Mione… » reprend Ron en interrompant les pensées du survivant « Personne d'autres peut te prendre en tant qu'apprentie alors ? D'un coté, c'est super ! Tu vas pouvoir être Auror avec nous ! »

Le regard glacial qu'adresse Hermione au rouquin serait capable de glacer même une flamme.

« Sans façon, Ron. Je ne veux plus jamais avoir affaire à des Mangemorts de toute ma vie. Et j'ai toujours aspiré à une vie tranquille. Des livres à lire au coin du feu, un laboratoire de potionniste, pourquoi pas une carrière dans l'enseignement ? Je ne sais pas encore, mais ce dont je suis sûre c'est que je ne veux plus jamais courir la campagne à la recherche de détraqués mentaux ! Mais tout ça, tous mes rêves, je ne vais peut être même pas pouvoir y avoir droit… » finit Hermione avec, dans la voix, une lourde amertume.

« Mais petite sœur, aucun autre Maître des Potions ne pourrait te prendre en tant qu'apprentie ? » demande gentiment Harry.

« J'ai envoyé des dizaines de lettres, au quatre coins du monde, alors que je ne voulais pourtant pas trop m'éloigner… Même les moins illustres et les plus mauvais ne veulent pas de moi… Car après tout, qui voudrait de la traitresse ? »

Ignorant les ultimes mots de la Gryffondor, Harry lui assure :

« Je suis sûr que tu vas trouver, ne t'inquiètes pas. Après tout, à Poudlard, une aide sera toujours apportée à ceux qui la méritent… »

Et sur ces paroles sibyllines, qu'Harry croit empruntées à un sage, qu'Hermione sait empruntées à un monstre, que le trio s'avance plus encore dans le couloir. Vers leur prochain cours. Leur premier cours de Défense contre les Forces du Mal.

HG-SR-HG-SR-HG-SR

Il arrive d'un pas rapide, mais néanmoins souple, que beaucoup qualifieraient d'animal. Il ouvre la lourde porte et la referme en un claquement sourd, avant de s'avancer jusqu'à l'estrade professorale. Ils croisent ses bras sur sa poitrine, et balaie la foule estudiantine d'un regard méprisant et abrasif. Il est, comme à son habitude, tout de noir vêtu : bottes, pantalon, redingote, lavallière, cape… Toutefois, cette dernière semble beaucoup moins épaisse et lourde que celle, mythique, qui le faisait ressembler à une chauve souris.

Hermione note machinalement que ce changement vestimentaire a pour but de ne pas porter de poids inutile : elle-même se fatigue rapidement et utilise un sort de lévitation pour transporter son sac d'école. Puis quelque chose de bien plus flagrant prend de l'importance dans son esprit : que fait le professeur Rogue dans le cours de Défense contre les Forces du Mal ?

Hermione, installée au second rang entre Harry et Ron, se tourne vers le brun pour lui murmurer doucement :

« Harry… Le professeur Rogue reprend ce poste ? Il n'est plus professeur des Potions ? » Une certaine tristesse est palpable dans ses mots.

« Non, bien sûr que non. Seulement la prof' arrive dans le courant de la semaine prochaine, alors c'est le professeur Rogue qui assure les cours de Défense jusqu'à cette date là. Tu n'as pas écouté le discours de McGonagall le soir de la rentrée ? »

« J'étais… un peu ailleurs… ce soir là » énonce, un peu fautive, Hermione.

Dès lors, le duo se tait. Comme tous les élèves présents dans la salle. Aucun n'est suicidaire au point de provoquer la colère de Rogue lors du premier cours de l'année.

« Comme aucun de vous n'est parvenu à se faire tuer durant ces trois mois estivaux, et que vous avez tous jugé utile de revenir ici pour m'imposer, et cela une année supplémentaire, vos cerveaux dotés d'autant d'intelligence que celui d'un troll attardé, nous allons commencer ce cours. Au cours duquel je m'efforcerai, bien que la mission se soit déjà révélée impossible par le passé, de faire rentrer dans vos crânes durs la plus petite connaissance, aussi infime soit-elle. Et je vous l'assure, le processus ne vas pas vous tuer, si vous vous en inquiétez. D'une certaine façon, c'est regrettable, ce n'est pas moi que votre disparition aurait attristé… » énonce Rogue, la voix grave et suave, l'œil malveillant, un demi-sourire cruel s'épanouissant sur son visage.

Rogue laisse planer le silence quelques instants, avant de lâcher :

« Debout. Tous. Rassemblez les bureaux au fond de la classe. Celui que je surprendrai à être incapable d'utiliser un Wingardium Leviosa pourra d'ors et déjà considérer son renvoi comme assuré et irrévocable ! »

Tous les élèves obéissent immédiatement à l'injonction, ne voulant pas subir les foudres du professeur. Personne n'échoue à utiliser le sort, et tous se retrouve rassurés d'échapper aux réprimandes de Rogue. Du moins pour le moment. Dans l'immense salle de classe, les élèves sont désormais rassemblés en masse au fond de la pièce. Rogue, lui, fait face aux adolescents. De sa main droite, il tient une baguette d'ébène longue et rigide.

En tapotant sa paume gauche du bout de la baguette, il commence :

« Vous allez aujourd'hui affronter une créature classée parmi les plus dangereuses du monde magique, qui est responsable à elle seule de milliers de morts. Ne vous attendez pas à un troll, un géant ou une quelconque bête à force brute… Car sa vraie force n'est pas physique : elle est mentale et émotionnelle. Alors… Qui peut dire ce qu'est un Epouvantueur ? »

Aucun mouvement dans la salle. Aucun son. Quelques regards effrayés que se lancent des amis, mais pas de main levée. Le professeur scrute cette foule d'ignares, cette foule d'incapables, cette foule de cornichons décérébrés.

Félicitations, Minerva. Tes chers élèves sont toujours aussi égaux à eux-mêmes. Quel ramassis d'ignorants ! Par Merlin et Morgane, mais pourquoi sont ils revenus !

« Potter ! Ne savez vous donc pas ce qu'est un Epouvantueur ? »

Harry jette un regard en biais à Hermione, avant de lever les yeux vers le professeur.

« Je… je ne sais pas, Monsieur » balbutie le jeune homme.

« C'est tout à fait compréhensible, Mr Potter… J'imagine que vous avez été bien trop occupé à signer des autographes durant l'été… C'est bien cela la raison pour laquelle vous avez été empêché de consulter vos manuels de classe ? » susurre Rogue sur un ton purement rhétorique.

Plusieurs autres élèves sont interrogés, dont Weasley, Londubat, Malfoy, Brown et Parvati, mais Rogue sait très bien que ces idiots n'auront jamais de réponses à lui fournir. Et c'est en un froncement de sourcils quasi imperceptible qu'il se rend compte qu'il n'avait jamais eu à répondre à sa propre question lui-même. Quelqu'un s'en chargeait pour lui, parfois même sans son autorisation. Mais aujourd'hui, il n'y a pas de petite main qui se tend, comme voulant toucher le plafond. Ni même de visage possédé par l'excitation de répondre, ou de yeux brillants qui semblent vouloir dire « Moi, je sais Monsieur ! »

Comme contre son gré, ses yeux onyx la cherchent. Et il croit l'espace d'une seconde qu'elle n'a pas daigné se lever pour suivre son cours. Mais il la repère bientôt, là, entre le rouquin et le fils Potter. Presque invisible tellement les deux insupportables Gryffondors qui l'encadrent mettent en relief sa maigreur. Granger n'a pas la tête baissée, ne fixe pas le sol. Mais elle ne le regarde pas non plus. Ses prunelles semblent captiver par un point indistinct entre sa poitrine et son cou.

Il sait qu'il l'a blessée, le soir de la rentrée. Il ne sait faire que cela, après tout. Blesser les gens avant qu'ils ne le blessent. Mais elle, elle ne l'a pas blesser. Elle ne lui a rien fait.

« Inexact » pense Rogue. « Elle m'a sauvé la vie. Une vie dont je ne voulais plus. Dont je ne veux plus. Elle est autant coupable que les autres »

Il occulte, et peut être inconsciemment, que lui aussi l'a blessée, et cela à maintes reprises. Par ses injures, ses remarques, ses dénigrements. En la rabaissant, en la malmenant, en l'ignorant. Il l'a faite saigner, ce soir là. Il le sait. L'odeur du sang est facilement repérable pour un Maître des Potions. Facilement repérable pour un Mangemorts qui a fait couler le sang tant de fois.

« Tiens, tiens, Miss Je-sais-tout ne souhaite pas nous faire partager sa soif inépuisable de connaissances ? »

Hermione redresse la tête, doucement, jusqu'à pouvoir sonder les orbes noires. Elle n'avait pas prévu de ne pas répondre. Elle n'avait pas prévu de ne pas lever la main. Elle a arrêté il y a longtemps de lever la main comme une furie et de se tordre sur sa chaise pour avoir la parole. Autrefois, elle voulait prouver qu'elle avait sa place en ce château, comme n'importe quel sorcier. Car c'est une de ses peurs les plus viscérales : le rejet, l'abandon. Mais depuis sa quatrième année, Hermione s'est aperçue que toute personne ne l'ayant pas encore acceptée ne l'accepterait jamais. Alors depuis ce temps, la jeune femme se contente de lever la main sans effusion gesticulatoire pour répondre aux questions, auxquelles elle a toujours les réponses.

Mais là, c'est différent. Elle se rend compte qu'elle ne pourra pas reprendre cette vie. Le simple fait d'être dans une salle de classe après avoir été enfermée là-bas, lui fait remarquer l'absurdité de sa présence dans une situation si… normale.

Mais elle s'est promis de survivre. Coûte que coûte.

« Vous ne m'avez pas… sollicité… Professeur. »

La surprise provoquée chez l'homme par les dires de la Gryffondor est astucieusement dissimulée. Par force de l'habitude.

« C'est bien la première fois que vous auriez besoin de mon autorisation pour déblatérer vos palabres apprises par cœur dans un livre. Donc accouchez Granger, qu'est ce qu'un Épouvantueur ? »

Hermione se mord les lèvres du bout des dents, avant de commencer. Cette fois, ses connaissances ne proviennent pas seulement d'un livre.

« Un Epouvantueur est une créature magique dont l'existence a été découverte au cours du XIème siècle par Blaise Schlegel. Cependant le Ministère de la Magie n'a reconnu l'existence de cette créature mythique que très tardivement en 1730 : plusieurs cas de folie, de démences et de suicides ont en effet été déclarés à cette époque, et été dus à la présence d'un Epouvantueur dans plusieurs villes britanniques. De par ses capacités magiques, il peut être rapproché à la fois de l'Epouvantard et du Détraqueur. A la manière du premier, il prend la forme de ce qui terrifie le plus sa victime, et comme le second il se nourrit de cette terreur et laisse sa proie dans un état de déséquilibre mental proche de la folie. Il se réfugie dans les endroits obscurs, tels que les égouts, les forêts, les catacombes, les maisons abandonnées… Les moldus sont incapables de les voir, mais ils ressentent leurs pouvoirs : certains chercheurs en paranormal lui ont même attribué la dénomination de « Croque Mitaine Hurlant »

Hermione n'a pas quitté des yeux l'homme devant elle depuis qu'elle a commencé à parler. Et au fur et à mesure de ses paroles, un demi sourire grandissant se dessine sur la joue de l'homme. Très impersonnel, à vrai dire. Et elle n'aime pas cela.

« Eh bien, je me vois dans l'obligation de retirer 10 points à Gryffondor puisque Miss Granger est incapable de répondre à une question avec concision, je pense même qu'elle ne doit pas saisir toute l'exactitude du mot. Et j'enlève 20 points de plus, à Gryffondor et à Serpentard, puisque vous n'êtes tous qu'un ramassis d'idiots incapables d'ouvrir un livre. » lâche cruellement Rogue.

Des regards mauvais se lancent dans sa direction. Ceux de Gryffondors outrés que Rogue continue d'être aussi injuste avec leur maison. Mais aussi ceux de Serpentards désabusés qui ont déjà compris que Rogue ne donnait autrefois des points aux Serpents uniquement parce que la majorité d'entre eux était enfants de Mangemorts. Rogue était bien un traitre, le traitre qui a vendu leur parents. Beaucoup veulent sa mort. Beaucoup trop.

« Comme Miss Granger l'a si universellement souligné, l'Epouvantueur se nourrie de vos peurs et de vos angoisses intrinsèques pour vous plonger en un désespoir si profond que vous aurez envie de vous donner la mort. Au contraire de l'Epouvantard qui prend la forme de la peur, l'Epouvantueur recréé les conditions de la peur. Vous allez devoir vous concentrer et mobiliser toutes vos capacités, peu nombreuses dois-je préciser, pour imaginer dans votre tête une scène alternative à celle qui se présentera devant vous. L'Epouvantueur en sera alors déstabilisé, et vous pourrez utilisé la formule adéquate pour le neutraliser :

La plupart des étudiants semblent apeurés, mais pas terrorisés.

« Alors il s'agit juste d'un Epouvantard plus fort en fin de compte ? Ça va être dans la poche ! » murmure Ron.

Aucun des deux autres membres du trio ne lui répond.

Le professeur leur ordonne de former une colonne afin qu'il puisse chacun à leur tour affronter l'Epouvantueur, puis leur montre les mouvements de baguette nécessaires durant l'élocution du sort. Personne n'avait remarqué jusqu'à alors la plaque d'égout sur le parquet de la classe.

Et ainsi les élèves défilent. Le premier est Harry. Lorsqu'il se présente devant la trappe, celle-ci se relève doucement, poussée de l'intérieur par une main décharnée et moisie pouvant appartenir à un cadavre. Car l'aspect naturel de la créature est en vérité un cadavre. Extirpé de l'orifice, l'Epouvantueur regarde Harry vicieusement et en un grondement sonore, disparait en entrainant l'apparition d'un dense brouillard noir. Quand la fumée se dissipe, la scène a changée.

Nous ne sommes plus dans une salle de classe, mais à l'extérieur, dans la cour de Poudlard. Des milliers de cadavres sont abandonnées sur la poussière et exhalent l'odeur pestilentielle de la mort. Au centre, Harry. Il ne voit plus les autres élèves. Seulement lui. Lord Voldemort lui fait face, un sourire sur sa face reptilienne, tenant sa baguette pointée sur la tempe d'une femme rousse qu'il retient étroitement. Ginny Weasley. Il faut du temps au survivant pour se rappeler que Voldemort est bien mort. Mais c'est avec conviction qu'il ferme les yeux et se concentre. La scène change à nouveau. L'intérieur d'une petite église romane. Des tables nappées de différents mets savoureux. Des rires, des chants. Au fond, un homme brun et une femme rousse qui se tiennent les mains, les yeux dans les yeux, et se promettent de s'aimer toute la vie. Le sort est lancé, et l'Epouvantueur retourne dans sa bouche d'égout en quelques secondes. La classe réapparait pour Harry, mais aussi aux yeux de tous qui ont assisté à la scène de combat. Certains l'applaudissent, d'autres le félicitent.

Rogue lui assène un regard étrange, tout en remarquant :

« Si vous pourriez éviter de ressusciter le Seigneur des Ténèbres à la moindre occasion, Potter, la santé mentale de vos camarades serait un tant soit peu préservée »

Harry ne répond pas au commentaire, sachant très bien que Rogue n'a rien trouvé à critiquer lors de son combat.

Et c'est ainsi que tous défile pour affronter l'épouvantueur. Hermione les observe, sans sourcilier. Ron craint de se retrouver de nouveau inconnu, mais se défend en s'imaginant champion adulé de Quidditch. Parvati retrouve sa plus belle robe, après avoir redouté de ne rien avoir d'adapté pour sortir avec un homme très beau, et très riche. Quand Lavande triomphe à son tour, elle s'exclame, tout en se jetant dans les bras de Parvati :

« C'était abominable ! Je devais faire une présentation sur les bienfaits des soins du visage et je n'avais plus de maquillage ! Tu te rends compte l'horreur !? »

Hermione rouvre ses yeux, yeux qu'elle n'a pas eu conscience d'avoir fermés. Un reniflement dédaigneux lui échappe, et elle se rend compte qu'elle se fiche bien de vexer la pauvre Princesses Lavande. Comment les gens peuvent ils être ainsi ? Après une guerre ? Après cette guerre ? N'ont-ils donc aucune conscience de ce qui s'est passé ? Comment peuvent-ils seulement avoir des pensées si…désespérément insignifiantes ? Des images reviennent à la jeune femme en des flashs brûlants. Abrasifs même. Des images refoulées, au plus profond d'elle, consciemment ou non. Des mots, des violences… Un seul endroit. Un point minuscule de l'immense univers où une partie de sa vie est définitivement morte. A jamais.

« A votre tour, Miss Granger » susurre Rogue, qui ne l'a pas lâché des yeux durant son égarement. Il a remarqué ses tremblements, bien sûr. Et la lueur de panique éphémère qui a animé ses orbes.

Hermione s'avance malgré tout, menton haut, visage impassiblement courageux. Désespérément Gryffondor…

Subitement, la salle se retrouve plongée dans le noir absolu. Hermione se sent enchainée au sol par une force incommensurable. Et maléfique. Elle avait oublié la sensation du métal froid contre la peau. Et l'âpreté du sol malgré ses vêtements. Depuis toujours, l'esprit occulte mais ne guérit pas. Le corps fait l'exacte opposée.

Une porte rouillée s'ouvre au loin en un grincement inquiétant, et une percée de lumière aveuglante éclaire la forme maigrichonne d'Hermione au sol. Elle les reconnait tout de suite, par habitude, bien qu'on ne puisse distinguer encore que des silhouettes.

Un grand homme en manteau. Une femme à la longue chevelure frisée. L'un retire sa baguette d'un fourneau placé à sa ceinture, l'autre l'a déjà en main. Et avec un entrain glaçant, la femme s'avance avec des gestes désespérément saccadés en clamant d'un ton euphorique :

« C'est moi qui la commence cette fois Lucius ! On va voir si elle hurlera plus en lui coupant les doigts que lorsqu'on lui jette un doloris ! »

Hermione oublie même qu'elle tient sa baguette à la main, et qu'elle pourrait lancer un sort à tout moment. Elle ne perçoit que le montée sourde d'angoisse dans chaque pore de sa peau. Elle se sent prise de fièvre tout à coup. Elle va mourir, tout va recommencer. Sa libération n'était qu'un rêve. Un doux rêve. Mais retour au cauchemar…

- « Tu ne préfères pas lui couper le bras en entier, plutôt ? Cela m'étonne de toi, belle-sœur » déclare Malfoy.

« Oh non ! Ce qu'il y a de bien avec les doigts, c'est qu'ils sont petits… Je peux facilement lui faire repousser dans la nuit pour les lui recouper demain ! Ahahaha, je vais la torturer jusqu'à ce qu'elle souhaite la mort, cette sale sang de bourbe ! »

C'est à ce moment précis qu'Hermione se réveille de son inconscience. Elle s'est juré de ne plus jamais être la victime. Elle se concentre au maximum, occultant cette scène d'horreur, et murmure sur un ton grave le contre sort. Quand elle rouvre les yeux, le spectacle qui se tient devant elle lui procure une joie perverse démesurée.

Deux corps baignent dans des litres de sang, les corps de Lucius Malfoy et de Bellatrix Lestrange. L'homme, étendu sur le dos, a le pantalon baissé jusqu'à mi-cuisse, et est mort vidée de son sang par une castration sommaire de ce qui pouvait faire de lui un semblant d'homme. La femme, le regard noir vidé de tout folie, porte sur son avant bras droit une balafre sanguinolente qui porte les mots : douce vengeance. Il ne lui reste aucun doigt de ses mains, et une plaie gigantesque a perforé son ventre.

Des cris stridents font se retourner Hermione subitement. La plupart des élèves sont consternés par l'Abomination qui est peinte devant leurs yeux. Une scène de massacre horrible ! Et ce sourire presque vengeur qui orne les lèvres de Granger… Elle a l'air folle : c'est ce que tous pense à ce moment là.

Mais peut être la symbolique n'est elle pas la même pour la jeune femme. A cet instant, elle a sous les yeux la vengeance qu'elle n'a pas pu accomplir de ses propres mains. Bien qu'elle sache très bien que cette mise en scène n'est pas la réalité, Hermione ne peux s'empêcher de tirer satisfaction de la violence et de la souffrance dont ont souffert ses bourreaux. N'est-ce pas une réaction sensée, et oserait-elle dire normale ?

Mais Hermione contemple leurs yeux, à tous, et y voit clairement la haine, le mépris et le dégoût qui y sont écrits. Ces yeux, qui semblent vouloir dire, en un langage muet :

« Tu es un monstre »

Mais Hermione n'a pas regardé dans les yeux d'une unique personne. Et pourtant, dans ses yeux ébène, pour la première fois, elle aurait pu y voir une lueur éphémère de fierté.