PDV Alec

Les mots de Circus se répétaient dans ma tête « on est tous morts ». Ouais, je n'avais pas du tout la pression là. Mais une fois encore je me retrouvais au milieu de nulle part, dans une ville que je ne connaissais pas. Dans un siècle que je ne connaissais pas. Je venais certainement de perdre l'homme que j'aime pour toujours, tout ça parce que je n'arrivais pas à accepter son passé. Mais bon sang, je ne voulais juste pas qu'il ait à vivre toutes ces années, ces siècles de souffrance ! Était-ce vraiment si égoïste de ma part ? Qu'est-ce Magnus avait-il commis de si horrible ? Et quel était son véritable lien avec Circus. Ils semblaient bien plus proches que ce que je ne croyais… Je m'arrêtais quelques minutes, mon regard se perdant au loin. J'étais arrivé au sommet d'une petite colline et observais le soleil se coucher à l'horizon, diffusant une lueur orangée sur la ville en contrebas. La vue était magnifique. Lorsque le soleil fut entièrement couché, je repris mon chemin. J'ouvris la main, et examinais le symbole que Circus y avait tracé sur la paume. C'était censé me mener jusqu'à Magnus. Enfin, à une version plus jeune de lui. Il fallait bien que je garde ça en tête. J'avais affaire à un adolescent de 17 ans. Un vrai adolescent de 17 ans…

Présent – PDV Jace

D'une certaine manière, Magnus m'avait toujours plus ou moins impressionné. Par ego, je cachais cela par l'humour, mais en cet instant, il n'y a rien que je souhaitais plus que tout que d'être le plus loin possible de lui. Ses deux mains à plat sur mon bureau, ses yeux de chat braqués sur moi, son visage était déformé par la rage. Je plaignais celui sur qui aller retomber sa colère. En l'absence de mon frère (qui visiblement était la source du problème), j'espérais que ce ne serait pas moi.

Je le veux mort. Débrouille toi comme tu veux, mais je veux qu'il meure !

Qui ? Me risquais-je à demander.

L'iris de ses yeux se contracta un peu plus pour ne plus former qu'une ligne verticale. Je retins un mouvement de recul et fis mine de me redresser sur mon fauteuil.

Circus… Je veux la tête de ce sorcier.

Je croyais que le Labyrinthe en Spirale s'en charger ? C'est une affaire de sorcier, non ?

Je regrettais ces mots à l'instant où l'ampoule de la lampe de mon bureau explosa dans un bruit de verre.

Le Labyrinthe en Spirale n'est qu'une bande de sorciers idiots qui regrettera bien assez tôt de ne pas avoir fait ce qu'il fallait, quand-il le fallait. J'ose espérer que l'Institut de New York est plus intelligent. Je me trompe ?

Non. Mais mon frère est toujours coincé dans le passé. Si je condamne Circus à mort, je condamne aussi mon frère. Et ça, tu pourras hurler autant que tu veux, briser ce que tu veux, je ne changerai pas d'avis. Et je suis surpris que tu ne penses pas comme moi.

Ton frère a fait son choix. Il a choisi le passé au présent. Tout ça parce qu'il espère que Circus lui donnera le moyen de passer l'éternité auprès de moi !

Son intention est louable, tu ne peux pas dire le contraire. Il t'aime ! Il vous aime… Rajoutais-je.

Ouais, tellement qu'il préfère rester auprès d'un garçon qui causera sa mort, plutôt que de retourner auprès de sa famille ! Qu'est-ce que je vais dire aux garçons, hein ? A nos fils ?! Comment je vais leur expliquer que leur père ne veut pas rentrer auprès d'eux ? Auprès de nous ?!

La colère laissa place à la tristesse, et ses yeux reprirent leur apparence normale. Je me levais et contournais le bureau avant de poser une main sur son épaule, le forçant à se tourner vers moi. Il semblait complètement abattu.

Pourquoi Alec a-t-il décidé de rester là-bas ? Je ne comprends pas…

Parce qu'il est amoureux… Voilà pourquoi ! Il m'aime tellement qu'il… il…

Il se tut. Je savais qu'il y avait sûrement un million de choses sur la vie de Magnus Bane que je n'étais pas sensé savoir, et puis il n'était pas du genre à se confier.

Confie-les garçons à Izzy ou Simon, ou à Clary, et toi et moi, retournons chercher mon frère. On retrouve Circus et on le force à nous envoyer dans…

Non ! Me coupa-t-il. On trouve Circus et je le tue.

Pourquoi ? Pourquoi cette haine absolue envers ce sorcier ? Demandais-je, surpris de le voir prendre une décision aussi radicale.

Raison personnelle. Et c'est la dernière fois que tu me poses cette question. Et les garçons restent avec moi. Occupe-toi juste de trouver Circus et emmène-le-moi.

Non.

Non ?

Ses yeux de chat étaient de retour et des étincelles bleues crépitaient entre ses doigts.

Non. Répétais-je. Pas avant qu'Alec soit de retour.

Il soupira.

J'aime ton frère plus que tout au monde, alors ne t'en fais pas, je ne ferai jamais rien qui le mette en danger.

Donc tu ne tueras pas Circus tant qu'Alec ne sera pas revenu ?

Oui.

Bien. Dans ce cas comment fait-on pour forcer Circus à pointer le bout de son nez ? S'il est dans le passé…

Il n'y est pas. Me coupa-t-il. Il est ici. Crois-moi…

Passé – PDV Magnus

Inquiet, je suivais Circus au profond de la ville. Un sort d'invisibilité nous cachait à la vue des passants, mais je me demandais si cela était vraiment nécessaire : il faisait nuit et il n'y avait pas un chat dans les rues. Une odeur d'urine et d'alcool empestait l'air, me faisant retrousser le nez. Cela me rappelait ces nombreuses nuits passées à dormir dans la rue, et toute la souffrance que cette période portait. En y réfléchissant, ma situation en était revenue au même point : seul.

Perdu dans mes pensées, je ne m'étais pas aperçu que Circus s'était arrêté et lui fonçais dessus en trébuchant. Il me rattrapa en levant les yeux au ciel.

Désolé… Balbutiais-je.

Ok. Première leçon : ne t'excuse jamais. Spécifiquement quand tu es en tort. Sauf avec les femmes, là il faut que tu t'excuses. En fait, non… Rajouta-t-il en se tournant vers moi et en prenant un air sérieux. Dans les relations amoureuses en général, tu dois t'excuser. Tout le temps. En particulier quand tu n'as pas tort…

Je haussais les sourcils. On venait de perdre tous nos amis et lui il me donnait vraiment des conseils amoureux là ?

On peut en revenir à Catarina ?! Comment fait-on pour la sauver ?

Je te l'ai dit. On va avoir besoin de ton paternel.

Je ne suis pas sûr d'avoir envie de le rencontrer.

Il se tourna alors vers moi tellement brusquement qu'il me fit sursauter. Il prit mon visage en coupe.

Écoute-moi bien petit, tu n'as pas envie de le rencontrer, personne n'en a envie. Et tu dois bien garder en tête que ce démon est le pire de tous les démons. Il va essayer de rentrer dans ta tête (il tapota mon front de son index) pour t'entraîner à Edom. Tu dois en aucun cas le laisser entrer !

C'est… rassurant…

Je ne suis pas là pour te rassurer. Je veux que tu aies peur, car c'est cette peur qui te maintiendra en vie.

Peut-être qu'il ne me veut pas mort ? Demandais-je, espérant au fond de moi que peut-être il y avait une personne dans ce monde ou un autre, pour qui je comptais.

Non, il te veut mort. Il n'y a personne au monde qui te veuille plus mort que lui.

Je déglutis difficilement.

Pourquoi ?

Parce que tu es le sorcier le plus puissant de tous les temps. Tu as un pouvoir en toi extraordinaire et c'est pour cette raison que tout le monde veut ta mort. Sauf, nous, sorciers. Nous on veut te protéger.

Il me fit un sourire empli d'affection. Enfin, ce que je pensais en être en tout cas. J'ai oublié à quoi ça ressemblait… Nous nous étions à nouveau arrêtés et nous trouvions à présent au bord d'un précipice. Je me risquais à jeter un œil en contrebas. C'était haut, très haut. Je déglutis. Pourquoi m'avoir emmené là ?

Bon maintenant, on va passer aux leçons. Mets ce bandeau sur tes yeux !

Il me tendit un foulard noir en laine et me fit signe de le nouer autour de mes yeux.

Je ne crois pas, non.

Oh si. Ta plus grande faiblesse, c'est que tu n'as confiance en personne. Le problème, c'est qu'il va falloir que tu me fasses confiance et surtout que tu apprennes à avoir confiance en toi-même si tu veux apprendre à contrôler tes pouvoirs.

Je les contrôle déjà !

Non, c'est faux. Pas lorsque tu laisses tes émotions prendre le dessus.

Je ne mettrai pas cette... chose... Sur mes yeux !

Il soupira.

Tu veux sauver Catarina ou non ?

Oui…

Alors, hop, on met le petit foulard sur ses yeux ! Me fit-il en ébouriffant mes cheveux.

Ce fût donc à contre cœur que je fis ce qu'il m'avait demandé.

Plus tard

Circus souffla, et, enlevant rageusement le bandeau de mes yeux, je me retournais vers lui. Il se pinçait l'arête du nez en secouant la tête, exaspéré.

Je - n'y – arrive- pas ! M'énervais-je en détachant chaque mot.

Oui. Je vois ça. Rétorqua-t-il en me fixant de ses yeux d'un violet perçant. Tu n'essaies pas.

Si ! Mais désolé, je ne vois pas dans le noir ! J'ai peut-être des yeux de chat, mais moi il me faut de la lumière pour voir dans le noir !

Ce point-là reste à vérifier, mais ce n'est pas la question ici. Je ne te demande pas de voir mais de me faire confiance. Suit les indications que je te donne.

Non ! Il y a un ravin à moins de 10 mètres ! Je n'ai pas envie de mourir !

Circus m'arracha le foulard des mains avant de l'agiter devant mes yeux.

Je ne t'ai pas demandé ton avis ! Tu fais ce que je te dis un point c'est tout !

Mais pourquoi ?! En quoi marcher les yeux fermés m'aide à contrôler mes pouvoirs quand je ressens des émotions trop fortes ?!

Qu'est-ce que tu ressens quand tu as ce bout de tissu sur tes yeux ?

De la peur. Voilà ce que je ressentais. Mais je n'allais certainement pas le lui dire.

Rien. Je ne ressens rien.

Il haussa les sourcils et son regard sembla pénétrer mon esprit et je détournais les yeux.

Tu mens. Tu as peur, je le sais. Et c'est cette peur qui t'empêche de te servir de tes pouvoirs pour trouver ton chemin dans le noir, Pajarito !

C'est une métaphore c'est ça ?

Il me sourit et me tendit à nouveau le foulard.

Pdv Alec

De loin, veillant à ce qu'ils ne m'aperçoivent pas, j'observais le Circus du passé essayait d'apprendre à Magnus à contrôler ses pouvoirs. Depuis quand étais-je planté là, à les fixer ? Je n'en avais aucune idée, j'avais perdu toute notion du temps. Mon esprit était bloqué sur la version jeune de celui que j'aimais et qui ne semblait pas vraiment vouloir écouter ce que Circus lui disait, ce qui faisait enrager ce dernier qui sautillait sur place en se mordant les doigts d'exaspération. Magnus, un foulard sur les yeux, étaient, de ce que j'en comprenais, censé avancer vers Circus. Mais, les mains en avant pour être sûr de ne rien heurter, c'est à peine s'il avançait d'un pas. Il finit par l'enlever et par s'asseoir en tailleur sur le sol, les bras croisés. Je souris. Le Magnus que je connaissais avait parfois des réactions du genre lorsqu'on le forçait à faire quelque chose qu'il n'avait aucune intention de faire. La version du passé n'était pas aussi différente que celle du présent le prétendait, finalement. Tout comme celle de Circus. Il était tout aussi exaspérant. Mais surtout, à le voir faire avec le jeune Magnus, je réalisais à nouveau que tous deux se connaissaient bien plus que je le pensais. Beaucoup plus. Je me notais dans un coin de la tête qu'il fallait que je pense à demander, ou plutôt à exiger à Circus, qu'il m'explique clairement son lien avec Magnus. Je dus admettre, à contrecœur, que la vie de ce sorcier et de celui que j'aimais étaient plus liées que ce que je pensais, et que pourtant, jusqu'à toute cette histoire, je n'en avais jamais entendu parler. Je repensais alors à la réaction que Magnus jeune avait eue lorsque Circus était apparu devant lui et l'avait endormi. Il n'avait pas semblé le reconnaître. Circus lui avait peut-être jeté un sort… Encore une chose qui faudrait que j'éclaircisse. Je les observais encore quelques minutes, m'amusant de voir Magnus ne rien écouter de ce que lui disait Circus. Ce n'est que quand ce dernier rattrapa Magnus de justesse avant qu'il ne tombe dans le vide, que je sortis de ma cachette. Mes bottes crissèrent sur le gravier et Circus se retourna brusquement vers moi. Je levais les mains pour lui signifier que je n'étais pas une menace, réalisant tout à coup que Circus pourrait me tuer en un claquement de doigt. Mais avant qu'il n'ait pu faire quoi que ce soit, le Circus de mon époque l'endormi d'un claquement de doigts. Il le rattrapa avant qu'il ne s'effondre au sol et le traîna un peu plus loin, hors de vue. Il me fit signe d'aller m'occuper de Magnus. Je m'approchais donc de la version jeune de celui que j'aimais. Ce dernier, sentant probablement que quelque chose avait changé, s'apprêtait à enlever son bandeau. J'attrapais ses mains et il sursauta.

Qu'est-ce que…

N'aie pas peur, c'est moi... Alec…

Alexander... Murmura-t-il.

Je frissonnais en l'entendant prononcer mon nom et je sentis des papillons s'envoler dans ma poitrine.

Oui… Tu veux bien qu'on fasse cet exercice ensemble ? Ton ami n'a pas l'air très doué.

J'entendis Circus répliquer je ne sais quoi, mais je n'y fis pas attention. Magnus non plus… Il me fit un « oui » d'un signe de tête alors que je me plaçais derrière lui, ne pouvant empêcher mes mains de glisser le long de sa fine chemise, effleurant sa peau et de me coller un peu à lui. Je l'avais eu si près de moi tout à l'heure… Ses lèvres sur les miennes… ça me manquait tellement… Je me forçais à reprendre mes esprits, mais était-ce mon imagination ou sa respiration s'était accélérée ?

Ok… Ferme-les yeux, je vais t'enlever ce bandeau, mais je veux que tu gardes les yeux fermés, d'accord ?

Il hocha à nouveau positivement la tête et je le lui ôtais, le laissant tomber au sol.

Je veux que tu te concentres sur les sons autour de toi…Sur les sensations que le vent provoque en toi lorsqu'il effleure ta peau…

Alexander… Murmura-t-il à nouveau dans un souffle.

Je jouais à nouveau un jeu dangereux. Je ne devrais pas lui dire de telles choses. Je me comportais exactement comme le futur lui avait pu le faire avec moi.

Maintenant concentre toi sur le son de ma voix… Lui murmurais-je à l'oreille.

Je marquais une pause. Le vent semblait souffler davantage autour de nous.

Maintenant, je vais te guider jusqu'au bord du vide, d'accord ? Fais-moi confiance… Rajoutais-je en le sentant se crisper. Garde les yeux fermés...

Passant à nouveau devant lui, je repris ses mains dans les miennes. Je sentais le regard de Circus pesait sur moi, mais je l'ignorais. Il n'y avait qu'une seule personne qui m'importait en cet instant. Reculant, je le faisais avancer vers moi. Doucement, sans le brusquer. Dans les miennes, je pouvais sentir ses mains trembler. Je finis par les lâcher et il s'arrêta.

Viens vers moi… Lui fis-je doucement. Viens.

Il avança alors vers moi et Circus poussa une exclamation de surprise. Magnus l'ignora, tout comme moi.

C'est bien, tu y es presque…

Je reculais jusqu'au bord et lorsqu'il fût à ma hauteur, par protection, je le collais à moi. Il ouvrit aussitôt les yeux, avant de jeter un regard vers le précipice. Il déglutit et c'est comme si je pouvais voir le scénario qui défilait dans ses yeux. Oui, si j'avais voulu j'aurais pu le pousser dans le vide sans difficulté… Je lui souris, et l'éloignais du bord et il me rendit mon sourire. Circus applaudit en sautant et je m'écartais à contre cœur.

Il a réussi, on va pouvoir passer à l'étape supérieure !

Quelle étape supérieure ? M'exclamais-je en cœur avec Magnus.

Sauter… dans le vide… Tes pouvoirs amortiront le choc !

Tu veux me tuer ?! S'exclama Magnus, choqué de ce que son « ami » lui demandait de faire.

Non, je veux quand situation de stress tu utilises tes pouvoirs correctement.

Ce n'est pas en sautant dans le vide qu'il va apprendre à le faire ! C'est hors de question ! Je ne vous laisserai pas faire ! Le prévins-je.

Décidément, je détestais ce sorcier.

C'est pour son bien. Si tu l'aimes, comme ça m'a tout l'air d'être le cas, tu devrais le comprendre.

Justement ! C'est parce que je l'aime que je ne vais pas le laisser risquer sa vie !

Je ne suis pas fou. Je serai là pour intervenir en cas de problème.

Oh mais c'est que je suis rassuré maintenant !

Je ne t'ai surtout pas demandé ton avis ! Qui es-tu déjà ? Nous n'avons pas été présentés ! Feignit-il en mettant ses mains sur ses hanches.

Pourtant vous n'avez pas l'air si surpris de me voir ! Rétorquais-je.

Je vais le faire…

Et qui je suis n'a pas d'im… Quoi ?! M'exclamais-je soudain en réalisant ce que Magnus venait de dire. Non !

Si… Il a raison. Je dois apprendre à utiliser mes pouvoirs, à les contrôler dans n'importe quelle situation.

Il n'en est pas question !

Instinctivement, je pris ses mains dans les miennes. Il baissa le regard vers elles.

Tu dois me laisser faire. Je dois sauver Catarina.

Tu ne la sauveras pas si tu es mort !

Je ne vais pas mourir !

Voyant que rien de ce que je dirai ne le fera changer d'avis, je capitulais.

Très bien, mais je saute avec toi.

Oh mais qu'elle brillante idée ! S'exclama Circus en frappant à nouveau dans les mains, un grand sourire aux lèvres.

Je soufflais d'exaspération. Un jour je tuerai ce foutu sorcier. Parole de Lightwood !

Prêt ? Demandais-je à Magnus.

Non… Non ! S'exclama-t-il en se détachant de moi. Je ne veux pas que tu meures à cause de moi !

Je ne vais pas mourir… J'ai confiance en toi… Lui fis-je en reprenant ses mains dans les miennes.

Tu ne devrais pas…

Je lui caressais la joue.

Tu vas y arriver…

Je l'emmenais à nouveau au bord du précipice et il ferma les yeux, serrant ma main plus fort qu'il ne l'avait jamais fait.

Tu… Tu restes là ?

Je ne te laisserai jamais. Si tu sautes, je saute. Si tu meurs, je meurs.

Je plongeais mon regard dans le sien, dans lequel brillait une profonde peur.

Tout va bien… N'aie pas peur…

Il ferma alors les yeux et nous précipita tous deux dans le vide. Le vent fouetta mon visage le long de la chute. Cela ne dura probablement que quelques secondes avant que nous atterrissions en douceur sur le sol, des dizaines de mètres plus bas, mais cela me sembla durer plusieurs minutes. Essoufflé comme si j'avais couru le cent mètre, je rouvris les yeux. Il me regardait en souriant et prenant son visage en coupe, je l'attirais vers moi et mes lèvres frôlèrent les siennes. J'en mourais d'envie, je voulais sentir à nouveau la douceur de ses lèvres. Mais le visage du futur lui m'implorant de ne pas le faire, s'imposa à moi et je posais mon front contre le sien. Je ne pouvais pas faire ça. Il s'écarta de moi en souriant timidement. C'était la première fois que je voyais un tel sourire sur ce visage. Et cela ne m'aidait pas à garder le contrôle.

J'ai réussi.

Oui… Murmurais-je en caressant sa joue.

Bon sang, Alec, arrête ! Arrête ! M'ordonnais-je intérieurement. Mais tout mon être faisait exactement le contraire de ce que mon cerveau ordonnait.

Tu y es arrivé…

C'est grâce à toi ! Je… Je ne voulais pas que quelqu'un meure à cause de moi… encore !

Tu ne pouvais rien y faire. Lui fis-je en comprenant à quoi il faisait allusion.

Des larmes apparurent dans ses yeux mordorés, ce qui fit abattre les dernières résistances que j'avais fragilement mises en place pour ne pas commettre à nouveau l'erreur de me rapprocher physiquement de lui et l'attirais à nouveau vers moi. Mes lèvres allaient se coller aux siennes mais l'arrivée de Circus m'obligea à m'écarter. Par l'Ange, merci ! J'allais encore faire une connerie ! Bon sang, pourquoi était-ce si dur de rester loin de lui ?! Magnus détourna le regard pour le poser sur Circus. Je crus voir un léger rougissement apparaître sur ses joues, mais peut-être n'était-ce que mon imagination.

Désolé de vous interrompre, mais on a encore des exercices à faire. Nous fit Circus en passant un bras autour des épaules de Magnus. Bravo mon chou, tu as réussi !

Je serrais les dents, essayant de résister à l'envie d'écarter ce sorcier de lui. Les yeux de Circus passèrent alors de Magnus à moi, et avant même qu'il n'ait ouvert la bouche, je savais que ce qu'il allait dire n'allait faire que m'énerver encore plus.

Alors c'est lui le néphilim dont tu nous parlais ? Celui venu du… futur ? Demanda-t-il à Magnus.

Oui. Oui, c'est lui.

Intéressant… Et donc tu couches avec lui ?

Quoi ? Qu'est-ce que… non, je… Balbutia Magnus alors que je fusillais Circus du regard.

Oh allez, j'ai bien vu que j'avais interrompu quelque chose. SI je n'étais pas arrivé, il t'aurait probablement plaqué contre…

Je ne laissais pas finir sa phrase et l'empoignais par le col.

Ferme là, putain ! Ferme là !

Oh oh ! J'ai touché un point sensible on dirait !

Prenant une profonde respiration, je le lâchais. Il fallait que je garde mon calme.

Tu parlais d'autres exercices, il me semble. Lui fis-je froidement, les poings serrés.

Je croisais alors le regard de Magnus. Il fixait Circus étrangement.

- Quoi ? Pourquoi tu me regardes comme ça ? J'ai un bouton sur le nez ? Lui demanda Circus en se frottant le nez.

- Non… Mais… Rien, c'est sûrement mon imagination. Fit Magnus en haussant les épaules.

Il s'éloigna de nous et je saisis Circus par le bras.

- Ne t'avise plus jamais de lui faire risquer sa vie comme tu viens de le faire !

- Je sais ce que je fais! C'est pour son bien, crois-moi !

- Et toi crois-moi que c'est la dernière fois que tu fais ça !

- Je ne fais que reproduire ce qui s'est déjà produit !

- Ouais, c'est bien ce qui m'inquiète justement ! D'ailleurs, on fait quoi avec l'ancien toi ?

- Ne t'en fais pas, il risque d'être occupé un petit moment. Par contre, rajouta-t-il, il se pourrait que ton petit ami n'apprécie pas trop mon petit cadeau !

- Comment ça ? Quel cadeau ? Qu'est-ce que tu as fait ?!

Il ne répondit pas et s'éloigna de moi en souriant.

Présent – PDV Jace

Planté comme un idiot au milieu du salon de Magnus, je me bénissais intérieurement d'avoir appelé Tessa à la rescousse. Catarina était en train de subir toute la colère que Magnus avait accumulée ces derniers jours. Je ne comprenais pas vraiment ce qui s'était passé, mais je n'avais jamais vu Magnus aussi en colère contre la sorçière. Tessa ne semblait pas vraiment comprendre non plus, mais je préférais que ce soit elle qui fasse tampon entre eux et non moi. Cependant, j'étais admiratif de Catarina. Assise nonchalamment dans le canapé, elle restait stoïque face à l'avalanche de reproches que lui faisait ami.

- Tu m'as menti ! Lui hurlait Magnus.

- Tu n'étais pas en état d'entendre la vérité… Rétorqua-t-elle d'une voix calme.

Je jetais un regard en coin à Tessa, qui semblait aussi perdue que moi. Elle me lança un regard désespéré avant de soupirer.

- Bon, ça suffit. Leur lança-t-elle. Je n'ai pas fait tout ce chemin pour vous voir vous déchirer comme ça.

- Et on peut savoir ce que tu fais là d'ailleurs ?! La questionna Magnus en lui lançant un regard noir.

- Je n'ai pas le droit de venir rendre visite à un vieil ami ?

Il eut une exclamation de dédain avant de se tourner vers moi.

- Je n'ai pas réussi à localiser Circus. Pourtant je suis sûr qu'il est ici… Cette situation l'amuse beaucoup trop.

- Vous pourriez nous expliquer votre passif avec Circus ? Quel est le rapport entre ce sorcier et vous ? Demanda Tessa à Catarina et Magnus.

- C'est une vieille… connaissance. Répondit simplement Catarina.

- Et ? C'est tout ? Ça vaut cette crise d'hystérie ? Insista Tessa.

Magnus la foudroya du regard.

- Circus a emmené Alexander dans le passé, dans mon passé, alors oui, il y a des raisons d'être hystérique !

- Oui, bon c'est sûr que ce n'est pas très intelligent de sa part. Mais de ce qu'on m'a dit, il ne lui a rien fait, Alec a volontairement refusé de rentrer.

Je tournais vivement la tête vers elle au moment où un vase en porcelaine explosait à quelques centimètres de nous.

- Je crois que ça, c'était précisément ce qu'il fallait éviter de dire ! Lui fis-je.

Elle me fit signe de me taire.

- Je comprends que tu sois énervé, Magnus, et contre Circus, et contre Alec, mais je trouve ta colère un peu disproportionnée.

- Ah oui ? Et bien on en reparlera le jour où Rafael et Max te regarderons de leurs grands yeux tristes et qu'ils te demanderont si leur père est mort ! On verra si là tu ne ressents pas une colère disproportionnée !

Tessa baissa les yeux.

- Magnus, ce qu'elle voulait dire.. Commença Catarina.

- Non, surtout dis rien. Vous ne pouvez pas défendre Alexander, parce qu'il est indéfendable.

- Il a rien fait de mal non plus. C'est pour toi qu'il fait tout ça je te rappelle ! Intervins-je.

Je comprenais sa tristesse mais je ne pouvais pas le laisser dire non plus n'importe quoi sur mon frère. Certes, Alec avait merdé en beauté, mais ce n'était pas fait dans de mauvaises intentions.

- Et bien je lui ai rien demandé du tout ! Enfin, si, une seule chose : se mêler de ses affaires !

- Ah mais c'est ça qui t'emmerde en fait ! En soi qu'il risque sa vie tu t'en fiches, mais qu'il apprenne des choses sur toi qui ne devrait pas savoir, ça, ça te fou les boules ! Ben qu'est-ce qu'il y a Sorcier ?! Qu'est-ce que tu caches ?! Des cadavres d'enfants ?!

Je sus immédiatement que j'aurais du me taire. A peine avais-je fini ma phrase, que je venais m'écraser contre le mur du salon.

- Ferme-là, Jace, un conseil ! Me menaça-t-il alors que je me relevais péniblement.

Je sentis un liquide chaud couler le long de ma nuque. Passant la main dessus, je la retirais tâchée de sang.

- Tu sais que je pourrais te faire arrêter pour ça ?!

- Essaye.

Je m'apprêtais à rétorquer que j'avais bien l'intention de lui faire passer une petite nuit dans une des cellules de l'Institut, et ce malgré les soupirs d'exaspération de Catarina, lorsqu'on attendit un boom retentissant provenant du hall d'entrée. Une minute plus tard, Circus apparaissait au milieu du salon, époussetant son costume d'Arlequin. Un instant après, Magnus l'avait attrapé par le col de sa veste et l'avait traîné jusqu'au balcon avec visiblement la ferme intention de le faire passer par-dessus. Circus poussa un cri apeuré et ridicule tout en se débattant.

- Magnus, lâche-le ! Hurlèrent Catarina et Tessa à l'unisson tout en m'ordonnant du regard d'aller les séparer.

- C'est vous qui avait des pouvoirs je vous rappelle ! Grommelais-je.

Mais à peine arrivé à la hauteur des deux sorciers, que Magnus s'était déjà écarté de Circus. Ce dernier le regardait étrangement et je cru vois des larmes perler dans ses yeux.

- Pajarito ? C'est bien toi ? Demanda-t-il à un Magnus pâle comme la mort.

- Heu… Quelqu'un peu m'expliquer ce qui se passe ? Leur demandais-je.

Mais personne ne me répondit. Tessa ne semblait pas comprendre plus que moi et Catarina affichait, à peu de chose près, la même tête que Magnus. Ce dernier fixait toujours Circus comme si c'était la première fois qu'il le voyait.

- Hé oh ! Je vous cause ! Leur fis-je.

- En… En quelle année sommes-nous ? Demanda enfin Circus.

A suivre