Oncle Vernon venait de repartir vers la voiture, laissant Harry dans l'expectative quant à la marche à suivre pour atteindre le Poudlard Express. Il était seul au milieu de la gare, avec une valise qu'il pouvait à peine soulever, et les poches pleine d'un argent qui n'avait cours que dans le monde sorcier. Hagrid avait omit un détail de taille en ne lui indiquant pas où se trouvait la voie 9 ¾.

Il se demandait s'il convenait de sortir sa baguette magique pour tapoter le composteur qui se situait entre les deux quais quand il entendit un groupe de voyageurs parler derrière lui.

— La gare est pleine de Moldus, il fallait s'y attendre, s'exaspéra une voix.

Harry fit aussitôt volte-face. Une petite femme replète parlait à cinq garçons aux cheveux roux flamboyants. Quatre d'entre eux poussaient un chariot sur lequel était posée une grosse valide semblable à la sienne, de plus, chacun avait un hibou.

Le cœur battant, Harry alla se placer derrière eux et décida de les suivre. Il était suffisamment près pour entendre ce qu'ils disaient.

— C'est quoi le numéro de la voie ? Demanda la mère des cinq garçons.

— 9 ¾, répondit le plus jeune d'entre eux qui tenait la main de la femme rousse. Moi aussi, je veux aller à Poudlard !

— Tu n'es pas encore assez grand, Ron, ce sera pour plus tard. Vas-y Charlie, passe le premier.

Celui qui semblait être l'aîné des cinq garçons se dirigea entre les voies 9 et 10. Harry l'observa attentivement mais un groupe de touristes arriva au même moment et lui boucha la vue. Lorsque le dernier fut passé, le garçon avait disparu. Harry remarqua qu'il manquait un autre des frères, sans doute avait-il suivit le même chemin pendant que sa vue était obstruée.

— Fred, à toi maintenant, ordonna la mère.

— Fred, c'est pas moi, moi c'est George, s'exclama le garçon. Franchement tu crois que c'est digne d'une mère de confondre ses enfants ? Tu ne vois pas que je suis George ?

— Désolé, mon chéri.

— C'était pour rire, répliqua George. En fait, Fred c'est moi.

Il s'avança à son tour vers la voie tandis que son frère jumeau lui disait de se dépêcher. Il se dépêcha si bien qu'un instant plus tard, il avait disparu sans que Harry comprenne comme il s'y était pris. Il se décida alors à accoster la mère.

— Excusez-moi…

— Toi, je parie que c'est la première fois que tu vas à Poudlard, George aussi est nouveau, répondit la femme en montrant son dernier fils équipé d'un chariot.

— C'est… c'est ça, confirma Harry avec hésitation. Je… je ne sais pas comment on fait pour…

— Ne t'inquiète pas, s'empressa la mère. Il suffit de marcher tout droit vers la barrière qui est devant toi, entre les deux tourniquets. Ne t'arrête pas et n'aie pas peur de te cogner, c'est très important. Si tu as le trac, il vaut mieux marcher très vite. Vas-y, passe devant George.

— Euh… oui d'accord… tenta de se recontenancer Harry.

— Au fait maman, moi c'est Fred, l'autre Fred t'as menti. Il est George.

Harry, qui avait fait tourner son chariot, pouffa en entendant le jumeau. Il n'avait pas la moindre idée de comment s'y prendre pour les différencier. Il regarda la barrière entre les voies 9 et 10, elle paraissait très solide.

Il s'avança alors, poussant son chariot et marcha de plus en plus vite, bousculé par les voyageurs qui se hâtaient vers les deux voies.

— Tu crois qu'il va y arriver Maman ? J'ai pas envie de rater mon départ pour Poudlard car on a du emmener à l'hôpital un maboul fonçant dans les murs.

— Fred ! S'horrifia la mère.

Harry qui s'était mis à courir ne pouvait plus ralentir, aussi ferma-t-il les yeux et attendit le choc. Il n'y en eut pas. Il continua de courir sans rencontrer aucun obstacle et lorsqu'il rouvrit les yeux, il vit une locomotive rouge le long d'un quai où se pressait une foule compacte. Au-dessus de sa tête, une pancarte signalait, « Poudlard Express - 11 heures. »

En regardant derrière lui, Harry vit une grande arche en fer forgé à la place de la barrière et des tourniquets. Un panneau indiquait : « Voie 9 3/4 ». Il avait réussi à trouver le train.

De la fumée s'échappait de la locomotive et se répandait au-dessus de la foule, des chats de toutes les couleurs se glissaient çà et là entre les jambes des passagers et la rumeur des conversations était ponctuée par les bruits de valises traînées sur le quai et par les hululements que les hiboux échangeaient d'un air grognon.

Les premiers wagons étaient déjà pleins d'élèves. Certains penchés aux fenêtres, bavardaient avec leurs parents pendant que d'autres se battaient pour une place assise. Harry poussa son chariot le long du quai à la recherche d'un compartiment de libre.

— Nymphadora, change cette couleur de cheveux tout de suite !

— Mais maman ! soupira une adolescente aux cheveux rose fluo. Harry la regarda, médusé, prendre une apparence plus sobre qu'il trouva bien terne.

Il se fraya un chemin jusqu'au dernier wagon où il trouva enfin un compartiment vide. Il posa d'abord la cage d'Hedwige à l'intérieur,puis il essaya de hisser sa valise sur le marchepied mais ne parvint qu'à la laisser tomber sur son pied.

— On peut t'aider ? Demanda l'un des jumeaux roux qu'il avait suivis à travers la barrière.

— Je veux bien, accepta Harry, le souffle court.

— Eh, Maman, tu peux nous donner un coup de baguette ?

La petite femme replète marmonna une formule ressemblant à « Gargouille mange les œufs mimosas » et la valise d'Harry se souleva d'elle-même pour aller se ranger sur le porte bagage que les garçons n'auraient jamais pu atteindre. La mère de famille décida que ses jumeaux occuperaient également le compartiment car leurs valises subirent le même sort. Harry la regarda faire, émerveillé. Une fois l'opération finie, elle se détourna, à la recherche de ses autres enfants et elle sortit un mouchoir de sa poche.

— Ron, dit-elle, tu as quelque chose sur le nez.

Le plus jeune des cinq frères tenta de se dérober mais sa mère l'attrapa par le bras et se mit à lui frotter le bout du nez.

— M'man ! Laisse-moi tranquille ! Cria-t-il en parvenant à se dégager.

— Ma parole, le petit Ron à sa maman à quelque chose sur son nez ? Se moqua l'un des jumeaux.

— Ferme-là ! Répliqua Ron.

— Où est Charlie ? S'interrogea leur mère.

— Il arrive.

L'aîné des garçons apparut, la démarche décidée. A son bras se tenait la jeune femme capable de changer la couleur de ses cheveux. Harry remarqua qu'ils étaient désormais rouges.

— Maman, je te présente Nymphadora...

Harry grimaça en le regardant se prendre un coup de poing dans les côtes. Cela avait dû faire mal.

— Ne m'appelle pas comme ça ! Bonjour, Mme Weasley, je suis heureuse de vous rencontrer.

— Moi aussi, s'excita la mère de famille. Charlie a beaucoup parlé de vous cet été, comment doit-on vous appeler si ce n'est pas votre prénom ?

— Tonks fera l'affaire, sourit la jeune sorcière.

Mme Weasley, maintenant qu'Harry connaissait son nom, se détourna après un signe d'acquiescement pour regarder les jumeaux suspicieusement.

— Vous deux, vous allez être sages ! Lança-t-elle. Si jamais je reçois le moindre hibou…

— Mais Maman, on a toujours été sages !

— Comme des photos moldues.

— Et ramenez-moi de bonnes notes aussi ! Faites en sorte d'aller dans la même maison, n'oubliez pas de vous brosser les dents tous les soirs…

Un sifflet retentit et la foule réunis au bord du train s'agita, il était onze heures du matin.

— Dépêchez-vous, dit Mme Weasley à ses enfants.

Les trois garçons montèrent dans le wagon, Charlie s'était éloigné en compagnie de Nymphadora. En voyant partir ses frères, Ron eut un sourire et tira la langue à George.

— Fais attention à toi petit Ronnie, n'oublie pas qu'on rentre dans trois mois !

— Bisous M'man, ajouta Fred. On t'enverra des hiboux !

— J'espère bien, et pas de bêtises !

Le train s'ébranla. Harry vit la mère des garçons faire de grands signes de la main tandis que le petit frère, pleurant et riant joyeusement, faisait des doigts d'honneur à l'égard des jumeaux. Lorsque le train prit de la vitesse, Harry regarda la femme et le garçon devenir de plus en plus petits, puis disparaître. Les maisons qui bordaient la voie défilaient devant la fenêtre du compartiment. Harry éprouvait un sentiment d'excitation : il ne savait pas ce qui l'attendait, mais c'était certainement mieux que ce qu'il laissait derrière lui.

La porte du compartiment s'ouvrit et les jumeaux entrèrent.

— On s'installe, ça te dérange pas ? Demanda celui qu'Harry identifia comme George, il avait une mèche de cheveux qui partait légèrement sur la gauche.

Harry accepta d'un signe de tête et ils prirent place. Ils se jetèrent quelques coups d'œil puis Harry se tourna vers la fenêtre d'un air indifférent. Le train avait quitté Londres depuis quelques minutes et il traversait désormais la campagne qui s'étendait dans une succession de champ entrecoupés par des haies plus ou moins bien entretenus. C'était la première fois de sa vie qu'Harry prenait le train, de mémoire il n'avait jamais quitté le quartier de Privet Drive avant de se rendre à Londres avec Hagrid. Ils passèrent près d'une route et le soleil se refléta sur le pare-brise d'une automobile, l'éblouissant légèrement. Il se frotta légèrement les yeux après avoir enlevé ses lunettes, ce qui dévoila sa cicatrice à ses deux futurs camarades de classes qui échangeaient des messes basses depuis le début du voyage. Harry connaissait suffisamment le cancre et les mauvais élèves pour savoir quand ils préparaient quelque chose d'illicite et il n'avait aucune envie de se joindre à eux.

— Qu'est-ce que c'est que ça ? Demanda soudainement l'un des frères jumeaux en montrant sa cicatrice en forme d'éclair.

— Ça alors ! S'exclama l'autre frère. Ce ne serait pas...

— Si, c'est sûrement lui, confirma le premier jumeau. « C'est bien ça ? Ajouta-t-il à l'adresse de Harry.

Harry cligna des yeux, surpris par le manège de ces deux frères.

— Quoi ? Demanda-t-il avec beaucoup de distinction.

— Harry potter, dirent en choeur les deux frères.

— Oui, oui, c'est lui, acquiesça Harry. Enfin, je veux dire… c'est moi.

Les Weasley se regardèrent bouche bée et Harry se sentit rougir. Fred regarda George, George regarda Fred, puis tous les deux regardèrent Harry, avant de se consulter à nouveau de regard, hochèrent la tête de façon experte, reportèrent leur attention sur Harry, ouvrirent la bouche, puis la refermèrent et échangèrent une oeillade. Finalement, Fred prit son courage à deux main et demanda de façon hésitante :

— Tu te souviens de la tête qu'avait Tu-Sais-Qui ?

— Non, s'étonna Harry, il ne s'était pas attendu à ce genre de question.

Fred hocha la tête avec sagacité, lançant un regard expert à son frère qui posa à son tour une question :

— Elle te fait mal parfois ? Interrogea-t-il, et sans laisser le temps à Harry de répondre, il le bombarda de différentes demandes. Tu sais faire des tours de magies ? Tu es puissant ? C'est vrai que tu as déjà tué un dragon comme dans le livre « Harry Potter et le vol des Dragons de Minuits ? »

— Il parait que tu as disparu car tu menais une quête pour vaincre un autre Seigneur des Ténèbres qui avaient attaché son âme à un anneau magique… C'est vrai ? Demanda Fred pour ne pas laisser à son frère le loisir de s'accaparer Harry Potter.

Harry resta interdit devant tant d'interrogations, il se sentait écrasé par la verve des jumeaux qui ne semblait plus tarir, à tel point qu'il n'entendait plus leurs questions. Les deux garçons s'étaient lancés dans un sulfureux débat où il était question de lutte ultime contre les forces du mal, d'un grand lion et d'une sorcière de glace qui pouvait geler les hommes d'un coup de baguette magique. A un moment, Fred lui demanda même si c'était lui qui avait vaincu Grindelwald et non Dumbledore, comme tout le monde l'affirmait.

— Et donc, se calma soudainement George en pointant sa cicatrice du doigt. C'est là que Tu-Sais-Qui a lancé son sort ?

— Oui, répondit Harry. Mais je ne m'en souviens pas.

— Vraiment pas ? Demanda avidement Fred.

— Je me souviens d'une lumière verte éblouissante, c'est tout.

Ils fixèrent Harry pendant quelques instants, puis comme s'ils s'étaient soudain rendu compte de ce qu'ils faisaient, ils regardèrent ailleurs. C'est finalement Fred, légèrement plus affirmé que son jumeau, qui reprit la parole :

— C'est le sortilège de la mort, il émet un rayon vert qu'aucun bouclier de magie ne peut arrêter… Sa formule est Avada Kedavra, c'est Charlie qui me l'a raconté.

— Merci, répondit Harry, conscient que le garçon lui avait donné l'explication car il avait compris qu'il ne savait pas de quoi il s'agissait réellement. Est-ce que vous êtes tous sorcier dans votre famille ?

— Non, s'immisça George avec bonne humeur, ravi que le sujet de conversation change. Maman a un cousin qui est comptable, on ne parle pas souvent de lui à la maison, mais papa l'aime beaucoup.

— Notre père travaille au ministère, expliqua Fred. Il est passionné par tout ce qui touche au monde moldu alors il rend souvent visite à Oncle Prewet. Il est même devenu spécialisé dans tous les incidents qui dévoilent la magie aux Moldus, il lutte contre les imbéciles qui lancent toutes sortes de sortilèges aux objets afin d'éviter qu'ils ne s'en prennent aux Moldus.

— Ça a l'air bien… Murmura Harry, qui préférait clairement ce métier à celui de caissier que les Dursley lui promettaient depuis qu'il était en âge d'aller à l'école.

Les Weasley étaient certainement une vieille famille de sorciers, Harry aurait tant aimé grandir dans cet environnement fantastique ou l'on pouvait tout faire avec une baguette ! Finies les longues tâches ménagère, finie la corvée de pelouse…

— J'ai entendu dire que tu avais vécu dans une famille de Moldus. Ils sont comment, ces gens-là ?

— Horriblement normaux, répondit Harry. Enfin, pas tous. En tout cas, ma tante, mon oncle et mon cousin le sont. J'aurais bien voulu avoir trois frères sorciers…

— A part nous, il y a quatre frères, corrigea Fred. Et on a aussi une sœur, mais Maman a préféré la laisser chez Mr Lovegood qui a une fille du même âge plutôt que de l'emmener à Londres. On est les quatrièmes à aller à Poudlard…

— En premier il y a eu Bill, notre frère aîné c'est notre préféré, ensuite Charlie que tu as peut être vu tout à l'heure, puis Percy. Dans deux ans il y aura Ron, et ensuite Ginny un an après lui. Bill était préfet-en-chef et Charlie est capitaine de l'équipe de Quidditch de Gryffondor.

— C'est quoi un préfet ? Demanda Harry.

— C'est un élève chargé de maintenir la discipline, répondit Fred. Une sorte de pion… Tu ne savais pas ça ?

— Je ne suis pas beaucoup sorti de chez moi, confessa Harry en guise d'excuse.

— Tu as tout à apprendre du coup ? Demanda George, les yeux exorbités.

Harry opina d'un léger signe de tête, les deux garçons avaient l'air sympathiques, quoiqu'un peu turbulents, et il ne savait pas si c'était une bonne idée de trop les exciter. Tout à l'heure, quand ils avaient découvert qu'il était Harry Potter, ils avaient été instoppables pendant quelques instants, et il ne désirait pas retenter l'expérience immédiatement. Le garçon était après tout d'un naturel calme et pondéré, et les frères Weasley se trouvaient aux antipodes de ce comportement.

— Jusqu'à ce que Hagrid me l'annonce, je ne savais pas que j'étais un sorcier, je ne savais même rien de mes parents ni de Voldemort.

Les deux frères laissèrent échapper une exclamation étouffée, manifestement sonnés d'entendre le garçon prononcer le nom du Mage Noir.

— Tu as prononcé le nom de Tu-Sais-Qui ! S'exclama Fred d'un air à la fois choqué et admiratif. Je pensais que tu serais le dernier à…

— Ce n'est pas pour faire le malin, s'excusa Harry. « Simplement, je ne me suis pas encore habitué à ne pas dire son nom. J'ai beaucoup de chose à apprendre… Je suis sûr que je serais le plus mauvais élève de ma classe.

— Oh non, le rassura George. Il y a plein d'élèves qui ont vécu dans des familles de Moldus et ils apprennent très vite. De plus il est interdit d'avoir une baguette magique avant onze ans, donc ça ne fait que depuis nos anniversaires que l'on a le droit d'en avoir, ou dans le courant de l'été précédent Poudlard. D'ailleurs ce sera le seul été ou l'on sera autorisé à faire de la magie hors du château, je pense que c'est pour habituer les élèves à avoir la baguette toujours sur eux avant de se rendre à l'école, afin d'éviter qu'on ne l'oublie pour aller en cours.

— C'est ça, confirma Fred d'un ton expert. Bien que, je n'ai jamais vu un sorcier oublier sa baguette… A part grand-père, mais il oublierait son âme si elle n'était pas attaché à son corps.

Le train passa devant une grande ferme, pendant un long moment Harry resta silencieux en contemplant les vaches et les moutons qui paissaient dans les prés, le long de la voie. Il avait appris les animaux de la ferme à l'école, mais il n'en avait jamais vu en vrai, tout était nouveau pour lui depuis le départ du train et il voulait tout voir, tout comprendre.

Vers midi et demie, ils entendirent un chariot tintinnabuler dans le couloir du wagon et une jeune femme souriante fit glisser la porte du compartiment.

— Vous désirez quelque chose, les enfants ? Demanda-t-elle en montrant les marchandises disposées sur le chariot.

Harry, qui n'avait pas pris de petit déjeuner, se leva d'un bond. Les deux frères se regardèrent en ricanant et l'un d'entre eux sortis une noise avec un éclat de victoire dans les yeux. Pour la première fois de sa vie, Harry avait les poches pleines d'argent et il était décidé à s'en servir pour s'acheter autant de barres de chocolat qu'il lui plairait. Mais en examinant les friandises que vendait la jeune femme, il s'aperçut qu'elles lui étaient totalement inconnues. Jamais il n'avait entendu parler des Dragées surprises de Bertie Crochue, des Ballongommes de Bullard, des Chocogrenouilles, des Patacitrouilles, des Fondants du Chaudron ou des Baguettes magiques à la réglisse. Comme il ne voulait rien manquer, il acheta un peu de tout et donna à la jeune femme les onze Mormilles et les sept Noises qu'elle lui demanda.

Pendant ce temps, Fred et George s'étaient lancés sur un débat à propos de la saveur des Chocogrenouilles par rapport à celle des Fondants du Chaudron, manifestement ils aimaient tous deux le chocolat. Fred était pourtant partisan des Fondants et George des Chocogrenouilles, arguant qu'il y en aurait plus pour le même prix. Les deux sorciers venaient d'une ancienne famille, de ce qu'en avait déduit Harry, mais en regardant leurs vêtement il remarqua qu'ils étaient soit trop long, soit trop courts et légèrement rafistolés. Ils ne devaient pas avoir beaucoup d'argent et avoir une piécette devait être rare pour eux, vu la façon dont Fred la tenait.

Ils écarquillèrent grand les yeux quand ils virent les acquisitions qu'Harry venait d'étaler sur la banquette.

— Tu dois avoir faim, constata Fred.

— Je suis affamé, répondit Harry en mordant avidement dans une Patacitrouille.

La friandise ressemblait à s'y méprendre aux pâtes de fruit que Pétunia mettait sur la table à Noël, à ceci près qu'elle ne salissait pas autant les doigts et qu'elle était d'un orange bien vif.

Fred et George se décidèrent finalement pour les Chocogrenouilles, après tout, ils étaient un âge dans lequel la quantité primait sur la qualité.

— Ce ne sont pas des vrais grenouilles, j'espère ?

— Non, elles sont enchantées pour faire un seul saut, après elles resteen immobiles, expliqua George. Ce qui est intéressant, c'est les cartes à collectionner, Ron en est complètement fan, donc généralement on lui garde. Je sais qu'il lui manque Agrippa, ça fait des mois qu'il essaye de la trouver, mais vu que l'on ne mange pas souvent des Chocogrenouilles, ça prend du temps. Une fois que l'on réunit la collection, on a le droit à une Chocogrenouille géante…

— C'est vrai ? S'étonna Harry.

— Non, ricanna Fred.

Les deux frères éclatèrent de rire devant la crédulité d'Harry et commencèrent à dévorer leurs friandises, expliquant ce qu'il avait acheté à Harry et quelques petites choses sur la façon de produire les bonbons dans le monde sorcier. Les magiciens n'avaient pas besoin de grandes usines de productions, la magie se chargeant de quasiment tout le processus, il n'y avait que peu de main d'œuvre nécessaire, et seuls quelques rares sorciers commercialisaient donc des sucreries.

Harry ouvrit un paquet de Chocogrenouilles et trouva la carte. Elle montrait la photo d'un homme avec des lunettes en demi-lune, un long nez aquilin, une chevelure argentée, une barbe et une moustache. Sous le portrait était écrit le nom du personnage : Albus Dumbledore.

— C'est lui, Dumbledore ? S'exclama Harry.

— Oui, c'est notre directeur, lis la carte tu en apprendras plus, lui conseilla Fred.

Harry la retourna et le petit bout de carton et lut :

« Albus Dumbledore, actuel directeur du collège de Poudlard.

Considéré par beaucoup comme le plus grand sorcier des temps modernes, Dumbledore s'est notamment rendu célèbre en écrasant en 1945 le mage Grindelwald, de sinistre mémoire. Il travailla en étroite collaboration avec l'alchimiste Nicolas Flamel et on lui doit la découverte des propriétés du sang de dragon. Les passe-temps préférés du professeur Dumbledore sont le bowling et la musique de chambre. »

Harry regarda à nouveau la photo et fut stupéfait de constater que Dumbledore avait disparu.

— Il est parti ! S'écria-t-il.

— Oui, les photos sorcières bougent contrairement aux photos Moldus, d'où l'expression « être sage comme une photo Moldue ». Les photos, les tableaux et les peintures peuvent voyager entre elles, plus le photographe et le peintre sont douées, plus l'image est vivace et le sortilège d'animation tient longtemps. De plus, si le sorcier connait bien la personne représentée, il peut lui transmettre sa véritable personnalité.

Harry vit alors Dumbledore reprendre sa place sur la photo et lui adresser un petit sourire. Les jumeaux massacraient leur paquet de Chocogrenouilles à une telle vitesse qu'Harry se demanda s'ils n'allaient pas tomber malade avant la fin du déjeuner, surtout qu'ils avaient sortis de leur valise des sandwichs plutôt épais. Harry trouva les cartes de Morgane, Woodcroft, Alberic Grunnion, de Circé, de Paracelse et de Merlin. Il s'arracha finalement à la contemplation de la druidesse Cliodna qui se grattait le nez pour ouvrir un sachet de Dragées surprises de Bertie Crochue. Fred et George le regardèrent faire en souriant et éclatèrent de rire quand il recracha le premier bonbon qu'il avait mis en bouche.

— On peut se servir ? Demanda George. On peut avoir de sacré surprise en mangeant ces truc-là. Il y a toutes sortes de parfums, si tu as de la chance tu peux avoir chocolat, menthe ou orange, mais parfois on tombe sur épinards, foie ou tripes. Une fois je suis tombé sur sang de gobelin.

Il fit une grimace de dégoût et regarda son frère avec impatience, celui-ci était en train d'examiner une dragée à la couleur orange peu avenante. George n'était pourtant pas du genre à se laisser impressionner par une mauvaise expérience et replongea sa main dans le paquet dont il sortit une poignée de bonbons qu'il enfourna d'un coup.

— Le goût du risque, marmonna-t-il en prenant une teinte verdâtre.

Harry l'imita, le jeu ayant l'air drôle, et il regretta amèrement son geste quand la saveur de l'oignon se mélangea à celle du vomi dans sa bouche, le tout recouvert par une douce odeur de fraise écoeurante dans cette situation. Fred n'avait toujours pas osé ingérer sa pilule et les regardait avec appréhension.

— Ce paquet me semble étrangement malsain, constata-t-il.

Puis il haussa les épaules et mis sa dragée en bouche, il mâcha deux fois puis leur tira la langue.

— Melon.

Pendant un bon moment, ils s'amusèrent à manger les Dragées surprises. Harry tomba sur d'autres parfums divers, toast grillé, noix de coco, haricot blanc, curry, gazon, café, sardine. Il eut même le courage d'en goûter une qui avait une étrange couleur grise et qu'aucun des deux autres sorciers n'avaient voulu toucher, manifestement, ils la connaissaient. C'était une dragée au poivre.

Après avoir traversé des paysages de campagne aux champs bien dessinés, le train abordait à présent une région plus sauvage, avec des forêts et des rivières qui serpentaient à travers les arbres. Les jumeaux partagèrent leurs sandwich et leurs bouteilles d'eau avec Harry, qui leur donna en échange des friandises, et ils se mirent à jouer aux échecs sorciers, Harry découvrant alors que l'échiquier bougeait par lui-même et n'obéissait jamais aux ordres.

Au bout d'un moment, ils abordèrent la question des maisons à Poudlard, la position des jumeaux sur le sujet était tranchée depuis longtemps :

— Nous on ira à Gryffondor, comme le reste de notre famille.

— Vous pourriez m'en dire plus sur les maisons de Poudlard ? Leur demanda Harry.

— L'école est divisée en quatre maisons, répondit Fred. Les élèves sont répartis dans chacune selon leur personnalité. Il y a les Gryffondors, les Serdaigles, les Serpentards et les Poufsouffles.

— Gryffondor est la maison du courage, continua George. Serdaigle celle de l'intelligence, Serpentard de la ruse et Poufsouffle de la loyauté… Cependant, ce n'est pas parce que l'on est réparti à Poufsouffle que l'on ne peut pas être rusé ou intelligent, ni parce que l'on est envoyé à Gryffondor que l'on ne peut pas être loyal et malin. Certains disent que les sorciers tournent mal en allant à Serpentard car c'était la maison de Tu-Sais-Qui et de ses Mangemorts, mais je pense que si quelqu'un doit tourner mal, c'est du fait de sa personnalité et de son entourage, non pas de sa maison.

— Yep, on a raconté tellement d'horreurs sur Tu-Sais-Qui, qu'il est sûr qu'il les aurait commises même s'il avait été réparti ailleurs.

Harry accepta l'explication d'un hochement de tête. L'ambiance dans le compartiment avait changée pendant la conversation sur les maisons, et tous se reposaient désormais sur leurs sièges, la lumière baissait peu à peu, et ils ne tarderaient pas à arriver. Un préfet passa d'ailleurs dans le wagon pour avertir tous les étudiants présents qu'ils devaient revêtir leurs uniformes de Poudlard avant l'arrêt du train.

Ils les enfilèrent sans attendre. Ceux des jumeaux étaient dépareillés, ils lui expliquèrent que c'était les anciennes robes de Percy et de Charlie. Charlie avait toujours été grand pour son âge aussi leur mère avait dû acheter des nouvelles robes pour Percy. C'était une bénédiction de l'avis de Fred car leur frère était un maniaque de l'hygiène et ses affaires étaient toujours dans un parfait état, on les aurait presque cru neuves.

Une voix retentit alors dans le train :

— Nous arriverons à Poudlard dans cinq minutes. Veuillez laisser vos bagages dans les compartiments, ils seront acheminés séparément dans les locaux scolaires.

Harry sentit son estomac se contracter et les deux frères commencèrent à sautiller partout. Après avoir rempli leurs poches des dernières friandises qui restaient, ils rejoignirent la foule des élèves qui se pressaient dans le couloir. Lorsque le train s'arrêta enfin, tout le monde se précipita vers la sortit et descendit sur un quai minuscule plongé dans la pénombre. L'air frais de la nuit fit frissonner Harry. Une lampe se balança alors au-dessus de leur tête et Harry entendit une voix familière :

— Les premières années, par ici. Suivez-moi. Ça va, Harry ?

La grosse tête hirsute de Hagrid, le regard rayonnant, dominait la foule d'élèves.

— Les premières années sont tous là ? Allez, suivez-moi. Et faites attention où vous mettez les pieds. En route !

Glissant et trébuchant, la file des élèves suivit Hagrid le long d'un chemin étroit et escarpé qui s'enfonçait dans l'obscurité. Fred marmonna un « lumos » à côté de lui et sa baguette s'éclaira, offrant un havre de lumière aux élèves alentours qui le remercièrent chaudement. George essaya de faire pareil, mais la bille de lumière se jeta à son visage et il ne réessaya pas l'expérience, se contentant de suivre son jumeau. Harry pensa qu'ils devaient se trouver au cœur d'une épaisse forêt et personne ne parla.

— Vous allez bientôt apercevoir Poudlard, dit Hagrid en se retournant vers eux. Après le prochain tournant.

Il y eut alors un grand « Oooooh ! ».

L'étroit chemin avait soudain débouché sur la rive d'un grand lac noir. De l'autre côté du lac, perché au sommet d'une montagne, un immense château hérissé de tours pointues étincelait de toutes ses fenêtres dans le ciel étoilé.

— Pas plus de quatre par barque, lança Hagrid en montrant une flotte de petits canots alignés le long de la rive.

Harry et les jumeaux partagèrent leur barque avec un inconnu aux cheveux bruns qui ne tarda pas à se présenter.

— Cédric Diggory, pour vous servir.

— Moi c'est Fred, se présenta George. Lui c'est George, désigna-t-il en montrant Fred. Et notre vénérable invité qui regarde le château et nous ignore superbement, n'est autre qu'Harry Potter.

Le jeune garçon sursauta et se redressa avec un couinement surpris, il avait juste oublié qu'il se trouvait sur une barque, et son pas en arrière la fit chavirer. Harry se retrouva dans l'eau glacée sans comprendre ce qui lui était arrivé et commença à paniquer, il ne savait pas nager. La peur l'étreignit quand une immense tentacule vint se saisir de lui, croyant que son heure était venue et qu'il allait se faire manger par un horrible monstre sous-marin, il ne remarqua pas que la créature avait remis la barque à l'endroit et déposé les trois autres garçons à l'intérieur.

Hagrid éclata d'un rire tonitruant en remarquant leurs visages effrayés.

— C'était le Calamar de Dumbledore, il est gentil n'ayez pas peur. Faites attention tout de même, il ne sera pas toujours là. Bon, tout le monde est casé ? Cria-t-il alors qu'il montait sur une barque plus grosse que les autres. Alors, en avant !

D'un même mouvement, les barques glissèrent sur l'eau du lac dont la surface était aussi lisse que du verre. Tout le monde restait silencieux, les yeux fixées sur la haute silhouette du château, dressé au sommet d'une falaise. La seule chose qui perturbait le silence était le claquement des dents des quatre garçons frigorifiés.

— Chouette expérience, murmura le dénommé Cédric… Quand je vais dire ça à mon père il ne pas me croire.

— Baissez la tête, dit Hagrid lorsqu'ils atteignirent la paroi abrupte.

Tout le monde s'exécuta tandis que les barques franchissaient un rideau de lierre qui cachait une large ouverture taillée dans le roc. Les bateaux les emportèrent le long d'un tunnel sombre qui semblait les mener sous le château. Ils arrivèrent alors dans une sorte de crique souterraine et débarquèrent sur le sol rocheux.

Guidés par la lampe de Hagrid, ils grimpèrent le long d'un passage creusé dans la montagne et arrivèrent enfin sur une vaste pelouse qui s'étendait à l'ombre du château. Ils montèrent une volée de marches et se pressèrent devant l'immense porte d'entrée en chêne massif.

— Tout le monde est là ? Demanda Hagrid. Vous avez pas trop froid vous trois ? Dès qu'on rentrera je demanderais au professeur Mcgonagall de vous sécher.

Puis le géant leva son énorme poing et frappa trois fois à la porte du château.


Voilà, voilà... Ceci est une nouvelle histoire, je suis en vacance et je m'ennui.

Remercions NVJM pour la correction, il arrête pas de me dire des horreurs sur mon orthographe, et moi je lui réponds des horreurs sur ses goûts en matière de mises en page.

Je n'ai pas grand chose d'autres à signaler, j'ai un chapitre d'Orgueil intitulé "Enterrement" qui est en attente de correction, de même pour Destin Croisé, ne soyez pas pressé, la correctrice est en partiel.

Vous êtes les bienvenus pour les reviews, tout commentaire/délire sur les jumeaux est bon à prendre.

J'ai oublié mon pseudo actuel.