Hum, hum...

Pour me faire pardonner de la looongue attente, j'ai décidé de vous donner quelques réponses... Enjoy !


Chapitre neuf


7 septembre 1942, 10h43, cachots de Poudlard, pendant le cours de potions des cinquièmes années de Serpentards et Griffondor.

« Merlin Tom, stop ! Pour l'amour de Morgane ! »

Le cri strident, inhabituel, du professeur Slughorn fait lever les yeux à toute la salle, surtout à cause du ton sur lequel il vient d'interpeller son élève favori. Celui-ci s'interrompt et se force à sortir de ses pensées. Le Serpentard a passé la matinée à disséquer sa rencontre avec Flamel, en essayant d'épingler les faits objectifs du nuage de fureur qui les entourait.

Il entend les mots goguenards du brun, encore et encore, revoit les lèvres rouges qui les articulent. Il se souvient de l'odeur de souffre qui avait empli la pièce dans un craquement sec, alors que lui-même se penchait en avant et sifflait, comme une balle qui part :

« Explique.

Flamel a l'air décontenancé, comme étonné que le préfet ne sache pas de quoi il parle. Le feu dans l'âtre craque et ses flammes noircissent alors que Thomas se raidit davantage. Mais Harrison, au lieu de faire marche arrière et de s'expliquer, se penche à son tour, et attise le brasier :

- Oh… tu ne ssssssais pas ?

La voix ronronnante et la lueur folle dans les yeux du nouvel élève sont tout ce qui permet à Thomas de se retenir et de ne pas lui tordre le cou. Un Fourchelangue.

- Je te torturerais dans la Chambre des Ssssecrets jussssqu'à la folie sssssi tu refuses de parler dans la minute qui sssssuit.

Les flammes grandissent, la température de la salle commune monte, et les ombres se mettent à danser follement, de plus en plus sombres. En y repensant à présent, Thomas ne sait que faire de cette perte de contrôle de sa propre magie. Cela ne lui ressemble pas. Mais il y a quelque chose chez Harrison Flamel… Et brusquement le jeune Serpentard en est certain, il n'y avait pas que sa magie à l'oeuvre la-dedans. Intéressant.

La bourrasque de cendres qui avait ensuite balayé la pièce et glacé l'atmosphère n'était pas de lui. Il la sent encore dans ses os, même s'il a nettoyé ses vêtements de la moindre trace de poussière depuis. Les traits sales et couverts de charbon d'Harrison s'imposent à lui, les angles de son visage presque saillants et blafards comparés à ses yeux.

Mais brusquement, son adversaire avait chancelé, ses joues avait retrouvé un rouge presque fiévreux, et, en se passant une main sur le visage, le septième année s'était reculé en arrière. Se calant dans son fauteuil, il reprend avec un sourire d'excuse un peu malicieux :

- Excuse-moi, ce n'était pas très correct de ma part.

Il a un geste vague, et continue :

- Je suppose que je devrais t'annoncer que nous sommes cousins ?

Thomas le dévisage avec tout le mépris dont il est capable, afin de bien lui faire sentir que cette information ne le dissuadera absolument pas d'utiliser un endoloris. Harrison le regarde avec indulgence, pas le moins du monde effrayé pas sa promesse douloureuse.

- Oh, ne t'inquiète pas, je ne suis pas un autre héritier de Serpentard.

Il hausse les épaules.

- Pour faire court, nous avons un ancêtre commun, dont un des descendants était le grand Salazar lui-même, et celui-ci est à l'origine de la ligné des Gaunt, qui depuis produit un Fourchelangue à chaque génération, le fameux héritier. Comme je sais que ce n'est pas moi et que tu es Fourchelangue, il y a de grandes chances que ce soit toi. D'ailleurs, ils sont connus pour être tous fous", ajoute-t-il avec entrain. "Quoique à ma connaissance, aucun d'eux n'aient jamais trouvé la Chambre des secrets…

Flamel lui lance un regard perçant, presque gourmand, comme pour voir au travers de sa peau comment il a réussit cet exploit. Thomas le dévisage à son tour, puis sourit :

- Je te la montrerais si tu veux.

- Vraiment ?!

Tom savoure sa surprise. L'autre ne s'y attendait pas, mais maintenant que la proposition est lancée, il voit la curiosité planter ses griffes dans son cerveau, et commencer à le dévorer. Il attend encore quelques secondes avant d'ajouter, carnassier :

- Mais je veux un serment inviolable en échange. Jure moi que tu ne descends pas de Salazar Serpentard.

Harrison se fige. Un sourire éclaire son visage.

- Bien joué."

Thomas agrippe sa baguette, se demandant si c'est maintenant que tout va exploser. Mais l'autre se contente de relever sa manche, révélant les veines violettes qui serpentent le long de son avant bras, et lui tend la main.

Ce n'est que quelques minutes plus tard, alors qu'Harrison s'est envolé, que Thomas se souvient qu'il ne lui a pas demandé comment lui parlait Fourchelangue, dans ce cas. Rangeant ses livres d'un coup de baguette, il se précipite hors de la salle commune à la poursuite de l'insupportable vermisseau, qu'il ne rattrape qu'au moment où il se glisse dans le parc. Des élèves dans le hall le regardent, étonnés. Il s'engouffre dans la Grande salle et marche vers son petit-déjeuner. Il ne s'occupera pas de ce désastre ambulant avant une seconde tasse de thé.


De retour au présent, Thomas se retient de grincer des dents, et suspend son geste alors qu'il allait ajouter le prochain ingrédient à sa potion. Il lève les yeux vers son professeur, qui le regarde d'un air à la fois paniqué et abasourdi.

"Oui professeur Slughorn ?

Celui-ci cligne des yeux sottement, et lui montre la cuillère de poudre qu'il tient à la main, presque hésitant.

- Enfin, Jedusor, une telle erreur, ça ne vous ressemble pas… C'est du cyprès que vous tenez à la main, une seule pincée, et vous nous faisiez de la Mort-en-Brume…

Oh. Effectivement, Thomas tient de la poudre de cyprès entre ses doigts, au lieu du pommier écrasé nécessaire à la potion énergisante au programme du jour. La réaction chimique les aurait vraisemblablement tous tués.

Il prend son air le plus confondu.

- Navré, professeur, cela ne se reproduira pas. Un simple lapsus, cela arrive à tous le monde."

Slughorn ne sait que répondre à cela.


Nicolas dort, mais pourtant, il rêve la scène avec une lucidité parfaite. La malédiction du génie, sa mémoire est parfois sa pire ennemie. Le salon dans lequel il se trouve, il le reconnaît jusque dans les moindres détails : le centre de Vienne, 1927. Sur le canapé bleu ciel en face de lui, il aperçoit James, présence solide mais distante, à l'arrière plan du songe. Il note distraitement que son beau frère tient sa baguette d'une main attachée à un bras qu'il n'a plus, comme c'est étrange… James lui dit qu'ils ont quelque chose à lui annoncer, et il sait que cela va être une mauvaise nouvelle. Mais non, ce n'est pas sur lui que son attention se focalise, c'est sur les deux enfants à ses côtés. Il se rend compte que son subconscient mélange les époques. Sa grande sœur Lily a retrouvé le visage de ses seize ans. Elle devrait être invincible mais elle pleure. Nicolas ne parvient pas à comprendre, quelque chose lui manque.

Instinctivement, il sait que le bambin à coté d'elle a la réponse. D'un instant à l'autre, Harry n'a plus seulement quelques années mais seize à son tour, et c'est l'adolescent lui-même qui lui assène tranquillement les bribes de description médicale qu'a prononcé un médecin s'occupant de son cas quand il avait trois ans : anomalie de la substance magique, partiellement dissociative, et donc non compatible avec le reste de l'organisme et des capacités de l'individu… croissance parallèle de la source de magie dissociative, au comportement semblable à celui dune cellule cancéreuse… tumeur magique dans l'essence même de l'individu, isolée et identifiée au niveau psychologique comme une « Chose » étrangère, mais en réalité intrinsèquement et organiquement partie de l'organisme du sorcier… dégénération… conflit interne. Faille, distorsion, propagation. Incurable.

Au terme incurable, la multitude de possibilités que Nicolas a lui-même explorées flashe devant ses yeux, toutes des impasses ou des échecs. Pourtant Harry le regarde avec une tendresse exaspérée, le regarde se débattre en vain contre le sort. Nicolas connaît trop bien cette expression, mais Harry ne comprend pas, c'est à lui de le soigner, il doit le sauver. Pourtant, Nicolas se détourne, examinant méticuleusement un coussin qui traîne là, assorti au canapé.

Lorsqu'il reporte ses yeux sur son neveux, Harry est à présent seul sur le sofa, Lily a disparu. Nicolas se souvient qu'elle ne peut plus être là car Grindelwald l'a tuée. Le visage d'Harry change, il a maintenant celui qu'il portait lorsqu'il a toqué à sa porte il y a six mois, émacié, maculé de crasse et de sang. Après huit mois de fuite contre Grindelwald pour traverser deux pays, il était arrivé chez lui avec un porte-au-loin de contrebande pour la Belgique. Nicolas se saisit de l'objet, un livre, l'ouvre et y retrouve les formules alchimiques et les runes qu'il lisait hier soir avant de s'endormir… Il tente de les déchiffrer encore, car la clef de leur salut est sans doute là… Mu par l'urgence, il ouvre les yeux pour attraper sa plume et prendre des notes.

Le réveil est brutal. Son cou lui fait mal, il s'est encore endormi à son bureau. La lumière n'est pas celle à laquelle il est habitué dans son laboratoire. C'est sans doute parce qu'il n'est pas dans celui-ci. Il se souvient brusquement qu'il est à Poudlard, et qu'il est professeur. Le grimoire qu'il étudiait hier soir, ses runes fanées par le temps, est encore ouvert sous sa joue. La traduction moderne qu'il est en train de faire de ses formules est tombée par terre pendant la nuit. Le découragement l'envahit.

Andy choisit ce moment pour entrer, un plateau de petit déjeuner derrière lui. L'elfe commence à le houspiller doucement : son premier cours est dans moins d'une heure. Il lui tend une potion pour le dos en même temps qu'il pose le petit déjeuner sous son nez, et marque les pages des journaux qui peuvent l'intéresser. Le savant sait qu'il collectionne les articles qui parlent d'eux. Un soupir lui échappe en voyant un titre, et il se doute déjà de ce qu'il va lire : entre l'admiration pour ses réussites passées et les moqueries pour sa nouvelle lubie pour l'au-delà, les autres savants ne savent plus quoi penser. Mais ça n'a aucune importance, se répète-t-il. L'essentiel n'a jamais été là.

Il sursaute et est tiré de ses pensées moroses quand on toque.

Mais pas à sa porte.

Il frôle l'arrêt cardiaque en voyant son neveux et une autre élève voleter devant sa fenêtre à dos de Sombral. Le visage d'Andy se plisse de désapprobation.


Voilà voilà ! Avis, opinions, questions, indignations ?