Bonjour à tous !

Cette note d'auteur va être un peu plus longue que mes habituelles. Il y a tellement de choses derrière ce texte que je me dois de vous les expliquer (et pour ceux qui s'en moquent , je vous laisse la passer et commencer votre lecture)

Alors la première chose, la plus importante, la genèse : bravo Sana pour avoir tenu bon et d'avoir terminé ton NaNo ! Voici le cadeau que je t'ai promis pour te garder motivée, j'espère qu'il va te plaire. D'ailleurs j'ai bien gagné le droit de lire ton texte, même si tu ne le publies jamais, privilège de motivatrice en chef !

Ensuite un grand merci à Lou, ma super bêta, pour sa relecture et son aide précieuse sur les passages compliqués. Et merci également pour ta patience et ton travail toujours aussi rapide.

Je m'aventure sur un nouveau fandom avec cette histoire (je ne suis pas très fidèle à ce niveau là), alors soyez indulgent. De même, c'est mon premier AU Sentinelle, pardonnez moi si certaines choses vous font bondir ou vous semblent sortir du canon (ce qui est super drôle étant donné que la moitié de ce qui est considérée comme "canon" n'existe pas dans la série originelle).

Quoi qu'il en soit, quand Sana m'a donné ses types d'AU préférés et que j'y ai vu Soulmate, j'ai tout de suite eu l' idée de cette fic ! L'histoire de Steve et Bucky s'y prête tellement. Certains diraient que ce n'est pas du Soulmate pur …. Peut-être ! Mais mon cerveau à fait le lien immédiatement et j'ai appris il y a bien longtemps à ne pas le contrarier.

D'ailleurs en parlant de monsieur Cerveau, il est rempli d'idées pour continuer à travailler sur cet univers après cette fic. Je ne sais pas quelles formes ils prendront, mais je pense ajouter régulièrement des textes dans le futur.

Et dernièrement, le thème du challenge de ce mois du collectif NoName est ….. vous n'allez jamais me croire … Soulmate ! Donc voilà ma modeste participation

Et pour répondre à la question du mois : Vous préféreriez être dans un monde où vous avez une âme-sœur, ou dans le monde dans lequel on vit et où on doit chercher l'amour soi-même ? Expliquez votre choix.

Je pense que l'amour et faire fonctionner son couple, ca se gagne et ca se mérite. Je n'aime pas tant que cela le concept d'âme soeur, même si c'est ultra romantique. C'est trop facile d'avoir quelqu'un parfait en tout point pour soi, sans compter que cela serait ennuyeux. Je pense que l'on évolue tellement au contact de la personne que l'on aime, en acceptant ses défauts ou en travaillant sur les siens, que cela serait dommage de passer à côté.

Sur ces mots pleins de sagesse (ou pas), je vous laisse profiter !


Quand Steve se réveilla, ce fut sans le trou béant dans sa poitrine qui s'était formé lorsque Bucky était tombé de ce train. Cela lui parut étrange parce que la première fois qu'ils avaient été séparés, il lui avait fallu des semaines avant de pouvoir prendre une profonde inspiration sans avoir l'impression que ses poumons allaient exploser. Un match de baseball était audible à sa droite et il était allongé sur quelque chose qui ne pouvait être qu'un lit. Ce détail était encore plus étrange, étant donné que ses derniers souvenirs étaient la plongée dans l'océan Arctique et l'eau glaciale qui l'avait rapidement englouti. Il devrait être mort. Il avait même voulu l'être, ne se sentant pas le courage de vivre encore une fois le long processus de désintoxication par lequel il était passé quand Bucky était parti au camp d'entraînement de l'armée. D'autant plus que, à la différence de la première fois, les probabilités de revoir son ami pour tenir le choc étaient nulles. Pourquoi s'était-il réveillé ? Il ne voulait pas continuer, il avait cru trouver la paix dans le froid et la glace.

Plutôt que de suivre ces idées morbides, il se concentra sur le jeu à la radio. Il adorait le baseball et lui et Bucky avaient passé des heures à écouter les commentateurs faire leur boulot. Parfois, quand ils arrivaient à grappiller assez d'argent, ils allaient voir un match au stade. Steve payait sa place pendant que Bucky escaladait les barrières et le rejoignait ensuite. Steve avait détesté ne pas pouvoir le suivre, mais son corps de l'époque ne lui aurait jamais permis de faire l'exercice. Et après le sérum, Bucky n'était tout simplement plus là pour le faire. Il avait suivi plusieurs matchs depuis les tribunes officielles, le plus souvent en compagnie du sénateur Brandt, mais il n'avait jamais retrouvé le plaisir d'être sur les bancs inconfortables, au milieu des cris, des bousculades et des odeurs de graillon. Jamais retrouvé le plaisir de partager ces moments avec la personne qui comptait le plus pour lui.

Sentant sa poitrine se serrer douloureusement, il ouvrit doucement les yeux et observa son environnement. Il était dans une chambre inconnue. Le plafond ainsi que les murs étaient blancs et verts, le match était retransmis depuis une petite radio et une fenêtre ouverte laissait entrer une légère brise à travers les rideaux. Il se redressa et continua à regarder autour de lui. Quelque chose n'allait pas, un détail qu'il n'arrivait pas à trouver et qui refusait de laisser son cerveau tranquille. Tout semblait pourtant normal.

Il arrêta son observation quand la porte de la chambre s'ouvrit et qu'une femme pénétra dans la pièce. Elle était grande et brune et portait une tenue d'infirmière. Il devait être dans un hôpital. Ce qui devait expliquer la couleur des murs, encore que rien n'était jamais aussi blanc bien longtemps de part chez lui. Où était-il ? Et plus important, pourquoi avait-il vu le match soit disant retransmis en direct à la radio quelques jours avant son départ pour l'Europe ?

Quand la jeune femme fut incapable de répondre à sa question et que deux hommes en noir et armés entrèrent à leurs tours, il s'élança à travers le mur et se retrouva dans un espèce d'entrepôt où sa pseudo chambre avait été construite. Il esquiva plusieurs gardes et traversa l'espace vide jusqu'à la sortie. À peine avait-il fait quelques foulées qu'il se rendit compte que quelque chose n'allait définitivement pas. Il semblait être à New York, mais les bâtiments étaient beaucoup trop grands et de nombreux écrans étaient installés le long de leurs façades.

Il s'arrêta au milieu de la rue et fit face à l'homme qui s'était planté à quelques mètres de lui. Il était entouré par des voitures et plusieurs personnes en noir étaient en train de maîtriser la foule qui commençait à s'amasser autour d'eux.

L'homme lui adressa la parole. Il portait un très long manteau en cuir noir au dessus d'une tenue de la même couleur. Un cache-œil couvrait son œil gauche et des cicatrices étaient visible autour du tissu. Il dégageait quelque chose de dangereux et le ton qu'il utilisait prouvait qu'il avait l'habitude d'être obéi.

Ce qu'il lui annonça fit trembler les fondations du monde de Steve. Non seulement il n'était pas mort suite à sa folle plongée dans l'Arctique, mais il allait désormais devoir vivre dans un monde où chaque personne qu'il avait connu était morte. Il s'était condamné à un futur où chacun de ses liens s'était rompu. Ne sachant pas quoi faire, il suivit sans broncher l'homme qui le fit entrer dans un des nombreux véhicules et l'emmena vers un lieu plus "sécurisé" pour lui expliquer en détail ce qui s'était passé.

ooOoo

Il s'était passé plusieurs mois depuis son réveil et Steve s'adaptait doucement à ce nouveau monde. Parce qu'à la vue de certains des changements qu'il avait observé, il aurait aussi bien pu se réveiller sur une autre planète. Soixante-dix ans d'évolution technologique (l'homme avait marché sur la lune quoi !), de nouvelles références culturelles et, la partie la plus dure pour Steve, l'émergence d'un individualisme exacerbé. Pendant que le monde évoluait, que la mortalité diminuait, que la faim reculait et que d'une façon générale, la vie devenait plus facile et agréable, les gens s'étaient enfermés sur eux-mêmes. Pratiquement plus personne ne s'intéressait à son voisin, ou n'aidait les gens dans le besoin. Le pire était quand ils faisaient un détour pour rendre la vie des autres plus difficile.

Steve avait toujours détesté les harceleurs et c'était un trait de caractère qui n'avait pas changé. Dans la vie de tous les jours, il restait poli et courtois, essayant d'aider le plus possible les gens qu'il croisait mais son besoin de faire la différence, de faire quelque chose de sa vie l'avait poussé à accepter la proposition de Fury. Plusieurs choses le gênait fortement au SHIELD, mais dans l'ensemble, ils œuvraient à rendre le monde plus sûr pour les plus faibles et il avait donc choisi de mettre ses capacités à leur service.

Il revenait justement d'une des missions que Fury lui avait spécialement assigné. En compagnie de Natasha Romanoff et d'un autre agent, Michael Fields, ils avaient infiltré le repère d'un trafiquant d'arme pour y retrouver des données scientifiques utilisées par Hydra. C'était une des autres grandes "joies" de cette époque : malgré la fin de la guerre et la chute d'Hitler, la division scientifique créée par Schmidt lui avait survécu et continuait à poser des problèmes et à tuer des gens.

Cela faisait plusieurs fois qu'il faisait équipe avec Natasha et elle était une des rares personnes qu'il côtoyait en dehors de son travail. La mission, sans présenter de difficultés particulières, avait été éprouvante. Ils avaient trouvé des dossiers prouvant que des enfants avaient servi de cobaye et l'horreur de ce qu'ils avaient dû endurer avait profondément ébranlé les trois agents.

Ils se préparaient tout juste à sortir de l'appareil qui les avait ramené quand un homme roux d'une vingtaine d'année monta sur la passerelle. Personne ne fit un geste pour l'arrêter et dès qu'il fut à portée de Michael (il avait insisté pour utiliser leurs prénoms dès le premier jour de leur mission), il posa sa main nue sur sa joue. Tout le corps de Michael fut parcourut d'un frisson et la tension, qui l'habitait depuis qu'ils avaient découvert les dossiers, disparut d'un coup. Ses épaules s'affaissèrent, il ferma les yeux et tourna la tête pour profiter un peu plus du contact. Les deux hommes n'échangèrent pas un mot et Steve les observa silencieusement. Le rouquin regardait l'agent Fields avec une tendresse qui serra douloureusement la poitrine du super soldat. Il détourna le regard et continua à rassembler ses affaires pour débarquer.

Quand il entra dans le bâtiment du SHIELD, pour le débriefing post-mission, les deux hommes marchaient devant lui, discutant à voix basse. L'intimité du moment obligea Steve à se concentrer sur les bruits à l'extérieur afin d'empêcher sa super ouïe d'entendre ce qu'ils se disaient. Mais ses yeux n'arrêtaient pas de revenir vers Michael et son compagnon. Il n'y avait rien de réellement affiché à la vue de tous, mais les deux hommes étaient pratiquement constamment en contact : une main frôlant une autre, deux épaules se cognant à chaque pas… parfois les gestes étaient plus visibles, comme quand ils attendirent ensemble l'ascenseur. L'agent Fields posa son front sur celui du rouquin et resta ainsi jusqu'à ce que les portes de l'ascenseur s'ouvrent.

Au moment où Steve allait les suivre dans l'ascenseur, Natasha le retint par le poignet, elle sourit légèrement aux deux hommes qui étaient déjà entrés et leur annonça :

"Nous prenons le prochain, dites à Coulson que nous serons là dans cinq minutes."

Steve se retourna les sourcils levés. Habituellement Natacha le pressait pour commencer (et donc terminer) le débriefing au plus tôt.

"Écoute Rogers, je sais que tu es né au début du siècle dernier et que ce genre de chose n'était pas affiché à l'époque mais de nos jours …"

Steve sentit son visage devenir brûlant, Natasha croyait que c'était le fait que ce soient deux hommes qui le dérangeait. Comme si le sexe de la personne que Fields aimait était important.

"Ha non ! L'homosexualité n'est pas un problème. Cela ne l'a jamais été pour moi, même à l'époque."

Et c'était vrai, ce qui avait attiré son attention, ce n'était absolument pas le fait que ce soient deux hommes, mais l'intimité qui se dégageait de leur relation. Cela lui rappelait tellement sa propre histoire avec Bucky, même si elle était toujours restée entièrement platonique. Natasha le tira de ses pensées.

"Et encore heureux ! Captain America ou pas, je t'aurai botté les fesses au moindre sous-entendu homophobe. Mais je ne parlais pas de cela. L'agent Fields et Bastien ne sont pas ensemble, ils sont guide et sentinelle."

Natasha sourit à la mine confuse de Steve.

"Je ne vais pas entrer dans les détails, je ne suis pas une professionnelle du sujet, mais au court les années soixante-dix, le Shield a découvert que certains humains avaient des capacités sensorielles hors du commun. Ils peuvent entendre et voir de beaucoup plus loin que tout le monde, leur odorat est également surdéveloppé ainsi que leur sens du toucher. Ce sont les sentinelles. La contrepartie de ces capacités est qu'il leur est difficile de rester centré sur eux-même et parfois leurs sens les submergent. Les guides sont là pour les aider à combattre cet effet. Fields est un sentinelle et Bastien est son guide, ils sont liés, ce qui leur permet d'avoir un lien empathique l'un avec l'autre, beaucoup plus puissant qu'entre un sentinelle et un guide quelconque. Bastien a dû sentir que la mission avait secoué Michael et il venu dès que possible pour l'aider à se calmer."

Steve assimila cette nouvelle information comme il l'avait fait avec toutes celles qu'il avait eu depuis son réveil : il la remisa dans un coin de son cerveau pour y réfléchir plus tard. Mais le petit speech de Natasha avait eu un écho particulier. Et pendant qu'il montait à son tour dans l'ascenseur, il ne put s'empêcher de penser à Bucky.

ooOoo

Il était plus de onze heures du soir quand Steve ouvrit enfin la porte de son appartement. Le débriefing avait été plus long que prévu du fait qu'aucun des agents présents n'avaient voulu partir sans être certain que les responsables des expériences seraient tous recherchés et punis pour leurs crimes. Comme souvent depuis son réveil, il se demanda si ce qu'il faisait avait du sens. Pour chaque vilain qu'il arrêtait, deux nouveaux apparaissaient.

Il enleva ses chaussures dans l'entrée, ainsi que son manteau et les rangea à leurs places respectives. Ses clefs finirent leur course dans le vide-poche prévu à cet effet.

On leur avait amené de quoi manger pendant la réunion, mais son métabolisme accéléré avait déjà brûlé toute l'énergie apportée et il était affamé. S'il ne mangeait pas avant d'aller se coucher, il allait se réveiller dans deux heures et se jeter sur la première chose qu'il trouverait dans ses placards ou son frigo.

N'ayant pas le courage de préparer quelque chose de compliqué, il opta pour une omelette au fromage. Il cassa huit œufs dans un plat et y ajouta une grosse quantité de fromage râpé. Sa maman lui avait toujours dit de ne battre l'omelette qu'au dernier moment, il laissa donc le mélange de côté et sortit une poêle qu'il plaça sur la plaque de la cuisine. Encore un miracle de modernité : il n'y avait plus besoin de flamme pour cuisiner, ni même de chaleur à proprement parler. Tony avait bien tenté de lui expliquer ce qu'était l'induction, mais Steve s'était arrêté au fait que c'était le passage d'un courant électrique qui créait la chaleur.

Pendant que son repas cuisait et embaumait son appartement, Steve se remémora sa journée. Il avait insisté pour faire partie de l'équipe qui serait chargée de retrouver les monstres d'Hydra et Natasha, aussi bien que Michael, avait proposé de l'accompagner. Michael, qui avait passé la majorité du débriefing à proximité de Bastien et qui s'était apaisé à chaque fois que ce dernier l'avait touché. Cela lui rappelait tellement sa propre relation avec Bucky que sa gorge se serra.

xoxoxoxoxo

Tout avait commencé normalement. Steve avait rencontré Bucky au jardin d'enfant. Il ne se souvenait pas exactement quand, ni comment, mais sa mère, ainsi que les parents de Bucky leur avaient raconté cette histoire tellement de fois qu'elle restait gravée dans sa mémoire. Ils avaient tous cette lueur amusée dans le regard quand ils décrivaient comment Steve s'était tout de suite attaché à Bucky et la manière dont ce dernier avait pris l'habitude de le protéger de tout. Les séparer était une véritable tâche de Titan et rapidement leurs parents avaient baissé les bras. C'est ainsi que les deux amis passèrent la plus grande partie de leur enfance ensemble, toujours dans la même classe, à dormir l'un chez l'autre et faisant les quatre cents coups.

Le temps passant, il devenait de plus en plus évident que leur relation était spéciale. L'instinct de protection du plus âgé prenait parfois des proportions dangereuses, comme l'été de ses huit ans où il se jeta dans un torrent pour récupérer Steve qui avait glissé, ou toutes les fois où il s'était battu avec des plus grands que lui pour le sauver d'une raclée qu'il avait lui-même provoqué. Et Steve était le seul à pouvoir calmer son ami quand une de ces colères noires l'envahissait ou quand il paniquait les (très nombreuses) fois où le blond avait du mal à sortir d'une crise d'asthme.

Au moment de leur entrée dans l'adolescence, des petits malins commencèrent à dénigrer leur relation. Bucky avait bien entamé son premier pic de croissance mais Steve restait toujours aussi petit et maigre. La différence de corpulence et le fait qu'ils étaient constamment ensemble avait donné naissance à de méchantes rumeurs. Des chuchotements et des regards en coin, des "on dirait une fille, regarde-le" les poussèrent à se montrer plus discret. Ils étaient toujours en compagnie l'un de l'autre, mais Bucky essayait de tempérer son besoin de protéger Steve et ce dernier n'intervenait plus à chaque fois que quelque chose mettait son ami en colère.

Et puis l'hiver de ses douze ans, il se passa un événement que ni l'un, ni l'autre ne comprirent et qu'ils décidèrent de garder secret. Cet hiver-là, le blond attrapa une pneumonie. Ses poumons n'avaient jamais très bien fonctionné, entre les crises d'asthme et les rhumes à répétition, mais cette fois, ils menaçaient de s'arrêter totalement. Bucky était resté avec lui tout le temps, refusant d'aller à l'école, refusant de rentrer chez lui, lui tenant la main et lui demandant de tenir le coup.

Steve ne se souvenait pas parfaitement de ce qu'il s'était passé ensuite, la fièvre l'avait rendu délirant, mais il se rappelait que le prêtre était venu. Le médecin était parti quelques heures plus tôt, annonçant ne rien pouvoir faire de plus et après s'être enfermée une dizaine de minutes dans sa chambre, sa mère était sortie quérir le curé de la paroisse. Sauf que le brun l'avait tout simplement empêché d'accéder à Steve, comme si lui interdire de venir faire les derniers sacrements (parce que c'était de cela dont il s'agissait) allait empêcher la maladie d'emporter son meilleur ami. Il barricada la pièce avec l'armoire présente dans la chambre et revint s'agenouiller à côté de son lit. Il murmurait sans cesse, des mots que le malade n'arrivait pas à entendre à travers sa mère et le prêtre qui criaient de l'autre côté de la porte, ni à travers l'épaisse couche de coton qui entourait la réalité. Après une quinte de toux qui laissa un goût de sang dans sa bouche, Steve leva une main lourde et la posa sur la joue de son ami. Il la plaça de la même manière que d'habitude, quand ils étaient seuls et qu'il voulait le rassurer. À la seconde où sa paume fit contact, le brouillard se leva et il entendit les mots de Bucky aussi clairement que s'ils avaient été murmurés directement dans son cerveau. "Ne meurs pas, ne me laisse pas, je te protégerai, je ne laisserai jamais rien ni personne te faire du mal, ni te prendre à moi…" . Avec ses dernières forces, il obligea les sentiments de son ami à s'apaiser et quand il sentit la main du brun sur la sienne, il sombra.

La suite ce fut sa mère qui lui raconta, les larmes aux yeux et la frayeur d'avoir presque perdu son fils unique gravée sur ses traits. Il resta dans le coma durant trois jours. Avec l'aide du curé et du père de Bucky, ils arrivèrent à dégager la porte. Ils le trouvèrent immobile dans son lit et son ami assis à ses côtés, serrant le corps inerte de Steve contre lui. À chaque fois que quelqu'un tentait de s'approcher, Bucky le serrait un peu plus contre lui et émettait un grognement animal. Il alla jusqu'à attaquer son père la seule et unique fois où il essaya physiquement de détacher les deux amis.

Quarante-huit heures après avoir sombré, la fièvre de Steve tomba. Il lui fallut encore une journée entière pour revenir à lui. Et quand il le fit, il fut assailli par des sentiments qui n'étaient pas les siens : confusion, incompréhension, colère et tellement de peur qu'il faillit se noyer dedans. Il ouvrit difficilement les paupières et trouva Bucky allongé à ses côtés, dans un semi-sommeil. Il avait l'air épuisé. Des cercles noirs entouraient ses yeux et il était aussi pâle que Steve lui même. Un besoin irrépressible de soulager son ami l'envahit. Il était trop faible pour beaucoup bouger mais en tournant la tête, il put toucher le cou du brun avec son front. L'effet fut immédiat : Bucky ouvrit les yeux et un soupir de soulagement glissa de ses lèvres entrouvertes. Un nouveau sentiment apparu dans le maelström qui faisait encore rage en Steve : un profond soulagement. La peur diminua jusqu'à un niveau contrôlable. Incapable de faire beaucoup plus, il se concentra sur son ami, apaisant une à une les émotions qu'il ressentait mais qu'il savait ne pas être les siennes. Et il était bien trop fatigué pour se rendre compte que ce n'était pas normal.

Quand il se réveilla la seconde fois, Bucky avait quitté son lit. Légèrement paniqué, il ouvrit les yeux et tenta de se redresser. Il retomba lourdement sur son matelas quand des vertiges l'assaillirent. Mais il avait le sourire au lèvres. Son ami n'était pas parti loin, il était assis sur la chaise de son bureau, endormi, la tête sur le dossier. Il était encore plus sale que la première fois que Steve s'était réveillé, ses cheveux tombant en mèches grasses sur son front et sa chemise portant des traces dont le blond ne voulait pas connaître la provenance. Mais la fatigue semblait avoir quitté ses traits. Les cercles autour de ses yeux, sans avoir totalement disparus, avaient diminués et de la couleur était réapparue sur ses joues. Une assiette vide était posée sur le bureau à côté de lui.

Comme s'il avait senti le regard de son ami sur lui, Bucky se réveilla brusquement, une grimace se dessinant sur son visage quand son cou protesta contre la position qu'il lui avait imposé. Ses yeux se posèrent immédiatement sur ceux de Steve et il lui sourit.

"Hey !"

Le seul son qui sortit de la gorge desséchée du blond fut un faible croassement. Le brun attrapa immédiatement le verre d'eau qui accompagnait l'assiette et il aida Steve à se redresser et à boire quelques gorgées. Il reposa le verre sur la table de chevet et observa le malade. Un léger sourire toucha le coin de ses lèvres.

"Tu te verrais. Horrible."
"Tu n'es pas très frais toi non plus. Désolé de te l'annoncer Buck, mais tu pues."

Et cela aurait pu être la fin de cet épisode, sauf que quelque chose avait profondément changé pendant que Steve luttait contre cette pneumonie. Quand il fut clair que ses jours n'étaient plus en danger, leurs parents mirent le holà à leurs journées en pseudo-autarcie. Bucky fut renvoyé à l'école après une bonne douche et un sermon sur son comportement, alors que le malade resta encore alité pour quelques jours. Sa mère lui expliqua, avec inquiétude, ce qui s'était passé pendant son coma et le sujet ne fut plus jamais abordé.

Il avait presque oublié ces étranges événements quand il fut réveillé en plein après-midi par un violent accès de colère. Buck ! Bucky était furieux et Steve n'était pas là pour l'aider. Il n'était qu'à la moitié de sa première semaine de convalescence et bien trop faible pour se lever et sortir seul de son lit, encore moins de la maison, mais l'appel était trop fort. Sa mère était partie pour son travail, le laissant seul dans leur petite maison de Brooklyn. Il avait réussi à s'habiller et étudiait avec appréhension les escaliers quand la porte d'entrée s'ouvrit avec force. Steve l'entendit claquer et vit son ami apparaître en bas des escaliers quelques secondes après. Ce dernier fut surpris de le voir debout, mais cela passa très vite. Il monta les marches deux par deux et s'engouffra dans les bras ouverts du blond. Le convalescent plaça une main sur sa joue et la seconde sur sa nuque, guidant le front de son ami à la jointure entre son épaule et son cou. Le simple fait de s'habiller et d'avoir marché jusqu'au palier avait vidé ses maigres réserves d'énergie et il ne tenait debout que grâce aux bras que le brun avait serrés autour de sa taille. Bucky le dépassait maintenant d'un bon quinze centimètres et il pesait au moins vingt kilos de plus, c'est donc sans difficulté qu'il réussit à les maintenir debout le temps qu'il se calme.

Avec une série de frissons, la tension et la colère quittèrent le corps de l'adolescent, laissant Steve infuser le maximum de calme dans son esprit. Après une profonde inspiration, Bucky se recula légèrement, ne lâchant jamais sa prise sur son ami.

"Qu'est ce que tu fais debout ? Tu devrais rester au lit encore quatre jours au moins. Si on ne peut pas de faire confiance pour écouter les ordres du médecin, je vais devoir rester avec toi !"

L'instinct protecteur de son ami était revenu et, malgré toutes ses dénégations, Steve fut réinstallé au milieu de ses vieux oreillers. Bucky approcha la chaise du lit et ils restèrent de longues minutes à profiter de la présence de l'autre. Ce fut Steve qui rompit le silence.

"Que s'est il passé ?"
"Rien de grave. Pourquoi étais-tu debout ?"
"Bucky … j'ai senti ta colère. Comment est-ce possible ? Je l'ai senti, comme si c'était la mienne, sauf que je savais que c'était toi. Ou étais-tu ? Je pensais que tu étais en cours, pourquoi es-tu ici ?"

Avec hésitation, Bucky commença à raconter les événements qui l'avaient conduit ici en plein après-midi.

"C'est William et sa bande, ils ont dépassé les bornes. J'ai senti la colère monter, sauf que cette fois, j'étais incapable de la retenir. J'ai cru que j'allais le tuer Steve. Ce n'était plus de la colère mais de la rage. Je me suis barré en courant. Je ne sais pas comment je l'ai su, mais je savais que tu pourrais me calmer et qu'il fallait que je te rejoigne."

Les deux amis restèrent à se fixer de longues minutes. L'anxiété sortait littéralement de Bucky par vague et Steve faisait de son mieux pour l'aider à la maîtriser.

"Qu'est ce que nous allons faire ?"

Pendant quelques instants, Bucky resta sans bouger puis il se leva et fit les cent pas dans la chambre. Son besoin de protéger Steve était tellement tangible qu'il formait une troisième présence dans la pièce.

"Je n'en sais rien. Mais nous devons être prudent. Je n'ai jamais entendu parler de ce genre de chose. Cela pourrait te mettre en danger. Ne t'inquiète pas, je ne laisserai personne te faire du mal."
"Je sais Bucky"

Et Steve était certain de ce fait d'une façon tellement primale, intrinsèque qu'il ne se rebiffa même pas à l'idée qu'il avait besoin de protection.

Pendant près de six mois, il ne se passa rien de nouveau. Les émotions de Bucky crevaient parfois le plafond et il sur-réagissait (en particulier quand il sentait une menace pour Steve), mais le blond avait prit le pli et il arrivait la plupart du temps à le calmer sans aucun contact. Les rumeurs sur leur relation n'avaient jamais totalement disparues mais elles s'étaient espacées. Ils faisaient attention à limiter au maximum les contacts physiques en public, s'arrêtant uniquement à un coup de poing amical ou à un bras jeté au travers d'une épaule quand ils marchaient côte à côte.

C'était uniquement dans l'intimité de leur chambre qu'ils laissaient libre court à leur besoin de contact. D'entre eux deux, c'était Bucky qui avait le plus besoin de ces moments. Il pouvait passer de longues minutes sans bouger, la tête enfouie dans le cou du plus jeune. C'était comme si tous les sentiments négatifs sortaient par sa peau et étaient absorbé par Steve avant d'être transformé en calme et de réintégrer la psyché du brun.

Mais même avec la pseudo sécurité que leur offrait leur chambre, ils ne se laissaient jamais totalement aller et il restaient attentif à leur environnement. Aucun d'entre eux ne voulait se voir séparer de l'autre car leurs familles respectives auraient mal interprété leurs gestes. Car malgré la profonde intimité que le lien qui les unissait provoquait, malgré la puberté qui les avait touché de plein fouet l'un et l'autre, jamais leur relation ne devint sexuelle.

C'est pour toutes raisons qu'ils étaient toujours à l'affût du moindre bruit, de la plus petite indication que quelqu'un était dans les parages ou prêt à rentrer dans la pièce où ils se trouvaient. Depuis une méchante otite, Steve n'entendait plus très bien de son oreille droite et la majorité du temps, c'était Bucky qui détectait la présence de quelqu'un.

Ils ne savaient pas si c'était cet exercice ou autre chose qui provoqua la l'évolution suivante. Mais un jour d'été si chaud qu'ils en étaient réduits à rester allongé torse nu sur le sol de la chambre de Bucky, ce dernier se redressa brusquement, les mains sur les oreilles et une violente douleur parcourut leur lien. Steve plaça la main qui était enlacée avec celle de son ami quelques secondes auparavant, sur son épaule, envoyant des vagues de réconfort.

"Qu'est ce qu'il y a Bucky ? Je sens ta douleur."
"Shhhhhh ! Les sons, le bruit… il y en a trop !"
"Comment ca ?"
"Parle moins fort, Steve !"

Le blond avait chuchoté, comme à chaque fois qu'ils parlaient de leur lien. Mais il sentait la détresse de son ami, ainsi qu'un début de panique. Il glissa sa main dans le dos du brun, la bougeant en grands cercles sur sa peau. Il ne savait pas quoi faire d'autre. Il parla encore plus doucement que d'habitude.

"Explique moi ce qui se passe, je peux surement t'aider."

Après un gémissement de douleur, Bucky serra encore plus fort ses paumes sur ses oreilles.

"J'entends la cloche du magasin du vieux Macwell, Steve. Et le livreur qui distribue le coton aux filles de Mme Reyes. J'entends les gens qui discutent dans la rue. J'entends ton cœur qui bat et chacune de tes inspirations. J'arrive pas à les couper."

Le magasin du vieux Macwell se situait à l'autre bout de la rue et les équipes de couturières de Mme Reyes travaillent de l'autre côté du pâté de maisons. Steve ne savait vraiment pas quoi faire pour l'aider et, il fit ce qu'ils faisaient tout le temps quand Bucky avait des difficultés à maîtriser ses sentiments : il augmenta la surface de contact entre eux. Il se colla à son dos, laissant ses deux mains glisser le long de ses bras.

Ils ne portaient plus que leurs pantalons et très rapidement leurs peaux collèrent sous l'effet de leur transpiration. Au lieu d'avoir l'influence calmante immédiate de d'habitude, Bucky se contracta encore plus. Chacune de ses expirations était accompagnée d'un gémissement, Steve se serra le long du dos de son ami et laissa ses mains parcourir chaque centimètre qu'elles pouvaient atteindre. Il se concentra sur leur lien, essayant de travailler sur cette nouvelle capacité comme il le faisait sur les émotions du brun. Il se retint de murmurer des mots d'encouragement, ne voulant pas empirer le problème.

Petit à petit, son ami se décontracta, laissant Steve supporter leurs poids respectifs. Quand il laissa ses mains redescendre de leur position autour de sa tête, le plus jeune enlaça leurs doigts.

"Shhhh Bucky. C'est bon, je te tiens. Concentre-toi sur ma voix, juste sur ma voix."

Il répéta ces mots sans fin jusqu'à ce que Bucky relâche un profond soupir et place sa tête sur son épaule.

"Merci Steve, c'est terminé… enfin je pense."

Ni l'un ni l'autre ne bougèrent jusqu'à ce que le brun se redresse.

"Ma sœur est en chemin."

Steve était réticent à relâcher sa prise sur son ami, craignant que son ouïe ne reprenne le dessus. Mais ils ne pouvaient pas se permettre de prendre le moindre risque. Il s'éloigna donc et s'installa sur le lit, le dos au mur. Il ne savait pas dans combien de temps Becca allait arriver, il parla donc le plus doucement possible.

"Qu'est-ce qui s'est passé ?"

"Je ne sais pas. J'ai cru entendre un bruit dans l'entrée, je me suis concentré dessus et d'un seul coup, j'entendais tout ce qui se passait à des centaines de mètres à la ronde."

Bucky était au sol, juste à côté de sa porte. L'épisode l'avait visiblement épuisé. Il avait placé ses bras sur ses genoux relevés et il avait le visage tourné vers le plafond, les yeux fermés. Il restèrent enfermés dans la chambre jusqu'à ce que la mère de Bucky les appelle pour manger.

Ce fut la première fois que les sens du brun le submergèrent et malheureusement ce ne fut pas la dernière. Quelques semaines plus tard, ils avaient déjà eu à gérer une dizaine d'épisodes similaires. Certaines fois, ils étaient seul, mais à deux reprises, ils s'étaient retrouvé au milieu d'un cours. Bucky avait prétexté un mal de crâne lancinant pour s'éclipser dans un coin calme. Steve avait bataillé contre son besoin de le rejoindre, de l'aider à gérer cette difficulté. Le fait qu'il sentait la douleur et la détresse émise par Bucky comme la sienne ne l'aidait pas à rester assis sur sa chaise à écouter un cours qui ne l'intéressait plus. À peine la sonnerie avait-elle retenti qu'il s'était élancé sur les traces de son ami. Ils s'étaient rendu compte qu'en se concentrant un peu, ils étaient capables de se retrouver sans aucune difficulté.

Heureusement quand sa vue commença à faire des siennes, ils avaient assez l'habitude pour calmer la crise en quelques minutes. Il était toujours plus facile de les gérer quand ils étaient seul car le toucher était une composante importante, mais ils arrivaient à leur fin avec quelques contacts légers.

Le plus difficile à cacher avait été l'odorat et le goût. Bucky avait inquiété tout le monde quand il se mit à courir régulièrement dans les toilettes pour vomir ce qu'il venait de manger ou tout simplement de la bile quand les mélanges d'odeurs devenaient insupportable.

Il leur fallut plus d'un an pour maîtriser tous ces changements et un an supplémentaire d'expérimentations pour que Bucky puisse utiliser ces capacités à volonté. Ils n'en parlèrent à personne et les choses se stabilisèrent sans apparitions de nouvelles capacités étranges. Ils ne surent jamais pourquoi Bucky pouvait concentrer ses sens comme il le faisait, ni pourquoi Steve était capable de sentir ses émotions et de le centrer sur lui-même.

xoxoxoxoxo

Steve sortit difficilement de ces souvenirs. Ils avaient un goût doux-amer. Bucky avait toujours été le centre de son univers et, s'il pouvait croire ce que Natasha lui avait dit, il avait peut-être découvert la raison derrière tous ces événements étranges. Il y avait eu tellement de peurs et de doutes, Steve aurait apprécié connaître l'existence des guides et sentinelles à l'époque. De pouvoir mettre un nom sur ce qui leur arrivait et d'avoir également de l'aide.

Il avait fini de manger et laissa son assiette dans l'évier de la cuisine. Il se déshabilla et s'allongea dans son lit. Il allait devoir contacter la division qui s'occupait des sentinelles pour avoir des réponses à ses questions. Même s'il était pratiquement certain que lui et Bucky s'étaient liés lorsqu'il avait failli mourir de cette pneumonie.

ooOoo

Steve dû attendre un mois et faire jouer ses relations au SHIELD pour avoir accès au professeur Blair Sandburg. Il était un des spécialistes mondiaux des Sentinelles et il était lui-même un guide. Il devait le rencontrer dans son bureau au sein du Triskelion. Steve avait fait quelques recherches sur le sujet, mais même si les sentinelles et les guides n'étaient plus un secret, il y avait encore de nombreuses rumeurs et mythes à leur sujet. Devant la quantité importante d'informations sans source fiable, il avait préféré abandonner et avait patiemment attendu que l'occasion de rencontrer ce Monsieur Sandburg se manifeste.

Il se présenta donc à l'étage réservé aux sentinelles cinq minutes avant l'heure prévue de son rendez-vous. La ponctualité était une qualité qui se perdait et il ne supportait pas l'habitude qu'avaient pris la plupart des gens d'être constamment en retard.

Après s'être annoncé et être passé par la rituelle signature d'autographe, il fut conduit à travers les couloirs jusqu'à un bureau à l'angle ouest de la tour. Il toqua à la porte et entra quand on lui en donna l'autorisation. Le bureau n'était pas très grand et chaque surface plane était recouverte d'arts tribaux venant des quatre coins du monde.

Depuis son réveil, il avait passé un temps important dans les musées de la capitale. Son goût de l'art ne l'avait jamais quitté et la profusion de musées et d'œuvres lui permettait de s'y adonner sans aucun problème. Dernièrement il avait passé beaucoup de temps dans l'aile sur les arts primitifs.

"Vous avez une sacré collection de masques d'Amérique du Sud."

"Vous connaissez la culture Maya et Inca ?"

"Très peu. Mais je suis très intéressé par l'art et ces masques m'ont toujours fascinés."

L'homme avait fait le tour du bureau et s'était arrêté à côté de lui. Il n'était pas très grand et avait de longs cheveux bouclés. Il ressemblait à un étudiant alors qu'il avait dépassé ses trente ans depuis de nombreuses années. Steve, qui techniquement avait pratiquement cent ans, se garda bien de faire des remarques sur ce fait. Il serra la main qui lui était tendue.

"Je suis Blair Sandburg. Je dirige l'antenne du Shield ayant trait aux sentinelles et je fais partie du conseil des guides."

"Bonjour Monsieur Sandburg. Je m'appelle Steve Rogers."

Un léger sourire apparut sur les lèvres du brun.

"Je sais qui vous êtes, Monsieur Rogers. Ou peut être préférez-vous que je vous appelle Captain America ?"

"Vous pouvez m'appeler Steve, Captain est juste un costume. Je suis là à titre privé."

"D'accord ! Mais à la condition que vous m'appeliez Blair. On m'a dit que vous vouliez des informations sur les sentinelles et les guides ?"

"Oui, si cela ne vous dérange pas. C'était quelque chose qui n'existait pas quand j'étais jeune et j'avoue être curieux."

"Détrompez vous. Ils existent depuis la nuit des temps. Elles restaient juste cachées ou connues uniquement de quelques adeptes. Mais venez vous asseoir, je vais tout vous expliquer et si vous avez des questions, je tenterai d'y répondre."

Steve s'installa sur le canapé que lui montra Blair.

"J'allais me faire un café, vous en voulez ?"

Steve s'empressa d'accepter. Le café était un des points positifs de la modernité. Il avait toujours détesté le jus de chaussette qui était servi à l'époque, avec une haine farouche pour celui servi durant la guerre.

Ils passèrent l'heure suivante à discuter des sentinelles et des guides. Blair confirma ce que Natacha lui avait déjà dit, à savoir que les sentinelles avaient des sens surdéveloppés et qu'ils pouvaient, en se concentrant sur l'un d'entre eux, percevoir des choses impossibles pour le commun des mortels. Il lui expliqua également les capacités des guides, une profonde empathie et la possibilité de calmer les émotions de ceux autour d'eux. D'après les recherches récentes, il y avait une forte part génétique dans le processus et les enfants de sentinelles ou de guides avaient de plus grosses probabilités de le devenir eux-même que la population générale.

Quand Steve lui posa des questions sur le lien qu'entretenait Michael et Bastien, Blair mit quelques instants avant de répondre.

"C'est un sujet extrêmement complexe Steve et beaucoup n'y croient pas. Je vais tenter de vous l'expliquer. Dans certaines tribues d'Amazonie, les enfants de sentinelles et guides étaient élevés ensemble. Leurs parents espéraient que de passer leur enfance collectivement les aiderait à former un lien particulier. Un sentinelle lié à un guide présente des capacités encore plus accrues et ils sont également plus stables. Si vous avez vu l'agent Fields et Bastien interagir, vous avez dû observer comment Bastien arrive à le calmer. Le lien entre un guide et son sentinelle renforce l'empathie du premier, ainsi que sa capacité à jouer sur les émotions et les capacités du second. C'est quelque chose de très intime et de différent pour chacun, je ne m'appesantirai pas sur le sujet. Peu de guides acceptent d'en parler et les sentinelles sont, par définition, des créatures solitaires et peu enclines à faire confiance."

À ce moment de la conversation, Steve était persuadé que Bucky avait été un sentinelle et qu'ils étaient liés, ce qui faisait de Steve un guide. Mais qu'arrivait-il à un guide qui perdait son sentinelle ? Est ce que ses capacités disparaissaient ? Il ne se sentait pas vraiment en empathie avec quiconque. Il n'avait aucunement l'intention de dévoiler ce qu'il était et surtout, il était bien décidé à ne jamais servir de guide à personne. Sa relation avec Bucky lui était bien trop précieuse pour s'imaginer utiliser ses capacités sur un autre. Sans compter qu'il était hors de question de risquer de se lier à nouveau. Mais pour éviter tout cela, il avait besoin de plus d'informations et aucun moyen de les trouver sans poser de question et piquer l'intérêt du professeur Sandburg. Ne sachant pas mentir, il opta par une question toute simple.

"Est-il possible qu'un guide se lie avec plusieurs sentinelles ?"

"Le cas ne s'est jamais présenté et vu la nature du lien, je ne pense pas que cela soit possible. Il y a une part tellement exclusive dans la relation quand un sentinelle et son guide sont liés que je n'imagine pas qu'il puisse être partagé"

"Et si le sentinelle meurt ?"

Blair fixa Steve quelques secondes avant de répondre.

" Le cas ne s'est jamais présenté non plus, pour les mêmes raisons. De plus, il est extrêmement rare qu'un guide survive à la mort de son sentinelle, et l'inverse est tout aussi vrai. Dans les quelques cas répertoriés où la seconde partie survit, il entre dans une période de sevrage extrêmement difficile. Quand ils en sortent, s'ils y arrivent, ils ne sont plus capables de se servir de leurs empathie."

Ceci expliquait pourquoi il n'avait pas eu de problèmes depuis son réveil. Ses capacités avaient très certainement disparues en même temps que Bucky. Il était soulagé de ne pas avoir à s'inquiéter de cela. Mais comme depuis le sérum, il ne pouvait être sûr de rien, il posa quand même une dernière question.

"Est ce que l'on peut créer des sentinelles ? Ou forcer l'émergence de leurs capacités ou d'un lien ? Et pour les guides ?"

"Aucune chance. De nombreuses expériences ont été menées, aucune n'a réussi. Certains avaient imaginé trouver une source infinie de super soldats, mais je crains que vous ne soyez la seule réussite à ce sujet."

Le sourire de Blair ne présentait ni moquerie, ni envie, juste un peu d'humour. Cela aida Steve à poser sa dernière question.

"Est ce que certaines substances peuvent avoir un effet sur les sentinelles ou les guides et leur lien ?"

Steve se força à rester immobile quand Blair l'observa, cherchant visiblement à deviner ce qui se cachait derrière ces derniers mots.

"Si vous voulez parler d'alcool ou de drogue, je vous répondrai qu'ils ont peu d'effet. Le métabolisme des sentinelles leur permet d'éliminer la substance en quelques minutes et l'empathie des guides les protège naturellement contre toute forme d'altération de la pensée." Il fit une pause avant de continuer. "Par contre, si vous parlez d'autres substances, du genre du sérum qui a fait de vous ce que vous êtes, c'est une autre histoire. Et une question extrêmement spécifique dont j'ignore la réponse. Y a-t-il quelque chose que vous ne m'auriez pas dit ?"

C'était le signal pour Steve de finir cette conversation. Blair s'était montré extrêmement accommodant et patient, il ne voulait pas lui faire l'affront de lui mentir, d'autant plus que le professeur arriverait à lire en lui comme dans un livre ouvert. Il se leva précipitamment et lui tendit une main pour prendre congé.

"J'ai assez abusé de votre temps. Merci d'avoir pris le temps de me recevoir."

Il sortit du bureau sans se retourner et se dirigea vers l'ascenseur. Il avait réussi à obtenir toutes les informations dont il avait besoin. Il lui fallait maintenant un peu de temps seul pour les assimiler.

ooOoo

En fin de compte, il n'eut pas à attendre très longtemps pour l'être : il reçut un coup de téléphone de Natasha pour repousser leur réunion quand il sortit de l'ascenseur. Ils devaient normalement faire un point un peu plus tard dans la matinée car elle avait trouvé de nouvelles informations sur une cellule d'Hydra et elle voulait lui en faire part, ainsi qu'à Nick Fury, mais elle devait partir en urgence sur une mission.

Il se retrouvait donc avec le reste de la journée libre. Comme souvent lorsqu'il avait du temps pour lui, il se dirigea vers le Smithsonian. Pourtant, au lieu d'aller dans les galeries dédiées aux grands maîtres, il bifurqua vers la salle qui abritait l'exposition consacrée à Captain America. Il était passé plusieurs fois devant ces salles mais ne s'y était jamais arrêté, ses sentiments restant très partagés sur cet endroit. Il appréciait que l'on rende hommage au commando hurlant, un peu moins que l'on exhibe la vie de Steve Rogers. Mais il pensait que c'était le bon moment pour faire cette première visite, d'autant plus qu'il savait très exactement où il voulait s'arrêter.

Il traversa sans regarder la salle qui lui était consacrée et pénétra dans celle réservée à son ancienne équipe. Il s'arrêta quelques instants pour regarder les photos et autres objets mis à disposition des visiteurs. Dans son esprit, cela ne faisait que quelques mois qu'il avait quitté les membres de son équipe d'élite, alors qu'ils étaient tous morts, bien après être rentrés chez eux. Il espérait qu'ils avaient eu une vie heureuse, ils le méritaient tous. Dommage que celui qui le méritait le plus n'ait pas pu en profiter lui aussi.

Steve s'approcha lentement du mémorial de son ami. Il avait soigneusement évité de regarder Bucky sur les photos et vidéos qu'il avait croisé, mais dans cet endroit, il était impossible de lui échapper. Il s'assit sur un des bancs situé tout au fond de la salle et se replongea dans ses souvenirs.

xoxoxoxoxo

Le temps avait passé si rapidement. À peine les deux amis étaient-ils sortis de l'enfance que l'âge adulte les avait rattrapé. Steve avait perdu sa mère l'année de ses dix huit-ans et, comme il n'avait jamais eu le pic de croissance qui avait permis à Bucky de gagner plusieurs dizaines de centimètres et pratiquement tripler son poids, il savait qu'il aurait du mal à subvenir à ses propres besoins. Il avait, par fierté, refusé la proposition des parents de Bucky de venir vivre avec eux. Il ne voulait pas vivre de la charité. Mais quand son ami lui proposa d'emménager avec lui, il ne sentit aucune pitié, juste une profonde envie de le protéger et d'être avec lui. Il avait donc accepté.

Vivre seuls dans le même appartement simplifia énormément leur vie. Ils n'avaient plus besoin d'être aussi prudent pour que l'on ne découvre pas leur secret. Ils n'étaient pas riche et Bucky avait beau cumuler deux, voir trois boulots, ils avaient du mal à joindre les deux bouts. La mauvaise santé de Steve avait de nombreux côtés négatifs : elle l'empêchait de travailler aux docks ou dans tout autre endroit nécessitant une bonne forme physique, elle l'empêchait également de garder un emploi stable (qui voudrait de quelqu'un forcé de rester au lit les trois quart de l'hiver ?) et elle leur coûtait très cher en médicaments. Ils avaient pris l'habitude de dormir dans le même lit afin de garder la chaleur (leur chauffage était en panne les trois quarts de l'hiver), mais également pour calmer le besoin de contact de Bucky.

Cela faisait maintenant dix ans qu'aucune nouvelle capacité n'était apparue et ils espéraient l'un et l'autre que plus rien ne viendrait bouleverser leurs vies. Malheureusement la guerre faisait rage en Europe et lorsque les États-Unis entrèrent à leur tour dans le conflit, ils tentèrent tous deux de s'engager. Le brun fut enrôlé et envoyé en Angleterre pendant que Steve était condamné à rester sur place. C'est ainsi qu'ils furent séparé plus de quarante-huit heures pour la première fois depuis qu'ils s'étaient rencontré, et ils découvrirent que l'absence de l'autre avait d'horribles effets secondaires. Le blond était resté cloué au lit pendant plusieurs jours, incapable de bouger, tant la douleur était atroce. Tout son corps lui hurlait de trouver Bucky et il sentait le même besoin provenant de son ami. Les sensations et émotions étaient tempérées par la distance mais il arrivait encore à les ressentir, le renvoyant à ses propres difficultés.

Il avait mis des semaines pour pouvoir respirer sans douleur et très souvent sa peau devenait moite et glaciale. Il faisait de son mieux pour cacher tous ces problèmes car il avait enfin sa chance. Le docteur Erskine l'avait choisi pour son programme et s'il travaillait assez dur, peut-être pourrait-il partir lui aussi en Europe, botter les fesse d'Hitler et avec beaucoup de chance, retrouver Bucky. C'était une litanie ininterrompue : trouver Bucky, trouver Bucky… Et il savait, même si la distance avait altéré la puissance de l'émotion, que l'esprit de son ami criait pour la même chose depuis l'autre côté de l'atlantique. Il ne ressentait plus les petits changements d'humeur mais les émotions fortes arrivaient à traverser le lien. Steve s'était retrouvé plusieurs fois en dehors de son baraquement en pleine nuit, encore dans son caleçon long et T-shirt, complètement désorienté, son corps ayant réagi par réflexe, criant que Bucky avait besoin de lui.

Il essayait de faire front, alors qu'en réalité, il était misérable. A la fin de son entraînement, les symptômes physiques avaient pratiquement tous disparu, mais un immense vide était apparu dans sa poitrine, pulsant au rythme de son coeur. Pratiquement plus rien n'avait d'importance, il voulait toujours partir en Europe, faire la différence, mais chaque jour il mettait un peu plus de temps à se souvenir pourquoi c'était important. La présence de Peggy l'avait également beaucoup aidé. La jeune femme, avec son caractère bien trempé et son habitude de dire ce qu'elle pensait, lui avait apporté un réconfort dont il avait désespérément besoin. Elle ne remplaçait pas Bucky, rien ne le pouvait, mais il appréciait la simplicité de leur relation.

Et un jour de Juin 1943, tout disparut. Quand il sortit de la machine de Stark, avec ce corps immense et en pleine santé, il était seul. Il ne s'en rendit pas compte tout de suite, pas avec l'assassinat de Erskine et la poursuite de son meurtrier. Mais quand l'excitation retomba et qu'il se retrouva dans la voiture du sénateur Brandt, il voulut contrôler l'état d'esprit de Bucky, comme il le faisait plusieurs fois par jour. Mais il en fut incapable. Il ne savait pas ce que cela voulait dire : son ami était-il mort ? Ou était-ce un effet du sérum ? Était-ce temporaire ? Il était à deux doigts de la crise de panique. Il chercha en vain, il ne restait plus rien, le vide absolu. Pour la première fois depuis plus d'une décennie, il était seul dans son esprit.

Dans les semaines qui suivirent, le plus difficile ne fut pas de se présenter pratiquement chaque soir sur scène ou de serrer la main à de stricts inconnus ou de tenir des bébés pendant qu'on le mitraillait de photo, non le plus difficile fut de ne pas pouvoir à tout instant vérifier que Bucky allait bien. L'inquiétude devenait insupportable. Il avait passé pratiquement toute sa vie sachant exactement où il était, ce qu'il faisait et même ce qu'il ressentait à chaque instant. Après quelques jours de soulagement (il était tellement fatigué des douleurs constantes et de la déprime…), il commença à souhaiter que le lien se reforme, tant pis s'il devait batailler contre les effets du manque.

Après avoir fait le tour des États-Unis, il fut envoyé en Europe. Il en avait toujours rêvé et même s'il aurait préféré y aller en tant que combattant, il faisait la différence. Engranger de l'argent pour armer leur soldats était aussi important que de risquer sa vie sur les champs de bataille. C'était ce que disait toujours le sénateur Grandt et Steve faisait de son mieux pour s'en convaincre. Dommage que les soldats en face de lui ne le voient pas de cette façon, dommage Peggy ne le voit pas de cette façon. Bucky aurait compris lui. Steve avait secrètement espéré qu'une fois plus proche géographiquement, il pourrait reprendre contact avec son ami, mais il avait dû se faire une raison : leur lien avait bel et bien disparu quand Steve avait subit sa transformation.

Quand il apprit la mort ou la capture du 107ème régiment, celui de Bucky, son sang ne fit qu'un tour. Même si leur lien n'existait plus, il était tout bonnement impossible que son meilleur ami soit mort et qu'il ne le sache pas d'une façon ou d'une autre. Alors il se mit en route pour le retrouver. A son arrivée dans le complexe, il se laissa guider par son instinct. Lien ou pas, il faisait confiance à son corps pour le retrouver, il en avait toujours été capable plus ou moins rapidement. Il libéra le maximum de prisonniers sur son chemin et il finit par retrouver Bucky accroché à une table, à moitié délirant mais vivant. Il devait le sortir de cet enfer.

Steve avait perdu ses gants lors de leur course à travers le complexe et quand, à l'extérieur des bâtiments, sa main toucha directement celle du brun, leur lien se reforma. Heureusement il fut accompagné par une violente onde de choc qui fit s'écrouler les quelques soldats d'Hydra encore présents autour d'eux, car aucun des deux amis ne fut capable de bouger pendant de longues secondes. Ce fut Steve qui récupéra le premier et il entraîna Bucky dans les bois, avec pour objectif de rejoindre la clairière qu'il avait indiqué aux prisonniers. C'est à la fois avec un immense soulagement et beaucoup d'inquiétude qu'il sentait les émotions de Bucky. Derrière son apparence calme, elles étaient violentes et pratiquement incontrôlables. Steve ignorait s'il pourrait apaiser cette tempête sans vendre la mèche.

Les trois jours de marche pour rentrer furent difficiles. Il y avait de nombreux blessés et l'esprit de Bucky était de plus en plus instable. Quoi que Zola lui ai fait dans ce laboratoire, cela avait laissé des traces plus mentales que physiques. Ils avaient parlé, un peu, le strict minimum pour décider d'attendre d'être seul avant d'aborder ces derniers mois. Mais cela n'empêcha pas Steve d'avoir le besoin pratiquement compulsif de prendre son ami dans ses bras pour l'aider à restaurer un semblant de calme. A leur arrivée au camp allié, épuisés mais vivants, Steve entraîna Bucky loin de tout le monde dès qu'il le put. Son statut particulier avait quelques avantages, dont des quartiers privés. A peine la lourde toile bouchant l'ouverture était-elle retombée que Bucky avait la tête dans le cou de Steve. L'angle avait changé mais la simple familiarité du geste permettait déjà d'apaiser les nerfs à vif du brun.

"Je ne sais pas si j'arriverai à m'y faire un jour. Tu es plus grand que moi maintenant. Comment est-ce possible ?"

"On en parlera plus tard."

"Qu'est-ce qui s'est passé Steve ? J'ai cru t'avoir perdu, d'un seul coup tu n'étais plus là" il frappa sa poitrine du poing, "ça m'a rendu dingue, je n'arrivais plus à me maîtriser, heureusement que l'on était en embuscade à ce moment-là, sinon j'aurai tué mes propres camarades. J'ai massacré une quinzaine d'allemands avant de réussir à reprendre mes esprits. Si cela risque de se renouveler, je dois le savoir."

La voix du brun était fatigué mais il refuserait de lâcher le morceau sans un minimum de réponse. Steve savait qu'il ne supporterai pas d'être un danger pour leurs camarades.

"Ca n'arrivera plus Bucky, je te le promet. Plus de séparation. J'ai cru mourir les premiers jours. Je ne sais pas ce qui s'est passé, mais il est clair que quoi que ce soit, ce lien nous oblige à rester ensemble."

Il sentit le rire de Bucky contre sa peau.

"Ca va être foutrement bizarre à expliquer à nos femmes quand on s'installera dans des maisons voisines."

Steve ne s'était toujours pas fait à l'idée qu'avec son nouveau physique, trouver une femme entrait dans le domaine du possible. Peut-être qu'il ne s'y ferait jamais, il avait passé tellement d'années persuadé que personne ne voudrait jamais de lui, personne sauf Bucky bien sûr. Le brun avait toujours tout accepté de lui, même lorsqu'il faisait moins de 60 kilos. Et il avait toujours été le centre de son univers.

Les seules interactions suivies qu'il n'avait jamais eu avec une femme autre que sa mère (et celle de Bucky, ainsi que ses soeurs) était avec Peggy. Mais il était évident qu'ils n'avaient pas ce genre de relation et la jeune femme était tellement exceptionnelle qu'il n'y avait aucune chance qu'elle le voit comme un potentiel prétendant.

La tension dans le corps du brun avait pratiquement disparu pendant qu'ils discutaient. Ses émotions s'étaient également apaisées et Steve le sentait assez calme pour lui poser la question qui le taraudait depuis qu'il l'avait retrouvé.

"Qu'est ce qui s'est passé Buck ? Dans le labo, qu'est-ce Zola t'a fait ?"

Pour la première fois de leurs vies, Steve sentit Bucky bloquer volontairement leur lien psychique. Il s'écarta vivement et mit le maximum de distance entre eux. La douleur et la confusion devaient être pleinement visibles sur ses traits, car Bucky se rapprocha en deux enjambées, les mains tendues vers lui.

"Excuse-moi Stevie. Je ne peux pas, même avec toi." Il attira le blond à lui jusqu'à ce que leurs fronts entrent en contact, "un jour peut-être, mais pas maintenant."

En fait, ils n'en reparlèrent jamais. Après son coup à Azzano, Captain America eu le droit de former sa propre équipe. C'était difficile et dangereux, mais avec les commandos hurlants, Steve avait pour la première fois de sa vie l'impression d'être utile. Il n'aurait jamais laissé Bucky rentrer seul au pays, tout comme il n'aurait jamais pu l'obliger à signer pour un second tour après sa captivité, mais il était soulagé qu'il ait choisi de rester.

Durant les quelques mois qui suivirent, Steve eut vraiment l'impression de faire ce pour quoi il était né. Partout où ils intervenaient, Hydra reculait. Leur travail d'équipe était sans faille, mais ce qui était le sujet de plus de remarques et de regards admiratifs était la façon dont Steve et Bucky agissaient en tandem. Ils donnaient l'excuse de leur enfance commune à chaque fois qu'on leur posait la question, mais ils savaient tous les deux que c'était grâce à leur lien qu'ils arrivaient à travailler de manière totalement synchrone. Une fois Bucky installé en hauteur avec son fusil de précision, Steve savait qu'il n'avait plus besoin de surveiller ses arrières et il pouvait se concentrer sur leur objectif du jour.

Malgré cela, il y eu quelques fois où le danger était passé un peu trop près. C'était ces jours-là, après que les commandos soient rentrés dans le lieu qui allait leur servir de campement pour la nuit, où il leur était le plus difficile de cacher leur secret. Ces soirs-là, autour de leur maigre repas, Bucky était spécialement tendu, ne participant pas aux discussions et répondant sèchement lorsque quelqu'un insistait pour savoir ce qui n'allait pas. Les hommes se tournaient alors vers Steve, comme à chaque fois que leur sergent était dans une de ses humeurs. Il se contentait de hausser les épaules et de suivre le brun quand ce dernier s'éloignait une fois le repas terminé.

Ces soirs-là, ils prenaient un risque. Ces soirs-là, Bucky avait besoin de sentir physiquement que Steve était vivant et en bonne santé et ce dernier était incapable de lui refuser quoi que ce soit. C'était de sa faute si son ami bataillait avec son instinct de protection. Alors ils s'éloignaient le plus possible du campement et ils s'asseyaient au pied d'un arbre. Parfois c'était Steve qui s'adossait au tronc et laissait assez de place au brun pour s'installer soit à côté de lui, soit entre ses jambes. Mais la plupart du temps, Bucky attrapait son poignet, le tirant à sa suite puis l'enfermant dans ses bras à la seconde ou Steve s'asseyait entre ses cuisses. Ils restaient ainsi, sans parler, le dos du blond pressé contre la poitrine du brun, leurs coeurs battant au même rythme, jusqu'à ce que Bucky le relâche. Parfois dix minutes suffisaient, parfois il fallait plusieurs heures et quelques fois( pas plus que les doigts d'une seule main), ils s'endormaient ainsi.

Peut-être que quelqu'un les avait découvert une de ces nuits particulières, ou peut-être que leurs camarades avaient senti que le sujet était sensible, mais petit à petit les remarques s'arrêtèrent complètement. Plus aucun membre du commando hurlant, même Dum Dum avec sa grande gueule, ne se permit de parler de l'étrange relation qu'entretenaient leur capitaine et leur sergent. Ils étaient également ceux qui détournaient l'attention du sujet les rares soirs qu'ils passaient tous ensemble à la base ou dans une ville alliée.

Ils furent les seuls à être témoin de la descente aux enfer de leur capitaine quand Bucky tomba du train en marche. A la différence de la première fois, Steve sentit leur lien disparaître et une partie de lui se faire emporter. La douleur le laissa à quatre pattes dans le wagon, devant le trou béant qui lui avait enlevé son meilleur ami. Il était encore en train de tenter de réguler sa respiration quand Gabe le trouva. Une fois le train arrêté, aucun membre du commando ne posa la moindre question, ils l'aidèrent juste à se relever et Montgomery l'accompagna dans sa tente à la seconde où ils atteignirent le camps. Chacun leur tour, ils étaient restés à son chevet, l'aidant à traverser à nouveau l'horrible processus de désintoxication et repoussant ou détournant tous les curieux.

Quand le plus dur fut derrière lui, Steve mit toute son énergie et sa colère à poursuivre et détruire Hydra. Il y passa plusieurs mois mais enfin, il accula Schmidt. Une fois certain que son ami était vengé, plus rien ne l'empêcha de baisser les bras. Il plongea la Walkyrie dans l'océan Arctique et se laissa submerger par l'eau.

xoxoxoxoxo

A en croire les dires de Blair, il aurait dû mourir dans les Alpes. Il n'aurait pas dû survivre au moment où Bucky s'était écrasé au sol. Etait-ce le sérum qui l'avait maintenu en vie ? Il l'avait bien gardé en stase pendant soixante dix ans… Mais à part ce détail, tous ses souvenirs correspondaient aux informations que lui avait donné Blair. Ce qui voulait dire qu'il n'avait pas à s'inquiéter que ses capacités de guide soient découvertes ou qu'il reforme un lien avec un autre sentinelle. Il ne lui restait plus qu'à espérer qu'il arriverait à tenir éloignée la dépression qui rôdait constamment aux portes de son esprit.

ooOoo

Steve enchaîna les missions durant plusieurs mois. Il partait parfois avec Natasha, mais le plus souvent il partait avec Brock Rumlow et son équipe. Il faisait de moins en moins confiance au SHIELD et il n'appréciait pas du tout leurs méthodes, mais ils se battaient du bon côté et, pour le moment, il avait trop besoin de se sentir utile pour arrêter.

Cette fois par contre, il ne se posait même pas la question. Il était avec Natasha et Michael Fields, en pleine mission en Roumanie. Ils avaient retrouvé la trace du réseau d'Hydra responsable des expériences sur les enfants et étaient en route pour les libérer. Ils avaient laissé le reste de l'équipe à quelques kilomètres du complexe et s'étaient infiltrés tous les trois dans l'unique bâtiment. Ils avaient choisi de ne pas se séparer, les images satellites et les recherches menées dans les jours précédant la mission ayant montré que le bâtiment ne s'étendait que sur quelques étages en dessous d'un plain pied.

Ils ne cherchaient pas à se montrer discret, les enfants étaient retenu prisonniers ici et ils ne pourraient pas les faire sortir sans se faire repérer. Autant attirer à eux le maximum de membres d'Hydra à l'aller, cela en ferait toujours moins à gérer quand ils auraient les enfants à protéger en plus.

Ils étaient donc entrés comme si de rien n'était, mettant hors d'état de nuire toutes les personnes qu'ils croisaient. Ils en avaient fini avec le lobby et le premier sous-sol quand ils arrivèrent dans le laboratoire où étaient menées les expériences. Des tables en aciers avec de larges bandes en cuir, servant à retenir quiconque serait allongé là, des instruments chirurgicaux sur des plateaux en inox, de nombreuses fioles et tubes, certains vides, d'autres remplis… Une forte odeur de sang et d'urine assaillit leurs narines et avec elle, Steve se retrouva plus de soixante-dix ans en arrière, dans un laboratoire identique, en train de libérer son meilleur ami. Une profonde colère l'envahit, soutenue par une qui n'était pas à lui. Pendant quelques instants, la sensation lui rappela tellement Bucky qu'il crut que leur lien était revenu. Sauf que c'était impossible, Bucky était mort il y avait plusieurs décennies.

Pendant que Natasha piratait les ordinateurs du laboratoire et plaçait les charges pour détruire le complexe, Michael et Steve descendirent à l'étage du dessous. Ils y trouvèrent les cellules où étaient gardés les cobayes. Chacune d'entre elle était occupée par des groupes de trois à cinq enfants, les plus jeunes ayant à peine deux ans alors que les plus vieux avaient atteint l'adolescence. Ils étaient tous excessivement maigres et les regardaient avec une terreur à peine dissimulée par la crasse qui les recouvraient. Encore une fois, il fut submergé par une colère noire. À ses côtés, Michael tremblait sous l'effet de sa propre furie. Peut-être était-ce lui que Steve avait ressenti un peu plus tôt, peut-être que ses capacités de guide se réveillaient.

Ils se firent attaquer par un groupe de gardes au moment où ils se préparaient à ouvrir les cages. Ces simples humains n'avaient aucune chance contre un super soldat et un sentinelle, mais ils permirent aux deux hommes de lâcher un peu de la colère qui bouillait en eux. Et si Steve ne retint pas sa force ou si le son des os cassant sous ses coups le fit presque sourire, personne n'avait besoin de le savoir.

Quand ils furent certains que tous les gardes de l'étage étaient hors d'état de nuire, ils cassèrent toutes les serrures et firent se rassembler les enfants devant les portes de l'ascenseur. Certains étaient incapables de se mouvoir seul et ils durent demander aux plus vieux de porter et soutenir les plus jeunes. Ils devaient absolument rester libre de leurs mouvements au cas où d'autres soldats pointeraient le bout de leur nez. Ils attendirent Natasha et firent monter les enfants par petit groupe. Steve monta avec le premier trajet et resta à surveiller le lobby pendant que Michael patientait à l'étage du dessous et que Natasha faisait les aller-retours.

Durant ce temps, des renforts étaient arrivés et ils étaient maintenant bloqués à l'intérieur du bâtiment. Sans les enfants, ils auraient pu se frayer un chemin à travers la petite vingtaine d'hommes regroupés à quelques dizaines de mètre de l'entrée, mais dans l'état actuel des choses, ils n'avaient aucune chance. Ils devaient prendre une décision, et vite, s'ils ne voulaient pas voir leurs options disparaître les unes après les autres.

"Avec le reste de l'équipe pour les prendre à revers, Michael et moi devrions pouvoir sortir et faire le ménage pendant que tu restes avec les gosses. Qu'en penses-tu Natasha ?"

"Ce serait plus rapide et efficace si nous sortions tous les trois."

"Mais les enfants seraient seuls et ils sont déjà terrorisés. Je préfère éviter ça le plus possible."

"Qu'ils prennent sur eux ! C'est l'affaire de quelques minutes."

Steve connaissait une partie du passé de Natasha, il savait qu'elle avait été entraînée dès son plus jeune âge par des gens horribles. Des personnes qui n'auraient jamais dû pouvoir s'approcher d'enfants, encore moins en avoir la charge. Il avait beau le savoir, il était toujours surpris par le manque d'empathie que l'espionne pouvait avoir envers les plus jeunes. Il ne lui en voulait pas pour autant, dieu seul savait ce que ces monstres lui avaient fait à un âge où elle aurait due être protégée contre la méchanceté du monde. Un peu comme les enfants derrière eux. Une nouvelle vague de colère l'envahit. Même si le SHIELD n'était pas parfait, tant qu'il permettrait à Steve de protéger les plus faibles, il continuerait à les aider.

"On ne sait pas s'il reste encore des membres d'Hydra dans le bâtiment. Je ne préfère pas courir de risque. Tu restes ici, Michael et moi nous ferons au plus vite."

Comme à son habitude, Natasha ne discuta pas les ordres une fois qu'ils étaient donnés et qu'elle avait émis ses suggestions. Elle s'éloigna de quelques mètres afin de transmettre les nouvelles informations à Rumlow. A son retour, ils rassemblèrent les enfants derrière le bureau du lobby, se mirent en position et attendirent les renforts.

A peine cinq minutes plus tard, Steve et Michael entendirent les moteurs des véhicules approchant à vive allure. Steve murmura pour Natasha qui n'avait pas leur super ouïe.

"Ils arrivent. On y va dans trente secondes. Commence à les faire sortir dès que nous avons libéré le passage."

Ils étaient déjà debout et en train de traverser en courant les portes d'entrée du complexe quand ils entendirent les premiers coups de feu. Steve envoya son bouclier sur un des gardes à sa droite pendant qu'il assommait le plus proche de lui d'un coup de poing sur la tête. Il bifurqua légèrement et sauta pour rattraper son bouclier au vol. Il se cacha ensuite derrière et laissa plusieurs balles s'écraser sur la surface. Il en profita pour jeter un oeil autour de lui : Michael était en train de mettre hors d'état de nuire les membres d'Hydra sur sa gauche alors que Rumlow et le reste de l'équipe s'occupaient de la dernière ligne. Ils n'avaient pas besoin de lui, donc il se concentra à nouveau sur sa propre tâche.

Trois hommes étaient en train de l'approcher, deux lui firent face pendant que le troisième tentait de le contourner et de le prendre par surprise. C'est dans ces situations de combat là que Bucky lui manquait le plus. Steve n'aurait jamais eu à s'occuper de ce type avec le sniper pour couvrir ses arrières. Il allait devoir se débarrasser des deux gars devant lui avant de gérer le dernier. Il accrocha son bouclier dans son dos et s'élança droit devant lui. Il désarma le premier avec un coup de pied qui brisa net le poignet qu'il atteignit. Il utilisa l'élan qui lui restait pour placer un second coup directement dans le ventre de son second assaillant. Celui-ci recula violemment sur plusieurs mètres avant de tomber au sol. Steve eut tout juste le temps de rouler derrière un jeep avant que des balles ne se plantent à la place où il se trouvait quelques secondes auparavant. Il longea rapidement le flanc du véhicule et sauta au dessus du capot. Quand il se réceptionna de l'autre côté, il saisit le dernier poignet valide de son opposant, l'attira à lui pendant qu'il pivotait et lui planta le coude dans le plexus solaire. L'homme s'affaissa, luttant pour retrouver sa respiration.

Steve entendit le sifflement du couteau avant que celui-ci ne fasse contact. Il se retourna en levant les bras, bloquant efficacement le coup qu'avait prévu de lui asséner dans le cou le troisième homme. Ce dernier récupéra rapidement et balança son poids équitablement entre ses deux jambes. Il feinta plusieurs fois, surveillant la moindre ouverture. Le gars était bon et Steve se laissa quelques instants pour profiter d'un combat qui ne finirait pas en trente secondes. Il descendit volontairement son épaule droite, découvrant légèrement son flanc gauche. Comme il s'y attendait, le type ne laissa pas passer l'occasion et il tenta d'atteindre les côtes de Steve avec sa lourde botte. Il aurait pu laisser passer ce coup, le costume que lui avait fabriqué Stark aurait amorti une grande partie des dommages et ses capacités de guérison aurait fait le reste, mais où aurait été le fun ? Il posa donc un genou a terre, bloquant le pied avec son épaule et levant le bras pour arrêter le couteau qui descendait rapidement vers lui.

Son adversaire n'était définitivement pas mauvais et en d'autres circonstances, Steve aurait laissé traîner leur combat un peu plus longtemps. Mais des enfants attendaient et ils avaient besoin d'être mis en sécurité le plus rapidement possible. Au lieu de laisser le garde se reculer et reprendre une position défensive, Steve utilisa sa vitesse de super soldat pour se relever en même temps que lui et suivre son mouvement. Il lui assena plusieurs violents coups de poings dans les côtes, les sentant se briser sous ses mains, avant de l'envoyer s'écraser contre un de ses collègues qui arrivait pour l'aider. Les deux hommes tombèrent sous l'impact et Steve n'eut plus qu'à assommer le soutien avec un coup de bouclier bien placé.

Un rapide tour sur lui même lui apprit que plus aucun membre d'Hydra n'était une menace. Il s'approcha donc de Natasha qui avait commencé à guider les enfants vers leurs véhicules.

"Tu t'es bien amusé ?"

Il n'y avait aucun reproche dans la voix de la jeune femme, mais Steve ne put s'empêcher de rougir à sa remarque. Il n'était pas censé prendre plaisir dans aucune partie d'une mission. Malgré le masque qu'il portait, Natasha remarqua sa gêne et comme il n'était pas dans sa nature de laisser tomber un sujet, elle ajouta :

"Je pense que je vais mettre dans mon rapport que Captain America devient imprécis à cause de son grand âge. Il lui a fallu trois coups de trop pour finir son adversaire."

Steve grogna en s'éloignant.

"Dans mon temps, les jeunes avaient plus de respect pour leurs aînés. Jamais ma mère ne m'aurait laissé parler comme cela !"

"Tu oublies que j'ai été élevée en Russie. Là-bas le respect se gagne, quel que soit ton âge."

Steve ne prit pas la peine de répondre cette fois. Natasha avait un besoin pratiquement compulsif d'avoir le dernier mot et cela ne le dérangeait absolument pas de la laisser gagner sur des sujets aussi frivoles.

Il rejoignit Rumlow et Michael qui discutaient autour d'une carte de la zone.

"Je pense que la méthode la plus rapide pour sortir d'ici est de prendre cette route. Elle est bien entretenue, nous atteindrons la prochaine ville en trois quart d'heure."

Rumlow avait un bon argument, plus longtemps ils gardaient les enfants avec eux, plus en danger ils seraient. Ils n'étaient pas assez nombreux pour protéger efficacement autant de véhicules. Ils le savaient avant de partir en mission, mais la rapidité et la discrétion nécessaires avaient primé sur d'autres prérogatives.

"Je ne suis pas certain que cela soit une bonne idée. L'alarme a forcément été donné, nous avons éliminé la première vague de renfort, mais il est impossible qu'une seconde ne soit pas en chemin. Si nous prenons cette route, nous les croiserons à un moment ou à un autre. Nous devrions reprendre le même trajet qu'à l'aller. Cap, vous en pensez quoi ?"

Steve étudia la carte en détail. Michael avait raison, s'ils prenaient la route, ils se retrouveraient nez à nez avec une quantité inconnue de membres d'Hydra. D'un autre côté, plus il perdraient du temps à atteindre la branche locale du Shield et plus ils prenaient le risque de se faire repérer. A la différence de leur arrivée, Hydra les cherchait. Il pointa du doigt une fine ligne sur la carte qui se situait à quelques kilomètres au sud de leur position.

"Nous allons passer par cette petite route secondaire. La route principale est trop dangereuse, mais nous ne pouvons traverser le terrain par lequel nous sommes venus. Il est beaucoup trop accidenté, n'oubliez pas que certains de ces enfants sont grièvement blessés. Cela reste un trajet d'un peu plus d'une heure, mais c'est le meilleur compromis que nous pourrons atteindre. Mettez deux membres de notre équipe dans chaque voiture, je prendrai place dans celle de tête et Michael gérera la dernière. Nous sommes les plus à même de détecter un problème s'il advient. On part dès qu'on est prêt."

Comme à chaque fois, tout le monde suivit ses directive sans poser de questions. Heureusement cette fois encore, ses décisions se révélèrent être les bonnes car ils atteignirent sans encombre le bâtiment abritant l'antenne du Shield la plus proche. Ils y laissèrent leur précieux chargement avec l'assurance qu'ils y seraient protégé avant de monter dans l'avion les ramenant au bercail.


Et voila pour la première partie. Cette fiction devait être un OS, mais vu la taille qu'elle commençait à prendre, je me suis résolue à la couper en deux (voire en trois si elle continue à m'échapper)

J'espère que ce début vous a plu et vous dit à bientôt pour la suite