BOUM.
Ce bruit retentit dans toute la maison, assez tard dans la nuit. Les jumeaux se regardèrent de travers. Ils étaient l'un comme l'autre prêts à se remettre la faute dessus.
-C'est de ta faute, je t'avais dis de ne pas mettre ce gaz avant de mettre la gélatine ! dis Fred, énervé.
-N'importe quoi tu m'as dis le contraire ! répliqua George tout aussi furieux.
Tout doucement, la porte de leur chambre s'ouvrit, mais les deux garçons ne semblèrent pas le remarquer, trop occupés dans leur dispute. Elle se referma très discrètement, et on aurait dit que personne n'était entré, car il était impossible de distinguer une quelconque personne. Le lit de Fred grinça, et un creux dans le matelas se creusa. C'est alors que George le remarqua.
-Harry, c'est toi ? Tu as pris ta cape d'invisibilité ? Comment tu as fais pour trouver le Square Grimmaurd ? Tu sais quand est ton audience pour les détraqueurs ?
Personne ne répondit. Fred remarqua ensuite lui aussi le trou que formait dans son matelas. Il fronça les sourcils et réfléchit. Le Survivant ne pouvait pas être ici, car il aurait été impossible pour lui de trouver la maison, dissimulée par un Secret.
-Harry n'est pas ici, George, et il n'aurait jamais pu trouver Square Grimmaurd sans Dumbledore, vu que c'est lui le Gardien du Secret… Qui est là ? demanda-t-il enfin, plus curieux qu'effrayé.
-Ah ! Je me demandais quand vous alliez poser la question. Je dois vous avouer que vos têtes sont hilarantes. Vous n'avez jamais parlé à quelqu'un que vous ne voyez pas ? Qui est Harry ? répondit d'une voix joyeuse la personne.
Puis elle enleva sa cape et, sans surprise pour Fred et George, ils virent Aïdenne apparaître. Ils avaient reconnu sa voix, légère et douce, avec un léger brin d'insolence.
-Qu'est ce que tu viens faire là ? demanda George, surpris. Tu n'es pas fatiguée par ton voyage ? Ça fait quelques heures déjà que tu étais censée aller dormir.
-Et surtout, comment tu as eu une cape d'invisibilité ? continua Fred, avide de réponses.
Aïdenne sourit de toutes ses dents, et se mit à l'aise sur le lit de Fred. Elle s'allongea sur le côté, à la manière d'un empereur romain, et s'occupa les mains en pliant tranquillement sa cape. Puis, elle se décida à répondre.
-Tout d'abord, je n'avais pas l'intention de venir, mais comme vous faisiez un boucan pas possible, je suis venue voir ce que vous faisiez. Pour arrêter les saignements, vous devriez essayer la bave de crapaud, ça marche du tonnerre. Ensuite, je ne ressentais pas le besoin d'aller dormir tout de suite, alors je me promenais un peu dans la maison pour découvrir des choses. Et finalement, c'est ma mère qui m'a offert sa cape. Maintenant, à moi de poser des questions. Pourquoi vous faites ça, demanda-t-elle en désignant du doigt les bonbons qu'ils avaient dans les mains.
Fred leva un sourcil. Cette fille était très intéressante. Elle venait de leur donner la solution au problème qu'ils avaient depuis quelques semaines déjà. De plus, elle semblait très intéressée par leurs activités, à en croire son regard curieux.
-On a pour projet de créer notre propre boutique de farces et attrapes.
Elle sourit en repensant à la boutique où elle avait l'habitude d'aller en France : Vandalisme. La boutique portait bien son nom, car tous les objets à l'intérieur était créés dans le but de vandaliser ou de faire des blagues. Elle achetait tout et n'importe quoi là-bas, afin de ne pas s'ennuyer chez elle. Alors quand le roux lui dit ça, elle se sentit heureuse pour la première fois depuis qu'elle était arrivée. Son affection pour les jumeaux grandit énormément. Elle se redressa et s'assit en tailleur, avide de détails.
-Qu'est ce que vous avez créé pour l'instant ? Vous avez des projets ? Je peux vous aider ?
George sourit, content de pouvoir s'entendre avec la nouvelle. Il la trouvait adorable, toute excitée qu'elle était à essayer de savoir ce qu'ils faisaient. Il prit son temps pour la contempler. Elle était vraiment belle, mais quelque chose clochait. Il n'avait pas l'habitude à ce genre de beauté et il était très troublé, mais pas dans le sens qu'il aurait dû être.
-Pour l'instant on a créé des baguettes magiques qui, quand on essaye de faire de la magie avec, se transforme en différentes choses comme des souris, des serpents… là on essaye de créer un bonbon qui pourrait faire manquer les cours aux élèves : ils en mangent un bout, ils commencent à vomir ou à saigner du nez, assez pour sortir de classe, puis ils mangent l'autre bout et ils vont tout de suite mieux, donc pas besoin de passer à l'infirmerie ! Après, en projet, on aimerait beaucoup créer un magasin encore plus grand que chez Zonko et… attends… tu ne connais pas Zonko ? demanda George, l'air ahuri, après avoir vu les sourcils de Aïdenne se froncer d'incompréhension. Par Merlin, Fred, elle ne connaît pas Zonko.
-Il va falloir remédier à ça la prochaine fois qu'on ira à Pré-au-lard ! Cette boutique est notre exemple.
-Un vrai cauchemar pour les professeurs, affirma George.
-Un paradis pour les élèves comme nous, termina Fred.
-Je suis pressée de voir ça, rit Aïdenne.
La conversation continua de tourner autour des farces et attrapes. Les jumeaux rejoignirent Aïdenne sur le lit.
-Et là, maman nous a tué parce qu'elle n'arrivait plus à retrouver sa baguette et elle avait une souris qui courait partout dans la maison. Nous ne savions pas mieux qu'elle où on avait mis sa baguette, on a donc dû vider tout notre stock de fausses baguettes pour nous rendre compte après que sa baguette était dans ma poche, expliqua George, hilare.
Ils riaient tous les trois de bon cœur après avoir révélé à la jeune fille toutes les farces qu'ils avaient faites lorsque des pas se firent entendre dans les escaliers. Fred déplia la cape et enroula son amie dedans afin qu'elle ne soit plus visible du tout. Il finit juste à temps avant que sa mère n'ouvre la porte de sa chambre et ne les fusille du regard. Elle ne trouva pas bizarre que son fils ait les bras levés dans le vide ou encore qu'il y avait un creux dans le matelas à l'endroit où se trouvait Aïdenne.
-Les garçons, il est très tard et on vous entend rire depuis notre chambre donc allez vous coucher. Tout de suite, ordonna-t-elle, voyant que ses enfants ne réagissaient pas.
George se leva et se glissa entre les couvertures du lit d'en face, tandis que Fred essayait tant bien que mal de s'allonger sans pousser Aïdenne, pour ne pas la faire repérer. Si leur mère savait que la jeune fille se trouvait là, elle leur aurait crié dessus en les accusant de ne penser qu'à eux. Quand Molly fut enfin satisfaite, elle ferma la porte et repartie vers sa chambre.
Aïdenne comprit qu'il était temps pour elle de partir se coucher, de plus ses yeux se fermaient de fatigue, puis elle se leva et lança un « Bonne nuit » avant de partir comme elle était venue. Arrivée devant la porte de sa chambre après avoir fait grincer toutes les marches des escaliers, elle enleva sa cape qu'elle dissimula derrière son dos. Elle n'avait pas besoin que toute la maison sache qu'elle avait une cape d'invisibilité, déjà que tout le monde avait dû l'entendre monter les marches à la manière d'un éléphant essayant d'être discret…
Elle rentra doucement dans la chambre, fermant la porte très délicatement. La jeune fille lança un regard circulaire sur la pièce sombre, et comprit que sa colocataire de chambre devait déjà dormir. Elle rangea donc rapidement sa cape et changea ses vêtements de voyage contre ceux de nuit puis se glissa dans son lit. Avant de s'endormir, elle repensa aux jumeaux. Elle les trouvait drôles et très agréables, et avait même envie de passer plus de temps avec eux, en espérant que c'était réciproque. Elle s'endormit, pensant que cette journée n'avait pas si mal finie. Elle n'était plus seule.
Des cadavres. Beaucoup de cadavres sur le sol. Une forêt très dense. Un hurlement. Une femme. Courir pour essayer de garder au moins quelqu'un en vie. Tous morts. Le sentiment d'inutilité présent dans tous les pores de sa peau. Trouver la femme. Courir plus vite, jusqu'à ce que son corps n'en puisse plus. S'effondrer. Trouver la femme. Se relever. Un autre hurlement, plus proche. Courir, mais avoir l'impression de faire du sur place. Regarder les arbres aux alentours et voir qu'ils ne bougent pas. Se sentir inutile. Trop jeune. Trop faible. Entendre son rire… le rire malsain de cet homme. Trouver la femme, morte. Tous décimés en une nuit. Sauf elle. Hurler de douleur. Entendre une petite voix lui dire que ce n'est pas de sa faute. La repousser. Regarder sa mère, morte. Hurler à nouveau de douleur. Seule… si seule…
Aïdenne se réveilla en sursaut. Sa gorge était en feu. Elle venait réellement d'hurler, comme elle le faisait dans son rêve. Elle tourna la tête vers Ginny, debout devant son lit et très inquiète. Aïdenne voulut tout de suite arrêter de partager cette chambre. Elle ne voulait inquiéter personne, ne voulait faire pitié à personne. Ginny ne devait pas s'inquiéter pour elle.
-Ce n'était qu'un mauvais rêve, ne t'inquiète pas, tout va bien, tenta-t-elle d'assurer, sa voix se brisant au souvenir du cauchemar.
Mais Ginny était une fille particulièrement intelligente, elle se vantait souvent que pour elle le choix du choixpeau avait été difficile : Gryffondor ou Serdaigle ? Elle s'assit sur le lit de Aïdenne, et lui dit d'une voix calme et rassurante :
-Ce n'était pas qu'un mauvais rêve, tu as trop l'air touché… Tu sais, tu peux compter sur moi si tu as besoin de de te confier à quelqu'un.
Aïdenne fut alors tentée de tout lui raconter, mais aucun mot ne sortit de sa bouche, mis à part :
-Merci c'est très gentil, je m'en souviendrai mais maintenant je suis fatiguée donc je pense que je vais me rendormir, bonne nuit.
Ginny repartit dans son lit, et Aïdenne resta couchée, les yeux ouverts, fixant le plafond. Mais sa jeune colocataire ne sembla pas laisser tomber le morceau.
-Je pense qu'on ne peut pas encore parler de confiance entre nous deux, on s'est rencontrée tout à l'heure, mais sache que pour moi tu es déjà mon amie. Si jamais tu as besoin de quelqu'un, je serais là. Bonne nuit, essaye de te rendormir.
Elle ne dit rien. Ginny était peut-être une gentille fille mais elle ne donnait pas sa confiance aussi facilement. Et se livrait n'était pas dans ses habitudes. Peu de temps après, elle se rendormit, faisant des rêves incompréhensibles et incohérents.